Kisen n’eut pas le temps de réagir que Samadori lança sa première technique, un pieu de métal fonça vers lui. Agissant par réflexe, il esquiva par la droite mais le projectile le poursuivait. Le pieu était contrôlé à distance, il allait avoir du mal à s’en protégeait. De plus la technique était rapide, il n’avait plus le temps de lancer une technique de défense. Il lança donc un kunaï en direction de son adversaire pour qu’il relâche son attention. Mais c’était sans compter son talent, il n’eut aucun mal à l’esquiver tout en continuant de l’attaquer. Alors que le pieu allait l’empaler, il joua le tout pour le tout en prenant appui avec ses mains pour passer par dessus. Son esquive fonctionna mais le pieu était si tranchant qu’il provoqua une entaille profonde sur chacune de ses mains. Alors qu’il pensait s’en être bien sortit, il se rendit compte que l’esquiva n’avait servi à rien, le pieu continuer de le pourchasser.

Il savait très bien qu’il ne pouvait se contenter de l’esquiver pendant tout le combat, il finirait par se fatiguer avant que son adversaire n’ait plus assez de chakra pour continuer la technique. La rapidité de la technique l’empêchait d’exécuter une technique sans risquer de se faire empaler. Il devait donc atteindre son adversaire et le forcer à l’annuler. Il courait donc en sa direction aussi vite qu’il le pouvait mais la technique était plus rapide que lui. Il devait également courir en regardant régulièrement en arrière pour localiser le pieu. Il l’esquiva plusieurs fois de très peu, et chaque fois qu’il le frôlait, une entaille se formait sur son corps. Il était en mauvaise position, mais il se rapprochait de plus en plus de Samadori.

Il arrivait avec beaucoup de peine à l’atteindre, il forma une épée tout en courant et fit circuler son chakra Kinton à l’intérieur. Lorsqu’il réussit finalement à l’avoir dans sa portée de coup, il glissa au sol pour esquiver une dernière fois le pieu métallique et donner un coup dans les jambes de son adversaire. Mais la lame n’eut pas le temps de le toucher qu’il sauta pour esquiver le coup, il annula sa technique, atterrit de l’autre côté de Kisen et d’un simple coup de pied l’envoya à l’autre bout du terrain. Il saisit ensuite l’épée tombée au sol et la lança à grande vitesse dans sa direction. Kisen, qui était sonné par le coup, se releva avec peine sans remarquer la lame qui arrivait vers lui. Il n’eut pas le temps de réaliser ce qu’il se passait qu’elle s’enfonça dans son épaule puis dans le mur derrière lui. Il se retrouvait ainsi littéralement cloué au mur de l’arène. Il était en mauvaise posture et son épaule gauche était sévèrement blessée.

Le combat n’était pas fini pour autant, Kisen n’allait pas abandonner pour une simple blessure au bras. Il était quand même déçu de n’avoir pas réussi à toucher son adversaire, car c’était son objectif. Il voulait juste donner un coup marquant, cela pouvait très bien suffire pour impressionner tout le monde et spécialement Samadori. Il ne pouvait se permettre d’espérer gagner ce combat, il avait beaucoup d’espoir mais il restait réaliste. Il savait très bien que si son adversaire avait voulu en finir rapidement, il aurait déjà été renvoyé dans les vestiaires. Il devait donc trouver une stratégie pour cela, et il avait de la chance que son adversaire le laisse se remettre du coup précédent. Il comptait profiter du fait qu’il ne combattait pas dans un objectif de victoire pour réussir. Samadori ne pouvait s’attendre à une telle stratégie.

Kisen commença par retirer l’épée qui lui transperçait l’épaule, il fit à nouveau circuler son chakra à l’intérieur et se mit à charger son adversaire. Il fit des mouvement d’épée pour dévier les différents projectiles que lui envoyait son adversaire. Il ne savait pas si c’était juste un test ou s’il jouait avec lui. Mais ça n’avait pas d’importance, il réduisait rapidement la distance qui les séparait. Alors qu’il arrivait près de lui, Samadori créa également une épée en métal comme pour le convier à un duel de Kenjutsu. Mais ce n’était pas ce que voulait Kisen, il savait qu’il ne pouvait gagner un tel duel. Il sait cependant qu’il n’allait pas pouvoir frapper son adversaire sans entrer dans à portée de sa lame. Il devait faire un choix important pour la suite du combat et il n’avait peu de temps. Il se rappela alors une discussion qu’il avait eu avec son père quelques semaines auparavant, son paternel lui avait expliqué que certains combats demandaient un grand sacrifice pour être gagnés, et que celui qui était prêt à faire ce sacrifice était le seul qui pouvait gagner. Kisen était résolu, il avait trouvé sa stratégie. Il savait que le combat serait fini après, et qu’il pouvait par conséquent vider totalement ses réserves de chakra.

Il courait toujours vers son adversaire, qui l’attendait arme à la main. Mais il ne s’attendait absolument pas à ce qu’il se passa lorsque Kisen arriva sur lui. Samadori pointait sa lame vers lui alors Kisen s’appliqua à s’empaler lui-même sur sa lame. La douleur fut intense, mais comme il l’avait prévu, elle ne toucha pas d’organe vital. Alors que son adversaire restait surpris par cet acte inimaginable, il saisit le poignet de l’autre pour l’empêcher de bouger et de la retirer. Tandis que de l’autre main, il chargea une énorme quantité de chakra dans sa lame qu’il balança vers l’épaule de Samadori.

Son adversaire était bloqué mais il lui restait un bras de libre. Il créa une protection sur ce bras pour parer le coup. Il n’eut pas heureusement pour Kisen pas le temps de se protéger comme il pouvait et une large entaille se forma sur son avant-bras.

Kisen lâcha son arme, le combat était fini, il n’avait presque plus de chakra et il devait être soigné rapidement s’il voulait continuer son entraînement par la suite. Samadori sourit en voyant la joie se dessiner sur son visage.

- Vous m’avez vraiment surpris Kisen, on m’avait dit que vous étiez fort, mais personne ne m’avait parlé de votre capacité à faire passer votre objectif avant votre intégrité physique. Je pense que nous allons nous revoir bientôt, c’était un très beau combat, malgré qu’il fut un peu court.

Kisen se rendit compte à se moment là qu’il ne pouvait plus parler, il recula d’un pas pour se retirer de la lame. La douleur était intense mais la joie du combat l’était encore plus. Il cracha du sang avant de formuler un merci à peine audible. Puis dans la grâce du combattant, il s’effondra sous les applaudissements et les cris de la foule.

Kisen ne réalisait pas ce qu’il se passait autour de lui, il entendait des cris et il sentait que son corps était déplacé. Il ressentait une forte douleur qui le parcourait de toute part. Il savait qu’il avait perdu le combat mais il était heureux, et cette joie qu’il éprouvait était bien plus forte que n’importe quelle douleur. Il avait réussi à infliger une blessure à Samadori, et même si son adversaire n’avait pas cherché à le battre directement, il savait que ce n’était chose facile que d’y arriver.

Peu à peu il reprit ses esprits et commença à comprendre ce qu’il lui arrivait. Des médecins s’occupaient de lui, ses blessures étaient importantes même si sa vie n’était pas en danger. Il avait parié dessus, le sacrifice qu’il avait dû effectuer pour atteindre son objectif nécessitait que son pronostic vital ne soit pas engagé car sinon tout ce qu’il avait fait pour en arriver là n’aurait servi à rien. Il faisait confiance aux médecins, et même si son village ne comportait pas de ninja avec de grandes capacités médicales, il savait qu’ils possédaient les capacités nécessaires pour le remettre sur pied assez vite. D’ailleurs même si son coup final avait réussi à éliminer son adversaire, il n’aurait pas été en mesure de combattre au prochain tour. Il n’avait de toute façon pas la prétention de pouvoir battre Samadori en combat.

Tandis qu’une équipe le soignait, Kisen perdit connaissance. Lorsqu’il se réveilla, il se trouvait dans une chambre d’hôpital, la douleur qui provenait de ses blessures au ventre et à l’épaule s’était estompée. Son père se trouvait à son chevet, il sourit lorsqu’il se rendit compte que son fils venait de se réveiller.

- Tu es de retour parmi nous

- Il faut bien croire que je ne vais pas mourir aujourd’hui.

- Effectivement, et ce serait bien dommage après les deux combats que tu viens de nous montrer. Tu m’as surpris, et pourtant j’en attendais beaucoup de ta part.

- À vrai dire, je n’ai pensé qu’à donner le meilleur de moi-même pendant les combats.

- Et c’est exactement ce que le village attend de toi. Tu as été exceptionnel, tu m’as rappelé mon premier tournoi. Tu l’as aussi ressenti n’est-ce pas ? Ce sentiment quand tu entres dans l’arène et celui qui vient après, quand tu te rends compte que tu as gagné ton combat.

- C’était incroyable, j’avais l’impression que tout le monde était venu pour me voir !

- Sache que c’est plus vrai que tu ne le crois, tu n’as sans doute pas fais attention, et c’est normal, mais les hautes sphères du village étaient présentes aujourd’hui. Et de ce que j’ai entendu, ils ont beaucoup apprécié ta performance.

- Mais j’ai perdu contre Samadori-sama…

- Samadori a encore gagné le tournoi, cela fait deux ans, que personne ne le bat, tu peux t’estimer heureux de l’avoir blessé et d’être encore là pour en parler.

Le père de Kisen marqua une pause, il prit soudainement un air beaucoup plus sérieux. Kisen s’étonna d’une telle expression, qui signifiait souvent qu’il avait quelque chose d’important à dire.

- Il faut que je te dise quelque chose d’ailleurs. Un des membres du gouvernement, qui s’occupe principalement de gérer les membres du village et surtout leurs affectations m’a demandé de prendre en charge ta formation.

- C’est un honneur pour moi, mais tu ne vas plus occuper ta place dans l’équipe de protection ?

- Si, ne t’inquiète pas pour ça, cela va juste me donner un peu plus de travail, et tu vas devoir t’entrainer tout seul par moment, mais tout se passera convenablement. Cela veut surtout dire qu’un jour, tu seras à mes côtés dans cette équipe de protection.

Kisen resta sans voix, il n’aurait pas pu espérer une meilleure récompense pour ce tournoi. Faire partie de l’équipe de protection était un honneur pour les membres du village, mais depuis des générations les membres de sa famille avaient fait partie de cette équipe et pouvoir faire perdurer la tradition le remplissait de joie.