Sa dernière rencontre avec son père avait très mal fini. Ce dernier avait avoué qu’il avait détruit toutes les lettres en provenance et en direction de Konoha ayant comme auteur ou destinataire Tsukiko. Il avait coupé toute communication avec sa famille restante au village de la Feuille de sa propre initiative, sans rien dire à «fille ». Cette révélation, dont les justifications étaient des plus valables –comme le fait qu’on la surveillait qu’elle ne soit pas une potentielle espionne pour le pays du Feu entre autre -, l’avait quand même rendu folle.

Depuis, lui comme son demi-frère tentait de la recontacter afin de parler à tête reposée. Cependant, c’était peine perdue. Il était trop tôt pour qu’elle le pardonne et qu’elle ait à nouveau un quelconque lien avec lui. Il Elle les fuyait donc en s’enfermant de longues heures dans les bars ou en acceptant toutes les missions possibles et imaginables à l’extérieur de Suna.

Ce qui arriva, arriva finalement : il n’y avait plus de missions à l’extérieur de Suna et son demi-frère commençait à dénicher les bars où elle se cachait. Il fallait qu’elle quitte temporairement Suna mais elle ne le pouvait pas sans une excuse valable. D’une, elle était chargée de ce projet de développement, et de deux elle avait toujours cette maudite enquête sur la mort des conseillers sur les bras.

Enfin, dans un contexte où son clan recommençait à la soupçonner d’un quelconque lien « militaire » avec Konoha, il serait mal venu de s’y rendre. Sa simple visite sur les tombes des membres de sa famille pourrait être exagérément interprétée comme une trahison par certains Kawaguchi. Aussi énervée soit-elle, elle n’était pas encore assez stupide pour mettre de l’huile sur le feu. Elle se rendra un jour à Konoha et avec une excuse « solide » et « incontestable ».

Konoha ou pas, Mission ou pas, elle avait tout de même un moyen de fuir l’atmosphère étouffant de Suna : Kawaguchi Guna. C’était une ancêtre du clan, et elle ne cessait de quitter Suna pour quelques méditations au sein du désert. Excellente senseuse, la vieille dame ne se limitait pas à s’éloigner de quelques mètres ou kilomètres.

« Elle m’avait proposé de la suivre … Je n’ai rien d’autre à faire. Rien envie de faire plutôt » se disait-elle, terminant de préparer son sac de voyage. « J’ai envoyé la lettre à l’équipe, j’ai prévenu à une ou deux personnes dans l’administration … ça devrait aller ». C’est quelques personnes savaient qu’elle serait absente – et injoignable – pour environ deux semaines, accompagnant la vieille Kawaguchi dans ses méditations.

De plus, si elle avait un peu de chance, peut-être pourrait-elle comprendre le secret de la sensorialité des Kawaguchi. On disait qu’un Kawaguchi accompli ressentait, entendait, voyait et parlait qu’avec le sable et rien d’autre.

Sans tarder, elle rejoignit la vieille dame sur la Voie Illusionnée.

*

Jour 1 – Lien cordial

Kawaguchi Guna était une vieille dame sarcastique mais sympathique. Elle ne cessait de dénigrer certains clans tantôt pour leur « inutilité » et « aveuglement » tantôt pour leur « barbarie ». Les premiers étaient davantage les clans peu avantagés face à un Kawaguchi et les seconds davantage les pires « ennemis » des Kawaguchi. La dame était une « vétérane » et en avait vu des choses comme vécu.

Jour 2 – Critique

La vieille dame ne cessait de critiquer la maîtrise du sable de Tsukiko. Elle disait que ce n’était pas les « châteaux de sable » qui définissaient le sunaton. Elle disait encore ET encore qu’il fallait d’abord « devenir le sable ».

Jour 3 – Histoire

Tsukiko profite d’être au coin du feu pour poser quelques questions à la vieille dame. La jeune femme avait eu droit à quelques parchemins retraçant l’histoire et les traditions du clan, et suite à sa lecture, certaines zones d’ombre étaient restées.

- Tu n’es pas la seule à ne pas comprendre ces lignes. Les nouvelles générations pensent plus à construire qu’à comprendre ce qu’ils ont en main. Le sable est mon ami … Pfff. Le sable est tout autant ton ennemi !

Sur ces mystérieuses phrases, elle s’était retournée pour s’endormir.

Jour 4 – Tradition

L’avant dernière journée de marche dans ce long désert. La vieille dame voulait assez se réfugier au sein même d’une région où les tempêtes de sable étaient fréquentes. Tsukiko n’appréciait pas l’idée mais elle ne disait rien, faisant confiance naïvement aux talents de senseurs de cette dame. Elle ne mettrait pas elle-même et Tsukiko en danger, n’est-ce pas ?

- Comment êtes-vous devenu une si excellente senseuse ?
- Grâce aux traditions. Les vraies ! Pas ces espèces de spectacle de pacotilles.

Elle se tut à nouveau. La curiosité de Tsukiko s’était éveillée. De quelles traditions parlait-elle ?

Jour 5 – Choix

Dernière journée de marche. En soirée, elles seraient arrivées à destination. Soudainement, Guna s’arrêta et se retourna vers Tsukiko pour planter ses yeux dans les siens. Elle avait les traits graves et sérieux.

- Les traditions ont été interdites car on les considérait comme trop dangereuses. C’est bien vrai … Les nouvelles recrues volontaires pour la défense de nos biens et vies mourraient beaucoup suites à l’épreuve.

Tsukiko déglutit sa salive, heureuse finalement que les traditions n’existent.

- Cependant, c’était le cas des recrues subissant ce stupide Ninjutsu. Avec le Genjutsu ou le Fuinjutsu … les épreuves ne tuaient plus. On commençait à mettre en place ces nouvelles personnes en tête des épreuves. Mais, nous avons été annexés à Suna … et nous avions eu à nous adapter à leurs « normes ».

Etait-elle rassurée ? Pas vraiment.

- Les nouvelles « normes » sont tout de même efficaces, termina-t-elle en continuant sa route.

Guna n’était pas du même avis.

- Ne veux-tu pas être une Kawaguchi accomplie ? Tu pourrais éviter tant d’attaques ou d’ennemis si tu étais le « sable ».

Tsukiko aurait voulu « ignorer » mais la phrase magique « Kawaguchi accomplie » l’obligeait à arrêter. La vieille dame eut le temps de voir cette petite lueur d’intérêt et sut aussitôt comment « convaincre » la demoiselle à faire son choix.

- J’étais une de ces personnes en charge de l’évaluation de ces nouvelles pousses. Personne n’était mort sous mon « règne ».

Jour 6 – Réflexion

Tsukiko réfléchissait longuement, profitant que la vieille dame fasse ses « méditations » dans ce désert. Le soir, elle posa une dernière question :

- Vous ne savez pas maîtriser le sable.
- Quelle est l’utilité de savoir se servir du sable quand tu peux éviter tout avec ? Avant même que l’ennemi s’approche de moi, je le ressens. Ensuite, j’ai une succession de sceau ou d’illusions pour les éloigner. Le sable … n’est que mes yeux.
- C’est sans danger ?
- Je le jure.

Jour 7 – Les vestiges Kawaguchi

Tsukiko avait accepté. Elle était un tantinet anxieuse mais tout autant excitée. L’idée de pouvoir enfin voir comme un vrai Kawaguchi l’enchantait, mais subir ce baptême de feu loin de Suna l’effrayait un tantinet. Elle voulait se rétracter, et elle était sur le point de le faire … jusqu’à ce que Guna ne lui demande d’enlever une certaine quantité de sable pour dévoiler une vraie trappe.

- La chaleur du désert … de temps en temps, les sous-sols apportaient la fraîcheur dont nous avions besoin. Enfin, à mon époque, cela nous permettait d’attaquer de sous-terre certains « idiots » ou encore contrer ces maudits Yamada.

Tsukiko avait bel et bien remarqué la haine visible de la vieille dame vis-à-vis de ce clan. Elle préférait se taire, se rendant compte qu’elle attirait clairement l’animosité de Guna.

- Je … Je pense que je ne vais pas le faire. Je veux dire … S’il vous arrive quelque chose et … Il fait trop sombre ici. On voit rien !
- Je vois aussi bien qu’en « haut », répondit la vieille dame.

Tsukiko préférait secouer négativement la tête et ouvrit ses paumes pour tenter d’allumer une ou deux flammèches. A peine l’avait-elle fait qu’elle croisa le regard réprobateur de la vieille dame. Sans s’en rendre compte, elle était tombée dans le piège de cette senseuse et illusionniste hors pair.

Jour 7- Jour 20 – Cauchemar

Douze journées s’étaient écoulées. Douze jours où elle avait subi à répétition le mélange de Genjutsu et de Fuinjutsu de la vieille dame dans les vestiges des Kawaguchi. La technique était vicieuse en soit : Guna avait imposé un sceau répétant sans cesse un même Genjutsu. Ainsi, malgré tous les Kai, elle n’avait que quelques minutes de répits avant que le sceau ne se réactive et replonge Tsukiko dans l’illusion. En somme, pour se délivrer réellement de cette technique, il fallait desceller … et la jeune Kunoichi n’avait aucune connaissance du Fuinjutsu.

Quelle était l’illusion ? Elle se voyait sous une quantité incroyable de sable, dans un espace très confiné. Si au départ, elle avait accepté l’idée que c’était illusion et avait « patienter », elle l’était moins par la suite. Elle commençait à perdre la tête à enchaîner des jours entiers dans un espace aussi étroit, sans aucune communication, sans aucune notion de jour, sans aucune explication… Au bout d’un moment, elle avait tenté de se défaire de l’illusion pour attaquer cette vieille femme mais rien à faire.

Elle « savait » d’avance que Tsukiko allait attaquer et évitait habilement en réactivant l’illusion.

Jour 20 – Incohérence

La vieille l’avait sorti des ruines pour la mettre près d’un Oasis. Elle avait enlevé ce Fuinjutsu et avait abandonné Tsukiko. Que faisait cette dernière ? Rien. Elle regardait, le regard dans les vagues, sûre et certaine d’être encore dans une autre illusion : une illusion d’être « libérée » avant de replonger dans cet espace confiné. Ou alors était le fait d’être réellement « libre » avec la possibilité de « retomber » à chaque instant dans l’illusion qui la paralysait.

Quel que soit le problème, ou la logique – ou l’illogisme - , elle ne bougeait plus.

Elle n’osait plus utiliser ce sunaton, de peur que cette vieille la fasse retomber dans cette illusion. Elle est loin de se douter que sa peur était bien plus implantée en elle, et bien plus paralysante. Elle ne le verra que plus tard.

Jour 21 – Bandits

Elle avait été laissée dans une Oasis aux abords du repère des Brigands, un lieu auquel elle avait rendu une visite avec Kibo lors d’une mission. Si l’ancien chef persistait, elle risquait de subir un sale quart d’heure. Si c’était un nouveau chef, peut-être qu’il se montrera extrêmement amical avec celle qui aidé Kibo à mettre KO l’ancien tyran.

C’était un nouveau chef … extrêmement méfiant. Il ne voulait pas tuer, ni la laisser libre, ni laisser échapper une telle occasion. Est-ce que la Kunoichi avait une quelconque importance pour marchander quelques choses avec une ou deux personnes de Suna ? Ou alors, pourrait-elle leur donner une ou deux informations ?

Ils l’enfermèrent donc.
Cependant, c’était sans compter sur une ou deux personnes vivantes dans ce repère soutenant davantage les ninjas que les brigands depuis la mort de l’ancien tyran. L’une réussit à envoyer un premier message.

Hormis le fait de dire qu’une Kunoichi blonde aux yeux bleus était dans cette « prison », on ne savait rien. Elle ne parlait pas pour donner son prénom ou son nom et ne faisait rien pour se défendre ou se libérer.