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| (#) Sujet: De l'art de manquer de bol (ft. Yamanaka Len) Mer 20 Aoû 2014 - 4:04 | |
| Le problème qu'on peut avoir à force de courir le monde, c'est de n'être jamais chez soi. Ça, Ai connaît bien. Très bien même. Elle a des connaissances superficielles très utiles sur pas mal de pays, de villes, et de coins à visiter -mais elle n'a jamais grand chose à foutre nulle part. Au final, elle s'en contente bien, et ça lui permet de faire la bringue un peu partout sans avoir besoin de respecter le pseudo code de l'honneur d'une microsociété autogérée qui considère ce qui contrevient à sa morale stupide comme un péché mortel et un blasphème à sa culture séculaire digne de se faire buter.
C'est aussi ça, la liberté ; se délivrer de tous les carcans abrutis que votre monde vous impose et vivre selon sa propre éthique, selon ses propres lois, et ses modes de pensées -pas ceux au'on vous inculque en vous sommant de les respecter à la lettre sous peine d'être un demi déchet bon à finir cramé (ou juste élégamment jeté, dans le meilleur des cas).
Ce jour là, donc, la kunoichi du Shûkai traînait son arrière boutique dans un coin malfamé de Taki ; une espèce de forêt extrêmement laide, bizarre, striée de fougères à l'odeur pour le moins désagréable, qui ressemblait davantage à un haut lieu de la prostitution infantile qu'à un innocent espace vert aménagé par la nature pour répondre aux besoins d'une biodiversité toujours plus florissante -il n'y avait qu'à voir les misérables choses reptiliennes qui se traînaient par terre en espérant bouffer, avec un peu de chance, une arachnide malheureuse qui passait par là. On peut donc décemment se demander ce qu'une ninja, même extrêmement faible et parfaitement anormale, qui n'est pas une nukenin, peut bien faire dans un coin aussi sordide et mal fréquenté. La réponse est simple : aussi répugnante soit-elle, cette étendue d'arbres malades du Sida constitue la planque parfaite pour une arnaqueuse de passage qui vient compter les billets en remettant ses cartes truquées dans ses poches doublées et ses revers de manches. Et n'allez pas me dire qu'elle venait fleurir la tombe d'un proche disparu assez fantasque pour se faire mettre en terre dans un endroit pareil : non, non, non et archi non. Ça, c'est bon pour les massacrés du ciboulot qui cherchent je ne sais quel pouvoir quelconque pour se venger du vil adversaire qui leur a pris leur mère/leur soeur/leur frère (rayez la mention inutile ou le membre de la famille le moins apprécié), ou pour les handicapés mentaux qui veulent devenir Kage alors qu'ils en sont encore à apprendre à lancer un shuriken droit et à marcher au pas. Au moins, Ai est claire et Ai est sincère : actuellement, elle n'était là que pour la gloire de son fric et la sécurité de son précieux derrière.
Elle se planta donc dans les branches d'un arbre qui n'était pas encore assez atteint pour supporter son poids et s'occupa un temps réduit (très réduit) en balançant ses pieds en rythmes en chantonnant l'air d'un hymne punk de Yuki connu de quelques initiés (elle seule), jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle avait malencontreusement fait tomber une liasse de petits billets (tant pis, à la limite), et qu'ils s'étaient dispersés de sorte que le chemin qu'ils formaient pointait droit dans sa direction. « Danger, putain, danger ! ».
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