Je me souviens de ce sourire... [& Samui Yuki]

Dernière édition par Kaguya Shikyo le Dim 3 Nov 2013 - 18:58, édité 2 fois

Douce mélodie qu'est la plénitude, le calme et la paix. Au cœur de la forêt, il est coutume pour Shikyo de se reposer, méditant en tailleur tout en gardant les yeux ouverts pour observer le paysage dans lequel il se trouve. La brume, qui se dépose délicatement sur les feuilles volantes des arbres d'automne, laisse supposer à un renouveau du cycle de la vie, influencé par l'humidité légère qui se nuance autour de lui. La rosée matinale s'évapore, créant alors la brume significative de Mizu no Kuni, qui monte lentement dans les airs sous l'effet de la chaleur, qui retombe sous la forme d'une pluie merveilleuse.

Aujourd'hui, c'était un jour de pluie légère, qui déferlait sur le corps svelte de Shikyo. Derrière ses airs calmes se cachaient des pensées profondes. Observant son reflet dans chaque goutte d'eau qui descendait des arbres sous la forme de fins filets, le jeune danseur réfléchissait aux mouvements qui pourraient composer l'une de ses danses.
Le chant des oiseaux de Kiri était merveilleusement harmonieux. Les sifflements et piaillements de trois oiseaux différents étaient distinctifs, ce qui offrait une complexité musicale agréable à entendre. Le rythme de leur sérénade commune était lent, mais chargé de nombreuses accélérations, ce qui donnait de nombreuses idées concernant la danse de Shikyo.

Alors, des bruits de pas lents brisèrent la concentration profonde du danseur de Kiri, ce qui eut pour conséquence de lui faire oublier toutes les notes mentales qu'il s'était fixées. Se relevant très lentement, en posant ses mains sur ses genoux pour accompagner son mouvement de redressement, il regarda autour de lui en recherchant la provenance de ces pas, qui étaient pourtant extrêmement discrets. De temps à autres, le bruit du pas différait, passant d'un sol graveleux à l'eau, ce qui perturbait le kirijin. Une silhouette se dessinait au loin, cachée derrière la brume, et floue à cause de la distance. Il ne savait à qui s'attendre. Par précaution, se souvenant de cette attaque du clan Samui dans sa jeunesse, Shikyo se mit en position de garde, en laissant les os de son avant-bras se solidifier, et grandir jusqu'à sortir de sa chair pour se réfugier sous sa manche comme une armure sur toute la longueur de son bras, qu'il plaça en évidence devant son buste, comme une garde. La silhouette approchait, peut-être inconsciemment, mais le danseur ne savait à quoi s'attendre.

Promenade en forêt. Je profitais pour l'une des dernières fois de l'humidité agréable des sous-bois de Mizu no Kuni lors d'une petite balade au travers de la forêt verdoyante. Le printemps touchait à sa fin et l'été pointait le bout de son nez à l'horizon. L'été et sa chaleur sèche arrivaient à grand pas. Réajustant correctement ma lourde bleu marine sur mes épaules, je me remis à marcher timidement au travers de la forêt.
Je cherchais les derniers champignons que pouvait m'offrir la forêt avant de disparaitre au-delà de la mer vers le pays des neiges éternelles.
Je trouvais rapidement un petit nid de cèpes avant de percevoir un bruit qui me fit dresser les oreilles. Ramassant les précieux champignons pour les mettre avec précaution dans le petit panier en osier que je tenais au creux de mon bras. Mon regard se fit perçant, observateur. Je cherchais des yeux ce qui pouvait avoir fait ces petits bruits intriguant, bien différents de ceux de la forêt habituellement. Je rabattais l'air de rien ma capuche sur mon visage et me redressais doucement avant de marcher doucement au travers des feuilles et des branchages, tout en continuant à observer les alentours.
Soudain, je l'aperçus. Le jeune homme était en position de garde et lorsque je vis clairement sa silhouette, je m'arrêtais pour ne pas le provoquer. Je le fixais longuement, essayant de le reconnaître ou d'apercevoir un signe particulier, mais rien.
Je frémis avant de finalement me décider à parler d'une voix timide :

"Qui êtes-vous ?"

J'hésite encore un peu, intriguée par cette silhouette qui se promène en forêt. Je suis curieuse. Finalement, je m'approche doucement d'un arbre et me dissimule presque entièrement derrière, comme intimidée. Seule une infime partie de mon corps dépasse de derrière l'arbre et je n'ose pas en montrer plus à ce jeune homme :

"Vous êtes de Kiri ?"

L'air de rien, je suis sur mes gardes et je me prépare même à appuyer sur le sceau apposé à l'intérieur de mon poignet. Juste ou cas ou. C'est peut-être un ennemi même si aussi prêt de Kiri cela m'étonnerait. Cela ne m'empêchait pas de me montrer prudente. Je frémis et doucement, je laissais mon panier tomber au sol, je ne tenais pas à perdre ma si précieuse cargaison.

hrp:

"Qui êtes-vous ?"

Cette question était dépourvue d'animosité, et pourtant, Shikyo se montrait prudent. Trop prudent peut-être, il ne répondit pas de peur d'être traqué par un membre du clan Samui venu pour venger l'un des membres de son clan passé de vis à trépas par sa main. Il n'osait pas s'approcher davantage de la silhouette, qui se trouvait être une jeune femme aux cheveux longs. D'aussi loin, impossible de mettre un visage sur cette ombre cachée dans la brume, ce dernier pouvant même pas affirmer si ses cheveux étaient bruns ou blonds.
Il se souvenait avec tristesse de son clan, ravagé par les assauts du clan Samui qui se trouvaient être des adversaires redoutables, des coups qui lui avaient été infligés par les ninjas envoyés, des corps qui jonchaient les rues lorsque ce dernier a fuit son village, de son compagnon sauvagement assassiné dans son sommeil, et de ce jour où il a fuit l'un de ses amis, emprisonné dans le dôme Hyöton d'un Chûnin du clan rival. N'ayant eu aucune nouvelle de son camarade, le danseur ne pouvait même pas imaginer ce qu'il était devenu, et le simple fait d'imaginer la mort d'un ninja par sa lâcheté le rendait fou.

"Vous êtes de Kiri ?"

Bien évidemment qu'il était de Kiri, et cet isolement dans le pays de la brume le rongeait. Il voulait s'évader, s'échapper, fuir, s'éloigner de ce village qui était devenu sa prison avec les années, forcé d'y tenir résidence à cause de la souveraineté de l'un de ses confrères de clan, le puissant Yondaime Mizukage, Tenzö Kaguya.
Shikyo ne pouvait s'empêcher de regarder la silhouette de la jeune femme, et dans l'ombre, son panier en osier ressemblait étrangement à ces ombrelles que les ninjas de l'unité ANBU pouvaient utiliser comme arme. Dans la panique, causée par le trouble de sa méditation, il eut une réaction imprévisible : Il fuit.

Il entreprit une course assez lente pour ne pas s'épuiser au sein de la forêt de Mizu no Kuni, dans le but de se réfugier derrière l'un des arbres fruitiers les plus colossaux de la forêt, un arbre si grand que ses fruits, qui se trouvaient être si bons que les animaux s'en approchaient dans le but de se nourrir. S'asseyant au pied de l'arbre, Shikyo fut bousculé involontaire par un animal ressemblant à un daim, qui ressentait la bienfaisance du jeune danseur. Oubliant sa fuite, il entreprit de caresser la bête à la fourrure douce, tout en lui parlant doucement, appréciant de pouvoir communiquer avec quelqu'un, ce qui mit fin à sa discrétion. Les arbres ne cachaient plus sa présence, les feuilles ne le protégeaient plus du soleil, et il suffisait à la personne qu'il eut aperçu précédemment de suivre son mouvement pour le repérer sans même avoir à réfléchir à sa position.

Les relations sociales de Shikyo sont extrêmement rares, à cause des attraits barbares de son clan. Lorsque ce dernier révèle son appartenance au clan Kaguya, souvent représenté par la force brute du Yondaime Mizukage, ses interlocuteurs le fuient. La maladie ronge les membres du clan Kaguya, mais pour le jeune danseur, la seule malédiction de son clan est son nom.

Spoiler:

L'ombre disparut dans la forêt dans un bruissement de feuille. Je l'observais perplexe. Qui était-ce donc ? Pourquoi fuir ? Je n'avais pourtant fait aucun mouvement brusque ? Ma main s'éloigna doucement de mon poignet gauche et je continuais à observer en silence le sous-bois, en espérant secrètement sans doute que l'homme allait réapparaitre. Mais rien. Il semblait avoir voulu prendre ses distances avec moi. Je ne ressentais pourtant aucune hostilité à son égard. Si ça avait été un shinobi ou un espion, aucun doute possible qu'il m'aurait attaqué.
Je poussais alors un petit soupir tout en reprenant mon panier et en continuant ma cueillette. Mais, mes pas me guidèrent inconsciemment vers la petite prairie ou se trouvait à présent le jeune homme inconnu en compagnie d'un petit animal.
Toujours prudente et silencieuse malgré tout, je me dissimulais une nouvelle fois derrière un arbre, attendant de voir les agissements du Kaguya (ce que j'ignorais encore pour l'instant).
L'animal en lui-même était très beau et je décidais de m'avancer timidement vers eux après quelques minutes d'observation pour pouvoir faire connaissance.
Aucune attaque ou marque qui aurait pu entraîner la méfiance dans mon attitude. Je me contentais de marcher tranquillement en direction du jeune homme sans masquer ma présence le moins du monde. Le jeune daim fut d'ailleurs le premier à me remarquer et ma présence lui fit peur, il s'enfuit alors que j'affichais pour ma part une mine désolée. J'aurais moi aussi voulu avoir la chance de pouvoir caresser le petit animal.
Je regardais tristement le chemin qui s'était fait parmi les herbes hautes avec mélancolie avant de retourner mon attention vers cet inconnu :

"Désolée ... Je ne voulais pas le faire fuir !"

J'hésitais quelques secondes, tenant à présent mon panier à deux mains devant moi, mes yeux bleu clair observant avec minutie et timidité l'homme devant moi. Finalement, je lui tendis une main hésitante pour l'aider à le relever :

"C'est toi qui j'ai aperçu tout à l'heure dans la forêt ? Désolée, je crois que je t'ai fait peur ..."

Devais-je me défendre ? Il avait quand même l'air beaucoup plus costaud que moi en apparence.

"La forêt n'est pas très rassurante cet an-ci avec toute la brume qui l'envahit ... L'eau qui s'est infiltrée durant le tsunami sans aucun doute ... Elle est en train de repartir vers les cieux "

Je levais les yeux au ciel tout en disant cela, puis mon visage retomba vers le jeune homme et un léger sourire vint l'illuminer.

Shikyo continuait de caresser le daim jusqu'à ce que celui-ci ne tourne la tête. Sans demander son reste, l'animal prit la fuite, ce qui eut pour résultat de faire plonger le jeune danseur dans une vague de doute et de solitude. Ce daim représentait tous les amis que le jeune homme du clan Kaguya avait eu l'occasion de rencontrer, de fréquenter, de côtoyer, avant de se retrouver seul, comme toujours. Tout avait commencé depuis son enfance, lorsque les propres membres de son village le rejetaient pour son attrait de la danse, contrairement à eux, sombres barbares sans foi ni pitié. Durant son adolescence, sa maltraitance par les membres de son clan qui voyaient son nom comme une malédiction sombre qui l'isolait du monde. Et désormais, seul, il voyait le daim prendre la fuite, effrayé par la jeune femme qui venait d'arriver. Tant de pensées qui isolaient davantage le jeune homme.

Il observait la jeune femme parler. Il était atteint d'une folie telle, d'un isolement tel, d'une fureur telle que tout lui semblait loin. Il se voyait petit, au milieu du néant, et la kirijin qui lui parlait lui semblait loin. Si loin, qu'il n'arrivait pas à l'entendre, pas même à lire sur ses lèvres. Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever, mais Shikyo était sourd, sourd de rage. Tournant son regard de façon relativement impolie, il voyait le daim s'éloigner petit à petit de lui sans même se retourner, comme l'a fait son meilleur ami dans son enfance. Intérieurement, il se retenait de lui sauter à la gorge, de plaquer la jeune kirijin contre un arbre et de la frapper jusqu'à sa mort. Tant de violence ramenée à la surface par de simples souvenirs enfouis.

Le jeune kirijin se releva brusquement, les yeux dans le vague, imaginant face à lui le corps du Chûnin que son compagnon affronta lors de son départ du village des Kaguya. Rempli de haine, son chakra Fûton se chargeait petit à petit dans sa main droite, tandis qu'une nuée de quelques fleurs se soulevaient tout autour de lui. Hanachiri no Maï, la tornade de fleurs, prenait petit à petit son cours tout autour du ninja aveuglé par la rage, qui se projeta en avant dans le but de briser le visage de la jeune femme, qu'il croyait être son ennemie.

Yuki sourit à ce moment.

Shikyo vit le sourire de la fille du clan Samui, et trébucha sur le côté, laissant son coup passer à proximité de son bras, sans la toucher ni même l'effleurer. Ce sourire... Ce sourire, il le connaissait.
La tempête de fleurs tournait autour des deux protagonistes, et Shikyo était en position de faiblesse. La rage qui l'envahissait était désormais remplacée par des larmes, des larmes mêlant joie et tristesse.
Ce sourire était le même que la chef du clan Samui qui lui avait sauvé la vie dans son enfance. Une amie. Une femme qui comprit bien assez tôt que la mort n'était pas la seule victoire.

Pardonne-moi. Je suis infiniment désolé. Pardonne-moi d'avoir essayé de t'attaquer. Pardon.

Les larmes de Shikyo coulaient sur sa joue, tombant sur son sourire apaisé avant de retomber sur le sol humide de la forêt brumeuse de Mizu no Kuni.

Un soupir ... Oui juste un soupir ...
Lorsque sa main effleura mon bras, je ne bougeais pas d'un centimètre sans doute surpris par tant de violences, tant de fureurs. Je fis cependant deux pas en arrière, comme apeuré par ce qui venait de se passer.
Je fixais le jeune homme sans pouvoir me détacher de ses pupilles cramoisies.
Il n'avait pas répondu à ma question et s'était contenté de m'attaquer. Mais je ne savais pas pourquoi, au dernier moment, il avait comme changé d'avis.
Qui était ce jeune homme ? J'étais de plus en plus intriguée par sa personne et le voir fondre en larmes à mes pieds ne fit que me rappeler oh combien je détestais les larmes. Que pouvais-je faire pour l'aider ? J'hésitais quelques seconde.
Je frémis une nouvelle fois, puis sans plus attendre, je lâchais mon panier et me penchais vers lui, déposant une main délicate et hésitante sur son dos, je caressais ce dernier dans un geste réconfortant :

"Là, là, ce n'est rien ... Ce n'est pas grave ..."

Ma main glissa alors timidement le long de la courbe de son menton pour doucement l'obliger à redresser la tête devant moi.
Son visage était beaucoup plus âgé que le mien à n'en pas douter. Il était plus vieux que moi et à présent, il souriait. Je lui caressais doucement la tempe dans un geste se voulant réconfortant et l'examinai plus précisément tout en lui posant une nouvelle fois la question :

"Qui es-tu ?"

Mais j'avais en soit déjà une partie de la réponse par les deux symboles circulaires et rouge apposés au milieu de son front que je venais de dégager de ma main vagabonde. Un Kaguya à n'en pas douter. Mon sourire se fit plus grand et plus doux à la fois alors que je demandais :

"Je ne t'ai jamais croisé à Kiri étrange ... Il faut dire que je ne vais jamais au quartier Kaguya ... Aoji et Tenzo ne seraient pas très contents s'ils apprenaient que j'y suis allée seule et sans protection !"

Je fis la grimace à cette pensée avant de me redresser et d'une nouvelle fois tendre la main vers le jeune homme pour à nouveau lui proposer mon aide. Ce coup-ci allait t'il la saisir où cela provoquerait-il un nouveau excès de colère chez lui. Engageante, je lui souris pour l'encourager encore une fois en espérant que cela aurait un impact positif sur lui.

Le danseur était au sol, effondré d'avoir essayé de frapper une fille, plus jeune que lui, qui aurait très bien pu être la femme qui l'a sauvé à l'époque. Lorsque la petite fille posa sa main sur son menton, il ne pouvait qu'attendre la fin de sa crise et être rassuré. Cette petite fille était surprenante, habituellement, une fille de moins de quinze ans devrait fuir en manquant de recevoir un coup d'une telle puissance, mais celle-ci n'était pas comme les autres. Elle n'avait pas bougé, elle n'avait même pas sourcillé, et Shikyo se demandait même si elle aurait été blessée en recevant le coup. Elle cachait à coup sûr quelque chose de grand, quelque chose de prodigieux.

Shikyo regardait la jeune fille de ses yeux atypiques, dont la couleur rouge font la typicité. Ce qu'il trouvait beau était que sa façon de penser, contrairement à son physique, la rendait adulte. Il sentit alors sa main découvrir son front, ainsi que les deux points rouges typiques du clan Kaguya, en sachant éperdument qu'elle saurait son appartenance à un clan aussi puissant que barbare. Il se redressa immédiatement, époussetant ses vêtements une fois debout.

Lorsqu'elle lui demanda qui il est, Shikyo bafouilla premièrement. Elle lui coupa la parole, avant de lui expliquer qu'elle ne l'avait jamais vu à Kiri. De plus, elle évoqua deux prénoms dont un que le danseur ne connaissait pas. "Aoji". Qui pouvait-il être ? Était-ce le nouveau nom de son partenaire ? Bien évidemment, il savait que cette solution était bien trop tirée par les cheveux pour être vraie, c'est pourquoi il se permit de répondre à son interlocutrice.

Je me nomme Shikyo, du clan Kaguya que tu connais peut-être. Et à vrai dire, je ne savais pas qu'il existait un repère à mon clan, je pensais qu'il avait été décimé il y a de ça six ans. Plus encore, je pensais être le dernier représentant du clan, en compagnie du Yondaime Mizukage qu'est Tenzö.

Il se souvenait encore de ces ravages qui le hantaient, mais à chaque fois que le danseur posait son regard sur le sourire innocent de la petite, il lui rappelait le sourire qu'avait Masayuki.

Et toi, puis-je te demander ton nom ? Tu me fais penser à une personne qui m'est chère, dont le prénom est Masayuki. Elle est la chef du clan Samui.

Un sourire fendit mon visage à l'entente de ses paroles et je m'exprimais alors en réponse à sa question silencieuse, d'un ton a la fois ironique est amusée :

"Si seulement, c'était possible !"

Je levais les yeux aux cieux de façon amusante en disant cela. Bien entendu, je n'en pensais pas un mot, Tenzö était et il resterait toujours mon grand-frère de cœur. De même que Aoji était ma sœur avant tout autre chose. Dans cette histoire, je n'oubliais bien évidement pas le jeune Tei et son envie lui aussi d'en savoir plus sur son clan et ses capacités. Je les aimais tellement, comment avait-il pu penser un jour se détruire. La guerre qui avait opposé les Samui aux Kaguya, je ne l'avais découverte que depuis très peu de temps, ma famille ayant toujours voulu me préserver de ce lourd passé et voulant surtout m'éviter de rentrer dans les mœurs d'un conflit encore trop présent dans les esprits.
Mon sourire fit envoler cette pensée. Pour moi, les Kaguya étaient des amis, des frères et mon regard se transforma vite en quelques choses d'attendrissant alors que je dévisageais le jeune homme devant moi :

"Vous êtes beaucoup plus nombreux que tu ne sembles le penser ... Vous êtes quatre déjà de ce que je peux affirmer ... Peut-être même cinq si Aoji est vraiment enceinte ... Mais peut être joue t'elle la comédie ... "

Je lui fis un petit clin d'œil pour lui montrer que bien évidement, je blaguais :

"Tu devrais sans doute aller faire un tour à Kiri, au quartier Kaguya ... Tu serais surpris ... Mais je ne pourrais pas t'accompagner ... Ça ne serait que pure provocation !"

Je baissais les yeux alors légèrement intimidée en avouant cela. C'est vrai que les tensions entre Kaguya et Samui étaient beaucoup moins présentes depuis la fameuse altercation entre mon propre clan et l'actuel Mizukage. Cela avait au moins eu un effet positif, maintenant les tensions, bien qu'encore légèrement présente laissé place à une entente nouvelle, plus cordiale. J'espérais juste qu'elle pourrait un jour égaler ma propre relation avec Tenzo et Aojikawamanashi. Je me languissais vraiment de retrouver ces derniers, mais l'heure n'était pas encore à cela. Le jeune Kaguya venait en effet de me poser une question en évoquant Masayuki. Une question à laquelle je lui répondis avec un franc sourire :

"Je m'appelle Samui Yuki et je connais un peu Masayuki ! Si tu veux, je pourrai peut-être te la faire rencontrer ! Elle est très gentille et très timide !"

Shikyo sourit au moment où la jeune fille prononça le nom de Kaguya. Contrairement à ce qu'il pensait depuis plus de cinq ans, il n'était pas le seul membre du clan ayant survécu à l'assaut. Au contraire ! Le clan était brillant de quatre, peut-être cinq personnes, au nom de Tenzö et Aoji. Un poids sur le cœur en moins pour le danseur, qui culpabilisait depuis tout ce temps d'avoir laissé l'un de ses confrères continuer un combat perdu d'avance, ne sachant pas s'il devait agir ou non. Il l'avait vu, emprisonné dans cette prison glacée, et la fin était déjà dessinée pour lui.

Lorsque le jeune kirijin aperçut le sourire et le clin d'œil de la petite, il lui rendit. Elle n'avait absolument aucune rancœur contre le clan Kaguya, contrairement à ce qu'elle expliquait. La jeune Samui parlait de provocation à l'idée de rentrer dans les quartiers du clan, comme si elle était différente. Mais quelle différence ? Est-ce que nous, humains, sommes différents par notre nature ? Tant de questions qui auraient pu appartenir à un débat bien loin des intentions de Shikyo.

"Je m'appelle Samui Yuki et je connais un peu Masayuki ! Si tu veux, je pourrai peut-être te la faire rencontrer ! Elle est très gentille et très timide !"

C'était donc une Samui. Voilà qui expliquait la raison de la provocation dont elle parlait, qui d'ailleurs réussit à interloquer Shikyo. Cette dernière, peut-être trop jeune pour avoir connu la guerre des clans qui les opposaient, était si naïve qu'elle n'essaya même pas de faire de mal au danseur, qui fut soulagé de ne pas avoir à se battre avec une fille qui lui rappelait la chef du clan Samui, qu'il enviait et adulait. Néanmoins, il ne se sentait pas jusqu'alors prêt à la rencontrer de nouveau.

"Pardonne-moi. Je ne suis pas encore apte à rencontrer Masayuki de nouveau, et je ne sais même pas si elle se souviendrait de moi après tant d'années. Tu sais, lorsqu'elle m'a rencontré, j'étais un enfant. J'avais presque ton âge."

À ce moment, les rôles s'échangèrent. Shikyo plaça sa main droite sur le haut du crâne de la petite qui était étrangement mature pour son âge, et lui ébouriffa les cheveux d'un mouvement amical et tendre.

"Excuse-moi encore de t'avoir effrayée tout à l'heure, mais tu as très bien réagi. Tu es une ninja aussi, j'en suis persuadé. Et si tu me parlais de toi, Yuki ?"

Une mine perplexe s'afficha sur mon visage alors que le jeune homme me répondait qu'il n'était pas encore prêt à rencontrer une nouvelle fois Masayuki. Je restais un moment dans une position de franc étonnement sans vraiment savoir quoi dire alors qu'il continuait à parler. Pour ma part, je réfléchissais. Que faisait ce jeune homme dans cette forêt. Pourquoi était-il aussi surprit par le fait de savoir qu'il n'était pas "seul au monde" ? Il y avait des centaines et des centaines de Kaguya dans le village caché de la brume et je ne comprenais pas qu'il ne soit pas au courant.
Restant de marbre pendant quelques secondes encore, je finis par baisser les yeux en rougissant. Je ne devais pas m'en prendre à lui, j'avais déjà commis la même erreur avec Demon quelques jours plus tôt, mais il est vrai que j'avais beaucoup de mal à concevoir que l'on soit si peu au fait des agissements et de la vie de son clan.
Maintenant que je connaissais toute l'histoire je savais que les guerres claniques étaient fini depuis un moment déjà alors pourquoi autant de jeunes gens étaient dans l'ignorance de toute cela.
Je continuais d'observer le jeune Kaguya durant toute cette réflexion, une réflexion qui en soit dura bien trois à quatre minutes lourdes et pesantes.
Me secouant alors et me rendant compte de mon impolitesse à son égard, je secouais vivement le visage comme pour me sortir de ma torpeur :

"Désolée .. Je réfléchissais ..."

Je le regardais en rougissant de plus belle et un petit sourire timide se dessina au coin de mes lèvres :

"Oui, je suis une shinobi ! Ça va fait plus d'un an et demi que je suis passée genin et maintenant je suis chuunin du village caché de la brume ! Et toi ? Tu es shinobi aussi ? Tu as passé ton examen ? Tu dois être fort, je suppose ! Mes amis Kaguya sont tous horriblement forts ! Surtout ma sensei en fait ! J'espère que moi aussi, je pourrais bientôt avoir un élève ... Mais je suis un peu jeune, tu ne crois pas ?"

Je lui lançais un nouveau regard perplexe et comme pour m'assurer une fois encore de la situation, je lui demandais :

"Mais tu ne connais vraiment pas Aoji, c'est ça ? C'est dommage ! Il faudra que je te la présente !"

Je regardais alors le fond de mon panier avec beaucoup d'intérêt, hésitant à poser une autre question. Finalement, après quelques secondes d'hésitation, je me lançais avec prudence :

"Mais ou as-tu vécus depuis tout ce temps ?"

J'avais vraiment beaucoup de mal à comprendre qu'il ne soit pas au courant de tout ce qui s'était passé à Kirigakure no sato depuis tout ce temps.

Le regard perdu dans le vide de Yuki la rendait d'autant plus adorable, que ses joues rougissantes faisaient rire Shikyo. Il n'était pas habitué au contact humain, mais le fait que ce dernier s'adresse à une petite fille l'aidait à ne pas avoir peur du ridicule, et de se lancer. Les longs silences qui ornaient la discussion rendaient le kirijin de marbre, qui ne savait pas véritablement que dire. Lui ayant demandé son appartenance à un clan ninja, cette dernière ne lui répondant pas immédiatement lui faisait croire qu'il s'avançait sur un sujet qui n'était pas sien.

Ses yeux se posèrent dans ceux du jeune homme, précédent un sourire jovial. La petite fille du clan Samui expliquait son rang de Chuunin, qui faisait d'elle la supérieure hiérarchique du danseur qui avait pourtant sept ans de plus. Or, lorsqu'elle aborda l'histoire et la force du clan Kaguya, il se rendit compte que les rumeurs sur son clan étaient toujours d'actualité. Leur force démentielle et démoniaque était toujours la seule chose qu'ils souhaitaient faire paraître d'eux, et le règne de Tenzö par sa force n'allait pas à contresens de ces idéaux. De plus, une phrase interloqua le danseur. Venait-elle de dire que sa sensei était une Kaguya ? Tout était confus pour Shikyo, qui ne comprenait plus où en était la guerre clanique qui s'était produite pour le clan Samui et le sien.

Aoji, un prénom que la petite avait prononcé plusieurs fois. Elle semblait vraiment motivée à l'idée de le présenter à elle, et c'est avec un œil vide de motivation que Shikyo lui répondit.

"Excuse-moi, mais tout comme pour Masayuki, je ne me sens pas prêt à rencontrer un autre membre de mon clan."

Ce qui posait problème à Shikyo n'était pas de rencontrer une personne particulière de son clan, mais une personne de son clan en soi. Il a toujours été différent du reste de son clan, qui ne jurait que par la violence physique et les bains de sang. Il était profondément effrayé à l'idée d'être jugé par l'un de ses supérieurs pour avoir enfoui sa rage.

Cette petite était extrêmement curieuse ! À peine venait-il de lui répondre qu'elle le questionna sur son mode de vie. Cette demande était dérangeante, mais le danseur lui répondit avec entrain.

"Nous pourrions me comparer à un animal, à un lièvre. Si ce dernier vit avec ses frères, il a le droit à une place dans le terrier. S'il décide de quitter les siens, le terrier se ferme à lui, et il doit se reposer aux yeux de tous. Comprends-tu ?"

À ce moment, Shikyo jeta un coup d'œil dans le panier de la petite fille, qui l'intriguait au plus haut point. Que pouvait-elle transporter, de la nourriture ? Des herbes médicinales ? Se poser des questions ne lui plaisait pas, il préférait de loin lui demander, ce qui était aussi une raison pour enclencher la conversation.

"Dis-moi Yuki, que transportes-tu dans ton panier ? Je ne cesse de le regarder sans distinguer ce qui s'y trouve."

Une chose est sûre, même si son panier était vide, cette petite fille était remplie de joie de vivre.

Je ne posais aucune nouvelle question à la réponse du jeune homme, me contentant de l'observer timidement alors qu'il me racontait un peu ce qu'était sa vie, ses frayeurs. Je ne dis rien à chacune de ses remarques et lorsqu'il me demande ce que je transportais dans mon panier, je lui tendis pour qu'il puisse voir les beaux champignons que j'avais ramassés :

"C'est la fin de la saison ... J'espère pouvoir en trouver suffisamment pour que mon oncle nous les prépare en ragout !"

J'essayais de lui sourire, mais le cœur n'y était plus vraiment. Son histoire m'avait profondément attristé et je ne pus m'empêcher de prononcer le fond de ma pensée :

"Je trouve cela dommage de s'isoler de la civilisation comme tu le fais ... Tu n'as pas d'ami ? Le contact humain ne te manque pas ? Le fait de pouvoir parler avec des gens ?"

Soudain, j'eus une puissante envie d'aider ce jeune homme. Cette façon de s'isoler, de se renfermer sur soi-même comme il l'avait fait depuis sans doute bon nombre d'années était trop triste pour moi. Je voulais l'aider à s'en sortir. Mais voulait-il de ce genre d'aide ? Le mieux, c'était peut-être de lui demander subtilement :

"Euh ... Ça te dirait de venir manger chez moi ce soir ? Ça pourrait être sympa et ça me ferait très plaisir de t'avoir à notre table !"

Je ne savais pas vraiment s'il allait accepter une telle proposition, mais j'espérais de tout mon cœur que se serait le cas. Puis comme pour changer de sujet, je regardais de façon négligente mes pieds, trouvant soudain un intérêt important pour une feuille-morte recouvrant le bout de la chaussure :

"Et toi ... Si tu me parlais un peu de toi ?"

J'étais toujours aussi curieuse envers lui et j'avais vraiment envie d'en apprendre plus sur l'histoire de ce merveilleux jeune homme, de cet enfant retourné à l'état sauvage, de ce petit loup solitaire. Aussi, je choisis de m'asseoir à même le sol de la forêt, écartant légèrement les herbes hautes autour de moi et m'installant parmi elle. J'attendais patiemment et avec beaucoup d'avidité que le jeune manieur d'os daigne me baigner de son histoire, me raconter cette dernière comme si nous étions en train de lire un livre d'enfants.
Posant mon panier sur mes genoux, j'entrepris alors de nettoyer mes champignons tout en l'écoutant.

Un ragoût de champignons. Bon sang, que ça donnait envie à Shikyo, qui ne s'était pas nourri depuis plusieurs mois autrement qu'avec des fruits, des baies, et des tubercules poussant dans la terre. Rien que le mot "ragoût" le faisait saliver, et il était difficile d'imaginer qu'il se souvienne encore du goût, de l'odeur, ou de l'apparence que ce plat pouvait avoir après tant d'années à errer, seul. Cinq ans sont passées depuis la dernière fois que son repas était chaud.

"Yuki. Tu es adorable, mais à force de vouloir aider ton prochain, tu finiras par t'oublier toi. Ne t'en fais pas, je suis grand, l'isolement n'est pas mon ennemi."

Il n'en pensait pas mot. Il ne voulait simplement pas infliger à une si petite fille le poids d'un homme sur ses épaules, elle était si chétive qu'elle semblait à avoir du mal à supporter le sien.

"Les gens comme toi sont rares, petite. Les gens bons, bienveillants. Tu sais, la nature humaine est mauvaise, intérieurement. Les hommes sont égoïstes, et leurs intérêts ne sont desservis que par ceux dont ils ont besoin."

La misanthropie avait gagné l'âme de Shikyo qui ne faisait plus confiance aux personnes qui lui étaient étrangères, et pourtant, il savait pertinemment que les intentions de la petite étaient bonnes. Il n'avait qu'à la regarder, elle, trimbalant son panier d'osier comme le ferait un personnage de conte de fée.

L'enfant s'assit sur les herbes encore humides, en lui demandant de parler davantage de son passé. Qu'est-ce qu'elle entendait par là ? Souhaitait-elle entendre parler de la guerre des clans ? Des morts liées à sa fuite ? De son assassinat ? De la violence de son clan ? Évidemment que non. Shikyo, danseur au grand cœur, inventa quelques bribes d'histoires pour satisfaire l'appétit de la jeune fille sans pour autant lui dévoiler les scènes horribles.

"Je suis né il y a vingt ans, au cœur d'un clan Kaguya. Tout comme mes frères, j'ai développé l'art de la danse, qui me ravit et me fascine. J'aime les courbes d'un mouvement, les déplacements, les mises en contact et les pas enchaînés. La beauté d'une danse est pour moi celle du monde, tu comprends ? Par la suite, j'ai décidé de quitter les terres de mes ancêtres pour rejoindre Kiri, et servir la population qui pourrait avoir besoin de moi. J'ai été accompagné par un ami à moi dans mon périple, qui est désormais parti en mission. Il est très fort, tu sais. Actuellement, il se trouve hors de Kiri pour réaliser une mission de la plus haute importance. Il y est parti depuis cinq ans. Nous sommes constamment informés du fait qu'il va bien, et que nous lui manquons. J'ai hâte de le retrouver."

Cet ami n'était pas parti en mission, mais bel et bien parti tout court. La seule connaissance de Shikyo qui n'avait pas cherché à le faire basculer dans la honte de la barbarie était Kihaya. Ce jeune membre du clan Kaguya s'est sacrifié pour son clan, et a cessé de vivre à l'âge de seize ans. Trop jeune, trop gentil.

Shikyo murmurait à lui-même, comme pour consolider ses paroles.

"J'ai vraiment, vraiment hâte de te retrouver. Kihaya."

Un peu vexée devant le refus du jeune homme, je me renferme sur moi-même et ne dis rien. J'écoute alors son récit, sans le couper une seule fois et bien que ce dernier soit rempli de zone d'ombre, je commence à entrevoir légèrement ce qu'il veut me cacher. Mais je ne dis rien, je fais l'ignorante, la fille sage, comme d'habitude.
Je le regarde timidement, je lui souris quand mon regard croise le sien. Puis finalement, après de longue minute, je finis par entrouvrir légèrement la bouche pour laisser ma voix chantante prendre la parole :

"Je pense que même si la nature n'est pas ton ennemi, revenir petit à petit à la civilisation te ferais le plus grand bien !"

Je n'ajoute rien pour l'instant, me contentant de regarder avec beaucoup d'intérêt l'un de mes petits champignons. Je débarrasse son chapeau que quelques brindilles et je rigole toute seule en continuant malgré moi à attendre quelques choses. Finalement, je reprends la parole :

"Quand tu seras prêt bien sûr ! Je pense que ce son des choses qu'il ne faut pas forcer !"

Au loin, je vois que la lumière du jour se fait déjà moins intense. Le soleil est en train de se coucher et je dois malheureusement rentrer chez moi. Mes yeux clairs se tournent alors vers le Kaguya aux pupilles cramoisies et je frémis légèrement :

"Je suis désolée, mais je ne vais pas pouvoir rester encore très longtemps avec toi ! Il commence à se faire tard !"

Ma mine est devenue légèrement triste, maussade. Je n'aime pas trop, il est vrai l'idée d'abandonné quelqu'un comme ça en forêt. Même s'il est plus âgé que moi, même s'il a normalement le droit de le faire. J'ai l'impression d'abandonner une personne dans le besoin.
Finalement, j'arrive à contenir le fond de mes pensées et je fais de gros efforts pour me redresser doucement, avant de reprendre mon panier dans mes bras :

"C'est malheureusement ici que nos chemins vont se séparer ! J'espère pouvoir te revoir un jour !"

Je lui souris, car ce que je dis n'est que la réalité et le reflet de mes émotions et de mes plus secrètes pensées. J'espère réellement que ce jeune homme trouvera le courage pour affronter ses démons et s'en retourner vers la civilisation et que là bas, il pourra peut être faire un pas vers une grande destinée, plus grande en tout cas que celle qu'il se dessiner en restant un enfant sauvage vivant dans les bois.

Elle s'en allait.

Pour la première fois en cinq ans, Shikyo se rendais compte que l'humanité n'était pas si laide que ça, qu'elle pouvait être belle, que la vie et les personnes peuvent être merveilleuses. Cette petite avait beau être encore très immature et jeune, elle avait pourtant tout de la femme qu'il rencontra lorsque son clan fut massacré. Son clan, composé principalement de barbares, de bouchers aux rites sadiques et terrifiants, qui tentaient à tout prix de le convertir aux danses sanglantes.

Shikyo regardait autour de lui. La pluie avait cessé, et les rayons de soleil se croisaient aux rayons de lune, laissant un arc-en-ciel formidable dans le ciel, ricochant sur les feuilles couvertes de la brume environnante, se reflétant sur le panier d'osier de la petite qui lui tournait le dos. Cette gamine... savait-elle seulement ce qu'elle pouvait représenter ? Jamais le danseur n'avait côtoyé une fillette aussi mature, aussi curieuse, aussi puissante. Il n'avait pas besoin de la voir à l'œuvre pour savoir que ses talents, qu'ils soient sociaux ou combatifs, étaient démesurés.

Shikyo s'assit en tailleur, sur l'herbe humide résiduelle, observant les marques qu'avaient laissé la jeune femme après s'être assise auparavant, observant fixement les traces comme un point de concentration afin de rentrer en état de méditation. Laissant sa tête tomber en avant, il sombrait dans un état de transe profond, entre le coma et le sommeil, tant sa concentration était grande. Sa conception de la méditation était simple : Un repos réparateur, pour reposer ses os, aussi solides qu'ils soient, afin de les nettoyer de cette maladie incurable du clan Kaguya.

Le temps passait. Le vent volait dans les cheveux de Shikyo, qui se laissait aller à des pensées profondes concernant la vie, la mort, le plaisir. La vie, qui ne lui avait laissé aucun répit jusqu'à présent, qui l'avait privé de son meilleur ami, qui l'avait privé de sa famille, de son clan, de la normalité. La mort, qui l'attendait pour avoir porté le nom de Kaguya trop longtemps, qui le suivrait pour avoir participé à la guerre clanique. L'amour, non pas marital mais amical, qu'il vouait à cette petite lueur d'espoir qu'il a rencontré.

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