Négocier avec les Petites Gens [Ft. Hakkyô]

Quand Nodo' avait six ans ...

Maman avait décidé que ce serait bien, que je vois les petits humains. Après tout, quand je serai plus grande, moi aussi je devrai aller les voir. Et pas pour les chasser. Alors autant apprendre dès maintenant comment leur parler, déceler leurs mensonges, et apprendre leurs voies. Après tout, ils avaient des choses utiles. Certaines médecines, de l'acier, de la nourriture qu'on ne trouvait pas au marais, des étoffes ... Bien des belles choses, pour lesquelles il était intéressant de négocier. Si nous les tuions, ils ne reviendraient plus. Au revoir les belles choses, après un gros pillage et festin. C'est maman qui me l'a dit, et maman a toujours raison.

Elle me tenait par la main, quand on a approché le village. On était reconnus, nos attributs félins et nos vêtements primaires dévoilant nos origines. On passait devant les paysans nous regardant avec des yeux méfiants. Ils avaient raison. Quand ils s'éloignaient trop du hameau, ils avaient l'heureuse chance de nous rencontrer. Chance de courte durée, malheureusement pour eux.

- Fais comme si ils n'existaient pas. Ils n'ont aucune importance, c'est du gibier. Tous autant qu'ils sont.

- Oui, maman.

- Je compte sur toi pour observer tout ce qui sera dit, aujourd'hui. Quand tu seras plus grande, c'est à toi qu'incombera la tâche de parlementer avec les humains.

- Oui, maman.

Elle me caressa les oreilles, m'arrachant un ronronnement, mes joues rosissant sous le plaisir.

Les regards nous suivaient, tout le temps. Des regards méfiants, des regards effrayés, des regards curieux. Mais les curieux, c'était surtout les enfants. Je ressentais une certaine animosité, on ne nous voulait pas du bien. Mais je savais pertinemment qu'ils ne pouvaient rien. Que si on levait une main sur nous, il n'y aura plus que du sang et des morts après notre passage. C'était normal. Après tout, est-ce que l'esclave lève la main sur son maître sans en subir les conséquences ? Que nenni. Ils les subit, un point c'est tout.

L'endroit était assez intéressant, pour les yeux de la gamine que je suis. Je regardais partout, à en paraître grotesque. Et même qu'à un moment, mon regard croise celui d'un gamin. Juste un autre gamin. Pourtant, je sais pas. Il y a quelque chose.

Mais je l'oublie, rapidement. Et rentre dans cette échoppe, aux cotés de ma génitrice.

Mizu no Kuni~

Cela faisait bien longtemps que maman et moi, nous n'étions pas venu ici. Maman travaillait dure pour que nous puissions survivre dans ce monde affreux, et je la suivais dans ses voyages. En même temps, ce n'est pas un enfant de sept ans qui allait pouvoir faire grand chose tout seul, je n'aurais pas tenu deux secondes sans elle. Elle avait des clients un peu partout dans le monde, mais l'un des plus habituées se trouvaient au pays de l'eau. Que faisait-elle comme travail ? J'ai toujours eux beaucoup de mal à le dire, honte de ce qu'elle faisait, mais elle en étais obligé. Maman était une péripatéticienne, ou autrement dit une pute. Mais attention, pas une simple catin, mais une de luxe, et qui plus est reconnu mondialement. Eh oui, c'était ma maman, ce n'était pas facile tout les jours, mais quand on a un père inconnu qui nous a abandonné alors que je n'étais qu'un bébé, voir même si ce n'était pas un de ses clients qui avaient fait un petit oublie dans sa protection. Mais bon, à force, je m'y faisais, elle faisait ça pour mon bien après tout.

Nous avions donc prit le bateau pour atteindre le pays de l'eau, plus particulièrement les marécages du pays. Je n'aimais pas vraiment cet endroit, il était malfamé, et en plus, ça sentait très mauvais. Maman devait retrouver son client dans une petite échoppe à côté des marécages, un lieu vraiment insalubre qui ne serait jamais passé s'il y avait l'inspection de l'hygiène qui venait faire son travail. Un peine arrivé, ma maman s'était faites convoqué à l'étage. Nul doute que l'homme voulant se faire plaisir y était déjà et était impatient qu'elle arrive. Comme d'habitude, une serveuse prénommé Katy venait me voir, me pincer les joues, puis me prenait dans ses bras avant de ma guider jusqu'à une petite table où se trouvait un chocolat chaud et un cahier de dessins. J'aimais bien cette jeune madame, elle était très gentille, elle savait comment s'y prendre avec moi, mais elle était toujours peu vêtu alors comme à mon habitude, j'apportais une couverture au comptoir et je lui mettais sur les épaules pour ne pas qu'elle tombe malade. Je ne savais pas à l'époque pourquoi elle était si peu habillé, mais elle gardait la couverture sur ses épaules pour me faire plaisir, prenant le risque que certains des clients ne l'accoste pas pour assouvir leurs pulsions sexuelles. Et puis ainsi, je l'avais rien que pour moi pour un bon moment. Le temps passait très vite lorsque je jouais avec Katy.

Mais aujourd'hui, je n'avais pas beaucoup joué avec elle. Cela faisait quelques minutes que j'étais intrigué par une petite fille qui venait d'entrer dans l'échoppe. Elle avait environ mon âge, et pour dire vrai, elle était assez jolie? Mais ce n'est pas pour cela que j'étais intrigué, mais pour le fait qu'elle avait sur sa tête deux petites oreilles pointues, comme un chat. C'était trop mignon, mais trop bizarre. De ma table, je la scrutais discrètement avant de me décider à m'approcher d'elle, faisant semblant de danser en remuant mon popotin au rythme de la musique. Arrivé non loin d'eux, je sortais de la poche central de mon pull orange un gâteau que je lui tendis, baissant la tête. Je sentais mes joues devenir toutes rouges, je commençais à avoir chaud et mon coeur s'emballait. Mais que si passait-il ?

« Bonjour, moi c'est Hakkyo »

Telle fur mes premiers mots à son encontre.

Il y a une voix qui m'interpelle. Une voix de petit garçon. Je me retourne, pour voir qui s'adresse à moi. C'est un gamin au visage sale, comme celui de tous les gamins des hameaux. Je battais des cils, le contemplant avec une certaine curiosité de mes grands yeux dorés. Puis je regarde le gâteau qu'il me tend. Est-ce que je suis censée l'accepter ? Je le renifle, l'air méfiante. Mais je ne sens que l'amande et la crème. Mais est-ce que ça s'accepte, un cadeau d'un gibier ? Maman ne m'avait rien dit à ce sujet. Et Maman ne pourrait pas me dire quoi faire, elle fait ses négociations dans l'échoppe. Je penchais la tête sur le coté, hésitante. Maman va-t-elle me gronder, si elle apprend ce que je vais faire ? Oh ... Elle n'a pas besoin de savoir, je crois ... Je hoche la tête, et lui adresse un sourire dévoilant tous mes crocs.

- Merci petit gibier, j'accepte l'offrande que tu fais à la grandeur de ma race !

J'étais sûre d'avoir entendu un membre du clan dire ça un jour, à un petit humain qui avait apporté plein de petites pierres colorées ... Alors, c'est un peu la même chose là, nan ? Sûrement. Puis après tout, je suis une Gekei libre, je suis libre d'accepter les cadeaux d'êtres inférieurs, quels qu'ils soient. Ah ! Maman serait fière de moi, en voyant à quel point je fais preuve de grandeur envers ce petit être ... J'avais un sourire un peu bête sur les lèvres, alors que je prenais le gâteau, et le léchais de longues secondes durant. J'aime tellement la crème ... Et si je disais à maman d'en ramener ? Oh oui ! Elle pourrait même me faire des gâteaux !

Quoi que ... Maman fait jamais de gâteaux en fait. Ça fanait mon sourire.

Profitons autant que possible de ce cadeau. Je me lèche les lèvres, avant de m'adresser à nouveau au petit humain.

- Moi on m'appelle Nodoka, petit gibier. Dis, tu sais pas où il y a d'autres gâteaux ? J'aime beaucoup les gâteaux. Mais Maman en fait jamais, elle dit que c'est réservé au gibier. N'empêche qu'il y en a jamais, là où je suis. Dis, tu me montres où il y en a ? Dis dis dis ?

Je m'étais approchée de lui, le fixant de mes grands yeux à la pupille verticale.

La petite fille se retourna dans ma direction. Elle avait des yeux dorés, comme s'ils étaient fait en or. Je ne pu m'empêcher de faire un grand « WAOUUH » dans mon esprit. Elle en avait de la chance, moi j'avais des yeux violet tout moche. On dirait même qu'on avait prit un feutre et qu'on me les avait dessiné sur la figure. Mais bon, mes pensées furent bien vite coupé lorsqu'elle fit un signe de tête et qu'elle me souriait. Elle avait une rangées de dents incroyablement aiguisées. Enfin, ce n'était pas vraiment des dents mais plutôt des canines. Tout chez elle me faisait penser à un chat. J'avais entendu dire de maman que dans le coin, il y avait des gens qui faisait partit d'une sorte de clan qu'on appelait Gekei. C'était en fait des gens qui étaient moitié personne, moitié animaux. Mais j'avais toujours cru que c'était des histoires pour enfants comme elle me racontait chaque soir avant que je n'aille au lit, mais en fait, c'était vrai. J'étais un vilain garçon, il fallait que j'écoute mieux ma maman.

La petite fille me remerciait alors en me décrivant comme un petit gibier, puis des mots que je ne compris même pas. La regardant avec de grands yeux, moins timide qu'auparavant, je lui dis :

« Qu'est-ce que ça veut dire offrande et grande de ma race ? »

Bah oui, j'étais un petit garçon, je me comprenais pas tout ce qu'on me disait, mais j'étais sûr qu'elle ne comprenait rien à ce qu'elle venait de dire non plus. Mais bon, elle avait l'air de se régaler avec la gâteau que je venais de lui donner et j'étais plutôt satisfait. En même temps, c'était les meilleurs qui existaient dans le moooooonde entier, rien de plus normal qu'elle l'aimait. Elle me demanda même où est-ce qu'il y en avait d'autres car sa maman ne lui en faisait jamais. Elle insistait beaucoup pour que je lui dise, mais juste avant, elle m'avait dit qu'elle s'appelait Nodoka et elle m'avait appelé à nouveau gibier. Je lui avais dis mon prénom, alors qu'elle arrête de m'appeler gibier mais euh. Et puis d'abord, j'étais pas un gibier, j'étais un être humain. Et on ne chasse pas, c'est moi le chasseur d'abord, un grand chasseur de ver de terre qui plus est, le meilleur de tout les temps. Et un jour, je deviendrais le meilleur dresseur de ver de terre. ATTRAPEZ LES TOUS !!

« Je t'ai dit que je m'appelais Hakkyo et pas gibier, alors arrêtes de m'appeler comme ça sinon je ne te dis pas où est-ce que tu peux en avoir, nah ! »

Alors que je venais tout juste de prononcer mes paroles, j'avais vu son oreille droite bouger légèrement. Craintif, j'approchais alors calmement et doucement ma main en direction de sa tête, avant d'essayer de la gratter, comme une personne normal ferait à un chat, pour savoir ce que ça allait faire. La curiosité des enfants quoi.

Le petit humain posait des questions gênantes, après tout. Surtout parce que je ne pouvais pas y répondre sans passer pour bête, quelque chose que je refusais et que je ne tolérais pas ! Alors quand il me demande le sens de ma phrase pompeuse, j'ai froncée les sourcils. J'ai rougi, un brin. Et je me suis contentée de répliquée, la mine vexée, sur un petit ton énigmatique.

- Tu comprendras quand tu seras plus grand.

Ca pouvait paraître suffisant, mais je ne voulais pas perdre la face, surtout face à un petit gibier ! Même si c'était des gens un peu inférieurs et soumis à nous, Gekei libres et forts, ce n'était pas une raison pour les laisser penser des choses fausses sur nous. Après tout, ça a commencé chez eux, les nobles ont laissé parler les petites gens, et à la fin, même le plus insignifiant des paysans a commencé à penser qu'il avait le droit de s'exprimer d'égal à égal avec l'élite de leur société.

L'anarchie en a résultée, et les Gekei ne tolèrent pas l'anarchie. Nous sommes supérieurs aux petits humains, après tout.

Je hochais la tête pour moi-même, ce qui pouvait paraître bizarre après coup. N'empêche que le petit gibier m'interpelle, me demande de ne plus l'appeler comme ça. Je fronçais les sourcils très fort, contrariée. Pourquoi se sent-il offenser ? C'est ce qu'il est, ce n'est pas une insulte ! Je suis une Gekei moi, je ne le prends pas mal quand on m'appelle par ce terme, alors pourquoi lui l'était-il ? Puis, il me donne des ordres ! Pas bien ! Tu dois obéir, c'est Maman qui l'a dit ! J'affichais la moue.

- Petit gibier Hakkyô n'obéit pas, si Maman était là, elle t'obligerait à me montrer où sont les gâteaux ! Mais je suis une grande et gentille Gekei, si tu me dis où ils sont les gâteaux, tu auras toute ... Toute ma gratitude !

Je ne connaissais pas le sens de ce dernier mot, mais cela n'avait pas grande importance au fond. Mes oreilles avaient frétillé sur ma tête, l'impatience me prenant. Et là, il essaye ! Il essaye de les toucher ! Je recule rapidement, un peu choquée par son impertinence ! Un gibier qui me touche, sans que je l'y autorise ? Maman approuverait pas, c'est sûr ! C'est pour ça que je montre les crocs, me met à gronder, devenant tout à coup aussi menaçante qu'un chaton en colère.

- Pas touche ! Tu touches, je mords !

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