Je n'avais pour ainsi dire jamais eu de discussion seule à seule avec ma sensei et Kazekage. Pourtant, il me fallait la rencontrer. Je voulais lui exposer un projet de grande envergure pour Suna. J'avais déjà réfléchi depuis quelque temps à cette idée qui avait germé dans mon esprit et ma maladie qui m'amenuisait au fil du temps m'avait poussé dans cette initiative afin de pouvoir apporter moi même ma pierre à l'édifice qu'était notre village. Si ma vie devait être écourtée, je ne voulais pas que ce soit en vain, sans que mon existence n'ait apporté quelque chose de concret pour mon village et ma nation.

Je redoutais quelque peu l'entrevue. Non pas parce que j'allais être face à face avec ma Kazekage mais plutôt par rapport à ce que je devrais lui dire concernant mon état de santé sur le déclin... Je me devais de lui en parler et exprimer mes motivations quant à ce projet. Aujourd'hui, j'allais la voir en tant que membre du Kakumeigun mais aussi en tant qu'élève et simplement en tant que moi même.

Je patientais dans le palais après que l'on m'ait informé de patienter le temps qu'elle soit prévenue de ma visite et de la raison de ma venue. Finalement, j'entrais dans son bureau, me trouvant face à elle. J'affichais un sérieux implacable alors que je commençais à m'exprimer.

« Bonjour Sensei. »

Je marquais une pause avant de reprendre.

« Si je me permets de venir vous trouver c'est que je souhaiterais vous exposer un projet pour notre village. En effet, Suna connaît actuellement son expansion en terme de développement et j'ai songé qu'il serait peut-être intéressant de bénéficier d'une base de données identitaires sur tous les Sunajins : civils comme shinobis. Cette base de données profiteraient à toutes les structures du village et serait un atout majeur notamment pour le Kakumeigun et pourrait être élaborée via l'aide des Saibogu et plus particulièrement d'Oniri en qui j'accorde toute ma confiance. Cette collecte d'informations se ferait notamment via le sang. En effet, chaque être vivant possède un sang qui lui est propre et je suis en mesure de savoir à qui il appartient instantanément si je l'ai déjà goûté une fois au préalable, ce qui peut s'avérer pratique en cas de trahison et de traces de sang. Une seule goutte suffit pour que je puisse stocker l'information. Autre aspect intéressant, nous pourrions développer ce projet à nos ennemis. J'ai en effet en ma possession du sang ennemis que j'ai récupéré lors de mes affrontements. J'ai pu stocker leur sang et je peux même le synthétiser pour le cloner avec ma maîtrise de la médecine pour augmenter la quantité que je possède. De ce fait, si je recroise un jour ces ennemis, je serais en mesure de pouvoir les immobiliser et leur faire du tort juste en ingérant ou en m'injectant leur fluide écarlate que je conserve sur moi. »

Je lui laissais le temps de prendre en considération mon monologue avant d'ajouter :

« Si les shinobis sunajins se mettaient également à recueillir le sang de nos adversaires lors de leur affrontement et me les rapporter pour que je les mémorise, constitue un recueil d'informations sur eux et conserve les échantillons, nous pourrions avoir des Ketsueki opérationnels dès le début d'un affrontement face à un ennemi déjà rencontré de surcroît. Qu'en pensez-vous ? »

Je n'étais même pas sûr que cela l'intéresserait mais je me devais de tenter et de me rendre utile pour mon village. Encore plus aujourd'hui où le temps m'était certainement compté...

J'observais par la fenêtre de mon bureau le village. Vu d'ici tout semblait si paisible et si simple. C'était presque reposant. Je profitai rarement de ces rares instants de calme, où je n'avais pas grand chose d'autre à faire. L'oisiveté avait parfois du bon, c'était d'ailleurs à ces moments ci que je devais la plupart de mes idées, qu'elles concernent l'élaboration de jutsu ou d'autres projets que je réservais à Suna. J'étais presque tentée de me servir un verre d'alcool de rose des sables, mais je me repris bien vite; je n'allais pas gâcher tout ce temps sans avaler une goutte en une seconde. Puis, je n'en avais pas besoin même pour lutter contre les voix intempestives d'Akuraï.

Voilà, ma pause touchait à sa fin avec l'arrivée du chuunin de garde. Il m'avertissait de la venue de Ketsueki Yami, l'une de mes élèves. Je repris place derrière mon bureau pour une fois complétement dégagé de tout documents et autres dossiers. J'attendais donc qu'elle se présente. Une poignée de secondes après elle était là, face à moi.

La jeune femme entra rapidement dans le vif du sujet. Elle avait eu une idée, et me l'exposait. Elle parla beaucoup mais au moins ce n'était pas pour rien dire. Aucunes banalités dans ses mots, au contraire. J'appréciais que des Sunajin s'investissent autant dans la vie du village, et encore plus lorsqu'il s'agissait d'un de mes élèves.

Je lui fis alors signe de prendre place sur la chaise devant le bureau, et lui répondis.

"C'est... original."

Dis-je d'abord. Je gardai le silence le temps de réfléchir quelques instants à tout ceci. Je ne savais pas si c'était une si bonne idée que cela paraissait. Je cherchai rapidement le problème dans son projet mais avait bien du mal à le souligner, enfin; lorsqu'on veut trouver la petite bête, il y a toujours un moyen quel qu'il soit...

"C'est intéressant même. Mais, cela ne reposerait donc principalement sur les Ketsueki et les Saibogu ? Et si un jour vos clans décidaient que leur place n'est plus à Suna, que se passerait il ? Nous nous retrouverions avec toutes les données sur le village disséminées au quatre coins du Yuukan ?"

Je connaissais plutôt bien la signification de l'expression : renversement de situation. J'y avais assez souvent été confrontée par le passé pour me méfier de ce genre de chose. Pour dire les choses simplement : je n'aimais pas mettre tous mes œufs dans le même panier. Mais bon, je pouvais quand même lui laisser le bénéfice du doute...

"Enfin... Je ne suis pas complètement contre. Mais, je n'ai aucune garantie. Et je ne fais pas confiance en tous vos... parents, à toi et Oniri."

Ma Kazekage et sensei semblait à la fois surprise, intéressée et intriguée par mon projet. Je m'asseyais face à elle suite à sa demande, écoutant ses éventuelles interrogations. Elle en avait bien une et, j'y avais pour ainsi dire déjà réfléchi. Je comprenais parfaitement sa méfiance vis à vis d'une telle base de données en possession de personnes mal intentionnées. Elle ajoutait cependant ne pas être totalement contre l'idée mais qu'il lui était difficile de donner son accord sans garantie sûre.

« Vos craintes sont justifiées et j'ai justement quelques idées sur la question. Pourquoi ne pas restreindre la consultation des données ? Seulement moi, Oniri et vous ainsi que toutes les personnalités importantes du village que vous jugerez bon d'y avoir accès. Ces données nous seront précieuses et il est vrai qu'elles ne pourront pas être consultables par tous pour éviter les fuites d'informations. Il serait bon de stocker cette base de données dans les archives du conseil souverain ou bien dans un lieu que vous jugerez approprié. Vous pouvez même apposer un sceau aux personnes ayant accès à la base de données pour qu'ils soient en impossibilité de communiquer à son sujet sauf sur votre accord : je suis même prête à recevoir ce sceau si cela vous paraît nécessaire. »

J'avisais ma sensei avant de poursuivre :

« Vous n'être pas sans savoir que des personnes sûrement mal intentionnée se trouvent entre nos murs ou cherchent à nous infiltrer. Une fois tous les sunajins recensés, il nous sera aisé de les traquer ou de nous apercevoir que malgré leur soit disant appartenance à Suna, ils ne figurent pas dans nos registres. Une goutte de leur sang me suffirait pour savoir si je les ai déjà recensé ou non... »

Bien sûr que je soulignais la présence de Yu que je n'avais jamais vu jusque là et qui, ne pouvait pourtant guère passé inaperçu avec sa condition de cyborg. Toutefois il n'y avait peut être pas que lui et si nous possédions des informations sur tout le monde ainsi que des échantillons de leur sang finement stocké et étiqueté, nous aurions un coup d'avance sur leurs intentions. Cela nous permettrait de renforcer la surveillance du village tout obtenant des données précises sur chacun d'entre nous tout comme sur nos ennemis. Moins il y aura de personnes ayant accès à cela plus il sera aisé de conserver nos informations.

« Ce que je vous expose n'est qu'une esquisse de ce qui pourrait être fait. Nous pouvons très bien imaginer un système identitaire ou chaque Sunajin possédera sur lui un document attestant de son identité , le reste des informations étant cryptées et seulement dé-codable par un programme performant et sécurisé façonné par Oniri. Plusieurs pistes sont possibles et à creuser à vrai dire... »

J'avais foi en mon projet qui me tenait à cœur et je voulais pouvoir offrir à Suna un digne remerciement pour avoir accueilli mon clan en son sein alors même qu'il a été emmené par l'homme masqué. La prospérité de mon village était bien plus importante que tout le reste.

Même si le projet que me soumettait la Ketsueki semblait intéressant, d'autres points me paraissaient maintenant, après une courte réflexion, assez contestables. Ce qu'elle proposait était apparaissait comme un système de reconnaissance, mais il s'agissait là davantage d'un moyen de surveillance des Sunajin. Nous disposions déjà des états civils des ninjas et des civils, nous savions à quoi ils ressemblaient, ce qu'ils pouvaient faire pour la plupart. Même si je pouvais reconnaître l'intérêt d'un tel mécanisme, j'avais du mal finalement à l'admettre. Je ne voulais pas que Suna ressemble à ces états policiers et autoritaires basant tout leur fonctionnement sur le fait de considérer chaque individu comme un potentiel ennemi. Il y avait d'autres méthodes.

Néanmoins ceci pouvait avoir une autre utilité, une autre destination : les criminels.

"J'apprécie ton implication, mais un tel projet ne peut être appliqué à tous les Sunajins. Certes pour le moment ce n'est la population qui prend les décisions et elle n'a pour ainsi dire rien à dire sur celles qui sont instaurées, mais je ne préfère pas imposer "ça", cela donne l'impression de n'avoir confiance en personne, de surveiller sans relâche... En revanche, nous pourrions tout à fait l'adapter à d'autres personnes."

Je l'observais un instant... Surveiller sans relâche; à vrai dire je le faisais déjà. Tout Suna était placé sous surveillance de l'Unité et je ne faisais confiance qu'en peu de personnes. Peut-être pouvait on même les compter sur les doigts de la main, enfin. Je considérais donc cette idée émanant de la Ketsueki et vraisemblablement de son ami la Saibogu, comme un nouvel outil pour le Kakumeigun, car c'était bel et bien l'unité spéciale de Suna qui s'occupait de ce genre d'affaire, les criminels. Yami de ne devait pas être sans le savoir, je supposais.

"Recueillir le sang des criminels passant par Suna pourrait s'avérer plus... fédérateur.

Finalement, donc; si j'ai bien compris ce système ne permettrait que de reconnaître une personne grâce à son sang, rien d'autre ? Ni âge, ni physique, ni sexe ?"

L'interrogeais-je.

En effet, si ces analyses du sang ne permettaient rien d'autre, qu'est ce qui la différenciait des capacités d'un senseur ? D'autre plus que les senseurs étaient plus répandus que les Ketsueki dans notre monde. N'aurait il pas été plus simple d'appliquer ce même procédé à des senseurs, et mieux encore, d'entrainer des Sunajins aux arts de la sensorialité ? Parce qu'au final le résultat était toujours le même : les pouvoirs restaient dans les mains de ceux les contrôlant, et contrôler le sang ou comprendre la technologie, ce n'était pas donné à tout le monde. D'autre part, je voulais aussi voir la capacité de raisonnement de mon élève, serait elle capable de me proposer autre chose ? Une amélioration, une autre idée ? Ou se braquerait elle face à ce qui ressemblait, sortant de ma bouche, à un refus plus qu'à un accord, même en demie teinte.

Ma sensei et Kazekage revenait finalement sur son intérêt. Elle estimait qu'une telle mise en place priverait les Sunajins d'une certaine liberté : j'en étais consciente mais que faire d'autres ?

« Je comprends votre point de vue néanmoins, garder à l'esprit que la confiance est souvent remise en causes ces derniers temps... L'attentat du village sur les conseillers et de façon plus ancienne et qui me percute d'autant plus car cela me concerne : la trahison de Kyoshi Rei... Un homme venu aux portes, devenu Kage pour finalement trahir tout son village et se servir des miens... J'imagine que vous comprenez ma méfiance naturelle. Toutefois, comme vous le dites, il est tout à fait possibles de ce servir de ce système uniquement contre nos ennemis. »

Il s'agissait là d'une idée qui concernait le Kakumeigun dont je faisais partie et qui nous aiderait sans doute à tenir à jour des dossiers plus complet et précis des données que nous possédions sur les criminels.

« Nous pouvons même étendre vos propos aux criminels passant par Suna ou ailleurs. S'il nous est possible de récupérer un échantillon même infime des criminels lors d'un affrontement par exemple, cela peut s'avérer aussi très intéressants que cet échantillon soit ramené à Suna pour une analyse, un clonage du sang s'il est présent en quantité trop infime puis son stockage dans notre base de donnée afin de pouvoir lui nuire le moment venu. »

J'étais en mesure de le faire grâce à mes connaissances de médecine mais tous les autres shinobis medic pouvaient très bien en faire de même. Cependant, en goûtant cet échantillon je serais en mesure d'apporter un complément d'informations et de mémoriser son arôme pour le reconnaître si cet hémoglobine venait à se retrouver quelque part où notre criminel se serait battu par exemple.

« Ce système nous permettrait de reconnaître une personne à travers son sang mais également d'acquérir des informations basiques faisant partie du code génétique à savoir le sexe de la personne, la couleur de ses yeux ou de ses cheveux par exemple. Une approximation de l'âge pourrait également être envisageable. »

Je restais sérieuse et impassible devant les propos sonnant comme un refus de ma Kazekage. Devais-je m'offusquer de son interprétation ? Bien sûr que non, il ne s'agissait là que d'une suggestion en proposant mes capacités au service de Suna tout en sollicitant l'aide de d'autres shinobis qui pourraient également nous apporter des échantillons.

« Puis-je me permettre de vous proposez d'essayer de mettre ce système en place en vous rédigeant un rapport des résultats rapportés et vous faire part de l'aide ou au contraire, l'inutilité du système pour nos données du Kakumeigun ? »

Toutefois je défendais mon idée. Après tout qu'avait-elle a perdre pour une mise à l'essai de ce système ? Et surtout : me faisait-elle confiance ? C'était là tout le fondement sous entendu de ma demande. Les Ketsueki bénéficiaient-ils encore et toujours de leur réputation marginale et de complices du traître qu'avait été le Yondaime Kazekage ?
Mes espoirs de venir mettre ma maîtrise et mes connaissances au profit de mon village étaient-elles de toutes façon compromises du fait de mon nom ? Si tel était le cas, je ne me scandaliserais pas : j'avais l'habitude mais au moins qu'importait la réponse de ma sensei je saurais comment mon clan était positionné au sein du village qui l'avait malgré tout accueilli.

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