Six heures du matin. Natsuki ouvrit les yeux soudainement, et resta immobile à contempler son plafond pendant une bonne minute. Trempé de sueur, il laissa son rythme cardiaque diminuer progressivement, jusqu'à redevenir stable. Il n'y a pas grand chose qui était capable de le faire battre ainsi, tuer n'en faisait d'ailleurs plus partie depuis longtemps. Pivotant vers une position assise sur le bord de son lit, il plongea son visage dans ses mains et épongea les cauchemars de la nuit. Il vivait avec depuis plus d'un an, il s'y était habitué et fait une raison qu'il ne dormira plus jamais paisiblement tant qu'il vivra. Son bras droit manquait toujours de force, les muscles n'avaient pas encore récupéré pleinement depuis que l'on lui avait retiré son plâtre. Il devait les entrainer à nouveau, pour cela qu'un jouet à ressorts lui avait été donné pour sa rééducation. Il allait encore avoir le temps pour aujourd'hui, voilà trois jours qu'il était affecté à la garde des Grands Remparts. Un moyen de rester un minimum actif tout en lui laissant le temps de temps de terminer sa convalescence sans risque et revenir à son niveau habituel. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus travaillé ici, cela le ramenait à bien des années en arrière, quand sa vie n'était pas devenu si compliquée. Ce n'était pas pour le déranger cela dit : cela lui laissait l'opportunité de remettre de l'ordre dans ses idées, et de préparer la suite de sa vie qui lui semblait de plus en plus décousue.

Aujourd'hui ressemblait à hier, avec une température un peu plus basse, et davantage de vent. L'automne arrivait tout doucement au bout de son règne. La circulation était fluide et peu dense, autorisant ainsi les gardes à travailler dans la tranquillité. Les commerçants allaient et venaient, arrêtés seulement par les contrôles à l'entrée de Konoha. Le commerce reprenait de l'essor petit à petit depuis la fin de la guerre, mais l'on était loin d'être au niveau d'avant le début des conflits. Le Pays du Feu comme tous ceux le juxtaposant subissaient encore les conséquences des combats passés. Il faudra encore du temps avant que la vie ne reprenne son cours. Était-ce une bonne chose ? Difficile à dire...

Un message télépathique lui sauta à l'esprit, venu de l'une des équipes de patrouilles plus en avant sur les routes. Un shinobi de Kumo approchait. Non pas que cela était problématique – il était dans un camp allié déjà pendant la guerre – mais la procédure stipulait de toujours faire le distinguo entre les civils et les ninjas. Que ces derniers soient alliés ou ennemis ne changeait rien : un bandeau frontal pouvait passer très rapidement d'une tête à l'autre.

« Très bien, je m'en occupe. » annonça Natsuki à ses collègues en s'emmitouflant un peu plus dans sa cape pour se protéger du vent.

Il repéra très vite le Kumojin dans l'heure, dans la mesure où ce dernier se présenta de lui-même.

« Bienvenu à Konoha, j'espère que vous avez fait bon voyage. Je m'appelle Natsuki. » salua-t-il d'un ton courtois. « Concernant votre séjour ici, vous avez tous les droits pour ce qui est de pénétrer dans l'enceinte du Village de la Feuille et de profiter des lieux publiques. Pour ce qui est de votre requête, si vous désirez rencontrer notre Hokage dans l'immédiat, je me dois de vous demander de me remettre la lettre d'introduction officielle motivant votre Nation pour l'entretien. Si cette rencontre doit se faire à titre personnel par contre, je crains qu'il ne vous faudra patienter jusqu'à ce qu'il puisse se libérer pour vous recevoir. »

Natsuki pencha légèrement sa tête sur le côté, et étudia l'attitude de son interlocuteur.

« Si vous en avez besoin, je peux vous servir de guide au sein du Village, afin de vous montrer entre autre où est-ce que vous pourrez passer la nuit. »

Rares étaient les shinobis étrangers au Pays de Feu qui se déplaçaient dans Konoha sans surveillance. Avec Natsuki à ses côtés, Koüga bénéficiait déjà d'un chaperon de choix.

Natsuki considéra avec une certaine méfiance le Kumojin, bien que ses traits ne se ridèrent pas. Il n'en montra rien dans le discours de ce dernier, puis commença à marcher en sa compagnie après avoir adresser un signe aux autres shinobis en faction aux Remparts. Un signe de la main entendue. Ils n'allèrent pas très loin dans le Village cela dit, avant que Natsuki ne prenne la parole :

« Kougä ? Maintenant que nous sommes bien avancés, il y a quelque chose que je souhaiterai vous demander. Quand vous vous êtes présenté, vous m'avez déclaré vouloir rencontrer notre Hokage. Mais juste avant, vous avez ajouté que vous vous doutez bien qu'il aura du mal à vous recevoir, surtout pour une requête personnelle. Dois-je comprendre par là que vous comptiez mener votre mission ici quoi qu'il arrive ? J'ai comme l'impression que vous avez menti quelque part, ou omit de révéler certains détails que nous ne devrions pas ignorer. Dans un cas comme dans l'autre, je dois vous avouer que cela nous met dans une situation plutôt embarrassante. »

Le ton du Nara tatoué n'était ni menaçant, ni colérique, pas plus que son attitude ou sa posture. Enveloppé dans sa cape, il s'était simplement arrêté de marcher, et avait planté son regard sur le Kumojin, ce qui n'était pas sans rappeler où ce dernier se trouvait.

« Rien n'interdit les shinobis alliés de venir sans motif officiel, bien au contraire. Que vous meniez ici une mission qui vous concerne personnellement ne me pose aucun soucis, à condition que cela ne porte pas atteinte à la sécurité du Village. Pour autant, c'est en l'occurrence à moi d'en juger, aussi je souhaiterai que vous fassiez preuve d'un peu moins de mystère. »

Si ce que cherchait ici Koüga était personnel, alors cela ne regardait pas vraiment Natsuki. Néanmoins, s'il y avait juste cela, alors le Kumojin ne l'aurait pas abordé en demandant une éventuelle entrevue avec le Hokage : ses investigations, quoi qu'elles soient, allaient probablement le mener là où les civils et visiteurs ne devraient pas être. Pas sans autorisation du moins.

Et effectivement, il avait vu juste. Il resta alors silencieux un instant, et réfléchit à la situation actuelle. Les informations voyageaient bien vite. Onpu avait-il rendu publique l'arrestation de Yusuke, vu que ce dernier avait apparemment sévit un peu partout dans les pays limitrophes, en menaçant de mettre toutes les nations à feu et à sang ? C'était sans importance, et il ne servait à rien de tourner autour du pot : Koüga n'avait pas émit une hypothèse, il avait posé une certitude.

« En effet, le prisonnier Katano Yusuke est actuellement dans les cellules de Konoha. Cependant, la visite de la prison ne fait pas partie du circuit touristique que l'on propose habituellement. » dénota-t-il sans aucune affiliation avec l'humour. « Aussi, en tant que shinobi étranger à notre Village sans motif officiel ni lien de parenté, vous n'êtes pas autorisé à le rencontrer. »

Natsuki croisa ses bras sur sa poitrine, comme si son avis était encore en réflexion.

« Cela étant dit, vous prétendez vouloir le rencontrer car il disposerait potentiellement d'informations qui vous avanceraient dans une enquête entreprise de votre propre initiative. C'est tout à votre honneur. Mais comme cette affaire de plusieurs mois concerne votre nation, je trouve juste étrange que votre Kage n'ai pas prit la peine de vous fournir le nécessaire pour pouvoir la mener à bien. N'importe comment, comme cette histoire semble vous tenir à cœur, nous pouvons peut-être nous arranger pour que vous n'ayez pas fait le trajet inutilement. »

Il reprit sa marche, faisant signe à Koüga de le suivre.

« Sous la condition de ma présence pendant que vous l'interrogerez, je veux bien prendre la responsabilité de vous emmener dans les geôles pour y rencontrer Yusuke. Je peux difficilement vous obtenir plus de mon propre chef. »

Par sa surveillance, Natsuki pouvait s'assurer qu'il n'y avait pas trop de zones d'ombre dans les propos du Kumojins, et que cet entretien ne cachait pas d'autres motifs. Qui plus est, le tout pouvait s'avérer être aussi fructueux pour l'organisation du Nara tatoué. Chacun avait donc potentiellement à y gagner. Ils allaient vite être tous deux fixés.

« Je vous arrangerai cela pour demain matin. Nous nous retrouverons ici vers neuf heure.»

Ici, c'était une auberge parmi d'autres où pouvaient séjourner les voyageurs à Konoha. Sur des salutations d'usage, et s'il n'avait pas besoin lui plus longtemps, Natsuki prit conger, et s'en retourna aux Grands Remparts. Koüga n'en était pour autant pas moins surveillé d'un œil distant...

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Le lendemain, Natsuki le retrouva comme convenu, et le conduisit jusqu'à la prison, et le guida dans le dédale de cellules. La température ici n'avait rien à voir avec l'extérieur. Il ignorait pourquoi, mais été comme hiver l'atmosphère était toujours étouffante. Cela venait-il des murs érigés en magma refroidit qui stockaient la chaleur ? Il n'y passait pas assez de temps pour s'en plaindre.

« Je me permets tout de même de vous rappeler quelques consignes évidentes. Le prisonnier Yusuke est sous la juridiction de Konoha, aussi vous n'êtes pas autorisé à recourir à la force et à la torture s'il refuse de vous parler. Je ne vous accorde pas non plus le droit à un contact physique ou l'usage de technique sur sa personne. Pour le reste, vous pouvez disposer. »

Il s'arrêta, et indiqua de la main la cellule emprisonnant le déserteur de Kiri, situé à une poignée de mètres d'eux. De son côté, il tira un tabouret, et attendit, l'oreille comme l'œil attentifs.