Je marchais devant les imposants remparts du village, juste là où s'était battue ''l'Ecarlate'', battue était un bien grand mot pour qualifier la raclée en règle infligée à la plus part des ninjas présents à ce moment, j’observais ce qu'on appelait la voie illusionnée, maintenant on pouvait la renommer, je voyais bien : ''La voie carbonisée'', ou un truc dans le genre. La reconstruction était finie, mais les manipulateurs de sable, de terre, de peinture... Avaient eu beau faire ce qu'ils voulaient, on sentait toujours cette odeur de barbecue. J'aurais du venir, au moins pour regarder, si ce n'était pour la capturer, mais bon, le sommeil n'a pas de prix. Je m'immobilisais subitement face à ce qui n'était en fin de compte qu'un gros château de sable, tout en remuant le sable du bout de mes pieds nus. Et, je me mis à parler toute seule, à voix basse ; étonnant pour beaucoup, mais je parvenais mieux à réfléchir comme ça.  

« Suna, Suna ; Suna... Qu'as tu à m'offrir hors mis du sable, du vent et des coups de soleil ? Explique moi donc ce qui pousse mes Ketsueki chéris à rester ici ? Ah ouiii.. Ce sentiment d'appartenance, de reconnaissance ; je crois que je peux comprendre, sauf que je n'appartiens à personne, de quelque forme que ce soit et que je me fiche pas mal de la reconnaissance des autres, ce qu'on peut penser de moi ne m'atteint pas, bien au contraire, la seule chose qui peut m'intéresser est la crainte que j'inspire. Cela ne me dit toujours pas ce que je fais ici au final, et Daï qui ne parle pas beaucoup ces derniers temps, il me saoule un peu, il disait que venir dans cet endroit serait, je le cite ''source de renouveau'', mon cul ouey ! Je m'ennuie comme un rat mort, pour rester polie. Enfin enfin, je suis pas du genre à me laisser abattre pour si peu, et maintenant que j'y pense, j'ai un employeur, lui il est censé savoir, et m'indiquer. J'arrive. »

Ce fut dans cet éclat de génie que je m'engouffrais dans la voie illusio-cramée, bien décidée à avoir une petite discussion avec le Kazekage. Suna est grand, mais pas tant que ça. Je parcourus les toits des maisons jaunâtres assez rapidement, sautant à droite à gauche. Devant moi se dessinait déjà le palais, autrement dit la maison de Reï. Un dernier saut et j’atterris comme une fleure pas loin des portes vitrées de ce que j'appelais, moi, la mairie ; y avaient juste un plus de ninjas ici qu'ailleurs. Quelques pas affirmés dans le hall d'entré, j'empruntai un escalier, croisai plusieurs personnes qui me dévisagèrent au passage, et arrivai enfin dans un couloir, celui dans lequel se trouvait le bureau du patron. Y a pas cinquante portes, ça allait, et je supposais que son cabinet était celui gardé par un ninja, un garde, ou le concierge peut être. Je prête pas vraiment attention à ce type, je lui passe devant ; et frappe à la porte ; oui, j'avais quand même un minimum de savoir vivre.

Là le gars se marre, je vois son bandeau ; c'est donc un ninja. D'une voix nonchalante, presque agressive, et avec un regard sombre, et tout aussi agressif, lui demande avec une douceur étrange, déstabilisante.

« T'as un problème ? »
« Non c'est juste que... »
« Bah alors, fait partager le délire ! »
« Le Kazekage n'est pas là, vous... »
« C'est ça qui te fait marrer ? »
« Et ben... »
« Sérieux, ferme-la. » Dis je en poussant la porte visiblement laissée ouverte.
« Mais, vous ne pouvez pas entrer tant que... »
« Si tu la fermes pas, toi, tu ne pourras plus pisser debout pendant un moment. »

Il se tue et regarda droit devant lui. Je préférais ça, j'avais horreur des mecs faisant de la figuration. J'entrai dans le bureau, puis fis marche arrière pour ajouter quelques mots.

« Rend toi utile tien, va dire à Rei que je suis dans son bureau. »
« Mais vous êtes ? »
« Il saura, enfin, j'espère pour toi. »

Il acquiesça sans broncher, et même s'il détournait les yeux je pouvais lire ne eux la peur, ou au moins je pouvais sentir qu'il était très mal à l'aise. J'aimais ça, mettre mal à l'aise les gens. Il quitta le couloir. Un chuunin à n'en pas douter, un faible assurément. Il était temps qu'on apprenne qui est Nogori Sonoshee.

Je jetai un œil à la pièce, aux meubles, tout ça tout ça ; et allai m'asseoir dans le fauteuil derrière de bureau. Je m'amusai un instant à le faire tourner, avant de m'arrêter. Je jetai un coup par la fenêtre, quelle superbe vue, ça c'était du panorama de luxe. Je me souvenais de cette tour où j'avais passé plusieurs nuits dans mes jeunes années, la meilleure chambre, avec la meilleure vue ; sur une grande ville d'Ame dont je ne me souvenais plus le nom... J’ouvris quelques dossiers traînants par là, je les lisais pas, je regardais juste les images, ou du moins, les photos ; et je me fis cette réflexion en fixant devant moi au travers de la baie.

« Y a quand même de beaux spécimens dans ce village. »

Je regardais toutes ses photo avec attention, j'avais une mémoire photographique et j'associais assez facilement les noms aux visages. Quand je croiserai l'un de ces hommes, ou de ces femmes, je saurai qui se tient devant moi. Toujours face à la vitre, je fus tirée de mon exploration des dossiers par le bruit de la porte, je redressai la tête et refermai le dossier, je n'eus pas le temps de me retourner pour voir qui venait que sa voix s'éleva. Et bien, c'était lui, le Kazekage, celui que j'étais venu voir. Je me retournai finalement avec un sourire innocent aux lèvres. Je déposai discrètement les documents tout en fixant celui qui avait amené mes Ketsueki ici. On se connaissait tous les deux, enfin, vite fait à vrai dire ; il en savait certainement plus sur moi que l'inverse, mais moi je savais quel genre d'homme il était, un ''maniganceur'', comme je les appelais. Ces personnages avec trois plans pour arriver à leur fin, avec trois coups d'avance sur les personnes comme moi, oué ; ce genre là...

« La place du  Kazekage, hein ? Ce n'est qu'un siège comme un autre non ? Haha, es-tu bien le Kazekage au moins ? » Dis je sur un ton sérieux.
« Non je déconne ; bien sûr que t'es le chef du village, quoi d'autre ? Hein ? »

Ajoutais-je tout sourire en me levant délicatement du fauteuil. Je croisai son regard et visiblement cela ne semblait pas l'amuser. Haha, c'était bien dommage ; faudrait s'habituer et ce serait probablement compliqué, enfin il n'avait pas bronché, pas tenté de me démentir, il restait droit, ne laissant transpirer aucune émotion sur ce sujet, il était fort. Je n'allais pas insister ! J'aurais une réponse un de ces quatre, je ne 'inquiétais pas. Je devais me recentrer sur la raison de ma présence ici, à savoir, la raison de ma présence... ici. Je restais assez passive depuis ma venue ici, et ne pas pouvoir bouger ou me défouler commençait à me rendre folle, la preuve, peu de temps avant je parlais toute seule à un mur ; enfin, un village. J'étais une junin et je n'avais rien à faire, ou du moins on ne me donnait rien à faire, inadmissible. Je m'étais assise dans un autre siège de l'autre côté du bureau, je croisai les jambes et lui laissai un peu de temps.. d'arriver. Mais, pas trop longtemps.

« Tu dois te demander ce que je fais là je suppose ; c'est peut être la première fois qu'on se parle d'ailleurs... dois je te tutoyer ou te vouvoyer ? »

Bien sûr je me fichais de sa réponse, je mettais tout le monde à égalité, riche, pauvre, puissant, faible ; tous le même traitement, sans distinction, comme dans mon enfance ; on ne m'avait jamais fait de cadeau, on m'a traité des façons les plus horribles et... enfin, c'était une autre histoire. Bref. Kazekage, supérieur hiérarchique, ça n'avait pas beaucoup d'intérêt. Ha, mais je m'égarais encore, j'avais cette fâcheuse tendance à me dissiper, un manque de concentration ou de discipline comme disait Daï Ketsueki. Ce Rei avait une chance folle de ne pas m'avoir rencontré avant, une gamine sans éducation, un être à l'état brut.. Uhm...

« Enfin, ça fait un moment que je suis là, et je me demandais enfaîte, pourquoi ? Y a bien toutes vos histoires de masque blanc, mais on ne va pas tous s'attarder là dessus... si ? Tu as laissé partir une femme y a pas longtemps, tu aurais pu m'envoyer la capturer, non ? J'ai l'impression d'être payée à rien faire ; pas que ça me déplaise, mais je préférerais quand même... bouger, si tu vois ce que je veux dire. »

Dis je croisant les jambes dans l'autre sens.

J'écoutais avec tant de patience et d'attention que je parvenais à me surprendre moi même, d'habitude j'en avais rapidement marre de ce genre de discussion, d'échange ; mais cet homme avait quelque chose de spécial, un charisme attractif et une ''prestance'' classe, non, non, noble.. J'avais eu l'occasion de rencontrer des petits seigneurs et d'autres personnes toutes aussi importantes dans mon précédent métier, tous irradiaient de cette même luminescence et face à eux j'étais comme le papillon de nuit hypnotisé par le ballet nocturne des lumières, bon peut être pas à ce point non plus, mais pas loin. Ou on aurait aussi put dire que, comme cette conversation tournait relativement à mon avantage, alors j'étais plus intéressée ; ha, peut être un mélange des deux, en effet. Enfin, ce genre d'homme aussi bon puisse-t-il paraître, cachait toujours quelque chose de monstrueux, dans le bon ou le mauvais sens. Leurs titres ne leur servaient qu'à une chose : masquer la vérité. Je le répétais, des maniganceurs... Bref, à cet instant je m’intéressais bien plus à la liberté que semblait vouloir m'accorder le messie des Ketsueki qu'à son probable et très incertain secret.

« Diriger d'autres ninjas ? Je ne sais pas, enfin, je peux largement le faire, mais je doute que l'on m'endure très longtemps. » Rigolais-je.

J'avais parfaitement conscience de ce que j'étais, je me connaissais par-cœur, de A à Z, jusqu'au plus profond de mes entrailles ; je savais parfaitement à quel point je pouvais être dure avec les autres tant par ma parole que mes poings. De plus moi qui m’évertuais à remettre tout le monde à mon niveau, ne pas faire de distinction entre faible et fort ; je pensais que cela pouvait poser problème, mais enfaîte : non ; au contraire même, ce ne serait que plus dur. Je pris mon mon médaillon d'Azurite entre mes doigts, et le frottai du pouce, un tic banal qui indiquait mon entrée en mode réflexion. Enfaîte c'était une super idée, comme quoi le hommes ne sont pas tous des vicelards stupide irrécupérables. Un nouveau sourire se dessinait sur mon visage : celui du contentement. J'étais assez satisfaite de cet échange qui, pour une fois n'est pas coutume, était assez bien construis . Néanmoins j'avais toujours, comme d'habitude, des questions ; les réponses me semblaient pourtant logique mais... la logique sonosheeïenne...

« Diriger une équipe, ou une ''partie d'armée'', cela implique quoi ? Plus de liberté quand même, parce que sinon... Haha, et puis tu me demandes ce que j'aimerai.. Je suis ce que je suis ; mais ce que j'aimerai, ce qui ma plairait ; on s'en fout. Du moment que je suis payée, tu peux me demander à peu prés tout et n'importe quoi... Ma visite d'aujourd'hui ne découle pas d'un caprice, je ne suis plus une gamine depuis bien longtemps. Je viens juste te faire remarquer que tu gaspilles de l'argent et mon énergie, alors qu'avec un peu plus de liberté... » Ajoutais-je en le fixant.

Je lâchai mon médaillon et fis bruyamment craquer mes épaules raidies par l'inactivité. C'était bien vrai, à part quelques balades dans le sable, parce qu'il n'y a que ça ici, hors mis une ou deux rares oasis dont je n'ai pas vu la couleur, je ne faisais absolument rien. Ah si, bavarder avec quelques Sunajin, à droit, à gauche ; perdre mon temps en somme. J’espérais maintenant que le Kage prenne une décision logique, et d'une bonne logique pas comme la mienne. Me battre, travailler, me déplacer, voyager ; autant d'éléments pouvant canaliser mon trop plein d'énergie en autre chose que des conneries. Je me souvenais de mes débuts avec les Ketsueki, lorsque plusieurs d'entre eux me disaient : ''Va courir'', ''Va t'entraîner'', ''Dépense toi !''... ce que c'était drôle, j'étais bien plus qu'hyper active sur certains points, jamais fatiguée, ou presque ; toujours à l'affût, ''presque'' vicieuse... rester dans le village sans véritable occupation avait tendance à me rendre encore plus instable. Du coup, malheureusement quelques Sunajin finirent en exutoires malgré eux.

« Peut être qu'on t'a dit que j'étais ''indisciplinée'', ce n'est pas faux ; enfaîte j'ai du mal avec l'autorité. Mais je suis une guerrière disciplinée dans son domaine, une vraie kunoichi œuvrant pour sa mission et je crois que dans ce village, on a un peu trop tendance à oublier ce que veulent dire tous ces mots. »

Le kazekage parlait sans dire les choses. Je comprenais bien que je devais faire la moitié du travail. J'étais peut être un genre de brute, mais j'étais loin d'être comme le genin Goren. Bien plus subtile et réfléchie quoi qu'on en dise, et qu'on en pense. Au moins fus rassurée lorsqu'il assura pouvoir gérer la discipline des Sunajin, je me voyais mal jouer ce rôle et ce n'était pas mon taff non plus. Le conseil était enclin à... Le conseil.. dans d'autres circonstances je me serais marrée ouvertement ; le conseil et ses décisions étaient si futiles, et parfois très bancales voire incompréhensible. Certes je le remerciais d'avoir fait venir les Ketsueki ici, cependant je ne pouvais que valider quelques hypothèses d'éléments extérieurs. Je n'étais pas sourde. Enfin, pour revenir à ce qu'il disait, trois chefs de section faisant partie du Kakumeigun...

« Le conseil... Ou toi même, souhaiterez donc que je prenne la direction de la section de combat, si je te suis. Il y a un seul problème, je ne fais pas partie du Kakumeigun. C'est un peu un genre de famille...  Comme les Ketsueki. Hum, Habashi Zanshi, n'était elle pas leur chef ? Cette unité est donc sans tête... »

Une unité en stand by, sans dirigeant, qui serait composée de trois chef de section... quelque chose clochait là-dedans. Je me demandais s'il avait une idée derrière la tête.

« Avant de désigner des chefs de section, il faudrait déjà quelqu'un pour diriger tout ça, en dehors de toi... Je me demande si le Kakumeigun est encore viable... S'il ne faudrait pas le ''rénover''. »

Je savais que cette unité comptait quelques éléments du village, et pas des plus mauvais. Néanmoins je n'en avais pas entendu parler depuis mon arrivée, si ce ne fut les frasques de l' ''Ecarlate'', aucune action ne leur été imputable, je ne doutais pas de leur place dans les actions du passés, mais celles du présent ? C'était une toute autre histoire, un temps révolu. S'attarder sur les choses du passé n'apportait rien de bon, et je ne parlais pas forcément de l'unité à la base du village... Enfin, son sort au final m'importait peu, il n'entrait pas dans les solutions pouvant répondre à mon désir de liberté. Je repris la parole, toujours aussi sérieuse.

« Quoi qu'il en soit, je suis payée pour faire ce que tu dis, ni plus ni moins. Si tu me dis de prendre la direction d'une équipe, je le ferai. Tu as permis aux Ketsueki de rejoindre Suna, et m'as donné un but précis, défendre le village, et le pays du vent. »

Répondis-je. Je ne savais pas si c'était la réaction qu'il attendait, mais enfin de compte, je devais beaucoup à cet homme, et je lui en demandais encore. Je n'étais pas l'exemple du tact et de la diplomatie, je n'étais toujours très subtile, mais plus que certains tout de même, je pouvais être une garce ingérable; mais je savais reconnaître les choses.

« En attendant, si jamais tu as une mission, ou quoi que ce soit dans le genre... » Achevais-je en souriant sur un ton plus léger.