Remit de ses blessures, Natsuki était à nouveau envoyé sur les différents fronts, en fonction des besoins. Pour cette fois-ci, c'était au Pays des Rivières que ses compétences étaient requises. Il avait rejoint à peine plus tôt dans la journée la petite troupe en faction dans la nation qui assurerait l'avant-garde. L'on s'attendait à chaque instant à une invasion de la part du Pays de Vent, comme l'on en attendait de partout depuis le début des hostilités. Le Pays du Feu avait la chance de n'être limitrophe à aucun de ses adversaires, que ce soit pour le pays même, ou pour les annexions de guerre de chacun. La seule exception restait Taki no Kuni pour le moment, et placée sous très étroite surveillance au niveau des frontières. La menace ne sera probablement pas éternelle par contre. Pour ce que Natsuki en avait entendu, des conflits internes et rébellions commençaient à éclater ici et là, ce qui occupera peut-être l'attention du Pays de l'Eau pendant un temps. Une nation qui se lançait dans une guerre alors qu'elle n'était même pas capable de gérer correctement ses conquêtes... A vrai dire, l'héritier Nara s'en fichait un peu : tout ce qui était bon à prendre comme avantage pour son camp ne se refusait pas. Son camp... Ce terme ne manquait jamais vraiment de le lasser. Tous les shinobis étaient des Hommes avant le début du conflit, de simples être de chair dont l'on ne s'intéressait que lorsqu'une mission du Village l'exigeait. Avec la guerre, chacun était entré dans une case que l'on détestait farouchement pour ce simple fait, alors que la plupart n'avait même rien demandé : ils étaient simplement nés là-bas, et suivaient les ordres d'en haut. Tant de morts pour un simple désir d'indépendance d'une petite nation. Il y avait là les braises d'un affrontement que les dirigeants des forces militaires de Suna ne se privèrent pas d'asperger d'huile. Forcément très mal vu par les Instances de Kumo, ils ne tardèrent pas à en venir aux mains en guise de répression. Konoha étant l'allié de l'un, et par la force des choses, Kiri associé à l'autre, le conflit se généralisa en très peu de temps. Ce que les alliances auraient dû permettre d'éviter furent les causes des affrontements un peu partout dans le monde. Quelle ironie...

Toutes ces questions, ces constats et ces idées n'avaient cependant plus d'importance dans l'heure actuelle pour Natsuki. Maintenant qu'il était en mission, une seule chose comptait : la mener à bien. Habitué au rôle de l'éclaireur, il a été envoyé en avant pour patrouiller, et détecter d'éventuelles avancées ennemis. Mais plutôt que des contingents armés, lesdites avancées prenaient plus souvent la forme de quelques veneurs chargés de repérer les lieux, et quantifier les forces ennemies en place. Autrement dit, exactement la même tâche que celle qu'effectuait Natsuki actuellement. Il était donc inutile de préciser que bien souvent, le premier sang de la bataille était versé par les shinobis envoyés en reconnaissance contre d'autres ninjas éclaireurs eux-aussi. Et c'était celui qui le répandait qui offrait l'avantage à son camp : l'autre armée n'avait alors plus jamais de nouvelle de son unité perdu.

Jusqu'à présent, Natsuki s'était toujours débrouillé pour rentrer avec les informations en évitant la plupart des combats. Mais lorsque c'était nécessaire, il n'hésitait pas non plus à frapper. Pour le moment, il évoluait non loin d'une large rivière, l'une des nombreuses qui étaient à l'origine du nom de la nation dans laquelle il se trouvait. Profitant de la zone boisée qui la bordait, il évoluait à couvert parmi les arbres, s'arrêtant assez régulièrement pour être à l'écoute des environs, repérer des traces de passages d'origine humaine, ou détecter d'éventuels pièges – alliés ou ennemis. La tenue sombre qu'il portait lui garantissait un bon degré de camouflage, et couvrait la quasi-totalité de son corps. Seuls ses yeux étaient visibles grâce à la fente de sa cagoule qui complétait son ensemble. Il n'arborait comme d'habitude aucun signe d'appartenance à aucune nation ni clan. La paires de tonfas attachée dans le dos de son gilet tactique de combat à poches multiples était la seule chose qui le différenciait du reste de son équipe, une troupe de soldats anonymes qui n'avaient pas besoin de visage pour faire leur travail.

Lors de l'un de ses arrêts prolongés, Natsuki sentit que quelque chose n'allait pas. Son expérience du combat avait affuté au fil des années son instinct, auquel il avait souvent dû sa survie – il ne discutait donc plus ce que ce dernier pouvait bien lui dire. Il se dissimula alors au plus près d'un arbre, et redoubla d'attention.

Je n'avais pas encore pus retourner à Suna, je n'avais encore pus revoir ma précieuse élève, et mine de rien; elle me manquait. J'étais envoyé un jour à Yu, un autre dans pays un peu plus au nord et aujourd'hui ici, à Kawa no Kuni. La guerre n'était pas une chose évidente et demandait énormément de temps. Assez paradoxal dit comme ça non ? Mais pour moi ce n'était que la réalité, une perte de temps, oui... du temps gaspillé à me battre alors que j'avais beaucoup d'autres choses à faire. Plus le temps passait, plus je doutais du bien fondé de cet affrontement.

J'avais bien repensé aux paroles du ninja de Kumo, ce gamin désinvolte se croyant tout puissant, jusqu'à insulter un homme qui aurait put l'éliminer en un battement de cil.. mais n'empêchait que... voilà, Rei était un intriguant, et qu'il manipulait vraisemblablement son monde, oui ça devait être ça. Néanmoins, pour le moment; je respectais les ordres transmis par volatile voyageur. Contrôler Kawa, et si possible éliminer toutes menaces se dressant sur ma route. Bien entendu, je n'en ferai rien; j'étais assez expérimentée pour éviter la route des dîtes menaces; du moins jusqu'à Kawa... Une guerre inutile donc, oui je la jugeais de plus en plus comme telle. Raaah je ne pouvais même pas profiter du beau temps de cet automne... quel malheur, entre ça et l'autre Kirijin qui détruisit l'un des plus précieux nectars à mes yeux... j'étais servie. Enfin.

La route jusqu'à ces terres libres fut longue, car je ne courrais pas, je ne sautais pas d'arbre d'en arbre; je me déplaçais normalement, et même plutôt lentement. Mais j'y arrivai quand même. Selon les rapports transmis par des observateurs de Kiri, des ninjas de la faction opposée avait été aperçue, pourquoi dans ce pays ? Il était libre, sans domination d'un quelconque village, alors que faisait il là ? En plus, passer par ce pays faisait perdre un temps considérable aux armées du vent qui désiraient se rendre soit à Kumo soit à Konoha. Oui, pour le coup, je ne comprenais pas l'intérêt de la manœuvre. On aurait pus dire qu'ils venaient contrôler que nous ne tentions pas d'asservir cette petite nation, mais; non, ce n'était pas le genre de la maison du désert, bien au contraire et ce malgré l'apparent dérangement mental, ou je ne sais quoi de notre chef militaire.

Bref. J'avançais donc en terrain inconnu. Enfin, pas si inconnu que ça, j'avais déjà emprunté ces sentiers de traverses, et donc la troupe que je devais trouver ne devait pas être bien loin. Seule contre une troupe... ça devait encore être une blague, que croyaient ils à Suna, que j'étais invincible, ou surpuissante ? Non, non; j'étais et restais une humaine qui atteindrait tôt ou tard une limite fatidique, laquelle une fois franchie serait on ne peut plus fatal. Je m'arrêtai alors, mes sens étaient en alerte, mes capacité à ressentir, à écouter, percevoir me dirent de prendre garde, ce que je fis.

D'un pas toujours aussi lent mais ô combien assuré, j'avançais inexorablement. Ce fut là que je les vis. Je pris de la hauteur, plus silencieuse que jamais, et observai. Un petit groupe d'individus sans signes distinctifs, ils auraient put être des civils, des ennemis ou même des alliés un peu négligents. Je ne pouvais me permettre d'attaquer ainsi, à l'aveuglette. Je ne bénéficierai pas de l'effet de surprise cette fois-ci non plus. Je descendis de l'arbre, les feuilles bruissèrent. Je les interpelai.

"Hey vous, que faites vous là ?"
"Oh nous sommes d'humbles marchands, et vous même ?"
"Des marchands... Je voyage, c'est tout."
"Bien voyageuse, faites bonne route, et soyez prudente."

Hum, les marchands de cette région, c'étaient les mêmes que ceux du pays du vent, toujours prévenant avec les étrangers. Je n'avais aucun doute quant à leur identité. Je n'avais ressenti chez eux aucunes traces d'un chakra offensif, et dans leurs paroles aucunes vibrations, aucun changement de fréquence, pas la moindre hésitation. Je passai donc mon chemin, marchant de nouveau pour une demi-heure au moins. Jusqu'à ce que je tombe sur autre chose, cette fois-ci bien différente de quelques marchants.

Jusqu'ici je pouvais entendre les oiseaux chanter, mais lorsque j'approchai de cette zone, plus rien, le silence. Etrange. Aux premiers abords ça l'était. Je m'arrêtai, j'observai. Je soupirai longuement. Les animaux, leurs bruits, ils ne trahissaient que la paix, et le calme; et lorsqu'ils se taisent... vive les sens féminins. Je levai une main, prête à purger cette zone de toute vie, puis finalement, me ravisai. Préférant, aussi étrangement; le dialogue à l'acte prématuré. J'éclairci ma voix, et laissai s'envoler quelques mots. Peut-être parlais-je toute seule, peut être pas... ça seul l'instant suivant me le dirait.

"Hum... Je sais que quelqu'un m'observe. Sors, ou... sortez de votre planque... Qu'on cause."

Son attente ne fut pas longue, et justifiée. Il ne s'écoula que quelques dizaines de secondes avant qu'une femme n'arrive à porté de vue sur la route. Et selon toute vraisemblance, c'était une ninja portant les couleurs du Pays du Vent. En toute logique, la procédure à appliquer en temps de guerre était soit d'éviter l'affrontement et de rapporter qu'une éclaireur ennemie était en marche, soit de fondre sur elle et de l'éliminer avant même qu'elle n'ai pu réagir. Le second cas restait bien sûr utopique, car les shinobis que l'on envoyait pour ouvrir la route au reste de l'armée étaient en général suffisamment talentueux et expérimentés pour survivre à des embuscades sans trop de séquelles. Pourtant, la situation était assez inhabituelle pour prévenir tout mouvement chez l'héritier Nara. En effet, les éclaireurs avaient pour habitudes – ou du moins s'ils désiraient vivre assez vieux pour être capable de revenir sur leurs pas – de se déplacer de façon dissimulée plutôt qu'à découvert, le but de leur rôle étant de repérer les forces ennemis avant qu'elles ne les repèrent. En se révélant ainsi, la Sunajin était ou inconsciente du danger, ou trop sûre d'elle, ou elle n'avait de raison de se cacher. Une quatrième option, celle d'un clone chargé de servir de leurre pendant que le reste de l'escadron attendait derrière, n'était pas non plus à écarter...

Un air de déjà vu traversa l'esprit de Natsuki. Cela remontait à quand déjà ? Il était là, dissimulé et les sens en alerte dû à un pressentiment, et voilà que la personne dont il surveillait l'arrivée se sentait observée, au point d'exiger que son admirateur secret se dévoile... De quoi remettre en question ses capacités pour se camoufler. Il y reviendra plus tard pourtant, car dans l'instant, il avait mieux à penser : il devait agir. La question était donc : pour faire quoi ? Attaquer n'était pas en tête de sa liste d'option, pas dans ces conditions en tout cas. Même s'il vivait actuellement dans une période de conflit global, il n'oubliait pas qu'à tout moment une opportunité de paix pouvait surgir. Le Hokage agissait dans ce sens en tout cas, et c'était ce que souhaitait à Konoha dans sa grande majorité. Était-ce là le résultat de l'un de ses tentatives ? Autant essayer, il ne risquait au pire que de perdre une partie de l'avantage que procurait la surprise, ou ce qu'il en restait. Mais pas question d'y plonger tête la première sans couverture. Composant une succession rapide de mudra avec ses mains, il créa aussi discrètement qu'il était possible de le faire un clone à son image, tenue et cagoule comprises. Ce dernier partageant les connaissances de son créateur, il savait déjà de quoi retournait la situation, et ce qui était attendu de lui. Il quitta alors sa position embusquée au pas de course, et se présenta sur la route même, à quelques mètres en face de la jeune femme. Un court laps de temps que Natsuki mit à contribution pour changer furtivement de position, et profiter d'un meilleur angle de vue sur la conversation qui allait se dérouler en contrebas.

En position bien droite, le clone resta immobile un pied légèrement devant l'autre. Mais bien que tranquille en apparence avec les bras croisés sous la poitrine, le poids porté sur la jambe droite et la flexion minime dans les genoux lui permettaient de réagir rapidement en cas de nécessité. Il avait beau n'être qu'une copie, une pile chargée en chakra pour vivre une existence éphémère, il devait demeurer le plus longtemps possible. Silencieux d'abord, il passa de longues secondes à observer plus en détails la Sunajin, en quête de toutes les informations qu'il pouvait récolter.

« Vous avez demandé à '' causer '', me voici donc face à vous, en terrain neutre. » annonça le clone d'une voix neutre. « Bien que je ne sois pas plus en droit ou interdit que vous d'être ici, je me dois de vous demander d'accéder d'abord à mes propres questions, à commencer par décliner la raison de votre marche vers la frontière du Pays du Feu. Le cas échéant, je vous prierai de rebrousser chemin sans qu'aucun de nous deux n'ait besoin de recourir à la force pour faire valoir son opinion. »

La guerre avait beau révéler la pire facette des Hommes, et transformer les humains en monstres, elle n'empêchait pas de rester aussi courtois et respectueux que la situation l'autorisait, et tant qu'elle le permettait. De rester dans les politesses ou de plonger dans le sang, cela dépendait donc de l'autre.

Spoiler:

"Rebrousser chemin ? Non, je ne compte pas retourner à Taki no Kuni, ça fait un peu loin pour aujourd'hui. Mais, toi même; que fais tu ici ? Ce territoire n'est pas revendiqué, il ne risque rien venant de Suna ou Kiri... A moins que tu ne sois ni un Kumojin, ni un Konohajin ? Ah, non; ne t'inquiète pas, je ne compte ni me battre, ni m'enfuir; qui que tu sois, sauf si tu le souhaites."

"Je suis Nogori Sonoshee, de Suna. A la base, je suis ici pour vous éliminer, ni plus ni moins... Cependant, plus cette guerre avance, moins j'en comprends les raisons, je veux dire, les vrais raisons. Parce que jusqu'à y a pas si longtemps... nous étions en paix non ? Je n'aime pas me battre pour des raisons... fallacieuses. Hum... et toi, qui es tu ? Histoire que je sache si... enfin, tu vois."

Le clone écouta d'une oreille très attentive les propos de son interlocutrice, et les étudia avec la même logique son créateur. Puis il pesa ses propres réponses, évaluant ce qui pouvait être dit, et ce qui ne le devait pas. Les raisons de sa présence dans la nation de Kawa par exemple, ne relevaient pas beaucoup du secret militaire.

« Ce territoire est peut-être neutre, mais sa terre et ses frontières sont les seuls éléments qui séparent nos nation respectives. Et à ce titre, il a été jugé préférable pour le Pays du Feu qu'il soit surveillé de près afin de prévenir tous déplacements de forces ennemies en direction de la frontière. »

Une stratégie si basique qui ne nécessitait même plus que l'on l'explique tant elle coulait de source, mais au moins elle justifiait la présence sur cette terre du shinobi masqué aux yeux de la Sunajin. Une preuve aussi qu'il n'avait rien de particulier contre elle, outre les enjeux de la guerre et de ce qu'elle impliquait pour être gagnée. La kunoïchi ne semblait pas désireuse d'en venir aux mains, pas plus que de faire demi-tour, ce qui les amena à un point mort dans les options. Heureusement, le dialogue était toujours de mise pour trouver un dénouement à cette rencontre entre les deux membres de nations ennemies. Rien qui ne poussait cependant Natsuki à relâcher sa garde pour le moment.

Le nom de Sonoshee Nogori ne lui évoqua pas grand chose, du moins si c'était là sa vraie identité. Il n'avait en effet que sa bonne parole pour la croire, et faute de mieux, il s'en contentera : la mettre en doute ne l'avançait à pas grand chose pour ce genre d'informations. Qui plus est, elle donnait l'impression d'être sincère, surtout pour le passage où elle lui expliquait la raison initiale de sa venue. Que faire d'elle ou avec elle du coup, maintenant qu'elle exprimait le doute sur le sens du combat qu'elle menait au sein de cette guerre ? Quelque part, cela rassura Natsuki : il n'était pas le seul à se poser des questions, ni à ne pas trouver de réponses. Intéressant...

« Je m'appelle Natsuki. Membre des forces militaires de Konoha. » précisa-t-il ensuite plus par politesse et respect à Sonoshee qui avait fait de même que par nécessité. « Et en ce qui me concerne, la guerre est la plus mauvaise des raisons pour prendre les armes. A quoi cela rime, de tuer aveuglément les shinobis des autres nations pour la seule raison que les dirigeants de ces dernières se sont brouillés ? »

Sur le papier, la guerre était similaire à ce qu'un ninja vivait au quotidien. Lui aussi était amené à faucher la vie des autres dans ses missions, mais il y avait pourtant une différence : pour les assignations, l'on était libre de les choisir ou non, et l'on savait dans quoi l'on se lançait ou ce que l'on risquait, tout comme les adversaires contre qui il y allait avoir conflit d'intérêt. Lors des conflits globaux par contre, c'était tout autre chose. L'ennemi ne l'était que parce qu'il avait eu le malheur de naître dans une nation opposée. Tout shinobi portant les couleurs d'un pays que les dirigeants avaient désigné comme ennemi devait alors être tué, qu'il soit impliqué ou non. Enfin, dire qu'il y avait des ninjas non impliqués dans une guerre relevait de l'invraisemblable : bien souvent, leur avis n'était pas demandé. L'on se retrouvait avec des combattants qui ne savaient même pas pour quelles raisons ils se battaient, et qui tuaient sur le front des individus se posant les mêmes questions qu'eux. A cela s'ajoutaient les populations civils qui bien trop souvent subissaient le contre-coup des hostilités, et toutes les autres calamités encore que la seule guerre savait apporter. La liste était longue, mais suffisamment présente dans les esprits des plus sages pour qu'il soit utile de la détailler.

« Oui, nous étions en paix jadis. Jusqu'à ce que votre Kazekage décide de mener une campagne pour rendre l'indépendance à toutes les nations annexées par les plus grands pays. Le Pays de la Foudre s'y étant fermement opposé, le début du conflit a éclaté, et chaque camp a appelé son '' grand frère '' en renfort, histoire d'avoir une guerre totale entre tous les Villages Cachés. Du moins, c'est sur ce motif que l'on nous a envoyé au front. Les alliances qui devaient servirent de dissuasion à la guerre sont finalement devenues la raison de sa généralisation. Ironique, n'est-ce pas ? Surtout que je ne vois pas l'intérêt de vouloir rendre l'indépendance à une nation qui a choisit d'elle-même de se joindre à un autre pays pour profiter de tous les avantages qui en découlent. Juste imposer l'indépendance à chacun... un peu léger comme motif pour se lancer dans le plus beau fléau que l'Homme a su créer dans sa soif de pouvoir, non ? A croire qu'il y a quelque chose d'autre encore derrière tout cela. »

Le clone n'en ajouta pas plus, et replongea dans le silence. C'était bien beau de discuter du sens de la guerre et de la vie avec un ennemi, mais cela ne l'avançait pas à grand chose dans la situation présente. Sonoshee était là pour en découdre, du moins, c'était apparemment sur ce prétendu motif qu'elle avait été envoyée à Kawa no Kuni. Car désormais, elle doutait du sens de de son combat. Mais que cherchait-elle ici du coup ? Parfois, le meilleur moyen d'obtenir des réponses était de poser les bonnes questions :

« Vous me dîtes que la guerre perd de son sens pour vous, et que vous n'aimez pas vous battre pour des raisons qui vous laisse dubitatives. Pourtant, vous n'êtes pas sans savoir que c'est au devant des conflits que vous allez en continuant de marcher sans but en direction de la frontière du Pays du Feu avec les couleurs de Suna. A commencer par moi, si je n'ai pas de raison de vous laisser poursuivre. Donc si ce n'est pas du sang à verser, ni un message que vous devez transporter dans notre Patrie, que cherchez-vous ou qu'espérez-vous trouver en marchant à découvert vers le Pays du Feu ? »

Les bases étaient posées. Sonoshee n'était – en apparence – pas venue pour se battre, mais restait prête à le faire si Natsuki l'y contraignait. L'héritier Nara quant à lui, ne considérait pas comme unique option viable le combat en guise de dénouement à cette rencontre, pas après que son interlocutrice se soit montrée ainsi à découvert. Pour autant, il avait aussi très clairement expliqué que dans le contexte actuel, elle restait une ennemie, et qu'en l'absence d'un motif justifiant sa marche vers Konoha, il ne pouvait pas la laisser poursuivre sa route.

Le dialogue restait encore ouvert pour le moment.

"Des forces militaires de Konoha ?"

Je le regardais, sans sourciller. Je devais lui parler de ce que je faisais ici, ne rien cacher, puisque je n'avais jamais rien eus à dissimuler. Konoha, s'il était du village du feu alors peut être pourrait il tendre l'oreille et comprendre ce que je disais. Nous étions peut être devant le premier pas d'une route parsemée d'embuches que nous pourrions parcourir non pas face à face mais... Je lui souris bêtement, comme je le fais dans ces situations relevant de l'étrange ou de l'absurde, oui car dans d'autres circonstances nous serions entrain de nous battre, déjà. Les Konohajin ne m'inspiraient rien, que ce soit de l'animosité, de la haine ou de la sympathie. Et celui ci ne dérogeait pas à ce sentiment. Oui, je devais vraiment lui expliquer car je n'étais pas là pour me battre, pour chercher les noises ou accomplir une quelconque mission. En fait le mieux était de ne pas passer par quatre chemins, comme on dit.

"Ok, je viens bien de Suna, mais pas pour me battre. Je sortis un rouleau de ma sacoche latérale, fis un signe, et lui envoyai le rouleau. Ce n'est pas un piège, c'est une preuve en quelques sortes. Je dois me rendre au nord du pays du feu afin d'y trouver quelqu'un, et me je me rendrai à Konoha par la suite."

Le fameux rouleaux que je venais de desceller comportait tous les échanges effectués avec le Hokage ces derniers mois. Le dernier était le plus intéressant, dans lequel je lui faisais part de mes craintes quant à Kyoshi Rei, un message montrant quelque part ma trahison et surtout ma volonté à ne pas me battre, du moins pas contre les gens de Konoha.

"Je dois beaucoup à Kioshi Rei, mais je ne comprends pas ses motivations, comme je le disais. Il semble manipuler Suna dans son intégralité, j'ai l'impression d'être la seule à ne pas vouloir de cette guerre, alors que mon rôle principal... c'est de guerroyer et d'éliminer mes adversaires le plus rapidement possible. Myakudou On' m'a demandé de faire des choix, et j'en ai fait un qui est de me battre pour une cause plus juste, et pas uniquement pour l'argent."

Oui, car j'étais ce qu'on appelle une mercenaire, d'habitude j'allais aider le plus offrant, et Rei en me permettant d'entrer dans Suna fut le plus généreux, pour moi et ma famille, les Ketsueki. Cependant je trouvais son attitude de plus en plus étrange, et les raisons de cette guerre complètement infondées, tout au moins maintenant, au début j'obéissais simplement, mais maintenant.. J'ouvrais les yeux. C'était étonnant de se rendre compte, avec le temps; qu'arpenter un autre monde pouvait à ce point changer une mentalité. Je ne me battais pas la justice en général, mais je n'aimais pas servir les crapules, certes je ne comprenais pas le plan de Kazekage, mais une chose était sûre : il n'avait rien de prolifique.

"J'ai comme un rôle à jouer, un rôle différent de celui de Sonoshee."

Spoiler:

Le clone, animé des mêmes réflexes que son créateur, porta immédiatement sa main à l'un de ses tonfas rangés dans son dos au moment où Sonoshee plongea la sienne dans sa sacoche latérale. Prêt à bondir, il ne ravisa son geste qu'après avoir réceptionné le rouleau de parchemin de sa paume libre. Il n'était pas réel, aussi il ne craignait pas vraiment un éventuel piège dissimulé à l'intérieur. Au pire il l'activera, et retourna simplement à l'état de fumée pendant que les hostilités commenceront. Mais elles ne débutèrent jamais. Le rouleau contenait effectivement du courrier, une correspondance entre la jeune femme et Onpu, que le clone parcourra des yeux en diagonal. Si Natsuki n'en su rien immédiatement, son double lui, tilta immédiatement. Le Luthier lui avait effectivement parlé à une unique occasion d'une série de lettres qu'il échangeait avec une jeune femme à Suna. Il n'était pas entré dans les détails, principalement parce que cela ne regardait pas l'héritier Nara, mais il lui avait fait part qu'il n'était pas le seul à trouver le point de départ des hostilités absurde. Cela ne pouvait être donc qu'elle, le clone en était sûr maintenant. L'écriture ressemblait effectivement à celle de son Hokage, mais copier celle de quelqu'un n'était pas si difficile. Ce qui lui révéla l'authenticité de ces lettres fut plutôt le style d'écriture, la manière de tourner les phrases. On' avait une façon toute particulière de s'exprimer, et son comportement même se ressentait au travers du choix de ses mots et de leur formulation. Il n'y avait aucun doute là-dessus. Il enroula d'un geste rapide le parchemin sans consulter les sceaux – il avait déjà trouvé ce qu'il voulait savoir – puis le relança à son expéditeur.

Ainsi Sonoshee s'apprêtait-elle à trahir son pays parce que celui-ci avait cherché – et réussit – à déclencher le début d'un conflit de grande envergure. Les valeurs de sa patrie pour lesquelles elle s'était battue ne correspondaient plus aux siennes désormais. Un grand manque de patriotisme au yeux de certains, ou une impressionnante marque de courage pour d'autres. A moins que l'attachement de la jeune femme au Pays du Vent ne dépendait que de ce que le Kazekage avait fait pour elle ? Dans tous les cas, Natsuki se demanda si lui aussi aurait eu autant de volonté, et tourné le dos aux siens s'il s'était sentit '' dans le camp des méchants ''. La question n'avait pas d'importance pour le moment.

« J'entends ce que vous me dites, et je crois en la véracité de vos propos. » lâcha finalement le clone après un instant de réflexion. « Néanmoins, si c'est mon cas, ce ne sera pas forcément celui de tous ici. Tout le monde devient nerveux à cause de la guerre, et je doute que vous puissiez traverser la frontière et vous déplacer librement dans le Pays du Feu sans qu'un accrochage ne finisse par arriver. Je pense d'ailleurs que vous comprenez aisément que je ne peux pas non plus vous laisser voyager à votre gré au-delà de Kawa no Kuni. »

Décroisant les bras, le clone porta ses mains à ses hanches, dans une position moins défensive.

« Cela dit, si vos affaires vous amènent effectivement au Village Caché de la Feuille, je ne vois pas d'inconvénient à vous y conduire d'abord. »

Surveiller était un terme plus adéquat à la situation, mais dans le cas présent, Natsuki faisait aussi office d'assurance vie... à tous. Car si Sonoshee continuait de se déplacer de la sorte pour se rendre dans le Pays du Feu, elle se fera continuellement aborder par les shinobis de Konoha, et tôt ou tard, une rencontre finira par mal se passer. Et il en suffisait d'une seule pour que d'émissaire de la paix elle passe à '' recherchée activement. '' Elle savait sans doute se défendre, il était donc à parier qu'aucun des camps ne puisse espérer s'en sortir indemne quand un combat éclatera. L'héritier Nara, lui, ne pouvait réellement se permettre de se faire balader dans le nord du pays. Peu importe sous quel angle l'on observait la situation, le mieux était que Sonoshee se rende d'abord à Konoha en compagnie de Natsuki, où elle pourra rencontrer le Hokage selon son souhait.

« Ceci est le mieux que je puisse vous proposer en l'état actuelle des choses, aussi j'ai grand espoir que la personne que vous désirez rencontrer au nord du Pays du Feu puisse attendre quelques jours encore avant de vous rencontrer. Cet arrangement vous convient-il ? »

Il ne demanda pas d'autre contre-partie. Pas d'entrave, pas de dépouillement de la jeune femme, rien. Il lui accordait autant de confiance qu'Onpu avait su lui en donner, non pas parce que ce dernier était son Hokage, mais parce qu'il respectait sincèrement cet homme : il s'en remettait à son jugement.

Si Sonoshee acceptait son offre, il était prêt pour lui ouvrir la voie et partir avec elle.

Comme je comprenais son point de vue.. Il ne pouvait pleinement faire confiance à un ninja du camp adverse sous prétexte de quelques paroles paraissant intelligentes. Et pourtant je ne souhaitais rien de plus que cela, agir pour une fois de façon intelligente. Néanmoins, j'avais encore des directives à accomplir, des ordres clairs que je voulais exécuter. Me battre avec des Kumojin était une chose qui me réjouissait par avance. M'emplissant d'un bonheur que nul autre ne pouvait connaître dans pareille situation, se battre. J'avais comme quelque chose à régler, alors ceci, cette mission spéciale était le parfait alibi. Mes yeux restaient posés sur le ninja de Konoha, je ne sourcillais pas. J'attendis quelques secondes, réfléchissant à la proposition du Konohajin qui ne m'arrangeait pas vraiment. Je ne pouvais me permettre de me rendre à Konoha, pas maintenant. Et je m'étais mis en tête de n'agresser aucun ninja de Konoha, que ce soit verbalement ou physiquement. Cependant, une chose que je ne pouvais retenir : mes soupirs.

"Et bien, Natsuki de Konoha, votre offre aurait été dans d'autres circonstances, la bienvenue. Mais je dois vraiment me rendre au nord de votre pays avant de me présenter aux portes de votre village. Aussi, dans un souci de préservation de cette... cordialité; je préfère rebrousser chemin, et trouver une autre... alternative. Ensuite, et seulement ensuite; je reprendrai cette route. Je dois accomplir une dernière chose, plus pour moi même que pour Suna, et je n'escompte aucune aide dans cette tâche. J'espère que tu comprends ce que je dis."

Je ne voyais pas d'autres solutions à mon problème qui en soi n'en était pas un. Je n'allais pas persister à continuer sur cette voie et provoquer le ninja de la feuille. Je me doutais qu'il tenait des ordres précis : empêcher l'ennemi d'avance. J'espérais seulement qu'il ne me considère en cet instant comme tel. Je ne voulais pas non plus venter mes macabres exploits auprès de ce shinobi, qui dans d'autres circonstances, toujours, serait peut être déjà entrain de gésir dans une marre de son propre sang. Mais il n'en était rien et nous n'en étions pas encore là, à cette extrême. Plus tard, peut être en rigolerions nous, qui sait. Mais pour l'heure, j'avais à faire. Je lui fis alors signe de la main, et repartis sur mes pas, je me dirigerais vers la frontière d'où je venais et emprunterait le territoire de la pluie, le berceau de mon enfance; le lieu que je connaissais le mieux au monde, à n'en pad douter. D'ici il pourrait toujours m'attaquer, m'empêcher de faire ce que je voulais, de me provoquer en duel... Et comme on dit : faut pas pousser mémé dans les orties.

Tout en marchant, tranquillement, je croisais les mains derrière ma tête montrant par la même occasion ma décontraction et par ailleurs le fait que je ne craignais pas une entourloupe de sa part, que je lui faisais en quelques sortes confiance. Ma confiance était propablement l'une des dix choses les plus compliquées à obtenir dans notre monde, et encore; là elle ne l'était que partiellement...

Avant même que Sonoshee n'ouvre la bouche, il savait déjà que l'arrangement qu'il proposait ne lui convenait pas. Il suffisait de la regarder, et de l'entendre soupirer. Il redoutait déjà que cela ne les mène à un nouveau cul de sac, le dernier avant les hostilités cette fois-ci. Les paroles de la Sunajin se chargèrent de confirmer les craintes de la première partie. La suite heureusement passa mieux, et conclu sur le retrait de la jeune femme du territoire – ou plus exactement, sa non-pénétration sur le sol du Pays du Feu. Néanmoins, elle avait clairement expliqué son intention de traverser la frontière pour y accomplir ce qu'elle devait faire au nord de la nation. Peu importe quelle était l'alternative qu'elle avait en tête, cela soulevait un problème éthique chez le shinobi de la Feuille. Sa mission était d'empêcher tout ninja non allié de réussir une percée dans les défenses du territoire qu'il gardait. Or là, même si Sonoshee avait renoncé à poursuivre sa route, elle avait annoncé qu'elle s'y prendra simplement autrement, et ailleurs. La logique de guerre aurait donc voulu qu'il neutralise la '' menace '' immédiatement – même si cette même logique aurait dû le pousser à attaquer à vu -, plutôt que de la laisser partir, mais il ne pouvait pas s'y résoudre.

Si Onpu avait accordé sa confiance à la Sunajin, alors Natsuki aussi le pouvait. Elle avait joué carte sur table contre lui, et jusqu'au bout. Il avait très bien comprit que même s'il avait pu l'accompagner au nord du Pays du Feu, elle n'aurait pas voulu. Elle avait quelque chose à y faire seule, quoi que cela puisse être, et était prête à prendre bien des risques pour l'accomplir, à commencer par entrer en plein cœur d'un territoire ennemi en solitaire. Elle ne pourra compter que sur elle-même, car si elle se faisait intercepter par d'autres Konohajins, rien ne garantissait que cela se passera aussi bien que maintenant - autant pour elle-même que pour les natifs du Pays du Feu. Bien entendu, le Nara aussi s'exposait à des risques : en faisant le choix de la laisser repartir, il acceptait d'assumer toutes les conséquences qui découleront de cette décision. Certaines seront peut-être sans incidences, d'autres pourront donner un tout autre tournant à cette guerre.

« Oui. » se contenta alors de répondre le clone.

Il n'y avait rien de plus à ajouter, pas d'argumentaire supplémentaire à tenir. Sonoshee repartait par le même chemin qu'elle était venue, l'on n'attendait pas plus de la part de Natsuki. Devra-t-il prétendre que cet entretien n'avait jamais eu lieu ? Pour le moment, probablement. La vision de dos de la jeune femme s'éloignant lui apporta un certain réconfort cependant. Elle rentrait chez elle sur ses jambes et lui tenait encore sur les siennes malgré qu'ils étaient '' ennemis ''. Là était pour lui une preuve que la guerre n'avait pas encore changé tous les shinobis en loups pour les shinobi. Et que lui-même n'était pas devenu un monstre. Pas encore...

Le clone finit par se dissiper de lui-même une fois Sonoshee hors de vue, sa tâche étant terminée. Il déchargea dans la mémoire de son créateur tous les tenants et aboutissants de la discussion qui venait d'avoir lieu – les détails que Natsuki n'avait pas pu lire ou entendre, ou même vivre en tant que tel. Le Nara assimila la totalité en un instant, prit une bonne minute pour procéder au tri de tout cela et repeser ses choix, puis se remit en route : sa patrouille n'était pas terminée.

Son rôle à jouer dans cette guerre stupide non plus.