Autour de la petite silhouette, quelques cadavres. Certains l’auront prise pour une enfant déchue, d’autres pour une innocente civile perdue dans cette bataille sanguinaire, tous se seront trompés. Poupe faisait partie des Furyou, malgré son apparence. Elle n’était là que pour s’amuser. Et ce qu’elle avait déjà fait l’avait satisfaite. Contente d’être là, elle espérait rester le plus longtemps possible.

Elle sautillait et tuait, sans se poser la moindre question. C’était un jeu qu’elle avait toujours adoré, à chaque fois qu’elle se réveillait. Mais sa Majesté lui avait donné un ordre très clair et très simple : s’amuser tout en essayant de trouver ceux qui évacuaient les blessés. En bref, jouer avec les médecins.

Comment la petite fille pouvait en trouver ? A défaut de les chercher eux, elle pensa qu’il serait judicieux de chercher ceux après qui ses futurs compagnons de jeu en auraient. Des blessés, des morts : il leur en fallait. Et dans tout le village, il n’y avait que ça. Poupe sourit, et continua d’aller de bond en bond.

Oh !

Elle était tombée sur des shinobis. Elle n’avait pas mis longtemps à les trouver. Toute contente, elle sautilla de joie en plissant les yeux de bonheur. Ses poings serrés allaient de haut en bas à mesure qu’elle bondissait.

Des camarades de jeu !

Poupe s’arrêta progressivement, et regarda à nouveau ses futurs adversaires et également compagnons de jeu. Un jeu qu’elle allait leur imposer, mais pour l’instant… Elle préférait se contenter d’être heureuse. Heureuse de pouvoir jouer avec des shinobis. Heureuse de pouvoir… les détruire.

La peur. Rei connaissait bien trop ce sentiment pour se tromper sur son ressenti. Une sensation étrange qui l’avait envahi alors que le jeune homme venait de saisir la tasse de café posée sur sa table basse. Confortablement installé dans son canapé, à attendre que le temps s’écoule, perdant du temps sans la moindre considération. Un train de vie à l’opposé de ce qu’il avait dû subir ces derniers mois, un train de vie dont il en pourrait peut-être plus jamais profiter. Un tremblement vint l’interrompre dans ses pensées. Des cris, un ciel assombri par des nuages noirâtres, de la poussière émanant de divers endroit. Alors qu'il sortit afin de comprendre la raison d’un tel carnage, il observa désœuvré l’étendue des dégâts.

Kiri, le village dans lequel il avait toujours vécu. Rei le connaissait depuis sa tendre enfance, chaque immeuble, chaque rue…. Rien. Ne restait du centre-ville qu’un tas de cendre fumante, les cadavres s’empilant sur le sol alors que le désastre semblait s’être tracé selon un chemin. Quelqu’un ou quelque chose de très puissant devait être à l’origine de tout cela. Un être puissant, bien plus que lui. La peur, tandis qu’il contemplait ce paysage ravagé, il fut saisit pas la peur viscérale de mourir. Ao’, il devait la trouver. Il ne pouvait la laisser mourir. Mais alors qu’il rentra paniquer à l’intérieur de son appartement afin de se saisir de son équipement habituel, un Genin vint se présenter devant sa porte. Le village avait besoin de Rei de toute urgence afin d’assister les blessés. Le Samui devait se rendre à l’hôpital avec le reste de ninjas médecins afin de porter assistances aux blessés.

Prenant une profonde inspiration, il se dirigea vers l’imposant bâtiment afin de répondre à son devoir. Bien qu’il n’en ait aucune envie, il était de sa responsabilité d’y aller, de ne pas faillir. Traversant les décombres du village, il comprit toute l’étendue de l’attaque perpétrée contre Kiri. Seule une organisation très puissante pouvait en être l’origine. Peut-être était-ce un homme de la pointure du Samidare, bien qu’il n’en existe que peu en ce monde. Dans tous les cas, leurs adversaires devaient être redoutable, une image d’eux bien différente de celle qu’il s’apprêtait à voir. Les corps des habitants et des ninjas reposaient partout. Genins, Chūnin, Jōnin, rien n’y manquait. Portant une peur viscérale de voir celle de l’une de ses deux sœurs, Rei ne pouvait s’empêcher de penser à elles. Il devait leur porter secours.

Lorsque Kenshi arriva sur les lieux, il ne put apercevoir qu’un amas hasardeux de béton, d’où jaillissait des voix appelants à l’aide tandis que d’autres exprimaient toutes leurs souffrances. Parmi elle il distingua celle Yuki. Cousine qu’il avait sauvée lors de l’attaque dans la forêt de Shimo no Kuni, la Samui se trouvait là, sous les décombres. Fouillant les débris, elle en extirpa un bébé, le protégeant telle une mère en enroulant ses bras autour d’elle. De toute évidence ce n’était pas le sien, elle devait donc l’avoir protégée de l’effondrement de l’hôpital. Un Konohajin se trouvait déjà là, tandis que Rei observa celle qui semblait être la source de ce désastre. La petite fille se trouvant devant les décombres.

« Oh ! Des camarades de jeu ! »

Les observant longuement, Rei sentait se dégager d’elle une aura puissante. Une phrase sordide, une invitation à la mort. Bien que petite et jeune, sa prestance était indéniable. Se rapprochant plus du monstre, était-elle la prémisse du nouveau fléau s’attaquant au village caché de la Brume ? Survivre. La fuite n’était pas une possibilité face à une telle personne, de même, la victoire pouvait-elle seulement en être une ? Une question qui ne tarderait pas à trouver réponse. Plaçant sa main sur la paume de son katana se trouvant sur sa hanche, Rei se prépara à l’inévitable.

Depuis le retour de Onpu-sama du sommet des Kages, ce fut le branle-bas de combat. À ce même sommet, les Kages avait apparemment été interrompu par un soit disant messager pour le compte que nul autre que « Sa Majesté ». Il avait fait d’absurdes demandes au nom de Sa Majesté, qui n’allait en aucun cas être accepté. Même qu’il avait été décidé de leur faire face, envoyant le sceau sur l’île isolé de Tsuchi no Kuni. Kiri, qui jusqu’à maintenant avait abrité le sceau de la Gogyou, demeurait toujours une cible potentiel et c’est pourquoi des shinobis d’un peu partout furent envoyer en renfort à Kirigakure. Je faisais partis de ces shinobis envoyé au village de la Brume. Je m’étais armé de tout le matériel que je pus prendre sur moi sans oublier mon fameux tantô. Nous fûmes environs une vingtaines de shinobi, des chûnins mais majoritairement des Jônins. Yuki-chan faisait elle aussi partie des chûnins envoyé à Kiri. Il devait nous rester une dix ou douzaine de jours pour nous rendre à Kiri. Eh bien nous dûmes en la moitié avant d’enfin arriver au Village caché de la Brume. Une fois sur place, on nous mit déjà au boulot.

Évidemment, je fus placé dans l’unité de détection. Autre évidence : j’étais le seul Hyûga de toute l’unité. J’attirai donc beaucoup de regard et certain vinrent même me poser quelques questions, auxquels je répondis le plus évasivement possible. Voyant que je ne répondrais pas à leur curiosité, en me donna finalement la paix, qui fut si soudainement brisé. J’étais de garde en cet avant-midi des plus tranquilles. Pourtant, la tension était à son comble parmi le shinobi présent. C’était le jour J, le quinzième jour des quatorze jours alloués. Mon Byakugan activé, je restais à l’affût de la moindre signature de chakra, mais toujours rien à l’horizon. Puis, une grosse explosion vint briser le silence qui régnait. Une seconde et une troisième explosion suivirent la première, semant le chaos dans le village. J’oubliai mon poste de garde puis je me dirigeai vers les nuages de fumée qui s’élevait haut dans le ciel.

Plus je me rapprochai du Centre-Ville, plus je constatai les dégâts de l’attaque. Plusieurs bâtiments s’étaient effondrés et les débris jonchaient les rues de toutes parts. Je me hâtai vers le plus gros nuage, me doutant qu’il s’agissait sans doute du plus gros immeuble : l’hôpital. Je fus sur les lieux en quelques minutes et constatai effectivement ce qui devait être la pire scène de tout le champ de bataille. Il y avait du béton et des cadavres partout. Je réussi tout de même à repérer Yuki, qui plongea toutefois dans les décombres quelques secondes après. J’allais me jeté vers elle mais un enfant vint m’accoster à la seconde où j’allais partir. Il me tira la manche, me demandant à tout prix mon aide. Je dû oublié mon amie pendant quelques minutes, ne pouvant pas simplement lui refusé.

Il me mena alors vers une petite maison sur le point de s’effondrer. Il y avait toutefois à l’intérieur sept enfants, ce qui en faisait huit au total si on comptait celui qui était avec moi, le plus jeune étant âgé d’environ un an et la plus vieille avait peut être treize ou quatorze ans tout au plus. J’entrepris donc de les faire sortir de là avant que l’immeuble ne s’effondre sur eux, mais ils me résistèrent. Ce ne fut qu’à l’intérieur que tout prit son sens. Leur mère à tous avait probablement été assommée… Non, elle n’avait pas été assommée. Avec le poids des débris, elle n’avait probablement pas survécut.

- Je vais m’occuper de votre maman. Toi, dis-je en pointant la sœur aînée, aide tes frères et sœur à sortir d’ici et attendez-moi dehors. Et toi, dis-je en pointant cette fois le deuxième aîné, un garçon d’une dizaine d’année, aide ta sœur.

Ils me regardèrent tous avec de grands yeux pendant quelques moments. J’agitai les bras pour les faire activés et ils se mirent finalement à l’action. Doutant qu’elle soit encore en vie, je me penchai tout de même vers la dame pour examiner sa respiration. Lorsque je senti un léger souffle sur mon oreille, mon cœur accéléra aussitôt dans ma poitrine. Je me relevai puis portai mes doigts à son cou, vérifiant si je n’avais pas halluciné. Comme de fait, je senti un léger pouls venant de la dame. J’activai alors mon Byakugan, voyant alors que des tenketsu dans son cou avaient été touchés. Sa vie n’était pas encore en danger, mais sa situation demeurait tout de même urgente. Je repris ma vision normale et me mis à la recherche d’un oreiller, que j’enroulai autour de son coup. Je saisis ensuite un deuxième oreiller qui vint entourer le premier. Je pris alors la dame dans mes bras, plaçant les oreillers dans le pli de mon coude puis je sortis de la maison, qui m’avais l’air encore plus sur le point de tomber. Lorsque je fus enfin sortit de cet enfer, les enfants étaient toujours-là, heureusement. Je déposai la mère sur les cuisses de la sœur aînée, assise sur le sol en train de réconforter toute ses petites sœurs.

- Assure-toi que son cou ne bouge pas, je reviens dans quelques secondes.

À la vitesse de l’éclaire, je me dirigeai vers le QG des shinobi de Kiri. N’étant pas très loin, je réussi à me dénicher un shinobi médical qui achevait son traitement sur un patient. Je lui demandai s’il pouvait me suivre puisque j’avais une famille qui avait besoin d’aide. Il opina de la tête et nous partîmes donc rejoindre la famille que je venais de sauver. Une fois sur place, je laçai la famille aux bons soins du shinobi puis je me dirigeai vers le prochain cas de blessé. Ce fut alors que je retrouvai Yuki, cette fois avec un bambin entre les bras. À environs cinq mètres d’elle, une jeune fille aux cheveux rougeâtre, pratiquement du même âge qu’elle, lui faisait face. Je sentis aussitôt une énergie négative émaner de l’inconnue, une énergie que je n’avais jamais ressentie auparavant. Je me précipitai alors aux côtés de Yuki, presque aussitôt rejoint par un second shinobi qui se plaça de l’autre côté d’elle. Voyant le trio qui se tenait devant elle, la jeune fille ne put s’empêcher de se réjouir de voir de nouveau « partenaire de jeu », comme elle le disait. Yuki ne pus s’empêcher de réfléchir à haute voix, demandant de quoi il pouvait bien s’agir.

- Je l’ignore, mais ça ne me dis rien qui vaille. Je ne saurais dire comment, mais je sens une énergie hyper négative venir d’elle, quelque chose de vraiment malsain.

Je n’ai pas osé le dire par manque d’expérience, mais j’aurais juré qu’il s’agissait presque de quelque chose de démoniaque. Mais il n’y avait aucune chance qu’une petite fillette ne soit en fait un démon, pas vrai?

Hrp:

Tellement heureuse. Ils étaient trois, trois camarades de jeu pour un amusement qui allait sans doute être grandiose. L’effet que ce combat procurait à la jeune fille était grand : elle savait qu’en les anéantissant, elle anéantissait tous les blessés qui ne pourraient pas être soignés. Quelque-part, elle s’attaquait au talon d’Achille du village de Kiri. Cela allait tellement l’amuser. Elle s’arrêta de bondir malgré elle, car elle savait qu’il fallait commencer le jeu.

C’est les mains dans les poches qu’elle ricana, affichant un rictus des plus larges et à la fois timide. Elle restait avant tout une petite fille, dont l’apparence en aurait fait reculer plus d’un, non pas de peur mais de pitié. Mais le trio semblait avoir compris qu’ils avaient en face d’eux un ennemi hors norme. Un ennemi qui, tout en s’amusant, allait leur faire vivre leur pire cauchemar.

Par combien commencer ? Elle pencha pour trois. Trois, c’est le nombre de petites poupées en bois et en paille qu’elle sortit. Faisant chacun à peine la taille d’un doigt, elles s’agitèrent à leur sortie, et remuèrent à mesure que Poupe s’amusa à les montrer à ses camarades de jeu.

On commence ! Je veux jouer !

Son sourire se réduit, mais resta présent, alors qu’elle jeta ses trois petits jouets à mi-distance du trio de shinobis. Au même instant, les trois poupées blanches s’agrandirent jusqu’à atteindre des tailles humaines.

Toutes les poupées étaient pareilles. Environ un mètre quatre-vingt, un visage blanc, et des vêtements blancs qui cachaient des membres en paille. Elles ne bougèrent pas, et leurs visages vides contrastaient avec la cape noire que portait Poupe, qui s’exclama.

Ce sont mes poupées ! Elles sont à moi !

La Furyou se pointa du doigt. C’était à elle. Ses poupées, son jeu.
Mais ça allait être leur défaite… et leur mort. Car même si aucune de ses poupées ne dégageait comme elle aucun chakra, elle savait qu’elles faisaient d’elle l’une des plus redoutables Furyou qui n’ait jamais existé. Sa Majesté lui avait déjà dit. D’ailleurs, que pouvait-elle faire en ce moment ? Ah, elle se rappela : Monwa détruisait Kiri.

Placée devant les trois shinobis, la petite fille ne cachait aucunement la joie que lui procurait le spectacle qui suivrait. Un rictus se dessinant sur ses lèvres, elle sortit trois petites poupées faites de pailles et de bois, toutes aussi petites que ses doigts. Les brandissant devant ses ennemis, elle sourit puis invita ses amis à jouer. Poupe jeta alors les trois morceaux de bois entre elle et les trois Shinobis, poupées qui s’agrandirent jusqu’à atteindre taille humaine tandis qu’elles revêtir des vêtements blancs. Des créations étranges qui laissèrent perplexes Kenshi.

Mais sa surprise fut d’autant plus grande lorsqu’il vit la réaction de sa compatriote. Complimentant les poupées de la petite fille, Yuki l’invita à jouer avec elle, en plus de donner son jeu. Était-ce un moyen de rentrer dans son jeu afin de tenter de la contrôler ? La Samui fit même un pas dans sa direction, s’en suivit l’invocation de trois oursons ainsi que celle d’un dernier ours. Les trois petites prirent peur devant le désastre qui se présenta à eux. Attrapant l’un d’eux dans ses bras, elle le décrivit comme étant mignon, puis proposa à la furyou de jouer à la princesse. Une discussion très étrange, si l’on remettait ça dans son contexte. Autour des quatre Shinobis se trouvaient corps démembrés, flaques de sang, décombres et cri de souffrances. Des cris un brun nostalgiques, qui lui rappelèrent ce qu’ils avaient entendu durant plus d’un an. Ceux qu’il avait lui-même émis.

Les sévices infligés aux cadavres étaient de toute catégorie, sans qu’aucune goutte de sang ne vienne entacher la tunique noire de Poupe. Avait-elle déjà utilisée ses poupées, ou c’était-elle servie d’une autre technique. Aucun indice ne laissait présager l’utilisation d’un élément, ni même d’une forme de techniques particulière. Aucune aura ne semblait se dégageait de ce corps vide. Rei s’était longuement renseigné sur le concept des Furyous après sa deuxième rencontre avec le Mizukage. Kentaro Hattan lui avait alors demandé de l’ausculté, afin de déterminer si la chose qui vint se sceller en lui était l’une d’elle. Heureusement pour le Kentaro, il n’en était rien, mais cela avait piqué la curiosité.

Une entité. Deux très grands Furyous virent le jour en ce monde, la première étant Goyou Makka, suivit de Meteora. Des êtres d’une puissance égalée par la crème des Shinobis. Seuls quelques Kage et Sennins pouvaient prétendre à un combat équitable contre ces formes de vie. Rei se trouvait là, épaulé d’une Chūnin et d’un Hyūga pour faire face à un tel monstre…. Un combat à sens unique en apparence. Ne restait plus qu’à déterminer sa force, ainsi que sa capacité de raisonnement et de stratégie afin de déterminer sur quel front fallait-il mener le combat contre la petite fille. Tandis que Yuki fit une série de Mudra, naquit un palais de glace de plusieurs étages. Poupe se retrouva propulsée à ceux d’au-dessus tandis que Rei se trouvait près de ses alliés, patient, observateur. La température qui y régnait n’était non pas sans rappeler les hivers de Yuki no Kuni.

Ces murs de pierres, froid, vous glaçant de la pointe de vos cheveux jusqu’au bout de vos pieds. Ces chaines de métal sciant les poignets et les chevilles, leur température ne dépassant que rarement les dix degrés. Ce froid… Pourquoi repensait-il ainsi à son internement à Yuki no Kuni. La peur, celle de mourir une nouvelle fois. Celle de se perdre dans les tréfonds du désespoir. Mais Rei n’en montra rien, il ne pouvait paraître faible, au risque de perdre le combat avant même de le commencer. Il n’y avait qu’une seule fin possible à cette déclaration de guerre, l’annihilation du camp adversaire.

Je ne saurais comment l’expliquer, je le savais tout simplement. Il émanait de la jeune fille une énergie étrange, presque perturbante. Je devais en avoir le cœur net, il le fallait. J’activai alors mon dôjutsu, faisant ressortir mes veines. Mon regard déjà posé sur elle, je ne remarquai… rien, en fait. Je clignai à quelques répétitions, pour m’assurer que je n’hallucinais pas, mais non. Je ne voyais aucun chakra dans son corps, pas la moindre goutte. J’hésitai quelques instants avant d’en parler à mes alliés. Après tout, qui sait quel effet aurait cet nouvelle sur leur morale. Je n’eus toutefois pas le chance de leur révéler quoi que ce soit, puisque la fillette devant nous passa à l’action.

Sa voix toute aussi dérangeante qu’elle ne l’était elle-même s’exclama alors avec une gaieté trop exagéré qu’il était temps de jouer. Elle lança alors trois minuscules figurines devant elle à une assez bonne distance. En plein vol, par contre, les figurines passèrent au format jumbo en prenant maintenant la taille d’un être humain ordinaire. Elles étaient tous identiques, toutes trois doté de vêtements complètement blancs, sans le moindre trait facial. Comme si ne l’avions pas déjà deviné, elle nous rappela tout de même que ces trucs qu’elle considérait des « poupées » étaient bien à elle, se pointant du doigt comme pour nous rappeler aussi qui elle était. Je levai les yeux vers le ciel, exaspéré. Elle agissait vraiment comme une gamine pour l’âge qu’elle avait, ou du moins semblait avoir. Je n’eux pas le temps de me pencher sur la question bien plus longtemps puisque Yuki avait apparemment un plan. Elle relança la jeune fille à son propre jeu, lui avouant qu’elle aimait bien ses poupées, simple prétexte pour finalement lui demandé qui elle était. Ne lui laissant même pas le temps de répondre, Yuki décida de se joindre à son petit jeu quand même.

- Mais qu’est-ce que tu…

Aucune chance, elle c’était déjà lancée. Yuki reprit la parole en révélant à l’inconnue que elle, son truc, c’était plus les peluches. Je ne pus empêcher mon sourcil de s’arquer lorsqu’elle proposa de lui montrer les siennes. Que pouvait-elle bien cacher? Passant alors son pouce au visage, elle le plaqua au sol pour faire apparaître un immense nuage de fumé duquel émergea un trio d’ourson avec ce qui était sans doute leur mère. J’ignorais qu’elle avait une invocation. En fait, j’ignorais quand même pas mal de chose sur elle au final. Mon regard alternant entre Yui et la jeune fille en face de nous, je vis finalement Yuki aller vers la jeune fille, lui proposant de jouer à la princesse. Là, elle venait carrément de me perdre. Je la vis alors exécuter une série impressionnante de mudra pour faire apparaître un château de glace, grandeur nature.

Nous perdîmes la jeune fille de vue alors que le château prenait toute son ampleur. Je regardai autour de moi et admirai le spectacle alors que la glace montait et montait encore. Lorsque le château eût enfin finit de grandir, j’utilisai mon Byakugan pour visualiser l’ampleur de la bâtisse. J’essayais d’évaluer la situation, examiner les possibilités. Il fallait profiter de ce court moment pour s’organiser, autant offensivement que défensivement.

Résumé:

Jouer ? Elle voulait vraiment jouer ? Même si Poupe était une enfant aussi bien en apparence qu’à l’intérieur, elle restait tout de même un pion de sa Majesté et un Furyou. Se faire duper aussi facilement, c’était tout bonnement hors de question pour la jeune fille aux cheveux rouges, qui ne manqua pas une miette des actions de ses adversaires. Et lorsque les oursons apparurent…

Oh ! Ils sont trop mignons !

C’est à ce moment-là que la jeune Kirijin se prit à rêver. Des princesses ? Poupe n’avait strictement rien à voir avec elle. Oh, on pouvait la considérer comme une princesse de la mort, mais rien de plus. Et finalement, lorsque le château de glace fut érigé, la Furyou vit les oursons disparaître. Ils étaient restés en bas ou à l’extérieur, probablement tout comme le trio avec lequel elle avait voulu jouer.

Elle s’énerva. Il n’y avait plus personne. Elle les entendait pourtant, mais ils n’étaient plus là pour jouer. Comment allait-elle prendre plaisir à jouer si elle était toute seule ? Poupe n’aimait pas ça. Non seulement on lui avait retiré ces beaux ours de la vue, mais on lui avait aussi enlevé ses camarades de jeu.

Ce n’est pas amusant de jouer seule…

Elle avait dit ça avec une voix monotone et triste, tout en sortant quelques aiguilles de sa poche. Des aiguilles noires semblables à des senbons.

Jouer seule, c’était la seule alternative. Mais ça n’allait pas durer. Poupe avait horreur de jouer toute seule…

Elle planta un senbon dans le poumon gauche d'une poupée, qui vit sa cape blanche s'illuminer d'une écriture noire « Samui Yuki ». Un poteau s'enfonça au sol, partant au coeur de chaque poupée. Plus que de simples poupées, c'étaient comme des éventails que l'on pouvait porter. Celle qui avait construit cet environnement totalement à l'encontre du jeu auquel voulait profiter Poupe devait payer. Le palais de glace s’écroula, et Poupe retrouva ses trois anciens camarades de jeu, dont l'une au sol. Une des trois poupées disparut, et Poupe s'en alla en bondissant, espérant que les deux camarades restants viendraient la rejoindre.

Shin:

« Franchement... »

Marmonait un homme en replaçant ses lunettes comme il faut sur son nez. Il réajusta aussi le col droit de son manteau en cuir pour éviter de subir l'assaut de la pluie, ses pieds faisaient craquer les misérables morceaux de glace toujours présent sur cette scène, trop courte qui venait de se jouer. Il s'arrêta devant une gamine aux cheveux sombres, aux traits fins et délicats, on l'aurait cru paisiblement endormi... Mais la vérité ? Elle mourrait.

L'homme grimaça en se baissant, un curieux souvenir dans son esprit, un pari risqué qu'il venait de prendre et si il s'était trompé encore ? Jamais il ne se le pardonnerait. Néanmoins, il savait. Sauver quelqu'un qui ne veut plus vivre, c'est gaspiller son don. Il était trop tard maintenant de toute façon, peut-être avait-il choisi le mauvais endroit pour intervenir. Une question de temps avant de savoir. Depuis quand la morveuse avait-elle l'autorité sur lui ? Il soupira à cette pensée alors qu'un doigt métallique avait déchiré le vêtement de la Kirijins. Sa main à la lueur verdâtre se posa sur sa poitrine, au dessus de son cœur et il ferma les yeux pensif, concentré. Il cherchait ce qu'il y avait à réparer, mais pas que, son flux de chakra circulait à travers la gamine, non, non, non, son chemin ne pouvait finir ici, trop de vies qui dépendaient de cette jeune demoiselle. À commencer par celle de l'homme.

« Ma douce il va falloir vous relevez, votre sœur se meurt dans Kiri, encore temps de se battre. »

Vérité ? Il ne savait pas, mais pouvait aisément supposé qu'il disait vrai, la Kaguya n'était-elle pas après tout face à Tenzö ? Un grognement lui échappa alors et lui... ? Lui il était là. C'était sa mission après tout. Si la Reine du cœur de la Princesse meurt... Il ne voulait pas y penser, son chakra s'intensifia dans ses mains, car la deuxième avait rejoint maintenant la première et s’il était déjà trop tard, pour elle et elle ? Il serra les dents, encore plus de chakra, toujours plus et la petite salamandre sur son épaule se mit à couiner. Pas le moment, non pas le moment, il fallait qu'elle se réveille, maintenant, maintenant.... Mais il n'y arriverait pas seul. L'évidence fut là et le crispement de sa mâchoire fit tomber ses lunettes sur le ventre de la belle.

Il n'y arriverait pas...
Encore...
Encore...

« Aide-moi... Aide-moi... Aide-moi ! »

Mais à qui suppliait-il ça ? Elle ou un autre ? Après tout, il en avait vu trois, dont le frère de la capricieuse disciple, où était-il ? Pourquoi il n'agissait pas ? Où étaient-ils tous ?

« AIDE-MOI ! »

La lumière recouvrait tout le corps de la belle Samui, mais elle ne revenait pas, il ne savait pas ramener à la vie, non, non, non, elle ne pouvait pas mourir, il ne pourrait pas la ramener, elle devait se battre.

« Aide-toi... Aide les... Aides la... aide-moi... »

Peut-être que le répéter l'aidait à se concentrer....

De la magie. Rei avait beau réfuter tout ce qui pouvait sortir d’une explication rationnelle, il ne trouvait là aucune explication. Son pouvoir était-il si terrifiant qu’il dépassait même ceux des Kages ? Avait-elle la faculté de tuer par simple volonté ? Ses poupées. Evidence même que ces morceaux de pailles et de tissus devaient être la source de son pouvoir, mais quel était celui-ci ? Elle ne reliait pas simplement l’âme de la personne à ses poupées, mais également le corps. Quand Rei put observer devant lui la tunique de sa cousine de se tacher de sang avant qu’elle ne commence à chercher son équilibre, il crut tout d’abord à une attaque d’une vitesse inouïe. Mais rien, rien ne laissait croire à une telle chose. Aucune trace ne se trouvait au plafond, aucun projectile, aucun bruit. Blessée au niveau du cœur, transpercée comme si elle n’avait été qu’un vulgaire bout de tissu. Pourquoi elle ? La petite s’était d’abord réjouit de la présence des oursons, mais le château de glace était-il la source de son action ?

Tant de questions qui restaient encore sans réponses. Un homme vint à la rencontre de Yuki, un homme que Rei connaissait bien. Aoji’, accompagnée de son ancien sensei lui avait fait passer un test afin de l’intégrer au Misuto. C’était cet homme qui l’avait accompagné durant tout ce temps et qui maintenant se trouvait devant le corps agonisant de la cousine de Kenshi. Il ne pouvait pas la laisser mourir, comment pourrait-il laisser l’une des personnes les plus chères aux yeux de la Kaguya quitter ce monde…

Rien, le Samui ne pouvait rien faire, paralyser par la peur, abasourdi par ce qu’il venait de se passer. Le jeune homme avait déjà passé plus d’un an de torture, observer un combat de titans entre plusieurs Sennins… Mais jamais il n’aurait cru devoir faire face à un ennemi si loin de son niveau. Si Poupe avait le pouvoir de les tuer par simple envie, qu’y avait-il à faire ? La mort…. Une option qui n’était pas envisageable. Ce combat ne se déroulerait pas sur la pure force, mais sur les capacités mentales du Hyūga et du Samui. Ils devaient entrer dans son jeu, la battre à celui-ci sans qu’elle ne se retrouve forcée de s’en débarrasser… ou qu’elle en éprouve l’envie.

Quelques secondes après l’apparition de Shin, Kakeshuou fit lui aussi son entrée. Un clone, ou peut-être le vrai. Peu importait, l’état de Yuki était certes critique, cryogénisée dans ce bloc de glace, le danger de mort immédiat qui planait sur elle s’estompait. Seul le combat comptait. Il ferma les yeux l’espace d’une seconde, puis se tourna vers son coéquipier.

« Nous ne pourrons pas la battre avec nos techniques, ni même avec un subterfuge. Mais nous pourrons la battre à son propre jeu…. »

L’édifice s’étant écroulé, ils se retrouvaient maintenant en face de la Furyou. Devant elles se trouvaient les trois poupées, dont l’une disparut alors qu’elle bondit souriante en direction de ses camarades de jeu. Rei observa alors les trois oursons, puis se pencha légèrement afin de parler à plus vieux des quatre.

« Je ne pense pas avoir besoin de vous le répéter. Nous devons la battre en jouant avec elle et vous êtes un élément essentiel de ce jeu. Nous avons besoin de vous. »

Tout se passa si vite, je ne vis rien venir. Nous étions tous les trois ensembles, Yuki, l’autre Kirijin et moi, chacun avec nos propres préoccupations. J’étais en train de sonder le bâtiment, plus précisément à la recherche de notre ennemie qui se trouvait sur le toit de l’édifice si l’on veut. Elle était sur le dernier étage, voilà. Elle se trouvait là avec ses trois poupées de pailles. Je ne pouvais ni voir son visage, ni entendre ce qu’elle disait, mais je devinai par ces intentions précédentes de jouer qu’elle ne devait probablement pas aimer la tournure des événements. Je ramenai alors mon champ de vision devant moi, reprenant ma vision normal, m’apprêtant à m’adresser aux Kirijins.

Je vis alors la Samui s’écrouler devant mes yeux tandis que le château qu’elle avait construit commençait à s’effondrer. La maman ours rapatria ses petits, ainsi que la Samui par le fait même puis se pencha sur eux pour les protéger des décombres. Je me couvris à mon tour avec mes bras, évitant tout impact à ma tête. Une fois les derniers blocs de glaces tombées, nous nous trouvâmes de nouveau devant la jeune fille. J’adoptai une position offensive, prêt à mener l’attaque à tout moment s’il le fallait. J’ignorais comme elle s’y était prise, mais elle avait réussi à atteindre Yuki, et pas rien qu’un peu. Rapidement, un shinobi lui aussi Kirijin s’agenouilla au chevet de la Samui puis commença à lui prodiguer des soins, fort heureusement pour nous. Ça ne semblait toutefois pas bien aller. Alors que le médecin shinobi faisait son possible pour sauver la Kirijin, une second homme, plus vieux et surtout plus imposant fit son apparition puis dégagea le médecin agenouiller pour passer à son tour à l’action. En quelques mudras, il fit apparaître un cocon de glace autour de la kunoichi gravement blessée.

Malgré l’efficacité du jutsu, ce ne serait pas assez pour la sauver. Il fallait don en finir au plus vite avec cette fillette pour pouvoir s’occuper de Yuki. Réfléchissant dans le même optique, mon collègue Kirijin s’exprima sur la démarche à suivre, suggérant de la battre à son propre jeu. Malgré mon visage impassible, je ne pouvais m’empêcher de douter de cette suggestion. Yuki y était allé dans cette optique, et la voilà pratiquement sur le bord de la mort. Mais il marquait un point, nous ne pourrons probablement pas nous attaquer à elle simplement. Un seul mouvement de travers où nous pourrions nous trouver dans la même position qu’elle. Nous n’avions pas vraiment le choix, au final. Il d’adressa alors aux oursons, plus particulièrement à la mère, lui indiquant que nous allions avoir besoin d’elle. C’est vrai qu’en y repensant, la jeune fille avait bien aimé les oursons. La clé était-elle là?

Je posai les yeux sur un trio de petits oursons complètement affolé. Non seulement la bâtisse venait-elle de s’écrouler sur eux, mais ils venaient de perdre leur maîtresse. Si nous devions nous en remettre à eux, il faudrait mieux les préparés parce que dans cet était là, nous étions pour ainsi dire mort. La fillette devant nous choisit alors ce moment pour déguerpir, portant avec elle seulement deux poupées. Il fallait l’arrêter, elle et ses poupées. J’avais un mauvais pressentiment, remarquant qu’il restait maintenant autant de poupées que de shinobis encore debout. N’ayant rien d’autre à perdre, je m’approchai finalement de la mère et de ses oursons.

- C’est bon, je m’approche tout en douceur…La mère me regarda aller et ne semblait pas vouloir m’arrêter dans mon geste. Je m’approchai du petit ourson au pelage noir puis je lui ébouriffai le dessus de la tête. Allons trouver cette vilaine fille.

L’ourson saisit ma main qui était sur sa tête et essaya de me la mordiller, comme s’il voulait jouer. Ou peut-être était-il d’accord? Peu importe, il fallait agir vite si nous voulions la rattraper. Je le pris dans mes bras, imitant du mieux que je pus ce que j’avais vu de Yuki tout à l’heure, puis je me mis à courir dans la même direction de le jeune fille. La mère saisit les deux derniers oursons puis se mis à ma poursuite, accompagnée de mon allié toujours debout. Nous courûmes après la fillette le plus rapidement que mes jambes me le permirent. J’élargis alors mon champ de vision, espérant voire le moindre indice sur sa présence. Malheureusement, sans signature de chakra à identifier, mon dojutsu était nettement moins efficace.

Poupe ne savait pas réellement si on allait la suivre. De toute façon, elle se devait de semer la zizanie et la mort partout où elle irait. S’amuser, jouer à ses jeux préférés avec le plus de monde possible. Les médecins, elle en avait déjà éradiqué une. Pas la peine de forcer. Et puis, il y avait autre chose. C’est qu’elle aurait eu du mal à s’amuser avec des oursons aussi mignons…

Alors quand elle se retourna et qu’elle les vit, elle ne put s’empêcher de ricaner bêtement. Elle était heureuse, de voir des bêtes si mignonnes. Non, définitivement, elle ne pourrait pas jouer au jeu de la mort avec ces créatures. Mais elle fut réellement surprise de les voir, elle qui s’attendait à ce que les invocations disparaissent à la vue de l’état de l’invocatrice. Mais il n’en était rien. Les oursons étaient là. Et ils étaient…

Trop mignons !

Poupe planta les batons des deux poupées qu’elle avait prises avec elle, puis se rapprocha doucement des animaux. Leurs têtes étaient encore plus mignonnes qu’avant. Elle ne pourrait pas leur faire le moindre mal… Non c’était impossible. Mais elle n’était pas idiote. Cela était probablement une ruse.

Soudain, Poupe se redressa. Elle semblait avoir eu un déclic. Ce ne pouvait pourtant pas être les explosions d’arrière plan, qui retentissaient depuis longtemps déjà. Non, c’était sa Majesté.

Oh non ! Je veux encore jouer !

Et elle tapa du pied, mais comprit bien rapidement qu’elle devait obéir. Les poupées disparurent aussitôt. Et la petite fille aussi, sans laisser la moindre trace hormis un dernier regard aux oursons.