Il y a des matins où les choses changent, des matins qui sont significatifs dans une vie. C'est donc dans cette optique très optimiste que je m'étais levé ce matin là. Las de tous ces mois passés à vagabonder de pays en pays sans but réel, j'avais décidé de me rendre dans un quelconque village ninja pour offrir mes services de médecins. Ils allaient trouver ça bizarre de voir un parfait étranger se présenter dans le simple but de soigner des malades et combattants souffrants. Mais bon, contrairement à ces nombreux médecins qui ne pensent qu'à inventer la pilule miracle pour conquérir le monde, je dédis ma vie aux personnes qui ne méritent pas de souffrir. Le plus dur c'était de choisir le village où j'allais me rendre. Je n'avais absolument pas une préférence envers un en particulier et je décidai donc de tirer au sort. Le dé de la vérité ou plutôt celui que j'avais acheté à un petit marchand paumé m'indiqua que le village de Konoha était ma destination. Eh bien soit!

Le village caché de la feuille était un endroit que je n'avais encore jamais visité, alors c'était tant mieux. Est-ce que les gardes allaient me laisser entrer? Et bien c'est ce que j'allais bientôt découvrir, puisque les grands remparts du village ninja se dressaient au loin devant mes yeux. Le voyage avait été très agréable et divertissant, les gens que j'avais croisés sur ma route étaient pour la plupart très amicales, le pays du feu me plaisait, mais la perspective d'un jour appartenir à un village était loin, trop loin pour l'instant. J'étais là pour faire la charité, tout simplement. Est-ce que l'on allait me croire? Probablement pas. En ses temps de guerres et de trahisons, il est claire que je devrai passer un interrogatoire solide avant de mettre ne serait-ce qu'un pied dans la capitale du pays. Bref, Konoha se dressait maintenant devant moi. De nombreux marchands et ninjas faisaient leur entrée ou sortaient du village pour vaquer à leurs occupations quotidiennes. N'étant pas un être fourbe, il était clair pour moi que mon arrivée se ferait dans les règles de l'art.

Je m'avançai donc vers l'un des ninjas qui gardait la porte. Il était juste un peu plus petit que moi et ne semblait pas être d'un très haut grade. Après tout, posé des questions à des passants qui sont la plupart du temps inoffensifs n'est pas le rêve de tous les ninjas! J'enlevai mes lunettes avant de lui adresser la parole pour paraître sincère, ce qui était d'ailleurs le cas.

« — Bonjour, je suis Kiyokuni Jun, de Nami no Kuni. Je suis à la recherche de travaille et Konoha semble pouvoir satisfaire mes... »

Il ne me laissa pas finir et commença à parler par dessus moi ce qui était très agaçant. Je m'étais montré poli à son égard et lui, tout ce qu'il trouvait à répondre, c'était une question de formulaire sans même y ajouter une petite touche personnel. J'espérai déjà de tous mon coeur que cet homme n'avait pas d'élèves qui calquaient ses mouvements pour un jour espérer devenir des « vrais ninjas ».

« — Nom, âge, d'où venez vous et qu'est ce que vous venez faire à Konoha? Si vous êtes un habitant du village, montrez moi vos papiers. »

J'étais frustré, oui c'est le terme. Mais je n'allais pas me laissé emporter, j'allais juste lui signaler que je n'étais pas d'accord avec sa façon de faire et passer à autre chose. Les autres villages ninjas étaient loin et je n'avais pas du tout envie de tourner les talons pour me rendre dans le désert aride de Suna ou même d'avoir à prendre un bateau pour Kiri.

« — Alors je reprends, mais vous devriez écouter plus et parler moins la prochaine fois. Kiyokuni Jun, 21 ans de Nami no Kuni. Je suis ici pour soigner les malades qui souffrent à l'hôpital et même potentiellement votre personne si jamais vous vous enfoncez votre couteau dans la main en mangeant. »

Oups, c'était méchant. Mais quand même pas trop non plus et de toute façon c'est lui qui avait commencé. Le problème, c'est que visiblement un peu irrité, il m'avait regardé dans les yeux pour ensuite appeler un supérieur. Ou c'était qu'il était en formation et qu'il avait besoin d'aide pour les ninjas nouveaux arrivants? Dans tous les cas, un individu s'avançait maintenant vers moi.

Les choses s'étaient corsées. Ma petite visite tranquille incognito au village de Konoha venait de se transformer en bataille à l'entrée. Le costaud qui s'était avancé vers moi avait élancé son poings vers mon abdomen pour me faire mordre la poussière vu les mots que j'avais porté à l'égard de son copain plus maigrichon. Cependant, avant même qu'il n'est eu le temps de faire quelque chose de concret pour m'éclater le ventre, un homme masqué apparu dans un petite nuage de fumée, empoigna le garde costaud pour lui cogner la tête contre un mur. Imbécile, il ne faut pas répondre à la confrontation par la confrontation, ça ne fait qu'empirer les choses. Par contre, pour une fois, je tâchai de garder cette pensée pour moi vu la force de celui qui se tenait devant moi. Il commença à me poser les mêmes questions que son prédécesseur qui avait recommencé son boulot en arborant un air assurément moins bête. Même si le gros de tout à l'heure avait tenté de m'attaquer et avait éclater la petite table de bois qui servait de bureau, je ne pouvais pas ne pas aller à son secours.

« — Finir comme lui? Attendez un peu. »

C'est sur ces paroles que je me précipitai vers le mur pour passer une main rapide haut dessus du colosse. Son corps était en bon état, mais une des vertèbres de son cou avait subit des dégâts considérables ce qui sans intervention rapide l'empêcherait de poursuivre son boulot pour de nombreuses semaines. Ma paume s'illumina alors d'un bleu poudre et je commençai ce rapide travail de chirurgie.

« — Vous voyez, je ne suis pas bien dangereux et pas trop colérique non plus, un aspect sur lequel vous devriez travailler. Étrange que je soigne celui qui m'a attaqué, non? Eh bien je dirais plutôt que c'est une vocation. Des gens non-partisans comme moi, vous en croiserez rarement alors comptez-vous chanceux. »

Le traitement fut achevé après un peu plus d'une minute de soin, cela allait lui éviter des semaines dans un hôpital surpeuplé et probablement insalubre. Oui je l'avoue, il faut être presque où pour se vouer à la médecine, c'est une tâche ingrate où les lauriers se font rares, mais la satisfaction personnelle du devoir accompli me suffit. Je me relevai alors pour fixer de nouveau mon interlocuteur qui était toujours là à me regarder derrière son masque. Il était visiblement membre d'une unité spéciale et de surcroît responsable des admissions. Si ma réponse ne lui plaisais pas à lui, je devrais replier bagage. Oh et ça serait son problème et celui de tous les malades de l'hôpital du village.

« — Bon, pour répondre à vos questions et ce pour la dernière fois : Je suis Kiyokuni Jun, natif de Kawa no Kuni et j'ai vécu 21 printemps. Je suis un médecin errant et je viens offrir mes services à l'hôpital de votre village. Après tout, un village n'aura jamais trop de ninjas-médecins. Et comme dis précédemment, je ne suis pas partisan, vos querelles ne m'intéressent pas le moins du monde, j'agis pour les humains, pas pour une cause en particulier. Vous pouvez toujours fermer les portes, je crois qu'il manque de médecins à Kiri... Vous connaissez un port pas loin? »

Héhé, que je suis drôle. C'est dans ma nature. Mais ce type a l'air d'aimer les blagues et le sang aussi, mais ça c'est une autre affaire, en espérant que l'on y arrive pas. D'un autre côté, je n'avais pas du tout envie d'aller à Kiri, c'était si loin et le bateau me donnait mal au cœur. Il y avait aussi Suna, mais c'était un peu chaud et le sable, que dire du sable... c'est irritant! Puis Kumo, bah c'est Kumo, c'est naze et c'est loin, ce qui rend le village encore plus naze.

Quel accueil chaleureux! Des sourires, des poignées de mains, des accolades chaleureuses, des mots de bienvenue et même des fleurs! Mais non, je blague, c'est tout le contraire, les gardes sont tous sauf sympathiques et leur chef, le type masqué fait tout pour me gâcher la vie. Il répond d'un ton supérieur, comme si son rang lui donnait le droit d'agir ainsi. Alors que j'étais certain qu'il allait m'offrir l'entrée au village à l'instant, il préféra m'indiquer où était le port du pays du feu. De là, je pourrais facilement rejoindre Kiri. Eh merde, j'avais été battu à mon propre jeu, c'était rare, mais ça devait bien arriver parfois, ce n'est pas drôle de toujours gagner et de l'avoir tout cru dans le bec. Deux choix s'offraient à moi, rebrousser chemin, traiter cet homme de tous les noms et même peut-être lui broyer un poumon ou m'avouer vaincu et faire mon entrée dans le village. Son
but était simplement de se montrer supérieur, ça se voyait qu'il n'en avait rien à faire de moi, le gros barjot. Alors qu'il retroussait chemin, je m'approchai un peu de lui pour m'avouer vaincu.

« — Tu sais, il doit manquer de ninja à Kiri, mais c'est loin et j'ai pas envie d'y aller. Je m'avoue vaincu, content? Tu sais, tu me plais, j'ai rarement de plaisir lorsque je discute avec les autres car la conversation manque toujours de piquant, mais je crois que je suis servis avec toi.

Tout de même, je n'allais pas m'arrêter là. Il n'y avait pas seulement eu une carte dans les débris de la table, mais aussi les attestations de passage. J'en attrapai une rapidement avant de croquer le bout de mon doigt pour y inscrire mon nom à l'aide de mon sang. Sadique? Pas tellement, puisque dès que le travail fût fini, il n'y avait plus d'entaille, c'est ça les joies de la médecine. Puis, sans lui porter un autre regard, j'entrain dans le village, j'étais maintenant de l'autre côté des portes, mais mon interlocuteur n'était pas bien loin.

« — Je ne connais personne ici, l'hôpital il est où? Si tu veux on peut aller déjeuner, à moins que les masques ne mangent pas... ce qui m'étonnerait.

Et hop, c'était fait. J'étais ''dedans''. Un dedans très relatif tout de même, car il pouvait très bien me faire déguster le goût de la terre de l'autre côté des portes en claquant des doigts. Les ninjas d'unités spéciales sont des gens à craindre, faut pas abuser non plus. Un instant, j'imaginai ce que ça aurait été à Kiri. Déjà que les gens ici sont pas très gentils, imaginez le calvaire que ça aurait été dans le village caché de la brume, lieu réputé pour ses ninjas sanglants et peu sympathiques. Ça va, je vais m'en tenir à Konoha, ce sera plus sur pour moi et pour ma tête. Rencontrer des gens bêtes une ou deux fois par semaine c'est ok, mais quand il n'y a que ça qui vous entoure, c'est lourd, très lourd.

J'attendais donc dans le village, de dos, mon attestation semi-volée dans les mains, avec l'ANBU derrière moi. Qu'allait-il faire? Me planter un sabre dans le dos ou m'accompagner déjeuner? L'avenir nous dira, en espérant qu'avenir n'égal pas prison ou sang.