Le pays du feu. Cela va faire un an que tu n'y es pas retourné. Il serait temps. Quoique tu ne sais pas si tu y serais autorisé. Enfin, tu auras toujours moyen d'envoyer une lettre... Tu te souviens de ce voyage que tu avais fait là-bas, il y a maintenant dix ans... Tu n'avais que ving huit ans à l'époque. Kaido était encore de ce monde... Bah. L'heure n'est pas à la nostalgie et à la mélancolie. Tu refermes le vieux coffre en bois, tenant à la main le vieux scarabée en jade que tu avais obtenu là-bas la première fois. Tu souffles dessus pour le dépoussiérer, et tu le places dans le rai de lumière tombant de la petite lucarne découpée dans le plafond du grenier. Tu observes quelques minutes l'éclat d'un vert pur de l'animal, fixant le kanji gravé à l'intérieur. Espoir. Seul celui qui trouve la lumière peut le déceler. C'est du moins ce qu'on t'en avais dit. Mais ce scarabée n'est pas ton seul souvenir...
Tu te souviens de ce voyage que tu avais fait. Tu étais parti dans l'espoir de faire quelques bénéfices. Du moins, c'était ton intention au départ. Le voyage s'était fait sans histoire. Un trajet calme, presque rien à y redire... Mais le pays du Feu t'avais marqué. Ses forêts luxuriantes, sa verdure à parte de vue... Comment une telle contrée avait elle pu être nommée pays du Feu ? Voilà une question qui t'étais resté en tête quelques temps. Et qui ressurgit encore de temps en temps. Après tout, tous ces arbres ne sont rien d'autre qu'une immense réserve de combustible... Enfin, loin de toi l'envie que tout cela brule. Cela reste un très beau pays malgré tout...
Mais plus que le paysage, tu te souviens surtout de ces quelques jours. Le nom de cette ville, tu ne l'as plus en tête. C'est ce que tu y avais trouvé qui t'étais resté en mémoire... C'était un jour de marché comme les autres, et tu avais installé ton étal dans un coin de la place laissé libre, Kaido dormant encore dans votre charriot. Tu ne savais pas vraiment si les clients allaient venir. Toi, marchand étranger, comment te faire un nom parmi tous les commerçants régionaux et habitués ? C'est ce qui te préoccupait à ce moment. Mais... Te serais-tu douté de ce qui t'attendait par la suite ? Non. Probablement pas...
Un beau matin se levait. Une odeur toujours macabre se faisait ressentir et prenait au nez. Autour d'elle, une maison délabrée qui ne ressemblait plus vraiment à un habitat convenable. Le manque de nourriture se faisait gravement ressentir. Le visage marqué par la saleté encombrait le jolie visage de la jeune demoiselle aux cheveux vert. Emerald Uchiki, c'était son prénom mais elle n'était plus sûre de vraiment le connaître. De toute façon, en ces temps de guerre, avoir un nom était quelque chose de facultatif. Emerald, émeraude, le nom d'une pierre resplendissante, d'un vert éclatant et pure, et pourtant, ces adjectifs ne pouvaient actuellement qualifier la jeune fille. Elle avait tout juste huit et devait apprendre à vivre seule. Ses parents étaient de fiers ninja qui se battaient bravement. Son père était mort à ses six ans et sa mère était sur le champs de bataille. Sa maison était plutôt isolée, dans la forêt, à l'abris des regards. Malgré tout, elle devait sortir pour pouvoir manger. Plusieurs chats s'installèrent chez elle. Leurs présences lui permettaient d'avoir un peu de compagnie, ce qui ne lui déplaisait pas, bien au contraire. La jeune enfant se leva péniblement. Elle était assis depuis un moment dans un coin de la maison entourée de plusieurs félins. Aidée de ses mains pour se mettre debout, Emerald sentit le manque de nourriture en elle. Elle faillit retombée mais teint bon. Après quelques pas, elle reprit l'habitude de ces mouvements. Ses pieds étaient nus et sales. Ses vêtements étaient délabrés. Elle ne prit pas la peine de trouver quelque chose de plus décent. Elle savait très bien que la plupart de ses vêtements étaient rongés par les thermites. Habillée d'une tunique orange, la jeune fille sortit de chez elle afin de trouver un moyen de pouvoir manger...
Un petit marché s'était installé à quelques kilomètres de chez elle. Le bruit de la population put lui permettre de s'orienter. Accompagnée de son petit chat, Ao, un chat bleu azur, Emerald se décida à se mélanger dans cette foule hostile. Alors qu'elle ne voulait pas voler car elle avait été élevée de telle sorte à ne pas prendre sans donner dû, l'enfant commença à s'exprimer poliment dans le but de peut être avoir la pitié d'un marchant. Aucun ne prit la peine de l'écouter et commença à lui jeter des pierres pour la faire fuir. Les larmes de la jeune fille ne tardèrent pas à monter. Elle avait tellement faim. Un jeune marchant de poisson la bouscula sans prendre la peine de s'excuser. Il fit tomber un morceau de poisson de sa caisse. Emerald l'offrit tendrement à son jeune chaton qui mourrait littéralement de faim. Elle le caressa délicatement sur sa petite tête et le blottit doucement dans le décolleté de sa tunique pour qu'il est chaud.
Sa faim était toujours aussi présente et elle ne savait pas comment la calmer. Elle n'avait pas d'argent, plus d'argent. Sa mère n'avait pas prévu de laisser sa jeune enfant aussi longtemps seule. Sa maman lui manquait et son papa également. Emerald s'assit sur une caisse vide et regarda les gens qui circulaient. Ils ne la regardaient pas. Leurs visages étaient si triste. Comment le village avait pû en arriver là... Tellement d'orphelins courraient dans les rues, quémandaient dans le but d'avoir un peu de nourriture, survivre malgré leurs parents disparus. La jeune fille ne voulait pas perdre espoirs. Elle rassemblait plusieurs caisses vides qui traînaient et monta dessus. Emerald se mit à chanter de sa voix d'enfant, de tout son cœur, la peine qu'elle ressentait...
Musique chantée par Emerald:
Yuuyami semaru kumo no ue, itsumo ichiwa de tondeiru Taka ha kitto kanashikarou Oto mo todaeta kaze no naka, sora wo tsukanda sono tsubasa Yasumeru koto wa dekinakute
Kokoro wo nani ni tatoe you, taka no you na kono kokoro Kokoro wo nani ni tatoe you, sora wo mau you na kanashisa wo
Ame no sobo furu iwakege ni, itsumo chiisaku saiteiru Hana ha kitto setsunakarou Iro mo kasunda ame no naka, usumomo iro o hanabira wo Medete kureru te mo nakute
Kokoro wo nani ni tatoe you, hana no you na kono kokoro Kokoro wo nani ni tatoe you, ame ni utareru setsunasa wo
Hitokage taeta no no michi wo, watashi to tomo ni ayunderu Anata mo kitto samishikarou Mushi no sasayaku kusahara wo, tomo ni michiyuku hito da kedo Taete mono iu koto mo naku
Kokoro wo nani ni tatoe you, hitori michiyuku kono kokoro Kokoro wo nani ni tatoe you, hitoribocchi no samishisa wo
Au-dessus des nuages dans le crépuscule Le faucon toujours seul vole Il doit sûrement être triste Tous les bruits cessent sous l'effet du vent Se tenant bien haut dans le ciel Il ne peut reposer ses ailes
Comment exprimer ce que ressent mon esprit Il est comme le faucon Comment exprimer ce que je ressens Ma tristesse volant dans le ciel
La pluie doucement tombe sur la terre Se cachant toujours là derrière la roche, une secrète floraison Cette petite fleur, est sûrement amère Toutes les couleurs se fanent sous la pluie Qui ne cessera jamais de les apprécier Ses faibles pétales roses ?
Comment exprimer ce que ressent mon esprit Mon coeur, est comme cette fleur Comment exprimer ce que je ressens L'amertume qui balance sous la pluie
Sur ce chemin désert Toi qui marche à mes côtés Tu dois sûrement être seul Les insectes gazouillent dans l'herbe Mais nous qui marchons ensemble N'avons pas dit un mot
Comment exprimer ce que ressent mon esprit Mon esprit qui tout seul marche Comment exprimer ce que je ressens Ma solitude qui seule voyage
Les gens lui crièrent de se taire. Plusieurs lui jetèrent des pierres à nouveau. Emerald continua de chanter laissant couler ses larmes...
Tu restes sans voix. Quelle horreur. Comment ? Comment peut on faire une chose pareille ? Ton sang ne fait qu'un tour. Tu ne pouvais rester planté là sans réagir. Prenant appui sur la planche de bois, tu bondis par dessus ton étal. Tu décroches, dans le même mouvement, le loquet qui garde habituellement ta chaine enroulée autour de ton bras. D'un geste, tu lances alors cette dernière vers l'un des villageois, l'enroulant autour de son poignet, l'empêchant ainsi de jeter sa pierre. Tu sens ton coeur palpiter dans ta poitrine. Tu sens la rage monter en toi. Tu aimerais pouvoir frapper cet homme. Tu aimerais pouvoir corriger tous ceux qui lui ont jeté des pierres. Mais tu ne le fera pas. Parce que Kaido est avec toi. Parce que la petite assisterait à la scène. Et que tu ne peux te permettre de leur donner la colère comme exemple. Tu ne peux leur laisser la violence en héritage. Tu te contentes de poser ta main sur la poignée de ton katana, prenant alors la parole d'une voix forte.
Je ne veux plus voir un seul jet de pierre ! Ou le responsable devra en subir les conséquences !
Tu vois alors l'attroupement se dissoudre, chacun s'écartant de l'enfant aux cheveux verts... Tu lâches alors le poignet de l'homme, laissant ta chaine retomber sur le sol, avant de la réenrouler autour de ton bras d'un ample mouvement de poignet. Tu t'avances alors vers la petite, t'acroupissant devant elle pour être à sa hauteur. Tu reprends alors la parole, d'une voix plus douce, plus calme, te voulant rassurant.
Ca va petite ? Qu'est-ce que tu fais ici, toute seule ? Et tes parents alors ?
Tu remarques l'état déplorable de ses vêtements. La saleté sur sa peau. Ses cheveux ternes. Sa silhouette amaigrie par les privations. Tu as compris. La pauvre enfant... Tu vois quelques blessures causées par les pierres, et le sang coule par endroits. Les plaies sont insignifiantes, mais il faut les soigner tout de suite... Tu tends la main, essuyant une larme de la filette du bout du doigt, avant de te redresser. Tu la regardes un instant, avant de te retourner, en direction de ton étal. Tu fais quelques pas avant de te retourner. Tu lui adresses un sourire, ainsi que quelques mots.
Tu me suis ? Tu dois avoir faim. Et puis, il faut te soigner tu sais.
Tu sais bien que tu ne pourras probablement pas grand chose pour elle. Mais au moins, tu peux essayer. Après tout, elle n'est encore qu'une enfant...
La jeune fille n'écoutait pas les paroles aux alentours. Elle chantait de tout son être. Sa voix tremblait par sa forte émotion. Le sang coulait sur ses joues et sur son front. Ses larmes se mélangeait à son sang, sa tristesse et sa douleur ne faisaient plus qu'un. Emerald continua de plus belle. Elle revoyait ses parents. Leur douce chaleur...Sa maman avec des cheveux blanc éclatant comme le diamant. On l'appelait le ninja aux cheveux argentés ou encore Shiroi no hana (la fleur blanche). Elle était d'une telle beauté qu'Emerald avait également héritée. La jeune enfant serra le poing. Son père, un grand homme, droit et juste, toujours près à secourir les choses justes. Il était mort vaillamment en voulant sauver un de ses camardes. Uchiki Haruto, c'était son nom. Même si, Emerald ne voyait plus l'importance d'avoir un nom, elle était fière de porter celui de son père...
La jeune fille savait qu'elle ne reverrait plus sa mère... Elle était parti un matin, très tôt, laissant pour seul souvenir, une caresse sur le front. Depuis, plus de nouvelles. Elle était probablement morte mais personne ne savait à qui le dire... Est ce que quelqu'un savait pour l'existence d'Emerald ? Non...probablement non... Les orphelins de ninja se faisaient de plus en plus nombreux. Ses parents lui manquaient... Elle voulait manger mais à l'intérieur d'elle, une part de son père, lui interdisait le vol. Peut être que ses paroles feront bouger les choses...peut être...
Soudain, le lancé de pierre d'arrêta. Une voix grave s'élança dans la foule. Une menace était prononcée. Qui aurait bien pu faire ça ? Qui aurait bien pu s'intéresser à une orpheline comme elle ? Qui ? Un jeune homme se dévoila. Il avait une belle allure et un charisme gargantuesque. Emerald ouvrit grand les yeux. Elle crut voir un instant son père...mais la réalité revint vite au galot. Une lueur d'espoir s'installa tout de même dans l'oeil de la demoiselle. L'homme s'approcha d'elle et s'accroupit devant elle et lui demanda si tout allait bien, pourquoi était elle toute seule et enfin où était ses parents...
Emerald ne répondit pas. Elle se contenta de baisser tristement la tête pour enfin revenir à le regarder d'un regard franc dans les yeux. Ses grands yeux verts se noyaient dans son regard dur plein de prestance et d'assurance. Il lui essuya doucement une de ses larmes sur sa joue, laissant toujours la jeune fille, ébahie devant le jeune homme.
Ce dernier se releva et lui montra son étal qu'il tenait avec un enfant qui dormait dans le chariot. Emerald attrapa sa main et le suivit. Elle ne parlait pas. Elle remarqua les cicatrices qu'il avait sur ses mains. Ses yeux restaient rivés sur ses cicatrices. Elle se demandait s'il avait encore mal. Le jeune homme l'assit et commença à soigner la demoiselle. Celle-ci regardait fixement les yeux du jeune homme, ce qui pourrait paraître dérangeant...
Tu la regardes, alors qu'elle te dévisage. Elle ne t'as pas répondue. Elle n'a pas l'air décidée à le faire d'ailleurs... Tu te contentes de la faire s'asseoir sur le rebord de ton chariot. Tu commences alors à observer ses blessures. Ce n'est rien de très grave. Des égratignures bénignes. Tu devrais avoir de quoi soigner ça. Tu grimpes dans ton chariot, fouillant parmi tes affaires, prenant soin de ne pas trop déranger ton fils. Tu devrais l'avoir mise ici... La voilà. Tu prends la trousse de soin, et tu en sors des cotons, du désinfectant, ainsi que quelques pansement, avant de revenir t'installer devant la petite.
Alors... Attends, ne bouge pas. Désolé, ça risque de piquer un peu.
Tu imbibes un coton de désinfectant, avant de le passer sur les différentes plaies visibles. Voilà au moins de quoi nettoyer tout ça. Plus qu'à couvrir et à laisser cicatriser. Tu ne lui demandes pas son avis et tu commences à lui coller les différents pansements sur le visage. Tu finis par te reculer pour voir le résultat. Ca n'a pas l'air trop ridicule. Tant mieux. Tu souris doucement avant de reprendre la parole.
Bon, ça va ? Les pansements ne sont pas trop gênant ?
Eh, c'est qui elle ?
Tu viens d'être interrompu par Kaido. Il vient de se réveiller et semble visiblement surpris par cette nouvelle venue. Tu t’assois à coté de l'enfant, avant de te tourner vers ton rejeton, pour lui donner quelques explications. Tu sais bien que la curiosité est un vilain défaut, mais toi aussi tu aurais été surpris dans une telle situation...
Et bien Kaido, cette petite avait visiblement quelques problèmes avec les gens d'ici, alors je l'ai aidée...
Ah ? C'est eux qui t'ont fait ça ? Et comment tu t'appelles ?
Tu n'as pas le temps de lui dire de ne pas l'ennuyer qu'il la bombarde déjà de questions en tout genres. Mais tu es d'accord, tu ne sais même pas encore son nom. Et tu aimerais bien savoir d'où elle vient. Et où sont ses parents. Et pourquoi elle est dans un tel état. En fait, tu as bien trop de question. Enfin... Tu vas déjà attendre de voir si elle accepte de parler...
La jeune demoiselle resta silencieuse pendant un moment. Elle n'avait aucune envie de se justifier. A vrai dire, elle était venue dans le seul but de pouvoir manger. Emerald baissa tristement la tête. Elle voulait seulement manger pour essayer de survivre. Son coeur était si lourd, tellement de tristesse était ancrée en elle. Le jeune homme arrêta de la fixer et commença à s'atteler. Il chercha sa trousse de soin. Emerald le regardait du coin de l'oeil. Elle aperçut un petit garçon qui dormait dans une sorte de chariot. La jeune fille aux cheveux vert en conclut que c'était sans doute son enfant. Elle ne dit rien. Elle préférait garder le silence. Soudain, le jeune homme revint et lui prodigua les premiers soins. Il lui désinfecta ses blessures et les lui pensa juste après. Emerald se laissa faire...
Le jeune homme lui lançait de grand sourire mais Emerald ne lui rendait pas. Elle le regardait d'un air dubitatif. Pourquoi était il en train de l'aider. Personne, en cette époque, ne prenait la peine d'aider les enfants orphelins. Si un mourrait, ça en faisait de moins à se balader dans les rues, à voler et à s'occuper. Emerald resta tout de même sur ses gardes même si elle savait qu'elle n'aurait pas la force de se défendre en cas de maltraitance. Elle aurait peut être la force de courir, qui sait...mais il la rattraperait sans doute...
Puis, le jeune enfant se réveilla en sentant son père chercher dans le chariot, le bousculant légèrement. Il devait avoir le sommeil léger. Il agressa son père en se demandant qui était la jeune fille. Son père lui répondit calmement, qu'il était venu à son aide. Le jeune garçon se mit à sourire et s'assit à côté de la jeune fille. Il avait un visage radieux. Un sourire magnifique. Celui d'Emerald avait disparu depuis bien longtemps et elle ne savait pas si elle le reverrai un jour...
Le garçon lui demanda à plusieurs reprises, son nom. Emerald ne voyait pas vraiment l'utilité qu'il le sache. A vrai dire, il allait sans doute l'oublier dans la seconde qui allait suivre. Un nom ce n'était vraiment pas important. Il pouvait l'appeler "machin" que ça ne la dérangerait pas. Pour le peu qu'elle vivait, son nom était une chose facultative et bien trop importante pour une personne comme elle... Le petit garçon soutenait son regard et n'attendait qu'une seule chose, connaître le nom de la demoiselle. Emerald repensa à sa mère qui la sunommait "Emerald, mon petit joyau". Pour sa mère, son prénom était une chose magnifique. Elle se devait d'en prendre grand soin. La jeune fille eut légèrement les larmes aux yeux en se remémorant se souvenir. Elle ouvrit alors légèrement la bouche pour enfin dévoiler qui elle était...
"-Em....Em...Emerald...Uchiki Emerald...Je...Je...n'ai plus...je n'ai plus de parent...Ils sont morts pendant....pendant la guerre...J'habite dans une....dans une maison...abandonnée...toute seule...et..."
Sa parole fut coupée par le gargouillis de son ventre. Il se montra tellement violent que plusieurs personnes l'entendit. Son petit chat, Ao, sortit de sa tunique et se frotta contre le menton de la jeune fille. Elle le regarda tendrement en le caressant doucement... Elle n'osait plus regarder ses interlocuteurs...
Enfin elle se décide à te parler. Enfin tu peux entendre sa voix. Une voix peu assurée, très faible. Tu es presque forcé de tendre l'oreille pour entendre distinctement ses mots. Elle n'a plus de parents. Une orpheline, touchée par la guerre. Tu compatis. Elle en fait partie. Elle est une de ces enfants condamnés à la misère et au désarroi. Tu sais bien qu'aux yeux de certaines personnes, de tels enfants auraient moins de soucis en se laissant simplement dépérir. Mais la plupart s'accrochent. Et tu y es favorable. S'ils tiennent à la vie, pourquoi ne pas leur laisser une chance d'en profiter pleinement ? De toutes façons, tu as toi même connu cette situation. La solitude. La peur. La volonté de survivre... Tu te souviens bien de tout ceci. Et c'est bien pour cela que tu ne souhaites à personne de vivre la même chose. Tu regardes la petite avec compassion, alors qu'un chaton se montre. Visiblement son animal de compagnie.
Tu lui passes la main dans les cheveux dans une caresse paternelle, alors que tu remarques des larmes poindre au coin de ses yeux. Tu aimerais sourire, et lui dire de ne pas s'en faire, mais... Ce n'est guère possible. Tu te contentes de la regarder en chuchotant quelques mots.
Allez, allez... Ne t'en fais pas, ça va aller maintenant...
Tu te redresses alors, regardant Kaido d'un air entendu. Il a visiblement l'air de comprendre, et a repris un minimum de calme. Tu commences alors à rassembler tes marchandises, les chargeant petit à petit dans ton chariot. De toutes façons, vu le peu de clients que tu attires, ce n'est pas la peine de t'éterniser ici. Tu finis par ranger le tout, avant de faire monter Kaido et Emerald à l'arrière. Tu ne lui as pas demandé son avis. Tu sais bien qu'en l'état actuel des choses, elle a besoin de toi. Tu vas préparer l'attelage, passant également acheter quelques vivres supplémentaires. Tu attaches ton chariot d'une main experte, jouant avec les lanières et les mors de tes chevaux, avant de revenir t'installer à ton poste de conduite, lançant tes bêtes au pas d'un geste des rennes. Tu te tournes alors vers la petite, tout en dirigeant lentement tes animaux.
Dis moi, tu nous montres où tu habites ? Une fois là bas, je devrais pouvoir préparer de quoi manger... Tiens, tu peux prendre ça en attendant.
Tu souris, tout en lui tendant un sac en papier rempli de pommes. Rouges, vertes, orangées. De toutes sortes et de toutes tailles. Et de quoi la rassasier un peu en attendant. Une fois que vous serez arrivés, tu feras un état des lieux. Tu as de quoi cuisiner dans ton chariot, mais vous vous installerez là-bas. Et s'il le faut, tu feras quelques travaux chez la petite. Car si elle vit seule comme elle le dit... L'endroit doit être dans un état... Assez incertain. Mais tu vas l'aider. Après tout, tu l'as en quelque sorte « sauvée » de la lapidation. Ce n'est pas pour la laisser mourir de faim ensuite...
La jeune fille laissa échapper une petite larme en évoquant sa situation. C'est vrai que c'était malheureux pour elle mais bon, il fallait faire avec. Le jeune homme décida de prendre sous son ail la jeune enfant. Il lui caressa doucement la tête. Emerald sourit à ce geste. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu de geste affectueux parental. Elle se sentait comme une petite fille qui retrouve son père. L'homme lui dit que tout allait aller pour le mieux maintenant. Emerald ne comprit pas tellement ces mots. Comment cela pourrait aller ? Même si elle l'avait rencontré, ses parents n'allaient pas revenir. Emerald baissa doucement les yeux. Soudain, elle remarqua que le jeune homme était en train de ranger son étal. c'est vrai qu'il n'y avait pas foule autour de lui.
La jeune demoiselle se leva alors et regarda autour d'elle. Elle remarqua une petite plante qui avait poussé dans un coin. Pourtant, le sol ne semblait pas fertile ici. Peut être qu'elle avait réussit à vivre malgré toute la souffrance, toute la dureté de la chose. Cette petite fleur lui redonna espoir. Même si la vie est semée d'embûches, on peut toujours réussir à survivre.. Emerald regardait avec persévérance cette fleur. Soudain, un homme la regardait d'un air malsain et écrasa la plante. La jeune fille aux cheveux vert fut d'abord surprise puis lança un regard noir à l'homme qui riait. Il semblait avoir envie de la rendre triste mais Emerald tenait bon. Lorsque l'homme partit, l'enfant alla redresser la fleur. Elle était toujours pleine de santé malgré la méchanceté du geste de cet homme.
Par la suite, Emerald alla rejoindre l'homme avec son enfant. Il avait fini de ranger ses affaires. Il prit la jeune fille par la taille et la plaça dans le chariot. Il ne lui demanda pas son avis en ce qui concerne de quoi que ce soit. Emerald le regarda d'un air dubitatif. C'est alors que le chariot se mit en marche, un petit coup de rennes et ils étaient partis. la jeune fille fut légèrement bousculée mais tenu bon. Le jeune homme lui demanda par la suite où elle habitait exactement pour pouvoir lui préparer à manger. Emerald fut alors surprise. Elle était un peu bousculée donc essayait de trouver son équilibre dans le chariot. Il lui tendit ensuite un sac de pommes. Elles étaient magnifiques. Elles brillaient comme des diamants. Emerald en attrapa une et la croqua à pleines dents. Son sourire était jusqu'aux oreilles. Tout en répondant, Emerald ne pouvait s'arrêter de manger...
"-J'habite dans la forêt là bas, à droite. C'est la seule maison. Mes parents avaient l'habitude de vivre en ermite."
Emerald avala sa dernière bouchée puis reprit de plus belle une nouvelle pomme. Elles étaient vraiment délicieuses. Emerald lui indiqua par la suite que sa maison était vraiment dans un sale état. Mourant de faim, elle n'avait pas eu le courage de faire le ménage et depuis une sérieuse crasse c'était installée. De plus, les murs tombaient en ruine. Emerald se sentait un peu mal à l'aise d'accueillir des gens dans un tel environnement...
Dans la forêt... Et elle y vit seule. Et bien. La pauvre. Ca n'a pas du être simple pour elle. Tu imagines son quotidien... Et tu frissonnes intérieurement. Même toi tu n'as pas vécu dans une telle misère. Au moins tu avais des gens autour de toi. Elle, non. Pas une seule présence, pas un visage familier, pas un quelconque ami. Tu ralentis ton attelage en arrivant devant l'endroit qu'elle t'indique. La seule maison, hein ? Mais peut on vraiment appeler ceci une maison ? Tu arrêtes tes chevaux, regardant la bâtisse délabrée. Les murs sales s'effondreraient presque. Tu imagines l'état de l'intérieur. Tu remarques aussi quelques trous dans le plafond. Tu restes quelques instant à regarder cette misère à l'état pur, avant de te décider à descendre de ton chariot, pour aller faire descendre Kaido et Emerald.
Bon... Et bien. Il y a encore pas mal de travail...
Tu as parlé pour toi même. Mais même devant l'état déplorable du bâtiment, tu ne te décourages pas. Il sera toujours possible de retaper l'ensemble. Tu croises les bras, avant de te décider à ouvrir la porte. En partie rongée par les termites. Tu regardes l'intérieur de la maison, avant de retourner dans ton chariot. Tu attrapes un balais, une serpillière et des morceaux de torchons et autres tissus inutilisables. Tu vas commencer par passer un coup de balai, dégager le sol, et laver par terre. Ensuite les murs. Et puis tu verras ce qu'il faut refaire. Tu es au moins sur qu'une partie de la charpente et de toutes les parties en bois sera à refaire. Le reste... La toiture. Et une partie des murs porteurs. Puis tu te pencheras sur les détails. Mais de toutes façons, tu en as pour plusieurs jours si tu veux arriver à tout faire.
Tu poses le tout près de l'entrée, avant d'aller chercher ton réchaud et un peu de nourriture. Tu t'installes alors, commençant à préparer le repas. Tu n'as pas encore mangé. Kaido non plus. Et vu l'air affamé d'Emerald, tu doutes que ces quelques pommes l'aient totalement rassasiée. Tu reprends la parole tout en préparant ce qui s'annonce comme votre repas.
Dis moi Emerald... Depuis combien de temps est-ce que tu vis ici toute seule ? Tu n'as jamais pensé à déménager ?
Tu peux comprendre qu'on veuille parfois préserver la valeur sentimentale des choses, mais là... A un tel point, non. Enfin, ce n'est peut être pas ça. Peut être est-ce simplement le fait que personne n'a voulu la loger, ou l'aider en quelque façon que ce soit. C'est une situation envisageable, au vu des habitants que tu as pu voir il y a encore quelques heures...
Emerald avait un peu honte de devoir montrer son habitat. Elle baissa la tête, regardant ses pieds ballants sur le chariot. Ils étaient très amaigris. Sa vie n'avait pas été très rose jusqu'à présent mais la jeune fille ne perdait pas espoir. Elle tenait cela de son père. Une motivation à toute épreuve mais parfois il fallait avouer qu'elle avait des moments de faiblesses. La jeune fille leva la tête vers le ciel et se demandais si ses parents la voyaient de là-haut. Qu'est ce qu'ils penseraient de leur fille... Un corps criant famine, des rêves qui s'estompent...que dire de plus. Plus ils se rapprochèrent de l'endroit où elle vivait et plus sa boule au ventre grandissait. Emerald regarda ses mains. Elles étaient très sales et très petites. Enfin, ils arrivèrent chez la jeune fille. Emerald regarda son habitat avec tristesse. Le jeune homme descendit la jeune femme du chariot et commença à inspecter sa maison. Sa conclusion, elle était dans un triste état. Emerald le savait bien. La jeune fille se baissa pour ramasser un bout de mur qui venait de tomber. De jours en jours, cette maison perdait toute vigueur...
"- Je vivais ici avec ma maman et mon papa. Etant des ninjas un peu ermite, ils aimaient être à l'abris des regards indiscrets."
La jeune fille aux cheveux vert conduit les deux autres personnes vers sa maison. Ils eut un petit moment de réflexion. Ce fut le jeune homme qui se décida à ouvrir la porte. Des débris tombèrent par-ci par là. Ni une ni deux, le jeune homme attrapa un balais et une serpillière, et commença un peu le ménage. il avait une telle vivacité. Emerald le regarda un moment, subjuguée. Elle se mit ensuite à faire de même. Elle attrapa un torchon et fit un peu la poussière. Elle enleva les toile d'araignée, prenant délicatement les araignées pour les mettre dehors. A force d'avoir vécu avec, elle n'en avait plus peur. Elle en prit une et lui chuchota quelques mots :
"-Désolée mais notre colocation s'arrête ici." Elle sourit de toutes ses dents puis posa l'araignée sur le sol. Elle se mit ensuite à laver les carreaux, pour ceux qui n'étaient pas encore cassés. Enfin, elle pouvait voir au travers. Elle s'arrêta un moment pour voir le ciel radieux. Elle ouvrit ensuite la fenêtre avec difficulté, tellement cette fenêtre avait mal vieillit. Lorsqu'elle réussi, un vent frais surgit ravivant un peu la pièce. Emerald se laissa submerger par cette brise. Elle était vraiment agréable. Puis le jeune homme prit quelques affaires pour faire un peu de cuisine. Emerald tourna la tête et le regarda faire. La jeune fille se précipita et alla s'installer près du jeune homme. Il lui demanda alors depuis combien de temps elle vivait seule et si elle avait pensé à déménager...
"- Depuis que mes parents sont partis pour la guerre. Je sais que mon papa est mort mais je ne sais pas pour ma maman alors je l'attend. Comme ça, elle ne se sentira pas seule et sera contente de me voir."
Emerald cacha sa tristesse par un petit sourire. Elle n'était pas dupe, elle savait que sa mère ne reviendrait pas mais elle gardait toujours un petit espoir de retour. Une petite larme coula sur la joue d'Emerald qu'elle essuya en vitesse tout en reniflant. C'était dur pour elle d'évoquer la vérité...
