J'atteignais bientôt le point de non retour... Il me fallait renouveler mon sang si je ne voulais pas perdre le contrôle avant de mourir... Je n'avais plus le choix : aucune mission en vue et donc pas d'ennemis a débarrasser de leur élixir vital. La seule option qu'il me restait était celle que j'avais en horreur : l'hôpital... Une véritable aversion accompagnait mes pensées envers ce lieu... J'y avais passé les quinze premières années de ma vie, chaque semaine, pour renouveler le sang souillé de mes veines par ma maladie... Cette infamie qui, au fil des jours, empoissonnait mon propre sang et me faisait mourir à petit feu si je ne faisais rien... Mourir ne me dérangerait peut-être pas en soi mais ce qui m'incommodait était bien le fait que Megami en profiterait pour me reléguer au second plan de mon propre corps et prendrait le contrôle de ce dernier...
Depuis la fois où j'avais goûté au sang humain directement prélevé à sa source, j'avais connu l'extase la plus totale et la malédiction la plus infâme pour le restant de mes jours... Megami blessée et mourante m'avait tendu un piège en m'attirant à elle et en m'incitant à boire ce met raffiné pour nous Ketsueki...
Étant de mon clan et particulièrement douée, il avait été un jeu d'enfant pour elle de transférer son âme dans mon corps lors de cet échange sanglant... Elle avait permis à sa vie de se prolonger en moi, cherchant désespérément à reprendre le contrôle... Elle y parvenait beaucoup plus aisément lorsque je m'affaiblissais à force de combats acharnés ou au fil des jours quand mon propre sang me faisait défaut... C'était pourquoi il m'était impératif d'y remédier, même si cela signifiait repasser par la case hôpital : ce lieu maudit où je détestais mettre les pieds...
La plupart du personnel ancien me connaissait car ma présence était autrefois quotidienne et je détestais d'autant plus cette atmosphère presque chaleureuse dans un lieu pourtant, en théorie, visité qu'à l'occasion.
Cette fois ci pourtant, je me retrouvais dans une chambre épurée et immaculée de blanc en présence d'un médecin que je n'avais jamais vu... Il devait avoir à peu près mon âge mais paraissait compétent dans son domaine : était-ce vraiment le cas où est-ce que la blouse blanche donnait du cachet à tout cela ? J'allais bientôt le savoir.
Ses cheveux et ses yeux étaient d'un noir de jais profond mais bien que cela aurait pu lui donner un visage dur, il n'en était rien : son minois transparaissait la compassion et la gentillesse. Il consulta mon dossier médical tout en me demandant la raison de ma présence ici, ce à quoi je lui répondais, de ma voix cristalline :

« Je n'ai pas pu renouveler mon sang depuis un moment... Je commence à m'affaiblir de façon inquiétante et je n'ai pas d'autres moyens que de venir ici pour que l'on me transfuse du sang sain, bien que j'ai en horreur ces poches de sang... »

Mes pupilles vermeilles allèrent se planter dans celles du médecin en herbe alors que celui-ci avait écouté attentivement mes propos tout en s'accoudant à son bureau, la main posée sur sa tête.

« Vous avez mal à la tête ? C'est un peu un comble de ressentir de la douleur lorsque l'on est médecin non ? »

Je marquais une pause :

« Je connais un moyen d'apaiser vos souffrances tout en évaporant les miennes... »

Je le scrutais avec attention, relevant le moindre de ses états d'âmes face à ma proposition originale.
Saurait-il curieux de connaître ma thérapie ?

« Eh, Takeshi, c’est l’heure de ma pause. A tout hasard, tu pourrais pas t’occuper de ma patiente en salle 116 ? Ketsueki Yami, une petite brune. Elle est assez connue ici, si tu ne la trouves pas, demande à quelqu’un d’un peu ancien. »

« Pas d’soucis chef. »

Jamais entendu parler. En même temps, il était nouveau à l’hôpital. Mais, apparemment, cette Yami était une patiente récurrente. Il se demandait bien ce que celle-ci lui réservait… Une maladie incurable ? Il n’espérait pas, il n’était pas vraiment à l’aise avec ce genre de cas. C’était plutôt difficile, pour lui, de traiter ces patients : ils étaient condamnés, et il ne pouvait pas les sauver. Juste leur donner quelques années de souffrance supplémentaires… C’était quelque chose qui le rebutait. Avec un peu de chance, cette demoiselle était simplement maladroite. Comme lui. A se casser des membres en faisant tout et n’importe quoi. Deux pieds gauches et deux mains gauches. Il était arrivé dans le bureau. Il déposa Archenemy à l’entrée. Là, il vit effectivement la jeune fille. Elle semblait… Livide. Il ne savait comment expliquer, mais elle avait l’air à demi-morte. Il planta son regard dans ses yeux rouges, et sourit du mieux qu’il put. Rien qu’à son apparence, elle n’avait pas l’air d’être le genre de patient que Takeshi aimait. Pas parce qu’elle était laide, non, elle était même plutôt jolie. Mais… Elle semblait presque mourante. Une personne qui ne s’accroche pas à la vie. Qui était partagée, qui ne semblait pas s’appartenir à elle-même. Il ne la connaissait pas, et ce jugement était légèrement trop hâtif. Alors, pour tenter de mieux la comprendre, il s’empara du dossier sur le bureau. Ketsueki Yami. Il ne connaissait pas ce clan, cependant, il apprendrait à le connaître par la suite. Alors qu’il pensait que sa pâleur et sa lividité venait d’un quelconque mal, d’une maladie grave – ce qu’il détestait, lui, car le patient souffrait pour toujours –, il n’en n’était rien : la jeune fille devait simplement… Se nourrir de sang. Oh. Voilà qui était banal. Il fallait lui faire des injections afin qu’elle ne meure pas. Elle lui semblait si jeune. Ses cheveux de jais – de la même couleur que ses cheveux –, ses prunelles, son visage, tout semblait jeune chez elle. Il vérifia. Oui, elle était plus jeune que lui. Et pourtant, elle devait se nourrir de sang. Elle semblait avoir connu l’horreur. Et pourtant, elle était plus jeune. Plus que de la défiance envers son clan, et envers sa capacité, il la prit en pitié. Il lui demanda, juste pour être sûr, ce qu’elle cherchait ici. Elle lui répondait alors, d’une voix cristalline, semblable à celle… d’Asuna, un peu.

« Je n'ai pas pu renouveler mon sang depuis un moment... Je commence à m'affaiblir de façon inquiétante et je n'ai pas d'autres moyens que de venir ici pour que l'on me transfuse du sang sain, bien que j'ai en horreur ces poches de sang... »

Il sourit alors, en analysant sa phrase. Elle ne voulait pas être ici, c’était évident. Pourrait-il trouver un moyen de ne jamais revenir ici ? Enfin, d’abord, il devait s’assurer d’une chose. Il s’approcha, et regarda un peu ses yeux. Si les iris étaient toujours couleur camélia, l’autour devenait de plus en plus jaunâtre. Il murmura un « Je peux ? » avant de continuer son analyse, posant la main sur son front. Glacée. Froide.

« Depuis combien de temps n’as-tu pas consommé de sang ? Ah, désolé, je me permets de te tutoyer, je hais vouvoyer un de mes patients… Oh, ne sois pas si tendue. Je comprends que tu n’aimes pas l’hôpital, ou cet endroit, ou… Cette façon peu appétissante de te nourrir, mais ne t’en fais pas, je ne te ferai aucun mal. »

Il se retira jusqu’à son bureau. Il allait préparer le matériel pour une transfusion, afin de la maintenir en vie. Là, cependant, sa bête noir quotidienne vint le déranger à nouveau. Il posa une main sur le bureau, tremblant. Il ferma les yeux, et posa sa seconde main sur son visage, comme pour le soigner. Aucun effet, bien entendu. Il n’avait jamais réussi à trouver un remède. Il supportait avec difficulté la douleur, et s’assit, perdant son sens de l’équilibre. Il allait presque gémir de douleur, mais il se souvint qu’il avait une patiente devant lui. Montrer sa faiblesse et son état comme ça n’était pas pour la rassurer. Alors, il essaya de ne pas montrer qu’il avait mal. Raté.

« Vous avez mal à la tête ? C'est un peu un comble de ressentir de la douleur lorsque l'on est médecin non ? »

Il réfléchissait. Toujours un peu dans les vapes, reprenant peu à peu son état normal – mais pas assez vite du tout à son goût, il répondit alors à la Ketsueki.

« Oui… Longue histoire, mais je suis migraineux de nature. Impossible pour moi d’échapper à ses maux récurrents… Tu penses vraiment que les médecins ne ressentent pas la douleur ? »

Il marqua une pause.

« Ils la ressentent à chaque instant de leur vie. Je ne parle pas de douleur physique… C’est vrai, il est plus aisé d’éviter la douleur… Mais… Ils souffrent aussi. Lorsqu’ils pensent à ceux qu’ils n’ont pas pu sauver dans le passé, des enfants, infiniment plus jeunes que toi, parfois. Lorsqu’ils voient les parents s’apitoyer sur leur sort. Lorsqu’ils voient mourir un de leur patient juste sous leurs yeux. Lorsque, peu importe leurs efforts, ils n’arrivent pas à sauver la personne devant eux. Que cela soit un inconnu, ou une personne aimée. On ne peut rien ressentir à la mort d’une personne. Celui qui prétend ne rien ressentir est déjà perdu, déjà mort, et n’est plus humain. »

Il secoua la tête.

« Bah, oublie ça. »

Là, la fille devant elle fit une proposition… Pour le moins surprenante. Cependant, Takeshi la considéra avec la plus grande attention.

« Je connais un moyen d’apaiser vos souffrances tout en évaporant les miennes… »

C’était presque dit d’un ton… ? Non, il se faisait des idées. Cependant, il se sentait intéressé : se débarrasser de cette douleur persistante, enfin… Après tant d’années de recherche… Comment comptait-elle s’y prendre… ?

« Je dois reconnaître que je suis intéressé… » dit-il, tout en se rapprochant d’elle, quittant son bureau.

Archenemy l’attendait toujours.

« Dois-je craindre quelque chose… ? Je dois bien avouer que je serais heureux de me débarrasser de cette douleur lancinante… là… »

Il pointa sa tempe droite. Horrible. Il prit une autre chaise et s’assit devant elle, ne pouvant plus tenir debout. S’il pouvait éviter de sombrer devant elle, tout de même… Il se força à rester éveillé.

« J’ai une petite idée de ce que tu comptes faire… »

Il avait un peu peur, en réalité. Allait-elle réellement se servir de lui comme nourriture ? Eh…

« Avec un peu de chance, cela t’épargnera toutes les visites futures à l’hôpital… »

Music:

Depuis combien de temps n'avais-je pas consommé de sang... En voilà une question intéressante... Cela me semblait une éternité...

« Cela fait 3 jours... »

Oui... Il était vraiment temps d'y remédier lorsque l'on savait que presque un litre de mon sang se contaminait par jour et que notre corps était composé d'environ cinq litres...
Il déblatéra ensuite tout un tas de phrases qui étaient censés me mettre plus à mon aise entre ces murs d'où suintait la mort et la souffrance...
Il jouait les docteurs qui souhaitait instaurer un climat de confiance et me parlait comme si j'étais une enfant : comme c'était amusant...
Pour qui se prend-il ce misérable ? Oser t’infantilisé de la sorte ! Il n'y a que moi qui en est le droit ! Ma précieuse petite poupée...

Ce médecin avait des manières bien peu conventionnelles ! En effet, tutoyer son patient était une chose – qui ne me dérangeait absolument pas – évoquer ses états d'âmes sur la façon d'aborder les patients et leur maladie alors que l'on est soumis au secret professionnel en était une autre.
Toutefois cela ne me gênait pas le moins du monde : j'étais suffisamment maussade de me trouver ici alors percevoir le regain d'intérêt que suscitait ma suggestion était fort intéressant... Peut-être n'aurais-je pas à me faire transfuser finalement...
Il m'expliqua vaguement son problème sur ses migraines chroniques et je ne pus m'empêcher de sourire tout en conservant un regard dur mais vivement intéressé alors qu'il se rapprochait de moi et posta même une chaise à mes côtés, s'asseyant de force, pliant sous la douleur lancinante de son crâne.
Il m'exposait son engouement et ne me cachait nullement ses craintes... Il jouait à un jeu dangereux... Il n'était pas très malin de révéler ses faiblesses comme cela à une personne qu'il ne connaissait pas mais dont il avait une vague idée des intentions... C'était comme montrer sa boiterie de gazelle à une lionne affamée... ça n'en était que plus excitant...
Dévore-le ! Repais-toi de sa chair ! Abreuves-toi de son sang !
Megami avait toujours tendance à exagérer... Il était a croqué, c'est vrai, mais il était de mon village et dévouait sa vie pour celle des autres. J'étais peu être décalée du restant de la population mais je conservais certains principes.
Non je ne lui ferais pas de mal. Oui je ferais en sorte de nous trouver un terrain d'entente pour qu'il accepte de m'aider en échange d'une accalmie de ses migraines...

« Tu n'as absolument rien à craindre. Je peux faire en sorte de rendre cela moins pénible et indolore pour toi... »

Je marquais une pause puis reprenais :

« Tu ne vois pas d'inconvénients à ce que je te tutoies ?! Je n'aime pas vouvoyez et tu as l'air sensiblement du même âge que moi alors... »

Ce n'était pas vraiment une question de politesse : je me moquais bien des convenances. Quoi qu'il en soit, il me fallait à mon tour instaurer un climat positif et confiant pour lui permettre de se laisser tenter : sans entourloupe. Il n'avait rien à craindre de ce côté là, je ne la lui jouerais pas à l'envers. Après tout j'étais suffisamment gagnante dans l'histoire et j'en avais un besoin vital...
Décidément... Ta bonté te perdra ma Yami...

« Avec un peu de chance, cela t’épargnera toutes les visites futures à l’hôpital… »

Cette phrase... Elle fit s'écarquiller mes yeux de surprise et d'enthousiasme ! Etait-il conscient qu'il me proposait de me servir de son sang régulièrement pour aller mieux ? Savait-il qu'il s'engageait indirectement avec moi et passait un marché ?
Un contrat pactisé avec le diable... Signé de son sang...
Mon extase était sans limite face à cette réponse des plus inattendues : raison de plus pour faire profil bas et rentrer dans ses petits papiers.

« Je compte prélever de ton sang pour décontaminer le mien, mais cela, tu l'avais compris... Je ne t'apprendrais rien en tant que médecin en te disant que les migraines sont dues a un afflux de sang dans le cerveau. C'est pourquoi, en prenant du tien et en y mélangeant un peu du mien, je serais capable de réguler ta pression sanguine et diminuer cet afflux de sang, faisant alors cesser tes migraines. »

Je n'avais jamais tenté l'expérience et bien que cela ne serait pas dangereux, je ne savais pas vraiment quel en serait l'efficacité mais je demeurais confiante : il n'y avait pas de raison que cela ne marche pas et puis il ne perdrait rien a essayer.
Te rends-tu comptes ma chérie ? Regarde où nous en sommes rendus ! Tu cherches désormais à m'éviter de tout ton être alors que j'ai toujours été présente pour toi ! C'est ainsi que tu remercies mes années de loyaux services envers toi mon trésor ?! Es-tu si cruelle?

« En revanche, je n'ai aucune idée du temps de répit que cela t'apportera...

La durée du mien non plus d'ailleurs...

Une journée entière cela c'est certain ensuite la douleur reviendra sans doute progressivement avant de s'installer de nouveau... »

Je fixais mes yeux rubis dans les siens

« Tu vois très bien où je veux en venir n'est-ce pas ? Si jamais tu souhaiterais retrouver la sérénité dans ton propre crâne, il te suffirait de me recontacter pour renouveler l'opération. Alors... Qu'en dis-tu ? »

J'avais vraiment beaucoup parlé, ce qui n'était actuellement pas mon cas. Toutefois, il était important de lui exposer véritablement les faits sans rien omettre et être la plus honnête possible avec lui qui prenait tout de même l'immense décision de m'offrir son sang... J'éprouvais un grand respect pour les personnes capables de le faire et tous les remerciements du monde ne suffirait pas à leur rendre la pareille. C'est pourquoi, si je pouvais l'aider, je le ferais volontiers en guise de reconnaissance.

« Puisque tu es d'accord, puis-je connaître le nom de mon donneur ? »

Les présentations faites, je rapprochais ma chaise de la sienne et utilisa la bague a pointe de mon pouce pour me piquer la gencive, juste au dessus des canines. Un filet de sang s'échappa et celui-ci coula sur mes quenottes pour se solidifier afin de former des crocs. Mon cœur tambourinait à tout rompre dans ma poitrine sous l'effet de l'excitation. C'était toujours un grand moment que de se préparer à cela : surtout lorsque la personne était consentante à le faire. La crainte de l'homme était visible mais je tentais de le rassurer sur le fait que je ferrais tout pour rendre cela sans douleur.
Je m'approchais de son cou - endroit classique pour prélever du sang à grande goulée dans la carotide et pourtant un des endroits où la morsure était la moins douloureuse – et plantais mes crocs dans sa chair qui céda sous un craquement, laissant échapper un sursaut et une plainte de la part de mon donneur tandis que le sang affluait de lui même. Il était temps pour moi de de soulager ma décadence et pour lui d'amoindrir ses souffrances. J'aspirais l'élixir vital qui sortait de sa plaie, et dé-solidifiait le sang de mes crocs improvisés pour le mêler au sien. Mon liquide était imprégné de mon chakra et il était aisé de le faire se diriger jusque dans son cerveau et d'y réduire la pression. Pour le remercier de son geste, je ne fis pas que lui rendre cela indolore, j'avais également injecté à travers mon propres sang, des hormones apaisantes et relaxantes qui lui procurait sûrement des sensations inattendues...

Je sentais sa respiration devenir lourde : tant par le fait que sa pression artérielle se trouvait modifiée à cause de mon intervention que par son extase grandissante. Je souriais en percevant ce nouvel état d'esprit auquel il ne s'attendait sûrement pas et qui le prenait malgré lui.
Quant à moi, je me délectais de son nectar tiède, ferreux et légèrement sucré : un pur bonheur !
Un plaisir sans nom me traversait et me donnait des frissons partout où son sang s'était mêlé au mien. Je posais une main dans sa nuque pour mieux l'attirer à moi et prendre appuie sur son cou . Nous restâmes ainsi une bonne dizaine de minutes.
Ce laps de temps ne serait pas suffisant pour me permettre de tenir une nouvelle semaine complète mais cela me permettrait de repousser l'échéance et surtout d'être débarrassée de la présence de Megami un tant soit peu.

Je lâchais prise et reculais ma tête, essuyant le sang de ma bouche d'un revers de main alors que mes lèvres étaient encore gonflées de plaisir. Mes yeux vinrent se planter dans les siens qui était désormais nettement plus chaleureux.
Je souriais face à ce spectacle et attendais qu'il reprenne ses esprits pour me confirmer que ses maux de têtes avaient pour le moment disparus...

Pacte avec le Diable en personne. Takeshi… Ce que tu pouvais être stupide, parfois ! Pourtant, en voyant l’enthousiasme et la joie de sa patiente lorsqu’il parla de ne plus jamais revenir à l’hôpital, il comprit qu’elle n’avait absolument aucune intention néfaste. De toute manière, vu son état, il n’aurait eu aucun mal à la neutraliser si c’était le cas. Quoique… Lui aussi, était dans un drôle d’état. Cette migraine ne le lâchait pas. Elle le regarda, presque avec envie. Ca en devenait… Etrange. Un petit malaise s’immisçait en Takeshi. Il pensait quelque chose comme « euh… je suis déjà pris… ». C’était une certaine tension plus que physique qu’il avait l’impression de ressentir, à ce moment-là. Puis, elle se mit à lui expliquer ce qui allait se passer. Moins pénible et indolore, hein… Cette douleur ne pouvait pas être supérieure à ses migraines, de toute façon. Et il acceptait une douleur ponctuelle pour ne plus souffrir sur une longue période. Le tutoyer ? Bien sûr.

« Ne t’en fais pas… Si… Si je te tutoie, alors, tu peux me tutoyer. »

C’était difficile de parler avec cette douleur lancinante, là, derrière son œil. Il comprenait tout ce qu’elle disait, cependant. Mais il n’était pas forcément capable de répliquer… Elle expliqua, en détail, ce qu’elle comptait faire. Un mélange de sang, le sien, celui de Takeshi. Elle s’abreuverait de son sang, et s’occuperait de son mal-être. Elle expliqua aussi qu’elle savait que cela ne durait pas pour toujours – Takeshi le savait aussi. Et là… Elle lui parla des prochaines fois. Oh. Déjà. Elle était tellement en avance… De toute façon, Takeshi allait lui proposer. Ils étaient obligés, tous les deux, de se revoir à nouveau.

« Ce que j’en dis… Nous devrions nous voir assez souvent… Pour que tu puisses t’abreuver… Et que je puisse vivre, simplement. Je me prénomme Yamamoto Takeshi. Enchanté… Yami. »

Et là, elle vint. Elle s’approcha. Takeshi frissonnait un peu. La peur ? Oui. Celle de se faire avoir, de souffrir un peu. Il avait plus ou moins confiance en elle, mais parfois, cela l’avait trompé. Il s’efforçait de faire confiance aux autres, mais, parfois, cela s’était retourné contre lui. Mais… Là… La demoiselle avait un aura et un regard qui lui inspirait confiance. Elle était juste à côte de lui… Et lui mordit le cou. Il poussa un petit cri de douleur, mais, très vite, il ne réagit plus. Ailleurs, il ferma les yeux, sentant alors ses forces le quitter petit à petit. Il ne comprenait pas exactement comment cela fonctionnait. Mais… Quoiqu’il en soit, il était heureux de ce qu’il faisait. C’était sûrement plus agréable pour elle que ce qu’un autre docteur aurait fait. Et… C’était même agréable pour lui. Ce qui lui arrivait était d’ailleurs terriblement gênant. C’était sûrement son œuvre, à elle. Elle jouait avec lui, comme s’il lui appartenait… Et son corps réagit de la manière la plus inattendue qu’il soit. Comme pour appuyer cette réaction, il gémit alors. Cela l’étonna lui-même, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Que penser de l’action de la Ketsueki ? Rien, assurément… Sil était gêné, il se rendit compte au même moment que, à moitié dans les vapes, il ne ressentait plus rien : la douleur disparaissait peu à peu. Elle s’approcha encore plus de lui, mettant une main dans sa nuque. Les deux corps étaient l’un contre l’autre. On aurait presque pu croire à autre chose… Surtout lorsqu’elle retira la tête de son cou, pour le fixer alors, les yeux dans les yeux. Que devait-il lui dire ? Elle semblait attendre quelque chose… Ah, oui.

« La douleur… A disparu. Merci. »

Il se redressa peu à peu, approchant encore son visage du sien. Le faisait-il exprès ? Tout-à-fait. Il voulait voir la réaction. Il se sentait encore un peu vaseux, et un peu faible. Pourtant, il se sentait terriblement bien. Il lui sourit alors, toujours de son même sourire charmeur.

« Vu ton regard, tu as l’air d’avoir pris du plaisir… Yami. »

Venant de lui, c’était plutôt… Ironique. Il la repoussa doucement, et se leva. La douleur avait complètement disparu. Il arrivait à tenir debout, malgré cette impression de faiblesse qui le tourmentait. Debout, il lui tenait toujours les bras, et la surplombait un peu, de sa taille. Il inclina sa tête pour la regarder dans les yeux. Il avait retrouvé sa bonne humeur d’avant la crise. Parfait.

« J'espère que notre arrangement te convient… »

Ce qu'elle avait fait était stupéfiant.

« Si on m'avait dit qu'un jour, un moyen pour me guérir serait trouvé… Jamais je ne l'aurais cru. »

Spoiler:

Music ♫:

Yamamoto Takeshi… C’était son nom. L’identité de mon premier donneur officiel était connue… J’étais quelque part émue de cette nouvelle car je m’étais toujours constituée comme objectif de rassembler des personnes consentantes à contribuer à ma vie à travers le monde.
Les autres m’étaient insignifiants mais je savais profiter de mon avantage et mon intérêt auprès d’eux lorsque j’en avais l’occasion. J’avais saisi l’opportunité de l’y soumettre sans qu’il n’y voit de réels inconvénients car j’allais lui permettre de voir ses migraines douloureuses s’évaporer.
La joie de cette libération se lisait sur son visage désormais détendu, strié d’aucune lamentation silencieuse par une douleur récurrente et pernicieuse.

Il semblait quelque peu sonné par l’échange qui venait d’avoir lieu. Encore un peu stoïque dû à l’effet de la prise de sang que j’avais effectué. J’avais toutefois fait mon possible pour prélever une quantité raisonnable qui ne lui fasse pas trop tourner la tête mais suffisamment pour m’aider à tenir au moins trois jours supplémentaires. Ma vie n’était constituée que de sursis… Parfois plus ou moins long suivant ce que je pouvais récupérer. J’appréciais les missions pour cela : les ennemis servaient à apaiser mon appétit vorace et me requinquait pour une bonne semaine.

Son air maussade changea du tout au tout, son regard luisant désormais d’une avidité perfide. Je souriais, le regard dur, à celui qui ressentait les effets de mon petit bonus. Je n’étais pas obligée de le faire mais j’avais appris, à force d’entraînement, que cette excitation provoquée apportait de meilleur résultat et instaurait un meilleur climat quant à une relation de longue durée pour de nouveaux échanges. En effet, mes donneurs consentants semblaient plus enclin à réitérer l’expérience lorsque j’ajoutais cet ingrédient secret… C’était hilarant de constater a quel point l’humain était un être facilement influençable et manipulable… Je n’avais que faire de leur intimer du plaisir : ce que je voulais c’était leur sang et je m’en donnais les moyens. Ma seule excitation était dû a la présence de l’élixir vermeil qui était présent partout autour de moi mais dont certains m’étaient interdits ! J’avais donc élaboré cette stratégie d’échange pour en obtenir de façon consentante.

Il me remerciait de mon geste mais n’imaginait pas à quel point je lui étais reconnaissante et dévouée désormais…
Mes yeux rubis scintillaient encore sous l’ivresse de la jouissance que je venais de ressentir en m’abreuvant de lui… Nul doute que nos échanges seraient réguliers…
Il s’approchait d’ailleurs de moi, le regard arborant toujours cet élan de désir tout en me gratifiant d’un sourire tout aussi éloquent.
Son ton était différent désormais alors qu’il me faisait remarquer que mon air laissait suggérer que j’avais pris énormément de plaisir, ce à quoi je répondais, en riant doucement :

« Je crois que je peux te dire la même chose… »

Je soutenais mon regard alors qu’il se redressait subitement. De nouveau debout, il évaluait sans doute son état et son équilibre mais il n’irait pas si mal que ça, je le savais. La quantité prise n’était pas des plus importantes. Il en sentirait quelques effets mais d’ici quelques heures ses globules rouges auraient déjà fabriqué une nouvelle hémoglobine saine et bien oxygénée. Il gardait pieds en se maintenant à mes bras, n’étant pas encore très sûr de sa stabilité. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il me questionnait sur notre arrangement et sur le fait qu’il n’aurait jamais pensé qu’un moyen existait pour soulager ses maux.

« Après tout je suis une surprise et un mystère pour moi-même alors je suppose que je suis capable de ce genre de choses… »

Ma maîtrise du sang avait été la clé pour l’aider à son problème. Sans ça, je ne voyais pas comment sa souffrance aurait pu être stoppée. Tout ceci ne serait néanmoins que temporaire : pour lui comme pour moi… J’avais une envie irrépressible de recommencer encore et encore mais nous ne devions pas abuser des bonnes choses…

« J’espère que cela pourra t’accorder un répit le plus long possible. Toutefois s’il s’avérait que cet effet bénéfique dure trop longtemps cela s’avérerait fâcheux pour moi qui n’aurais plus qu’à repasser par la case hôpital et poches de sang alors du répit oui mais pas trop serait le mieux… »

Mes lèvres s’étirèrent dans un sourire fugace alors que je poursuivais ma tirade :

« Takeshi, c’était un plaisir. Si tu as besoin de mes services ne me cherche pas… Nous nous reverrons plus vite que tu ne le crois… »

A ces mots, je me relevais et quittais son bureau, heureuse d’avoir échapper à la transfusion. Maintenant que mon sang avait été mêlé au mien, ce dernier m’appartenait et je pourrais m’en repaître à ma guise !
Même si lui devait songer à cette idée à l’en faire frémir, au fond, nous savions tout deux que ce moment plaisant lui donnerait envie de récidiver…