Le souvenir de jadis et la pensée de demain

(#) Sujet: Le souvenir de jadis et la pensée de demain Sam 28 Sep 2013 - 14:55

Hiver comme été, Natsuki avait toujours tendance à s'habiller de la même façon. Par-dessus un juste-au-corps en résille, il portait un haut sombre dépourvu de tout logo, et un bas assortie. Et lorsqu'il était en mission, l'on pouvait compter aussi son gilet tactique à poches multiples. La seule différence notable résidait dans la longueur des manches, adaptées à la saison : courtes à mi-bras et mi-mollets lorsque le soleil réchauffait l'atmosphère, ou longs jusqu'aux extrémités quand le froid se faisait sentir. Ainsi, pour ceux qui avaient l'habitude de le voir au quotidien, il paraissait presque méconnaissable dans le kimono d'apparat qu'il portait aujourd'hui, un ensemble qu'il ne sortait de son armoire que pour les grandes célébrations. Celle d'aujourd'hui était d'ailleurs particulièrement importante, puisqu'il s'agissait ni plus ni moins de la cérémonie de commémoration de l'alliance d'autrefois entre deux grands clans de Konoha : les utilisateurs de l'Oeil Blanc, et les Manipulateur des Ombres. Par le passé, avant même que le Village de la Feuille ne soit fondé, les Nara et les Hyûga avaient joint leur force et leur intellect pour contribuer grandement à la fin de la Grande Guerre des Shinobis, en éradiquant un grand frein à la paix : le clan des Senju. L'espoir en l'avenir fondé sur un génocide, voilà sept ans maintenant.

Pour l'occasion, Natsuki, comme tous les membres du clan Nara, s'était vu convié à faire cette année la commémoration dans le quartier des Hyûga. Accueillit par une famille de ce rang-là, même si les Manipulateurs des Ombres n'avaient pas à rougir de leur propre statut, chacun s'était mit sur son trente-et-un. Le genin tatoué en faisait partie. Restant dans les tons sombres, son kimono vert terne se voyait maintenu par une ceinture beaucoup plus foncée, semblable au haori qu'il portait par-dessus. L'ensemble était complété, comme tout à chacun, par un hakama assortie et des tabis. Dans son dos figurait l'emblème de son clan, lequel il ne portait que très rarement au quotidien. Non pas qu'il n'était pas fier de porter son patronyme, bien au contraire, mais il n'aimait pas que l'on puisse l'identifier d'un simple coup d'œil, surtout au cours d'un combat, et percer ainsi à jour une partie de son éventail de techniques. Aujourd'hui n'était cependant pas un problème, puisque le seul affrontement qui devrait avoir lieu sera le match d'exhibition, une tradition qui accompagne la commémoration. Sans doute était-ce le moment que Natsuki préférait, bien plus que le festin servit au préalable. En effet, les Hyûga avait une manière majestueuse de combattre, à plus forte raison lors de cet événement, où l'esthétisme était de rigueur. Un jour peut-être, ce sera à son tour de représenter son clan lors de la cérémonie, et de ravir les yeux de tous dans un duel où la grâce des mouvements compte autant que leur efficacité. Cela n'a jamais été de vrais combats de toute façon. Même si les Nara ne sont pas des grattes-papiers planqués en arrière du front à élaborer une stratégie comme beaucoup les imagines, rares étaient ceux qui pouvaient se vanter d'être capable de tenir tête sur la durée à un utilisateur de L'Oeil Blanc. Les Hyûga avaient le combat dans le sang, leurs attributs génétiques les prédisposant davantage à l'affrontement rapproché que les Nara. Pour autant, le second clan n'était pas sous-estimer en terme de prouesses martiales. En témoignait par exemple son père, redoutable combattant à deux sabres.

Le rendez-vous entre les deux clans était fixé à 11 heures, dans le domaine des Hyûga. Il avait été convenu que chacun devait recevoir son voisin à tour de rôle, l'année dernière la cérémonie s'étant déroulée dans le quartier Nara. C'est ainsi qu'un peu avant l'heure, tout le clan se mit en route, et défila dans les rues de Konoha jusqu'à atteindre sa destination. Un seul point sombre obscurcissait l'humeur de Natsuki : la météo. Si le ciel était dégagé, l'on voyait que l'hiver n'avait pas tout à fait touché à son terme, et cela se ressentait sur la température. Et pour une raison que dépassait totalement le genin tatoué, il détestait cette saison capable de lui saper moral et force. Du moins, habituellement. Le plaisir de retrouver aujourd'hui le clan de l'Oeil Blanc pour la commémoration, et de tout ce qui allait en découler, chassait bien loin toute pensée maussade, comme si l'espace d'une journée, l'hiver ne sera plus.

Arrivés au portail de bois du quartier Hyûga, les Nara furent accueillit par leurs homologues, vêtu comme eux dans leur habits de cérémonie. En extérieur dans les jardins, tous restèrent très formels, se contentant de salutations sommaires, bien que dans les yeux de chacun se reflétaient la joie de revoir des amis de l'autre clan pour l'occasion, bien au-delà du cadre de la simple cérémonie. Puis petit à petit, les jardins se vidèrent au profit de l'intérieur chauffé du temple où se déroulera l'essentiel des événements de l'après-midi. Installés séparément, les Hyûga et les Nara se tenaient assit sur leurs talons chacun d'un côté, à l'image de la disposition des rangs dans une église occidentale. Un officiant dans une tenue bien différente des autres narrait comme à chaque fois les événements de la Grand Guerre des Shinobis, la nécessité et la justesse de l'alliance entre les deux clans pour mettre fin au règne des Senju. Des récits, l'on passait parfois aux chants, où les Hyûga prouvaient qu'il n'y avait pas que dans le combat que certains savaient tirer leur épingle du jeu, que ce soit en solitaire ou en choeur. Le schéma était classique, mais la disposition à chaque fois différente, ce qui rendait chaque cérémonie de commémoration unique. Trois heures passèrent ainsi, dans le silence ou la participation du public, en fonction des besoins. Puis vint le moment du repas, dans une autre résidence, lequel était beaucoup moins formel que la cérémonie. Comme à chaque fois, Natsuki fut impressionné par le service des Hyûga. Dans une salle immense, de nombreuse tables étaient disposées avec sur chacune de nombreux mets en quantité impressionnante. L'occasion de goûter les dernières recettes élaborées par ses hôtes, lui qui s'intéressait de très près à la cuisine. Mais profiter d'une bonne nourriture n'était pas la seule bonne occasion du repas. En effet, la tradition voulait que les Hyûga et les Nara n'aient à leur droite et à leur gauche aucun membre de leur clan : un mélange qui permettait la rencontre, et de renforcer les liens entre les deux grandes familles. Ouvert d'esprit et avec le contact facile, Natsuki n'attendit pas plus longtemps que d'être assit pour tendre la main vers son voisin de droite.

« Enchanté, je m'appelle Natsuki. » annonça-t-il avec un sourire.

Je ne me rappel pas vraiment de la fin de la guerre, je sais juste que mon clan a aidé le Clan Nara pour y mettre un terme. Pour cela nous avons combattu les Senju et les avons exterminés, bien sûr nous n’avons pas aidé les Nara par seul bonté de cœur. Le fait de nous mettre de leur côté, nous a aussi protéger du sort qu’avait subi les Ushiwas. Ce qui me pousse à me remémorer cet évènement capital pour les miens et le fait que nous allions célébrer, commémorer ce dernier. Pour ce faire, tout le clan avait mis les petits plats dans les grands, un banquet était prévu, ainsi qu’une démonstration des talents martiaux de tous. Je vois autre chose dans cette commémoration, que de simples festivités. Pour moi, derrière toute cette festivité, je percevais un moyen pour les deux clans de s’assurer du niveau de l’autre, de ce juger. Après tout cela ne faisait pas une génération que la paix dans le pays était vraiment apparu et que les clans s’étaient unis.

Comme tous les miens, je m’étais paré de mes plus beaux atours et pour une fois j’avais accepté qu’un léger maquillage soit apposé sur mon visage. Je portais aussi des bijoux, il fallait faire bonne impression auprès de nos invités. L’hiver allait sur sa fin, mais l’air était encore frais et je dois reconnaitre que j’étais heureuse de porter une tenue composée de plusieurs couches. J’apposais mon bandeau, sur lequel apparaissait le symbole du village, sur mon front. Bien que j’appartienne avec fierté au clan Hyûga, je désirais montrer à nos invités que nous appartenions au village. Ma mère ne sembla pas apprécier mon effort et me demanda de le retirer. Bien sûr, je le fis, mais n’étant pas décidé à reculer sur ce point, je le ceins autours de ma taille. Il y a quelques avantages, à posséder un physique fin et longiligne. Mère, fait la moue, mais elle sait qu’elle ne gagnera pas ce combat et décide de faire machine arrière.

D’un point de vue personnel, je dois reconnaitre que le Clan Nara, n’est pas le clan qui m’impressionne le plus, parmi tous ceux qui se sont unis au sein du Village de Konoha. Mais leur don héréditaire est des plus efficace pour neutralise un groupe d’ennemis sans se mettre en danger. Plus que leurs dons, c’est leur intelligence qui rend ce clan si dangereux et efficace. Bien sûr, je garde cette pensée pour moi. Maintenant que je suis dans mes plus beaux atours, je suis ma mère et nous rejoignons les autres devant les portes de notre quartier. Nous nous tenons en retrait, notre rang au sein du clan, ne fait pas de nous des personnes assez importantes pour accueillir directement nos invités. Ces derniers arrivent en grande pompe, en ordre de marche, eux aussi ont sorti leurs plus beaux atours. Je peux constater que des liens très forts unissent certains des membres des deux clans, rien d’étonnant au vue des épreuves et du sang qu’ils ont versé ensemble. Une fois les salutations formelles réalisées, nous nous rendons tous dans le temple afin que les réjouissances commencent enfin.

Une fois tout le monde installé, je peux percevoir une certaine décontraction gagner l’assistance. Puis commence le partage des souvenirs, qui sert à rappeler le lien qui unit nos deux clans, mais aussi à l’apprendre à la nouvelle génération des deux clans. Je fus mis à contribution, ainsi que d’autres adolescents afin de reconstituer un combat à l’aide d’un petit ballet. Je suis ravie de pouvoir exprimer cet autre art, qu’est la danse. Puis vint le moment, tant attendu par les plus jeunes, le repas. Nous nous dirigeons vers une autre salle, celle du banquet. Ce n’est pas la première fois que je participe à cette commémoration, mais je dois reconnaitre que je suis soufflé par ce que je vois. On peut dire que les miens savent recevoir. La mise en place de chaque convive est elle aussi pensée afin de rappeler le lien entre nous. Je me retrouve donc entre deux membres du clan Nara, à peine assise que mon voisin de gauche me tend la main, se présentant. Une chance pour moi, que ce dernier soit de ma génération. J’accepte la main tendue, tout en offrant à mon voisin un léger sourire des plus amical.

« Enchantée Natsuki, je me nomme Ryûko … »

Il me fallut quelques secondes pour me rendre compte que j’avais déjà vu ce Natsuki, mais d’habitude il ne portait pas un tel vêtement. Je ne connaissais pas vraiment Natsuki, mais il m’avait l’air d’être un gentil garçon.

Natsuki resta quelques instants à observer la jeune femme qui lui rendit la politesse de son salut. Sans doute était-elle agréable à regarder au quotidien, mais son apparat du jour la mettait particulièrement à son avantage, comme presque toutes les personnes ici présentes en réalité. Il détourna alors les yeux, et entreprit de se servir dans les plats qui l'intéressaient le plus de goûter.

« Tu étais dans la représentation de la bataille pendant le milieu de la cérémonie, je me trompe ? » déclara-t-il en amenant la cuisse d'une volaille dans son assiette, avant de l'entourer de riz noir. " Nous avons déjà dû nous croiser par le passé, et nous regarder sans nous voir. Il faut dire qu'il y a tant à faire et de personnes présentes qu'il est difficile de lier contact avec tout le monde, même après sept ans. Au moins là en est la preuve qu'il est encore utile que nos deux clans respectifs prennent encore le temps de se retrouver. "

Se retrouver pour renforcer les liens qui unissaient les Nara et les Hyûga, mais au fond, personne n'était dupe de la situation : en fond politique, c'était aussi l'occasion d'évaluer une part de la force du Village, une nécessité pour assurer ses arrières. Cela faisait sept ans maintenant, l'on n'effaçait pas des vieux réflexes de survie aussi rapidement, ni une méfiance omniprésente mais pourtant impérative durant l'ère actuelle. Méfiance donc, mais modérée : chacun voulait œuvrer dans le sens de la paix. C'est ainsi que s'était formée l'amitié entre les Manipulateurs des Ombres et les utilisateurs de l'Oeil Blanc, bien au-delà de la simple nécessité politique de s'unirent pour perdurer. Une cérémonie de commémoration pour aller à la rencontre de l'Autre, et le reste de sa vie pour entretenir les relations formées.

Natsuki balaya des yeux rapidement ce qu'il pouvait voir de la salle, puis reporta son attention sur Ryûko

" Je dois t'avouer que le repas est quand même l'un des deux moments que je préfère. Outre l'aspect gustatif, c'est surtout l'occasion de faire un peu connaissance avec ses voisins que l'on ne fréquenterait pas forcément autrement. J'ai gardé contact avec presque tout ceux qui ont partagé ma table - ou ceux qui m'ont partagé la leur - mais j'ai rarement pu me lier d'amitié avec les votre à une autre occasion. Exception faite pour l'un de tes '' cousins '' avec qui j'ai le plaisir de travailler de façon ponctuelle. Tenshi, cela te dit quelque chose ? "

Bien qu'ils étaient qualifiés de Famille, tous les membres d'un clan ne partageaient pas le même sang, et même si tous rassemblés sous un même patronyme, leur sang était parfois si dilué que deux Nara ou Hyûga ne partageaient plus la moindre affiliation. De ce fait, appartenir à un clan ne signifiait pas connaître tous les membres qui le composaient, intimement en tout cas. D'où la question du genin tatoué.

« Alors, dis-moi Ryûko, es-tu toi aussi une combattante au service de Konoha ? »

Les grands clans comme les Hyûga ou les Nara étaient connu et respectés pour la puissance militaire qu'ils représentaient, et pour les shinobis d'exceptions qu'ils fournissaient, mais ce n'était pas pour autant que tous les membres embrassaient la carrière de ninja. Certains choisissaient parfois d'autres voies. C'était rare, mais cela arrivait. Cela dit, la question de Natsuki avait surtout pour but d'ouvrir vers un dialogue réciproque plutôt qu'à sens unique, car le bandeau de Konoha que portait la jeune femme autour de la taille passait difficilement inaperçu sur sa tenue.

« Enfin, tu n'as pas peut-être pas envie de parler boulot, surtout à table. » corrigea-t-il avec une moue avant de porter la première part de nourriture à sa bouche.

Le Nara qui était à mes côtés désirait entretenir une discussion avec moi, je dois dire que cela ne me dérangeait nullement. Il ouvrit la discussion en me signifiant qu’il m’avait remarqué durant la représentation, je ne pus m’empêcher de rougir légèrement, devant ces mots. Je n’étais pas seule sur la scène durant cette représentation et je n’avais pas interprété un des rôles principaux. Je profitais du fait qu’il se serve, pour calmer la légère réaction que j’avais eu. Je ne pus que lui donner raison lorsqu’il nota l’intérêt de maintenir la relation entre nos clans. Mais je savais que tout comme moi, il n’était pas aveugle à la véritable raison qui se cachait derrière cela. Peut-être qu’un jour, ces réunions n’auraient pour raison que le plaisir de retrouver des amis, mais pour cela je savais qu’il faudrait encore quelques années.

« Je dois reconnaitre que ton visage ne m’était pas inconnu, mais il m’a fallu quelques instants pour te reconnaitre dans ses atours. »

Puis je me servis à mon tour, tout en écoutant l’exposé que me fit Natsuki, concernant son plaisir de prendre des repas avec des invités. Je dois dire, que je n’ai jamais porté beaucoup d’attention aux repas. Mais ces mots me firent un peu réfléchir, dans un sens il n’avait pas totalement tort. En effet, lorsque je regarde autour de moi, ce que je vois confirme ceux-ci. Je voyais, des personnes qui ne se parleraient pas, qui ne feraient pas connaissance, dans d’autres situations. Lorsqu’il me fit remarquer qu’il n’avait pu vraiment créer de liens avec les membres de mon clan, hors d’un repas, je ne pus que baisser la tête. Mon clan avait tendance à rester renfermé sur lui, à ne pas s’ouvrir facilement, même envers des alliés. Le prénom de Tenshi, ne m’étais pas inconnu, mais nous n’étions pas des parents proche et je ne le connaissais pas vraiment. Je répondis à sa question par un hochement de tête négatif, tout en lui proposant de remplir son verre, avant de remplir le mien. Je pouvais comprendre qu'il n'était pas évident pour un étranger de nous discerner les uns des autres et de bien comprendre le fonctionnement de notre lignée. Mais il en était de même pour tous les clans.
Je dois dire que j'ai eu du mal à suivre le déroulement de la pensée de mon voisin, lorsqu'il vint sur le sujet de mon devoir envers Konoha. Puis, je compris qu'il s'était servit du fait que mon cousin était un shinobi, pour savoir si j'avais suivit la même voie que lui. Connaitre la puissance militaire des autres clans était une nécessité afin de pouvoir maintenir une certaine stabilité entre eux. Mais je ne pensais pas que Natsuki, avait cette idée derrière la tête en me posant cette question. Je ne savais pas comment lui répondre, j'aurais put le lui dire d'une manière plus simple que celle que j’employai, mais l'ambiance cérémonielle du repas pris le dessus sur ma réponse.

« Bien sûr, nos clans ont réussi à maintenir la paix en versant leur sang, mais cette dernière est encore faible et nous devons rester vigilant afin de continuer de la protéger et honorer les sacrifices acceptés par les nôtres. »

J’étais des plus déterminés dans mes mots et des plus sincères dans mon regard.

« Quand à parler boulot, être à table est surement le meilleur moment, car on peut aborder ce sujet de manière plus conviviale et détendue. »

J’accompagnais mes mots d’un sourire amical et chaleureux. Si Natsuki désirait parler boulot, comme il disait, je n’avais rien contre, bien au contraire. Ce dernier avait plus d’expérience en tant que shinobi et pouvait me faire part de ses ressentis envers la situation du village. De plus on ne devait pas être les seuls à discuter boulot autours de cette table, ce genre de repas avait aussi ce rôle. J'étais assez décontractée, concernant ce sujet, mon voisin devait en être en partit responsable, sa gentillesse apparente, sa décontraction. Une partie de moi, que je parvins à cacher, était quelque peu jalouse de cette décontraction dont faisait preuve le Nara.

« Pour employer le même terme que toi, parler du boulot peut permettre à chacun d’obtenir un point de vue différent du sien sur ce dernier et la situation dans laquelle nous nous trouvons. »

Je n’avais pas vraiment touché à mon assiette, non pas que les plats étaient peu appétissant, mais j’avais toujours eu du mal à manger tout en discutant et il semblait que nous allions engager une discussion.

« Euh... » commença par répondre Natsuki en marquant un léger temps d'arrêt, un sourcil arqué avant de reprendre avec une expression normale.« … oui c'est l'idée. »

La façon de parler de la jeune femme l'avait prit un peu au dépourvu, ce qui lui avait nécessité un instant pour reprendre le fil, et trouver sa réponse. Ainsi elle aussi était une ninja. Bonne chose. Non pas qu'il s'intéressait exclusivement aux militaires, loin de là, mais c'était avec eux qu'il pouvait étudier la question : '' qu'est-ce qu'un shinobi ? ''. Une succession d'interrogations tournant autour d'un même thème qu'il appréciait aborder, car il était toujours enrichissant tant les points de vue pouvaient être variés. Entre deux bouchées, il questionna alors proprement sa compagne de table :

« M'en vois-tu vraiment ravie alors, car il y a une question qui me brûle les lèvres. Enfin, plus d'une, mais je vais me tempérer. Je n'ai pas envie de te mettre mal à l'aise en te donnant l'impression de passer un interrogatoire, ce serait inconvenant. Alors je vais commencer simplement : qu'est-ce qui t'a motivé à devenir une kunoïchi ? »

C'était une question qu'il posait assez régulièrement lorsqu'il faisait une nouvelle rencontre, mais peut-être qu'ici n'était pas le meilleur endroit pour le faire. En effet, il y avait parfois d'obscures raisons qui incitaient quelqu'un à devenir un ninja, notamment dans le cas des clans. Car il fallait le dire, naître avec du sang clanique traçait en généralement directement la voie de l'enfant, qui choisissait rarement de lui-même de commencer sa formation militaire. Un jeune au nom de famille anonyme choisissait de rejoindre les rangs de l'armée de Konoha par désir, ou par effet de mode, mais ceux issus des grandes Familles subissaient souvent la pression du clan dans ce choix. Que ce soient les Nara, les Hyûga, ou n'importe quel autre patronyme de poids, ces derniers avaient une notoriété à entretenir, laquelle passait par la force militaire qu'ils fournissaient au Village de la Feuille. Ainsi, si l'orientation de Ryûko était un peu forcée, ce n'était peut-être pas une bonne chose que cela tombe dans les oreilles de Natsuki alors qu'il était au sein du quartier du clan de l'Oeil Blanc. Si d'autres l'entendaient, cela ferait un peu genre '' je fourre mon nez là où cela ne me regarde pas '' alors que l'intention n'y était pas. Mais c'était ainsi, l'on ne formulait pas ses questions pareillement lorsque l'on s'adressait à un ninja anonyme ou au membre d'une plus grande famille. Ou du moins, l'on choisissait un moment plus appropriée...

Attrapant deux brochettes d'un geste habile, il enchaîna alors sur une autre question :

« Tu as des aspirations particulières vis-à-vis de carrière de shinobi, ou bien comptes-tu simplement servir ton clan et ta patrie ? Enfin, je dis '' simplement '', mais c'est loin d'être péjoratif. Beaucoup avancent avec cet unique objectif dans la vie, et c'est une noble tâche. La finalité de notre rôle de ninja aussi, à mon sens. Mais je suis d'avis de penser aussi que cela ne doit pas nous empêcher d'avoir nos propres ambitions personnelles à côté. Qu'en penses-tu ? »

D'un coup d'œil il pu s'apercevoir que contrairement à lui, qui sans faire preuve d'excès ne se privait non plus, Ryûko ne touchait pas beaucoup au contenu de son assiette. Un nouveau regard rapide sur les autres tables l'informa que tout le monde mangeait à sa faim et arrosait le repas comme il se devait.

« Tout vas bien, Ryûko ? » questionna-t-il en reposant ses yeux sur ceux dépourvu de pupille de sa voisine de table.

Elle lui apparaissait comme bien portante, peut-être n'aimait-elle pas simplement ce qu'il y avait à manger ? Mais avec l'immense variété de plats présents sur la table, c'était une explication difficile à concevoir...

La réponse que je venais de lui fournir sembla déstabiliser quelque peu Natsuki, mais il se reprit assez rapidement et sembla d’une certaine manière satisfait par celle-ci. Je semblais l’intriguer, du moins il désirait apprendre à me connaitre, ce qu’il avait dit dans sa précédente remarque. Personnellement, je n’avais rien contre le fait, mais je ne savais vraiment pas comment aller dans son sens. Je préférai donc le laisser continuer afin d’avoir des repères pour lui fournir les réponses désiraient. Je dois aussi reconnaitre que j’appréciais la discussion de Natsuki. Il ne portait pas de jugement sur ceux qui l’entouraient, profitant simplement de leur présence et faisant de son mieux pour les mettre à l’aise.
Par contre je ne m’attendais pas à sa première question, cela n’était-il pas évident. Il voulait savoir pourquoi j’avais choisi de devenir une kunouchi. Pour moi, ce terme désignait seulement les femmes ninjas et rien de plus. Je pris quelques secondes pour formuler ma réponse, afin d’être aussi claire que possible dans celle-ci.

« Ne t’inquiète pas pour cela, ta question ne me dérange pas, mais je pensais que cela était évident. Il est de mon devoir de protéger Konoha et la Paix qui règne dans notre pays. Si j’ai choisi cette voie seulement par devoir de mémoire, mais par conviction. »

Je pris quelques instants avant de continuer, afin de trouver les bons mots.

« Même si j’appartiens au Clan Hyûga, je me considère avant tout comme membre de ce village et de ce fait, la voie du Ninja me semble logique. »

Il était certains qu’au vu de mon âge, le choix de ma voie avait été aussi déterminé par la guerre. Il était évident que j’avais suivi cette formation pour défendre les intérêts de mon clan. Mais depuis la création du Village, mes priorités et ma vision de ma situation avait évolué. Je ne pensais pas qu’il était nécessaire d’éclaircir ce point auprès d’un membre d’un Clan aussi important que celui des Nara. Natsuki aussi avait dut prendre cette voie, par obligation, même si il pouvait avoir continué son chemin de sa propre volonté, un peu comme moi. En regardant autours de moi, je constatai que nombreux des personnes présentes avaient fait les même choix. Nous avions tous versé notre lot de sang et de larmes. Malgré tout, je n’étais pas assez nave pour croire que les génération futures qui naitront dans nos clans respectifs ne seraient pas contraintes de faire les mêmes choix que nous, mais tel était l’honneur de ces derniers et leur devoir.

Constatant que sa question, si elle tombait dans d’autres oreilles que les miennes pourraient être mal interprétées, Natsuki dévia légèrement de sujet. Je ne pus m’empêcher de sourire devant cette manœuvre d’évitement. Celle qui vint par la suite était peut-être la plus personnelle de toutes celles que Natsuki m’avait posées pour l’instant. Je devais reconnaitre que je ne savais que répondre. Je plaçai ma main droite sous mon menton, tout en levant les yeux vers le plafond.

« Aspirations … hummm … »

Je lâchai un léger souffle avant de reporter mon regard sur mon voisin.

« A vrai dire, je n’ai pas réfléchit à cela, nous sommes encore dans les tourmentes de la guerre et maintenir la sécurité de notre Village reste ma priorité. Peut-être que si j’ai de la chance, une paix durable s’installera au sien des divers pays, de mon vivant, me permettant alors de réfléchir à ce que je veux faire de ma vie. Mais nous ne devons pas oublier le poids de nos responsabilités envers nos clans respectifs, mais qui sait peut être qu’un jour nous formerons un seul et unique clan, celui de Konoha. En réfléchissant je dirais que ceci est mon aspiration. »

A la différence de Natsuki, je n’eux pas peur que mes mots arrivent aux oreilles de ceux qui nous entouraient et soient mal interprétés. Je n’avais jamais caché que je ne voyais plus l’intérêt des clans et que seul le Village avait de l’importance, mais c’était la première fois que j’exprimais cette idée si clairement et un plus à un étranger, soit-il un allié ou ami.

Constatant le fait que je n’avais que peu touché à mon assiette, Natsuki changea de sujet et s’inquiéta de ma santé. Le contraste entre cette préoccupation et les précédentes, fit naitre un léger rire dans ma gorge, rire que je cachai sous ma main, mais que je n’emprisonnai pas.

« Ne t’inquiète pas, Natsuki, mais je ne sais pas manger et discuter à la fois, je fais soit l’un soit l’autre. Si je me risquais à faire les deux en même temps, je risquerais d’éparpiller mon repas sur la table et les convives. Tu vois la scène, une Hyûga si impeccable, si respectable, postillonner et recracher son repas sur les autres. »

Cette image ne fit qu’accentuer mon rire que je parvins avec difficulté à cacher sous ma main. Des larmes commencèrent même à perler aux coins de mes yeux sous le fou-rire qui me prenait.

Natsuki imagina la scène justement, et c'est ce qui le conduisit à rire de bon coeur avec Ryûko. Il est vrai que quand ce genre... d'accident arrivait, c'était plutôt inconvenant, mais c'était bien pire encore lorsqu'ils survenaient pendant des rencontres officielles par des représentants d'un patronyme, où ces derniers avaient une image de marque à tenir. Lorsque les deux jeunes membres en question en revinrent à plus de sérieux, ce fut l'héritier Nara qui reprit la parole.

« Eh bien, je vais tenter de tenir un peu la discussion dans ce cas, je m'en voudrais si tu t'affamais par ma faute.»

''Affamer '' était un terme volontairement exagéré, puisque l'on pouvait difficilement dire que les grand clans du Village de la Feuille étaient ou seront dans le besoin. Ce qui n'étaient plus le cas de tout le monde cependant depuis quelques mois. Konoha avait beau être un Village prospère, la terrible attaque des nukenins qu'il avait essuyé l'avait profondément affaiblit. De la bataille, il en avait résulté de nombreux morts et de sans-abris ayant tout perdu en une nuit. Une nuit terrible, que tout le monde se forçait d'oublier pour le malheur qu'elle avait apporté, mais que chacun retiendra pour trouver la force d'oeuvrer à ce que pareil incident ne se reproduise jamais.

« Pour en revenir à ce qui t'a motivé à devenir ninja, tu prétends que la raison est évidente, mais sache qu'elle ne l'est que pour toi si l'on ne t'a pas interrogé avant. Ce que tu vises est une cause juste, mais tu serais surprise du nombre d'aspirants ninjas qui ne sont pas animés des mêmes intentions que toi. Beaucoup désirent embrasser la carrière militaire par effet de mode, ou simplement parce qu'ils veulent devenir forts, souvent sans même savoir quoi faire de cette force. Après bien sûr, ce ne sont que les motivations initiales. Il y a ceux qui abandonnent en réalisant que ce n'était pas pour eux, et ceux qui voient leurs convictions évoluer au fur et à mesure de leur apprentissage. »

Il marqua un petite pause dans ses propos, et avala le contenu de son verre avant de se resservir.

« C'est bien d'avoir un idéal pour aller de l'avant. L'on se perd beaucoup trop vite sans lui, et son absence rend bien souvent nos actes dénués de sens, quel qu'il soit. Maintenant, pour en revenir à cette idée de ne former qu'un seul clan, celui de Konoha... »

Natsuki croisa les bras sur sa poitrine, et pencha légèrement la tête sur le côté pour y réfléchir.

« ...cela me paraît utopique. A moins que tu ne veuilles dire par là '' ne former qu'un seul peuple'', auquel cas c'est une vision que j'aimerai avoir l'opportunité de vivre avec toi. Je ne pense pas que l'on parvienne un jour à fondre tous les clans en un seul. Cela reviendrait à perdre une partie de son histoire et de son identité, ce qui est quelque chose dont nous sommes trop attachés pour y renoncer. Et puis même au-delà de cela, nous autres ninjas claniques sommes enfermés par les autres dans des cases dont l'on ne sortira jamais vraiment. C'est d'autant plus vrai pour les familles comme la tienne, dont la marque distinctive se transmet par le sang et non la connaissance comme les Yamanaka ou les Nara. Les différents clans assurent une diversité essentielle au Village de la Feuille. Cela évite aussi que des connaissances comme les techniques secrètes ne soient trop répandu, accessible à tous et à la porté de chacun, dont des espions.. Chaque clan ayant ses spécialités, cela permet d'obtenir une puissance militaire pouvant intervenir dans tous les domaines. Notre sang déterminant notre spécificité, tant qu'il y en aura, nous ne pourrons pas prétendre ne former qu'un unique clan. Et c'est mieux ainsi. Mais comme dit, former un seul peuple par contre, si ce n'est pas déjà le cas, est tout à faire enviable. Je pense d'ailleurs que chaque Hokage s'y est attelé. La preuve en est : sans un peuple soudé, Konoha ne se serait jamais relevé de la triste nuit marquée par l'attaque des nukenins. »

Natsuki arriva au terme de son repas, et posa ses couverts à côté de son assiette avant de s'installer plus à son aise.

« Puisque l'on parle de spécialité, je pense que tu étais d'accord avec moi quand j'ai dit que notre spécialité, et donc notre avenir, était déterminée par notre sang. Prenons ton clan par exemple. Vous avez un style de combat unique, et véritablement destructeur parce qu'il exploite au mieux le don avec lequel vous naissez. Un avantage qu'il n'est pas possible d'acquérir autrement, et qui vous permet de vous hisser à un niveau de taijutsu auquel un ninja anonyme ne pourrait même pas rêver d'atteindre. Ce serait donc idiot de ne pas tirer profit de ce que la nature a offert à chacun. A-t-on jamais entendu parler d'un Inuzuka investir une autre voie que celle de la traque par exemple ? »

La réponse était bien sûr '' oui '' , mais la rareté des cas tenait juste pour exception confirmant la règle.

« J'avais eu une conversation similaire avec ton '' cousin '' Tenshi concernant le Byakugan, et notamment sur son application dans le domaine médicale. Un point qui est assez rarement évoqué, je me trompe ? »

Le développement des idées de l'héritier Nara s'étala un peu plus que ce qu'il avait pensé. Avait-il assommé son interlocutrice avec son monologue plutôt que de lui laisser simplement le temps de manger ?

Je ne pus que sourire devant la remarque de Natsuki concernant le fait qu’il allait se charger de la discussion et me laisser manger. Il était vrai que je n’avais pas énormément touché à mon assiette, mais si sa volonté de prendre notre discussion à son compte m’arrangeait, ce n’était pas pour une raison nutritionnelles. Je ne suis pas à l’aise en société, du moins dès que l’on sort du domaine des arts ninjas et je craignais que mes paroles soient males interprétées. Par chance pour moi, Natsuki était un jeune homme intelligent et attentionné, ce qui me facilitait la tâche. Malgré tout, je profitais de sa réponse à ma conception de ma vision, pour avaler et déguster les plats qui avaient été préparés pour cet évènement. Il aurait été dommage de ne pas profiter des plaisirs de cette table, mais plus encore il aurait été irrespectueux, envers ceux qui avaient préparé ce repas et ceux qui ne pouvaient se permettre ce dernier, de ne pas y faire honneur.

Tout en écoutant Natsuki, je ne pouvais qu’être d’accord avec lui, la nouvelle génération de Shinobi pouvait vouloir suivre cette voie pour des raisons bien différentes des miennes. Mais je pensais, que malgré ces choix, tous avaient au fond d’eux ce désir de défendre les leurs. Ce qui me ramena à mon désir pour Konoha, parvenir à ne faire qu’une seule et même entité sociale, familiale en quelque sorte. Il est vrai que j’avais utilisé le terme de clan, mais pour moi le clan était tout et représentait tout. Seulement j’étendais ses limites, à tout le village et pas seulement à ceux portant le même nom que moi. Je me devais de réagir à sa réponse et de toute façon, je savais que j’aurais le loisir de continuer de manger en abordant d’autres sujets.

« Un peuple, cela ne veut rien dire, nous formons déjà un peuple, celui du pays du Feu. Je pense que pour assurer un futur serein au sein de Konoha, il faut que tous les habitants se considèrent comme appartenant au même clan, à la même famille. La guerre n’est pas finie, elle a juste changé de visage et ceux qui désirent devenir Shinobis, outre leur désir de puissance ou autre, veulent défendre leur famille. Quant à ceux qui ne savent pas encore la raison fondamentale de leur choix, c’est à nous de les guider, pour que ce dernier soit l’intérêt et la protection du Village, leur Famille. »

Je n’étais pas stupide, je savais bien qu’une minorité ne désirait rien d’autre qu’acquérir de la force pour celle-ci et par égoïsme, mais telle était la nature humaine.

« Je suis d’accord avec toi, la diversité des clans formant Konoha, offre à ce dernier une richesse militaire non négligeable. Je ne dis pas qu’il faut que les Clans disparaissent, je dis juste qu’il faut qu’ils acceptent de faire qu’un avec le Village et de faire passer ses intérêts avant les leurs. Garder les spécificités génétiques ou les techniques de clans, à l’abri derrière les murs des Grandes Maisons, n’en assurent pas la sécurité. Il est vrai que mon clan, reste méfiant par rapport aux étrangers, du fait de la convoitise et de la méfiance, qu’il suscite. Nous avons échappé que de peu, grâce à l’alliance entre nos clans, au même sort que celui qui a frappé le Clan Ushiwa, c’est à dire l’extermination. »

Je savais que nos voisins écoutaient discrètement notre discussion, mais aussi qu’ils n’interviendraient pas dans celle-ci. Si de remarques devaient être faites, elles le seraient une fois tous les invités loin. Je me permis de prendre mon temps et en profita pour piquer dans mon assiette, ce ne fut qu’une fois ma bouchée avalée que je repris la parole.

« Je pense qu’il faut qu’on aille au-delà de la crainte et si pour le bien de Konoha on doit se fondre dans son ensemble, faisons le. Les différences créent la méfiance et la méfiance peut saboter les fondations d’une Famille. »

Je bus quelques gorgées de mon verre, observant la réaction des membres de mon clan, assez proche pour avoir entendu mes propos. Je devais reconnaitre que les dires de Natsuki étaient pertinents et qu’ils trouvaient échos en moi. Mais je n’étais pas certaine que tous les membres de mon clan soient prêts à faire passer les intérêts du village avant ceux du Clan Hyûga. Lorsque Natsuki fit remarquer que la solidarité était déjà à l’œuvre au sien du Village, je ne pus confirmer ses dires par un hochement de tête.
Natsuki venait de finir son repas et se décida d’aborder un nouveau sujet de discussion. Je le laissais continuer tout en finissant le mien.

« Disons que notre clan est plus versé dans le combat et la destruction que dans le soin. Personnellement je ne me suis jamais penché sur cette question, mais je pense que son utilité serait assez limitée. Le flux de chakra qui circule dans le corps par les méridiens, empêche l’optimisation du Byakugan, à la rigueur pour percevoir une fracture, où sur un être n’ayant pas la capacité d’utiliser du Chakra. »

Mon visage montrait une expression assez dubitative, je n’étais pas convaincu par cette utilisation de notre spécifiés génétique, mais il se pouvait que je me trompais. Peut être que des personnes plus douées dans la maitrise des pupilles blanches de mon clan ou ayant plus d’expérience serait plus à même de répondre à cette question.

Un sourire se dessina un peu plus sur les lèvres de Natsuki. La jeune demoiselle savait de quoi elle parlait, et le faisait sans passer par le prisme filtreur propre à l'éducation au sein d'un clan. Personne n'avait de valeur à la naissance, c'est l'éducation par les parents et la société qui les incorporaient dans l'enfant. Ainsi dans le cas des clans, ces valeurs changeaient grandement de l'un à l'autre, et chacun y cultivait parmi ses membres plus ou moins ses idées propres. Pourtant, bien que Hyûga pure souche, Ryûko prouvait par son discours qu'elle voyait déjà bien au-dessus, affranchit du premier code qu'instaure la communauté pour développer le sien. Les valeurs changeaient avec l'âge, elles évoluaient en même temps que la mentalité, ou se figeaient avec celle-ci. Chez sa voisine de table, l'héritier Nara pu voir qu'elle avait déjà beaucoup réfléchit par elle-même à la question, et savait donc de quoi elle parlait. De dire qu'elle avait tort ou raison par contre, cela personne ne le pouvait. Néanmoins, Natsuki trouvait les échos de sa pensée en la jeune demoiselle, avec toutes sortes de subtilités différentes tout de même, qui donnaient tout le piquant d'une discussion à thème.

« " Chaque vie est importante pour moi. Lorsqu'un inconnu meurt, cela me peine autant que si je perdais mon frère. "» cita le shinobi. « Les mots d'un personnage fictif. » expliqua-t-il ensuite. « Mais c'est plus ou moins ce que tu aspires à voir un jour, si j'ai bien compris. A l'échelle du Village de la Feuille, pour commencer en tout cas. Que chacun voit avant tout ce qu'il peut apporter à son prochain plutôt que d'en tirer avantage, que l'on se sente concerné par les problème de chacun plutôt que de rester individualiste - terme pouvant très bien s'appliquer à des groupes ou des clans aussi. »

Hochant la tête avec satisfaction, Natsuki se tourna un peu plus vers Ryûko.

« C'est quelque chose en effet auquel Konoha devrait aspirer. Enfin, pas seulement notre Village, mais tu m'as compris. Quelque chose que j'aimerai voir se concrétiser aussi. Et tu sais ce qu'on dit à propos du changement n'est-ce pas ? »

L'héritier Nara lui laissa un instant de réflexion, puis enchaîna.

«'' Si ce que tu vois ne te plait pas, et bien retrousse tes manches et change-le. " Nous sommes la nouvelle génération pour ainsi dire, c'est à nous de mener les prémices du changement. Et je pense que la terre de la Feuille est assez fertile pour cela, même si ce n'est pas gagné d'avance. Car comme tu l'as cité de prime abord, la première barrière à cela est la méfiance. La méfiance est à l'origine de la peur, et la peur est celle du repli sur soi, et de la crainte de l'Autre. Une méfiance qui est d'autant plus présente que la Grande Guerre n'est que depuis récemment terminée, et que de nombreuses autres plus petites éclatent. Mais peut-on réellement passer au-dessus ? La méfiance est une caractéristique essentielle à la survie de l'Homme dans un monde hostile, et rares sont ceux qui apprennent à renoncer à cet instinct. Et ce monde hostile étant créé en très grande partie par l'Homme lui-même, le cercle n'en devient que plus difficile à briser. Difficile, mais pas impossible, si en s'en donne les moyens. » conclut-il avec un sourire qui laissait songeur sur l'avenir.

Ce qui était triste avec ce genre de projet, c'était qu'il nécessitait les efforts de tous pour être battit, mais qu'un seul pouvait réduire à néant des années de travail dans ce sens. Que cela ne serve pas d'excuses pour ne pas y croire, cela dit.

Concernant la médecine, Ryûko se montra moins enthousiaste quant à l'utilité du Byakugan et du Poing Souple pour soigner un corps. elle devait mieux savoir que lui, elle maniait ces deux outils après tout, contrairement à lui. Néanmoins, son ton et ses tournures de phrases laissaient entendre qu'elle répondait plus intuitivement qu'avec de solides références.

« Je ne serai peut-être pas aussi catégorique toi sur les limites de votre art dans le sujet. J'ai étudié quelques notions de médecines, rien de très précis, mais j'ai pu trouver à l'occasion un ouvrage qui parlait des soins par acuponcture. Le principe veut qu'un déséquilibre de l'énergie intérieur soit à l'origine d'un maux, ou à l'inverse, qu'un traumatisme provoque cette rupture de l'équilibre. A l'aide d'aiguilles, et avec une certaines connaissances des points d'énergie du corps, l'on serait donc capable d'influencer la circulation afin de la rétablir - ou bien entendu, au contraire la détruire. N'importe qui voit son corps être parcouru par le chakra, même s'il n'est pas capable de l'exploiter autrement que pour vivre. Ainsi, même si ce n'est pas similaire à l'art médical ninja tel qu'on l'entend, c'est-à-dire insuffler son chakra pour refermer une plaie ou ressouder un os, je suis convaincu qu'il est possible de faire beaucoup avec les aptitudes qui font la fierté de votre clan. Atténuer une douleur ou favoriser la cicatrisation d'une plaie par exemple, en stimulant, freinant ou dérivant une circulation de chakra. Ce ne sont que des suppositions bien sûr, je ne prétends pas m'y connaitre dans le domaine. Et puis, ce n'est pas à moi de dire ce que vous avez à faire. »

Repus de tous les plats préparés avec soin par le clan Hyûga, Natsuki avait néanmoins gardé une place pour le dessert. Ce dernier ne sera pourtant pas servit tout de suite. Car avant – d'ici une heure, que la digestion soit bien entamée chez chacun – devait avoir lieu le fameux match d'exhibitions opposant un membre du clan de l'Oeil Blanc à celui des Manipulateur des Ombres. Un combat, rappelons-le qui tenait bien plus de spectacle que du réel affrontement. Cela dit, même dans un duel à mort, il suffisait que l'un des deux soit un pratiquant de l'École du Poing Souple pour transformer le combat en danse, aussi macabre et soit-elle.

Je ne pus m’empêcher de sourire devant la remarque de mon voisin concernant la fierté de notre clan. Je ne savais s’il parlait de notre héritage ou bien de notre maitrise de la technique du poing souple. Bien sûr grâce au Byakugan, nous pouvions voir les méridiens et les tenketsus, nous pouvions aussi les affecter, ce qui se rapprochait de ce dont parlait Natsuki, avec l’acuponcture. Mon sourire devint encore plus grand, lorsqu’il s’excusa presque de s’immiscer dans les affaires de mon clan.

« Tu n’as pas tort, mais si un ami ne peut s’exprimer librement, quel hôte désagréable nous ferions. »

Je savais que je ne parlais que pour moi, mais il n’avait rien dit d’offensant et sa question était légitime.

« Toute personne qui s’intéresse à l’acuponcture, connait le positionnement des points vitaux et autres points névralgiques. Mais il se peut que ta question ait été soulevée par mes ainés et que certains des miens, se soient tournés vers cet art, qu’est la médecine. »

Si je pouvais faire l’impasse sur les plats précédents ou du moins n’y apporter que peu d’attention, il n’en était pas de même pour les desserts. A peine ais-je finis ma phrase que je mordis une nouvelle fois dans mon gâteau. Mais constatant que le verre de Natsuki était vide, je me fis un devoir de le remplir de nouveau.

« Concernant la technique du poing, souple, les membres de mon clan ne sont pas les seuls à maitriser cette technique du Taijutsu. C’est principalement grace à notre Byakugan que notre maitrise des poings souples, fait de nous de redoutables adversaires. Mais bon, comme je te l’ai déjà dit, je ne suis jamais penché sur la pratique des arts médicaux. »

Pour cela, il aurait fallu que je montre un intérêt pour les études, ce qui n’était pas le cas. Je ne dis pas que je considère ces dernières comme inutiles, bien au contraire, mais je préférais me concentrer sur la maitrise de mon art. En parlant de ce dernier, une démonstration martiale allait avoir lieu, ce qui expliquait que les desserts n’avaient pas encore étés apportés. Ma mère avait voulu que je me propose pour ce dernier, mais j’avais décliné l’offre prétextant qu’elle devait être réalisée, par quelqu’un ayant une bien meilleure maitrise que moi. Mon mère avait été déçue, elle désirait tellement que je m’impose plus au sein du clan. Je lui avais promis que je participerais à la prochaine, en espérant qu’elle aurait oublié cette promesse d’ici là, mais j’en doutais.

« Si je ne dis pas de bêtises, cela devrait être une de mes tantes qui participer à la démonstration. Je suis jalouse de la grâce dont elle fait preuve dans ses mouvements, ceux sont des poèmes à eux tout seul. »

Je ne cachais pas ce sentiment pas bien méchant que j’éprouvais pour la maitrise dont faisait preuve ma tante. Mais elle avait plus d’expérience que moi et était à l’aise sur une scène. Je ne pus m’empêcher de jeter un regard vers celle qui venait de se lever afin de se préparer. Mon regard fut aussi attiré par l’homme qui n’était pas loin d’elle et qui la regardait avec fierté et les yeux de l’amour. D’autres regards se posaient sur elle, il fallait dire que peu de femme du clan avait sa beauté et grâce. Je me tassai un peu plus sur moi-même, même sans être vaniteuse, aucune femme ne pouvait ressentir une pointe de jalousie devant elle.

Natsuki suivit le regard de Ryûko vers celle qu'elle désigna comme sa tante, et hocha la tête en guise d'acquiescement.

« Tu dois avoir beaucoup d'estime pour elle non ? » questionna-t-il avec un sourire. « Pour des étrangers au clan Hyûga comme moi, n'importe lequel d'entre vous transforme un affrontement en œuvre d'art. Il se dégage quelque chose de captivant, de fascinant de votre style de combat si particulier. Je pourrais passer des heures à vous observer combattre – danser serait plus le mot – sans me lasser ni détourner les yeux. Alors pour qu'au sein de votre Famille, vous vantiez la grâce de l'un des vôtres, c'est que ce doit vraiment être quelque chose. Je n'ai que davantage hâte d'assister au combat de ce fait. » puis il se pencha vers la jeune Hyûga, et glissa à son oreille dans un murmure « Et j'avoue qu'il me plairait aussi de voir un jour avec quelle poésie tu es capable de combattre. »

En d'autres termes, il lui demandait si d'aventure elle accepterait de se battre contre lui, non pas pour lui permettre mesurer sa puissance, mais pour lui faire grâce du spectacle fantastique qu'était un Hyûga en action. Natsuki n'en avait dans sa vie affronté qu'un seul, Tenshi, et les nombreuses heures qu'il avait passé contre – avec ! - lui comptaient parmi des souvenirs sans prix inoubliables. Il n'y avait pas de mots pour décrire le plaisir qui l'avait galvanisé durant leur affrontement, une satisfaction égale, sinon supérieure à celle qu'il éprouvait en observant des Hyûga se battre.

Il se redressa avec un sourire sur les lèvres, plongeant son regard quelques instants dans les pupilles si particulières du clan de l'Oeil Blanc de Ryûko, admirant autant leur beauté que la réaction de la jeune femme, puis reporta son attention sur son assiette. Ils discutèrent encore ensemble un bon moment de tout et de rien, puis la voix du chef actuel des Hyûga résonna dans la salle, intimant le silence de tous. Le moment était venu : la démonstration martiale allait avoir lieu sous peu, et chacun était invité à prendre place dans la pièce spécialement aménagée à cet effet.

« A tout à l'heure. » sourit l'héritier Nara à l'attention de sa voisine.

A l'instar du début des festivités commémoratives, les deux clans étaient séparés durant le spectacle final, chacun se plaçant avec les siens d'un côté de la large pièce. Semblable à un théâtre, une très large scène trônait au fond de la pièce, surélevée par rapport au reste afin de bien délimiter où s'arrêtait la partie public, et où commençait le domaine des artistes. Comme l'avait annoncé Ryûko, c'était la femme identifiée comme sa tante qui se présenta sur la scène du côté Hyûga. Pour l'occasion, elle s'était délestée de sa tenue de cérémonie au profit d'une autre, autant plus adaptée pour le combat que pour le spectacle. En face d'elle se trouvait le représentant des Nara, lequel était d'ailleurs une femme elle aussi. Tout comme son adversaire, sa tunique était totalement différente de celle qu'elle arborait dans l'après-midi. Le yukata de cérémonie avait été troqué par un ensemble galbant la silhouette de sa propriétaire sans pour autant se montrer vulgaire. Par endroit, seule la résille que semblait tant apprécier le clan Nara couvrait la peau, alors qu'à d'autres, plus stratégiques, c'était un tissu sombre qui faisait office de vêtement. Il fallut cependant attendre que l'affrontement commence pour comprendre sa judicieuse répartition.

Le chef de la Maison Hyûga fit un bref discours, rendant hommage aux deux combattantes sélectionnées par leur famille respective, puis laissa l'exhibition martiale débuter. En position de garde, les deux championnes se rapprochèrent à petits pas l'une de l'autre, puis débutèrent ce que Natsuki décrit comme à chaque fois le plus beau spectacle du monde dès que leurs mains se touchèrent. Chisame, la représente du clan des Manipulateurs des Ombres, s'écarta vivement, les deux mains prêtes à parer : elle avait adopté une posture défensive parfaitement équilibrée, laissant ainsi la première offensive à la Maison Hôte. La tante de Ryûko remercia d'un sourire visiblement seulement de son adversaire, et engagea. Elle manœuvrait ses mains en une débauche d'attaques tourbillonnantes, qui peu à peu, par de subtiles altérations de la positon, passaient de l'attaque à la défense en fonction des besoins. Chisame fit preuve de la même grâce pour se défendre des multiples assauts, et répliquait coup sur coup à chaque occasion. L'on pouvait croire à une chorégraphie, un enchainement répété depuis des mois et perfectionné à l'extrême pour offrir une telle représentation martiale. Mais il n'en était rien. Il n'y avait sur scène qu'un affrontement spectaculaire entre deux femmes s'opposant pour la première fois, et dont le but n'était pas de vaincre mais de briller par leur prestance et la beauté de leurs actes. Alors seulement la tunique de la Nara révéla ses atouts. Les tissus volaient derrière chacun de ses gestes, semblable à des flammes noirs laissant leurs trainées ardentes dans leur sillage, sans pour autant gêner le moindre des mouvements de la combattante. Un plus qui ne rendu l'exhibition martiale que plus impressionnante à regarder encore – tel était leur but après tout !

Chisame fondit en avant. Un ample mouvement de la main visa la tête de la Hyûga, qui para en glissant son poignet le long de l'avant-bras menaçant. La championne Nara se laissa glissa sous la parade d'un grand écart facial, et tenta de frapper de l'avant du pied la cheville découverte de son adversaire. Un mouvement judicieux, mais qui ne surprit guère la tante de Ryûko. Cette dernière décala simplement sa jambe de la trajectoire, puis d'un pas souple amena l'autre pied à frapper en balayage. Toujours dans le même élan de souplesse improbable, le torse de Chisame frotta contre le sol alors qu'elle imprima avec son bassin un mouvement de rotation. Le coup de pied siffla au-dessus de sa tête, puis la riposte s'amorça quand l'élan de son esquive précédente lui permit de se relever d'un bond en arrière, animant ses jambes tels les pâles d'un hélicoptère en fouettant l'air.

Les deux adversaires semblaient d'abord de force égale, et aucune n'avait encore porté le premier coup. Là n'était pas le but de toute façon. Pour ce qui était de faire le spectacle par contre, le succès était en rendez-vous. Car même dans le silence le plus total de la part du public, il était impossible de ne pas lire l'admiration dans les yeux de la plupart, sinon tous. Et l'exhibition était loin d'être terminée, au plus grand bonheur de tous les envoutés.

La démonstration allait bientôt commencer, mais avant chaque membres des deux clans, devaient retrouver les siens. J’acquiesçai lorsque Natsuki me signala que l’on se retrouverait pour la fin du repas. Une fois le spectacle finit, tous les convives retrouveraient leur place pour partager le dessert. Ensuite, tout le monde sera libéré, afin de permettre à ceux qui le désiraient de continuer à se remémorer leurs souvenirs communs, ou apprendre à faire un peu plus connaissance. La commémoration de l’alliance entre les deux clans, se terminera à la nuit tombée, mais pour l’instant je me concentrai sur ce qui allait arriver. Je dois reconnaitre, que je me demandai comment un membre du clan Nara allait pouvoir faire jeu égal avec ma tante. Je ne doutai pas que le clan Nara possédait des combattants redoutables, mais ils étaient plus reconnus pour leur intelligence et la maitrise des ombres, que le taijutsu. Tensô- san, le chef de notre clan, fit un petit discours afin de présenter et rendre aux deux combattantes qui allaient se donner en spectacle.

Lorsque aperçue la représentante du clan des manipulateurs des ombres, je compris qu’elle allait nous offrir une démonstration des plus impressionnantes. Le premier mouvement fut amorcé et déjà j’étais prise dans le combat à venir. Je ne parvenais pas à détacher mon regard de la chorégraphie que nous offraient les deux combattantes. Moi, pour qui la danse et le combat était indivisible, éprouvait de la jalousie et cela me fit honte. Mais comment ne pas éprouver ce sentiment, lorsqu’on tendait à atteindre ce stade et que pour l’instant, malgré des heures d’entrainements et de sueur, je ressemblais à un vilain canard. Tel deux cygnes majestueux, les deux femmes nous offraient une chorégraphie magnifique, tout en souplesse et grâce. Leurs pas étaient si légers que l’on n’entendait même pas ces derniers. Si la prestation de ma tante ne me surprenait pas, je ne pouvais pas en dire autant de la Nara. Je sais que nous ne sommes pas les seuls à utiliser l’art du poing souple, mais on nous disait être les maitres de cet art. Si je n’éprouvais pas de véritable jalousie, envers la membre du clan de Natsuki, je ressentais malgré tout une certaine colère, de l’amertume. Comment pouvait-elle avoir une telle maitrise, elle qui normalement ne devrait pas. Alors que des larmes de frustrations commençaient à apparaitre sur mes joues se senti, une main se poser sur la mienne. Je détournais la tête du spectacle, pour voir le visage de ma mère. Celle-ci arborait un sourire entendu, avant de me chuchoter à l’oreille.

« Elles ont l’expérience de celles qui ont connu le sang, elles danses en mémoire de ceux qu’elles ont vu tombé et de ceux qu’elles ont tué pour nous tous. »

Je savais tout cela, du moins je me doutais que la Nara avait elle aussi connu la guerre. Mais je n’avais pas réfléchit à ce que cela signifiait d’un point de vue du combat. Toutes deux avaient développé leur art, afin de pouvoir défendre les leurs. Ce qu’elles nous montraient, n’était pas simplement leur maitrise, mais aussi qui elles étaient, des shinobis, des combattantes. Avec ce nouvel éclairage sur les deux combattantes, mon regard sur la Nara changea peu à peu, comprenant une des raisons qui expliquait notre différence. Si sa maitrise du combat était supérieure à la mienne, elle le devait non seulement à des heures passées à s’entrainer, mais surtout à la nécessité qui était la sienne, sans parler de celle acquis en mettant sa vie en jeu pour la sécurité des autres. J’étais loin d’avoir cette expérience du combat. Je chassai mon ressentit, afin de profiter du spectacle qui se déroulait sous mes yeux. Si dans un premier temps, les deux femmes semblaient du même niveau, peu à peu je percevais une légère modification dans le rythme de ce combat. Même si la membre du clan Nara était une combattante de grande classe, le fait que l’art du poing souple n’était pas la particularité de son clan, péchait contre elle. Malgré tout le combat restait des plus équilibré d’un point de vue du spectacle. Aucune des deux combattantes ne cherchaient à prendre véritablement l’avantage sur l’autre, elles partageaient leur expérience, leur histoire commune. Je pouvais constater qu’un grand nombre des spectateurs semblaient vivre l’histoire qu’elles nous racontaient par leurs mouvements. Je ne saurais dire combien de temps dura l’exhibition, tellement je me trouvais hypnotisé par celui-ci. Il allait bientôt être temps pour les convives de rejoindre leurs places respectives. Je percevais par certains mouvements, que l’exhibition allait prendre fin, sans que l’un est vraiment pris l’avantage sur l’autre. Si nos serviteurs se montraient des plus discrets, ce n’était pas le cas de certains des plus jeunes d’entre nous que l’approche du dessert rendait impatient.

Le combat fut intense. Non pas en terme de violence, de pugnacité ou de force, mais en émotions. Car il n'y avait pas que l'affrontement en lui-même – qui d'ailleurs à lui seul valait la peine d'être venu – mais aussi pour tout ce qu'il représentait, et tous les souvenirs d'un sanglant passé qu'il véhiculait. Ceux qui étaient assez vieux pour avoir vécu la Grande Guerre ne le comprenaient que trop bien, et portaient un regard unique sur l'exhibition qui venait de se dérouler. Les moins vieux qui l'avaient seulement connu de son contexte extérieur ressentaient jusqu'à dans leurs os l'intensité avec laquelle chacun avait dû lutter pour les principes auxquels ils croyaient, fauchant les vies et versant leur sang au mépris du danger pour défendre ce qui leur était cher. Les plus jeunes par contre, ceux qui avaient eu la chance de ne pas naître durant cette triste époque ou qui n'en gardaient pas le souvenir, eux faisaient montre de plus d'intérêt pour le dessert à venir que pour la fin du combat. A ceux-là se verront ce soir probablement gratifiés d'une gifle par leurs parents avant d'aller se coucher, simplement pour avoir manqué de respect à leurs ainés. Une bêtise de leur part issu de leur ignorance, une ignorance qui n'est peut-être pas si mal, et même un bon signe d'une nouvelle époque qui commence. Un jour peut-être, lorsqu'ils auront prit de l'âge et de la maturité, que leur innocence sera tâchée par le sang de la réalité, ils demanderont d'eux-même à comprendre les enseignements que tentent de transmettre les plus anciens aux générations suivantes, souvent avec tristesse lorsqu'ils réalisent que les erreurs et le horreurs du passé se perpétuent encore. Mais malgré cela, c'est le souvenir de jadis qui leur donne la conviction de la pensée de demain : l'espoir aussi se perpétue à chaque génération en pensant que celle-ci sera la dernière à connaître le sang et la guerre.

Silencieux, Natsuki regagna sa place, mi perdu par l'émerveillement du spectacle, et mi égaré par le tourbillon de sentiments généré par ce qu'il avait vu. Comme à fois, dès le lendemain, il se sentira gonflé à bloc, prêt à continuer avec plus d'ardeur que jamais sa vie de shinobi de Konoha. Pour ses propres valeurs, pour celles dont ses ainés se sont battu, pour celles dont ses ancêtres sont morts. Puisqu'au final, ce sont les idées et les valeurs qui rendent immortel. Le corps peut mourir, et l'âme être détruite, les idées elles sont à l'épreuve de tout. Quiconque à transmit les valeurs auxquelles il croyait continuera d'exister avec elles. Cet exemple ne saurai être plus vrai ailleurs qu'à Konoha, où les visages des Hokage veillent encore sur ceux à qui ils ont transmis leur volonté. '' La volonté du feu '', comme la qualifiait Onpu, l'Hokage actuel.

L'héritier Nara sembla émerger de sa semi-transe lorsque Ryûko retrouva sa place près de lui, et que les desserts furent apportés, en quantité presque aussi abondante que le fut le repas quelques heures plus tôt. Les Hyûga n'avaient presque rien à envier aux Akimichi sur cette journée. Se fendant d'un sourire, Natsuki s'adressa à son hôte :

« C'était quelque chose, n'est-ce pas ? » lui demanda-t-il avant de saisir les couverts pour une tarte et lui proposer de la servir. « Je ne sais pas ce que cela te fait à toi, mais moi, assister à cet exhibition, ça m'a... wahou. Je me sens motivé comme jamais pour aller de l'avant. »

L'Histoire retiendra cependant que cet élan d'énergie sera entièrement dévorée sans pitié par l'hiver deux jours plus tard, mais il n'est pas nécessaire de s'attarder sur ce détail maintenant. Ni même jamais.

« Les nôtres – Hyûga comme Nara, shinobis comme civils -, ont vécu les affres de la guerre pour que nous n'ayons pas à les subir. C'est aussi pour cela que je me bats. L'on n'effacera jamais la souffrance, le sang, la peine et les luttes, mais si au moins j'arrive à œuvrer pour que la guerre soit un terme appartenant au passé, alors je ne laisserai aucun regret derrière moi quand mon heure viendra. »

Si l'approche du concept de la mort par Natsuki était particulière, c'est de façon beaucoup plus classique qu'il approcha la fourchette surmontée d'une part de tarte aux fruit rouges à ses lèvres. Il lâcha un soupire de délice en sentant la pâte fondre sur sa langue.

« Je veux définitivement rencontrer les responsables de la cuisine aujourd'hui. » annonça-t-il avec un sourire de satisfaction sur les lèvres.

Encore sous l’émotion suscitée par le combat qui s’était déroulé mes yeux, je retournais à ma place. Je pouvais sentir le regard de ma mère, elle devait se demande si j’allais mieux. La jalousie, de voir une étrangère pratique notre style de combat avec autant de grâce, avait laissé place à une émotion bien différente. J’étais émue et le désir que j’aie de parfaire mon propre style avait pris de l’ampleur. Je fis disparaitre tout cela de mon visage, lorsque je retournai à ma place. Natsuki était déjà installé et semblait encore sous l’effet du spectacle auquel il avait assisté.
Mon arrivée coïncida avec celle du dessert, donc pouvais-je dire si c’était ma présence ou celle de ces derniers qui avait sorti le jeune homme de sa semi-transe. Ce fut avec un sourire qu’il m’accueilli et s’adressa à moi. Il me fit partager son admiration devant ce combat et me proposa de me servir. Je le remerciai d’un hochement de tête en acceptant sa proposition. Puis il me fit part de son admiration pour le spectacle martial dont nous avions été témoin. On pouvait dire que Natsuki était une personne assez démonstrative et pleine d’énergie. Je comprenais sa motivation, ce que lui avait fait ressentir ce spectacle.

« Oui, elles sont parvenues à atteindre mon cœur et à attisé mon désir de m’améliorer toujours plus. »

Lorsqu’il fit allusion au passé qu’avaient connu nos deux clans, ses mots firent échos à ceux prononcés par ma mère, quelques instants plus tôt. Nous étions suffisamment âgés pour avoir connut l'époque de la guerre et les peines que celle-ci pouvait créer. Je me demandais si lui même avait pris part à des combats, certains clans dont le mien, avait envoyé des jeunes au combat vers la fin. Ce qui avait permit à certains d'acquérir une expérience profitable pour le futur, mais qui avait eu aussi pour effet la perte de membres prometteurs. J'évitais de poser la question, celle-ci pouvant faire ressortir des mauvais souvenirs. Je comprenais son désir, mais pouvoir mettre un terme aux guerres, je trouvais cela assez utopique. Était ce dû à sa propre expérience qu'il avait décidé de combattre pour mettre un terme à la guerre ou bien suite à l'expérience des siens. Personnellement, si je me battais, s’était pour défendre ceux qui m’étaient chers. Il y aura toujours des conflits, une guerre n’était qu’un conflit qui embrasait un plus grand nombre de vie. Je préférais garder ma pensée, surtout que mon voisin venait de changer de sujet. J’avais pu constater durant la première partie du repas, qu’il aimait les plaisirs de la table et qu’il avait bon appétit. Je ne pus m’empêcher un petit rire devant son expression devant le plaisir qu’il prenait à déguster la part de tarte. Je devais reconnaitre que ceux qui avaient préparé le repas s’étaient dépassés. Je me demandais s’ils utilisaient le Jyuken dans la préparation de la pâte, pour réaliser ces desserts. L’idée était assez amusante, après la médecine, voilà une autre utilisation de notre art. Cette idée ne fit qu’accroitre min rire, mais je parvins à le retenir et ainsi éviter de m’esclaffer. Je me gardai bien de faire part de cette image à mon voisin. Lorsqu’il me fit part de son désir de pouvoir rencontrer ceux qui étaient à l’origine de ce magnifique dessert, je laissais apparaitre un sourire qui remplaça mon rire.

« Je suis certaine, qu’ils seront heureux de savoir que tu as apprécié leurs efforts. Je te conduirais aux cuisines plus tard, si tu le désire. »

Natsuki hocha la tête d'un air entendu.

« C'est un peu plus que simplement rencontrer les cuisiniers pour les remercier de leur travail d'aujourd'hui. Je ne sais pas si je te l'avais déjà dit, mais je m'intéresse un peu à la cuisine aussi, dans le sens où je cuisine moi-même. Je ne prétends pas avoir le niveau de vos spécialistes malheureusement, mais je pense que discuter avec eux pourrait m'être très profitable. Du moins, si ce ne sont pas des savoirs secrets conservés très précieusement. » précisa-t-il avec un sourire.

Une plaisanterie qui ne prenait vraiment son sens que pour les ninjas claniques, et ceux qui avaient tenté de s'approprier leurs connaissances. Mais la deuxième catégorie était rarement en état de rire encore à ce trait d'humour. Ce qui faisait la marque des clans de shinobi était leur attribut unique, qu'aucun autre ne maîtrisait. Il pouvait s'agir de dons héréditaires, comme le Byakugan de la noble Famille des Hyûga ou la manipulation des os des Kaguya, ou au contraire, de techniques secrètement développées et transmises au sein d'un clan, à l'image de la manipulation des ombres des Nara ou le décuplement corporel des Akimichi. Et pour l'un comme pour l'autre, ces pouvoirs étaient très jalousement protégés par leur clan respectif.

Les dons héréditaires ont toujours été sujets de convoitise, et beaucoup ont tenté d'en percer les secrets pour se les approprier. Les méthodes employées pour y parvenir ne se citaient pas à table, mais elles se faisaient toujours au dépend du sujet de prélèvement. Dans le second cas, la tâche pouvait paraître plus simple. En effet, il ne s'agissait sur le papier que de copier une technique. La réalité était tout autre cependant, car lesdites techniques ont été des objets d'études durant plusieurs décennies, voire générations, de shinobis avant d'être créées. Leur apprentissage est très long et fastidieux, si bien que si les bases et approfondissements ne sont pas enseignés dès le plus jeune âge, il devenait pratiquement impossible de les intérioriser ensuite. C'est dans l'enfance que le cerveau enregistre le mieux après tout. Même le tristement célèbre et décédé clan Uchiwa ne parvenait à imiter ces techniques, dont la complexité dépassait les capacités d'analyse de leur Sharigan, ou les aptitudes de leur corps qui n'était pas préparé à les utiliser.

Natsuki doutait bien sûr que les arts culinaires des Hyûga soient aussi dans le domaine du secret clanique. Ryûko ne le lui aurait pas proposé sinon. Sa visite des cuisines attendra néanmoins la fin des festivités, et sera probablement très courte : à en juger par le nombre de convives présents, les plongeurs auront de quoi faire même avec des laves-vaisselles industriels, et donc pas forcément de temps à accorder à leur visiteur. Mais s'il pouvait déjà avoir un premier contact, et l'occasion de revenir un autre jour pour en apprendre plus, il sera déjà bien satisfait. Ce n'était pas souvent qu'il se renseignait de la sorte, favorisant généralement l'apprentissage autodidacte comme il l'avait fait depuis qu'il maîtrisait les bases de la cuisine. Il se débrouillait dans le domaine, et pourrait même probablement être encore meilleur s'il s'en accordait le temps. Mais il ne le faisait pas, car là n'était pas son métier. Il était un ninja de profession, une carrière exigeante autant physiquement que psychologiquement qui nécessitait de savoir bien plus manier la kunai que le rouleau à pâtisserie. Il avait fait ses choix de vie – certes très aiguillés par son sang clanique – et n'en regrettait aucun.

« Tu as des passions dans la vie, ou tu te consacres entièrement à ta carrière professionnelle ? » demanda-t-il finalement.

Le second cas serait étonnant. Même les plus assidus, les plus avides de pouvoir et de puissance ne passaient pas la totalité de leur temps à s'entrainer lorsqu'ils n'étaient pas en mission. Sauf quelque rares peut-être, dont la plus grande passion était justement de renforcer leur corps et leur esprit. Mais comme dit, ce n'était pas courant. Certains œuvraient dans la peinture ou la littérature, d'autres comme Natsuki dans la cuisine, ou même la musique, à l'image de leur Hokage qui ne devait plus avoir tellement de temps que cela pour gratter les cordes de son luth maintenant. C'est sur cette curiosité que l'héritier Nara avait posé la question à sa convive de table, dont la discussion et présence lui étaient de plus en plus agréables.

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