Ses cheveux sauvages voguaient dans le courant du vent, la fille avait chaud ainsi recroquevillée, ses bras retenait ses genoux contre son buste et un col large et haut faisait que son souffle chaud persistait près de sa bouche. Le nez jaugeait le froid ambiant et son regard plissait à cause de la lumière naissante qui agressait ses iris.Elle était bien là, bien qu'il n'y avait rien à voir dans l'horizon qu'elle fixait inlassablement, pourtant ce dernier lui semblait si familier, mais c'était bien son premier passage ici...

Rien, il ne se passait rien et un vide qui se faisait.

En ce milieu d'automne la brume au matin était persistante et la brune s'étonnait d'être si tôt éveillée, ce n'était pas dans ses habitudes, tant que tout à coup, elle se surprenait à naviguer en vain dans sa mémoire pour savoir comment elle s'était retrouvée là. Ses sourcils se fronçaient, la brume s’intensifiait, comme le froid et la femme réalisait à quel point elle était haut perché sur ce grand arbre qui surplombait une forêt. Peut-être qu'elle avait encore trop bu la veille, rien de nouveau, rien de grave, encore que, depuis quelque temps son passe temps semblait lui jouer des tours.

La voilà qui se penchait pour évaluer en vain la hauteur dans cette purée de poids, un courant d'air fouettait son visage avec une de ses mèches, en coupable une tignasse détachée, et quand ses doigts la replaçaient à l'arrière de son oreille son regard s'attirait sur sa gauche. Une silhouette blanche tenait la même posture qu'elle un peu avant, une femme qui semblait perdue dans ses pensées, depuis quand était-elle là ? Un nœud noir dans sa chevelure laiteuse dansait tout en contrastant avec tout le reste, même le peu de son teint qu'on pouvait observer respecter le code de la blancheur. La Bakushô se fixait sur sa contemplation longuement, elle était étrangère et familière à la fois, comme ce lieu, cette sensation. Plus aucun bruit enfin, plus de vent et tout se figeait autour d'elles, ce qui n'échappait pas à la brune perplexe, bien plus encore quand un cliquettement métallique s'invitait, le même qui instinctivement attirait davantage son intérêt vers le vide d'où il provenait, comme si elle l'avait reconnu...

Il se stoppait brusquement quand cette dernière manquait de basculer dans le vide, quand elle reprit son équilibre sous un soupire de soulagement, ses yeux ne pouvaient pas manquer une main abîmée qui montrait la longueur de vilaines cicatrices, une qui semblait la sienne, pourtant rien à voir. Intriguée par cette dernière qui se mouvait par sa volonté, il était alors difficile de ne pas constater que la teinte de sa tenue avait changée, comme toute cette dernière en fait. Une douleur dans sa poitrine sous forme d'une pointe tenace lui faisait grincer des dents et son cœur s’emballait à la chamade. Le mal qui la forçait à se replier et quand une perle de sueur abandonnait son front lors d'un mouvement brusque de sa tête vers l'avant pour laisser filer un crachat de sang qui tâchait l’immaculé du blanc, une présence à ses côtés.

Elle sentait une main caresser la longueur de son visage avant d'enrouler avec un soin extrême une mèche qui flottait devant son visage. La kunoichi se laissait faire, plus terrassée que volontaire et un son incompréhensible chatouillait son ouïe, un souffle chaud se posait sur son cou et un frisson parcourait son être quand elle sentait ses cheveux se faire relever avant que quelqu'un ne tire dessus pour la relever. La brune ne fermait les yeux pourtant qu'un instant sous la gêne, mais quand ils se retrouvaient à nouveau ouvert, c'était comme si un claquement de doigt s'était opéré. Plus de douleur. Plus de brume, elle tournait sa tête sur le côté en se questionnant sur ce que sa soirée avait bien pu lui faire consommer et bien que personne ne s'offrait à sa vue, la Bakushô put parfaitement sentir la pression sur sa poitrine qui la propulsait dans le vide, une rencontre brutale avec le sol et son crâne qui rebondissait et percutait à nouveau le sol, elle ne tentait même pas de se relever alors que la vue troublée s'associait à son gémissement, le monde se mettait à tourner bien plus encore que dans la plus arrosée de ses soirées... Puis tout se stoppait quand elle tournait de l’œil et que sa joue embrassait la terre.

-Elle est morte tu crois ?

La fille ouvrait douloureusement un œil, sa tête qui voulait exploser, son corps qui refusait de bouger, trempée, gelée, épuisée, combien même elle y mettait des efforts à comprendre ce qu'on lui disait rien à faire. Ses yeux tournaient encore et l'inconscience revenait l'enlacer. En toute franchise, elle aurait été incapable de dire combien de temps, par contre, pendant longtemps Miaë était convaincue de pouvoir décrire le confort bien que sommaire que lui offrait sa couche au sol près de la cheminée centrale de son abri, une petite maison traditionnelle. Une femme à l'âge mure lui adressait son attention et un gamin s’excitait aussitôt en l’assommant de question, la Bakushô ne connaissait aucun d'eux et son essai pour se relever n'était pas fructueux, on l'aidait néanmoins et même sous la grimace, elle coopérait sans broncher.

-Tu avais raison Tatie, elle s'est réveillée !

Les femmes se perdaient dans leur regard un instant, quelque chose en plus dans celui de la plus vieille des deux. Le gamin les interrompait...

-Qu'est-ce que tu faisais toute seule au milieu de nul part hein ?

Le lézard sur son épaule dégageait un sifflement de mécontentement, ce qui surprenait l'enfant lui lançant un regard d’incompréhension.

-Lapis... ?

Susurrait-il à peine alors que sa parente mettait en bataille sa chevelure blanche, elle lui suggerait d'aller jouer dehors, prétextant que leur invitée avait besoin de calme et il s'exécutait en important son familier avec lui. Non pas sans promettre de revenir et les iris aux couleurs uniques de deux individus s'entrechoquaient, l'or contre un azur incomparable. Finalement, comme elle avait un peu d'éducation et de jujotte des fois, la kumojins s'essayait à remercier son hôte.

-Je vous suis grès de m'avoir recueillie chez vous, même si je ne m'explique plus très bien ma présence par ici...
-Ce n'est pas chez moi.

La femme un peu sèche la reprenait directe avec cette information qui laissait encore plus dans le flou la Bakushô. Peu importe ceci dit...

-Une chance que je sois tombée sur vous alors.
-Ce n'est pas de la chance, je savais que tu étais là.

Le regard de la kunoichi se faisait maintenant perçant, mais elle lisait bien qu'on ne lui donnerait aucune réponse dans celui qui le réceptionnait.

-C'est Kumo qui vous envoie ?
-Oh ça non, mais crois moi, tu aurais préféré.

Un haussement d'épaules, puis elle lui posait une bassine d'eau chaude et des serviettes propres, à côté du linge du même ordre.

-J'avais juste besoin d'une confirmation, c'est chose faite. Ne t'approche pas d'Ame, ni de nous.

A sa première phrase elle pointait du bout du doigt vers la tête de la brune, qui ne s'en souçiait pas plus que cela vu la suite des propos. Un des sourcils de Miaë se relevait et son incompréhension montait d'un cran quand l'inconnue se saisissait de son sac pour quitter le refuge sans un mot de plus, combien même l'assaut des question de la brune fut présent. Malheureusement, pas la force ni le courage de la retenir. Une folle, pourquoi irait-elle la voir... Ou mettre les pieds dans ce village ? Un long soupire pour s'en remettre, décidément, les choses ne voulaient plus s’emboîter entres elles en ce moment et pour tout dire, la femme était pressée de fuir l'endroit, aussi, forcé de constater le sang séché sur son buste, elle s'appliquait à la tâche qui lui prenait un bon moment.

Au moment de se sécher, son attention se portait sur un miroir camouflé sous la serviette, bien sûr, elle s'en saisissait pour vérifier son reflet et un détail sur une mèche à gauche de son visage la troublait, on l'aurait cru blanche. En toute franchise, elle n'y avait pas prêté attention en lavant ses cheveux, mais là, en la séparant du reste, elle la découvrait bien réelle. Un peu jeune pour ce genre de chose non ? Pire, la largeur faisait au moins un pouce. La découverte lui glaçait le dos et sans perdre plus de temps, la kunoichi s'habillait pour filer de là, ne sachant même pas combien de temps c'était écoulé. Instinctivement, elle nouait ses cheveux en queue de cheval, avant de serrer avec la même vigueur la ceinture sur sa taille, tout comme les brassards de ses bras, cela avec une habitude déconcertante, pourtant, elle ne portait jamais ce genre de trucs, elle ne s'attachait jamais les cheveux... Qu'après coup qu'elle percutait en ne sachant finir quand sa main venait retrouver un tour de cou visiblement qu'elle ne possédait pas... Elle n'en mettait pas et sa main s'était refermé dans le vide.

Son fascié se changeait encore une fois alors que sa main redescendait comme frustrée par le manque et son attention se déportait sur la marque qu'elle s'était auto infligée avec précision sur son avant-bras droit... Mais la fille était droitière pourtant. Sa main gauche la caressait avec lenteur comme pour espérer que le toucher lui révèle quelque chose, en vain bien évidement. La Bakushô baissait la tête comme son regard vers le sol un long moment et encore une fois elle pouvait sentir ce frisson à travers tout son corps qui frémissait comme frustrer de son immobilité. Une envie folle de courir, mais elle avait horreur de ça. Tout cela ne faisait plus de sens et en sortant l'espace autour d'elle semblait vouloir évoluer au ralenti, un pressentiment l'enlaçait, sans réfléchir, elle entamait ses pas pour suivre son instinct.

Le tout la conduisait dans un petit patelin où elle évoluait sans mal, pour retrouver au final un bar bien camouflé au cœur des quartiers, pourtant elle n'avait pas erré, mais bien emprunté le chemin qui l'y conduirait. Elle s'approchait du comptoir où elle commandait.

-Hey Valet ! Mon thé ! Et que ça saute…!

Grognait un ton des plus déplacés, qui bien qui dans un premier temps surprenait le barman, avait tôt fait de le faire sourire tristement, il baissait son regard avant de le relever rapidement, ne se privant pas de dire que cela faisait longtemps que l'on ne l'avait plus appelé ainsi. Le regard pertinent de la brune le dissuadait de conter sa petite histoire et avant toute chose cette dernière se calait sur un tabouret affirmant de manière très assurée...

-A ne pas servir tout de suite, j’attends quelqu'un.
-Quel parfum?
-Agrume.

Il lui lançait alors un étrange regard en la dévisageant de plus près, comme s'il recherchait quelque chose de précis, les deux sondaient leur iris longuement et l'homme ne semblait pas pouvoir se prononçait, mais malgré tout, il se lançait.

-Princesse?

Son ton interrogatif laissait entendre une espérance dans sa réaction, une qui visiblement le décevait. La kunoichi relevait un sourcil assez désabusée par le sobriquet et le regard de l'homme se faisait fuyant, alors qu'il se mettait à rire nerveusement.

-Désolé ! Je te confond demoiselle!

Il retournait à ses occupations, la brune l'observait sans grand intérêt et un nom lui échappait tout bas des lèvres... "Shun"... Même pas quelques secondes après, c'était ainsi qu'un serveur l'interpelait en s'adressant à lui. A nouveau cette chaleur et ce froid dans tout le corps de la femme qui la faisait frissonner en la vidant de toute énergie, elle sentait très vite une perle de sueur sur son front qui se réchauffait quand elle plaquait sa main dessus, ses coudes en support appuyés sur le comptoir. Elle avait du mal à respirer, comme si on lui volait toute son air directement au fond de sa gorge... Elle sentait une main qui jouait avec ses cheveux encore une fois, cela la fit sursauter et un étrange regard se portait vers la présence qui lui semblait en être la source. Personne à côté, là tout de suite du moins.