Enfin, Misaki était de retour dans son village, elle en passait les portes d'un pas pressé, comme il était bon de rentrer chez soi. Sa mission l'avait épuisée tellement elle l'avait pressé, mais retrouver son village l'avait revigoré, elle frayait son chemin heureuse dans le déambule des passants en ayant pour commencer un seul objectif en tête. Cependant, quelqu'un l'imaginant bien l'avait devancé, au bout d'une rue proche du lieu où elle se rendait, un vieil homme l'attrapait par la capuche, quand elle se retourna, il s'agissait du plus vieux des sept frères avec qui l’élevait, elle l’appelait grand-père.

-Rentre à la maison. Tout de suite. Avait-il dit d'un ton sec et ferme, son expression montrait bien qu'il n'était ni d'humeur à négocier, ni à se faire contrarier.

La jeune fille n'osait pas le contredire, pourtant son envie était toute autre, elle qui avait prévu d'aller rejoindre son verger en rentrant, rien ne justifier qu'il est cette humeur exécrable avec elle, l'interpellée soupira. Elle était désolée vraiment pour son aïeul, mais il allait devoir la pardonner, car elle en avait décidée autrement, elle croisa son regard qui l'assaillait fixement, du sien elle essaya de lui faire passer un message, elle ne pourrait pas lui obéir cette fois. En ôtant sa main de sa capuche, elle lui avait souri tendrement et l'homme avait lâché prise, son attente avait été trop longue pour se laisser distraire de son idée de base, elle s'éloigna en se sentant mélancolique sans vraiment savoir pourquoi, la shinobi éprouvait comme un sentiment de trahison envers celui qu'elle quittait. Une intuition sûrement.

- Je suis désolée... Oba... Lui avait-elle murmurée en disparaissant un bout de la rue.

Le vieux baissait la tête, la question serait de savoir qui au final trahirait qui, il lui emboîta le pas de loin, toujours incertain de la position qu'il prendrait, ce vieil homme la connaissait si bien, il pouvait prévoir chacune de ces réactions. Quoi qu'il arriverait, il se trouverait en sale position et sa petite fille pourrait bien l'être aussi, c'est la témérité dont il pouvait lui arriver d'user qui l'inquiétait. Sa cadette était d'une borne sans faille, elle n'en démordrait pas, plus qu'une solution s'offrait à lui, il suivrait les « conseils » qu'on lui avait donné. Misaki quant à elle, était devant le portail de son jardin secret maintenant, elle s’attendait à un chamboulement après une si longue absence, mais pas à ça. Le grand-père l'avait rejoint en ce lieu qui lui avait autrefois montré, il s’essaya sur la souche toute proche en lui laissant diriger la vue. Celle de tous ses efforts disparus dans les flammes.

-Tu feras tout repousser, certes, néanmoins…

Son œil se jetait sur les pierres tombales à droite du lieu, ces frères, ses amis, elle ne pouvait plus rien pour eux. La fille demanda le nom du coupable… Un silence se fit.

Le temps avait passé depuis ce jour-là où la contrariété l’avait fait arrêter ses activités un temps, il avait repris son écoulement à quelques différences prêt, dans sa tête Misaki se disait que seuls ceux que l'on oubliait, disparaissaient à jamais, elle souvenait du court enseignement qu'il lui avait été confié, sur ces leçons de vie, elle avait continué d'avancer dans la direction qu'elle s'était fixée. Ces seules sorties étaient consacrées à ces visites à son amie pharmacienne dans un premier temps, elle passait ces journées entières ensemble à concocter diverses préparations, bien cela ne soit pas très légal, tout le monde passaient l'éponge dessus. Chez elle on pensait qu'elle avait abandonné l'idée d'être shinobi, au grand plaisir de certains, mais la vérité était toute autre, elle préférait se faire oublier pour ne pas être gênée dans la tâche qu'elle voulait accomplir.

Ni les batailles, ni les combats ne l'intéressaient, elle n'aimait pas spécialement blesser ses ennemis, maintenant que sa sensei lui avait montrée les dégâts des armes, elle répugnait à les utiliser. Était-elle parti dans une optique de pacifisme pour autant, pas vraiment en fait, car elle l'avait bien compris, la paix rime de pair avec la guerre, on ne règle que difficilement les conflits sans faire couler du sang dans la mentalité actuelle du temps. Alors certes elle n'approuvait pas, mais elle n'était pas prête pour autant à ne plus se battre, car il n'y avait pas grand-chose à faire d'autres. Pour compenser les vies qu'elle serait amené à prendre, elle décidait d'en sauver autant d'autres qu'elle le pouvait, peut-être cherchait-elle une future rédemption pour les actes qu'elle commettrait. La kunoichi avait au fond d'elle cette conviction qui la hantait, elle avait en silence observé tout ce qui se passait autour, les gens, les actes, les choix, les tournures que Konoha prenait, elle s'en exaspérait parfois. Ce monde était d'un égoïsme sans faille, tous l'étaient en commençant par elle la première, dans sa petite vie de princesse elle n'avait à se soucier de rien, pour soulager sa conscience, elle en aidait d'autres. Au final, elle était un pion que l'on déplacerait au grès de petites volontés, on le lui avait fait parfaitement comprendre et elle s'était lassée de cette vie totalement dirigée.

Douze longs mois après la mort de ce qui composait sa « famille », son entraînement de chaque instant avait porté de nombreux fruits, elle avait désormais une grande endurance dans le contrôle de son chakra dont la quantité semblait avoir évoluée. Tous les jours, elle rejoignait la forêt poursuivre son entraînement sous l’ombre de mère nature, elle méditait en marchant, profitant de cette dernière, elle amassait nombres de plantes et venins rares. Elle était devenue incollable en venin, qu'il soit bénin ou mortel, elle apprenait tout le bien et le mal que sa faune et sa flore offraient, quant au clan Hasashi, elle semblait leur avoir un peu tourné le dos...

La fille avait décidé de continuer à se débrouiller seule, en se demandant parfois si cela ne devait au final pas être dans l'ordre des choses, elle réfléchissait au pourquoi elle devait être shinobi, elle ne se rappelait même plus comment elle en était arrivée là. En tout cas elle savait pourquoi elle avait voulu le rester et il lui arrivait encore de blâmer son manque de volonté passée, elle souriait en regardant son reflet dans un miroir, dire qu'il ne le verrait jamais ce maudis jutsu pour lequel, elle avait tant travaillée. En grimaçant à cette idée, elle le chassait de ses pensées avant que ses yeux ne soient rejoint par des larmes, elle remuait brièvement sa tête comme pour l'en faire sortir. La shinobi continuait son cycle, puisque tout se paye, pensait-elle, il lui fallait rendre de ce que l'on lui avait donné, voilà comment elle se trouva chaque jour chez la pharmacienne pendant près de trois ans pour étudier sans plus se soucier de ce que l'on attendait d'elle.

A ses vingt ans son objectif était simple, l'hôpital étant payant de nombreuses personnes ne recevaient pas de soin, médicaments et soins qui d'ailleurs, devenaient de plus en plus chère, elle avait décidée de devenir discrètement un ninja médecin. Si son enseignement ne venait pas d'un vrai shinobi de cet ordre, elle se rappelait qu’on refuserait de le prendre en compte, peu importe, la brune préférait de loin sa façon de faire personnelle, elle se déplaçait à travers Konoha rendre visite aux rejetés de la société, son hobbie qu’elle se privait de partager.

Il était vrai que maintenant que la shinobi s'occupait ainsi, elle ne s'entraînait à plus rien d'autres, elle n'en avait pas oubliée les ninjutsu un temps, mais elle n'en avait plus vraiment utilité puisqu'elle n'allait plus chercher beaucoup de missions. Pour l'intérêt qu'elles avaient pour elles, elle, sa bataille se situait à un autre niveau. Novice ou non s'était une aubaine pour ses voisins de pouvoir être soigné gratuitement, de plus ces médicaments étant produit par elle-même, ils n'avaient pas à les acheter. Ces gens voulant conservaient une fierté, malgré tout ce qu'elle pouvait leur dire la récompenser comme ils pouvaient.

C'est dans des jours mouvementés et toujours amusée, qu'elle savourait tous ces moments présents, la demoiselle contrariante, s'était adaptée très vite, tous ceux qui la côtoyaient déjà étaient ravie de la compter parmi eux, c'était avec plaisir qui lui montrait le déroulement de vie ici, la vraie vie quoi ! Même sans missions et leurs salaires, elle arrivait à vivre confortablement, de toute façon à part des factures elle n'avait pas vraiment de dépenses et son vergers confié aux nains portait ses fruits. En revendant ou échangeant ses surplus, elle s'octroyait même une marge d'économie, qui en temps de crise tombait trop vite, son portefeuille vide l'amusait plus qu'il ne la déprimait. C'était dans ces instants-là que l’Hayashi se sentait pleine de fougue, plus motivée que jamais elle repartait un cran plus haut, ici tout était dur et simple à la fois.

L’Hayashi pouvait se surprendre à jurer en gaffant, son attitude était devenue moins protocolaire, en revanche elle n'avait pas gagnée en courage pour s'adresser aux autres, ah si un énorme détail avait changé, elle ne rechignait plus quand il fallait se lever, elle s'était perdue dans sa routine et n'était pas décidé d'en changer.

Aujourd'hui elle a bientôt vingt ans et plus rien n'est resté comme avant, enfin presque...