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A force d’aventures et de périples, Eden avait commencée à éclore. Certes l’oisillon était sorti de son œuf, mais maintenant elle devait apprendre à voler, seule. Ses premiers battements d’ailes furent plutôt désastreux, notamment à cause de mauvaises rencontres, ou des erreurs jugements. Mais on ne l’y prendrait plus, du moins plus aussi facilement. Ces quelques mois qu’étaient sa nouvelle vie s’étaient soldés par l’apparition d’un tatouage sur sa chair, la découverte de sentiment qu’elle pensait mort et une belle amitié naissante avec un jeune rônin. Néanmoins, elle voulait faire sa route seule. Elle avait appris récemment que : Suivre quelque chose ou quelqu’un n’est une bonne chose. Sur ses paroles lourdes de sens, la brunette avait repris le chemin de sa quête, sa quête de soi, mais aussi de son clan. Quel était son objectif ? Retrouver tous les Kaguya pour, éventuellement, reformer la nation puissante et fière d’antan. Cela lui semblait si lointain … La glorieuse Kiri sous le règne de Tenzô. Mais une ombre venait entacher son envie ‘utopique’. Une ombre glacée qui, depuis des temps immémoriaux, était source de conflit. Cette rivalité sans âge avec le clan Samui. Eden n’en avait rencontrée aucun. C’est tout naturellement qu’elle avait suivi l’avis ‘général’ sur ces personnes. Mais ce conflit qui sonnait presque comme une coutume l’avait rendu aveugle. Non … Elle avait juste suivi le mouvement sans réfléchir par elle-même. C’est étrange comme une simple discussion avait réussi à influencer sa vie. Le Samouraï aurait de quoi être fier de lui.

Et il le pouvait ! Car en plus d’avoir enseigné quelques choses à la jeune femme, il allait aussi pouvoir agir pour les deux clans, instaurer – peut-être – une certaine paix qui sait. C’est pourquoi Eden l’avait recontactée pour cet évènement. Elle lui avait demandé s’il était possible d’entrer en contact avec un Samui. Elle voulait discuter, se rendre compte par elle-même de qui était ces ‘rivaux mortels’. La manieuse d’os souhaitait se faire son propre avis sur la question, et non pas suivre tel un mouton la voie de ses ancêtres. Cela lui semblait être une bonne initiative … A moins que cela ne se termine dans un bain de sang. Tout était possible et envisageable malheureusement. Mais au moins, elle faisait un pas vers eux, agitant un étendard immaculé. Ainsi une rencontre fut organisée, avec le samouraï comme médiateur, en terrain neutre, entouré de nombreux civils et agents de l’ordre. Ce détail avait amusé Eden, il craignait un débordement pour choisir pareil lieu ouvert ? Enfin qu’importe, elle serait présente et diplomate au possible.

Après une semaine de voyage plutôt pénible, la jeune femme était arrivée au village de Kimori, à proximité de la Cité Shukai. En arrivant, deux options s’offraient à elle. Prendre un instant de repos, elle avait beaucoup marché. Ou bien se rendre directement au lieu de rendez-vous pour retrouver les deux hommes. Du moins elle pensait que le Samui était un homme, vu son prénom qu’elle connaissait via son ami samouraï. Quoiqu’il en soit, elle opta sur l’option deux. Parcourant tranquillement la rue principale, Eden faisait tout de même attention aux alentours. Elle n’était jamais venue ici, quand bien même le tourisme n’était pas la raison de sa présence, elle prenait le temps de regarder, observait. Une odeur de takoyaki emplissait l’air, arrivant jusqu’aux narines de la jeune femme. Aussitôt son estomac se mit à grogner, la rappelant à l’ordre. Faire une halte pour prendre quelques beignets de poulpe était une idée alléchante. Sauf qu’elle n’en fit rien. La jeune femme plongea juste la main dans la poche de son manteau kaki, en sortant un paquet de pocky saveur fraise. Tout en marchant, elle défit l’emballage pour mettre à nu ces bâtonnets sucrés. Son biscuit coincé entre ses lèvres, la jeune femme avançait toujours. Elle slalomait parfois dans les passants, puis descendit la fermeture de son manteau, dévoilant une tenue plutôt classique : une chemise blanche élégante sous un gilet fin couleur encre, un short de la même teinte arrivant à mi-cuisses, une sacoche d’armes enlaçant sa jambe et une longue paire de chaussettes noires grimpant sur celles-ci.

Après quelques minutes de marche, et plusieurs pockys en moins, la jeune femme arriva à hauteur d’une fontaine. Elle n’eut pas de mal à reconnaitre son ami. Abandonnant son grignotage dans sa poche, elle partit le rejoindre jusqu’à s’asseoir à ses côtés. « Ravie de vous revoir Takusanken-san. » Dit-elle tout en dégageant légèrement la mèche sur son visage, elle dévoilait l’emblème de Kaguya qui ornait son front. Mais tout aussitôt, sa chevelure retomba, cachant de nouveau l’un des cercles qu’était son symbole. « J’apprécie le mal que vous vous êtes donné pour organiser ce rendez-vous. J’imagine que maintenant, vous ne me ‘devez’ plus rien. » Elle lui adressa un léger sourire toujours aussi retenu et timide. Son sourire qui n’entachait pas son expression froide, une froideur qui dissimulait une certaine anxiété.

Spoiler:

Cela faisait déjà plusieurs jours que l’île avait disparu. A son retour au Shozaichi, les évènements s’étaient rapidement enchainés pour Aokiji. Sa nomination en tant que Bras droit de l’Oda, la mise en place d’un tout nouveau système de défenses, etc. Tout était arrivé si vite. Aujourd’hui encore, il avait dû mal à réaliser. Du jour au lendemain, on lui offrait une certaine responsabilité, qu’il embrassa avec fierté, et le jeune homme devait s’y accommoder le plus rapidement possible. En effet, Kakeshuou lui avait accordé sa confiance, ce qui en soi, représentait un accomplissement énorme pour le jeune Samui. Il ne voulait pas décevoir son aîné, c’était donc pour cela qu’il se mit très vite dans l’état d’esprit d’un second de capitaine de section.

Cependant, aujourd’hui, Aokiji n’avait pas été sollicité pour son titre, mais plutôt pour ses origines, son nom de famille. Ce n’était pas la première fois qu’on demandait au jeune homme de parler de son clan, mais ce qui le surprit le plus dans cette manœuvre, ce fut l’instigateur de celle-ci. Il s’agissait d’un certain, Takusanken. Même si ce nom ne lui disait rien, on lui explicita très vite l’identité de cette personne. Il s’agissait de cette épéiste errant à la chevelure blonde qu’il avait côtoyé lors de son passage dans cette étrange forêt sur l’île mystérieuse. Les deux hommes n’avaient pas vraiment eu le temps d’interagir correctement ensemble, mais Aokiji se souvenait très bien de lui. Un homme sage mais parfois impulsif, surtout quand il s’agissait d’Arekushi. Les deux shinobis semblaient avoir un passif que le Samui ignorait. Néanmoins, leurs différents n’intéressaient guère le Chûnin. Il était davantage intrigué par la requête de l’épéiste. Il souhaitait organiser une rencontre avec l’un de ses collaborateurs, un membre du clan Kaguya. Ce clan originaire de Mizu no Kuni, et d’un point de vue historique, grand rival du clan Samui. Aokiji était tout à fait conscient de cette rivalité. Il s’en souvenait encore. Son enfance avait été rythmée par les affrontements entre les divers clans qui occupaient le territoire du Pays de l’Eau. Parmi ses batailles, il se souvenait que les Kaguya étaient considérés comme les ennemis le plus redoutés des Samui. Cependant, même s’il fut indirectement élevé dans cette haine anti-Kaguya, sa cassure avec le clan durant son adolescence lui permit de laisser toute cette haine derrière lui.

C’est donc pour cela qu’il accepta de rencontrer cette personne, à l’initiative du Nukenin. Accompagné d’une garde composée de deux officiers, Aokiji se rendit donc dans la matinée à Kimori, un petit village situé non loin du Shozaichi. Arrivé sur place, il n’eut pas de mal à trouver les deux errants. Assis sur le bord d’une fontaine situé au centre du village, l’épéiste attendait accompagné d’une jeune femme. Le Samui s’avança donc immédiatement vers eux, la démarche assurée, alternant son regard entre le blond et la supposé Kaguya. Arrivé à leur niveau, il les salua avec courtoisie.

« Bonjour à vous, épéiste. Nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion de nous présenter comme il se le doit lors de notre rencontre sur l’île. Je suis Samui Aokiji, l’un des trois vice-capitaines du Shûkai. »

Ses yeux se posèrent sur le hibou posé sur l’épaule du blond puis sur la jeune femme qui l’accompagnait.

« Bonjour. Je suppose que vous devez être la Kaguya. Enchanté. J’espère que cette entrevue sera productive, aussi bien pour vous, que pour moi. »

Après ces échanges de politesse, Aokiji regarda autour de lui, il leur fallait trouver un endroit où ils pourraient avoir une certaine intimité.

« Je connais un endroit où nous pourrons discuter. Voulez-vous bien me suivre s’il vous plait ? »

Le Samui les conduit dans un établissement assez réputé du village où il pourrait discuter autour d’une boisson chaude. A cette heure de la journée, tous les bars étaient bondés, mais Aokiji put tout de même se procurer une table à l’étage, à l’écart de la foule. Le trio prit donc place, les gardes quant à eux restèrent debout, en retrait. Le Bras droit apposa donc ses coudes sur la table et se tourna vers la jeune femme, puis vers Takusanken.

« Je suppose que nous pouvons commencer. Je vous écoute. »

Aux mots de son ami, Eden lui adressa un sourire. Un sourire très éphémère car déjà il s’effaçait à l’arrivée du dernier participant. Et pas des moindres ! Aokiji Samui. C’était un blondinet, peut-être aussi âge qu’elle-même, les cheveux en batailles, les yeux aussi rouges que les siens. Et surtout, il n’était pas seul. Ce détail déplut aussitôt à la Kaguya … Il se pavanait avec sa troupe de garde du corps. La brunette n’eut pu s’empêcher de le trouver prétentieux, hautain, fier. Elle se souvenait de cela. De ce trait de caractère prédominant chez les manieurs de glace. On les disait fiers et nobles alors qu’on définissait les Kaguya comme belliqueux et arrogants. L’arrogance s’était prouvé de nombreuses fois chez notre jeune femme … Bref. A son arrivé, l’Errante se redressa pour se tenir aux côtés du rônin. Ils se connaissaient donc ? Du moins juste de vu. Peut-être était-ce pour cela que Taku’ n’avait pas eu de mal à organiser cette entrevue. Enfin, il se présenta comme étant l’un des vice-capitaines du Shukai. Un homme important en sommes … Voilà pourquoi il se faisait accompagner. Pourtant, Eden doutait qu’il ait besoin de cette protection pour sauvegarder sa vie. Enfin, qu’importe, ce détail n’était guère important. Pendant quelques secondes, la manieuse d’os soutenait son regard, hochant la tête quand il dévoilait ses espoirs pacifistes. Elle se contenta de répondre d’un ton aussi neutre que froid. « De même. Je suis Eden Kaguya. Enchantée ». Vraiment ? Qui sait ….

Ces banalités exposées, le Blondinet Samui les guidaient dans un bar à proximité de la fontaine, cherchant un lieu plus convenable à une discussion, à l’abri d’oreilles trop attentives et curieuses. Sans broncher, Eden suivit les deux – ou plutôt quatre – hommes vers leur destination. A l’étage d’un établissement, ils prirent place à une table tandis que les gardes attendaient plus loin. C’est tout naturellement que la jeune femme prit place devant son ‘ennemi’, jetant par moment des regards à son ami. Le dos droit, elle posa un pied sur le bord de sa chaise et colla sa cuisse contre sa poitrine. Son bras droit s’appuya sur son genou dressé, tandis que son menton se calla contre la paume de sa main. Son second bras se déposa sur la table. Eden prenait ses aises, bien qu’elle fut –intérieurement – tendue, anxieuse. Aokiji se disait prêt à l’écouter. C’est avec un air plutôt distant et méfiant qu’elle commanda un thé – en plus de plusieurs morceaux de sucre -. Puis elle ouvrit la bouche de nouveau, prenant une inspiration pour parler, sauf qu’aucun son ne sortit de ses lèvres. L’apparition d’un individu la coupé net dans son élan. Ce dernier s’était tout bonnement incrusté à leur table, commandant une glace à la crème chantilly. Eden le regardait du coin de l’œil. C’était un gamin d’une douzaine d’année, les cheveux argentés et complètement hirsute, de grands yeux bleus, l’air chétif et innocent du à son âge. Décontenancée, la brunette le regardait, attendant qu’il se justifie. Ce qu’il fit sans plus tarder. L’enfant se nommait Hiko et avouer sans gêne avoir suivi son allié du Shukai. N’entendant rien de l’extérieur, il avait décidé de venir et de s’attabler. Mouais … Il était surtout venu pour se faire payer une glace …

La jeune femme resta médusée face à cette franchise insouciante. Son ami blondinet se mit à rire en affirmant que ce garçon lui rappelait quelqu’un, il lui fit un bref topo de la situation avant de demander au Samui de ne pas le réprimander. Quand il lui demanda son ‘avis’, la jeune femme haussa juste les épaules en guise de réponse, tel un : Ca m’est égal. Chacun étant servi, Takusanken invita la Kaguya à se manifesta. Cette dernière était partit dans un rituel très … Spécial tout en affirmant. « C’est en mon propre nom que j’ai demandé à vous voir, nullement celui de mon clan. » Il était important de souligner ce détail. Pendant qu’elle parlait, la jeune femme posait un carré de sucre sur sa cuillère et le plonger dans le thé bouillant, regardant les grains blancs fondre, puis réitéra le processus deux fois. « Depuis la dissolution de Kiri, beaucoup de chose ont changées. Excepté la rivalité entre Samui et Kaguya. Sauf qu’en mon cas, je n’ai jamais vraiment eu de souci avec vous … Pour le moment. » Trois, puis quatre carrés du sacre furent ajoutés à son thé avant qu’elle ne le quitte du regard pour fixer le Samui. Un regard un peu dur, tout comme le : pour le moment. « Il faut dire qu’avant vous, je n’avais jamais rencontré de Samui. Sans hostilité, vous représentez assez bien ce qu’on dit des Samui. » Aie, petit pic sans méchanceté, elle eut un petit rictus avant de reprendre, tournant sa mixture de sucre-thé. « Néanmoins, je ne veux pas faire perdurer cette haine à votre encontre sans raison. Il est grotesque de suivre un mouvement sous prétexte qu’il en a toujours été ainsi. D’où ma demande … Je veux me faire ma propre idée sur vous, Aokiji Samui. » Bien sûr, il n’était pas son clan, elle ferait juste une idée sur sa personne, tous les Samui n’étaient pas comme lui, comme tous les Kaguya n’étaient pas comme elle …

La Kaguya se montrait froide et distante. Son comportement était désinvolte, baignant entre insolence et vulgarité. Aokiji ne souligna pas cette attitude, mais il était évident qu’une discussion productive ne pourrait pas avoir lieu dans de telles conditions. Avait-elle été contrainte par le samourai ? Si ça se trouvait, elle ne voulait surement pas être là. Pourtant, d’après ce que Takusansen lui avait déclaré, la jeune femme était l’instigatrice de cette rencontre et non l’épéiste. Le Samui n’aimait pas qu’on le prenne pour un pigeon. Il avait accepté de faire le déplacement alors qu’il aurait pu occuper son temps à autre chose. Il ne le montrait pas pour le moment, mais le comportement de cette Eden lui passait déjà au travers de la gorge.

Et les choses n’allèrent pas en s’arrangeant. Alors que la serveuse s’apprêtait à prendre leur commande, un jeune garçon s’immisça dans le trio et vint s’assoir à leur table. Sans aucune gêne, il passa sa commande, ignorant complètement les expressions de surprises des trois compères. Il eut tout de même la « décence » de se présenter, une fois sa commande passée tout de même. Il se présenta comme Hiko, un officier du Shûkai. En effet, en le regardant de plus près, Aokiji reconnu plus ou moins son visage. Il s’agissait d’un Genin qui l’avait suivi jusqu’ici depuis le Shozaichi. Il avait apparemment échappé à leur vigilance, ce qui était en soi, tout à son honneur. Alors que Takusansen éclatait de rire, le Samui, lui, était beaucoup moins enjoué. Il fit signe à l’un des gardes de venir afin de le faire dégager.

« Ta petite balade s’arrête ici Hiko. Un Genin seul, si loin du Shozaichi, tu dois surement savoir que c’est interdit. »

Le garde empoigna donc le jeune garçon par le col, prêt à le foutre littéralement dehors. C’est alors qu’intervint le samourai. Il semblait vouloir que ce petit perturbateur reste. Aokiji se tourna alors vers la Kaguya, espérant que celle-ci exprime son opinion sur la question. Elle resta toujours aussi silencieuse et froide. Le Samui laissa ensuite échapper un profond soupir et fit signe au garde de le lâcher. Il capitulait.

« Très bien. Tant que tu restes sage, tu peux rester. Tu peux remercier Takusansen pour cela… Et puis tu as un certain mérite pour être arrivé jusqu’ici sans qu’on te repère. »

Alors que son regard se tourna vers le samourai, la rencontre puis poursuivre son cours. Aokiji commanda un thé, bien chaud, et suite à l’intervention de l’épéiste, la discussion put réellement commencer. La Kaguya prit donc la parole, affirmant ne pas représenter son clan, mais sa propre personne. Le Samui s’en doutait un peu. Il aurait été pour le moins surprenant que le chef de clan face une telle demande. Quoique… Sait-on jamais… Elle évoqua de nombreux point que le blond écoutait attentivement, la fixant du coin de l’œil tout en savourant sa boisson. Ses remarques étaient pertinentes. Elle semblait avoir une idée préconçue des Samui, une idée donc générale basée sur un point de vue différent du sien. Elle voulait donc se faire sa propre idée, ce qui pour Aokiji, était une initiative tout à fait honorable. C’est donc sans hostilité qu’il lui répondit.

« Je représente assez bien ce qu’on dit des Samui ? Qu’entendez-vous par là ? »

Le Chûnin laissa échapper un léger rire étouffé. Il n’aurait jamais cru entendre cela un jour. Avait-il changé à ce point ? Ou peut-être avait-il toujours été ainsi ? Durant son enfance, ni lui, ni la plupart de son clan ne l’avait considéré comme un « véritable Samui ». Pourtant la jeune femme trouvait qu’il en était un bel exemple. Quelle ironie.

« Je voudrais tout d’abord vous dire que votre démarche est louable. Je trouve que vous faire votre propre opinion de mon clan est la bonne décision. Je vais donc m’efforcer de répondre à vos attentes. »

Aokiji marqua un temps d’arrêt afin de prendre une gorgée de sa boisson puis poursuivit.

« Je n’ai jamais eu de relation, je dirais, directe avec les Kaguya. Durant mon enfance, je me souviens que nos deux clans s’affrontaient souvent sur les terres de Mizu no Kuni. Aussi loin que je me souvienne, je vous ai toujours considéré comme des ennemis. Plus que ça même. Je pourrais même dire que vous étiez considéré comme nos rivaux et ce, malgré l’alliance des clans avec la création de Kiri. Même si je n’étais qu’un enfant à l’époque, implicitement, nous étions éduqués dans l’optique de cette rivalité que nous ne comprenions pas forcément. »

Le Samui prit à nouveau son temps, comme pour chercher ses mots. Il ne voulait pas être maladroit.

« Comme vous, je ne parlerais également qu’en mon nom. Je n’ai jamais été très proche de mon clan. J’ai passé la majorité de mon adolescence à Yuki no Kuni. Durant les années que j’ai vécues là-bas, la rivalité entre nos deux clans était beaucoup moins prononcée, et en un sens, cette hostilité qui nous avait été inculqué s’était dissipée peu à peu. Je n’ai donc pas connu la guerre civile qui a opposé nos deux clans avant la destruction du village. Mais sache que le Mizukage, qui était un Kaguya à l’époque, et Samui Kakeshuou, qui est mon Capitaine et mon maitre aujourd’hui, ont été les instigateurs d’une paix entre nos deux clans. Personnellement, je ne ressens plus aucune rivalité entre votre race et la mienne. Au contraire, en tant qu’ancien Kirijin, je vous considérais davantage comme un ancien ami, qu’un ancien rival. »

Aokiji espérait avoir été clair. Il se doutait que cela ne suffirait pas forcément à convaincre aussi facilement son interlocutrice. Il se doutait également que celle-ci aurait surement d’autres interrogations ou inquiétudes. Il restait donc ouvert à la discussion, attendant la réaction d’Eden.

Finalement l’intervention musclée des gardes ne fut pas nécessaire. Le Supérieur du Shukai céda à la demande du samouraï, autorisant le Genin à rester. Il avait du mérite le gamin à être passé au nez et à la barbe des gardes du corps. Bernés par un enfant, faut revoir votre surveillance les gars ! D’ailleurs, le même gamin attira l’œil de la jeune femme. Eden le regardait en biais, portant une œillade noire sur lui, alors qu’il pensait être discret. Mais très vite, elle le quitta de vu pour observer le Samui. Ce dernier ne semblait pas offensé par sa remarque, tant mieux … Là n’était pas son but. Néanmoins, Ede n’était pas à l’aise avec les gens, et sa maladresse offrait parfois des situations compliquées. Non, elle n’était pas à l’aise, elle mettait toujours un certain temps avant de faire tomber les barrières, Takusanken en savait quelque chose et peut-être saurait-il convaincre Aokiji qu’elle n’était pas hostile malgré son attitude.

Cependant, il n’eut besoin d’intervenir. La remarque de la brunette sur le blondinet le fit rire. Un rire qui attirait le regard de la jeune femme. Ce simple son faisait baisser la pression et sa prudence, c’était bon comme mauvais. Bon pour la communication, mauvais pour Eden. Son caractère la poussait à ne pas lier de lien, à ne pas s’ouvrir. Avec le Samouraï, elle avait mis ses principes à mal … Grandement même ! Jusque-là, elle ne l’avait pas regretté ! Une exception surement … Maintenant, le manieur de glacel lui demandait des explications ? Mais elle ne pouvait vraiment lui répondre. Que lui dirait-elle ? Qu’il semble très fier, hautain et au-dessus du monde ? Après coup, on pourrait vraiment dire qu’elle ne voulait pas de paix. C’est pourquoi elle ne répondit pas, se contentant de l’imiter en un rire étouffé. Par la même occasion, elle attrapa l’anse de son thé pour le porter à ses lèvres. Et la …. C’est le drame ! Le gamin lui chaparda son chocolat sans la moindre gène. Il retira l’emballage pour le fourrer dans sa bouche, craignant peut-être qu’elle ne vienne lui reprendre. Pour Eden, ce fut une déchirure ! SON chocolat ! Manger par un mécréant ! Elle demandait réparation !! AU VOL !!!.... Mais au lieu de se fâcher, la Kaguya semblait triste, presque prête à pleurer … « Mon chocolat … » Souffla-t-elle alors que le Samouraï réprimandait déjà le gamin …. Il prit soin de commander d’autres chocolats. La jeune femme n’eut le temps d’en dire plus que le Samui répondait. Elle se tourna donc vers lui, l’air chagriné par le massacre de son chocolat ….

Ce dernier soulignait le coté honorable de sa demande, par conséquent, il ferait le nécessaire pour répondre à ses attentes. Après une lampée de thé, il reprit. Comme elle s’en doutait un peu, lui-même avait été dirigé vers cette rivalité dès son enfance. Cela, Eden le comprenait, il en avait été de même pour elle, endoctrinée pour détester les Samui, pour se battre avec eux. Pendant qu’il parlait, elle savourait son thé au sucre, une simple gorgée qui la fit grimacer, elle rajouta un sucre et remarqua. « Les choses se sont plus ou moins passées de la même façon de mon côté. » Au moins sur ce point, ils se rejoignaient et se comprenaient, c’était un bon début. Par la suite, elle apprit qu’il était – tout comme elle – venu en son propre nom, soulignant un détail important : Il n’était pas proche de son clan. Tout comme elle, du moins actuellement elle ne l’était pas, elle les cherchait. Les paroles du Samui surprirent la Kaguya. Ses sourcils venaient de se hausser, ne cachant pas cette émotion de stupeur. Il ne détestait pas son clan ? L’éloignement de son clan et sa Kiri natale l’avait ‘sauvé’ de cette rancœur, de cette rivalité. La brunette était loin de s’attendre à cela. Elle était même soulagée de l’entendre. A défaut de faire ‘la guerre’ à ses rivaux, elle compterait un adversaire en moins. Chose autre poussait Eden à s’ouvrir. Leurs similitudes. Elle-même avait été écartée de Mizu très jeune. Cependant … Un voile sombre venait de se poser.

Mécontente, la jeune femme fit claquer sa langue contre son palais, tout en répétant. « Notre race ?.... Je n’pense pas être un chien pour être qualifiée ainsi. » Répliqua-t-elle plus sèchement pour le coup. Titillée, Eden prit une gorgée de thé et se détourna un peu de lui, comme si elle boudait. Elle prit un instant pour défaire son blouson, la chaleur était pénible. Posant son manteau sur le dossier de sa chaise, elle reprit sa posture et posa un petit fennec au pelage blanc sur son genou. L’animal, complètement sage, se laissa faire et le bouger pas. Pendant ce temps, Takusanken se manifestait. Il semblait vouloir prouver aux deux ‘rivaux’ les qualités de chacun, comme s’il se portait garant des deux protagonistes. Entre temps, le chocolat avait été rapporté et son ami en avait replacé à côté de sa tasse. Aussitôt, la jeune femme regardait le gamin …. Le défiant presque du regard. Elle tira l’assiette vers elle d’un doigt. « Tu ne devrais pas t’empiffrer gamin, tu vas avoir mal au ventre …. » dit-elle avec un sourire qui se voulait espiègle, taquin. Assurée quand le chocolat ne soit pas à porter de ses mains, Eden reporta son attention à son ami. Et il semblait vraiment vouloir de cette paix. Il pensait qu’ils étaient peut-être le futur, elle sentait une drôle de pression sur ses épaules. Reprenant son thé pour en boire une gorgée, elle posa les yeux sur le Samui. « Je veux bien croire en votre … Sympathie dira-t-on, mais votre avis n’est pas celui de tous vos semblables. Du moins je le pense. Tout comme ma voix n’a aucun impact chez ma race comme vous dite … Si conflit il y a entre les autres représentants de nos clans, que feriez-vous ? Prendrez-vous part aux combats par patriotisme ? Ou n’en ferait rien car vous n’avez aucune haine pour les Kaguya ? » En lui posant cette question, Eden se la posait à elle-même. Jusque-là, elle n’avait pas réfléchie à cela. Alors elle aurait répondu bêtement : Je me battais auprès de ma famille. Famille qu’elle ne connaissait pas au passage. Mais maintenant qu’elle voulait penser par elle-même … L’approche était plus délicate, plus dangereuse. Enfin, elle soupira et baissa les yeux vers son thé, observant son reflet, ainsi que l'emblème marquant sa peau. « Pour ma part ... Je n'en sais rien ... Récemment, j'aurais bêtement répondu que oui, j'y prendrai part pour ma famille. Mais qu'est ce que cette famille ? De mon clan, je n'ai connu que mes parents. Je ne sais pas si je dois mettre ma vie en jeu pour des personnes que je ne connais pas, sous prétexte qu'ils portent le même emblème que le mien. » Cependant, son objectif lui semblait clair : Retrouver les Kaguya pour reformer le clan puissant et fier qu'ils avaient étés, mais elle doutait de vouloir se battre pour des personnes qu'elle ne connaissait pas, et s'ils n'en valaient pas la peine ? Ces doutes transperçaient son regard, son attitude, elle n'était plus froide, juste perdue. « Par ailleurs, je ne peux pas non plus donner du crédit aux autres Samui car vous-même n'êtes pas hostile ... A moins que vous m'assuriez des bonnes intentions et volontés de votre famille. Ce qui est - a mon avis - totalement impossible. »

Voilà que le gamin se faisait remarquer, et bien, par ses gamineries. Aokiji le regardait du coin de l’œil avec un air menaçant. Si le jeune garçon ne savait pas rester sérieux, le Samui pouvait encore demander aux gardes de le foutre dehors. Mais le Chûnin n’y porta pas davantage d’intérêt alors que le samouraï reprit le petit perturbateur à l’ordre. Aokiji reporta quant à lui son attention sur la Kaguya et poursuivit sa discussion.

A en juger par la réaction de la jeune femme, le Samui semblait avoir fait une maladresse. L’emploi du mot « race » semblait l’avoir vexé, ce qui en y repensant pouvait être tout à fait compréhensible. Bien entendu, il ne la considérait pas comme un animal, mais il est vrai que ces propos furent plus ou moins influencés par son maître, Samui Kakeshuou, qui, il faut se l’avouer, pouvait tenir des propos très sévères et parfois blessants.

« Loin de moi l’idée de vous offenser. »

Elle ne sembla en tenir davantage rigueur, mais elle se questionnait tout de même sur la loyauté d’Aokiji envers son clan. En réalité, son avis se rapprochait étonnement de celui de son interlocutrice. Instinctivement, il aurait surement répondu « oui », surement aveuglé par ce soi-disant lien clanique, qui lui avait pourtant été en partie ôté durant son enfance. Etrangement, cette question troubla énormément le Samui. Son respect pour son clan provenait essentiellement de la mémoire de son défunt père et de ses frères. Mais aujourd’hui, aucun d’entre eux n’était à ses côtés. Il se retrouvait seul face à ses gens qu’il haïssait tant autrefois. En intégrant le Shûkai, il avait espéré gagner la reconnaissance qu’on ne lui avait jamais accordé, allant même jusqu’ à se modeler à leur image. Sa relation avec son senseï en était l’exemple type. Aokiji en était arrivé à un point où il voulait être comme ce dernier… Mais comment en était-il arrivé à de telles extrémités ?

« Ah… Je… »

Par chance, Takusanken prit la parole, faisant donc oublier le mutisme du Samui. Il se remémora sa première rencontre avec ce dernier, qui, malgré le contexte pour le moins hostile de celle-ci, semblait lui avoir donné une bonne impression. Le jeune homme fut touché par de tels propos et à vrai dire, ressentait lui aussi un certain respect pour le samouraï qui avait su lui prouver sa valeur.

« J’apprécie votre considération, Takusanken-san et sachez que vous avez également tout mon respect. »

Puis, après avoir une nouvelle fois reprit à l’ordre le garçon, il poursuivit en décrivant sa relation avec la Kaguya. Il semblait avoir également beaucoup de considération pour la jeune femme, qu’il décrit comme « fière, généreuse et pleine de bonté ». Il salua ensuite l’initiative et proposa de poursuivre la conversation sur un sujet surement plus générale.

« Oui bien entendu. Je suis ouvert à tout sujet de conversation. »

Aokiji était mal à l'aise. Il tentait de noyer son mal être dans son thé. Changer de sujet serait peut être une bonne décision. Mais la jeune femme l’approuverait-elle ?

La question d’Eden semblait avoir grandement troublé le Samui. Du moins, il était aussi perdu qu’elle-même, ne sachant quoi répondre, quoi penser ou comment agir si la situation se présentait. Quelque part, les deux rivaux n’étaient pas si différents. Tous deux avaient grandi dans cette haine forgée à l’encontre de l’autre clan, mais écartés de leur clan très jeunes, ils avaient su ‘passer au-dessus’ du lot, en enterrant quelque peu cet enseignement de colère et cette constante rivalité. Pour la suite, ils avaient suivis leur propre route, voie, se forgeant via les nombreux obstacles et rencontres. Dans une autre situation, surement auraient-ils pu être de très bons amis. Qui sait ? Peut-être était-ce une possibilité pour le futur ? Après tout, ils étaient là …. L’un en face de l’autre, à converser calmement. Certes avec quelque élan de maladresses et de pics mais bon … L’effort des deux partis était à souligner.

Devant le soudain silence du Shukaijin, le Rônin arriva à sa rescousse. La Kaguya était quelque peu frustrée de ne pas avoir de réponse. Mais ce n’était pas juste, voir même égoïste de sa part d’en réclamer une alors qu’elle-même était incapable de fournir une réponse. Alors elle passait à autre chose, gardant toute fois cela pour elle, dans un coin de sa tête. Les semaines ou mois avenir leur permettraient peut-être de savoir ce qu’ils feraient, comment et pourquoi dans cette ‘guerre’ ancestrale. Maintenant gênée d’avoir causée ce malaise, Eden imitait Aokiji …. Elle attrapa son thé à bout de doigt et colla le nez dedans, se cachant presque tout en s’abreuvant de ce nectar ô combien sucré … Cependant, elle se décala un instant de sa tasse, levant les yeux vers son ‘rival’. Elle le contemplait quelques secondes avant de se faire entendre. « Dé… Désolée pour la question. Je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise … » Demanda-t-elle, presque timide, pleine de gêne. Voilà enfin une vraie partie d’elle-même. De la timidité empreint de gentillesse qu’elle cachait sous son masque d’indifférence. Excuses formulées, elle retourna à son thé sans soif, cherchant juste à s’occuper pour passer ce moment de malaise. Après avoir regardé longuement le manieur de glace, la brunette tourna les yeux vers l’autre Shukaijin. Bien qu’il ne connaisse en rien les rapports des deux clans, il se permit une remarque. Se battre en souvenir des anciennes disputes ne servait à rien disait-il. Bien qu’il n’avait pas tort, Eden fronça les sourcils et répondit dans sa tasse. « On ne se bat pas que je sache. Si-là était mon but, je n’aurai pas impliquée Takusanken à cette affaire » Cette réponse plus tranchante que l’autre – bien qu’annonçait sans la moindre colère ou agression – elle reposa sa tasse et baissa un peu la tête. Elle regardait le petit renard couché sur son genou. Au moins … Durant cette rencontre, l’un des participants était complètement serein et calme, il dormait même. En regardant le pelage blanc du petit monstre, la jeune femme eut un sourire tendre et passa un doigt entre les oreilles du petit animal pour le caresser. Ce renard lui rappelait quelqu’un. Ou plutôt était l’emblème de ce quelqu’un. Un homme qu’elle avait rencontré il y a quelques semaines et qui avait tatoué sa peau de sa marque, celle de son organisation, de son attribut.

Cassant le silence, le Rônin formulait une toute nouvelle requête. En bon médiateur, il demandait à chacun d’exposer ces valeurs. L’idée n’était pas mauvaise. Cependant sa petite mauvaise foi lui soufflait : Le mensonge est possible. Mais si elle partait dans cette idée, elle pouvait d’ores et déjà partir. Ce ne fut que lorsque d’une main se plongea dans ses cheveux qu’elle redressa la tête. Hm ? Surprise, son regard à demi caché tomba sur son ami, elle se mt à rougir … Pas vraiment habituée à des gestes aussi démonstratifs et affectifs. Enfin, elle détourna le regard et agita juste la tête pour dire non, quant à la dernière question. Enfin, elle se mit à toussoter pour reprendre un peu de contenance, discuter avec des joues empourprées par la gêne, ce n’était pas terrible. « Mes valeurs … C’est gênant de les annoncer sans acte à l’appui. Car voilà quelque chose d’important. L’honnêteté ne se traduit pas par des mots, mais dans ces actions concrètes, elles prouvent ce que nous sommes et ce que nous voulons. J’ai compris cela en ta … » Elle s’arrêta un instant et fixe son ami. « Pardon, votre compagnie au pays de la pluie. Bien sûr, j’ai eu plus d’une semaine pour apprendre et constater qui vous étiez et … » Eden porta une main à son visage, rabattant un peu sa mèche sous son oreille alors qu’elle eut un rire bien peu plus franc. « Je doute qu’Aokiji-san souhaite passer toute une semaine en ma compagnie pour faire connaissance » En plus d’une question de volonté, elle n’avait pas non plus le temps pour une semaine de ‘vacances’, Eden devait se rendre à l’Est, au frontière du pays du feu pour rejoindre l’archipel de Mizu, elle avait beaucoup à faire la bas …

La discussion avait dévié vers un sujet relativement plus agréable. Takusanken avait permis au mutisme d’Aokiji de passer inaperçu. Cela convenait bien entendu au Samui. Sa conversation avec la Kaguya avait été très intéressante et il était honnêtement prêt, au fond lui, à développer le sujet davantage si la jeune femme le souhaitait. Mais il est vrai que ruminer le passé n’était jamais la solution. Le Chûnin était quelque peu troublé et avait besoin d’un peu de recul pour mettre tout cela à plat et peut être même se remettre en question.

Le samouraï proposa donc de discuter des valeurs qui motivaient chacun des protagonistes au quotidien. Une question dont Aokiji avait plus ou moins la réponse, même s’il fallait avouer qu’il n’avait jamais réellement réfléchi à la question. Takusanken invita le petit Hiko à participer. Il fallait avouer que ce dernier était encore très jeune, et le Samui était persuadé que la réponse du jeune garçon sera des plus distrayantes. C’est pour cela que le Chûnin n’émit aucune objection.

« Il s’agit là d’une bonne initiative, Takeusanken-san. Au contraire, j’adorais entendre la réponse du jeune Hiko. J’aimerais savoir quelles sont les motivations d’un garçon capable d’enfreindre les règles pour suivre l’un de ses supérieurs. »

Il s’agissait bien là d’un ton ironique, mais teinté d’une légère touche d’humour. Mais cela n’enlevait en rien la véracité de ces paroles. Enfin bref, ce fut donc Eden à s’exprimer la première. Les femmes d’abord après tout. Elle prônait donc l’honnêteté. Une notion tout à fait louable, qui manquait à certains, voir beaucoup. Aokiji l’écoutait donc attentivement décrire sa relation avec le samouraï. Ils semblaient avoir vécu des péripéties qui semblaient avoir été pour le moins intenses. Pourtant, la Kaguya montrait une certaine pudeur qui intriguait assez le Samui. Mais bon. Elle poursuivit ensuite en fait une allusion, comique ? Le blond n’en était pas certain, mais il considéra que c’était le cas.

« Ahah, je ne suis pas aussi rigide que j’en ai l’air. Moi aussi j’en ai enfreins quelques règles. En tout cas, passez une semaine avec ne me paraitrait pas aussi désagréable que vous semblez le penser. »

Le jeune homme prit un instant pour savourer davantage sa boisson puis répondit à son tour à la question du samouraï.

« Concernant mes valeurs. Je dirais le respect, l’humilité et la loyauté. Loyauté pas forcément auprès d’un clan, mais davantage auprès des personnes que l’on considère les plus méritants. Et toi, Hiko ? »

La parole faisait donc le tour de la table. Une atmosphère plutôt conviviale commençait doucement à s’installer. Aokiji était assez surpris, il faut le dire, mais cela ne déplaisait pas, bien au contraire.

Sorry :

« Ahah, je ne suis pas aussi rigide que j’en ai l’air. Moi aussi j’en ai enfreins quelques règles. En tout cas, passez une semaine avec ne me paraitrait pas aussi désagréable que vous semblez le penser. » Cette réplique décontenança totalement la jeune femme, lui arrachant un sourire amusé et espiègle. Elle serait restée volontaire ‘auprès’ de lui, mais elle avait bien trop à faire ailleurs pour rester. Des affaires urgentes l’attendaient à l’autre bout du ‘monde’ et sa dernière rencontre rendait son envie de conquête encore plus vivace. Sur la route, Eden avait croisé un Kaguya … Un parent. Et ces retrouvailles furent aussi prenantes que décisives pour elle. La jeune femme prit un instant pour penser à lui, à leur échange … Puis la voix du Blondinet l’a rappela sur terre, surtout lorsqu’il disait : Loyauté pas forcément auprès d’un clan, mais davantage auprès des personnes que l’on considère les plus méritants. Hmm …. Ceci répondait plus ou moins à ce qu’elle avait demandé plus tôt. Eden était plutôt contente de cette réponse, mais elle songeait aussi à ce qu’elle voulait. Qui méritait la sienne ? A cette question, son regard se posa sur Takusanken. Jusqu’ici, il était le seul à s’être attiré la sympathie de la Kaguya, une vraie sympathie j’entends ! Tout cela était si compliqué … Et la jeune femme avait du mal à joindre les deux bouts. Elle resta donc silencieuse, tendant juste l’oreille à ce que le plus avait à dire. Son avis aussi était important. Un avis, certes très enfantin, mais il n’était pas pour autant faux ou stupide. L’enfant parlait de gentillesse. Pour lui, c’était le ‘seul’ critère de jugement. Cela fit sourire la jeune femme. Il était naïf et innocent. C’était touchant à voir. Sauf que les choses étaient plus compliquées que cela. On pouvait être gentil par intérêt, par manipulation et rarement par simple envie de l’être. Dans ce cas de figure, comment différencier de la vraie gentillesse d’une fausse et jouée ?

Quoiqu’il en soit, Eden cacha un sourire amusé sous sa tasse de thé, en prenant une lampée. Son exemple était plutôt rigolote. Elle ne se moquait pas de lui, elle appréciait juste cette candeur, ce côté presque ingénu que les ‘adultes’ n’avaient – malheureusement - plus. L’avis de chacun donné, Takusanken reprit la conversation en bon médiateur. Il fit une parenthèse pour inviter Aokiji dans son organisation, ou du moins en tant que représentant du Shukai. En entendant cela, Eden baissa les yeux vers son genou dressé, observant le petit monstre qui était posé dessus. Elle était partit dans sa réflexion. Un représentant hein … Cela la poussait à songer à ses propres ‘soucis’.

La jeune femme pensait à son clan, à l’avenir de celui-ci. Elle venait à se demander qui en serait le leader. Elle souhaitait l’unification des manieurs d’os, elle souhaitait les retrouver tous et les rassembler sous une même bannière, pourtant la Brunette ne voulait pas les diriger. Elle n’avait pas l’âme d’un leader, mais d’une suivante. Peut-être Shio ferait-il un bon chef …. Il avait eu une attitude plutôt protectrice envers elle … C’était si étrange. Ils ne se connaissaient pas, mais ils s’étaient naturellement aidés et appréciés. Les liens d’un clan, d’une famille était aussi fort que cela ? Aokiji connaissait-il aussi cela ? A cette pensée, la jeune femme quitta Taku Junior du regard pour observer le Samui. Elle l’observait longuement jusqu’à rapporter son attention à l’autre Blondinet. Au même moment, il s’adressait à elle, l’invitant à réagir et questionner, si toutefois elle avait des questions. « A vrai dire, il y a deux choses que j’aimerai savoir … Le Shukai est un véritable mystère pour moi. Quel est votre but ? Vous fonctionnez comme les autres nations ? » Interrogea Eden. Son regard se posait sur Takusanken, puis Hiko et enfin Aokiji. Surement les trois pouvaient lui répondre, elle n’attendait pas forcement à ce que ce soit le Samui qui éclaire son ignorance. La Brunette laissa un temps de silence pour qu’il veuille bien lui répondre. Puis elle posa de nouveau ses yeux rouges sur le Samui. « Pensez-vous que les Samui puissent de nouveau s’établir sur Mizu, avec le temps ? Le Shukai serait-il un nouveau Kiri … Ou l’archipel de Mizu est bien trop importante pour être laissé à ‘l’abandon’ … » Mizu était une terre parfaite pour une armée, pour une nation, cachée par la brume, divisée en de multiples îles, difficile d’accès et d’attaque, facile à défendre …

Ce fut donc au tour de Hiko de partager ses valeurs avec le groupe. A en croire le jeune homme, il faudrait prôner la gentillesse. Des propos à l’image du personnage, l’on pourrait dire. Aokiji l’écoutait tout en savourant sa boisson. Il devait avouer que ces paroles lui faisaient un peu sourire. Les valeurs du jeune garçon avaient surement leur place dans un monde utopique. Malheureusement, la réalité était toute autre. Le monde était cruel, mais ça, il l’apprendra de toute évidence par lui-même. Cela ne servait à rien de lui gâcher son plaisir. Il devait encore profiter de son jeune âge, chose qu’Aokiji n’eut pas la chance d’avoir.

Maintenant que tout le monde avait donné son avis, de quoi pouvait-il encore bien discuter ? Du coin de l’œil, le Samui put remarquer que le samouraÏ ne le quittait pas des yeux. A vrai dire, il le fixait avec insistance. Cela rendait le jeune homme assez mal à l’aise. Que lui prenait-il tout d’un coup ? C’est alors qu’il prit la parole pour faire quelque chose de plutôt inattendu. En effet, il affirma avoir une proposition à faire à Aokiji. Apparemment, son clan serait allié au Shûkai et il souhaiterait inclure le Samui dans cette alliance. Le jeune homme fut d’abord très surpris, puis ensuite assez flatté. Il ne se doutait pas que Takusanken avait une telle estime de sa personne. Et en y réfléchissant, comment pouvait-il refuser ? Mais cela restait une décision avec d’importantes retombées. Il devait donc prendre son temps avant de prendre sa décision.

« Votre proposition me flatte, Takesanken-san, mais vous comprendrez que j’aurais besoin de temps avant de vous donner une réponse. Donnez-moi quelques jours et l’on reprendra contact pour en reparler. Cela vous convient-il ? »

Un court temps d’arrêt prit alors part à la discussion, puis le samouraï poursuivit en faisant une nouvelle proposition, mais qui concernait le petit Hiko cette fois. Il souhaitait l’emmener avec lui afin de lui faire découvrir le monde. Le Samui fut une nouvelle fois très surpris, mais également assez amusé par la situation par le visage du garçon qui commençait à se décomposer face à cette nouvelle. Aokiji décida donc de s’en amuser un peu.

« Eh bien, si je m’attendais à ça. C’est d’accord. Ça lui permettra de s’endurcir un peu. »

Le Chûnin lança alors un sourire mesquin à Hiko. Le pauvre, il devait surement se pisser dessus. Mais le Samui reprit très rapidement son sérieux.

« Plus sérieusement, ce ne sera malheureusement pas possible. Il n’est encore qu’un Genin. C’est à nous de se charger de sa formation. Lorsqu’il sera plus expérimenté, il aura tout le loisir de découvrir le monde. Mais je suis sûr que votre intérêt doit lui faire plaisir, n’est-ce pas Hiko ? »

Cette petite transition avait permis de détendre l’atmosphère. Maintenant, c’était au tour de Takusanken de partager ses valeurs avec le reste du groupe. Il prônait donc de nombreuses valeurs, toutes très nobles, l’honneur, la loyauté, la politesse, la justice, le courage, la bienveillance, ainsi que l’honnêteté.

Ceci fait, ce fut au tour d’Eden de reprendre la parole. Cette fois, elle ne s’intéressait plus uniquement au clan Samui, mais au Shûkai dans sa globalité. Aokiji s’attendait à une telle question et il était prêt à y répondre.

« Le Shûkai est la Naton neutre par excellence. Nous ne cherchons le conflit avec aucune autre Nation. Donc dans un sens, notre but est la stabilité du monde shinobi. Concernant vos autres questions, Mizu est et restera la terre de nos ancêtres mais en ce qui concerne Kiri, cette Nation n’est plus, et, selon moi, personne ne pourra réellement la faire renaitre. »

Les yeux d’Aokiji se posèrent sur l’extérieur. Ils avaient discuté durant toute la matinée mais il était maintenant temps de rentrer. Il avait encore du travail au Shozaichi. Il finit donc sa boisson puis se leva.

« Je m’excuse, mais nous allons devoir vous laissez. J’ai personnellement encore beaucoup à faire à la capitale et je suis persuadé que Hiko a mieux à faire que de trainer à l’extérieur de la cité. Sur ce je vous salue Eden et je vous souhaite une bonne continuation. De même pour vous Takusanken-san, je suis persuadé que nous nous reverrons très bientôt. »

Aokiji fit signe alors aux gardes qui l’avait accompagné et tous prirent la direction du Shozaichi, il était temps de rentrer.

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