Dans quel état étions-nous… Je survivais tant bien que mal, tandis qu’Ozaï faisait de son mieux pour que je ne perde pas la vie. Nous étions toujours dans un sale état, mais nous venions de faire une rencontre salvatrice. L’homme qui nous avait approché n’étais finalement pas un kumojin, fort heureusement. Au contraire, sa seule question fut de nous demander si nos blessures avaient été causé par des shinobis des nuages. Je ne savais pas d’où venait ce type, mais j’étais sur d’une chose : rester passif et refuser son aide revenait à me laisser mourir. Et je ne voulais pas, pas maintenant. L’homme invoqua un oiseau semblable à un cadavre, qui se posa près de nous. Il nous invita à monter dessus et le fit décoller en direction de Yu no Kuni, pour nous mener “en lieu sûr”. De toutes façons, peu de choses pouvaient être pire que la situation dans laquelle je me trouvais.

Ozaï me posait tant bien que mal sur notre monture cadavérique, avant que cette dernière s’envole. Nous avions une sorte de mot de passe à donner à notre arrivée, à un certain Hiriko. Nous décollions tandis que notre interlocuteur et un double de lui qui venait d'apparaître restaient à terre. Ce type cachait quelque chose, mais mon intuition me faisait pressentir qu’il pourrait plutôt être de notre côté, si nous la jouions finement. Nous nous laissions donc porter par la bête volante, qui traversait déjà une bonne partie de la distance qui nous séparait de la frontière. Psychologiquement, je voyais cette frontière comme une grande porte de sortie après laquelle nous serions hors de portée des kumojins. Je savais pertinemment que la pratique était tout autre, mais entre deux souffles de douleur, je priais pour atteindre le pays voisin en vie, et en liberté.

Alors que l’on continuait notre voyage, l’oiseau perdit de l’altitude. On sentait une perte de contrôle qui nous rapprochait dangereusement de terre. Heureusement, il repiqua et se stabilisa. Quelques secondes plus tard, rebelotte. Au bout de la troisième fois, alors que nous étions plus qu’à quelques mètres de hauteur, la monture s’écrasa au sol. A quoi cela était-il du ? Aucune idée en réalité, mais mes blessures n’avaient pas apprécié ce petit tour et ce grand saut. Nous étions tombés tout prêt d’un petit village, et notre chute amena autour de nous une petite foule de civils s’inquiétant de notre état. Alors que le ton s’élevait et que les pronostics sur notre espérance de vie faisaient l’objet de paris, une femme nous rejoignit.

« Dégagez de là ! Oula... Qu’on dépêche une équipe médicale immédiatement, on commence les premiers soins sur place ! Aller, accrochez-vous ! »

Je ne savais pas où nous étions tombés, mais ce fut notre bonne étoile qui nous y avait emmené. Nous allions être sauvés. Une équipe de médecin nous avait rejoint rapidement et nous avait transporté jusqu’à ce qui ressemblait à une clinique. En réalité, nous étions tombé sur un campement de shinobis aidant les populations alentours à la reconstruction de leur village, après les destructions engendrées par les dernières batailles. Ces soins dont on disposait, gratuitement et sans conditions, on ne pouvait que les assimiler au facteur chance, pour une fois…

Je me réveillais après un long sommeil d’une douzaine d’heures, et apercevais Ozaï dans le lit d’à côté. Je sentais mon état déjà plus stable, mais les vives douleurs que je ressentais me signalaient que le chemin vers la guérison n’était pas à son terme… Pas encore...

Ils s'étaient déplacés. Les deux Aizuyake, probablement les plus importants. Les dernières pièces maîtresses du Shôraizen connaissant parfaitement les plans de Seitô. Ce dernier avait était défait, et il n'y avait plus rien à faire à ce sujet. Les deux n'en parlaient pas, mais chacun avait une vision radicalement différente de la situation.

Le premier, Hiriko, pensait sincèrement que Seitô avait eu raison. Il devait y avoir une libération de Kumo, et si le Shôraizen s'était dévoilé maintenant, alors ils étaient dans l'ennui. Les Nations auraient une cible autre que son chef et ils seraient tous en danger... C'était aussi une des raisons qui avait poussé le Tsugurike à agir seul au pays de la Foudre : limiter le nombre de futures victimes.

La seconde, Azumi, avait une vision radicalement différente. Elle n'était, de base, pas franchement pour cette excursion à Kaminari. Le rapport danger / Résultat était trop faible pour elle. Mais Seitô avait l'idée de libérer toutes les Nations, sans distinction. Malgré tout ce qui lui avait fait, Kumo en faisait partie. Et même aujourd'hui, elle était persuadée qu'il ne regrettait rien. Mais le stress de voir la tête de son chef sur une pique prenait rapidement le dessus.

Hors, ce n'était pas le sujet. Ils n'étaient pas ici pour dire si ce que Seitô avait fait était bien ou non, ils étaient ici pour récupérer un colis qu'il leur avait envoyé. Rien n'étonnait plus Hiriko de voir son ami avec tant de ressources... C'était pourquoi les deux étaient actuellement venu dans l'hôpital en question.

« T'es sûr qu'ils sont ici ? »
« Tu ne me fais pas encore totalement confiance ? »
« Bien sûr que si ! »

Ils s'avançaient dans les couloirs, puis s'arrêtèrent devant la porte de la chambre. Et sans crier gare, Azumi concentra son chakra dans ses pieds avant de défoncer la porte.

« Salut les loulous ! On vient vous récupérer ! »

Ce fut la phrase qu'elle dit, avant de regarder les deux protagonistes avec ces yeux blancs. Quant à Hiriko, il entrait dans la salle, les yeux fermer... À son habitude. Sa fine ouïe grâce à la maîtrise de l'Onkyôton lui permettait de se repérer dans l'espace. Sans perdre un instant, il enchaîna sur sa coéquipière.

« Mon nom est Hiriko. J'ai besoin de savoir vos noms, et surtout, la phrase que vous a dite celui qui est responsable de votre sauvetage. »

Une simple question de forme. Il savait déjà que les deux s'appelaient respectivement Ozaï du clan Jisetsu et Hiro du clan... Yamanaka ? Intéressant. Il avait ici un déserteur de son propre clan, et Seitô ne lui avait rien dit. Un faux nom ? Cela allait peut-être se confirmer.

Deux semaines s’étaient écoulées depuis notre arrivée dans ce qui ressemblait à une clinique. Les soins qu’on y avait reçu, sans même demander patte blanche, de la part de médecins pleins d’éthiques dirons-nous, avaient été d’une qualité rare. Mon état avait rapidement était stabilisé, puis s’était amélioré de jour en jour. Après la quinzaine de jours, je pouvais de nouveau me déplacer normalement et être autonome. Je n’avais pas encore récupéré ma forme qu’on pouvait qualifier de “pré-Mihawk”, mais j’étais sur la bonne voie.

Ozaï avait profité du calme qui régnait pour s’entretenir avec moi. Je savais qu’une chose lui tracassait désormais l’esprit : la mission que nous venions d’accomplir. Enfin, il cherchait plutôt la récompense. Il m’avoua avoir pisté notre commanditaire et avoir décelé son identité. Mon acolyte avait été encore une fois à la hauteur de mes espérances, je n’en attendais pas moi de sa part. “Toujours avoir un coup d’avance”, comme il disait. Une chose s’était du moins avérée vraie : Kamejirô était bel et bien un haut gradé du regroupement récent de pays neutres, le Shûkai. Nous n’avions plus qu’à espérer qu’il ne nous ait pas oublié et qu’il soit encore en vie, la mission ayant duré finalement plus longtemps que prévu.

« T’as raison, on va exiger une prime de risque. T’as fais du bon boulot, on le retrouvera au plus vite. »

Il me parlait ensuite de ses projets. Je savais bien qu’il avait quelque chose derrière la tête, une idée qu’il mûrissait depuis déjà quelques temps, depuis mes blessures et la mort qu’on avait frôlé certainement. Il voulait qu’on établisse quelque chose de plus clair, qu’on ne se salisse plus autant les mains. Il n’avait pas tord après tout, nous ne pourrions pas sourire indéfiniment à la mort sans qu’elle finisse par nous rattraper…

« Mieux structuré tu dis ? Je crois comprendre… Il faudrait qu’on vise plus loin, notre but à toujours été d’évoluer… Mais il nous faudrait … »

Un grand bruit se fit entendre, la porte de notre chambre dégringola, me coupant ainsi la parole. Un homme et une femme pénétrèrent dans la pièce. Ils ressemblaient à tout, sauf des médecins, ces deux la. La kunoichi, parce qu’à l’évidence s’en était une, me frappa d’un détail : ses yeux. Blancs, livides, c’était une Hyûga ! Une “délégation” de Konoha ?! J’étais déjà recherché ? Non, pas possible…

« Nous récupérer ? La phrase de la personne qui nous a sauvé ? »

Euh… Je venais de comprendre que j’avais un trou de mémoire. Je ne me souvenais pas avoir été sauvé par quelqu’un, mis à part l’eisen-nin en arrivant dans le pays. A vrai dire, je ne m’étais même pas posé la question de savoir comment j’étais arrivé jusque dans ce pays. Mais je devais donner une phrase, j’y réfléchissais quelques instants avant de me lancer.

« Le petit chien est sur la pente fatale. »

La Hyûga fronça les sourcils. Soit ils se foutaient de leurs gueules et genres, ouvertement, soit ce n'était pas les bons. Hors, elle avait Hiriko avec elle... Qui n'était rien d'autre qu'un des membres de l'Anbu spécialisé dans l'information et l'interrogatoire. Si elle respectait ce dernier, il y avait derrière une pointe de crainte.

Personne ne pouvait savoir ce qui se tramait dans l'esprit du Yamanaka, alors que l'inverse n'était pas vrai. Il lisait, comme dans un livre ouvert, l'esprit de toutes les personnes présentent dans la pièce, et ceux, sans montrer le moindre signe extérieur. Une neutralité absolue. C'était ça, qu'elle craignait respectueusement. Mais les deux autres alors ? Aucune idée. Elle ne savait pas quoi dire à leurs sujets, ni quoi penser. Refermant la porte, elle attendit la réponse du Yamanaka, qui reprit après une légère pause.

« Ce n'est pas ça, fait un petit effort. Pour quelqu'un ayant une relation avec la mémoire comme toi, tu devrais ne pas avoir de soucis a récupéré cette information... N'est-ce pas ? »

Il avait joué d'un coup de maître. S'asseyant sur le fauteuil, en face des deux protagonistes probablement perplexes, il fermait les yeux, un petit sourire amical sur le visage. Puis, il continua.

« Celui qui vous a sauvé la vie n'est autre que Sabakyô Seitô, ancien Intendant de Konoha, aujourd'hui déserteur et Maître du Shôraizen. »

Anticipant la question, il ajouta.

« C'est une organisation ayant pour but de reconstruire le système Shinobi actuel. Faire tomber les puissants en libérants les Ninjas sous le joug des Shinobi de pouvoir... En soit, nous ne sommes pas vos ennemis. »

Il laissa un simple silence, le temps de laisser aux deux Shinobi d'analyser les informations. Tout ce qui était dit ici était vrai, et il avait même délibérément laissé accès au Yamanaka à des informations de son esprit. Une fuite voulue, pour le mettre en confiance. Mais tout le reste était fermement maintenu dans une boîte noire quasiment inviolable.

« Effectivement, vous n'avez pas dit de vous récupérer, mais... »

Il souria.

« Il me semble que vous avez une dette envers nous. Avant d'avoir votre proposition, sachez que notre organisation possède des moyens financiers, matériels, et millitaire relativement important, vu son jeune âge... Si cela vous intéresse. »

Les deux konohajins se tenaient devant nous. Ils semblaient sûr d’eux, et le trait d’humour que je lançais ne les fis même pas esquisser un sourire. En même temps, après s’être pointé là en défonçant la porte comme de gros bourrins, je ne m’attendais pas à ce qu’ils se fendent la poire devant nous. Bref, je ne me souvenais pas suffisamment bien de notre sauvetage pour pouvoir témoigner de quoi que ce soit. Comme le soulevait celui se faisant nommer Hiriko, c’était un comble pour un Yamanaka d’avoir un tel trou de mémoire. Ce qu’il dit me fis réagir directement : il parlait de ma relation avec la mémoire, il connaissait ce que jusqu’alors une poignée d’homme seulement connaissait de moi, mon pourvoir héréditaire. Je restais surpris lorsque je réalisais que ces deux là en savaient beaucoup sur nous, trop même…

Je voulais vérifier une chose avant de me lancer dans les grandes discussions. Ce type, Hiriko, il fallait que j’essaie de sonder son esprit. Je devais m’assurer qu’il ne soit pas là pour nous nuire… Je le fixais quelques secondes, puis je commençais à pénétrer son esprit. Du moins, j’essayais. Je ne savais pas expliquer pourquoi, mais toute connexion avec l’esprit du konohajin était impossible. Je n’avais jamais ressentis cela auparavant. Mes blessures m’avaient-elles ôté mon pouvoir ? Non… J’arrivais encore à sonder l’esprit d’Ozaï. Je lui faisais d’ailleurs rapidement comprendre que quelque chose d’anormal se tramait.

Pourquoi m’opposait-il autant de résistance ? Je savais qu’il était possible de protéger son esprit grâce à des fuinjutsus, comme je l’avais ressentis en sondant rapidement la Hyûga dans la foulée, et qui posait une sorte de barrière mentale,  mais la défense de ce type… c’était digne… d’un Yamanaka ! Il n’était pas impossible que ce soit le cas d’ailleurs. Je le laissais finir de raconter son histoire, nous parler de son organisation, de son chef nous ayant sauvé. Un baratin dont je me serais passé, en somme. Il en vint cependant à attirer mon attention lorsqu’il se mit à évoquer le fait que nous pourrions bosser pour eux et que les récompenses seraient au rendez-vous. A ce sujet, nous devions encore nous rendre au Shûkai pour effectuer notre rapport à ce cher Kamejirô et toucher notre dû.

Alors qu’il parlait, j’arrivais enfin à accéder à son esprit. Une erreur d’inattention ? Non, bien sûr que non. Il était trop malin pour baisser sa garde. Ce qu’il allait me laisser lire, ce n’était que ce qu’il voulait bien. Rien d’intéressant donc.

« Écoute, on va pas y aller par quatre chemins. Ton boss est sûrement très gentil, ça a été cool de sa part de faire dans le social en nous sauvant, mais on n’a de dettes envers personne, que ce soit bien clair. »

Je terminais sèchement ma phrase, laissant mon dernier mot raisonner dans la pièce quasiment vide.

« Partant de ce postulat, que nous proposes-tu, Yamanaka Hiriko ? »

Le Yamanaka laissa filtrer un sourire. Un simple sourire ayant une seule et unique signification : je mène la danse. Ni orgueilleux, ni vantard, la chose n'était que pure vérité. Hiriko était, à l'instar d'un Maître du Jeu d'un plateau RPG, le Maître du Jeu proposant les termes du contrat aux deux Shinobi en face de lui. Le tout était d'avoir assez de finesse pour adapter la chose aux besoins des deux Nukenin, afin qu'ils rejoignent l'affaire sans trop poser de question.

Mais pour cela, il fallait des arguments. Et, on pouvait dire qu'Hiriko en avait, des arguments. Pas qu'un peu d'ailleurs... Argent, moyen militaire, d'information, base secrète entièrement sécurisée. En soit, assez d'arguments pour que cela intéresse deux Shinobi itinérants sans réel moyen financier. Il ouvrit faiblement les yeux vers les deux interlocuteurs, révélant des pupilles d'émeraude ayant une intensité suffisamment puissante pour captiver n'importe qui.

« Voici les termes du contrat. Vous travaillez pour nous de façon exclusive, et accepter de porter le sceau de notre organisation afin de sécuriser nos propres informations. En échange... »

Il fit une courte pause. De quoi mettre ses interlocuteurs en haleine.

« Salaire régulier, prime de risques, base d'opération, soutient militaire, et les soins offerts par la maison. Liberté de circulation, et pas de question tant que vous accomplissez le boulot, quel qu'il soit. Nous suivons 6 principes : Liberté, Loyauté, Volonté, Unicité, Perfectionnisme et Sacrifice. Pas de règle, juste des principes. Tant que vous ne nous trahissez pas et que vous bossez bien, votre salaire, avantages, et vos libertés, on s'engage à les préserver. Des questions ou marché conclu ? »

Les deux émissaires que j’avais face à moi étaient intimidants. Ils dégageaient une prestance digne de grands shinobis et j’étais resté déstabilisé par mon échec cuisant face au pouvoir de mon congénère. J’avais été naïf. En n’ayant imaginé ne croiser aucun autre maître des esprits, je venais de me faire remettre à ma place, de quasi-novice, dans le cercle des Yamanaka. Je faisais bonne figure pour ne pas laisser paraître ma frustration, mais je ne me faisais pas de fausses idées, Hiriko verrait le fond de mes émotions. J’étais incapable de m’en défendre.

Je venais de remettre en cause, en un instant, tout un tas de mes projets. Fonder notre propre groupe de mercenaires comme me le proposait quelques minutes plus tôt mon compère, me confronter aux villages, aux puissances de ce monde. Je devais me confronter à la réalité : je n’étais pas encore assez fort, clairement. J’avais besoin d’acquérir une puissance bien plus grande, bien plus destructrice. Et là, on me tendait la main, on me proposait l’argent, l'entraînement, les soins, le soutien militaire. Néanmoins, tout cela avait un prix. Un prix que j’associais à ma liberté : l’exclusivité, et pire, un sceau pour nous tracer et nous empêcher de divulguer un certain nombre d’informations.

Un simple regard, comme d’habitude, en direction de mon acolyte, et notre réponse raisonnait en quinconce dans nos esprits : non. L'appât du gain était tentant, bien trop pour y résister au premier abord. Mais nous ne pouvions pas renoncer à notre liberté d’action, de mouvement. Là où beaucoup y verrait un deal plus qu’arrangeant, je n’y voyais que des chaînes qu’on me proposait là. Après ce que j’avais subi, je ne pouvais me résigner à accepter un tel accord.

« Non. »

J’étais perturbé, par la situation, par mon avenir si j’acceptais, ou si je refusais. J’avais du mal à garder l’esprit clair. Mais je reprenais au plus vite mes esprits pour enchaîner.

« Nous refusons. Nous avons une règle d’or : la liberté. Notre liberté. Nous apposer un sceau pour nous pister, nous brider dans nos actes et peut-être même bien d’autres choses ? Tu peux passer ton chemin. Nous ne nous entendrons pas dans ces conditions, c’est certain. »

Je savais qu’Ozaï partageait mon avis, et je continuais à parler pour nous deux.

« Nous allons plutôt te proposer quelque chose, à toi de nous dire si tu as des questions, ou si le marché est conclu. Pas d’exclusivité, pas de sceau. On bosse pour qui on veut, mais lorsqu’on acceptera un job pour votre Shôraizen, on le fera comme il se doit. Revoie à la baisse tes compensations si tu le souhaites, mais nous ne négocierons pas notre liberté. »

Je n’étais même pas sûr que mes interlocuteurs me comprennent. Peut-être se croyaient-ils libres, enfermés dans leur organisation ? Après tout, ma vision était pas mal entachée par mon passé… Je tournais la tête vers le Jisetsu, lui signifiant que s’il avait un truc à rajouter, c’était le moment.

Non. Ce mot résonna fort dans l'esprit des deux Aizuyake. Azumi se contenta de regarder Hiriko, qui semblait d'un calme fantomatique, presque effrayant. L'Homme fermait les yeux et se contentait de sourire les coudes sur les accoudoirs, et de passer chacun de ses doigts dans les interstices entre eux. Il souriait simplement, alors que le temps pressait...

Puis il ouvrit les yeux, dévoilant une pupille émeraude écarlate, dont le centre était d'un noir ébène. La pression de l'atmosphère fut telle que les mouvements les plus simples semblaient incroyablement difficiles. Oui, Hiriko était comme l'eau. Une fois infiltré dans votre esprit, il était impossible de s'en défaire. Souriant, il annonça d'une simple voix.

« Et bien... On y peut rien, après tout ? Si les proies veulent rester hors du troupeau et de la bête protectrice, ils comprendront bien assez vite que les chasseurs qui, une fois qu'ils ont abattu leurs cibles, se retourneront vers eux... »

Il disait ça d'une voix calme et froide. On avait beau le regarder, l'impression de n'y voir personne dominait. Sa présence était complètement éteinte... Sa prestance elle, omnisciente. Azumi faisait pâle figure à côté de lui sur ce domaine. Puis, il se leva de sa chaise, avant de poser son regard lourd sur Hiriko.

« Soit. Ce choix t'appartient. Mais sache que le monde dans lequel nous vivons à beaucoup changé, et ce petit coin de paradis risque de rapidement devenir un enfer. Pense à ce que je viens de dire, et décrypte-le. Réfléchis, et continue de vivre dans la douce illusion que la vie que tu mènes est égale à la liberté que tu aspires. Tu peux travailler autant que tu veux, toi et ton ami, vous resterez de simple pion. Et lorsqu'un pion se rebelle dans la réalité de ce monde, on l'élimine. Vous n'avez plus qu'a espérez qu'il ne soit pas trop tard lorsque cela vous arrivera... Car même le plus puissant des Hommes à besoin des autres pour survivre... »

Azumi sortis de la pièce, et Hiriko la suivit. Puis, il s'arrêta juste avant de passer la porte, et se retourna vers eux...

« Oh, et vous devriez envisager de partir. Dès que nous ne serons plus là, le Genjutsu que j'ai lancé aux Kumojin présents dans cet hôpital sera levé. Ils viendront jusqu'à vous, et ce ne sera pas pour discuter... Par chance, j'ai effacé de leur mémoire notre présence. Mais je n'ai pas effacé la vôtre... Bonne chance, mes petits agneaux solitaires, et à la prochaine... »

Il sourit, avant de s'éloigner et de disparaître. À peine cela était-il fait qu'on entendait des pas se diriger jusqu'à cet endroit.

Merci: