Cela faisait maintenant plus d’un mois que Koma avait quitté le village en quête de son Kuchiyose, qu’il était finalement parvenu à acquérir après de longues recherches et beaucoup de patience. Son retour s’était passé sans encombre et il avait profité de la semaine qui lui avait nécessaire pour se faire afin de parler plus longuement avec Ryuu. Bien que celui-ci ne soit pas bavard, il avait pu en apprendre un peu plus sur leur histoire, leur passé, leurs connaissances. Mais malgré ça, il conservait son temps arrogant et prenait toujours autant Koma de haut. Deux personnes prétentieuses et fières d’elles-mêmes se lançant des piques et n’hésitant pas à se descendre, cela provoquait forcément quelques tumultes et disputes. Qu’importait, ils devaient de toute façon apprendre à se supporter, puisque c’était avec lui qu’il passerait maintenant la plus grande partie de son temps. Ryuu avait accepté de rester avec lui un temps, laissant à la charge d’un autre le sanctuaire qu’il gardait jusqu’à ce jour.

Corsqu’il parvint enfin au village, il remarqua que la garde était plus présente que jamais à ses frontières. Le shinobi n’y avait pas vraiment prêté attention lors de son départ, mais il avait l’impression que depuis quelques temps, avec l’arrivée du nouvel Hokage certaines choses avaient changé, dont la sécurité aux frontières. Peut-être craignait-il une attaque des Furyous, ou encore du Shukai, les tensions ne s’étaient pas réellement apaisée depuis l’attaque des Furyous, tout du moins c’est ce que Koma en savait.

Le soleil commençait à se coucher derrières les montagnes, le ciel offrait ainsi un dégradé de rouge et de rose de toute splendeur. Un ciel que l’on pouvait souvent observer à Kumo grâce aux nombreuses montagnes qui s’y dressaient, ainsi que la chaleur, qui en montant dans le ciel provoquait parfois des phénomènes inattendus. Profitant du spectacle tout en marchant sur le sentier perdu, il aperçut au loin une silhouette se dessiner, une silhouette qui ne lui était pas inconnue. C’était le nouveau Raikage, Seki Zennosuke, dont il n’avait entendu la voix que lors de son discours de passation de pouvoir. Le Niji ne connaissait rien de cet homme, il s’arrêta donc un instant étonné de voir ainsi le chef du village se déplacer sans escorte, ou tout du moins sans escorte visible.

J’inspectais les défenses de Kumo. C’était ce que j’avais planifié pour la journée d’aujourd’hui. Mes pas m’avaient mené jusqu’aux portes et là tranquillement, pièce après pièce j’inspectais. Tout y passait, les bâtiments, les tenues des hommes, le comportement des hommes eux-même, leur arsenal de combat. Tout ce qui était insuffisant à mon gout était dit et instructions étaient données pour que ce soit corrigé. Pour le coup, je m’accompagnais du coordonnateur actuel du Satoru : Atsu’. Mon prédécesseur n’avait pas nommé de Capitaine du Satoru, et même si je me faisais déjà une idée de qui j’allais mettre à ce poste, je n’avais moi-même nommé personne. Les tâches du Capitaine de cette unité, étaient de fait, déléguées à à Atsu’. Lui, disposait des pouvoir nécessaires pour faire le job. Il était intelligent, loyal comme tous ceux faisant partie de cette unité, prêt au sacrifice, mais surtout, il disposait d’un don naturel à la coordination de troupes, quel que soit leur nombre.

« Vous là, il vous faut revoir votre équipement. Ce n’est pas suffisant. »

En me retournant je parlais au chef de cette unité du Kazai :

« Il faudra augmenter le nombre de tes hommes pour la tranche de nuit. C’est insuffisant pour l’heure. »

Atsu’ consignait. Je venais de quitter la tour de surveillance du village. Là où se tenait l’activité de détection par le chakra. Tout ce qu’il y avait comme chakra était matérialisé par un complexe système mis en place par l’ensemble des chefs de clans Hakushi, Dentô et Seki. J’avais tout inspecté en compagnie d’Atsu et je n’avais pas eu grand-chose à dire. Mais ici… Je n’étais pas satisfait. Il fallait renforcer les défenses physiques du villages et penser à créer d’autres voies d’évacuation vers Kaminari. Il y en avait déjà, mais il en fallait plus. En cas de sinistre, évacuer toute la population du village pouvait prendre énormément de temps. Ce qu’il fallait éviter.

Alors que j’étais dehors à suivre l’interception des arrivants, je vis un shinobi bien connu des forces du village. Il s’était fait détecté, et si aucun mouvement n’était décelé autour de sa présence, c’est bien qu’il était des nôtres et non pas un faux ou un henge. Sais-t-on jamais ? En tous cas, lui, je ne le connaissais pas trop, même si je le reconnaissais. Je jetais un regard vers lui tout en essayant de me remémorer. C'est ça le défaut d’être dirigeant. Tout le monde vous connait, mais vous, vous ne connaissez pas forcément tout le monde. Je sais en tous cas que je ne l’ai pas autorisé à aller en mission. Était-il allé se promener ? Peut-être. Les Chuunins et Jonins sont plus libres que les Genin, mais même en quittant, ils laissent une note. Au moins ça.

*Ahhhh c’est celui qui a demandé une permission !*

Je venais de me souvenir.

« Salut toi. De retour on dirait. Tout s’est passé comme tu voulais ? » que je lui demandais. Sans détours je mettais les pieds dans le plat.

« Ton nom déjà s’il te plait ? »

Sourcils froncés, j’attendais.

Peu après, il vit un homme suivre les pas du Raikage et bien que Koma sût que c'était un shinobi haut gradé, il ne connaissait ni son nom, ni ses fonctions. S'il était proche du Raikage il devait très probablement faire partie du Satoru, les forces spéciales du village. Bien que le Chūnin n’en fasse pas partie, il avait pu rencontrer au cours de ses expériences des membres y appartenant. Sa senseï en était une avant qu'elle ne décide de s'occuper des futurs Shinobis du village. Le Niji se doutait depuis longtemps que la mission de reconnaissance qu'on avait confié à elle et à son équipe, cette fameuse mission où il perdit toutes les personnes les plus chères à ses yeux afin de la mener à bien, avait pu être planifiée par ces mêmes instances. Étant donné les talents des membres de cette équipe, il était naturel qu'une telle mission leur soit confiée. Cependant contrairement aux autres ils avaient dû s'infiltrer bien plus loin en territoire ennemi et sa senseï semblait plus tendue qu'à ses habitudes.

Un souvenir douloureux, bien que le temps ait permit au Chūnin de panser ses plaies. Se rappeler de tels événements lui donnait la motivation d'avancer, afin de ne plus jamais se laisser produire une telle chose. Et il était clair pour Koma que des solutions existaient afin que ce genre d'accidents soit évité. Tandis qu'il continuait d'avancer, le Niji gardait un œil discret sur le Raikage. Celui-ci semblait inspecter les défenses du village, comme pouvait en témoigner ses regards et ses paroles étant donné qu'à chacune de ses remarques son accompagnateur s’affairer à écrire des notes sur son calepin. De nombreuses sécurités étaient présentes afin d'assurer la protection du village, dont un bon nombre que Koma ignorait. Un Chūnin bien qu'il soit plus haut gradé qu'un Genin ne se voyait pas souvent confié de très importantes missions. Seuls les meilleurs se voyaient assigner à un rôle plus important. Les meilleurs et les plus intelligents.

Alors qu'il arrivait au niveau de Zennosuke, Koma vit celui-ci le dévisager puis le stoppa dans sa marche en lui demandant comment c'était passé son voyage. Il semblait voir oublié son nom, mais ce n'était pas surprenant venant d'une personne ayant à superviser autant d'Hommes.

« Bonjour Raikage-sama. »

Dit-il tout en hochant la tête. Il salua également le Shinobi l'accompagnant puis s'adressa à nouveau à son interlocuteur.

« Je m'appelle Niji Koma. Tout c'est bien passé en effet, j'ai réussi à obtenir mon pacte avec les Renards même si cela a pris plus de temps que je ne le pensais, je suis heureux d’être enfin revenu au village. »

Koma avait déjà rencontré l'ancien Raikage lorsqu'il s'était vu remettre sa promotion et ses remerciements pour son acte courageux. Au fond de lui, Koma ne pensait réellement avoir fait preuve de courage, il avait uniquement fait ce qui devait être fait. Tandis que ces sentiments se mélangeaient à ses pensées, il laissa échapper une pensée qu'en d'autres circonstances il aurait préféré garder pour lui.

« Peut-être qu'ainsi d'autres sacrifices pourront-être éviter. »

Le Chunin le savait, bien que ses actes aient un temps honoré son nom et sa famille, les gens préféraient oublier les échecs et se souvenirs des victoires. Les hautes instances ne faisaient pas défaut à cette règle. Peut-être que le Raikage lui-même n'avait jamais entendu parler de Koma, lorsqu'on lui avait raconté cette histoire et bien qu'en temps normal une personne s'en trouverait vexé, il en était mieux ainsi. Pour lui, on jugeait un homme non pas un homme à son succès, mais à sa valeur. Et sa valeur, il la connaissait. La fatigue du voyage ne l'aidait pas à contrôler le flux d'émotions qui le submergeait à chaque fois qu'il se souvenait. De même, il avait fait la promesse à sa défunte compagne qu'un jour il parviendrait à réaliser son rêve et se lier aux renards.

« Veuillez m'excuser si je vous ai offensé, un vieux souvenir m'est simplement revenu à l'esprit et je n’ai que très peu dormi durant ces deux dernières semaines. Puis-je vous aider d'une quelconque manière ? »

Niji Koma… Nom retenu. Tout autant que le pacte avec les Renards qu’il affirmait avoir obtenu. J’étais bien curieux de voir ce qu’il pouvait faire sur le plan du combat, mais, ni lui, ni moi n’avions le temps ou l’envie de faire une quelconque démonstration de puissance. Lui revenait d’un long périple et moi, je me devais de poursuivre mon inspection des portes. Cependant, dans mon esprit, je venais de me souvenir d’une chose. Durant mes travaux avec les membres de l’équipe de renseignement, nous avions identifiés des kumojins susceptibles d’intégrer une unité en cours de création. Un de ces shinobis n’était autre que lui. Niji Koma.

« Non. Tu as mérité un bon repos. Prends trois jours. »

Je me retournais et regardais vers les tours, comme si je poursuivais mon inspection. Mais en réalité, je faisais autre chose. Mes yeux cherchaient quelqu’un. Quelqu’un de particulier. Quelqu’un qui depuis quelques jours cherchait activement rencontrer chacun des membres de l’unité que j’avais évoqué tantôt. Là-bas, derrière la deuxième tour à droite des portes, je l’avais repéré. Il me faisait un signe de salut. Malicieux.

Tandis que Koma se rapprochait des portes afin de retourner chez lui, probablement, Hakushi Shadis, lui, effectuait un mouvement qui indiquait clairement qu’il se posterait au travers de la route du Chuunin. Ce qui ne tarda pas. C’est à l’intérieur du village que les deux hommes se rencontrèrent.

_ Hola Koma.

L’homme qui venait d’intercepter le Chuunin était pour le moins étonnant. Des yeux exorbitants pourtant comme ancrés dans le crâne. Un front parcouru par des rides précoces probablement suscitées par de longues nuits blanches. Une petite barbichette, venait finir d’offrir un tableau fort curieux à ce personnage.

_ Hakushi Shadis Jonin de Kumo.

Le Jonin regardait de haut en bas le Chuunin. On aurait dit qu’il le jugeait. Sévèrement même.

_ J’ai connu Riko et Tatsuya.

Le regard de l’homme semblait dur. Pas une once d’empathie, malgré le fait que ses mots, se voulaient, à priori, emplis de respect et d’une forme de pitié envers le Chuunin.

_ Deux shinobis remarquables ayant donné leur vie pour Kumo. Comme tant d’autres au final, mais eux… Disposaient de quelque chose en plus.

Un regard des plus perçants, tel un genjutsu ou une technique lui permettant de sonder les profondeurs de l’être du Chuunin. Koma devait se sentir mal à l’aise. Le Jonin poursuivait :

_ Le Raikage que tu as croisé tantôt approuve ce que je vais te dire. Le village a besoin de shinobis tels Riko et Tatsuya, capables de donner jusqu’à leur vie pour la réussite de leur mission, dans l’intérêt de Kumo ; des shinobis capables de taire des informations et ne les révéler qu’à la personne adéquate ; des shinobis disciplinés et surtout discret, capables de supporter la dure réalité d’une double vie. Crois-tu pouvoir remplir ces critères Koma ?

Le Jonin marchait autour de Koma, tel un prédateur ayant ferré sa proie ; tel un prédateur voulant choisir le bon moment pour bondir sur elle.

_ Crois-tu être capable de te salir les mains, dans l’ombre, pour l’intérêt du village Niji Koma ?

Et là Shadis posait son regard pesant et perçant sur le Chuunin. Il attendait.

La réponse du Raikage avait pris Koma au dépourvu. Lui qui ne prenait que très rarement des jours de repos – tout au plus une semaine par an pour passer un moment avec sa famille – n'avait pas pour habitude de se reposer sur se lauriers, travailleur acharné, sa blessure ne pouvait l'empêcher de tout donner afin de toujours plus progresser. Il était parvenu à tourner la page, et à se pardonner son geste puisque c'était la seule chose à faire. Cependant le Niji avait profondément était marqué par cette épreuve, et inconsciemment ses habitudes et son quotidien s'étaient métamorphosés. Pendant que le Raikage se retourna, balayant les lieux du regard comme pour chercher quelqu'un, Koma resta patiemment immobile. Sa posture ne laissa pas de part au doute et à la soumission, cependant elle marquait un profond respect pour son Raikage. Il était ce que le village pouvait faire de mieux en terme de Shinobi et de dirigeant, ce à quoi le Chuunin désirait parvenir.

Tandis que Zennosuke poursuivit son chemin, Koma s'inclina légèrement en signe de respect puis continua sa route menant à son appartement. Une fois arrivé, il pourrait ranger ses affaires, prendre une bouche douche et s'allonger afin de détendre son corps engourdi par la fatigue et les efforts. Cela faisait presque un mois qu'il n'avait pas dormi dans un vrai lit. Tantôt à la belle étoile, tantôt dans des auberges de petits villages, il avait du se contenter d'un simple futon comme matelas. Ainsi il avait eu besoin de dormir plus longtemps, afin de ne pas se fatiguer contrairement à ses habitudes. De-même il avait du négliger son entrainement par manque de temps, bien que toute cette épreuve ait été une expérience physique en soi. De sa démarche assurée, sans montrer de signes extérieurs de fatigue, Koma entendit une voix le saluer de derrière les portes qu'il venait de passer. L'homme qui se plaça devant lui lui était connu, tout du moins il savait que c'était une personnalité assez importante du village, même s'il ne lui connaissait rien d'autre.

« Bonjour Monsieur. »

Le Shinobi qui se tenait devant lui était étrange, physiquement parlant. Un grand front se poursuivant par un crâne rasé. De profondes rides marquant un visage usé par le temps et les épreuves. Des yeux désorbités verts et une barbichette suffisaient à peindre le tableau de cette personne. A première vu il pouvait paraître assez étrange, un visage dont on avait pas l'habitude de voir. Le Shinobi se présenta comme étant un Jonin de Kumo du nom de Hakushi Shadis. Les Hakushis étaient un clan pouvant maîtriser le papier. Evidemment il pouvait également l’ignifuger et lui appliquer d'autres effets leur permettant de s'en servir comme d'une arme. A première vue faible, le Niji pensait au contraire que bien utilisé un tel pouvoir pourrait être étonnement puissant et efficace en combat.

« Enchanté, Niji Koma. »

Dit-il par politesse même si son interlocuteur semblait déjà savoir à qui il s'adressait. L'homme ne perdit pas de temps en discussion inutiles et attaqua directement le sujet de sa venue. Tout en lui lançant un regard froid, il lui expliqua qu'il avait connu sa défunte compagne et Tatsuya. Pour autant son ton semblait montrer un certain respect et un brin de pitié envers le Niji. Fronçant légèrement les sourcils lorsqu'il entendit ces deux noms, Koma releva aussitôt ce signe de son visage et tendit l'oreille afin de comprendre à quoi le Jonin voulait en venir. Les décrivant comme des Shinobis remarquables, ce qu'ils étaient sans aucun doute, ils disposaient selon ses dires d'un plus que dont de personnes pouvaient prétendre. Tandis qu'il ponctua son discours d'un regard perçant, celui de Koma se flouta un temps, perdu dans ses pensées à conjecturer ce dont parlait le Shinobi afin de pouvoir anticiper la suite de son discours et pouvoir réagir de manière plus réfléchie. Cependant la fatigue ne l'aidait point dans cette tâche et Koma avait du mal à parfaitement se concentrer. Sans attendre, l'Hakushi argumenta sur le fait que, c'était la notion de sacrifice pour le bien commun qui faisaient des deux défunts des ninjas exceptionnels, des atouts à n'en pas douter pour le village. Disciplinés, discrets, ayant la notion de ce qui doit être dit et de ce qui doit être gardé, Shadis surprit Koma en lui demandant s'il disposait de ces qualités. Bien que cela faisait longtemps qu'il espérait parvenir à entrer dans une phase plus active de la protection du village, le Niji ne s'attendait pas à ce qu'on le questionne lors de son retour. Les choses qui avaient alors traînées bien trop longtemps se précipitaient maintenant. Mais bien que toutes ces questions le surprirent, les réponses ne faisaient aucun doute dans son esprit.

« J'ai déjà du sang sur les mains, le sang de ma femme, de mon meilleur ami, de mon senseï, ainsi que celui des autres patrouilles lorsque je suis directement porter l'information sur l'embuscade aux plus hautes instances. J'aurai pu sauver les autres équipes qui surveillaient les environ, ainsi que d'autres ninjas, mais j'ai préférer sauver plusieurs milliers d'hommes et de femmes, en en sacrifiant quelques uns, dont tout ce que j'avais de plus cher. »

Bien qu'il ait prit un petit temps afin de réfléchir à la façon dont il allait s'exprimer, ses mots laissèrent transparaître une certain fierté, ainsi qu'un profond chagrin et une tristesse.

« La double vie n'est pas la dure réalité. La dure réalité est de ce se trouver là, sans rien pouvoir faire pour protéger les personnes qui nous sont chers, pour protéger le village tandis que ces accidents auraient pu être éviter. La dure réalité c'est de perdre ses proches ainsi que 42 autres Kumojins, car on a rien pu faire d'autre pour les protéger. »

Koma avait apprit chacun de leurs noms et prénoms. N'ayant jamais pu aller voir leur famille pour leur expliquer ce qu'il c'était réellement passé, il s'était renseigné afin de se souvenir des personnes qu'il avait sacrifié, pour le bien du plus grand nombre. Lui qui était d'une nature chaleureuse et conviviale portait ici un tout autre masque.

« J'ai déjà posé un pied dans l'ombre, mais je l'ai posé parce qu'il fallait le faire. Il faut que quelqu'un entre dans cette ombre afin que tous les autres puissent rester dans la lumière et briller de part leurs actions, tandis qu'un homme masqué les protège à l'abri des regards. Je ne crois pas être capable d'une telle chose, j'en suis certain. »

Ces mots ne laissèrent transparaître aucun doute. Koma poursuivait cet objectif depuis bien trop longtemps pour laisser ainsi passer sa chance. Et peu importait qu'une telle confiance soit signe de sa prétention, son engagement était sa force de tous les jours. La force lui permettant de toujours vouloir plus.

« Je suis quelqu'un d'intelligent et bien que je ne sois pas le meilleur ninja, je m’entraîne plus durement que la plus part d'entre eux. Je suis une des rares personnes qui soit prête à se sacrifier pour les autres, car c'est ainsi que je conçois ma raison d'être. »

Son regard ne laissait point par au doute, ni à un autre sentiment que la confiance et la volonté. Peut-être en avait-il trop fait, mais en ces mots les dés furent jetés.

Sans bouger d’un iota, le Hakushi semblait comme pétrifié. Pourtant, son regard perçant, signifiait clairement à son interlocuteur qu’il était bel et bien vivant. Cette lueur vive dans son regard… On aurait dit qu’il sondait jusque dans ses profondeurs, le membre du clan NIji. Celui-ci, réagissait aux propos initiaux de Shadis. On aurait pu s’attendre à de la méfiance, à un refus d’échanger. Ce type de comportement aurait pu être compréhensible d’autant plus que Koma revenait d’une harassante expédition. Mais c'était tout le contraire. Koma s'ouvrait. Il parvenait à parler sans détours de cette tragédie l'ayant frappé. Il faisait montre d'une belle maîtrise de ses sentiments. Le propre même d'un bon shinobi.

_ La vie d’un shinobi est intimement lié à la mort et au sang. Mais c’est te je juger bien trop lourdement que d’affirmer que tu as le sang de tes parents et amis sur les mains. Ils ont fait leur propre choix, en shinobis, de se sacrifier pour Kaminari no Kuni et le village de Kumo.

La voix du Hakushi devint plus grave.

_ Tu serais resté, que tu aurais été tué et leur acte de bravoure et de foi envers le village aurait été vain. Tu as pris la bonne décision ce jour-là. Ne t’en blâme pas. Souviens-toi, mais ne regrette pas, car telle est la vie que nous, shinobis, avons choisi. Telle est notre destiné.

L’homme aux yeux exorbités venait de passer ses mains dans son dos. Un vrai instructeur, c’est ce qu’il inspirait au premier coup d’œil. Et c’est ce qu’il était réellement.

_ Il existe au sein de ce village, des unités secrètes dont l’existence est connue des ses seules hautes sphères. L’une d’elle, récemment créée, a pour but de supporter dans le plus grand secret, les actes nécessaires à la pérennité du village ; des actes qui doivent être nécessairement perpétrés dans l’ombre et tu à jamais. J’aimerai que tu en sois, car ce sont des ninjas comme toi, discrets, intelligents ayant le sens du sacrifice, qui en constituent le corps silencieux.

Shadis, pour la première fois, posait sa main sur l’épaule gauche du Chuunin. Et à cet instant précis, c’est comme s’il parvenait à réellement lire dans l’esprit de la probable future nouvelle recrue.

_ Es-tu réellement prêt à tout donner pour le village ? Si ce projet t’intéresse, prête serment, de ne jamais dévoiler à quiconque l’existence, les projets et activités de cette unité ni à tes parents ni même à ton plus proche ami ; prête serment de ne jamais trahir le village et d’être toujours prêt à te donner corps et âme, quel que soit la sombre tâche qui te sera demandée. Es-tu prêt Niji Koma ?

Le Hakushi relâcha son étreinte et exécuta des mudra. Entre ses mains apparurent un petit parchemin. Au cœur de ce parchemin, un étrange signe, un sceau. Dès lors que Koma prêterai serment, sa parole, invisible, serait scellé dans ce document. Une décision lourde de conséquences ; une décision risquée, certes, mais un choix de vie à faire.

Les passants, shinobis, comme simples civils, étrangement circulaient tout autour du duo comme s’ils étaient absents. En réalité, d’autres membres du Naitei étaient ici présent et œuvraient dans l’ombre. Un Dentô usait d’un puissant jutsu afin de rendre invisible le duo. Un autre, usait d’une technique faisant disparaître les émanations de chakra et de son dans le périmètre où nos deux hommes se trouvaient. Koma, peut-être, se rendrait compte de cette étonnante absence de réaction des passants autour de lui. Peut-être en tirerait-il quelques conclusions ? En tout état de cause, son dossier avait été étudié. Savamment. Hakushi Shadis ne se présente pas devant n’importe qui.

Le Hakushi portait un regard inquisiteur sur le Niji, comme s’il tentait de regarder au plus profond de son être afin de juger son âme. Koma avait trop souffert et trop donné pour échouer. Le rêve de sa défunte compagne et son rêve, il les réaliserait tous deux, quoi qu’il puisse lui en coûter. Son cœur battait à vive allure et bien que sa posture laisse un peu transparaître son anxiété, son regard et ses propos ne laissaient pas de place aux doutes.

Shadis dit à son interlocuteur qu’il se jugeait bien trop durement, le confirmant dans le choix qu’il avait fait trois ans plus tôt. Mais rien ne permettrai à Koma de réellement se pardonner ce qu’il avait fait, pas même si toutes les personnes de confiance et d’honneur le lui répétaient. Cependant, il ne regrettait pas son acte, et tenait à ce que le Shadis le comprenne.

« Je ne regrette rien, car comme vous venez de le dire maître Hakushi, telle est le chemin que j’ai choisi d’emprunter. »

Plus la conversation s’éternisait, plus Shadis lui paraissait être un instructeur. Ses manières de se mouvoir et de parler inspiraient le respect et l’autorité. Ses propos simple mais concis parvenaient à redonner confiance à ses interlocuteurs, les qualités même d’un bon maître.

Shadis lui confia qu’il existait des unités au sein du village. Des groupes inconnus de tous œuvrant pour le bien de la nation. L’une d’elle avait été récemment créée dans le but de supporter dans l’ombre le village. Ainsi il s’agissait là, même si l’Hakushi ne l’avait pas clairement énoncé, d’espionnage et d’assassinats. Des ninjas de l’ombre, destiné à mourir seuls, jamais les gens ne sauront quels auront été les sacrifices de Shinobis, qui les protégeait vraiment. Vivre seul, dans le mensonge et dans l’insécurité des infiltrations pour mourir seul. Intérieurement, Koma sourit à cette idée. Lui qui rêvait depuis tout jeune de fonder une famille et de vivre une vie simple. Qu’avait-il à perdre maintenant, alors que tout ce qu’il avait de plus cher n’était plus de ce monde.

Apposant sa main sur l’épaule sur du Niji, le Shadis lui demanda de confirmer son engagement pour le village. S’il prêtait serment, plus jamais il ne pourrait être libre. Mais Koma avait déjà fait son choix, et ce depuis bien des années maintenant. Hochant la tête de toute la force de conviction qu’il avait, le Niji ferma les yeux quelques instants pour se rendre compte de toute l’importance de la situation. La décision qu’il allait prendre changerait le cours de sa vie et bien qu’il ait déjà pris sa décision, jamais il n’aurait pensé que les événements ce seraient ainsi précipités.

Tout autour de lui, les passants ne donnaient aucun signe d’intérêt pour les deux hommes. Ainsi il comprit qu’il était sous l’influence d’une technique. Etait-ce du Genjutsu, ou un autre jutsu…. Qu’importait, le Niji était déjà embarqué dans toute cette histoire. Le stress et l’anxiété commençaient à l’envahir, son visage se crispa, des gouttes de sueurs commencèrent à couler sur son front. Inspirant profondément, il rouvrit les yeux puis apposa sa main en toute confiance. Koma avait fait son choix.

« Je suis prêt. »