Riddle

Il soupira, les mains sur ses hanches. Elle parlait toujours autant, certaines choses ne changent pas, ni les moyens de la faire taire, d’ailleurs. Mais même cela, ça semblait plus coopératif. Es-ce qu’on lui avait renvoyé une Aoji plus près de l’ange que rappelaient autrefois ses cheveux ? Elle parla de leçon apprise en l’aidant à enfiler son manteau de voyage et il roula des yeux, nullement convaincu. Les mots sur Yuki savaient où frapper mais le Kentaro n’avait pas changé d’idée après tout ce temps. Il avait attendu le sentiment de pur regret et celui-ci n’était jamais vraiment venu à sa porte. On ne peut chercher indéfiniment dans une chambre vide. Mais Aoji avait vu cet espace dès le début et préférait y agiter les bras que de le pointer du doigt. C’était peut-être ce qui rendait uniques. C’était tordu et droit à la fois. Pas la vie que Lui aurait imaginée pour le Kentaro. S’il avait été là pour voir ça…

« Je l’ai envoyé elle, c’est tout. Ç’aurait pu être n’importe qui. Je ne peux pas changer le passé. Je chercherai son pardon puisque c’est ton amie. »

Inutile de ruiner le moment non plus, déjà elle voulait ses lèvres et il lui donna en bon époux qu’il était. Il remarqua sa moue gênée et s’attendit au pire, qui vint bien assez tôt. Le Kentaro écouta jusqu’au dernier mot ceux de son épouse énergique malgré le matin, qui grouillait déjà entre ses mains calmes. Certaines choses ne changeaient pas, hein, Aoji… Au final, elle tenait encore son cœur dans sa main et s’amusait à serrer, à attendre le point de rupture sans jamais le dépasser. C’était sa limite à elle, peut-être. Enfin il eut un petit sourire et alla cueillir un dernier baiser en caressant sa joue.

« Au revoir, ma chère épouse. »

Dernier sourire fugace et il se détourna sans un regard en arrière. Le soleil marchait sur ses pieds et l’air était frais et pur, une journée de voyage. Le monde lui faisait signe qu’il marchait dans la bonne direction. Avait-il retrouvé le bon chemin ? Ou bien avait-il enfin accepté d’être perdu ?