Debout, face aux remparts de Konoha, j'observais avec attention le visage des différents Hokage qui ont eu la chance de pouvoir gouverner ce prestigieux village. Un jour, j'y aurais mon visage inscrit. Je n'en fais pas mon nindô : je veux simplement être reconnu et pouvoir ajouter une certaine notoriété à mon clan. Après tout, jamais un Hyûga n'a été Hokage. Je serais le premier. Il était aux alentours de midi. La faim me guettait comme un lion chasse sa proie. Malgré tout, bien que mon estomac criait famine, je ne souhaitais pas manger : le temps était précieux et il ne fallait pas que j'en gaspille davantage. Je devais m'entraîner, et pour ce faire : direction les quartiers des Hyûga. Beaucoup de dojo étaient présent dans l'enceinte. C'est là où j'avais apprit tout ce que je savais jusqu'à aujourd'hui et qui faisait de moi, un Genin supérieur à la moyenne !

Dans les rues que j'arpentais assez rapidement pour vite rejoindre le QG des Hyûga, j'analysais toutes les personnes présentes. Toutes celles qui passaient à côté de moi et qui parfois, me bousculaient. Les rues étaient bondés de monde. L'heure du déjeuner avait sonné et les marchands ne voyaient que des billets se déplacer. Je ne les appréciais que très peu. Quoi qu'il en soit, la foule disparut rapidement lorsque j'arrivais enfin devant l'entrée de nos quartiers. Je fus accueilli par un senior qui m'accompagna dans un des dojos tandis qu'il me parlait de la pluie et du beau temps. Je l'écoutais mais je ne lui adressais aucunes paroles : après tout, j'étais aussi connu pour mon silence et le fait que je ne parlais que très peu.

J'entrais enfin dans la base d'entraînement. Une vague de chakra faillit me frapper mais j'esquivais de justesse en me tournant légèrement sur le côté. Mon regard se porta sur l'auteur de la technique : un Genin nouvellement promu qui tentait d'impressionner les siens.

« Alors, qu'est-ce que tu dis de ça, Noroi ? »

Il était vrai que la poutre en bois avait littéralement éclaté sous l'attaque de ce minable. Je fermai les yeux tentant d'enfouir au plus profond de moi ma fierté. Je me dirigeai ensuite vers les vestiaires où je changerais cet habits marron contre un kimono blanc. Un coup de pied latéral se dirigea vers mon visage. Je saisis la jambe du Genin et d'un geste agile je le balayais. Une fois parallèle au sol, ma paume vint le frapper au thorax. Il vola en arrière sur quelques mètres, glissa par terre et heurta le mur du dojo... Quelques proches vinrent à sa rencontre pour voir si tout aller bien. Haussant les sourcils, je pris la parole pour la première fois en cette belle journée.

« Il va bien. »

Je ne le savais pas. Mais si j'avais voulu le tuer, j'aurais attaqué directement son cœur – pas besoin de Byakugan pour savoir où se situe cette pompe sanglante. Finalement, le comportement du Genin m'avait quelques peu brusqué. Je décidai de partir manger maintenant. En direction du Centre Ville cette fois. Je n'aimais pas les marchands, mais je voulais profiter du soleil, et me prélasser avant que les choses sérieuses ne commencent.

Et c'est dans un restaurant de cuisine rapide que je trouvais mon bonheur. Au diable les ramens qui sont mangés par bons nombres d'habitants. Moi, je voulais simplement des sushis. Et en ce qui me concerne, ce restaurant les faisait vite, et bien ! Mon assiette arriva, mes baguettes furent posés à côté de ma nourriture. Et un « bon appétit » plus tard, me voilà en train de déguster ces pavés de riz sur lequel était posé une petite tranche de saumon bien fraîche... Un moment de solitude tellement agréable... Non... Je ne voulais pas que ça s'arrête...

L'ensemble de l'assiette fut vide en quelques minutes à peine. Le temps de voir un protagoniste des plus étranges pénétrer dans l'enceinte de l'établissement, et passer commande. N'étant pas loin, j'ai compris à mon insu qu'il voulait du porc au caramel avec du riz. Je n'étais pas friand du caramel et le simple fait d'avoir entendu le plat qu'il ou elle allait commander me dégoûter. Je n'aimais pas le sucré / salé. C'était un choix, ce sont mes goûts. Quoi qu'il en soit, je mis de côté mon assiette vide, et j'ingurgitais le peu d'eau qu'il me restait dans mon verre. Et ce fut le drame. Alors que j'allais me lever et me diriger vers la sortie dans le but de reprendre l'entraînement, un serveur glissa et lâcha l'assiette des mains tandis que tout le contenu vint s'étaler sur ma table. Quelques résidus de nourriture tombèrent sur moi. Ma tenue était maintenant toute sale. Une veine se dessina au niveau de ma tempe. Je n'étais pas content du déroulement de la journée : ce serveur, le Genin qui décida de se mesurer à moi... Enfin bon...

Je pris alors ma serviette et commençait à me nettoyer. Et le fameux androgyne vint à moi dans le but de s'excuser à la place du serveur. Rien de mieux pour m'irriter. Venir s'excuser à la place d'un autre... Je respirais profondément afin d'évacuer toute cette colère qui montait en moi. Je saisis le serveur par le col au niveau de la nuque et le releva pour le remettre sur pieds tandis que je répondais à mon interlocuteur.

« Ce n'est rien. Quelques tâches à enlever. »

L'employé commençait à se caresser l'arrière du crâne tout en se tenant contre le rebord de la table. D'un regard, je savais qu'il s'était fait une belle entorse pendant sa chute. Toutefois, il avait d'autres projets en tête et il ne tardait pas à nous en faire part.

« Je suis sincèrement désolé... Pour m'excuser je vous offre votre plat... »

J'haussais les épaules. Cela ne me faisait strictement rien. Quelques ryos de plus, ou quelques ryos de moins ne changerait rien à ma situation. J'ôtais ma veste qui sentait le porc au caramel tandis que le serveur partit en boitant rechercher une nouvelle assiette pour l'Androgyne. Je l'observais avec attention et analysé le personnage. Toutes ces coïncidences n'étaient peut-être pas le fruit du hasard ? Mais les banalités d'usages sont malheureusement une forme de politesse où chacun devait s'y soumettre... C'était mon cas.

« Hyûga Noroi, fier membre du clan Hyûga et Genin de Konoha. » Dis-je en gardant un air méfiant. Le fait qu'il ou elle sache qui j'étais ne posait pas de soucis. Si ce-dernier tentait de s'emparer de mon œil blanc, il serait confronter à une mauvaise surprise... « Et toi ? C'est la première fois que je vois une personne telle que toi traîner dans les environs. »

Je n'aimais pas taper la conversation avec un inconnu. Mais je devais m'assurer de certaines choses, notamment de son identité et enfin savoir si je devais le considérer comme un ami, ou comme un ennemi... Mais pour l'instant, il était clair que je m'occuperais de lui comme s'il s'agissait de mon principal opposant... Interrogatoire et méfiance de rigueur !

Pendant que je l'interrogeai, le serveur vint à nouveau vers nous – sans glisser cette fois – afin d'apporter la nouvelle assiette à mon interlocuteur. Son entorse semblait empirer : sa cheville était gonflé et tourné lentement à une couleur bleue... Bientôt, il ne pourrait plus marcher – cela ne fait aucun doute !

L'individu en face de moi était donc un homme. Je ne souhaitais pas m'aventurer trop vite sur un terrain miné. Son look androgyne pouvait porter à confusion, et son style quelque peu homo me mettait légèrement mal à l'aise. Je mis rapidement ce sentiment de côté continuant à rester méfiant à l'égard de ce garçon. En tout cas, il se désigna comme étant un « humble artiste ». Artiste de ? Faisait-il des peintures ? De la poésie ? De la musique ? Peut-être même un art ninja ? J'en savais bien trop peu, et je le jugeais menteur. Il se gardait beaucoup de me dire les choses... Cela éveillait à la fois ma curiosité, mais je gardais tout de même une certaine distance. L'employé décida enfin de repartir au comptoir, et je le voyais parler avec son supérieur négociant un départ prématuré de son poste de travail, raison médicale. Tout à fait normal et nul doute que si l'employeur décidait de n'en faire qu'à sa tête, la justice voudrait que j'aille lui régler son compte.

Quoi qu'il en soit, Shishen décida de taper la conversation avec moi. En ce qui le concerne, il ne pourrait pas devenir Shinobi – c'est en tout cas ce que j'ai pu en conclure. Que cherchait-il ? C'était évident qu'il avait quelque chose derrière la tête : je devais limiter mes réponses. J'acquiesçais.

« Je suis effectivement un Shinobi de Konoha. »

Voilà. Simple, rapide et concis. Pas la peine de faire des discours interminables sur mon parcours professionnel. Il n'avait pas à savoir ce que j'avais réalisé, mes échecs comme mes réussites ! Toutefois, j'étais toujours intrigué par ce qu'il désignait comme étant un art... Je fronçais les sourcils tentant de trouver ce sur quoi il travaillait... Puis je décidai de l'interroger une nouvelle fois.

« Un artiste... Et que réalises-tu comme art ? »

Pour moi, il y avait différentes sortes d'art. Notamment la mienne. J'avais ma propre définition de ce mot si vague. Personnellement, je qualifiais mon niveau de Taïjutsu et le fameux Jûkken tant craint par autrui comme un art. Un art cruel certes, mais il faisait son effet. Dans le même temps, un groupe d'homme donna un coup violent dans la porte, l'ouvrant bruyamment. Ils allèrent au comptoir prendre commande avant d'aller s'asseoir au niveau d'une table. Ils étaient très bruyant... Beaucoup trop bruyant pour un endroit de ce genre. De toute évidence, ma journée qui devait s'annoncer paisible, devenait tout doucement une journée dans laquelle j'allais me défouler.

« De toute évidence, je ne vais pas pouvoir me reposer... » Dis-je à voix basse, mais sûrement un peu trop fort, laissant la chance à mon interlocuteur d'avoir entendu. « Je crois que nous ne trouverons pas la tranquillité dans ce lieu aujourd'hui. » Déclarai-je cette fois-ci à Shishen.

Et à priori... Il ne fut pas le seul dont le message fut audible puisque le petit groupuscule levèrent la tête vers moi. Un sourire se dessina dans le seul coin gauche de ma bouche tandis que je voyais déjà la scène se dérouler. L'adrénaline grimpait et commençait à atteindre un point de non retour. Mais j'avais une autre idée en tête et Shishen allait bientôt être au courant.

« Penses-tu pouvoir me décrire ton art à travers une raclée que tu pourrais peut-être leur mettre ? »

Intelligent, n'est-ce pas ? J'avais étudié jadis les clans des différents villages. Si son art était l'explosion, je pourrais tout de suite me douter qu'il s'agit là d'un Bakûsho de Kumo. Il serait alors considéré comme un ennemi, et j'allais devoir faire le nécessaire pour le ramener au village, afin qu'il subisse un interrogatoire plus poussé que le mien par les forces spéciales...

Joli retournement de situation. J'allais maintenant savoir ce que cet androgyne avait dans le ventre, et qui il était vraiment. S'il avait accepté de montrer ce dont il était capable, c'est qu'il n'était pas inoffensif. La méfiance était à nouveau de rigueur tandis qu'il se dirigea vers l'extérieur du restaurant. Les malfrats me regardèrent de haut tandis que je cachais légèrement mon visage afin qu'il ne distingue pas de quel clan je venais. D'un signe de tête, ils se levèrent faisant tomber les chaises. L'un d'eux frappa du poing sur la table, pressé d'en découdre ! Je souriais : ils étaient complètement inutile.

Une fois dehors, tandis que le groupuscule se préparait en se faisant craquer les os de toutes part, mon principal interlocuteur était de toute évidence prêt à me montrer. Le groupe se scinda en deux parties : la première équipe allait s'en prendre à moi et la seconde aux mécheux... Intéressant mais dans un cas comme celui-ci, je vais avoir du mal à analyser l'androgyne... Mon groupe commençait maintenant à retirer leur haut. Désormais torse nu, ils me regardèrent d'un air sauvage tandis qu'ils se ruaient sur moi dans l'unique but de me mettre la raclée du siècle. Je ne bougeais pas. Je fermais même les yeux. Uniquement avec avec les sens.

Mon avant bras bloqua automatiquement un coup venant du haut... Ma jambe vint parer le tibia d'un second tandis que je frappai d'un coup de paume rapide la gorge du dernier homme. Un hors combat. Les deux derniers s'éloignèrent et voyaient leur compagnon agoniser au sol. En position de l'illustre art qu'est le Jûkken, mes doigts firent signe de venir aux deux derniers rouge de colère ! Les deux se jetèrent sur moi aveuglément. Un coup de pied rotatif en termina un second qui se le prit dans le cou et fut projeté sur mon – désormais – unique adversaire. Il était temps de finir le dernier qui commençait à hésiter à m'abattre. Mais cette fois, je pris moi-même l'initiative. Je fonçai sur lui dans l'espoir de lui mettre un coup de paume dans le thorax mais ce-dernier dégaina un couteau qu'il tenta de m'enfoncer dans le ventre. D'un geste agile, je bloquai son coup en appuyant sur son poignet avant de passer mon bras droit sous son aisselle gauche et le faire valser au dessus de moi. La chute fut lourde au point qu'un filet de sang s'échappait de sa bouche.


Durée du combat ? Deux minutes, à tout casser. J'étais plutôt fier de ma performance. Je fis un petit saut en arrière pour avoir une meilleure visualisation de la zone de combat. Mon partenaire du moment avait déjà commençait les hostilités. Ce que je voyais été... peu banal mais l'état dans lequel se retrouvait certains d'entre eux me glaçait le sang ! Une certaine forme d'art effectivement. Adossé contre le mur du restaurant, j'observais maintenant la situation... accompagné d'un civil qui venait de sortir, sous le choc de la brutalité des combats...

« Ne vous inquiétez pas. Cela ne va durer qu'un instant. » Lui dis-je tandis qu'il avala sa salive difficilement...

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