Ennui. Le plus total. Rien ne pouvait m’occuper, sur ce lit d’hôpital. Non, vraiment rien. Je n’étais pas encore remis, d’autant plus que mon dernier entraînement m’avait encore coûté quelques plumes. Décidément.

Tournant en rond dans mon lit, j’avais l’interdiction formelle de sortir, cette fois-ci. Si j’avais respecté cette règle la première fois, je serais déjà sur mes deux pattes. Fais chier. Comme si je n’avais que ça à faire, vu les temps qui courent. D’après ce qu’on m’a dit, il me fallait résister encore trois jours à la tentation de sortir. Trois jours... c’est long. Beaucoup trop long.

Me tournant une nouvelle fois dans mon lit, j’observais le ciel au travers de la fenêtre. Un ciel étoilé, magnifique. Si seulement je pouvais sortir le contempler... si seulement je pouvais m’évader, sortir de cette chambre d’hôpital. Si seulement je pouvais faire quelque chose qui me transcenderait... qui rattraperait tous ces jours d’ennui, à me reposer.

Si seulement... si seulement…

***

Souhait exaucé.

Me voilà sous ce ciel étoilé, bien plus que je ne me l’étais imaginé. Les alentours, tout semblait surréaliste. Des lumières de toutes les couleurs, des stands de tout genre, dont quelques centaines (oui, centaines, bitch) de marchands de glaces, proposant des parfums plus exotiques les uns que les autres. D’ailleurs, rien qu’à cette pensée, l’un d’eux quitta son stand pour accourir vers moi. Une immense glace, à la crème multicolore s’avança vers moi en même temps que le marchand. Il me l’offrit, se prosternant même devant moi. Il voulut me lécher les pieds, chose que je refusai, alors que je mangeais ma glace. Délicieuse... je n’avais jamais rien goûté de telle. C’était juste magique.

Vous en voulez encore une ? Ou deux ? Je peux même vous offrir tout ce que j’ai ! je vole, j’accours !

Il revint en un instant, tel un éclair, le tout à bout de bras. Miam. Slurp. J’étais prêt à sauter dessus, lorsque soudain...

KYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

My god. Voilà une bande de filles hystériques, qui se ruaient vers moi. Euh. Euh. Manger ou survivre ? Euuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh.

Pas besoin d’y réfléchir, puisqu’un homme m’attrapa par le col pour me tirer d’affaire, et partit à toute vitesse en m’emportant avec lui, semant sans aucun soucis le groupe de folles, et malheureusement mon pote aux glaces.

Enfin je vous trouve, vous êtes pas possible ! Allez, vos deux partenaires doivent s’impatienter à vous attendre !
T’es qui toi ?

Silence. Il me regarda. Je le regardai. Une grimace de sa part, et celui-ci éclata, comme un ballon de baudruche, laissant une mélodie derrière lui. WTF man.

Bref, les deux autres membres du groupe m’attendent, en effet. Qui sont-ils ? J’en sais rien, je suis moi. C’est tout, faut pas chercher à comprendre dans des situations comme celles-ci. Par contre, les glaces, elles, vont me manquer. Rhaaa.

Prenant le chemin pour les rejoindre, les glaces tombèrent presque du ciel. En fond, j’entendis la voix du marchand, qui riait aux éclats, et qui hurlait de joie d’honorer sa promesse de me ramener toutes ses glaces. Par la magie du RP, j’attrapai toutes les glaces sans qu’une seule ne s’écrase par terre, avant de me goinfrer sans aucune retenue. Ah que c’est bon, j’aime. Et le mieux, c’est que je ne grossis pas. Niark niark. Si seulement c’était aussi vrai dans la réalité T-T.

Bref. Arrivé dans les coulisses, j’entendais le hurlement des fans qui s’impatientaient de plus en plus. Derrière ce rideau, la foule. Je les entends, comme s’ils hurlaient dans mes délicates petites oreilles. Par contre, pas content.

OÙ QU’ILS SONT LES DEUX ZIGOTOS ?

Paf. Un éclatement de baudruche, et le monsieur de tout à l’heure réapparut. Il haussa les épaules, d’un sourire narquois.

Va me les chercher ! Tout de suite !

Un bon coup de pied dans les fesses, et l’inconnu fut propulsé à toute allure vers d’autres cieux. Il avait traversé le plafond, laissant un trou béant dans celui-ci. Quelle puissance. Quelle force phénoménale que j’ai. Bisou ma main. Putain que je m’aime.

Spoiler:

Wuuuuuuuut? C'était quoi ce truc qui venait de faire un gros trou dans le sol juste à côté de moi? Un espèce de môssieur volant? Pas trop eu l'temps de l'voir, il était passé trop vite! Allongé sur mon sofa, une bière à la main comme toute rockstar qui se respecte, j'attendais comme un gland le moment de rentrer sur scène. Il y avait déjà plein de nanas en chaleur qui se trémoussaient sur le devant de la scène et j'imaginais sans peine la pluie de petites culottes, soutifs et autres string qui allaient nous accueillir à notre entrée sur scène. Je penchai un p'tit coup la tête par le trou pour voir Koheiiiiiiiiii qui semblait s'impatienter avant de hausser les épaules! Relax man, la vie est un long fleuve tranquille! Et puis le gros était toujours pas arrivé alors bon, on va pas non plus se stresser pour rien!

Je repris donc ma discussion avec le crocodile qui me faisait face tout en snobant complètement l'autruche verte qui courait dans tous les sens un peu plus loin. Toujours à faire l'intéressante celle-là! Regardez-moi avec mes plumes, matez mon cou tout long, tout rose et tout dégueu! Elle me gavait à force d'agiter ses pitites ailes toutes bizarre pour se faire remarquer! Dieu merci, je ne faisais pas encore dans la zoophilie! Mais vu que c'était un rêve, pourquoi pas hein? C'est une expérience comme qui dirait...

- "C'est une bonne situation ça, chanteur?"
- "Vous savez je crois pas qu'il y ait de bonnes ou de mauvaises situations!" répliquai-je en attrapant une glace qui tombait du ciel avant de me l'écraser sur le sommet du crâne. "Moi, si je dois résumer ma vie aujourd'hui avec vous, je dirais que c'est d'abord des rencontres. Des gens qui m'ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi. Et c'est curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée... Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l'interlocuteur en face je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Alors ce n'est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, j'ai pu : et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie... Je ne suis qu'amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens me disent "Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ?", je leur réponds très simplement, je leur dis que c'est ce goût de l'amour qui m'a poussé aujourd'hui à entreprendre une construction mécanique, mais demain qui sait ? Peut-être seulement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi..."

L'autre ne suivait déjà plus, évidemment! Pfffff ces crocodiles, ça à même pas la capacité de concentration d'une mouche! C'nul, c'est pourri, c'est frustrant! Si ça avait été mon rêve tous les animaux seraient troooooop intelligents! Mais là, forcément, j'étais dans la tête de Kokooooooo alors bon... Je saluai une bande de coucous alcooliques qui passaient en formation serrées sur ma tête tout en lâchant des fumigènes dans leurs sillages avant de me redresser en volant. Ouais, j'ai des supers pouvoirs parce que c'est un rêve. Et dans les rêves on peut tout faire, parfaitement!

- "T'as vu comment que j'ai la classe le croco? Et toi l'autruche? Mais arrêêêêêêête d'agiter tes plumes bowdel!!!"

Bon c'était pas tout ça, fallait quand même aller contenter nos fans prépubères! J'enfourchai donc mon nain de course et lui donnai des coups d'éperons dans les côtes pour le faire avancer. Et comme d'hab, il ne put s'empêcher de chanter l'abruti! Tu parles d'un moyen de transport discret! Et si tu ajoutais à ça toute la bande qui le suivait avec leurs instruments et leurs petits voix nasillardes...

P'tite chanson pour l'ambiance tahvu?:

Bref finalement j'arrivai vers Kokoooooo et garai mon nain avec sa béquille pour qu'il tienne debout! C'est important ça, la béquille! Je shootai ensuite dedans pour le faire dégager parce que finalement sa tête me plaisait pas! Voila! Pas de pitié! Le racisme antinain c'est bien, ça change! Pourtant ils sont trop mignons avec leurs pitites jambes mais bon faut bien détester quelqu'un! Je repris ensuite ma glace pour glisser sur les genoux jusqu'à Kokoooooo!

- "Tahvu comme j'ai la classe? Tahvu comme je roxe? Tahvu comme j'ai les genoux tout cramés?"

Ouais parce que glisser sur le sol, ça brûle! Mais bon c'est un rêve alors un p'tit bisou sur chacun d'eux et c'est guéri! paf, magie! Like Gandalf mais sans la barbe et avec le swag! Bref!

- "Bon il est où Obélix?" questionnai-je en sucant mon pouce. "Faut pas faire attendre les donzelles, elles vont s'évanouir à force!"

En attendant fallait qu'on s'occupe alors on se mit à danser la farandole, Kokoooooooooo et moi! Et en rythme s'il-vous-plaît! Le tout pendant que les nains reprenaient leurs chants! Ouep!