Nous avions donc quitté le petit village. Le ciel été dégagé, le soleil brillait; une belle journée en somme. La forêt était déjà en vue, à quelques lieux d'ici. Une courte marche, bercée par quelques brises et une douce chaleur; nous y mena. Aucunes surprises ici, personne ne s'aventurait par là, les gens craignaient ces bois. Des histoires racontaient que, lorsqu'on s'y aventurait sans y être invité, on n'en ressortait pas; certaines variantes décrivaient un labyrinthe végétal, d'autres qu'ils renfermaient des êtres malfaisants se nourrissant de chair humaine. Avais-je l'air d'une créature issue du mal ? Je n'en avais pas l'impression! Enfin. Nous fîmes à l'orée de la forêt. Nous y entrâmes. Elle était comme dans mes souvenirs, magnifiques, emplie de vie. Je me souvenais vraiment de tout les moments passés à jouer ici, avec les jeunes de notre communauté. C'est ici même que Tsuna fit sauvé d'un "Uchiwa"... Une époque révolue. Une demie heure, peut être un peu plus et nous arrivâmes devant les immenses portes du temple. Je posai la main dessus, elles s'ouvrirent comme par enchantement; non, ce n'était qu'un fuinjutsu. Leur ouverture dévoila une gigantesque bâtisse de bois et de pierre, ternis par le temps et l'inoccupation. Un grand jardin laissé à l'abandon, des cerisiers... un vaste domaine entourant le "Temple", l'ensemble entouré par de hautes murailles.

"Nous sommes au cœur de la forêt... Même Kenji n'a jamais vu ce lieu. Cela fait... quelques années que je n'ai pas mis les pieds ici. Suis moi."

Je montais les marches grisâtres, elles menaient à une nouvelle porte massive taillée dans un bois rougeâtre et ornementée de motif, comme des armoiries; je ne voulais pas m'étendre sur le sujet, cet endroit était comme un musée, on aurait pu passer des heures à en parler, du moins, j'aurais pus. Ma maison, comme je la nommais, étais magnifique, bien que vide. Ce n'était pas une merveille de ce monde, c'était ma merveille; l'héritage d'une famille éteinte. À l'intérieur, il faisait froid. Ce bâtiment n'avait jamais eu besoin de feu pour être réchauffé, notre présence lui suffisait, nos dons héréditaires, nos capacités tant convoitée par les yeux rouges... Enfin. Chacun de nos pas résonnaient dans le hall. Une multitude d'escaliers menaient aux étages supérieurs, je fis un signe de la main, montrant celui de droite. Il était couverte de poussière, son bois s'était craquelé par endroit, mais nous avions la chance que ses marches soient eux aussi de pierre; la pierre... Rien ne dure plus longtemps, pas même les shinobi. Nous gravîmes les quelques trente dalles de roc, et fûmes au premier étage. D'ici on pouvait voir le hall, nous nous trouvions sur un balcon rectangulaire cerclant l'entrée, et sur le pourtour de ce balcon, des murs couverts de panneau de bois et de papier blanc. Les chambres.

"Ma chambre est par là, ici; je vivais avec... lui, donc normalement... ce doit toujours être là."

Je fis quelques pas, et arrivai face au panneau le plus éloigné, je le tirai. Ma chambre. Un frisson parcourut mes chaires, c'était si... étrange de revenir ici, presque douloureux, mais; j'en avais trop traverser pour être submergée par ça. Elle était sobre, tapissée de fresque représentant ma généalogie, en y regardant bien, on pouvait me trouver, ainsi que Tsuna et mes frères et sœurs. Notre père avait de bons contactes avec le premier Konoha, et notamment avec les Hyo avant que ceux-ci ne s'y rallient. Cette peinture était magnifique, nostalgique; je l'avais toujours connu. Je me retournai vers Kioshi.

"Vas-y, rentre."

La pièce était assez grande, il ne faut pas se fier aux apparences, puis, il fallait de la place pour établir l'arbre de ma famille... D'ailleurs, en y repensant, Akuraï n'y figurait pas; j'aurais dû mémoriser ça, avant... Le lit double, couvert d'un couvre lit bordeaux; était comme recroqueviller dans un coin, prés de la fenête; je me souvenais. J'avais passé des heures dans ses bras à observer l'extérieur, la nature. Je me laissai tomber dessus, et chercha quelque chose en dessous. C'était forcément là. Je tâtai, et mis la main sur quelque chose. Je le soulevai, une poupée... Je soupirai.

"Attrape."

En lui lançant le chiffon déteint. Comme une enfant, je passai la tête sur le bord du lit, tentant de percevoir quelque chose. Et je le vis, là, couvert de poussière. Une boîte en bois, ouvragée; frappé du sceau des Habashi. Je l'extrais de son tombeau; me redresse, et le pose à côté de moi. J'ouvre la boîte, scellée jusque là. Elle renfermait un fourreau noir, lequel détenait une lame... Je le pris, et le dégainai pour mieux l'admirer. L'Hi'Kari. Une lame effilée, éteincelante, sur laquelle était gravé en motif Kanji "que la lumière soit"... Je ne comprenais pas pourquoi, avec quoi cela pouvait avoir une relation, je n'en savais strictement rien, bien que... Je pointai le Yamada avec le bout du Katana, et inversa les rôles; tenant soigneusement la lame entre mes doigts, son pommeau faisait maintenant face à Kioshi.

"C'est... Hi'Kari, forgé par... par mon père. Prends le. Il est comme Seï'Ruseï, c'est... son âme sœur, tu vois ? Prends le, même si tu ne t'en sers pas. Imprègne le de ton chakra, et il te sera... dévoué. Je... Je crois qu'il a été fait pour toi; tu es un peu... comme ma lumière. Sans toi, je serai probablement encore... dans les 'ténèbres'... Je sais! c'est stupide... mais..."

Au travers de ses mots, toujours aussi habilement maniés; je réalisai plusieurs choses, qui allaient s'éclaircir étape par étape. Un soupçon de joie vint pincer mon cœur encore endolori lorsque le jeune prit le sabre, comme on dit si souvent : ça lui va bien. C'est ce que je pensais. Je n'en avais jamais parlé à qui que ce soit, pas même à Kenji; mais ma famille, et moi même; étions de profond traditionalistes, ou plutôt, des croyants. Nous croyions en nos propres dieux, pour faire la comparaison; et avions notre propre culture, perdues depuis la fameuse guerre et desquelles je fus détachée au fil des années. Pour le Yamada, ce sabre n'avait peut être pas une grande signification... Il y avait pourtant une chose à savoir. Mais avant, je devais lui apporter quelques éléments sur le Kazekage Kyoshi.

"Kenji n'est plus celui que j'ai connu... Un furyuu, c'est ça ? Certainement. Néanmoins, il sait beaucoup de choses; il me connaît... non, il connaît tout ce que Kenji a put connaître... je crois. Kenji et Rei étaient amis étant plus jeune, ils se sont perdus de vue; mais selon lui, Rei n'est pas celui que l'on croit... Alors, Kenji, ou pas; je le crois. Tout est histoire de croyance, et de confiance. Dis-je en me laissant tomber sur le lit de mon enfance, et de mon adolescence aussi, tout ça me paraissait bien loin. Je m'interrompis, prenant une pause pour réfléchir. Puis me redressai. Je doute qu'on m'inflige la peine capitale, à Suna... la seule chose qui représente un danger, est ce que je sais; le doute peut détruire bien des choses..."

Bien sûr, je ne lui donnais pas les détails qui constituaient mon doute personnel, et même; mon assurance. Un dicton dit : "Moins on en sait, mieux on se porte.", il prenait tout son sens dans ces instants. D'ailleurs, je ne savais pas si je devais lui parler de ce sabre, lui parler de ma famille, de mes croyances; lui expliquer cette fameuse signification, après ça soit tout serait "normal", soit... non; je préférais ne pas y penser. Mais, comme ce précepte inculqué durant mes jeunes années m'ayant mené ici, j'assumai une nouvelle fois mes actes, ou plutôt; mes paroles. Émotionnellement fragile ? Le fantôme de Tsuna ? Non! Je me dirigeai vers la fenêtre, un grand carreau lui aussi terni, et observai au dehors, la végétation qui avait reprit ses droits, les lointaines, mais pas tant que ça; murailles de pierre sombre couvertes de mousse, et de lierre... Et enfin, repris la parole. Kioshi n'avait pas relevé ma première sentence, peut être comprenait il que je ne pouvais, ou tout au moins; ne voulais pas en dire plus au sujet du Kazekage, cet homme qui présiderait probablement le tribunal ...  un jeu dangereux, mais pas plus que le reste au final.

"Chaque Sabre forgé par le patriarche du clan; autrement dit mon père, porte... je ne sais pas comment dire, une destinée, ou un présage ? Oh, il ne voyait pas l'avenir, pas lui; mais des plus anciens, "rêvaient", et formulaient des présages, ou des prémonitions... Enfin.. Tous les Habashi possèdent ce genre de sabre, ils leur sont propres et leur sont donnés lorsqu'on estime qu'ils sont "adultes". Quand j'ai eu... neuf ans ? J'ai reçu deux de ces sabres, Seï'Ruseï, et Hi'Kari; j'ai toujours cru que celui-ci était destiné à Tsuna... Mais à l'époque la prophétie n'avait aucune signification, "que la lumière soit"... non vraiment aucune.. Seï'Ruseï dit : "du plus profond de la nuit tu le reconnaîtras", et; j'ai rencontré Tsuna une semaine après, alors que la guerre des Uchiwa commençait. Je m'en souviens. Le ciel était sans lune; sans doute caché par les nuages; des hommes le pourchassaient dans notre forêt; par les pupilles rouges comme les appelait mon père. Il était très tard, d'habitude je dormais à cette heure; mais ce soir là; j'ai voulu venir avec eux, j'étais une adulte... à neuf ans... ils ne pouvaient pas me le refuser. Ce fut ce jour, cette nuit sans lune; le plus profond de la nuit, que je cru le reconnaître, mais je me trompais. Je pris un instant, le temps de réunir mes pensées. Et repris. J'ai rencontré Kenji, après qu'il ait disparu; en pleine nuit aussi... Il a tué mon... cet homme; j'ai cru encore une fois que... enfin, tu vois ? Mais, je faisais fausse route..."

Encore un arrêt. Oui, l'histoire que je lui comptais, et pourtant véridique, pouvait paraître au plus sein d'esprit, et au plus dérangé aussi; comme un compte pour enfant, un mensonge ou une interprétation complètement fumée.  Jusqu'aujourd'hui, jusqu'à son arrivée dans le petit restaurant bar d'Oshii, j'étais...

"Je n'étais pas moi même, à Suna, mon esprit était embrumé; je n'avais pas les idées claires... quand on s'est rencontré... Je ne t'ai pas perçu, ou reconnu.. Je sais ce que tu peux penser Kioshi. Dis-je en me retournant vers lui. 'Elle est folle, elle est affaiblie, elle est pleine de regret, elle voit en moi un fantôme de son passé... elle est émotionnellement fragile, ou perturbée...' Mais je te garanti que... que je ne me suis jamais sentie aussi bien. Lui souriais-je. Tu es comme Tsuna, je veux dire; une des rares personnes qui n'a pas profité de mes faiblesses, l'un de ceux qui ne m'a jamais menti... Tu es... Kioshi, aussi unique, à mes yeux, qu'a put l'être Tsuna; tu n'es pas lui, il n'est pas toi; je fais la différence. Enfin... Tu as une place vraiment particulière dans mon cœur, à toi de savoir... Dis je en me rapprochant de lui, en posant l'index sur son torse, là où battait son cœur. À toi de savoir si tu veux occuper cette place. Je posai la main sur le sabre qu'il tenait, le pris; et le fit glisser dans son fourreau noir. Un sourire, et je repris. Ceci dit... nous devrions peut-être partir... Dis-je en lui le katana rangainé entre les mains."

 

Une semaine, ou un an; cela ne changeait pas grand chose. Les Habashi pures souches avaient cette tendance à savoir ce qu'ils voulaient et à déterminer lorsqu'ils étaient en pleine possession de leurs moyens ce qui était le mieux pour eux. Reprendre l'exemple des multiples relations de l'Ecarlate n'était la chose la plus judicieuse à faire; la plus part était mort ou transformé en "monstre". Non, une semaine, si elle survivait à ce qui se profilait, ça passerait très rapidement. Elle lui adressa un nouveau sourire, et ne contesta pas sa proposition. Un nouvel avenir prenait forme peu à peu; en prenant bien sûr en compte les différentes cartes en jeu.

Sans un mot de plus, elle lui fit signe de la suivre. Ils sortirent de l'ancienne chambre, et se retrouvèrent de nouveau au premier étage. Elle ferma délicatement la porte, la fixa un instant avec cette fois un pincement au coeur, et fit volte face; empruntant maintenant la direction de la sortie. Ils quittèrent donc l'imposant bâtiment pour se retrouver devant la grande porte, ou le portail; qui gardait l'accès au domaine Habashi. D'un geste de la main, elle la fit se refermer, à l'aide du fuinjutsu qui la marquait; et se retourna vers Kioshi. Elle rompit le silence qui avait été installé entre eux.

"Tu sais, je ne suis pas la dernière de ma famille; d'autres sont disséminés dans le monde. Certes, il n'y en a plus beaucoup... mais, je pense qu'un jour notre Maison resplendira de nouveau. Enfin... Un jour. Maintenant, je te suis. C'est toi le chef. Continue tout droit pour rejoindre la plaine. Ne t'écartes pas du chemin sans y avoir été invité; il y a peut être bien des créatures mangeuses d'homme ici. Dit elle en rigolant."

Ils avancèrent donc sur le sentier à moitié croqué par la végétation abondante. Elle se tenait à ses côtés, un peu en retrait. Ils ne voyaient plus le temple. Zanshi regarda devant elle, la lumière du soleil leur indiquait la fin de ce voyage, et le début d'un autre. Quelques minutes passèrent, une demie heure peut être, aucun mot ne fut échangé, elle ne sut pourquoi. Alors, elle brisa cette espèce de glace si rapidement formée. Le gênait elle ? tout au moins sa présence occasionnait elle une gêne ? Une femme qui parvient à dévoiler des sentiments aussi profonds que l'amour ? La crainte peut être qu'elle soit sûre d'elle ? Aucune idée précise à ce sujet n'effleurait l'esprit de l'Ecarlate.

"Lorsque j'étais à Hi no Kuni, quelques mois après avoir attaqué Suna... Des ninjas ont tenté de me capturer. Leur leader m'a dit qu'ils avaient été payés pour me traquer, c'étaient des nukenin à la solde de quelqu'un. Et, ce qui me paraît étonnant, c'est qu'aucun Sunajin n'ait été envoyé à ma poursuite. Ajoutais-je sur un ton assez sérieux. Je vais te dire quelque chose, mais tu n'en parleras pas. Je pense que les liens que j'ai entretenu avec Raïu no Kenji ont dérangé quelqu'un, Kenji sait beaucoup de choses, et il en a partagé une partie avec moi; sur l'homme au masque, le triumvirat, Kyoshi Reï, Le Kazekage Araakoa Are; Konoha; et même Kumo... J'ai appris beaucoup de choses avec lui... Des choses qui ouvrent les yeux sur notre monde.. même si avant, je n'étais pas niaise. Riais je en demie teinte. Nous verrons à Suna, comment cela se passera, mais je te le redemande une dernière fois; si il se passe quoi que ce soit, n'intervient surtout... pas, je voudrais éviter de perdre celui que j'ai reconnu au plus de la nuit. Souria t elle, même s'il ne le voyait probablement pas."

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