En cette chaude journée de fin d'été, Tawie bénissait ses géniteurs de lui avoir transmis l'affinité suiton. Idéal pour se rafraîchir en plein entraînement.

Comme elle en avait pris l'habitude depuis sa sortie de l'Ergastule, elle s'improvisait un petit parcours du combattant à travers les terrains d'entraînement. L'objectif : serpenter à travers toute la surface du terrain, passer entre les jambes du plus de shinobis possible (de préférence sans les gêner, on ne sait jamais sur qui on peut tomber) et mettre à profit le décor varié pour effectuer un maximum d'acrobaties en tout genre. La sueur était évidemment au rendez-vous, mais moins que l'adrénaline.

Pourtant, ce jour-là, il lui en fallait davantage. Bondir dans tous les sens n'était plus suffisant. Il lui fallait de la dérouille, du rentre-dedans.

Elle choisit donc une place qui se rapprochait du centre de gravité du terrain d'entraînement, étendit ses jambes déjà longues pour se placer encore plus en hauteur, et commença à hurler.

- Oyez, chiffes moles !
Ras le bol des parcours de santé, aujourd'hui je veux du lourd !
Ceci n'est pas un appel à volontaire, c'est un provocation en duel ! Je vous donne exactement deux secondes pour me choisir un adversaire, top chrono !!!

Une seconde.
Deux seconde.

- Tiiiiime's uuuup !

Elle fit pivoter son cou à 90 degrés, puis 180, puis 270, pour finalement faire un tour complet.

- Personne ?

Elle relâcha sa tête qui se mit à tourner de façon fulgurante pour revenir en place.

- Vous ne me laissez pas le choix, bande de nazes. Je vais devoir m'en trouver un toute seule !

Elle leva le bras, l'allongea de près d'un mètre vers le soleil.

- And the winner iiiiiiiiiiiis... YOU !!!

Son bras s'abattit et pointa droit vers une personne prise au hasard. L'heureuse élue était une élégante dame aux cheveux verts et pourpres.

- … Sonoshee-san ?

Pour le coup, elle était plutôt gênée. C'était la leader de sa section, et même si elle n'était pas au village depuis longtemps et qu'elle y était arrivée en même temps que Rossu, Hana et tous les autres, elle n'était pas réputée pour faire dans la dentelle. Le moment était venu de voir si le respect qu'elle imposant avait une raison d'être.

- OK, boss ! Si je vous bats, je prends la direction du Taisen. Marclé chonchu ?

Mains sur les hanches, peur de rien. Ou inconsciente, c'était selon. Peu importait, pourvu qu'elle fasse son sport... brouter la face d'une étrangère ferait l'affaire.

J'étais là, assise sur le sol poussiéreux bordé de murets surmontés de grillage. J'observais les jeunes s'entraîner, sans grand intérêt. Le Kazekage m'avait chargé de m'occuper de mon unité, le Taïsen ; de les entraîner. S'il m'avait dit dés le début que j'aurais à jouer un genre de baby-sitter pour ninja en herbe ; je me serai peut être ravisé et me serai contenté de ce que j'étais jusque lors. Enfin bref, maintenant que c'est fait, impossible de revenir en arrière, et au final, ça ne changeait pas grand chose à mes journées, je restais quasiment toujours assise, à dormir et dans le meilleur des cas, observer. Oui parfois on peut faire de bonnes trouvailles. Je m'étais liée d'une espèce d'amitié avec le chuunin que j'avais malmené depuis mon arrivé à Suna ; il était à côté de moi, adossé à la grille de sécurité.

« Il fait trop chaud pour faire quoi que ce soit... »
« Et dire que tu diriges l'unité de combat. »
« Hum.. Depuis quand tu me tutoies, toi ? »
« Pardonnez mon impudence Sonoshee-sama. »
« Non mais je déconne, t'es trop con quand même.. »

Je savais qu'il le faisait exprès, bien que parfois je me demandais si c'était vraiment dans l'intention de me taquiner, ou si c'était simplement naturel. Je me souvenais de cette journée, lorsqu'il me porta un message du Kazekage me demandant d'aller au plus vite à son bureau, je croyais qu'il se foutait de ma poire, mais non... Oué, je me demandais vraiment. Enfin, je fus sauvagement tirée de mes songes nostalgiques, ou pas ; par des cris, non, pas des cris ; une annonce, oui, c'était ça. J'observais la source de toute cette agitation. Une fille à lunette. À cet instant j'étais vraiment absorbée par cette énergumène, pas par ce qu'elle disait, je ne l'écoutais pas ; mais plutôt par son excitation. Une marginale, me dis-je.

Je tirai sur le bras de mon acolyte. J'étais assez intriguée.

« C'est qui ? »
« … Tawako, Akuzu Tawako ; une genin de ton unité.. Non mais.. Tu ne connais même pas tes propres troupes... ? »
« Non, je suis censée tous les connaître ? Tain... quel métier ingrat. Bref, elle fait quoi là ? »
« Elle... elle.. »
« Vas-y accouche ! »
« Elle... te provoque en duel, je vais lui dire que c'est une mauvaise idée, et qu'elle retourne... »
« Yuri, elle est du Taïsen, toi du Sasae ; t'as pas d'ordre à lui donner. Justement, elle veut se battre, c'est bien. J'aime bien les personnes qui osent, encore plus quand ce sont des femmes, haha.. »

Je la fixai un instant, brièvement briffée par le chuunin du Sasae, et me levai. J'avais le sourire aux lèvres, et une réputation me précédent comme elle le devait. J'aimais bien savoir ce qu'on pensait de moi, et à la voir ; je ne devais être si terrifiante. Tant mieux.

« Tawako... Nous allons donc nous battre. Haha.. Tu peux voir sans tes lunettes ? Parce que je t'épargnerai rien. »

En s'avançant d'un air hautain, Sonoshee avait implicitement accepté le deal que Tawako lui avait proposé. Ou alors, le fait qu'elle ne se soit pas prononcée sur le sujet montrait qu'elle n'en avait pas grand chose à carrer, puisqu'elle allait probablement régler cette affaire en quelques minutes.

- Commence par toucher à mes lunettes et on en reparle, Punk !

Tawie savait à qui elle parlait, mais elle restait confiante. Pour elle, Sonoshee n'avait fait que macérer dans une oisiveté scandaleuse en restant assise à surveiller ses recrues d'un œil lointain ; elle était loin d'être échauffée, alors que Tawako était déjà chaude comme la braise. C'était une longueur d'avance à ne pas négliger.

Elle réajusta ses lunettes, et sans attendre une quelconque forme de top départ, joignit ses mains sous deux mudras successifs, dont celui du suiton : l'oiseau. Quelques secondes lui suffirent pour cracher deux jets d'eau au creux de ses mains, pour donner forme à deux boomerangs aqueux qui tournoyaient autour de ses poings.

Dans un premier saut, elle lança le premier avec violence sur le côté, en lui donnant un effet suffisamment calculé pour atteindre la position de son adversaire en suivant une courbe élégante. Puis, sans attendre, elle lança le second de l'autre côté ; sa trajectoire complétait celle du premier boomerang : si la leader du Taisen esquivait le premier en reculant, elle devrait encaisser le second. Et si elle l'esquivait en avançant...

... Elle devrait se heurter à une furie flasque à lunettes.

Tawako dut se retenir de hurler pour extérioriser sa rage en fonçant sur son adversaire. Un bond large lui suffit à parcourir la moitié de la distance qui la séparait de Sonoshee. Avec cet assaut elle espérait, à défaut de pouvoir faire mal à son adversaire, se rapprocher dangereusement d'elle. Avec un peu de chance, Sonoshee tenterait une approche directe au corps-à-corps... c'était là où Tawako voulait l'emmener.

Car l'essentiel des ressources de la genin consistait en son endurance physique hors du commun, et en particulier sa faculté à encaisser les coups les plus violents en laissant simplement l'élasticité de son corps absorber l'énergie des frappes. Cela ne tuait pas la douleur, mais la remplaçait en une sorte de chatouillis horripilant mais en rien déstabilisant.

Elle était prête à manger du poing ou du pied, elle n'attendait même que ça pour s'approprier l'effet de surprise.

HRP:

Je n'employais qu'assez rarement mon ninjutsu car je n'en avais l'utilité que contre des ninjas, et autres opposants s'amusant à me balancer des projectiles. J'aurais pus aussi bien esquiver, bondir, chasser et me lancer sur ma proie, mais non. J'évaluais un court instant la première approche de la genin. Des boomerangs, innovants par leur forme, mais aussi banals qu'un jet de kunaï. Enfaîte ce qui me posait problème, si l'on put dire, était la trajectoire suivie par ces objets, circulaire. On ne pouvait pas le faire avec des armes conventionnelles. Habituellement, je les aurais simplement esquivé en m'approchant de ma cible en une fraction de seconde, d'une pierre deux coups comme on dit.

On me connaissait pour ma brutalité, mais je me demandais si on l'associait à un manque de réflexion. Je venais d'un monde où les simples d'esprit mourraient plus rapidement que les autres, et j'avais l'impression d'être toujours en vie... Enfin, j'étais probablement la seule à savoir ça enfaîte. Je levai les mains, et en moins d'une seconde fis s'élever un mur de pierre sur ma droite. Celui devait donc protéger ce côté, je connaissais parfaitement la chaîne des éléments, la terre bat l'eau ; c'est pas plus compliqué. le second boomerang... Et bien, j'y étais obligée. J'aurais voulu attaquer rapidement, mais comme je l'ai dit, l'emploi de projectiles m'obligeait à agir différemment de l'ordinaire.

J'effectuai un bon de quelques mètres, le mur de pierre fut détruit au même titre que la copie aqueuse, et le second boomerang, et bien je supposai qu'il reviendrait à sa maîtresse. Mais en attendant de voir ça, je passais mes mains dans mon dos, et sortis huit kunaï, je tendis mes bras en arrière, toujours dans les airs, et les envoyai vers la jeune fille. Nous jouions avec les mêmes armes, et nos atouts respectifs. Les lames étaient chargées de chakra raïton, et fendaient l'air dans un sifflement caractéristique. Je n'allais pas la mettre K.O en si peu de temps, non, ce ne serait pas amusant sinon. Ça allait me permettre d'évaluer ses capacités à se défendre et aussi savoir si elle avait sa place dans mon unité. Aucune pitié certes, mais rien ne sert de courir, enfin... C'est ce que dit le proverbe.      

Je voulais voir sa réaction, voir ce dont elle était capable ; je n'employais que des jutsu sans réelle dangerosité. Je m'échauffais en quelques sortes. Si mes adversaires savaient à l'avance ce qui les attendait en m'affrontant, j'étais persuadée qu'ils se rendraient ; mais à quoi bon ? Se battre perdrait tout intérêt, et ma présence ici aussi par la même occasion. Mes kunaï atteignirent leur but, je retombais sur le sol poussiéreux, un genoux au sol, et me redressai, préparant la suite avec minutie.

Spoiler:

L'utilisation spontanée du ninjutsu élémentaire, même de bas niveau, devait certainement faire partie des prérequis pour appartenir à l'élite d'un village. Or, là où Tawako avait montré le meilleur d'elle même, à savoir matérialiser des boomerangs de flotte, Sonoshee avait à peine levé un doigt pour ériger un muret de terre pour contrer l'offensive. On la disait monstrueuse au corps à corps, et maintenant voilà qu'il fallait craindre son ninjutsu également. Tawie n'avait là qu'un bref aperçu du long chemin qui lui restait à parcourir...

Cependant, au grand damne de Tawako, sa supérieure semblait vouloir faire reculer l'heure où elle lui ferait goûter de son taijutsu, un peu comme s'il s'agissait là du dessert. Le plat de résistance, quant à lui, consistait en une déferlante de kunais. Du tout cuit pour miss bubble gum, dont l'épiderme était déjà noyé dans le chakra. Les poignards allaient rebondir contre elle comme de vulgaires pelotes de nœud, et elle pourrait prolonger sa charge comme prévUEEAAIAIAIUUEIAIAIAUIAIAIUYYUUUYUYUU

…

A terre, l'adolescente n'attendit pas le coup de grâce pour relever la tête. Les kunai avaient effectivement rebondis contre elle, mais cela n'avait servi qu'à raccourcir la durée de la violente décharge électrique qui avait accompagné le contact. Le choc mêlé à la surprise l'avait amené à chuter violemment pendant sa course ; sans sa flexibilité renforcée, elle aurait probablement eu l'épaule déboîtée.

Tawako devait désormais s'accommoder de son statut de soumise ; elle qui était si friande de l'effet de surprise, elle de l'était fait voler dés les premières secondes . Cette salve de raiton était un avertissement, une invitation à abandonner, ou à sortir le grand jeu sans transition. Et comme elle avait encore du sang à cracher, elle choisit sans y songer la seconde option.

- Va... va falloir faire mieux que ça, princesse, lui lança-t-elle avec un sourire provocateur dissimulant plus ou moins sa souffrance.

Sans prendre le temps de se relever, elle allongea son bras de quelques mètres et planta fermement ses doigts dans le sable un peu plus loin, puis laissa l'élasticité faire son travail pour la propulser vers l'avant. Répétant l'opération avec l'autre bras, puis bientôt ses jambes, elle se déplaçait ainsi au ras du sol à la façon d'une araignées aux pattes extensibles, avec la célérité d'un prédateur. Cela l'aiderait sûrement à ne pas manger de plein fouet la contre-attaque de Sonoshee, mais également à mieux se rapprocher d'elle. Bien que cette fois-ci, elle n'avait pas (encore) l'intention de quémander des coups, mais bel et bien de lui jouer un tour en la délestant de sa sacoche !
Ras le bol des kunais, pensait-elle. C'était l'heure du dessert. Après avoir décrit un arc de cercle autour d'elle, elle allongea sa main avec audace en parcourant la demi-douzaine de mètres qui les séparaient, direction la ceinture de sa boss...

HRP:

Ce fut la première fois que je me battais contre un membre de cette famille. Les Akuzu, j'en avais entendu parler à plusieurs reprises, lors de discussion entre ivrognes, pas que j'en fusse une moi même. Enfin. Ces derniers voyaient les facultés physiques de ces derniers comme des moyens de réaliser des prouesses bien spéciales et loin des combats comme nous les voyions. L’élasticité, c'était si avantageux pour se battre au corps à corps, et encore plus contre moi. Je n'aimais franchement pas me limiter au ninjutsu, mais je n'étais pas stupide, à quoi pouvait me servir de taper comme une dératée sur un punching ball encaissant chacun des coups lui étant portés, hein ?

Alors quand la force brute n'est plus efficace, et bien il y a le reste. Je la regardai faire ''au loin'', elle.. serpentait, fonçant vers moi, je la laissai faire ; j'aurais pus l'intercepter, l'ensevelir, ou l'électrocuter, mais non ce n'était pas assez amusant et puis au final, peut être que le ninjutsu n'était pas la meilleure solution. L'Akuzu réclamait ''mieux'', elle l'aurait, je ne voulais pas risquer de me froisser un muscle en commençant trop fort, j'aurais pus avoir l'air assez con pour le coup. J'allais donc faire mieux, qu'elle ne s'inquiète pas.

« Princesse... T'es bien loin de la vérité gamine. Ça y est, j'suis chaude là ! » Dis-je en tendant la main vers la sienne.

Je fis un signe de la main gauche, et plaquai la droite sur le poignet extensible de la jeune fille. Je ne savais pas ce qu'elle avait voulu tenter, cependant je trouvais cette approche courageuse, ou dénuée de bon sens, au choix. Oui, car les personnes qui savaient qui j'étais ne tentaient pas de venir jouer sur mon terrain, celui du combat rapproché. Le ninjutsu était une chose, mais mon taïjutsu en était une totalement différente. Je me répète. Aussitôt eus touché son bras, que nos peaux entrèrent en contact que les premiers effets durent se faire ressentir.

Je maniais l'électricité avec une certaine aisance, et cette maîtrise constituait un atout majeur dans mon style de combat, toujours au contact, ou le plus souvent possible du moins. L'instant suivant je la lâchai, fis un nouveau signe et m'élançai vers elle. Il ne fallut qu'une poignée d'infimes secondes pour l'atteindre. À son niveau, forte de mon élan, je balayai l'air et tout obstacle s'y trouvant d'un premier migidashi circulaire visant son thorax, et un second ciblant son visage, comptant sur le temps qu'elle mettrait à se remettre de sa micro électrocution.  

La suite était simple pour moi, si elle résistait à cet assaut aussi bien qu'aux précédents, je grimperai d'un barreau dans l'échelle de la violence. Certes elle aura prouvé qu'elle pouvait tenir plus de cinq minutes, mais à quel prix ? Haha... Elle le saurait bien assez tôt. En attendant je m'apprêtais à continuer mon assaut contre l'élastic-girl.

Spoiler:

La lucidité de l'adolescente, rendue approximative par la précédente décharge, lui permit simplement de comprendre que son larcin avait lamentablement échoué. Le reste, elle le comprit  quand elle sentit son ventre se déformer, comme creusé par un pied encore plus électriquement chargé que les armes qu'elle avait encaissées précédemment. Comme d'usage avec cette Sonoshee, les choses s'étaient passées très vite... quelque part, elle était un peu un modèle de taïjutsu.

Mais au moment où elle fut frappé par la foudre, Tawako repensa aux autres modèles qu'elle aurait peut-être du suivre plus tôt dans sa formation : ses oncles et tantes, et leur technique héréditaire pour renforcer la résistivité de la peau et rendre son corps aussi conducteur qu'un bout de caoutchouc. Cela lui aurait été bigrement utile ce jour-là.

Le pied de la boss du Taisen s'était enfoncé dans le bide de sa cible et semblait presque l'avoir traversé, comme un gigantesque chewing-gum; si les dégâts physiques n'étaient qu'à moitié au rendez-vous, le raiton avait fait triple-mouche. Aussi, Tawie n'eut pas le temps de profiter de la proximité avec Sonoshee pour l'avoir par surprise, car elle dut subir une seconde frappe au visage.

Et alors que le verre droit de ses lunettes se fissura juste devant son œil, sa tête fut propulsé en arrière. Au lieu d'entraîner l'ensemble de son corps avec elle, le cou s'allongea de plusieurs mètres. Tawako était toujours à moitié debout, avec le cou d'une girafe courbé en arrière, le crâne contre la poussière du sol. Ses nerfs avaient lâchés pendant un moment... ces dégâts électriques étaient extrêmement douloureux à supporter pour elle.

Elle resta dans cette position grandement inconfortable pendant une poignée de secondes, le nécessaire pour retrouver tous ses esprits après s'être fait griller les circuits.

Puis ce fut son tour.

Les muscles de son cou se tendirent brusquement et se rétractèrent ; son crâne, propulsé en avant par élasticité, fusa à une vitesse rivalisant avec celle de Sonoshee quelques secondes plus tôt.

- Bouyaka... murmura-t-elle pendant son mouvement.

Un « Boooc » sonore raisonna dans le terrain d’entraînement lorsque leurs têtes entrèrent en contact.

HRP:

Mon enchaînement avait porté ses fruits, ou du moins, une partie. Je voulais continuer sur ma lancée et mener à bien mon kata, une succession de coup bien placés, eh théorie. Mais ce ne fut sans compter sur l'extraordinaire capacité de la demoiselle, ce clan possédait un réel avantage dans le domaine du taïjutsu, je ne pouvais que le reconnaître, mais il y avait une différence entre ceux disposant de facilités et ceux comme moi : l'expérience. Ce fut cette dernière qui me permit de comprendre une chose : le retour de bâton, il ne me fallut pas une seconde pour réaliser les signes salutaires.

Le temps du retour de l'élastique, les quelques particules de roche, de terre soulevées par notre affrontement s’agglutinèrent sur ma peau, formant un second épiderme, éphémère. Cependant je n'étais pas bien forte en maths, alors forcément... je n'évaluai pas la marge de manœuvre à sa juste valeur, au contraire, je la comptai un chouïa trop large. Je ne pus sauver tous les meubles, comme on dit ; mais son coup de boule, qui dans d'autres circonstances pouvaient s'avérer ravageur, ne m'infligea qu'une faible douleur, tout juste de quoi me faire reculer. Ma seconde peau s’effrita et tomba en lambeau, ou du moins, en morceau.

Malgré tout, ma défense, ma résistance, son attaque élastiquement fourbe entama mon mon épiderme, m'égratignant, en plein milieu du front. Quelques gouttes de sang perlèrent, je passai mes doigts sur la petite blessure, et frottai l'hémoglobine fraîchement tirée, entre mon pouce et mon index. Un sourire marqua mon visage jusque lors resté sans traces de tout combat. J'observais, à quelques pas, la genin de mon unité. Le combat devait-il se poursuivre ? Une question à laquelle les gens sages auraient répondu : ''oui'', c'est ce qu'aurait dit Daï ; mais je n'étais pas une personne sage, et mon challenger semblait un peu fou. Cependant, et de part mon infinie bonté, je lui proposai quelque chose que peu adversaires, voir aucun, aient eu l'occasion d'entendre.

« Si tu veux, je t'envoies pas à l'hôpital, t'auras que tes binocles à changer. C'est une occasion en or de te retirer que je te laisse. »

Dis-je en frottant le front. La suite allait être assez différente, jusque là je n'avais usé que de techniques assez simples, du taïjutsu commun que je m'étais déjà évertuée à apprendre à d'autres ; maintenant, je passai à quelque chose de plus... Sérieux. Bien sûr, et ça mon acolyte chûnin distributeur de mission le savait ; je n'allais pas lui laisser le temps de répondre. Il le savait, c'était lorsque je paraissais la plus sympathique et raisonnable que j'étais, non pas la plus dangereuse, mais la plus fourbe ! Et pire encore. Je savais que la suite s'avérerait un peu plus douloureuse que tout ce que j'avais subis face à cette genin, mais c'était l'occasion rêvée pour hérisser le poil d'une paire de ninjas.

Une brève concentration, et mon chakra balaya le sable autour de moi, plusieurs veines, sur mon front, mes bras, et ailleurs ; gonflèrent brusquement et derrière les verres verdâtres de mes propres lunettes, mes yeux perdirent leur teinte, virant au nacré, presque blanc. Je fis bruyamment craquer les os de ma nuque, ceux de mes mains, et d'un peu partout ailleurs aussi ; et m'élançai vers elle en réalisant quelques signes, sans un mot de plus. Si la jeune Akuzu ne réagissait pas vite, ou que quelqu'un ne s'interposait pas – sait on jamais – elle serait frappée par la foudre très rapidement, et à dix reprises.  

Spoiler:

La poussière n'avait pas vraiment eu le temps de retomber, et le sang n'était qu'à moitié remonté dans la tête de Tawako. La douleur de son coup de boule, amortie par la mollesse de sa peau et de son squelette, n'avait fait que renforcer son tourni.

Ce fut les yeux mi-clos qu'elle reçut l'avertissement de sa boss. Elle n'eut que vaguement le temps de mesurer la puissance qu'elle déployait autour d'elle lorsqu'elle vit le sable s'agiter en vagues autour d'elle, et ne distingua le blanc de ses yeux qu'une fois qu'elle s'était suffisamment approchée.

Tawie n'avait pas bougé. A moitié étourdie, et à moitié animée par une absurde, provocante et inépuisable pugnacité. Debout était un bien grand mot : ses membres, pendaient lamentablement le long de son corps lorsque les poings survoltés de Sonoshee entrèrent en contact avec son torse, sa poitrine, son visage.

Sa cicatrice, celle qui lui avait laissé la hallebarde d'un partisan lors de l'Incendie de Cendre, lui sembla s'être rouverte pendant un instant. La peur de la défaite et de la mort qu'elle avait ressenti ce jour-là se répandit soudainement dans tout son organisme, figea ses traits pendant qu'elle encaissait l'assaut.

Quand Sonoshee eut terminé, Tawako se laissa tomber avec la grâce d'un pantin subitement désarticulé. Quelque part, elle avait eu ce qu'elle demandait. Mais elle comprit à ses dépends que le goût de la douleur était à double tranchant. A l'inverse de ces barbares du Nord-Est qui savaient la canaliser pour décupler leur chakra, Tawako n'était qu'une Sunajin parmi les autres ; plus sportive et tenace que la moyenne, mais tout aussi désœuvrée lorsqu'il s'agissait de mordre la poussière pour de bon.

Le raiton l'avait totalement paralysée, plus aucune riposte n'était envisageable. Elle s'était fait proprement déboîter.

Et pourtant...

- ... que... que d'la gueule...

C'était sorti tout seul. Face à cette défaite écrasante, les mots étaient les seuls shurikens qui lui restaient pour avoir l'illusion d'agresser son opposante. Il avait fallu qu'elle se voile la face, et qu'elle se donne cet espoir futile de maîtriser la situation, puisqu'il lui était tout bonnement impossible d'accepter cette déferlante de honte une nouvelle fois. La cicatrice ne s'était pas vraiment rouverte, au final.

C'est avec le sourire qu'elle sombra dans une inconscience qui ne dura pas plus d'une demi-journée.

Spoiler: