La nuit ... Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas contemplé. Une nuit noire dans laquelle aucune étoile n'osait se montrer. La lune était seul à régner dans cet empire nocturne. J'étais là, sur le toit de mon manoir. En ce jour, je n'avais pas envie de dormir. Du moins, je ne trouvais pas le sommeil. Ce bougre s'était bien caché. J'avais donc décidé de reprendre cette vielle habitude que j'avais quand j'étais plus jeune. Me lever quand mes parents dormaient afin d'assouvir mes plus sombres caprices. Beaucoup d'animaux avaient été tués de ma main. À l'époque, mon esprit accepté, ces êtres vivants, mais malheureusement, tout cela a bien changé. Mes envies ont pris le dessus sur ma conscience. J'ai perdu mon innocence il y a bien longtemps maintenant. Le fait de me retrouver sous ce grand manteau noir me rendait nostalgique. Je regrettais le temps où j'étais qu'un simple petit être tentant simplement d'exister. Maintenant, toute mon existence était devenue plus compliquée. Plus de problèmes, plus de responsabilités. Est-ce vraiment ce que je voulais ?

La réponse était bien entendue oui. J'étais devenu quelqu'un au sein de Kumo. Mon existence n'était plus veine et j'étais devenu bien plus fort qu'avant. Je peux tout accomplir à condition d'avoir un peu de détermination. La nostalgie de cette peinture nocturne s'estompait doucement lorsque je me remémorais le chemin que j'ai parcouru. Cependant, il me faut arrêter de regarder en arrière. Il ne faut pas que je me focalise sur la nuit présente, mais plutôt sur le crépuscule qui va bientôt arriver. Le mélange de la lumière et de l'ombre. L'oxymore parfait. Je me retrouvais dans ce moment de la journée. Un mélange de bien et de mal. Un part de lumière apparaissant afin de cacher l'ombre qui tente encore et toujours de prendre le dessus. L'image était sublime, mais elle ne me faisait pas oublier mon insomnie. La vraie raison était qu'une rumeur disait que le Conseil des Monjara s'était réuni pour des raisons exceptionnelles et inconnues. Je ne savais pas ce qu'allait faire mon clan et cela m'inquiétait. Cependant, j'avais confiance en notre chef, Otenba. Depuis qu'elle est chef, je n'ai rien eu à lui reprocher. Je lui fais confiance et qui plus est, elle a été régente de Kumo. Par conséquent, le village lui fait confiance. Pourquoi serais-je l'exception ? Enfin, il était temps pour moi d'aller me coucher et de mettre de côté ces hypothèses afin de passer une bonne nuit.

Toc Toc

Qu'est-ce que c'est que ... hein ... Quoi ? Ah ! On frappe à ma porte et je suis toujours dans mon lit. Mauvais timing. Je me levais en vitesse, mis des vêtements et ouvrit la porte. Un message du clan Monjara. Voilà qui est des plus inattendu. L'homme n'avait aucune lettre sur lui, car il voulait m'adresser le message face à face. Il m'expliqua que le conseil des Monjara demande à me voir dans plus brefs délais. J'avais deux heures pour me préparer et rejoindre le bâtiment du conseil. L'homme me salua et disparu en un instant. Je ne tentais pas de réfléchir sur ce message. Il me fallait très vite me préparer pour ne pas faire attendre le conseil. Je pris une douche et enfilai une tenue élegante pour ne pas faire tâche au conseil. Il était temps pour moi de partir et de me diriger vers le conseil.

Ce message résonnait dans ma tête. Pourquoi le conseil me demandait ? Dans tous les cas, cela ne me donne rien de cogiter là-dessus. Je verrais bien quand je serais face à eux. Les rues de Kumo étaient déjà bien animées en cette belle journée. Tout le monde me regardait, car il n'était sûrement pas habitué à voir un Monjara dans une tenue comme celle-ci. J'aurais pu dissimuler mes cicatrices, mais je me dirige vers le conseil de mon clan. Il serait mal vu de dissimuler ce qui fait de moi un Monjara.

Une fois arrivé à l'entrée, un homme m'indiqua la route pour accéder à la fameuse salle du conseil. Il ouvrit une grande porte et une salle avec une longue table s'afficha lentement. Tout au bout de celle-ci, Monjara Otenba, le chef. À côté d'elle, Homare, l'ancien chef des Monjara. Celui qui nous a donné un endroit que l'on appeler « notre foyer ». Il y avait aussi ses deux frères ainsi que d'autres personnes. Cette table représentait l'élite du clan Monjara et j'étais convié à m'asseoir parmi eux. La chaise que l'on me proposa était celle en face d'Otenba. Je pris place et ne perdis pas de temps à saluer mes paires.

« Membre du Conseil. Homare-san. Otenba-san. Mes hommages » disais-je avec une main sur mon torse en guise de salutations.

Je fixais Otenba dans les yeux et attendais impatiemment ses futurs paroles.

C’est avec un regard pétillant que l’élégante Otenba détaillait l’attitude de ce potentiel successeur qui se présentait au Conseil du clan Monjara. Un homme élégant, dans son attitude, ses propos comme sa mise. La Régente savourait… Ce costume tiré à quatre épingles, cette aptitude à prendre soin de lui-même, il était vraiment différent des autres membres du clan, tant sur le point de l’apparence que sur celui de la mentalité. La Régente glissait subrepticement un regard vers chacun des membres du Conseil histoire de jauger une dernière fois leur attitude en présence de ce successeur. Tous semblaient plus ou moins en phase avec ce qui venait d’être dit peu avant l’arrivée de Monjara Shinji. Même Homare…

Pour connaître celui qui quelque part faisait office de patriarche, il est évident qu’Homare avait longuement étudié le profil de Shinji. S’il lui faisait confiance, alors elle aussi pourrait le faire, malgré sa relative connaissance de cet homme. Après tout peut-on connaître pleinement quelqu’un ? C’est à l’épreuve que les hommes se dévoilent. Il aurait le temps de faire montre de ses aptitudes. Du moins, si jamais il en arrivait à accepter la lourde charge que le Conseil Monjara était sur le point de lui transférer.

Bienvenue au Conseil du clan Shinji-San.

Une marque de respect. Probablement que le Jonin de Kumo percevrait cette subtilité annonciatrice des décisions à venir.

Shinji-San, cela fait cinq ans que notre clan a rejoint ce village. Nous qui étions, au départ, de simples réfugiés, sommes parvenus à nous faire accepter. Pleinement. Nous devons ces avancées à Homare, mais surtout aux valeurs qui sont nôtres. Ce n’est pas un hasard. Pas plus que ne l'est mon accession au poste de Régent de Kumo, ta nomination au grade de Jonin, ou même ta présence ici. Tu devrais le savoir, la vie ne nous fait aucun cadeau. Tout ce que nous obtenons, nous le méritons pleinement.

Une courte pause. La voix d’Otenba semblait se répercuter sur les murs de la salle. Mais la Régente voulait se faire une dernière idée de la personne se tenant en face d’elle. Elle leva un doigt, l’index en direction du plafond. Pourtant, son coude resté collé à la table. On aurait dit qu’elle s’apprêtait à faire une mise en garde.

Shinji-San savez-vous seulement quelles sont nos valeurs ?

Un regard des plus perçants. Tous les membres du Conseil se tournaient vers l’intéressé. Personne ne doutait un instant que l’élu, du moins, le potentiel élu serait en mesure d’apporter une réponse pertinente à cette question lui ayant été posée. Les derniers soubresauts avant le passage de témoin.

Le conseil était assez impressionnant, mais rien que je ne pouvais surmonter. Malgré tout, c'était assez étrange de voir les regards des gens concentraient sur moi. Enfin, je m'exprime mal. J'ai l'habitude d'avoir les regards sur ma personne à cause de mes cicatrices. Néanmoins, c'était une nouveauté d'avoir des regards remplis d'espoir, de fierté, de doutes. Beaucoup de sentiments étaient mélangés dans ces regards ce qui les rendait uniques. Je faisais face à Otenba et nos regards se croisaient souvent. Elle m'observait et je l'observais en retours. Cette femme était gracieuse et imposante. Un mélange explosif qui était capable de faire plier même le plus brave des hommes. Heureusement pour moi, elle semblait m'apprécier. Après tout, je suppose que cette femme est comme moi, intransigeant sur le respect. Si je la respecte et suis polie, il n'y a aucune raison pure qu'elle me haïsse.

Au nom du conseil et en son nom, Otenba me souhaita la bienvenue au sein du conseil du clan Monjara. Je remarquai qu'elle avait utilisé la même marque de respect que j'avais utilisé en son égard. Je ne savais pas comment prendre cette manifestation de respect. Me considère-t-elle comme son égal ? Peut-être. Si c'est le cas, c'est bien entendu un honneur. Cependant, je ne m'accroche pas aux hypothèses. Nous verrons, selon le déroulement de cette conversation si c'est le cas.

Sans attendre, elle commença vraiment la discussion. Elle m'expliqua que cela faisait cinq ans que notre clan avait rejoint le village de la foudre. Nous étions de bases des nomades, puis nous avons été accueillis par Soroshiya et finalement, nous sommes devenus des membres à part entière de Kumo. Elle expliqua que nous devions ces avancées à Homare, ancien chef du Clan, mais surtout, d'après elle, aux valeurs qui étaient les nôtres. Je fus assez surpris d'entendre cette phrase. Les valeurs ... Attendons la suite. Elle ajouta que ce n'était pas un hasard si nous sommes là, si elle a été régente de Kumo, si j'ai été nominé Jônin, et même, ma présence ici, n'était pas un hasard. Elle m'indiqua que tout ce que nous obtenons, nous le méritons.

Des paroles puissantes et vraies. Rien n'est dû au hasard. Tout le monde a travaillé hardiment afin d'arriver là où il en est. Je mérite d'être ici. C'était une certitude. Cependant, Ontenba n'en avait pas fini avec ma personne. Son index se leva, pointant le plafond du doigt. Son coude restait sur la table et ses yeux venaient de changer. Elle formula sa requête qui était simple. Quelles sont nos valeurs ? Une très bonne question que je n'avais pas vraiment vu venir, il faut l'avouer. Cependant, je n'avais pas peur de répondre. Pourquoi ? C'était simple. C'était, cependant, assez osé à tenter. Enfin, après tout, je me dois de m'exprimer sincèrement et comme je le pense à mon clan.

« Nos valeurs ? Nous nous sommes orientés vers Kumo, car le Sandaime Raïkage, Bakushô Soroshiya, prônait la pacification. C'était et cela restera notre objectif. Cependant ... Les valeurs peuvent désigner beaucoup de choses. L'importance accordée par un jugement d'ordre moral ou encore, une norme de conduite, personnelle ou sociale, relevant de l'éthique, de la politique, de la spiritualité ou même, l'esthétique. Si vous posiez cette question au membre du conseil ici présent, je suis sûr qu'il y aurait beaucoup de réponses différentes. Les valeurs sont subjectives. Il n'y a pas de vraies réponses à cette question, Otenba-sama. »

C'était mon ressentie sur cette question qui m'avait surpris. J'espère que ma réponse conviendra le conseil et Otenba. Quand bien même, j'aurais exprimé le fond de ma pensée en étant respectueux. Cela reste, pour moi, le principal.

Un sourire. Une énergie positive semblant se dégager de l’aura de la Régente de Kumo. Elle semblait conquise. On aurait dit une femme de la quarantaine, certaine d’avoir tout vu, tout entendu en matière d’approche de séduction et qui pourtant… trouvait le moyen de se faire déstabiliser. Séduite. Elle l’était totalement. Le jeune homme en face d’elle était décidément plein de ressources. Il venait de réussir la prouesse de s’extirper de la délicate situation dans laquelle la Régente l'avait placé quelques minutes plus tôt. Un tour de force. Un tour de classe ne pouvant que forcer le respect. La réponse de Shinji, philosophique sur bien des abords, interpellait l’entière personnalité de la Régente. Elle qui avait malicieusement tenté de testé son probable successeur, eut la surprise de le découvrir plein de profondeur. Une profondeur que lui-même devait ignorer d’ailleurs.

La gracieuse dame tourna la tête sur le côté. Monjara Homare. Elle attendait son approbation. Car autant à l’instant précis elle était le Chef de ce clan, autant Homare restait le Guide. Celui qui mène par les sentiers sûrs en temps troubles. Quelle était son appréciation de la situation ?

Le Monjara, sourcils froncés, yeux fermés, deux mains jointes au niveau de sa bouche, coudes sur la table, semblait en pleine méditation. Il avait bien senti la sollicitation silencieuse d’Otenba. Cependant, en tant que Guide de son peuple, il se devait une dernière introspection avant de prendre la lourde décision devant suivre. Au bout de quelques quinze secondes qui semblèrent une éternité, le Guide hocha de la tête. Une fois. En signe d’approbation. Puis il rouvrit les yeux. Posant ses mains sur la table il laissa sa voix rauque emplir la salle de Conseil tout en s'adressant à la Régente :

« Il fera l’affaire… »

Otenba se tourna alors vers Shinji. Elle replaça une mèche de sa chevelure blonde avant de poursuivre. A cet instant précis, Shinji devait avoir déjà tout compris. A n'en pas douter.

Bien. Shinji-San. J’ai présenté au Conseil ma démission. N’étant plus en mesure d’apporter convenablement toutes mon attention au clan Monjara, eut égard à de nouveaux rôles m’étant confiés au sein de Kaminari no Kuni, il nous est apparu nécessaire de trouver un Monjara capable d’assumer le leadership au sein de notre clan.

Une pause. Il était à présent évident que ce Monjara n’était autre que Shinji lui-même. Du moins, telle était la conclusion du Conseil.

Tu viens de faire preuve d’une sagesse, d’une souplesse peu commune pour ton âge. Le clan a besoin de leader comme toi. Nous, le Conseil avons décidé de te nommer Chef de clan. Acceptes-tu cette charge Shinji-San ?

S’il l’acceptait, l’affaire était entendue. Les pouvoirs de Chef de clan lui seraient confiés. Il semblerait que l’avenir des Monjara ait de beaux jours encore devant lui…

Je me tenais debout, droit, fier et confiant. Ma réponse relevait presque de l'insolence, mais j'espérai que les membres du conseil comprennent ce que je voulais dire par ma tirade. Après tout, bien sûr que nous partageons toutes des valeurs, mais les valeurs sont souvent propres à un individu. Je pense qu'Otenba voulait surtout voir si je ne répondais pas à côté de la plaque dans ma réponse. Par conséquent, la meilleure des façons de ne pas donner de mauvaises réponses, c'est de ne pas en donner. Bien entendu, en réalité, j'avais donné une réponse qui disait qu'il n'y avait pas de bonnes réponses. C'était un peu fourbe de ma part, mais après tout, c'était ce que je pouvais faire de mieux dans cette situation. On aurait dit une question d'un examen à l'académie avec le temps de réfléchir en moins. Pour moi, je m'en étais bien sorti, mais j'attendais une réaction de la part du clan ou d'Otenba.

Cette réaction ne se fit pas attendre. Otenba était la première à réagir. Un sourire. Un regard sympathique. Je ne comprenais pas. D'habitude, l'ancienne Régente avait un regard flamboyant ayant la capacité de vous assassiner sur place. Après mes paroles, elle semblait plus douce et sympathique. Il faut croire que j'ai fait bonne impression. C'est tant mieux, car je respecte beaucoup Otenba et le fait de la voir dans cet état me faisaient plaisir. Un plaisir, dissimulé bien entendu, car je devais rester neutre devant le conseil.

J'attendais maintenant la réaction du reste du conseil. Mes yeux étaient tournés vers l'ancien chef, Monjara Homare. Celui-ci ne me regarda pas, d'ailleurs, il ne regardait personne. Il avait les sourcils froncés, les yeux fermés et les deux mains jointe. Ces dernières se trouvaient en direction de sa bouche montrant ainsi que le Monjara se trouvait dans une position de méditation ou quelque chose comme ça. Ces dernières se trouvaient en direction de sa bouche montrant ainsi que le Monjara se trouvait dans une position de méditation ou quelque chose comme ça. La réflexion était longue et laissa un silence d'une bonne dizaine de secondes. Finalement, Homare émergea de son introspection improvisée afin de donner son point de vue. D'une voix rauque et directe, il commença sa courte tirade. Un simple « il fera l'affaire »

Ces mots étant maintenant donnaient, Otenba se tourna vers moi afin d'en finir avec cette attente. Elle m'expliqua qu'elle a présenté au Conseil sa démission, car elle ne peut plus gérer correctement les affaires de son clan vu les responsabilités qu'elle a maintenant à Kaminirai no Kuni. Par conséquent, il était nécessaire de trouver un successeur digne pour le clan Monjara. Elle marqua une pause et bon, on l'avait tous compris, j'étais le digne successeur. Elle reprit en me disant que je faisais preuve d'une sagesse et 'une souplesse assez rare pour mon âge. Le clan aurait besoin d'un leader comme moi. Finalement, Otenba me demanda si j'acceptai de devenir chef des Monjara. La grande question était tombée et je répondis dans la foulée.

« C'est tout d'abord un honneur pour moi d'avoir été choisi par le Conseil comme votre successeur Otenba-sama. J'accepte solennellement de devenir chef des Monjara et de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que notre clan continue sur le chemin de la prospérité. »

J'étais officiellement devenu chef des Monjara. Des félicitations suivirent mes paroles et nous prenions le temps de parler entre nous après cette grande décision. Une nouvelle ère commença.