C'est donc ça, cet édifice dont j'ai entendus parler, l'Ergastule ! J'ai honte de le dire, même si cet endroit est bien dissimulé, je n'y suis jamais allé depuis que j'ai débarqué à Suna il y a plus de deux ans maintenant. Et pourtant, ce n'est pas le temps qui me manque, je ne suis pas avare en mission. Mais le fait est que maintenant, mes promenades dans les artères bondées du centre-ville sont, de plus, en plus moroses. Un harassement, une lassitude s'est installée progressivement de jour en jour et je me dois de faire de nouvelles expériences. Cette prison fera partie de mon nouvel état d'esprit...

À ma grande surprise, seulement deux ninjas officièrent devant la porte. Stoïque, immobile tel des soldats de la garde royale anglaise, ils ne m'accordèrent pas même un regard tandis que je franchissais les lourdes portes pour enfin effectuer ce pour quoi je suis venu. Malheureusement pour moi, se trouvait derrière ces portes un nouvel homme de l'armée de Suna balafré a l'œil, derrière son bureau. Ni une ni deux, il me demanda pourquoi je me trouvais ici. Mon cœur s'accélère, la chaleur semble monter en quelques secondes et je sortis les premiers mots qui me vinrent à l'esprit.

- " Je suis envoyé en mission, je suis là pour nettoyer les cellules. "

C'est impossible que cette excuse puisse passer sans problèmes, il semble que mon aventure dans les prisons du pays du sable tourne court. Je m'apprête à faire demi-tour quand sa voix rauque et abîmée se fit entendre.

- " Hmmm... Ce n'est pas inscrit dans le registre, ce n'était pas prévu... Surement une erreur. Les cellules ont bien besoin d'un grand nettoyage, tu peux passer gamin. "

Gamin ? Je lui en foutrais des gamins moi ! Toujours est-il que ce gros nigaud me mena jusqu'au cellule, une descente souterraine des plus inquiétante. Nous descendons des les profondeurs du désert de Suna et la température ne cesse de descendre. Une fois dans les cellules, l'homme referma la porte derrière lui, remonta à son bureau me laissant tout seul dans cet endroit spécial. Spécial ? Non ! Glauque conviendrait mieux finalement. Saleté, odeur putride et rongeurs massifs était en harmonie dans ce lieu. Qu'est-ce que je fous ici ? Qu'est-ce qui m'a pris ? Mais désormais, je ne peux plus faire marche arrière. Quel sobriquet me serait adjugé si je ressortais de cet endroit de peur 10 secondes après être entré. Nul doute que cette histoire parcourrait en très peu de temps le village pour me faire une réputation des plus déplorable.

Je décidai donc de m'engouffrer dans ce long couloir, certaines cellules vides attirèrent mon attention. Une certaine tristesse me traversa lorsque l'idée qu'il s'agissait d'homme condamné a mort était assis ici. Aucun homme ne mérite de mourir dans de telle circonstance, même le pire des malfrats. Plus loin, un homme se jeta sur ses barreaux pour crier un dialecte incompréhensible et tendre les bras pour tenter de m'agripper. Je dois bien avouer que ce dernier m'a fait peur, mais j'essayai néanmoins de garder un faciès impassible. Peut-être est-ce comme les chiens, ces gens-la sentent peut-être lorsqu'on a peur... Mais ce qui m'intrigua le plus, c'était cette geôle au bout du couloir plongé dans une obscurité totale. D'un pas lent, je me dirigeai vers cette dernière. Une présence des plus dérangeante m'entourait. Je ne parvenais pas à discerner une silhouette dans cette opacité, mais bizarrement, je sentais que quelqu'un me fixait. J'approchais ma tête des barreaux pour tenter de voir l'invisible...

- " Étonnant que ce soit quelqu'un qui s'est fait attraper qui me donne des conseils pour ne pas me faire tuer ! "

Ces paroles respiraient la confiance en soi, mais finalement, il en était tout autre. Cette présence maléfique qui se dégage de ce personnage ne m'inspirait pas du tout confiance, j'envisageais même de rebrousser chemin, mais après réflexion, cela ne sembla pas la meilleure option. C'est vrai, montrer sa faiblesse à ce genre de personne n'est pas conseillé. Qui sait si je ne le recroisais pas une fois qu'il sortirait ? Il serait alors très simple pour lui de m'écraser comme un insecte si ce mec a décelé une faiblesse en moi. Je décidai donc de prendre mon courage à deux mains pour faire face à ce monstre malsain, plus moyens d reculer désormais. Un air sérieux, un coude sur les barreaux et je répondais à ses interrogations :

- " Je commençais à en avoir marre des ballades dans le centre-ville de Suna sous ce soleil ardent. Une monotonie commençait à s'installer donc j'ai cherché une nouvelle alternative. Bien que par ici ça pue les rats morts, mais l'avantage et qu'il fait bien moins chaud ! Puis pour ce qui est de travailler, je commence à en avoir un peu marre de faire des missions de Rang D pour nettoyer les fientes de saloperies volantes. En ce qui me concerne, je n'exécute que les ordres primaires de mon village. "

Loin de moi l'idée de venir faire mes balades tous les jours dans cet endroit glauque dorénavant. C'est vrai quoi ! Ce serait quand même très spécial de venir chaque jour ici juste pour profiter de la fraicheur des lieux. Certes, je m'ennuie de plus en plus dans ce village, mais ce n'est quand même pas une raison pour venir trainer avec ces fous furieux pour la plupart d'entre eux. Mais je dois bien avouer être intrigué par ces individus, que s'est-il passés dans leurs existences pour qu'il se retrouve là ? Qu'est-ce qui a fait que ces gars la tournent mal à ce point ?

- " Désolé mec, je déteste l'alcool, mais si tu as soif, ils doivent quand même te donner de l'eau ici non ? "

À mon tour, je regardais ce personnage de haut en bas avant de reprendre.

" - Alors... Pourquoi tu te retrouves ici toi ? "

Il semblerait que j'ai quelque peu désappointé mon interlocuteur avec cette remarque, ce regard que ce prisonnier m'a jeté, m'a fait frissonner et a l'avenir, j'y repenserais peut-être à deux fois avant de tenter ce genre de choses.

- " Cela ne fait aucun doute, dans ta situation, je serais surement mort depuis longtemps, mais finalement, regarde ou tu en es dorénavant. Ce n'est pas moi qui me retrouve dans cet endroit morbide et derrière ces barreaux. Cependant, tes paroles respirent la sagesse, tu possèdes une expérience de la vie que je n'ai pas et ça se sent. Je respecte ça, mais selon moi, la crédulité faite partie a part entière de la race humaine. Sans cela, serions-nous encore considérés comme des êtres humains ? "

C'est vrai, cet homme a surement du vivre des choses bien plus dangereuses que je n'ai vécu, du moins depuis mon amnésie. Peut-être est-il possible que dans la partie de ma vie oubliée, j'ai vécu des choses difficiles et peut être est-ce pour cela que j'ai préféré les oublier inconsciemment. Il semble que cet homme caché dans l'obscurité n'est pas eu une vie facile... Est-ce par choix ? Lui est-il arrivé quelque chose qui l'a poussé à emprunter cette voie ? Toujours est-il que cet individu, aussi méchant et malsain qu'il soit, m'intrigue au plus haut point. En haut, on ne voit que des personnes qui mènent une vie linéaire, parfois sans intérêt, tout en essayant de se renfermer dans un cocon sécurisant et rassurant. En ce qui le concerne, il semble avoir fait le choix d'une vie bercé par l'inconnue et l'inattendu et pour moi, c'est tout à fait louable.

- " Tu ne dois pas être sans savoir que les ninjas envoyés pour s'occuper de l'Ergastule sont loin d'être les plus futés... En tout cas, je n'ai pas mis bien longtemps avant de le comprendre avant de planifier mon arrivée ici. Une excuse à peu près crédible et il te laisse passer sans poser de question. "

Mon attention fut réactivée lorsqu'il me parla de notre Kazekage. Selon lui, Zanshi-sama se servirait de lui comme exemple... La politique du village ne m'intéresse que très peu, j'avais vaguement entendu parler de ce procès, mais je n'avais aucune idée de la raison, de la personne ou même de la date a laquelle se déroulerait ce dernier. Je préfère de loin rester chez moi à travailler sur mes marionnettes qu'écouter les ragots de Suna. Devais-je croire les paroles de ce personnage ? Je les prendrais en compte en tout cas.

- " Tu es en train de me dire en quelque sorte que notre Kazekage était une "ordure" de la même espèce que toi par le passé ? As-tu des preuves de ce que tu avances ou attends-tu que je te croie sur parole ? Cela pourrait considérablement modifier ma façon de voir les choses... "

Un silence s'installa tandis que de mon côté, je restais pensif quant à ces déclarations.

Une nouvelle fois, malgré la sensation malsaine et maléfique qui enveloppait ce personnage, une sagesse insoupçonnée emplissait les mots qui sortaient de sa bouche. Il me raconte des choses horribles telles que tuer n'est pas une chose mauvaise, mais dans sa bouche, cela parait tout à fait acceptable ! Il semblerait que mon interlocuteur soit un fin orateur, il va falloir que je fasse attention a ne pas être berné comme un bleu. Il raconte peut etre, ou peut etre pas, des inepties mais le fait que ce personnage m'intrigue de plus en plus. Il faut avoir un sacre cran pour tuer quelqu'un par simple envie, si je l'énerve un peu trop, il se pourrait même qu'il se décide à me prendre par la gorge pour m'ôter la vie lentement, mais surement. C'est une perspective qui ne m'enchante guère je dois bien l'avouer et vu la circonférence de ses bras, je vais peut être éviter de le froisser... Non !! Mon envie d'en savoir plus prend le dessus !

- " En ce qui concerne Zanshi, je me ferais mon propre avis au fil du temps. Mais en ce qui te concerne, tu m'intéresses également... Alors comme ça, tu tues les gens par simple envie ! Qu'est-ce qui te pousse a faire ce genre de choses ? Une simple pulsion meutriere qui s'anime en toi ? Un regard déplacé de quelqu'un ? Si j'avais dû tuer chaque personne qui me regarde bizarrement à cause de mon accoutrement bizarre, il n'y aurait plus grand monde à Suna... "

Je restais dubitatif quant à cet individu. Il faut quand même être sacrement barge ou complètement chamboulé du ciboulot pour tuer quelqu'un juste parce que sa tête ne nous revient pas ! En tout cas, cela ne me viendrait jamais à l'idée de faire ce genre de chose... Mais finalement, peut-être est-ce nous qui sommes dérangés ? Personne n'a jamais dit que la conduite adoptée par la plupart des gens de ce monde était la bonne après tout. Et si c'est ce mec qui avait raison, si vivre sa vie comme on l'entend était la VRAIE vie ! ... Non mais qu'est-ce qui se passe chez moi ! Je ne suis pas bien à commencer a parler comme lui ! Ce gars la pourrait me retourner les idées s'il le souhaitait. Serait-il d'ailleurs en train de jouer avec moi, l'idée de jouer avec un gamin lui plairait-il ?

- " Te socialiser un peu ? Ne serait-ce pas ce que tu es en train de faire avec moi ? On dirait que tu es tient ta promesse à ce vieillard en ce moment même ! " Lui dis-je, tout en affichant un sourire. " C'est vrai que tu es occupé à plein d'autre chose dans cette geôle et que tu n'as pas le temps d'expliquer en détails... Allez ! Toi tu n'as rien d'autre à foutre et moi je n'ai aucune envie de remonter à la surface pour me faire assigner une mission de rang D qui va encore me gaver, alors fait pas le rabat-joie et raconte moi ton histoire ! "

Je m'asseyais, adosser contre le mur adjacent à sa cellule tout en attendant, en espérant qu'il m'en dirait un peu plus...

Ainsi, le grand méchant loup serait-il en train de sympathiser avec l'agneau ? En tout cas, j'ai obtenu ce que je souhaitais et j'en sais dorénavant un petit peu plus sur mon interlocuteur. Le moins que l'on puisse dire est que ce monsieur n'a pas eu une vie des plus facile. Il m'a dit, selon lui, que ce qu'il voulait que je sache, sans mère, torturer et être torturée au fil des jours, tuer des personnes pour se nourrir, une enfance difficile a n'en pas douter.

- " Ceci explique peut-être cela non ? Ça me fait mal pour toi de dire ça mais les enfants prennent souvent exemple sur leurs parents et il semblerait que ton père n'en était pas un très bon... En te foutant dans cette cage dégueulasse, ils ont condamné selon moi un mauvais modèle parental plutôt qu'un mauvais bougre. C'est comme ça que je vois les choses en tout cas. Malheureusement pour toi, ce n'est pas moi qui décide des lois à Suna. "

C'était désormais à mon tour de raconter mon histoire. De toutes façons, je n'ai pas grand chose d'autre à faire et puis je dois bien l'avouer, malgré toute la noirceur présente en lui, je commence à apprécier ce personnage.

- " Très bien ! Mais je ne te dirais que ce que je veux que tu saches ! " Dis-je, tout en relevant la tête vers le prisonnier avec un léger sourire en coin afficher sur mon visage. " La dernière chose dont je me souviens, c'est que j'errais dans ce désert aride de Suna il y a un peu plus de deux ans maintenant. Je me suis fait agressé par des vagabonds, j'étais faible et je n'ai pu me défendre comme il se doit. Je croyais que le chemin vertueux de la vie s'arrêterait là en ce qui me concerne, mais finalement, je me suis réveillé chez ce vieil homme. Je croyais que le chemin vertueux de la vie s'arrêterait là en ce qui me concerne, mais finalement, je me suis réveillé chez ce vieil homme. Il m'a sauvé la vie et je lui en étais reconnaissant. Il s'est avéré qu'il était un marionnettiste hors pair et il m'a donc appris tout ce qu'il savait jusqu'au jour où... "

Je marquais une pause, je n'aime pas spécialement reparler de cette histoire, mais je repris d'un ton plus grave.

- " Ce vieillard est désormais mort il y a quelques mois et je suis à la recherche de son meurtrier. Je m'entraîne chaque jour dans l'objectif de cette vengeance, c'est tout ce que tu dois savoir. Contrairement a toi, je suis parvenu avec beaucoup de difficultés à me sociabiliser, c'est surement cela qui m'a permis de ne pas sombrer dans les ténèbres. Nos parcours ne sont pas si différents finalement ! "

C'est vrai, les points communs entre nos deux passés sont plutôt nombreux, de mon côté, je suis parvenu à ne pas me laisser bouffer par ce sentiment de vengeance. Du sien, il n'a pas réussi à empêcher sa descente dans les ténèbres. Je sais bien qu'il m'a souligné que je n'en saurais pas plus, mais je tentais ma chance tout de même au milieu d'une remarque anodine.

- " Tu ne veux pas me passer un petit peu de ta bouilli avant que tu ais tout mangé, j'ai faim moi aussi ! Et puis, c'est quoi le problème avec ton clan pour que tu sombres à ce point le jour où tu en prends connaissance ? "

- " Bien évidemment que je connais son nom, à Suna tout le monde le connait ! Il est celui qui a trompé tout le village, engendrer cette guerre inutile qui a provoqué la mort de mon vieil ami ! Je parle de Kyoshi Rey !!! "

Il serait suicidaire de le retrouver maintenant, je suis bien trop faible par rapport à lui. Pas que l'idée de mourir m'effraie, au contraire, je serais prêt à trépasser pour assouvir cette vengeance, mais si je pouvais l'effectuer sans en mourir cela m'arrangerait. La vengeance engendre la haine... Mais le fait est que cette haine est déjà bien présente, a chaque fois que je repense à cette histoire, elle refait surface et je lutte pour la masquer.

- " Autant me considérer comme toi ? Que penses-tu de toi-même pour dire une chose pareille ? Moi, je ne vois en aucun cas un monstre dans cette cellule, je vois un mec qui a fait des erreurs et qui en paie malheureusement le prix. L'une de tes erreurs a était de choisir l'option de facilité pour puiser en toi une force malsaine et ténébreuse. Oui, j'ai une haine qui sommeille en moi, qui se réveille de temps en temps lors de mes moments les plus durs, mais que penserait mon vieil ami si je sombrais dans la noirceur ? Cette simple pensée me permet de la restreindre. Je ne peux promettre qu'un jour, elle ne prendra pas le dessus, qu'elle ne me fera jamais faire de bêtise, mais pour l'instant, je fais confiance à mon entrainement. Je suis trop jeune pour déja me plonger dans l'obscurité, c'est ce que je pense en tout cas... "

C'est vrai et c'est bien connus, la noirceur permet de faire des choses impossibles en temps normal. Une fois plongé, là dedans, on ne peut que difficilement en ressortir, on n'prouve plus aucun sentiment et c'est ce qui facilite les choses. Les sentiments sont une entrave pour ces actes interdits par les règles de bonne conduite. Mais elle entraine également des tas d'inconvénients.

- " Tu m'as raconté une partie de ta vie, nous sommes presque semblables en ce qui concerne nos parcours. Le même caractère, le même déni pour l'autorité. Là où nos chemins se séparent, c'est le fait que moi, je suis parvenu à me créer un cercle d'amis, certes pas bien grand, mais en qui je peux avoir confiance. Ne penses-tu pas que c'est cette solitude qui t'a enfoui dans les ténèbres ? C'est quand même étrange que moi, je sois de ce côté d la cage et toi à l'intérieur de celle-ci alors que nous avons deux parcours similaires. "