Seul ? Le constat était simple tandis que vêtu pitoyablement d'un simple jinbei et d'une paire de geta je me tenais face à la route menant vers le continent. Preuve que je suis Shinobi ? Un sabre et une cicatrice sur le visage... Mais la pauvreté de mes vêtements, ma coupe qui est tout sauf une coupe... Et cet œil caché par une masse de cheveux. Je ressemblais plus à un vagabond qu'autre chose maintenant. Elle est belle la légende tiens... Le constat de ce voyage était assez simple à faire...

Je passerais sans doute pour le plus arrogant des Shinobis en pensant ceci mais. Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu... Certes le sacrifice de l’œil n'était absolument pas prévu, mais un tribu bien peu cher en comparaison de ce que j'ai récolté et surtout de ce que j'ai donné... Bien que ce ne fut qu'une petite pierre porté à l'édifice d'un immense projet. Ce n'était encore et toujours qu'une petite pierre. Il me restait maintenant le voyage pour Suna. Retrouver la Nomade et le Kazekage. Et voilà qui exigerait de ma pauvre tête bien des formules et des subterfuges pour ne pas perdre la tête au sens "propre".

Ma foi dans le sens le plus strict, je me sentais maintenant un nouvel homme. Une renaissance. Plus une parcelle de haine ne sommeillait en moi. C'est donc le coeur léger que je quittais le pays de l'eau et surtout sur mes deux jambes... Qui l'aurait cru hein ? C'était là le premier but. L'effacement du passé et de sa dette. Maintenant je pouvais me donner à la joie sans la moindre retenue et redevenir un shinobi. Dans un pays... Moi ? A Suna ? Il y ' avait sans doute de quoi faire rire ici. Mais que m'importait. Même habillé comme un clodo je me sentais fier de ma trouvaille. C'est à dire moi-même.

Le rétablissement n'avait pas pris longtemps. Et au lieu de me perdre vers le tunnel bleu alors même que le chef du village me permettait de partir je préférais cette forêt. Je voulais y rendre un hommage à quelqu'un. Bien des hommes et des femmes périrent ici. Mais celui dont j'avais épargné la vie avait gagner le coeur du plus indomptable des esprits que j'avais connu. Bien du temps avait passé depuis ce jour et surement fus-je déjà oublié en Kiri. Alors je n'eu aucune peine a me rendre dans cette forêt. Là ou je rencontrais le Mizukage. Croisant les bras je souriais devant ce lieu, perdu sous l'ombre des grands arbres.

-Il faut croire que tu as été le meilleur pas bien des niveau Mizukage... Moi je suis toujours resté le plus lâche des hommes

Me disais-je à moi-même. Une sorte de tirade entre lui et moi. Voilà bien le seul Kirijin qui aura gagner mon respect sans avoir à m'affronter... Je créais alors une rose de cendre. Puis la plantais dans le sol précisément à l'endroit ou il m'était rentré dedans. Maintenant éternellement par mon chakra. C'était le meilleur cadeau que je puisse lui donner... Que voulait dire ce message ? Mes paroles ? Je crois qu'il n'y avait que lui pour les comprendre. Le courage voyez-vous, cela n'a jamais été l'absence de peur...

-Ta femme a eu le droit à un œil... Aussi impétueuse que toi. Il faut croire que vous avez su vous trouvez foutu Kaguya... Mais je crains là ou tu es tu ignores qu'elle est déjà souillé par la trahison. Si je t'avais retrouvé plus tôt. J'aurais peut-être pu te dire que ni les femmes ni les villages ne méritent la confiance des grands hommes...

Je relevais soudainement la tête pour la porter un peu sur l'arrière. Souriant largement en laissant tomber mes bras le long du corps j'ajoutais alors.

-Je te vois tu sais... J'allais partir de toute façon.

~ Ferme la tu veux.

Et me voilà assise, enfin accroupie pour mieux voir ça, cette rose éternelle, offerte à mon amour éternel. Belle image.

~ Ne juge pas ce que tu n'es pas à même de comprendre. Tu ne sais rien de ce lien entre lui et moi, quoi que tu lui aurais dit, il aurait ris et su d'avance que je le rejoindrais. Ce que j'ai fait.

La confiance, une dont je ne doutais pas, Tenzö non plus, j'en suis sûre. A quoi ça nous avait mené, un fascié bien triste loin de nos premières rencontres s'affichait aujourd'hui, je venais à peine de le croiser à Kiri et si j'étais là à cet endroit précis, c'était juste que le Kaguya aimait s'y perdre avec moi, je comprenais pourquoi maintenant.

~ Sors ta rose un instant, que je le mets en terre ici.

Le but de mon détour, dans ma main il ne pouvait y rester éternellement, même si j'aurais voulu... Vraiment... Même mieux, le ramenait, mais le chemin jusqu'à Kiri avait été une longue méditation, utilisé en arme un homme qui voulait la paix... Quel manque de respect. Tant qu'il se repose et m'attende, ça ne serait pas bien long de toute façon. Un signe de la main et il était là endormi et bien paré, j'avais aussi fait un détour pour ça, rigide et froid seul un ample kimono avait su trouvé sa place. Mon regard se tournait sur l'homme à côté de moi, quelle allure, Kiri n'était vraiment faite que d'une bande de rats. Je soupirais en fouillant ma sacoche, puis me relevais en le faisant avant de faire tomber un Yukata sur les épaules de l'homme... Puis j'en tendais un autre encore emballé...

~ J'ai hésité longtemps, mais j'ai choisi la soie de celui qu'il porte, il t'aurait les siens de toute façon si il était là. Ce n'est pas un caché, juste une prolongation de sa mémoire.

Je n'avais toujours pas compris ce qui c'était passé ce jour-là, ni pourquoi le Kentaro avait réagi comme ça, tout autant que l'homme en face de moi, à croire que le gaz les avait rendu fou. Ma tête se baissait en même temps que mon regard, j'étais douée pour foutre le bordel, à ne pas en douter.

~ Je suis contente qu'il t'ai laissé partir, quand je l'aurais enterré, j'irais le rejoindre à Kiri, tu ne veux pas mettre ton départ à plus tard le temps d'un bain, d'un repas. Je ne suis pas aussi grippe-sous qu'eux, ne te voulais-je pas mon invité après tout ? Mangeons un bout le temps que je retrouve le courage de rentrer là-bas. Tu peux faire ça pour moi ?

Quel culot de demander ça n'est-ce pas... ? J'étais ainsi, on ne se refait pas, peut-être même qu'il savait déjà que j'étais la meurtrière de l'homme que je voulais enterrer dignement, car non, mon regard se posait sur lui...

~ Lui Kiri ne l'aura pas... Enfin libre. Notre fils est ici aussi tu sais.

Pourtant de lui, je n'en parlais pas, jamais, peut-être ma présence ici? J'étais jalouse quelque part que son père le rejoigne en premier, enfin, je l'avais la première, un échange équitable...? Pourquoi je disais tout ça à cet homme.

Aoji ? Elle était bonne tiens. Pourtant l'ambiance n'était pas à la plaisanterie. Mettant en terre son mari, prêt de son fils ? Voilà qui me surprenait. Que lui restait-il de sa famille maintenant ? La pauvre belle avait sacrifiée bien des mémoires au nom de la glorieuse Kiri. Et voici qu'elle invoquait la liberté dans la mort. Je ne pu retenir un sourire. C'était tellement vrai. La mort qui libère ? La vie qui emprisonne... Une réflexion bien philosophique. J'aurais peut-être dû éprouver de la pitié. De la compassion. Mais je n'en avais aucune. Ce n'était pas tant que j'avais un coeur de pierre mais que la notion de la perte d'un être cher était devenu si naturelle pour moi qu'elle n'avait plus rien d'anormal. Ce que je me suis dis c'est, qu'elle avait toujours son caractère de merde. Et surtout, que la tristesse rendait décidément les femmes bien plus belle...

Elle me laissait un vêtement... Genre la charité. Un beau Yukata si il en est... Comme quoi je devais vraiment avoir l'air pitoyable... Cette générosité devait lui être inspirée par la douleur. Plus nous souffrons plus nous aimons curieusement... Mais j'appréciais le geste et la gratifiais d'un sourire quand elle le déposa sur mes épaules. Je la laissais faire ensuite. C'était son mari. Sa famille. La seule chose que je pouvais accorder était mon silence. Par respect pour sa mémoire. Il y'avait en plus quelque chose de beau dans cette finalité. C'est ici qu'il avait vécu. C'est ici qu'il était devenu un homme. Dans cette jungle. Je ne savais que trop bien quel genre de souvenir pouvait rattacher un homme à cette forêt. Quelque chose d'au delà de tout ce que l'on peut croire et penser. Je ne disais rien sur le fils. Cela ne ne me regardait surement pas. Mais pour ce qui était d'attendre... Je ne la comprenais pas vraiment ? Qu'avait-elle à gagner à ce que je reste encore un peu ? Et puis n'y avait-il pas le risque qu'un Kirijin me tombe dessus pour me faire payer mon arrogance. Après tout ils seraient dans leur droit et je ne pourrais leur en vouloir... Je m’asseyais alors sur les talons pour replanter la rose dans le sol. Mon regard se fit plongeant vers l'horizon dès cet instant...

-C'est ici que je lui ai dis qu'il était lâche et faible. De croire qu'il pouvait blâmer les autres pour la perte des gens qu'il n'a su protéger... Pourtant je te regarde et il semble que contrairement à moi ce bougre soit parvenu à protéger ce qu'il aimait le plus. Tu sais ce que tu lui dois maintenant ? D'être heureuse... Et de vivre. C'est la mentalité des soldats qui laissent derrière eux des êtres cher à leur cœur...

Je tournais le visage sur elle. Je savais que là, tout de suite, son humeur devait vagabonder vers des pensées bien plus sombre. Mais changement de sujet grotesque et osé ? Non, je voulais comprendre. Rester à Kiri encore un peu pourquoi pas. Mais pourquoi faire ? J'avais été balafré par son amant du moment et je lui avais lancé ma plus terrible technique. C'était à se demander si elle n'était pas un peu masochiste sur les bords... Quoi que nous le sommes tous plus ou moins.

-Un bain ? Je sens si mauvais que ça... Pour ce qui est de manger un bout. Je me vois mal refuser quoi que ce soit tout de suite...

C'est vrai que partir sans rien dire telle mon habitude, cela aurait été mal venu. Alors manger un peu ensemble ? Pourquoi pas. Mais les sources étaient loin d'ici alors pour le bain on repassera elle devra se contenter de mon odeur... Là-dessus je levais le regard un moment. Puis dégainant des mes doigts cinq senbon de cendre dans les branches il en tombait quatre oiseaux assez consistant...

-Voilà le repas...

Quatre ? J'en avais manqué un... Décidément je devais commencer à vieillir... Mais ma foi nous avions quelque chose à manger et je sentais qu'elle avait besoin de parler un peu. Alors pour conclure j'ajoutais.

-Je ramasse le petit-bois et tu feras le feu. Cela te convient ?

Ce que je lui devais ? Être heureuse... Quelle blague, vraiment. J'aurais pu pleurer à ce moment-là, cependant j'illustrais ses dires d'un magnifique sourire, un totalement faux, comme la vision du bonheur, une illusion à laquelle je me laissais parfois prendre pour un besoin humain.

~ Ceux qui restent qui payent pas ceux qui partent, ce qu'il voulait pour moi ? Il ne peut pas  choisir ça pour moi, égoïste et trop cruel, un soldat quoi. Il n'était ni lâche, ni faible, il n'était pas le monstre que ce monde aurait voulu en faire, un qu'il ne fera pas de moi non plus. Oui assurément il m'a protégé jusqu'au dernier instant... Et moi.... ?

Moi je l'avais tué en remerciement. J'aurais dû naïvement me donner bonne conscience sur ses avals, me dire que c'était le mieux, respectait sa volonté, mais quand on l'avait connu autant, je ne pouvais croire qu'à une sincérité forcée. Il aurait voulu m'emporter je suis sûre de ça, si il ne l'avait pas fait, c'était de peur de me l'imposer, de peur de gâcher, de faire le mauvais choix. Je prendrais une ultime cette chance de survie et aviserais selon ce qu'elle donnera, une dernière fois. Une flamme qui s’éteint, un feu sous la pluie qui abandonne sa course sous un bois trop trempé, par des larmes cette fois. Je voyais cet homme en face de moi, qui l'avait vécu et toujours, mais je regardais le résultat, je me souvenais ses mots, me rappelais le moment où il avait sacrifié son œil. Très mauvais choix, il s'était laissé bernée comme d'autre par un faux aura... Celui que les miens posaient sur moi, sans eux je n'avais plus rien de bon, même plus de volonté. Néanmoins, je n'étais pas totalement une enfant ingrate.

~ Je vais lui partager ce moment qui t'a coûté un œil, pour qu'il voit qu'il ressent et qu'il juge de lui même sur quoi il martèle inlassablement. C'était le but de ton action non ?

Le reflet rouge dans le bleu étrange mélange, il compatissait, non il assistait à une scène familière, pas de regard scintillant, pas besoin de ce langage avec les loups et le voilà plaisantant humour noir, pour humour déplacé...

~ Tu sens pire que moi tu crois ? Aucune odeur ne sait me dérangeait maintenant, je parlais de l'aspect détendant. Apprend moi le genjutsu avant de partir à Suna, j'ai perdu mon mentor avant qu'il ne finisse mon apprentissage, un jour quelqu'un de sage m'a dit, une formation incomplète est pire que l'ignorance. Vérité ? Mon Maître était Yoru le Sandaime Mizukage, un grand homme, tu saurais reprendre là où il m'a laissé ? Rivaliser ?

Le déjeuner tombait et j’acquiesçais de la tête à sa proposition, bientôt un feu et une fumée alléchante de vieux souvenirs qui se dessinaient là alors que ma main présentait une tasse de thé fumante. Pas de Saké aujourd'hui, besoin de toutes mes idées sans quoi... Autant quitter ce pays maintenant.

~ Pourquoi as-tu plié devant Hattan ? Pas comme si le combat était fini. J'aimerai savoir quand m'arrêter aussi. Mais ce n'est tellement pas moi tu vois. Toujours fâché avec Kiri ?

Peut-être me trompais-je me disais-je en la regardant fixement. La douleur imprégnait même l'air autour d'elle... Elle était... Comme moi ? Mon regard tombait. Non vers le sol mais sur lui-même. C'était la compassion et l’empathie qui me prenait. Comment aurait-il pu en être autrement... Sa douleur je la concevais avec une facilité déconcertante. Du coup je savais une chose. Aucun mot n'aurait su étouffer sa peine. Si j'avais pu connaître si aimante et si loyale. Surement aurais-je été bien différent aujourd’hui. Elle haïssait Kiri. Je le sentais dans son verbe. Une sorte de rancœur... On lui avait retiré tout ce qui comptait pour elle ? Peut-être pas tout non. Elle n'était donc pas encore au point de se dire "qu'ils aillent tous en enfer". Mais cela ne saurait tarder. Elle avait déjà changé. Je le voyais. Son cœur s'était morcelé et la partie qu'on venait de lui retirer était de plus haute importance.

Quel mot pouvais-je lui offrir ? Aucun. Si ce n'était un simple regard. Parfois les yeux disent tellement plus que les lèvres. Les mots nous trahissent. Ils empêchent de réussir nos entreprises. Seul l'acte compte. J'ai commis plusieurs fois l'erreur de préférer parler plutôt que d'agir. Jamais le verbe et le mot ne sont parvenu à me donner ce que je désirais. Alors cette fois je n'allais pas la couper. Seulement l'écouter et faire don de ma présence. Elle avait besoin de parler. de lâcher quelques mots. Quelques émotions. Le cœur est un réceptacle qui porte ses limites. Il faut parfois en extraire la peine par la larme et la peine si on ne veut pas perdre l'esprit. C'est ainsi que l'homme est fait. La complexité de la vie. Nous aimerions tous avoir certaines choses. Mais il faut accepter de se contenter de ce que l'on a. De ce que le ciel consent à donner. Car tout a une raison en ce monde et même la perte...

Elle parlait donc. Et je restais debout et immobile à l'écouter. Penchant un peu la tête sur le côté comme le font les loups et les chiens lorsqu'ils découvrent un acte éveillant leur curiosité. Et voilà que malgré moi. Je me prenais à verser une lame. Sans grimace. Le faciès ne changea pas. L’œil mort qui ruisselait simplement... Sa douleur se transmise à moi malgré mes barrières. L’œil mort, il était capable de pleurer. J'en fus étonné mais ne laissait rien transparaître. Car après coup je comprenais le malheur... Je ne vais pas en dire d'avantage là-dessus. Je laisse les maux de la douleur se décrire dans les mots de ceux qui n'ont pas été épuisés par l'inspiration qui en découle...

Être son maître ? L'homme dont elle me parle est de ceux qui m'ont forcé à fuir autrefois. Yoru. Le régent était donc mort lui aussi ? Combien encore devraient périr avant qu'ils ne comprennent enfin le sens de la vie... Combien devraient disparaître ? Et que pouvais-je lui enseigner ? Le Genjutsu ? Ma maîtrise de l'illusion s'était forgée dans la compréhension de la réalité. Froide, sombre, terrible, tellement plus que toutes les illusions du monde... La pire des techniques est celle de la vie. Mon Kinjutsu était forgé sur ce principe que vivre le réel était terriblement plus horrible... Pourquoi devrais-je lui infliger cette nouvelle vérité ? La force des grands naît de leur douleur. Car toute grandeur naquit du deuil. Le principe de l'héroïsme est dans le sacrifice même de soi. Il n'y est pas de légende qui ne fut exagérée et qui se forgea dans la mort de son auteur... C'était tout comme le message offert à Hattan. Et je doutais fortement qu'il l'eu compris. La victoire n'est pas dans le fait de vaincre son ennemi. De le mettre à terre ou encore de le tuer. La vraie victoire, c'est de se vaincre soi-même. Quand sa lame me frappe à travers un Genjutsu. Je découvris quelque chose de bien plus important que l'idée de l'achever.

Je m'avançais enfin vers elle. déposant un genou à terre. Je lui offrais un regard sincère. Puis je l'invitais à se redresser pour se tenir aussi droite que possible. Se faisant passant l'index sous son menton pour lui redresser le visage.

-La première règle c'est toujours la tête haute. Le combat est un concours de taille. Efforce toi d'être toujours la plus grande que ce soit par la taille ou l'esprit. Je n'ai pas eu d'élève depuis Nikkou... Je ne sais pas vraiment. Yoru était un homme sauvage. Je le sais de vécu. Moi je ne suis pas de cette race contrairement à ce qu'il peut paraître. Vois-tu c'est ça le message que j'ai laissé à ton maître. Il est tellement plus difficile de laisser la vie sauve que de tuer... Prendre la vie est un acte simple, mais laisser la vie alors que tout ordonne de ne pas le faire. C'est bien différent et c'est la vraie force d'un homme. Gagner sans avoir à se battre. Cette marque qu'il me laissa est la formule de nos malheurs. La marque de nos passés. Sa lame s'est simplement trouvé plus sage que lui, en sachant que prendre une part de mon sang suffirait à caler les ardeurs de la mort. Et surtout, a définitivement en finir avec le passé haineux. Plus on souffre plus on comprend l'importance d'aimer et d'être aimer... C'est le message que je voulais laisser à ce pays... Même si je sais qu'il ne l'a pas compris. Ça et l'espoir d'une union sous l'ombre des morts que nous avons laissés...

Je lui passais à côté. Calmement sans balancer mes bras. Puis baissant la tête au sol pour preuve de ma résignation je terminais sous le timbre maussade.

-Je t'enseignerais ce que tu veux... Mais seras-tu capable de l'entendre ? Le Genjutsu c"est l'art de manipuler la réalité. Tu vas devoir vivre avec une idée... Une idée terrible. C'est que le monde est beau dans sa laideur. Que les gens comme nous ne peuvent lutter contre leur destin. L'histoire de notre monde se résume simplement. Une franche volonté de paix qui n'a trouvé de sens que dans la guerre. Je n'ai pas plié vois-tu... J'ai vu...

Je portais la main à mon visage. Cachant mes yeux sous la masse de mes doigts. Quelque chose de noir, que je refusais encore d'admettre. Et le plus terrible c'est que même les yeux cachés je voyais... Pourtant m'aurait-elle écrit une lettre que je ne saurais la lire. Le sacrifice pour le don. La dualité. La fusion des âmes et des sens... Tout ceci viendrait avec le temps.

-Si je deviens ton maître peut-être deviendrais-je un père qui sait... Je me demande si elle aurait approuvée... C'est toujours quand son conseil m'est le plus utile que je ne l'entends plus...

La tête haute, petite fierté petit détail qui m'avait toujours désigné et je me surprenais à l'avoir oublié, trop souvent si tristement baissée ces derniers temps. Je savais déjà à quel point le monde était laid, plus aucune illusion la dessus, mais je voulais qu'il soit beau pour ceux que j'aimais, le souvenir de ce qui m'avait convaincu de me battre. Le statut de Shinobi je ne voulais pas... Mais la vie heureuse de Yuka qui me parlait sérénité et enfant... Je la voulais pour elle, tout comme l'espoir que Tei' ne prenne jamais les armes, comme que plus personne ne disparaisse... J'allais d'échec en en échec.

~ Qui est Nikkou ?

Un nom lançait dans son premier enseignement qui était un rappel plus qu'autre chose, un ancien disciple le dernier ? Un perdu, je me rappelais du même regard chez le Kitase quand j'avais demandé ses salamandres... Il ne voulait pas me perdre, mais il m'avait sous-estimé. J'aimais rester une enfant à ses yeux, il me manquait et ce que disait l'homme avait un côté réconfortant, une promesse de bras qui porteraient pour monter les marches avec patience. Comme Shinichi même sous ses airs rustres, farceurs, invivable...

~ J'ai compris ça depuis longtemps, le temps fait même que je finis par apprécier sa laideur, une question d'angle de point de vue. Puis ton gen a changé beaucoup de chose, j'ai l'impression de gâcher du temps et de l'énergie souvent pour pas grand-chose. Le pire, je me vois moi avant de voir les autres. Difficile de juger et condamner quand on se sent si subitement si imparfait.

Il avait parlé d'une femme le hantant de sa voix parfois et mon regard se posait sur la tombe du Kaguya, un truc qui saurait nous lier à nous aussi ? Je ne pensais pas, je n'avais pas ses talents là, spirituel, j'étais une enfant assez terre à terre au final. Mais il m'avait redonné le sourire.

~ Si elle ne te parle pas, souviens toi, quand on connaît quelqu'un on sait d'avance ce qu'il désire ou non. Je veux voir Teichiro, ma vision jusque là n'a jamais été qu'une illusion, je crois que je peux enfin prétendre faire face à la réalité, pas comme si elle ne m'avait pas frappé ces derniers jours. J'ai toujours eu soif d'apprendre. Ce que je veux que tu m'enseignes ?

Mon regard se portait en hauteur pour regarder la brume qui couvrait le ciel, bientôt je la pointais du doigt...

~ Je veux que la brume sanglante cesse de m'aveugler, même dans le noir, que sa réalité, soit celle que je lui dicte, plus celle qu'elle m'impose en forfait. Je veux pas la paix sous toutes ses formes. On ne la gagne pas avec des mots, mais avec des moyens, ces moyens là tu peux me les offrir.

La tête haute, première leçon acquise et sourire en coin, pas grand élan de motivation pourtant, juste une certitude, je n'étais pas du genre à tomber à terre si facilement, pas sans me battre.

~ Tu acceptes ? C'est un échange, pas un don que je propose, je ferais entendre la réalité de ton venue à Hattan, ma parole pour ça. Montre moi ce faux monde dans lequel tu as emprisonné l'homme.

Je recroisais les bras en fermant les yeux. Perdu un instant au trefond de ma mémoire. Sans vergogne, je me rappelais une époque révolu du temps ou je fus second de l'Hokage. Masao Nikkou... Hyô Hitomi et.... Deux disparus sur le champs de bataille comme tant d'autres. Nikkou était devenu Hokage, Il avait porté le coup fatal à Makka, il avait vaincu Kenji. Aucun de mes élèves ne m'avaient plus remplit de fierté alors que moi je déshonorais mon propre enseignement... Que la passé est lourds tandis qu'on y songe. Trop lourds. Les gens passent dans une vie et finissent par être oubliés. Laissant parfois statue et exploit derrière eux. Mais qui sont-ils ces beaux et belles disparus ? Personne ne le sait vraiment sauf ceux les ayant connu... J'éprouvais là quelques difficultés à formuler mes pensées. Nikkou et mes élèves d'autre fois était de ces sujets qui me sont sensible.

-Nikkou est le sandaïme Hokage. Mais il a prit sa retraite bien méritée. Le village lui avait déjà dérobé tout ce en quoi il croyait depuis longtemps et tuer Makka ne lui rendu aucune gloire si ce ne fut la perte de ses propres élèves dans cette bataille... C'est une histoire tellement banale pour les gens comme nous...

Les gens comme nous ? C'est quoi nous ? Voilà une question essentielle. Le monde militarisé dans lequel nous vivions permettaient aux civils de rester majoritairement en dehors des conflits. Du moins sur le papier. Un soldat n'est jamais qu'une bête qu'il faut nourrir de sang sinon il sombre dans l'ennuie... Alors que sommes-nous ? En vérité j'ai eu beau affirmer certaines convictions je n'en savais rien du tout... Puis le rêve et l'aberration. C'est le jour de son deuil et pourtant j'ai eu l'impression l'espace d'un instant que c'est elle qui tenta de me consoler. Cela me fit me retourner. Portant à son encontre un regard quelque peu désabusé. Les arcades froncèrent tandis que je mimais le non de la tête. Ce n'était pas moi aujourd'hui qui était en souffrance. C'était elle. Et si je consentais à la prendre comme élève. La seule élève depuis bien longtemps. Il me revenait de la porter au bout de mes bras en oubliant par la même occasion tous mes travers. Je me demeurais attentif ainsi. Sans décroiser les bras. J'écoutais ses convictions, ses interrogations et pour finir ses réclamations. Affligeant mon regard d'une haute compassion. Je n'étais hélas pas du genre tendre. Mes anciens élèves avaient été forgé très durement. A la Kirijin comme je le disais autrefois. Mais en y repensant, je n'avais ni la sagesse ni l'expérience d'aujourd'hui. prêt de sept ans avait passé. Aujourd'hui je voulais écouter. Prendre le temps. Donner une raison à tout et expliquer sans discernement les choses.

Elle avait de grand espoirs. De très grands espoirs. Changer la brume sanglante ? Je voyais là une première erreur. Son propre époux ne l'avait-il pas tenté pour finir dévoré par elle ? Même si il était permit à d'aucun de penser que c'était moi en réalité qui me trompait. Elle osait surtout évoquer l'esprit d'une femme... Dont je terrais le nom ici par respect. Le faciès que je lui découvris alors expliquait et proclamait même sans mal que ce sujet n'était pas à évoquer en ma présence. Cependant c'était déjà fait alors il était trop tard pour maintenant l'ignorer. Je ne faisais là que de la prévention pour l'avenir... Je décroisais alors les bras en lui souriant. Je me grattais un instant la cicatrice en l'imaginant. Ma belle et tendre d'une douceur et d'une joie au delà de ce que tout homme pouvait espérer...

-Elle me dirait en riant que je suis bête d'hésiter.

Nous en venions déjà aux leçons. Leçons de vie ? Leçon de guerre. Allait-elle se trouver comme une élève attentive ? Ou bien me faire des problème comme en avait l'habitude Hitomi. Voilà une responsabilité qui m'obligerait certainement aussi à me montrer moins complaisant avec le sang...

-Tu veux changer la réalité en somme. Tu veux changer cette voie que le monde a emprunté. Ton pays. Tu veux voir la vérité. Cesser d'être aveugle... Cela fait beaucoup de chose à la fois.

J'ignorais pour le moment sa demande sur le Genjutsu. Il y' avait des points à éclaircir avant d'en arriver là. Entre autre ses élans "plein de bonne volonté", mais j'ai si souvent vu des gens se perdre au nom de glorieuse cause. Ce n'était pas mon souhait pour elle. Néanmoins elle acceptait la laideur du monde. Une partie du chemin était donc accomplit. Il fallait seulement y ajouter une parcelle de vérité en plus. Puis lui imposer une règle.

-Ce que je t'enseigne tu devras l'enseigner à ton tour. Transmettre cette voie à ceux que tu en jugeras méritant. Comme le fit Nikkou pour mon savoir et Amaterasu pour mon Nindo. Faillit à cette tache et tu vaudras moins que ce que tu combats. Aoji...

Geste tendre ? J'en avais oublié ce qu'était la tendresse. Mais ce que je fis devait faire entendre quelque chose. Je m'approchais et me saisissais de ses joues. Prise entre mes mains j'approchais mon visage pour lui fixer le regard au mien. Le ton se fit las et doux, mais le regard profond et ferme.

-La perfection tu l'as possède déjà. Le fait que tu comprennes ce qui est imparfait de toi en est la preuve. La perfection c'est le monde. Et le monde est composé de multiples imperfections. Tu es déjà plus sur la voie de la sagesse que bien des gens pensant l'avoir l’acquis.

Je lui fis alors un sourire. Tel que ceux que je donnais à mon aimé autrefois. Quand je n'avais pas l'esprit embrumé par la folie sanguine des hommes. Elle me rendait déjà fier d'elle d'une certaine façon. Je la lâchais alors. La leçon suivait son cours. La deuxième ne tarderait pas à venir et sans doute l'ignorait-elle déjà. Demeurant proche d'elle et sans perdre ce doux sourire j'ajoutais.

-Si tu veux voir le vrai il te faut accepter maintenant le faux. Il n'y a pas de réelle vérité si ce n'est la tienne. Celle qui t'incombe. Nous sommes tous dans ce cas. Nous voyons ce que nous acceptons de voir. Chacune de nos vérités est propre et différente pourtant toutes vraies et réelle. Si tu acceptes tout, sans émotion et avec objectivité. Tu t'approcheras du plus pur. Du plus saint. Et ta vision s'imposera d'elle même au monde. Car les gens verront en toi ce qu'ils ne peuvent atteindre alors qu'ils le désirent si hardiment. La liberté de croire. Et la liberté d'agir...

Je reculais alors d'un pas. Puis ramassant une motte de terre en main je la pressais fortement. Prenant le temps de lui faire voir chaque détail de mon mouvement.

-La terre que je tiens en main est vrai... Pourtant ?

Je la jetais subitement en l'air, sans la perdre du regard. Puis elle tombait simplement au sol. S'écrasant bêtement entre nous deux. Je restais alors silencieux quelques secondes en la fixant. Avait-elle saisit ? Je m'approchais de nouveau pour porter la main à sa joue, subtilement et à la limite de l'effleurer.

-Cette main que tu sens ? Est-elle réelle ? Sens-tu son touché ? Sens -tu le vent sur ton visage ? Mon odeur et la tienne. Le bruissement des arbres ? Cela semble si réel n'est ce pas lorsqu'on se laisse aller à l'écoute du silence... Pourtant...

L'espace se déformait. Puis dans un flash aveuglant nous revoilà au moment où la terre tombait au sol. Je n'étais plus en train de la toucher mais au moment même où cette motte fut lancée.

-Est-ce un voyage dans le temps ? Ou un rêve éveillé ? Une simple copie du monde... Une copie parfaite. Ou les lois de la nature prennent leur cours de la même façon. Pourtant ton maître m'a fendu le visage dans cette illusion. Car sa conviction dépassait mon illusion. Sil ne fut pas capable d'entendre mon message alors ne perds pas de temps avec lui pour l'expliquer. Ce que l'homme ne veut comprendre il ne le comprendra jamais... L'illusion Aoji, c'est la réalité de ce que tu vois, tu es sans cesse entre le réel et l’irréel. A chaque instant, avec qui que tu sois, tu dois toujours te demander si ce que tu vois est bien ce que tu veux voir. Mais tu n'as plus à t'inquiéter. Je vais prendre le temps de t'observer. Et je serais présent si erreur il y' a. Je vais te donner mon héritage. Et peut-être un jour sauras-tu comment protéger ce qui est important...

Magie et je restais béante en voyant la terre tombait à nouveau, illusion parfaite à aucun moment je n'avais su la différence, un sourire niais pour le maître comme une enfant qui demande que l'on recommence, mais il n'en fut rien. Première leçon déjà et je riais légèrement, de bonne foi, sincèrement, un moral retrouvé avec un tour de passe-passe ? Non. Des mots que je n'avais jamais entendu, après qui j'avais couru si souvent en vain pour que là on me les serve au moment où je l'aurais jamais cru. Encore plus de valeur ainsi en les entendant, une chaleur pour sécher un bois trempé, pas sûr qu'il est conscience du poids de ces mots ce jour-là.

~ Le monde est l'illusion que je veux qu'il soit, l'accepter c'est réussir à mieux le vivre en somme. Tu me dis de ne jamais renoncer à moi ? J'aime ce genre d'enseignement, le combat de toute ma vie jusqu'ici. Alors...

Mon doigt se pointait sur mon époux, du moins la relique qui le gardait lier avec moi sur terre.

~ Ils ont été une leçon de vie donnée tôt par le destin qui connaissait la mienne que condamner à être trop courte. Je suppose que c'est là l'injustice de la vie, ceux qui paye une existence courte, mais vivante alors que d'autres l'auront longue et déjà morte pourtant...

Mes mains revenaient vers moi pour attraper mes genoux et les rapprocher, comme si je comprenais en un sens, l'important était le point de vue, je l'avais toujours su, un bon illusionniste se devait philosophe ?

~ Tenzö même dans son malheur est un idiot chanceux et moi aussi. Je crois qu'on s'est bien trouvé, destinée écrite pour vivre plusieurs vies d'affiler en une seule. Ça me va vraiment un bout de chemin avec toi, je suis l'héritage de beaucoup et j'espère que beaucoup seront le mien aussi, tu n'avais pas à demander, je l'aurais fait naturellement. Autant j'espère égaler les autres, autant j'aspire qu'on me surpasse... C'est étrange hein ? Comme si c'était ça la vraie récompense, la vraie réussite. Être le pilier d'une base de gens précieux.

Attiré par les plus grands en quête de les rattraper, tout autant que par les plus faibles pour les entraîner dans ma course, je constatais cette nuance étrange que je n'avais su jamais m'expliquer, un tempérament ça ne se contrôler pas je supposais et jamais vu la douleur de l'homme a évoqué sa bien-aimée. Encore une leçon qu'il me donnait, Tenzö avait été le meilleur de moi, probablement il le resterait, même si aujourd'hui j'étais comme lui incapable de le partager tant soumise à la peine, je me promettais, quelques mois tout au plus pour changer ça. Mon hommage pour qu'il continu à exister. Je lui devais moi qui avait ôté sa vie, mais je ne regrettais plus, plus de doute, je me rappelais enfin ce qui avait fait naître cette conviction que je devais le faire, grande déception fasse à l'échec en l'avouant...

~ Je l'ai tué parce que je voulais le garder éternellement... Mais j'ai échoué, mal préparé, faute de temps ou simple incompétence. Maintenant je sais qu'il faut savoir abandonner pour avancer, plusieurs jours, plusieurs essais pour enfin comprendre... Ce n'était pas si mal que les nécromancie n'ai pas voulu faire de moi une de ses enfants. Tu imagines quelle disciple tordue tu vas devoir éduquer...

Aucun faux semblant entre nous, je voulais que ça soit limpide, lui qui était le premier à avoir dit qu'en moi il y avait du bien, un talent, qui l'avait sans forme, avec des mots que j'avais su croire étrangement, je voulais sûre que quand il les dirait ils soient toujours vrais. Qu'il ne doute pas de l'enfant têtue en face de lui qu'il avait.

~ Hattan écoutera, les autres aussi, amour ou pas, ma main n'a pas peur de voler une vie quand ça en vaut d'autres...

Monstre, peut-être, mais un de bon sens. Un peut-être trop réaliste, mais qui aimait vivre dans l’illusion, une folie, la mienne.

Je ma passais la main dans le cheveux découvrant en même temps un air embarrassé. Et ce pour plusieurs raisons. La première et la plus évidente était ses genoux. Je me dépêchais d'aller à ses genoux et d'arracher un morceau de mon Jinbei. Je pestais déjà alors que l'entrain ne s'y entendait pas vraiment tant j'étais mauvais comédien. Je m’employais de toute façon à panser ses plaies avec ces pansements de fortune en me mettant genou devant elle.

-N'écorche pas ta peau comme ça... Le sang est une affaire précieuse il ne faut pas le verser si facilement. C'est comme une lame. Tu ne la sors que si tu as l'intention de t'en servir.

Donc elle me causerait des soucis... A traduire par des inquiétude. Voilà le genre d'enfant qu'on craint de laisser seule deux minutes sous peine d'avoir un cataclysme à gérer rapidement... Mais qui suis-je pour critiquer ? Mon maître n'avait de cesse de se plaindre de ma désobéissance et de mon impétuosité naturelle. Quelle punition allais-je lui octroyer ? D'un côté le bâton en serrant fermement sur les écorchures. De l'autre la caresse en lui offrant un bisou sur le front qui confirmait la sincérité de mes dires.

-Ne me cause pas trop de soucis. Je sais que je suis jeune encore mais j'ai déjà une vie assez remplit pour m'estimer vieux... d'ailleurs...

J'allais en venir à un point fatidique. Elle m'avait comblé en l'espace de quelques minutes. Imaginez que la viande des oiseaux que j'avais tué avait déjà eu le temps de pourrir tout de même... Donc pas de repas mais passons ce n'est pas le sujet. Son caractère ! Ho je sais qu'on ne change pas un loup en chat... Mais je me devais de lui dire.

-Dorénavant il te faut te contrôler. Que veux-tu contrôler dans le monde si tu ne te contrôle pas toi-même ? Même la folie doit avoir un but et un sens quand tu l'emploie. Sinon ce n'est que de la rage qu'on laisse sortir par manque de sagesse. Du reste je ne crains rien. Tu es parfaite et tes réponses, je n'ai rien à y relever qui me déplaise. Le reste viendra avec le temps. Comme l'utilisation de l'illusion. Je peux te donner un premier principe. Je suis spécialiser dans la maitrise des sens. les Yamanaka usent de la mémoire. et d'autres des émotions. A toi de faire un choix mais toujours en gardant à l'esprit, qu'une bonne illusion est une illusion fondu à la réalité.

Maintenant nous devions en venir à quelque chose de plus délicat. Mais c'est sans retenue que j'y venais.

-Je vais tout de même devoir partir un jour. A Suna on m'attends... Je voudrais bien que tu y viennes avec moi. Je vais aller voir Hattan pour tenter de négocier cela si tu me le permets... Et ce n'est pas gagner... Ha autre chose...

J'essuyais ses yeux. Sans arrière pensée. Sans faire de sourire niait ou tendre. Au contraire... C'était comme quelque chose de naturelle.

-Les larmes t'appartiennent. Ne les donne ni les montre à personne tant que cela t'es possible. Et tu n'es pas tordu... Tu es humaine. La normalité est dicté par le nombre. Oublie les règles et les principes de notre société. Il te faut maintenant commencer à forger les tiennes.

Oh... ? Je n'avais même pas remarqué la peau se déchirait, une vilaine habitude Kaguya qui faisait que je ne sentais plus comme mal ces choses là, trop naturelles. D'ordinaire je savais ces indications là, cependant en ce moment je me sentais usée, vulnérable, lasse de me battre alors j'économisais sur n'importe quelle bataille. Comme celle du liquide salé, un détail au final. Il me faisait rire en me consolant et essuyant déjà mes états d'âme, boutade remise sur le tapis, rencontre étrange qui se concrétisait ici.

~ Aussi bonne disciple que Geisha tu penses ? Toi et moi on sait déjà comment prendre notre retraite, encore de longues années pour nous avant ça j'espère. Ne te vieillis pas trop tôt.

Et je riais d'une humeur plus légère, mais le sujet devenait sérieux et j’acquiesçais de la tête cependant, il ne fallait pas se leurrer, j'avais besoin de temps pour m'y préparer, de dire adieu à l'enfant pour passer à l'adulte qui frappait à la porte, un autre deuil. Mais un joyeux j'osais espérer. Mon choix était tout fait...

~ Je veux que l'illusion sous un partage des sens, de sentiments. Je veux qu'elle m'aide, qu'elle fasse grandir sans blesser je veux une arme moins offensive moins irréparable que mes os féroces. Le sang? Pourtant j'aime la sensation du mien qui s'écoule sa vision qui me rappelle que je suis vivante, réelle, comment tu expliques ça ?

Du masochisme ? Ma tête se posait contre la sienne alors comme pour illustrer cette addiction, un souvenir lointain, douloureux, pire encore qu'aujourd'hui. Peut-être, mais un besoin éternel d'être rassurée, d'où venait cette angoisse profonde de perdre pied, je ne m'en souvenais même plus, comme si elle m'avait toujours habité, la volonté de survivre comme si tout serait hostile. En fait si je l'ignorais simplement, alors que aujourd'hui je l’affrontais la ravivait, mais pas seule... Rassurée... ? Une illusion dans laquelle on m'avait fait naître, des droits qu'on m'avait dit leur et qui était faux, une soumission qui n'existerait plus jamais, une dont j'avais su me défaire avec l'arrivée de Tei', j'avais once ans, subitement maman et une constatation, si je voyais le monde mauvais, la vie infernale, c'était cet avenir que je lui condamnais.

Le destin avait une drôle de façon de tracer les chemins, la fin des mystères comme si subitement je faisais la paix avec ce qui avait rongé mon âme. Le plus terrible et le plus beau jour de mon existence à la vie, la trame entière qui me bercerait toujours, une fatalité avec laquelle je devais me réconcilier, j'étais une enfant qui n'en avait jamais été une, une qui aurait voulu l'être. Mais enfin je comprenais. Je courrais vers le passé, je perdais mon temps en oubliant de vivre le futur. Nos têtes se séparaient et la réalité belle et bien présente pas de larme un sourire chaleureux, mon trésor, notre secret maintenant confirmait dans un clin d’œil. J'apprendrais pour lui aujourd'hui encore. Là tout ce que je voulais lui dire, mais il avait compris j'en étais certaine.

~ Laisse moi faillir comme une enfant une dernière fois aujourd'hui et laisse l'adulte te rejoindre pour se parfaire en t'accompagnant à Suna. Une dette, une rage que moi aussi je dois compenser avec la Brume sanglante, pour faire la paix. La haine détruit, moi je veux construire pas être à l'image de ceux qui ont voulu me détruire. Ma victoire à moi sur ça tu comprends ?

Pas de nouvelle page. Un nouveau livre.