Le Nara n'est pas commode en hiver [Natsuki]

(#) Sujet: Le Nara n'est pas commode en hiver [Natsuki] Lun 6 Oct 2014 - 16:51

L’oiseau de chakra battait de ses ailes translucides la surface invisible de l’air, élément dans lequel il semblait comme suspendu. Des hauteurs stratosphériques où il se trouvait, le Seki maintenait en visuel sa cible. Son regard bleuté observait tous les mouvements en bas mais surtout celui de celui qu’il croyait être le Sabakyo. Laisser se dernier s’auto-isoler, puis fondre sur lui et engager un combat sans merci contre lui. La tactique était simple. Connaissant sa propre force. Il y avait peu de doutes sur l’issue du combat. A coup sûr il vaincrait.

Après quelques minutes de pistage, le Seki jugea que le moment opportun était arrivé. Sa cible se déplaçait seule à un rayon de plusieurs kilomètres. Un sourire carnassier s’afficha sur le visage du Seki tandis qu’il consultait l’état de sa jambe gauche. Elle qui était prise de tremblotements était à présent à un état plus proche de la norme. Très bien. Respirant un grand coup, le Seki relâcha la tension en lui. Puis sans crier gare, il fit piquer du nez le volatile de chakra. Ses mains se cramponnèrent tandis que la vitesse du piqué faisait prendre au cavalier et à sa monture des allures de balle tirée d’un pistolet Saibogu. A mesure que le Seki s’approchait, il se rendait compte de son erreur initiale. Les traits de celui qu’il avait suivi jusqu’ici étaient en tous points différents du Sabakyo. Tout jusque dans l’allure, la mise, la corpulence. A mi-distance, le Seki put reconnaître le Nara… C’était donc lui qu’il avait malencontreusement suivi jusqu’ici. Fichtre !

Son cerveau se mit à échafauder de nouvelles voies à explorer tandis que l’oiseau poursuivait sa vertigineuse chute. Au moment où le volatile de chakra atteignait le sol et qu’un nuage de poussière se levait, le Seki fit faire un arc de cercle à l’aigle de chakra, histoire de se placer de manière idoine entre le soleil et le Nara de sorte à ce que l’ombre de son volatile porte à l’avant, vers le Nara, et que l’ombre du Nara aille derrière lui. Se tenir face à un Nara en pleine journée avait son lot d’inconvénient. Mettre un maximum de sécurité entre eux deux était plus que nécessaire. Car si l’ombre du volatile était ce qu’il y avait de plus visible, certaines parties de l’ombre du Seki se matérialisaient sur le sol : l’ombre de sa tête notamment. Voilà pourquoi il devait se donner les moyens de voir venir le Nara, si ce dernier tentait d’utiliser une quelconque attaque héréditaire.

Regard plongé dans celui du Nara, le Seki le dévisagea un court moment. Un moment qui devait paraître une éternité. Deux adversaires face à face. Deux potentiels ennemis. Deux ninjas appartenant à des villages autrefois alliés, aujourd’hui au bord de la rupture, deux ninjas de haut niveau.

*Te combattre ? Pourquoi pas. J’avoue que cette idée m’excite au plus haut point.* Se dit le Seki tandis qu’il affichait un imperceptible sourire, aussi éphémère que la tension existante entre les deux hommes. La poussière était retombée et l’apparition du Seki devait avoir finit de surprendre le Nara. Il se tiendrait prêt pour en découdre. A coups sûrs ! Si les deux hommes devaient en arriver là, le Seki en prendrait le risque. Ici et maintenant en plein Hi no Kuni.

Le Seki s’accroupit sur son volatile, se reposant essentiellement sur sa jambe droite. Celle qui était la plus opérationnelle. Regard rivé sur celui du Nara, le kumojin s’adressa à lui.

« Salutations Natsuki… »

Une courte pause, une expression faciale qui passe de l'amicale au neutre.

« Dis-moi, combien de temps encore Konoha restera-t-elle spectatrice face aux infamies de cet homme que vous avez nommé intendant ? J’ai cru qu’il y avait plus d’hommes de valeur à Konoha... Je suis vraiment déçu. »

Zennosuke baissa un instant ses yeux au sol. Pour autant, il restait attentif aux faits et gestes du Nara. Peiné, il l’était vraiment. Dans une incompréhension totale, le Jonin ne parvenait pas à comprendre comment le Sabakyo avait pu s’arranger pour rendre inactif, voire impuissant les konohajins face à ses actes. C’était comme s’il les avait endormi, anesthésié. Comment cela était-il possible dans un village tel que Konoha ? Bon sang ! Dents serrés, regard à nouveau portés sur le Nara, le Seki poursuivit :

« Je ne sais pas si tu roules pour cet homme ou si toi aussi tu as es faible face à lui, mais regarde autour de toi. Regarde cette végétation, regarde ces terres, projettes ton regard sur toutes les contrées qui font Hi no Kuni, ses villages et ses habitants... Depuis 5 ans Hi no Kuni et Kaminari no Kuni sont alliés. De toutes l’histoire des hommes, je doute qu’alliance ait été plus véridique entre deux peuples. Je respecte Konoha, j’y ai des ninjas que je considère comme amis : Hayashi Raito… Aburame Ryosei… Il y en a d’autres que je respecte l’actuel Hokage et toi-même. Je m’en fous de comment tu me considères. Rien qu’à cause des konohajins que j’aime et que JE considère, je ne veux pas croire qu’un simple imbécile venu d’un pays autre que celui-ci, puisse être à l’origine d’une guerre que lui seul cherche au fond. Comprends-tu ? »

Voilà une chose paradoxale. Alors que la guerre leur pendait au nez, le Seki, kumojin de son état en était à essayer de raisonner un homme qui en principe n’en avait pas besoin. N’était-il pas celui-là même qui avait bénéficié de la confiance de l’Hokage au point qu’il soit invité à la table des grands lors du sommet des Kage ? Forcément, Nara Natsuki n’était pas n’importe qui. Forcément, il avait le potentiel de poursuivre l’action du Godaime Hokage, et du Yondaime Hokage avant celui-ci. L’actuel Kage de Konoha et son prédécesseur ont toujours veillé à consolider les relations avec Kumo. Et si Kumo n’a pas eu l’occasion de faire un geste d’ampleur envers Konoha, chose que semblait reprocher le Sabakyo, c’est qu’au fond, le cours des événements n’en n’avait pas laissé l’occasion aux kumojins. Mais au fond, Kumo et Konoha ne s’étaient-ils pas entraidé mutuellement lors de la récente guerre d’indépendance ? Au fond, Kumo avait toujours été un allié exemplaire. Seulement, l’erreur politique de la Régente, lorsqu’elle accepta que le Godaime Hokage lui porte secours sur ses propres terres face au Genei Ryodan, refaisait surface. Tel que l’avait craint à l’époque Zennosuke, les démagogues s’étaient saisis de cette opportunité pour jeter l’opprobre sur Kumo. Et les faibles d’esprit avaient suivi la vague, entraînant les deux pays dans une situation qui au fond, n’arrangeaient aucun d’entre eux.

« Natsuki. J’ai besoin de ton aide. Pour le bien de nos deux nations. »

Le Seki continuait à plonger son regard sur celui du Nara. Respiration cadencée, prêt à toute situation, même à se faire royalement ignorer par ce ninja qui semblait bien loin du Natsuki dont il avait entendu vanter les mérites lors de la guerre de libération, le Seki attendait. Il patientait.

L’histoire des hommes a cela de paradoxal qu’il arrive que des tyrans naissent et qu’à cause de l’inaction des puissants, que ces tyrans croissent jusqu’à devenir impossible à arrêter. Dès lors leur volonté destructrice va jusqu’à se heurter à la propre limite de leurs ambitions. Ces konohajins étaient donc aveugles. Aveugles au point de ne pas remarquer ce qui leur pendait sous leur nez. Tout cela à cause de pensées égoïstes, de lâcheté, d’intérêts personnels sans aucune importance au final. Nara Natsuki quand donc vas-tu te réveiller ?

Il faisait froid, l'air glacé lui fouettait le visage dans sa course, et malgré un soleil timide d'hiver, l'humeur de Natsuki ne cessait de décroître. Il y avait des jours ainsi, et en hiver, il y avait des jours tous les jours... Il s'était déplacé en plus pour rien, puisqu'au final sa mission au Temple de Kyubi avait été avortée par le Sabakyo. Une assignation encombrante, certes, mais dont il était tout aussi énervant de ne pas pouvoir la mener à bien. Ce n'était pas un esprit de contradiction, juste une malédiction qui conduisait toujours n'importe quelle fin à être mauvaise.

Son poids agonisant sur l'épaule droite, et son étui à guitare se balançant sur celle de gauche, il filait à une allure modérée. Néanmoins, il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que quelque chose clochait. Les environs étaient déserts à cette distance du Temple, mais il sentait qu'il était suivit. Non pas suivit. Chassé. Le regard assassin de quelqu'un était posé sur lui : l'air puait les pulsions meurtrières. Il n'eut pourtant pas beaucoup d'efforts à fournir pour repérer l'oiseau qui lui tournait autour, lequel ne se cachait pas d'ailleurs pas de sa présence. Il freina aussitôt, et laissa la créature se poser devant lui. Hors de question de ramener des problèmes en plus à la maison : il allait les enterrer ici et maintenant. Le poids sur la jambe avant, le genou légèrement fléchit, il était prêt à bondir au moindre signe suspect de la création chakratique. Mais le seul geste perceptible fut l'apparition de son créateur qui la chevauchait.

Zennosuke se tenait sur son sommet, et le toisa quelques secondes d'un regard calculateur. Natsuki, de son côté, maudissait Seitô. Non seulement l'imbécile n'avait pas été fichu de se débarrasser du Kumojin, mais en plus c'était lui qui ramassait le bébé maintenant. Il ne s'agissait pas de se battre cela dit, le Seki l'aurait déjà attaqué en profitant de l'altitude le cas échéant. Probablement qu'il avait une autre idée en tête. Mais quelle qu'elle soit, le Nara tatoué n'en n'avait cure : lui réfléchissait seulement à comment se débarrasser au plus vite de son gênant visiteur surprise. L'éliminer ou l'ignorer étaient les deux options les plus viables. Malheureusement, elles avaient aussi leur défaut : l'une était fatigante, l'autre ouvrait son dos.

« Je te croyais mort ou mourant. » furent ses propres salutations.

Pour les politesses, mieux valait ne pas y compter : aucun des deux protagonistes n'étaient d'humeur. Le ton était froid, lourd, acéré, et Natsuki ne cachait nullement sa profonde contrariété d'avoir été abordé par son homologue. Cela n'empêcha pas le concerné de tenir son petit discours, dont il soupesait probablement chaque mot, conscient de l'importance qu'ils pouvaient avoir, mais pas au fait qu'il s'adressait à un mur.

« La guerre ? » répéta le Nara tatoué avec un sourire froid qui ne partageait aucun lien de parenté avec l'humour. « Tu es prêt à engager dans ta querelle d'amoureux avec Psycho Mantis deux Nations dans un conflit armé et mener des milliers d'hommes et de femmes à s'entretuer juste parce qu'il ne s'est pas mit à quatre pattes pour changer ? Dans le genre petit enfoiré tu dépasses de loin le niveau de Seitô et Kyoshi Rei réunit dis moi. »

Le ton empoisonné ne changea pas, mais les traits du visage de Natsuki se muèrent en une expression de colère qui n'avait rien de fictive. Elle n'était pas particulièrement alimentée par le Kumojin, mais elle allait très clairement être dirigée contre lui. Il n'eut pas besoin de pause pour reprendre.

« Tu savais ce que cela impliquerait si tu venais à nouveau personnellement à proximité de Konoha, alors garde tes discours de Miss Monde pour toi : tu n'es pas un exemple d'innocence non plus. La seule raison de ta présence ici est que tu cherchais un Casus Belli. Félicitation, tu l'as. Dépêche-toi de rentrer dans ton trou avec la bonne nouvelle maintenant.»

Vociférer des menaces n'était pas nécessaire, les yeux de Natsuki les exprimaient déjà sans équivoque – sans parler de l'aura meurtrière étouffante qu'il dégageait - : si Zennozuke ne partait tant qu'il était encore capable de le faire par ses propres moyens, il se verrait rapidement soulagé de quelques membres inutiles. Et pour information, la tête en faisait partie. A quoi bon survivre encore de toute façon ? Le Seki lui avait dit de regarder autour de lui, mais Natsuki ne voyait qu'une lande de cendres détrempée par des pluies de sang. Les Furyou ne laissaient espérer aucun autre avenir.

Et la malédiction du Nara qui ne le laissait même plus espérer tout court... Avec de l'espoir, de la volonté et un objectif, il aurait pu aller loin. Il aurait pu tenter de changer la tournure des événements, de devenir l'un des nombreux engrenages d'un monde unifié face à la menace qui arrivait - et qui le resterai une fois celle-ci anéantis - et pourquoi pas même tenter de réconcilier un imbécile extrémiste avec un autre idiot qui semblait voir la guerre comme solution à tout dès que l'on ne roulait pas dans son sens ?

Il aurait pu, mais le maléfice qui le dévorait lui avait tout prit. Tout, sauf une soif inextinguible de destruction et de mort. Vivre ainsi en lutte avec ce besoin de tuer au quotidien, si tranchant par rapport aux principes droits sur lesquels Natsuki avait construit sa vie, n'avait rien de facile.

Et il semblait que le monde extérieur était bien décidé à mettre plus que nécessaire sa fragile patience à l'épreuve...

*Il ne comprend pas…*

Telle fut la pensée du Seki lorsqu’il mesura le ton avec lequel s’adressait à lui Natsuki. Froid, glacial, distant. À peine s’il allait lui cracher dessus. Les relations Kumo-Konoha en étaient arrivées bien bas, si deux Jonins de ce village en venaient à discuter de la sorte. Le Seki, lui tentait de faire des efforts, mais il lui semblait que depuis le début de cette histoire, il n'était tombé que sur les mauvaises personnes. Aburame Miko, cette garde obtus qui ne comprenait rien à rien et qui ne savait même pas accueillir de potentiels alliés. Sabakyô Seito, l'homme qui attaque en ninja, en traître, et qui fait des plans hyper tordus pour affaiblir son village, sans le savoir. Et maintenant Nara Natsuki, le Jonin qui n'arrive pas à lire le jeu politique et qui ne sait gérer que ses propres petits problèmes. Personne pour s'élever au-dessus de la mêlée. Il restait encore la carte Yamanaka Meïa à jouer, mais c'était du 50/50 avec elle. était-ce Zennosuke qui était malchanceux ou qui ne savait pas y faire ? Ou était-ce les hommes de Konoha qui ne parviennent pas à saisir jusqu’aux plus infimes enjeux et intérêts en jeu dans la situation actuelle ? Si même les Jonins ne sont plus capables de hauteur, qui le serait ? L’Hokage ? Au vu de son silence lourd de conséquences, il y avait de quoi en douter. Et même s'il était à la hauteur, il se sentirait rapidement seul parce qu'incompris.

Ainsi Natsuki pensait que Zennosuke souhaitait la guerre. Manquait-il autant de jugement que cela ? Alors oui le Seki était revenu à Konoha alors que les relations entre ce village et le sien étaient des plus tendues. Cela pouvait être considéré comme une escalade, une vulgaire tentative d’aggravation des relations entre Kaminari no Kuni et Hi no Kuni. C'est vrai. Oui l’on pouvait considérer sa présence et celle d’Hasaki comme telle. Mais au fond, il ne s’agissait pas de cela. Plus que tout autre chose, c’est la recherche d’informations pour venir à bout des furyous qui avait motivé le Raikage à envoyer ses deux hommes au pays du feu. Bien entendu, cela restait secret, la possibilité de capture du Sabakyô, clé de voûte des informations détenues par l’ancien allié que représente Konoha faisait partie des missions de Kumo. Mais l’un dans l’autre, la recherche d’information est tout ce qui, depuis la venue du duo à Konoha jusqu’à la récente agression au temple de Kyuubi, avait motivé Kumo. Pendant ce temps que faisait Konoha ? Rétention d’information, agression verbale envers des envoyés de Kumo, agression physique. Tout n’était l’œuvre au fond que de l’un des trois Intendants de ce village. Et paradoxalement, un village tout entier se laissait mener par un seul hommes aux ambitions plus que douteuses. Que faisaient les deux autres intendants ? Que faisait l'Hokage ?

Oui, Zennosuke avait sa part de responsabilité dans tout ce qui se jouait à l’heure actuelle. Il avait eu la malchance de voir son nom traîné dans la boue suite à l’échec de discussions essentiellement menée entre Hasaki et Seitô. Il a pris le risque de mener à la guerre deux nations anciennement alliées pour la seule satisfaction du plan du Raikage actuel. Un plan dont il ne connaissait ni les tenants ni les aboutissants, mais un plan qui forcément verrait Kumo victorieux. Soit. Dans tout cet imbroglio, Zennosuke, lui, souhaitait réparer ce qui pouvait encore l’être et rétablir les relations entre Kumo et Konoha. Il souhaitait voir Konoha et Kumo s'en sortir ensemble. Car ce village, jusqu'aux récents incidents, avait toujours été un fidèle allié de Kumo. Avant Seitô, il n’y a jamais eu l’ombre d’un nuage entre Hi no Kuni et Kaminari no Kuni. Du moins, depuis leur alliance. Pourquoi cela changerait-il pour les erreurs de quelques-uns ?

Relâchant une grosse bouffée d’air qui laissa un halo blanc dans l’air, le Seki, déçu de la première réaction du Nara, entrepris de lui faire comprendre ses motivations :

« La guerre ne risque pas d’être déclenchée par un simple Jônin. Ce sont les grands qui décident. Des gens comme les Kage ou des Intendants montrant une grande volonté dans la réalisation de leurs desseins… Tu devrais le savoir Natsuki. Je suis influent. Certes. C'est normal, la plupart des Jonin sont écoutés un minimum par leur Kage. C'est probablement pareil en ce qui te concerne. »

Le Seki relâcha à nouveau une bouffée d’air. En son for intérieur, il savait déjà que tout était perdu d’avance face à cet obtus Nara qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, mais s’il y avait encore quelque chose à tenter, alors il le tenterait. Jusqu’au bout…

« J’admets mes erreurs par rapport à cette situation et c’est justement pour ne pas que l’on risque une guerre entre nos deux peuples que je me suis présenté devant toi. Konoha n’a jamais été dans le viseur de Kumo. Pas même maintenant que deux de ses membres ont été agressés dans un temple ouvert au public. La guerre, qui pointe le bout de son nez, n’est au fond, que le résultat que cherche depuis le début le Sabakyô. Mettre dos à dos Kumo et Konoha, voilà ce qu’il cherche. Et cela m’écœure de voir que personne à Konoha ne semble s’en rendre compte. Qui sortirais gagnant d’un tel affrontement ? Qui ? Sers toi de ta tête, met bout à bout les événements qui se sont déroulés ces derniers jours et tu te rendras probablement compte de toi-même qui cherche quoi. »

Le Seki fit une courte pause. Pour la première fois, il envisagea l’idée que peut être que tous les konohajins de manière générale, au fond, aspiraient à rompre cette alliance avec Kumo. Peut-être qu’au fond, les combattants de Hi no Kuni cherchaient, eux-aussi, la guerre contre Kumo. La question, si tout cela était vrai, serait : pourquoi ?

« Au fond, ce n’est pas te convaincre toi qui m’importe. Je veux essayer de faire sortir à la fois Kumo et Konoha de cette impasse. Je veux du moins y contribuer… J’ai besoin de ton aide Natsuki. Je veux parler à l’Hokage. S’il le faut en ta présence et en présence de tous les Anbus que vous souhaitez. Que tout Konoha soit là s’il le faut. Tout le monde hormis ce perfide Intendant. »

Les choses étaient claires maintenant. Le Nara savait à présent ce pourquoi le Seki l’avait pisté. Plus qu’un combat, plus que de rechercher des ennuis ou d’attiser une quelconque haine envers lui, c’était un dessein des plus nobles qui motivait le Jonin que Natsuki avait en face de lui. Si Natsuki avait véritablement cru que Zennosuke cherchait à déclencher une guerre, ses dernières paroles, en principe, devraient lui faire penser le contraire. Les gages de discussions qu’il laissait au Nara, si d’aventure il acceptait d’essayer de l’introduire auprès de l’Hokage, faisaient en sorte que dans tous les cas, Zennosuke risquait fortement de finir perdant. Car s’il était avéré que tout Konoha conspirait à instaurer la guerre avec Kumo, alors, au mieux il constituerait un otage de luxe, au pire, il ferait une excellente première victime d’un conflit qui pouvait réellement éclater à tout moment. Si l’Hokage était resté, au fond, celui que le monde décrivait comme quelqu’un de sage, et clairvoyant alors il y avait encore une chance que tout ceci se termine assez bien.

Dans tous les cas, la balle se trouvait à présent dans le camp de Natsuki. À lui de voir s’il était nécessaire de tenter un règlement de ce conflit ou s’il fallait laisser faire le cours des choses. Quoi qu’il en soit, Zennosuke saurait aujourd’hui si les Jonins de Konoha valent qu’on les traite comme tel.

C'était impressionnant de voir à quel point était déterminé Zennosuke, alors même qu'il s'adressait à un mur, modèle Muraille de Chine. Bien sûr que la guerre n'était pas une solution, et les deux le savaient. Il n'y avait jamais de vainqueurs, seulement des survivants. Tout au mieux, quand quelqu'un faisait du tort à un autre, il suffisait que les deux parties s'ignorent pour coexister. Mais celle solution ne suffisait pas au Seki. Lui voulait rendre à l'Alliance soudée de jadis sa solidité, et était déterminé à tout tenter pour y parvenir, se jeter dans la gueule du loup comprit. Mais était donc passée cette même flamme qui animait autrefois le Nara tatoué ? Cette volonté d'aller de l'avant, et de vouloir changer la tournure des événements ? Ah oui, c'est vrai : on l'a lui avait dévoré...

C'était impressionnant de voir la détermination de Zennosuke, et cela l'était autant de voir à quel point Natsuki n'y était pas réceptif. Son soupir lassé en guise de preuve n'en fut que plus long. Plus de colère, seulement de l'impatience dans la voix :

« Je vais prendre trois minutes pour t'expliquer ce que tu n'as visiblement pas encore comprit, suite à quoi je me retournerai pour faire comme si tu n'as jamais été là. Si par un sordide jeu du destin, la réalité en venait à ne pas concorder, ma déception n'aurait d'égale que l'ardeur avec laquelle je m'emploierai à corriger l'incohérence. Alors ouvre grand tes boites à cirage : tu t'adresses à la mauvaise personne. Je ne suis plus, et je n'ai même jamais été Intendant. Ce poste, je l'ai quitté dans le mois qui a suivit le début de mon mandat. Je dirait même que niveau influence, je suis à peine au-dessus de l'herbe que nous foulons. Et comme tous ceux en bas de la hiérarchie, je n'ai pas la moindre idée de ce qui t'a brouillé avec ta copine. Les deux seules infos rendues publiques sont que nous sommes toujours en bons termes avec Kumo – même si la destination n'est pas recommandé en ce moment – et que ta petite tête de fouine n'est plus la bienvenue sur nos terres. »

Que le casseur en partie à l'origine des dégâts désir faire amende honorable en personne, Natsuki aurait pu l'entendre dans d'autres circonstances, mais les conditions n'étaient pas réunit.

« Donc, peu importe ce que tu attends de moi, je ne peux rien y faire, c'est mort. Un peu comme ce monde d'ici quelques mois, quand il ne sera plus peuplé que par cinq monstres et son troupeau de bétail marqué au F, en fait. Mais ne soit pas triste. La boite postale de notre Hokage t'es toujours grande ouverte, et je n'hésiterai pas si jamais je le rencontre à lui faire part de ton désir de bâtir un monde meilleur avec lui, un paradis où le vilain Sabakyo n'y aura pas sa place. Alors d'ici que tu sois convié à venir au Palais, je t'invite à ne plus mettre les pieds ici. Tu l'as dit toi-même : ce sont les grands qui décident. »

La vie serait tellement plus simple si chacun prenait le temps d'écouter les autres. Tant de problèmes seraient évités, ou mieux réglés... Mais entre un Seitô extrémiste et un Natsuki à la volonté sapée, Zennosuke était vraiment mal tombé niveau interlocuteur. Onpu pouvait bien être le dernier Rempart de Konoha entre la sauvegarde de l'alliance avec Kumo et un peu plus de chaos dans ce monde ravagé.

Deux minutes quarante-cinq. Il lui restait encore quinze secondes à meubler, il pouvait bien faire un geste.

« Si tu veux donner plus de poids à ton courrier, joins-y cela. »

Joignant le geste à la parole, il fourra une main dans une de ses poches, et lança à Zennosuke un médiator orange. Ce dernier n'avait rien de particulier, si ce n'était deux petites entailles d'un côté.

« Pour le reste, débrouille-toi sans moi, je n'ai rien à faire à la table des '' grands ''. »

En tant que monstre, il n'avait même plus sa place dans le monde des Hommes...

Par ses actions, Seitô pouvait être perçu lui aussi comme tel, mais il existait pourtant une différence. Lui agissait dans un but bien précis, quel qu'il soit. Si cet objectif était la sauvegarde de Konoha, alors même s'il attirait sur lui la haine de tous, ses intentions resteraient louables, et à sa manière, feront de lui un héro. Dans le cas de Natsuki, il n'avait plus ni projet ni ambition pour justifier ses actes Pour lui, la cruauté dont il se rendait trop souvent coupable n'était que le reflet de sa propre faiblesse vis-à-vis de son maléfice.

Son comportement actuel n'était qu'une preuve de plus dans une longue liste.

Au fond, Zennosuke le savait. Tout ceci était voué à l’échec. L’obstination initiale affichée par ce Nara allait se poursuivre jusqu’au terme des échanges. Aucune variation dans les lignes directrices des discours des deux protagonistes, aucune chance, pour le projet du Seki, de voir le bout du tunnel. Le Nara lui-même l’avouait, Zennosuke, depuis le début s’adressait à la mauvaise personne. Le Konohajin avoua n’avoir été qu’un Intendant fantôme, il avoua n’avoir qu’une influence des plus limitées sur le cours des événements ou même sur l’Hokage. Lui qui avait été nommé par Onpu Intendant... Il y a bien un élément qui échappait à l’analyse du Seki. Un élément intrinsèque à la vie de cet homme qu’il avait en face de lui. Mais au final, si tous les deux étaient d’accords sur un point, c’est que cette discussion était inutile le Nara étant lui-même inutile.

Un vendu. Voilà ce qu’il était. Un simple exécutant à la solde du Sabakyô. À n’en pas douter. Alors que le Nara laissait entendre que ce monde serait perdu par cinq furyous et leur troupeau de serviteurs, l’idée saugrenue que le konohajin fut lui-même un serviteur, tout comme le Sabakyô d’ailleurs, sorti de la tête du Seki. Cette idée en fut du moins écartée, momentanément. À moins que cet homme ne soit en train de bluffer, il n’en était pas. Il ne restait pas moins qu’un formidable pion à la solde du Sabakyô. Cependant, une chose avait étonné le Seki. Le Nara considérait l’existence de cinq furyous. Uniquement. Cinq furyous et des serviteurs… Soit il lui manquait quelques informations sur la situation actuelle, soit justement, il était très en avance niveau connaissance des furyous. Car si les calculs étaient justes, les furyous originels étaient au nombre de cinq. Les tous nouveaux, eux, étaient neuf d’après les rapports récents. Ce sont ces neufs furyous, le dénommé Sa Majesté en tête, qui sont à l’origine des serviteurs. Est-ce une erreur de ta part Natsuki ? Ou laissait-il entendre qu'au fond, tout ces neuf nouveaux n'étaient que feu de paille ?

Évitant le médiator que lui lançait le Nara, le Seki se déplaça légèrement histoire d’éviter tout rapprochement avec l’objet en question et tout entremêlement des ombres de l’objet avec le sien ou celui de l’aigle de chakra. Le Jonin de Kumo garda en tête, aussi, de bien faire attention à l’orientation de l’ombre du Nara. Ne lui laisser aucune ouverture était primordial. Ce médiator que lui lançait le konohajin ne l’intéressait pas. Pas plus que l’idée d’écrire au Hokage. Si ce moyen pouvait avoir un quelconque poids, Natsuki ne pensait-il pas que la lettre en question aurait été postée depuis belle lurette ? Décidément. Cet homme chutait dangereusement dans l’estime du Seki. Dangereusement.

Le regardant un moment, le kumojin évalua l’hypothèse d’un assaut contre cet homme. Qu’y gagnerait-il au fond ? Il était peu probable que ce Nara en sache plus que lui sur les furyous. Lui poser la question ne mènerait à rien. Le battre à mort ? À moins de le tuer et d’éliminer, de fait, un sbire du Sabakyô, aucune autre option n’était envisageable. Car le capturer mettrait dans l’embarras Kumo vis-à-vis de Konoha si d’aventure les relations politiques entre ces deux nations s’amélioraient. Au fond, même ce battre avec cet homme sans envergure en devenait une perte de temps mais surtout un risque qu'il n'était pas nécessaire de prendre.

Depuis sa sortie du temple, tous ses efforts n’avaient mené qu’à cette grosse perte de temps. Le Sabakyô devait être loin à présent. Peut-être même avait-il pu rejoindre la sécurité des murs de Konoha. Le plan de Tsumei restait la seule option viable et quoi qu’il en soit, l’Hokage, encore une fois, aurait sur les mains le poids d’un futur trouble. La décision finale lui revenait.

L’aigle de chakra battit des ailes et s’éleva lentement vers le ciel. Yeux rivés sur le Nara, le Seki considérait une dernière fois, un des quatre kumojin pour lequel il avait eu de l’estime. De ces quatre, il n’en restait plus que trois : Nara Natsuki venait d’en être exclu. Au point où les choses en étaient, le Sabakyô en venait à être plus respectable que ce Nara. Le Seitô au moins avait des objectifs, il restait un homme à part entière.

Spoiler:

Zennosuke évita le médiator comme s'il était fait de déjections malodorantes. La réalité n'en était pas si loin : c'était le symbole d'un Natsuki qui tenait absolument à se débarrasser de son encombrant interlocuteur avec le moins d'effort possible, la preuve d'une déchéance au point de ne plus s'intéresser à l'avenir des nations.

Mais au moins, le Seki avait réalisé qu'il ne s'était pas trompé depuis le début : rester ici n'était qu'une perte de temps pour lui, le Nara tatoué ne sera d'aucun secours quelle que soit sa demande. Le concerné se sentit d'ailleurs être dangereusement jaugé, comme si après avoir cessé d'envisager la paix, le Kumojin concevait la guerre. Natsuki ne cilla pas, se contentant de soutenir son regard avec deux yeux aussi cernés par l'épuisement moral que les rides à l'expression menaçante. En vérité, ce n'était même pas une menace, mais une promesse.

Répondant à une commande mentale de son créateur, ce fut l'oiseau de chakra qui donna la conclusion de l'entretien. Ses ailes se déployèrent largement, puis commencèrent à battre le vent pour s'élever au-dessus du sol. Les deux shinobis ne cessèrent pourtant pas de se dévisager. Le regard emplit de dégoût de Zennosuke était tellement familier au Nara. Combien de fois l'avait-il aperçut dans les yeux des autres ? Combien de fois l'avait-il vu dans son propre miroir ? Des regards qui ne pouvaient l'atteindre, car d'aussi haut qu'il soit toisé, jamais ils ne pouvaient descendre aussi bas que lui était tombé.

Chacun rentra chez soi, d'une humeur explosive ou simplement déçu et désolé d'avoir assisté à une telle fin de journée. Probablement qu'aucun n'avait envisagé cette tournure des événements, mais il allait falloir faire avec désormais : les premières cartes venaient d'être jouées, et les prédictions s'annonçaient bien sombres pour tous. L'avenir prouvera que ce sera bien pire...

Ce que le Seki ignorait par contre, c'était qu'il venait de pousser une boule de neige dans une sacrée pente : cette brève entrevue allait engendrer d'autres conséquences inespérées. Pas dans l'immédiat bien sûr, mais l'amorce était lancée. Comme beaucoup d'autres, par son attitude vis-à-vis du Nara exécrable, il avait enclenché un rouage dans une longue série de mécanismes ankylosés depuis trop longtemps. Petit à petit, la poussière commençait à en tomber, et la machine à se remettre en marche à l'insu de tous, Natsuki comprit. Prendre conscience de sa situation était long, et du temps, il lui en faudra encore beaucoup. Mais pour peu qu'il reste encore une once de fierté quelque part en lui, alors sa volonté saura reprendre vie, et devenir la lance qui percera au travers de la folie abyssale dans laquelle il se laissait sombrer.

Comme beaucoup d'autres, Zennosuke était devenu l'une des pièces d'un moteur qui conduira bientôt Natsuki à un nouvel avènement. En meilleur ou pire, cela, ce sera à définir en temps voulu.

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