Une arrivée mouvementée

Le voyage depuis le pays des sources chaudes avait été long. La jeune fille avait prit son temps, admirant les différents paysages, prenant les routes les moins empruntées. Faisant des escales dans différentes auberges. Elle avait découvert quelques spécialités culinaires, d'ailleurs. Les terres du pays du vent étaient arides, et Nozomi rêvait d'un bon bain ainsi que d'un grand verre d'eau. Sa dernière pause à l'oasis remontait déjà à trop longtemps à son goût, et c'est avec soulagement qu'elle aperçut le grand mur protégeant le village de Suna des tempêtes de sable. Heureusement qu'on lui avait bien indiqué l'endroit car sinon elle aurait pu chercher longtemps. Elle mit encore quelques temps avant d'arriver devant les portes, mais enfin elle était arrivée à sa destination. Les "portes" étaient d'ailleurs inexistantes, c'était juste une ouverture dans la grande muraille.

Alors qu'elle pénétrait dans l'enceinte de Suna, la jeune femme ressentit quelque chose d'étrange. Pas la même chose que d'habitude, non c'était différent. Elle ne sut pas comment l'expliquer. Et puis elle entendit une voix résonner. Elle regarda autour d'elle: les villageois continuaient leurs activités. La voix était dans sa tête! Au vu des explications de la personne, elle n'était pas folle, c'était son pouvoir. Et il communiquait avec les shinobis du monde entier. Impressionnant. Même si elle n'était pas shinobi. Elle écouta la suite du message, qui lui apprit beaucoup de choses. Ainsi il se livrait encore une guerre. L'homme affirmait avoir tué un des furyou et détruit un village. Kiri? Le message était énigmatique car elle n'avait que très peu d'informations sur le monde shinobi et elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait. Enfin l'homme se tut, laissant à la place de sa voix un mal de crâne persistant. Et un bon nombre d'interrogations. Si elle voulait comprendre ce qu'il se passait, elle allait devoir passer un peu de temps avec les grandes forces shinobis.

A quelques pas de la voie illusionnée, Nozomi se tenait debout, une main appuyée sur le bâton de son clan, une autre tenant son crâne douloureux. Le message du furyou - seul un être aussi puissant aurait pu faire ça - avait laissé des traces. La vagabonde ressentait malgré elle le mal être du village. Le caméléon sur son épaule reniflait l'air à la recherche de bonnes odeurs. Puis la jeune fille décida de se remettre en route afin de ne pas attirer d'avantage l'attention. Une auberge serait la bienvenue.

« Pardonnez-moi, jeune homme, mais vous ne semblez pas détenir l'âge requis pour consommez de l'alcool. Insistez et je fais appeler vos supérieurs qui prendrons un vilain plaisir à vous escorter hors de cet établissement. Ce n'est pas une taverne, ici, et encore moins un bordel. Vous vous trouvez dans l'auberge la plus réputée de la région. Une véritable institution, connue autant des nomades du Désert Aride que des hauts dirigeants de Kaminari no kuni. Aucun garçon ne viendra briser réputation si durement acquise. Si un mal de tête vous torture réellement les méninges, ''boire un verre'', comme vous le dites si bien, n'aidera en rien à solutionner le problème. Quittez ce bâtiment et hâtez-vous vers l'hôpital général de Suna. Ils vous y administreront un traitement adéquat et non pas une vulgaire bouteille de saké. Bien. Désirez-vous quoi que ce soit d'autre? Une chambre pour vous y reposez peut-être? Un repas chaud? Monsieur..? Mo... »

Une voix nouvelle s’immisça dans mon esprit. Un son pur, d'une intensité excessive, résonnait en mon âme comme un millier de carillons, déstabilisant mes certitudes les plus profondes et mes croyances les plus intimes. Tout aussi insistante que ces chuchotements d'outre-tombe, elle m'apparaissait dotée d'une énergie vitale inépuisable et bienfaitrice, capable de purifier les cœurs corrompus ou d’assujettir chaque être conscient et possédant ne serait qu'une once de chakra. Elle se révélait à moi, personnage insignifiant au regard d'une telle déité.

Elle s'exprima enfin, fière et noble, critiquant – comment ne le pouvait-elle pas, devant des gamins si immensément inférieurs? – la traîtrise apparente des Grandes Nations envers leurs propres convictions. Une multitude de noms s'échappèrent de ses lèvres invisibles. Gogyou Makka, Meteora : des démons devenus légendes. Les villages cachés, dont le mien, participaient à leur protection. Ces monstruosités survivaient uniquement dû à la clémence de kage faiblards qui reniaient tout ce pour quoi tant d'hommes et de femmes s'étaient battus et avaient péris.

La voix s'estompa un bref instant. Pourquoi me quittait-elle déjà? Sa disparition, même temporaire, suscitait déjà une soif indélébile, insupportable. Me voyant faiblir, le vieil aubergiste, accroupit, écrasa le comptoir de sa bedaine charnue et tenta ces mots :

« Monsieur..? Monsieur..! Voudriez-vous... »

« Mon.... wa... » balbutiai-je, des gouttelettes de sueur perlant sur mon visage.

Et la voix revint à la charge, plus insistante, plus menaçante. La contre-attaque ne fut pas aussi douce que l'assaut initial. Les maux de tête s’amplifièrent sans toutefois me pousser à l'évanouissement. Je grinçai des dents sous la pression titanesque de celui qu'on surnommait Sa Majesté. Son allocution se poursuivit, pas longtemps non, mais l'essentiel de son discours reposait sur ses dernières paroles : une proposition, bête et méchante, celle de rejoindre son armée ou de périr, s'agenouiller ou finir six pieds sous terre. Pour ma part, le choix était déjà fait. Un kunai à la main, je pris la résolution de me graver ce fameux « F » sur la peau, mais la porte de l'auberge s'ouvrit, stoppant ce que je m'apprêtais à réaliser.

« Ma...jesté... Mon...wa... F... »

La jeune femme avait à peine fait quelques pas qu'elle vit une auberge. Elle était bien située, juste à l'entrée de la ville. Elle s'y dirigea donc et ouvrit la porte pour y entrer. De bonnes odeurs vinrent chatouiller ses narines ainsi que celles de son compagnon. Et la première chose qu'elle vit fut un jeune garçon avec un kunai dans la main. Dirigé vers son bras... Et l'aubergiste le regardant étrangement. Ce qu'elle entendit fut plus étrange encore:

- « Ma...jesté... Mon...wa... F... »

L'ouverture de la porte l'avait stoppé dans son élan. Nozomi s'avança vers lui et lui fit baisser le bras, d'une main douce mais ferme. Elle prit alors le temps de le regarder. C'était visiblement un shinobi, au vu de ses vêtements et de son bandeau. Et il devait avoir entendu lui aussi cette voix dans sa tête. Et prit sa décision assez promptement. Elle se tourna vers l'aubergiste et lui tendit un sourire pour le rassurer:

- "Deux boissons fraiches s'il vous plait. J'aimerais gouter une spécialité de Suna sans alcool. Et ce jeune homme a besoin de se rafraichir les idées."

Elle s'installa à une table, laissant au shinobi le choix de venir avec elle - ou non-. Le caméléon reniflait l'air environnant. Elle le gratta sous le cou et rajouta:

- "Et une coupelle d'eau s'il vous plait."

La jeune fille n'aimait pas se mêler aux affaires des autres, mais elle aimait encore moins que l'on se blesse ou blesse quelqu'un d'autre devant elle. Elle n'était pas médecin pour rien, après tout. Ce jeune homme pourrait peut-être la renseigner sur ces furious. Elle n'en avait entendu que des rumeurs par ci et par là, et comme toutes les rumeurs, certaines étaient vraies et d'autres fausses. Il pourrait l'aider à démêler le vrai du faux. S'il acceptait de venir à sa table. Elle regarda autour d'elle, l'auberge était plutôt propre. Elle prendrait sûrement une chambre ici. Et si elle devait rester à Suna, elle chercherait alors un petit appartement à louer. Mais ce n'était pas ce qui importait pour le moment. Son regard se porta sur le jeune homme.

D'un pas décidé, la jeune femme pénétra l'auberge et avança jusqu'à moi. D'une douceur ferme, elle m'empoigna l'avant-bras et dégagea le kunai afin que celui-ci ne puisse s'y planter. Ce contact, bien que très bref, eut l'effet d'une gifle à mon visage, me permettant de sortir de cette transe qui m'avait gagné suite au discours de Sa Majesté. Une demoiselle, plutôt belle, se tenait à ma gauche. Son corps élancé et son teint basané suggéraient qu'elle avait passé plusieurs jours sous les rayons solaires du désert. Une errante, pensai-je, encore sous le choc après cette intrusion psychique. Sa chevelure, décolorée comme la mienne et tressée de chaque côté de son visage, descendait au niveau de ses pieds.. D'une tête ou deux supérieure à moi, elle devait être plus âgée, mais pas trop. Dans la vingtaine, je dirais. Une jolie femme, nouvelle venue au village puisque je ne la connaissais pas, même de vue. Pourtant, ses yeux azurs me rappelaient quelqu'un. Un parent, peut-être, ou l'un des moines-ninjas qui m'avaient recueilli, étant enfant. Un vague souvenir...

Ce qui me surprit le plus, chez elle, ne fut non pas la quantité impressionnante de tatouages qui la décorait ou encore son habillement excentrique et drôlement suggestif, mais une mignonne – trop choupidou – créature collée à son épaule droite, grande amatrice d'odeurs diverses. C'était un caméléon, l'une de ses invocations, probablement, ou un compagnon qu'elle avait dû rencontrer lors d'un périple à l'international.

Embarrassé, je l'écoutai commander deux boissons non-alcoolisées, dont une pour moi, et un peu d'eau pour son animal de compagnie. Elle me jeta un coup d’œil, puis alla s'asseoir à une table à l'abri d'oreilles indiscrètes, attendant que je la rejoigne.

Gêné, le visage rouge comme une pivoine, je pris mon courage à deux mains malgré l'envie de déguerpir qui s'emparait de moi au fur et à mesure que j'approchais. J'avais le trac et le sentiment d'être un parfait idiot. Je voulais me sauver, quitter cet établissement dans la minute et retourner à mon domicile pour me cacher sous les draps du lit. La honte, quoi. M’assoyant vis-à-vis elle, je fuyais le regard scrutateur de cette inconnue. Puis je lâchai, sans vraiment articuler :

« Euh... Je... merci, pour... tu vois? Je... je suis Akio, un genin. Et... et toi? Que-que fais-tu ici? » Je pris une inspiration, essayant de calmer ce cœur qui battait la chamade. Les mots finirent tout de même par sortir : « Tu-tu es une voyageuse? Il est chouette ton caméléon. Je... merci pour le breuvage. Quelle douleur... Pou-pourquoi viens-tu en Suna? Et-et pourquoi m'as-tu aidé? Et-et... qui... cette voix... »

La tête me tournait toujours, étourdissante, brouillant mes sens et mes pensées. Ce mystérieux Monwa ne m'avait pas changé, non. Ma personnalité était toujours intacte. Il avait su, par contre, introduire en mon âme le doute quant aux intentions et aux valeurs des dirigeants de ce monde, une interrogation quant à ce qu'était véritablement un shinobi et le système actuel.

« Je-je me dema.... »

« Voici vos boissons, chers clients. J'espère que vous vous sentez mieux, mon garçon », dit-il. Plus une déclaration qu'une question.

« Ce-ce n'est rien... Oubliez. Monwa... »

Ce nom. Le nom. Et sa voix. Désormais gravée dans mon esprit, c'en était presque devenue une obsession. Je pouvais « voir » sa voix, la sentir, la toucher. La dame au bâton devait s'en apercevoir, de tout évidence. Ma figure ne masquait rien.

Le jeune homme fut certainement surpris du geste de Nozomi. Il mit quelques temps avant de reprendre ses esprits, et se dirigea vers elle. Sa démarche était plutôt étrange, et ses joues colorées contrastaient avec ses cheveux blancs. Son regard était fuyant, comme s'il évitait de la regarder dans les yeux. Il vint s'asseoir en face d'elle. Il semblait mal à l'aise. Cela se confirma quand il ouvrit la bouche. Elle en déduit qu'il était plutôt timide. Ou alors c'était elle qui l’impressionnait, mais il n'y avait vraiment pas de quoi. Bien que sa tenue pouvait intimider les adolescents, il est vrai. Mais elle n'avait pas honte de son corps et appréciait le soleil sur sa peau. Après tout, ils étaient tous fait de la même façon, et elle cachait ses principaux atouts.

Le shinobi semblait un peu plus jeune qu'elle, et était quant à lui vêtu de façon assez neutre. Elle l'écouta calmement parler, et sans lui couper la parole. Même s'il posait plusieurs questions différentes en même temps. Il parut vouloir lui demander autre chose, mais fut coupé par l'aubergiste qui apporta les boissons. Elle le remercia. Akio - c'était le nom du jeune shinobi- marmonna un prénom. Celui d'un furyou, d'après ce qu'elle savait. Le genin lui avait posé la question qu'elle même souhaitait lui poser. Elle n'allait apparemment pas apprendre grand chose de lui, mais cela importait peu. Il lui fallait d'abord rassurer cette âme perdue, car c'était l'impression qu'il lui donnait.

- "Je me nomme Nozomi. Myouga, Nozomi."

Ce nom n'allait certainement pas lui dire grand chose, puisqu'il appartenait à un clan décimé par la guerre. Elle fit descendre le caméléon sur la table, à côté de la coupelle. Il se mit à boire et elle en fit de même. Puis elle reposa son verre et poursuivit:

- "Et lui, c'est Haru."

L'animal allait pouvoir attirer le regard du jeune homme et le mettre plus à l'aise. Ou du moins elle l’espérait.

- "Nous sommes effectivement des voyageurs."

Elle hésita un peu, regarda le garçon, puis se décida à lui dire la vérité.

- "Nous venons tout juste d'arriver à Suna. Ce qu'il m'y amène c'est votre Kage, ou plutôt la paix qu'elle veut y apporter. Et de plus, je dois avouer que j'étais plutôt curieuse de voir comment elle allait s'y prendre pour obtenir la confiance de son peuple, après la... trahison de l'ancien kazekage. elle doit avoir un grand charisme et une forte volonté."

Son prédécesseur était en fait un furyou, ou bien le furyou avait prit sa place, c'était encore flou. Mais les gens avaient certainement dû être choqués de cette nouvelle et perdu confiance en leurs supérieurs. La nomade voulait voir comment se sentait ce peuple, et comment ils allaient trouver le courage de se relever. Et en apprendre plus sur ces "furyous", elle avait pensé que c'était le village le mieux placé. Après Kiri, peut-être... Ses propos l'avaient menée à répondre à une autre des questions posée par le jeune homme. Mais elle ne connaissait pas la réponse.

- "Ton mal de crâne va vite passer. Le message... C'était un furyou, je suppose."

Elle lui apprenait ainsi qu'elle même l'avait entendu. Il lui fallait répondre mais elle prit un peu de temps pour réfléchir à sa réponse. Il semblait influençable, ou plutôt, à la recherche d'un quelconque mentor à suivre. Sinon, il n'aurait pas prit de décision si promptement. Elle-même n'avait pas prit la sienne, même si elle penchait plutôt d'un côté que de l'autre. Mais il lui avait demandé pourquoi elle l'avait "aidé", ce mot n'était pas anodin.

- "Je n'en sais pas plus que ça, sur ces... choses. J'ai seulement entendu quelques rumeurs par ci et par là. Qu'ils auraient été fabriqués par les Uchihas pendant la grande guerre, par exemple. Qu'ils font tout pour atteindre leur but. Ou encore qu'ils peuvent "posséder" une personne."

Elle le laissa réfléchir sur ce point. Et si les personnes avec un "F" devenaient leur armée, qu'allait il se passer? Allaient-ils faire en sorte que les shinobis se battent entre eux? Ils étaient surtout très puissants, mais ça c'était un fait avéré et non une rumeur.

- "Alors inutile de leur envoyer une invitation..."

Elle reprit une gorgée du liquide. C'était frais, c'était agréable. C'était plutôt bon aussi. Mais la couleur sable était peu engageante pour un breuvage. Elle releva la tête et regarda l'aubergiste qui leur jetait des coup d’œil. Leur conversation pouvait être un peu inquiètante. Elle reporta son regard sur le jeune homme situé en face d'elle.

- "Et toi, que sais tu sur eux? Et aurais tu des choses à apprendre sur Suna à des voyageurs?"

Elle espérait n'être pas trop intrusive et ne pas mettre d'avantage le genin mal à l'aise.

Le souvenir de la Voix s'effaçait doucement, le mal de crâne avec. Les mots, cependant, ceux de Sa Majesté, resteraient gravés en ma mémoire pour une éternité. La pression et le stress chutèrent d'un cran, faisant s'estomper, ou presque, toute trace de bégaiement chez moi. Quel soulagement de ne plus passer pour le timide ou le trouillard, je dois vous dire. Moi qui était d'un naturel confiant, fonceur et parfois (trop) direct, agir ainsi avec une inconnue – j'en avais déjà rencontré des étrangers, et des plus costauds – avait de quoi m'inquiéter un brin, oui.

Ce Monwa... comment dire, il possédait un je-ne-sais-quoi d’intrigant et d'incroyablement séduisant. Son ton, peut-être, ou ses intentions d’annihiler ceux qu'il appelait les Furyous primaires. Nos ennemis. Des ennemis que nous protégions.

Quoi qu'il en soit, je repris la parole avec plus d'aisance, l'attention absorbé par Haru la bestiole, qui s'abreuvait à grands coups de langue.

« Tu as entendu ce... Monwa, toi aussi? Que penses-tu de sa posit... de tout ça? Pourquoi m'as-tu aidé? »

La jeune femme m'informa ensuite de la raison de sa présence au village. Une forme de quête, disait-elle, un voyage à la découverte des valeurs chéries et transmises par la Diplomate, tête pensante et protectrice du peuple sunajin. La paix, la confiance, le charisme, la volonté, tant de balivernes à mes oreilles.

« La paix... à Suna? »

Je relevai les yeux, les plongeant pour la première fois dans le regard de mon interlocutrice. Ses yeux azurs... Pourquoi cette impression de déjà-vu?

« Nozomi, c'est un village shinobi, ici, pas un conte de fées ou une colonie de vacances. En d'autres mots, ceux qui gouvernent, ce sont les militaires, les ninjas. Nous. La paix... un concept utopique, si tu veux mon avis. De belles paroles dans la bouche de seigneurs avides de servir leurs propres intérêts. Je ne critique pas la nouvelle Kazekage, non, mais ce qu'elle représente ou tente de représenter. »

Le calme retomba sur les lieux. Le vieil aubergiste s'était rapproché, les sourcils froncés, une mine désapprobatrice. Je m'étais emporté, visiblement. Cela avait dû en déranger plus d'un. Pardonnez-moi, je ne voulais pas. Je décidai de changer de sujet, histoire de reprendre sur une meilleure note et de ne pas effrayer la compagnie plus que nécessaire. Retour sur les furyous, donc.

« Désolé... Je n'en connais pas plus que toi sur les Furyous. Une création des Uchiha, Makka, le précédent Kazekage, Monwa... Je ne suis que genin, ici, à Suna. Un ninja de bas niveau, oui, voilà. Quelqu'un de plus haut gradé saurait répondre à tes interrogations. Maître Zanshi, L'Ecarlate, pourquoi pas? Nous pourrons aussi la questionner quant à sa fameuse paix... »

Spoiler:

Le jeune homme assis en face d'elle reprenait confiance en lui. Sa voix était moins hésitante. Il observait le caméléon, ça avait marché. Il lui reposa la même question, c'est vrai qu'elle ne lui avait pas répondu. Il lui demanda aussi ce qu'elle en pensait, de ce Monwa et du reste. Elle ne savait même pas elle-même quoi en penser.

- "Je ne sais pas grand chose sur eux. Et j'ai même cru comprendre qu'il y avait plusieurs groupes! A vrai dire, je n'ai pas prit de décision. Le... message vient d'être donné. Et si je t'ai demandé ce que tu savais, c'était pour pouvoir me faire mon opinion. Je manque trop d'informations pour décider de quoi que ce soit. Je ne veux pas avoir à regretter en apprenant des informations capitales plus tard. Si je t'ai aidé, c'est en partie pour ça. Je sais que ça ne me regarde pas, mais c'était une décision prise trop rapidement, à mon avis. Et surtout, tu avais l'air dans une sorte de... transe."

Elle reprit une gorgée du breuvage pour se donner le temps de réfléchir, puis reprit:

- "Ce qui me gène, c'est le fait que les villages shinobis veuillent protéger ces "anciens". Et je ne sais pas du tout pourquoi! Des gens sont morts pour en venir à bout, et maintenant que quelqu'un se propose de les éliminer, on les protège! Ils doivent certainement avoir leurs raisons, mais tout de même... D'un autre côté, ces... "Trucs" peuvent faire n'importe quoi pour arriver à leurs fins. Et on ne sait pas si on peut leur faire confiance."

Elle ne les nommait volontairement pas. D'abord car elle ne savait pas qui était qui, et ensuite car elle essayait de ne pas vraiment les considérer comme des humains. Lorsqu'elle parla du kazekage, Akio sembla s'enflammer. Il ne bégayait plus du tout, et avait l'air sûr de lui. Son attitude était complètement opposée à celle qu'il avait quelques minutes avant. Il osa même enfin la regarder dans les yeux et s'exprima avec une réelle assurance. Ce devait être un sujet qui lui tenait à cœur. Cette réponse vive cachait sûrement quelque chose, mais elle n'allait pas lui demander quoi. D'après lui, la paix ne semblait pas possible avec des shinobis au pouvoir. Ce qui n'était pas stupide. Elle qui avait passé toute son enfance sur des champs de bataille avait pu le constater de ses propres yeux. Dès qu'ils étaient soignés, les shinobis repartaient au combat, telles des abeilles attirées par le miel. Ou des mouches par les défécations, au choix. Et ils se blessaient encore d'avantage, et il fallait les soigner de nouveau. Puis ils repartaient, jusqu'à ne plus pouvoir se battre du tout ou mourir au combat. Vouant toute leur vie à un camp ou à l'autre. Ils étaient conditionnés à cela, et ce depuis leur plus tendre enfance. Elle lui répondit simplement par un hochement de tête agrémenté d'un "je vois". Puis il fit une proposition étrange: rencontrer le kazekage en personne! C'est vrai qu'elle serait la personne la mieux placée pour répondre à ses questions. Mais prendrait-elle le temps de le faire? Nozomi ne faisait partie d'aucune grande force shinobi, elle ne se considérait même pas comme faisant partie des leurs... Mais pourtant avec ce message elle était forcée de se renseigner un peu plus sur leur monde.

- "Tu penses vraiment qu'elle prendrait le temps de répondre à des questions d'une errante sans patrie? Tu as dit toi même qu'elle était une militaire. Je ne suis qu'une voyageuse quelconque, je ne pense pas qu'elle perdrait son temps à m'en accorder..."

Elle n'était même pas originaire du pays du vent. Sans parler du fait qu'elle risquait d'attirer l'attention avec trop de question et d'insistance. Elle allait finir par se faire virer du village à peine arrivée. Ou pire...

Spoiler:

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