De la fumée s’échappait d’une des fenêtres qui ornaient une maisonnette perdue au milieu d’une forêt bien sinistre. La porte principale s’ouvrit et une jeune fille aux lunettes franchit son seuil. Celle-ci arrangea ses lunettes sur son nez tout en jetant un coup d’œil à l’intérieur de la modeste demeure alors qu’une voix féminine se fit entendre :

- … et ne revient pas sans avoir quelque chose pour remplacer ton gâchis.

La fille aux lunettes ferma la porte avec la plus grande précaution du monde sachant ce qui ne manquerait pas de lui faire subir la propriétaire du domicile si celle-ci venait à claquer puis elle s’éloigna prenant un chemin sur la droite de la maison. Tout en s’enfonçant dans la forêt lugubre, elle guettait le moindre bruit autour d’elle. Chercher un animal comestible dans un endroit pareil, n’était pas une mince affaire, elle était bien placée pour le savoir, elle qui avait passé une grande partie de sa vie à parcourir cette forêt des arbres à moitié morts de long en large. Mais il n’était pas question de rentrer sans avoir un gibier sous la main si elle tenait à la vie, sa sensei lui avait fait bien comprendre. Et tout ça pourquoi ? Parce qu’elle avait oublié de surveiller un satané poulet mis au four pour le déjeuner et qui avait fini par se transformer en charbon tout en parfumant toutes les pièces de la maison d’une odeur désagréable par la même occasion. Ce qui eut pour effet d’augmenter la colère de la maîtresse de la demeure. Et maintenant, elle devait rembourser la nourriture qu’elle venait de gaspiller si elle ne souhaitait pas être privée de la boustifaille durant les jours à venir. Tâche plutôt aisé … si on ne vivait pas sur une île nommée Hai no Kumi, où la nourriture était une chose rare est très chère. Et n’ayant pas un rond, elle devrait donc trouver de quoi rembourser sa dette par ses propres moyens. Elle aurait pu usurper de quoi manger à un commerçant du village le plus proche mais si sa Maîtresse venait à apprendre son acte, elle ne donnerait pas chère à sa pauvre carcasse …

Bien qu’elle venait de se faire réprimander telle une gamine, elle qui était pourtant une jeune femme de vingt ans, elle ne semblait pas pourtant vexée et pour cause, ce genre de situation était son lot presque quotidien. Rares étaient les jours où elle n’avait pas droit à une remontrance de la part de sa sensei si cela ne venait pas d’une tierce personne ne supportant son comportement. En effet, malgré son âge, elle était du genre tête en l’air et d’une maladresse sans pareil aussi bien au niveau comportementale que verbale. Chose plutôt étrange d’ailleurs car elle était pourtant éduquée par une shinobi qui était sans doute une des plus sévères et des plus sérieuses de ce monde. Le genre qui ne laissait pas le plaisir avant le devoir et qui savait se tenir à sa place même si cela voulait dire lécher les bottes d’un seigneur. Comportement que Mairu ne semblait pas enclin à suivre …

Cela faisait un bon moment qu’elle s’enfonçait dans la forêt typique de l’île mais, comme elle s’y attendait, toujours aucun signe d’un animal comestible; que des animaux venimeux ou pas du tout mangeable. Elle était sur le point d’atteindre la lisière de la forêt lorsqu’une lueur d’espoir pointa enfin le bout de son nez, un lièvre venait de se manifester. A sa vue, Mairu se planqua derrière un arbre tout en guettant l’animal. Ce dernier semblait bien maigre mais sa présence dans un endroit aussi hostile était une vraie aubaine pour notre chasseuse improvisée qui ne semblait pas disposer à épargner la pauvre créature. Elle glissa une main sous sa jupe pour décrocher un kunai accroché à sa jambe droite puis elle se redressa légèrement de façon à pouvoir le lancer. Avec l’habilité d’une shinobi qu’elle était, elle lança l’arme ninja en direction de l’animal mais au moment au celui-ci allait atteindre sa cible, le craquement d’une branche alerta le lièvre qui s’enfuit à toute vitesse alors que le kunai se planta dans le sol, pile où s’était trouvée sa cible.

- Mais bordel ! Tu veux mourir ou quoi !?

Vexée, la jeune Natsumi, n’avait même pas pris la peine d’identifier la personne ou la chose qui venait de faire fuir sa proie si précieuse, qu’elle la menaçait déjà par la parole …

L'exploration du monde continuait. En effet depuis ma désertion je passe mon temps à traverser les villages, goûtant les spécialités locales et je dois avouer que ce style de vie est assez agréable. Contrairement à l'époque où j'étais Jonin du village caché des nuages, maintenant je peux faire ce que je veux et quand je veux sans que des hauts gradés ne me donne des missions toutes les deux minutes ou que je me fasse réprimander car j'ai des responsabilités. Par contre il y a quand même des côtés négatifs à vivre ainsi. Déjà, je ne peux plus voir certaines personnes que j'appréciais comme Idakushin ou Ryûji et il m'est très difficile de nouer des amitiés puisque je suis en constant déplacement. Après ce n'est pas comme si j'étais hyper sociale.

Mais tout ceci n'avait pas duré. Mon combat pour la paix a enfin commencé, lentement, mais surement. La première étape est simple, je dois me rendre sur l'île de la cendre et récolter un maximum d'info auprès des villageois. Je sais que c'est assez risqué mais la guerre est en marche et la moindre petite info peut nous être très utile. C'est donc dans cette optique que je suis actuellement en direction d'un des rares villages que compte l'île. Du moins, si ma carte n'est pas erroné, vu que d'après mes sources il a très peu de cartes viables de l'île des cendres. En tout cas je me retrouve rapidement dans un foret assez lugubre, comme celle des contes pour enfants. Les arbres sont morts et il n'y a pas d'animaux, comme s'il avait peur de Makka et se cachait, c'est compréhensible en même temps... À part les partisans, je pense que nous avons tous au fond un petit peu peur de l'assimilatrice des flammes. C'est vrai quoi, a elle seule à réussir à tuer le triumvirat de Suna et le Shodaime Mizukage, quatre des plus grands shinobi que le monde ait connu. Elle est carrément flippante ouais.

Toujours en direction du village, je prends bien soin de ne pas faire trop de bruit dans mes déplacements, ce qui n'est pas chose aisée dans un bois mort avec plein de branche par terre. Je finissais de temps à autre par marcher sur une branche ce qui provoquait un petit craquement mais rien de bien méchant. Du moins c'est ce que je pensais avant qu'une voix de fille se fasse entendre non loin de moi m'engueulant. Sur le coup j'ai bien cru que je rêvais. Genre c'était ma conscience qui m'engueulait parce que je faisais trop de bruit, mais non, ce n'est autre qu'une jeune fille. Je n'ai pas trop compris pourquoi je me fais engueuler ni même ce qu'elle me veut mais bon, on va éviter de s'énerver.

- J'ai faits quelque chose de mal? Nan mais parce que a par marcher tranquillement je vois pas trop ce que j'ai fais. Et puis d'abord....

Je vais éviter de s'énerver.

- C'EST QUOI CETTE FAÇON D'ABORDER LES GENS, ON T'A PAS APPRIT LA POLITESSE.

Heureusement que j'ai dit que je m'énerverais pas. Surtout que crier comme cela était d'une discrétion légendaire... Moi qui voulais passer inaperçu, faut croire que c'est raté. Pas ma faute si je réagis au quart de tour, je ne vais pas laisser cette fille mal me parler, ce n'est pas marqué bonne soeur sur mon front. Je suis peut-être en pseudo mission d'infiltration, je vais rester là sans rien faire ça c'est clair et net. C'est ça d'avoir fait partis d'un ancien clan noble, on garde encore certaine valeur.

Ainsi donc, fidèle à elle-même, la jeune Natsumi avait ouvert la bouche pour cracher son vénin instinctivement; sans chercher à identifier sa cible. Chose qu’une personne sensée aurait pris le temps de faire avant de lancer une quelconque menace, verbale ou physique. Mais ainsi était-elle et ce genre de comportement finirait par lui coûter cher un jour. Si la personne qu’elle venait de menacer oralement s’avérait être la redoutable femme qui régnait sur cette île, elle n’aurait pas terminé sa phrase fulminate que son corps se serait transformé en cendres. Mais fort heureusement pour elle, le personne qu’elle venait d’agresser verbalement n’était autre qu’un jeune garçon dont elle ignorait cependant l’identité. Celui-ci ne semblait pas apprécier le dire de la jeune fille aux lunettes qu’il traita de fille de mauvaise éducation. Encore un sermon et venant d’un parfait inconnu et pas plus vieux qu’elle qui plus est. Mais étant habituée à ce genre de remarque, qui avait fini par lui rentrer par une oreille pour ressortir aussitôt par l’autre sans provoquer le moindre vacillement émotionnel en elle, elle ne chercha même pas à se défendre mais ignora complètement la remarque bien que tout à fait juste.

Elle se dirigea vers l’endroit où s’était planté son kunai qu’elle extirpa du sol puis elle se dirigea vers le perturbateur de sa chasse. Elle se planta devant ce dernier; son visage tout prêt de celui de l’inconnu, comme si elle allait l’embrasser. Elle plongea sans regard couleur sanguine au fond de celui du jouvenceau. Elle resta ainsi un moment comme pour essayer de lire au fond de ce dernier puis ne décelant aucun danger quelconque émanant de celui-ci, elle recula enfin puis souleva sa jupe, sans pudeur, pour ranger son kunai sur le support spécial, attaché à un tiers de sa cuise en partant du haut, où étaient rangés d’autres armes du genre. Puis elle porta toute son attention à celui qui avait fait fuir sa très précieuse proie qui devait lui servir de monnaie d’échange contre son retour à domicile.

- Ecoute mon petit, je ne sais pas qui tu es et je ne veux pas le savoir mais tu viens de faire fuir mon gibier alors tu as intérêt à me retrouver un autre si tu ne veux pas prendre sa place !

« Petit » avait-elle dis alors qu’elle était obligée de se mettre sur la pointe des pieds presque pour pouvoir ramener son visage au niveau de celui qu'elle venait de traiter de petit. Tout en attendant une réponse, elle se demanda enfin qui était-il et ce qu’il faisait dans un tel endroit. Seuls des shinobi épousant la cause de la grande Gogyou Makka étaient censés foulés le sol de cette île mais il arrivait fréquemment que des shinobi espions suicidaires y mettaient les pieds. Ne souhaitant pas se faire passer pour une idiote en lui demandant qui il était et la raison de sa présence en ce lieu alors qu’elle venait de crier haut et fort que son identité ne lui intéressait point, elle ravala donc sa curiosité …

Oui, contrairement à ce que certains pensent, je sais être autoritaire. Comment aurai-je pu élever Asuna pendant 5 ans sinon? Surtout que c'était une vraie peste celle-là et si elle était avec moi à l'heure qu'il est, elle aurait surement plaqué son épée sous la gorge de la jeune fille me faisant face. Oui, elle n'aimait pas du tout être menacée. Enfin bref, là n'est pas le sujet

Alors que je pensais me recevoir une autre salve de menace, la jeune femme aux yeux rubis se contente juste d'aller récupérer son kunaï précédemment lancé. Tel est l'autorité de Shuji. J'ai gueulé, elle s'est soumise. Si seulement ça marchait avec tout le monde cette méthode. Sauf que, après avoir récupéré son arme de jet, la demoiselle s'approche de moi, un peu trop près d'ailleurs. Carrément trop près. Nos visages ne sont séparés que par un ou deux centimètres tout au plus alors que nos yeux se fixent inlassablement. À la fois gêné et surpris par ce rapprochement soudain, je ne peux m'empêcher de rougir comme un gamin de 12 ans. Pas ma faute si je n'ai pas eu beaucoup de petites amies dans ma vie, on va dire que je ne suis pas vraiment habitué à être aussi proche d'une fille.

Cet instant, qui a pourtant duré que quelques secondes, ma parues être des heures. Et ce n'est que quand elle se recule enfin, comme si de rien n'était que je reprends mes esprits. Je ne pensais pas que quelque chose comme cela m'arriverait sur cette île... Je secoue légèrement la tête pour me remettre les idées en place mais cela ne sers à rien. Pour continuer dans sa lancé, la jeune fille lève légèrement ça jupe sans la moindre gêne. Par réflexe, je me retourne rapidement pour ne pas passer pour un pervers. Nan mais c'est qui cette fille? Une prostituée? Makka fait du proxénétisme maintenant? Genre elle gère un réseau de pute des cendres?

Jetant un petit coup d'oeil, rien de pervers je vous assure, je m'aperçois que la jeune fille a rabaissé sa jupe qu'elle avait en fait soulevée pour ranger son kunaï. Ce n'est donc pas une prostituée?

- Ecoute mon petit...

Ah bah si en fait.

-...je ne sais pas qui tu es et je ne veux pas le savoir mais tu viens de faire fuir mon gibier alors tu as intérêt à me retrouver un autre si tu ne veux pas prendre sa place !

Ah bah non. Je suis déçu. Pas que je voulais profiter de ces services, loin de là, mais juste que je pensais avoir décelé un réseau de prostitué. Oh et puis elle commence à me les casser avec son gibier celle-là. Elle ne va pas nous faire un caca nerveux pour ça quand même et puis si elle veut que je lui trouve du putain de gibier et ben no problème ma poule.

- Donc si je te trouve d'autres proies tu arrêteras de me casser les couilles? Dans ce cas-là...

Exécutant un signe avec ma main droite, j'active ma plus puissante technique de sensorialité. Avec ça je pourrais lui indiquer de façon très précise plusieurs cibles potentielles et ainsi, elle me lâchera définitivement. Sensorialité activée, je me concentre pour repérer toutes les sources de chakra aux alentours.

- Trois sangliers à deux kilomètres au nord-est, un lapin à quatre kilomètres au sud et pour finir un cerf à trois kilomètres à l'est. Je suis senseur alors bon, ce n'est pas comme si c'était dur de trouver à manger pour moi.

Je vais maintenant pouvoir reprendre ma route tranquille sans être dérangé par une quelconque donzelle en chaleur. Mais avant je dois éclaircir un point avec la jeune fille.

- Ho et, évite de t'approcher aussi près des gens que tu ne connais pas. C'est assez... perturbant si tu veux mon avis.

Perturbant est un mot bien faible.

La Natsumi n’avait pas loupé d’une miette la gêne qui se peignit sur le visage de l’inconnu alors que le sien était si proche. Cela l’amusa intérieurement mais aucun signe extérieur ne témoigna de son état de jubilation. Elle avait gardé son air indifférent presque hautain habituel et ce même lorsque son hilarité interne s’intensifia en voyant le regard détourné du jouvenceau alors qu’elle soulevait sa jupe pour ranger son kunai. Un sourire amusé, presque sadique, finit par se dessiner en commissures de ses lèvres mais qui disparut aussi vite qu’il s’était manifesté; sans laisser le temps au jeune garçon d’en être le témoin. En temps normal, elle aurait profité de cette innocence qu’elle aimait tant titiller chez autrui mais elle avait mieux à faire présentement.

Elle qui était habituée à récolter des refus fut étonnée de voir le garçon céder à sa demande, même si ce ne fut pas sans mauvaise volonté dont elle ignora royalement. Cependant, elle ne laissa rien transparaître à l’extérieur, gardant son air indifférent coutumier. Lorsque le mot «couilles» franchit les lèvres du jeune garçon, la jeune Natsumi eu instinctivement les yeux qui baissèrent au niveau de l’entre-jambe de celui qui venait de prononcer cette grossièreté. «Il n’y a rien à casser là on dirait» pensa-t-elle alors que le concerné exécuta quelques signes pour activer une de ses techniques semblait-il. Un expert en sensorialité ?

Très vite, il lui indiqua des points cardinaux où se trouvaient tel ou tel animal. Il lui précisa même leur nombre. La fille aux lunettes fut quelque peu décontenancée, non pas à cause de la capacité qui faisait du jeune homme un traqueur d’exception, mais parce qu’elle avait du mal à croire qu’autant de gibiers traînaient dans le coin alors qu’elle avait du mal fou à en dénicher un seul. Tant d’animaux comestibles dans cette forêt si pauvre en nourriture ? Ne serait-il en train de lui jouer un mauvais tour ? Souhaitant se débarrasser d'elle comme il l'avait vivement énoncé, il lui indiquait donc au hasard des proies imaginaires.

Une bonne âme aurait cru le shinobi sur parole mais Mairu n’était pas de ce genre-là. Il paraît qu’un être qui aime jouer des mauvais tours fait preuve d’une méfiance exagérée et la jeune Natsumi en était un très parfait exemple. Ainsi donc, au lieu de partir en courant dans l’une des directions indiquées par le jeune garçon, elle resta campée sur place, les bras croisés sous sa poitrine peu développée. Elle fixait le jouvenceau, une lueur de défis dans le regard. Il semblait vouloir jouer au plus malin mais il allait vite comprendre qu’il ne se trouvait pas face à un dindon dont on pouvait amadouer avec aisance.

- Tu m’as l’air d’un bon traqueur mais ne crois pas que je vais tomber dans ton piège. Si tu veux te débarrasser de moi, mènes-moi à l’endroit où tu dis avoir déniché des sangliers ... Et peut-être que je cesserais de te casser les couilles !

Puis elle se rapprocha tout près, très près du jeune garçon et ramena de nouveau son visage au niveau de celui de ce dernier. Sur les pointes des pieds et légèrement penchée en avant, ses bras toujours croisés, frôlèrent le torse du jeune garçon. Le regard au fond de celui de son interlocuteur, elle annonça d’un ton joueur malgré la menace verbale :

- Sinon je vais continuer à te coller et de très près !

Oui, elle n’avait pas oublié la gêne que cette proximité pouvait provoquer chez le jeune homme mais ne souhaitant pas aller plus loin, car là n’était pas sa priorité, elle recula mais pour se tenir à seulement à moins d’un mètre de lui. Les bras toujours croisés, elle attendait que celui-ci ouvrait le chemin en direction de là il avait dit avoir trouvé des sangliers …

Ça c'est fait. Maintenant je vais pouvoir me casser tranquillement sans que cette gamine dévergondée ne m'embête. Je me demande bien si quelqu'un l'éduquer celle-là. Peut-être dans un bordel vu son attitude vulgaire qui sait. M'enfin, son sort ne m'intéresse plus vraiment vu qu'il y a forte à parier que je ne la reverrais jamais, du moins j'espère. Si c'est pour qu'elle me refasse chier comme maintenant non merci. Je préfère encore ne jamais la revoir de ma vie et faire comme si elle n'avait jamais existé.

Doux Jésus marie Joseph. Moi qui pensais m'être débarrassé d'elle. En plus d'un dévergondé elle n'est même pas capable de faire confiance à un inconnu qu'elle a rencontré dans circonstance douteuse. Ha quoique oui... c'est logique en effet, Juste moi qui avait oublié ce petit détail. C'est de sa faute en même temps. Son attitude vulgaire m'a perturbé le cerveau. Du coup je suis obligé d'amener la jeune fille au sanglier repéré plus tôt. Deux kilomètres en sa compagnie... Rien de mieux pour me donner des envies de suicide.

Mais avant que je ne puisse lui répondre, la jeune femme recommence le même manège que la dernière fois. S'approchant dangereusement de mon visage. Fidèle à moi-même, je prends une teinte écarlate. Puis, avec seulement quelques centimètres qui séparent nos deux visages, elle reprend d'un ton joueur. S'en ai trop. Elle veut jouer? Alors on va bien s'amuser! Agrippant son épaule, je sépare le distancé qui nous sépare. Elle va regretter de jouer avec moi, je vous le dis. C'est alors que je l'embrasse en la fixant droit dans les yeux. Alors on rigole moins là hein?

Après quelques secondes à la tenir fermement pour éviter qu'elle ne s’enfuie, je lâche enfin prise, laissant nos lèvres se détacher. Je ne peux pas m'empêcher d'afficher un sourire moqueur alors que je me recule. Ce n'est pas vraiment mon genre de faire ce genre de chose mais quand on me chercher on me trouve. Elle récolte que ce qu'elle a semé, et encore j'ai été gentil moi. D'autres garçons rut l’auraient violé sur place, sans aucune forme de procès. Surtout dans cet endroit désert. C'est claire qu'elle joue avec le feu elle. Toujours en souriant, je me retourne en direction du Nord-Est, là où se trouvent nos cibles. Puis je prends la parole sur le même ton qu'elle a utilisé précédemment.

- Bon tu viens? Ah moins que ce petit baiser n'est refroidit tes ardeurs?

Prions pour qu'elle abandonne de me suivre. Après tous, avec cette démonstration que je viens de lui faire, elle va surement avoir peur de s'enfoncer dans une forêt déserte non? Ou sinon c'est qu'elle veut vraiment se faire violer. Dommage pour elle, je ne risque pas de répondre à ces attentes.

Contre toute attente, le jeune homme se rebella en l’attirant vers lui pour lui voler un baiser. Celui-ci avait réduit le peu de distance qui les séparaient et lui agrippait fermement les épaules pour l’empêcher de s’échapper de son emprise. Mais souhaitait-elle seulement s’échapper ? Elle était du genre joueuse passionnée et adorait qu’on participait à son jeu même si cela pouvait la mener à une mort certaine. Cependant ne s’attendant pas à un tel acte venant de celui qui ne cessait pourtant de rougir tel un puceau devant ses provocations quelque peu perverses, la jeune Natsumi resta figée sur place. Instinctivement, sa main droite s’était glissée discrètement sous sa jupe pour aller se poser sur l’un des kunai rangés sur le support attaché autour de sa cuisse. Elle se contenta de fermer ses doigts sur le manche de l’arme shinobi, s’apprêtant à la sortir si les choses tournaient mal.

Le jouvenceau serait-il du genre suicidaire ou bien sous-estimait-il tout simplement la binoclarde ? Si seulement savait-il avec quel genre de personnage il avait à faire. Si il avait connaissance de la vraie personnalité de celle qu’il semblait prendre pour une simple dévergondée, jamais il n’aurait entreprit une initiative, qui pour lui n’était sans doute qu’une simple réponse à la provocation de la jeune fille, mais qui, dans une autre circonstance, lui aurait valu une blessure qui aurait pu la conduire à une mort certaine. Oui, la Natsumi n’était pas du genre à aimer le contact physique de ce genre, malgré que ses comportements faisaient penser le contraire. C’était une manipulatrice formée par une experte en fourberies qui l’avait enseigné même à user de son corps pour attirer ses proies sur sa toile telle une araignée. Elle usait donc de ce genre de contact le plus souvent dans le seul but d'arriver à de fins peu glorieuses. Elle avait déjà ôté la vie à bien des hommes croyant goûter aux lèvres d’une jeune fille innocente mais dont une lame logée dans le ventre leurs faisait découvrir son vrais visage mais il était déjà trop tard.

Qu’espérait-il donc par cet acte ? Faire taire sa langue de vipère ? La faire renoncer à son jeu de provocation ? Quel que soit la réponse, ce n’était par ce geste qu’il réussirait à la remettre à sa place, bien au contraire, il venait tout simplement de lui donner envie de jouer un peu plus. Une envie de le plaquer contre un arbre et l’étouffer avec sa langue la submergea mais ne voyant aucun intérêt d’aller si loin, elle oublia cette idée. D’autant plus qu’elle ne souhaitait pas que le jeune garçon ait des idées mal placées sur elle.

Sa main était toujours sur le kunai et elle ne lâcha celui-ci que lorsque le garçon décida enfin de détacher leurs lèvres. Elle se contenta de le fixer, un sourire amusé à peine visible en coin des lèvres, alors que le garçon s’éloignait en direction de là où se trouvait les sangliers qu'il disait avoir repéré. Elle arrangea ses lunettes sur son nez avant de se lancer à sa poursuite. Elle se plaça à côté de lui de façon à pouvoir le regarder dans les yeux. Chose qu’elle fut avant de lancer d’un ton qui se voulait innocent :

- Merci pour le baiser. Cela faisait longtemps que je n’avais pas embrassé quelqu’un. Aucun homme dans le coin ne veut plus poser leurs lèvres sur les miennes tant ils ont peur que cela ne provoque leur mort !

Elle guetta un moment la réaction de son interlocuteur avant de poursuivre sur le même ton :

- Au fait, moi c’est Mairu et tu peux me voler de baiser quand tu veux, toi qui ne sembles pas avoir peur de mourir ! J'adore les hommes courageux comme toi tu sais !

Bien sûr ceci n’était qu’un mensonge; si il osait encore poser ses lèvres sur les siennes, elle ne se contentera pas de tenir fermement le manche de son kunai sous sa jupe cette fois-ci. D'ailleurs, heureusement pour lui qu’il ne venait pas de lui voler son premier baiser, chose que toute jeune fille, ne semblait pas vouloir accorder à n'importe qui …

Alala. En désertant le village caché des nuages, je ne pensais pas partir embrassé des filles et encore moins une qui vie sur l’île de la cendre. Il est vrai que j’ai un peu oublié les filles dès que je suis passé jonin… Avec toutes les responsabilités que j’avais là-bas et une adolescente à élever, on peut clairement dire que j’avais autre chose à foutre. Et puis imaginer Asuna qui me retrouve au lit avec une fille, je peux vous assurez qu’elle se serait foutu de ma gueule pendant des mois et mois. Ou alors la fille n’aurait pas fait long feu.

C’est vrai que quand je l’ai rencontré elle a failli m’embrocher avec une multitude d’épée alors pourquoi pas ? M’enfin le sujet n’est pas vraiment là. Asuna n’est plus là, je en suis plus un gradé de Kumo alors maintenant je fais ce que je veux. Si j’ai envie d’embrasser une dévergondé de Hai no kuni alors je le ferai et personne ne pourra m’en empêcher. Sauf elle bien évidemment, mais vu comment qu’elle m’a cherché elle ne peut s’en prendre qu’a elle-même.

Mais contrairement à ce que je pensais, la jeune demoiselle aux yeux rubis revient rapidement à mes côtés. Et qu’elle fut ma surprise quand elle me remercia pour ce baiser droit dans les yeux. Une vrai péripatéticienne moi je vous dis. Mais elle enchaîna en me disant que peu d’homme osait l’embrassé sans avoir peur de mourir. Ahah. Les hommes et les femmes… Ils sont vraiment idiots de baisser leur gardes face à une femme et même si j’avais l’air d’avoir fait pareil, nul doute que si elle avait essayé quelque chose elle aurait fini avec le poignet cassé.

Je ne suis pas très rapide au vu de mes capacités au taïjutsu mais j’ai de très bon réflexe aux vu de mes capacités de senseur. Mais je ne pus m’empêcher de lâcher un petit rire au moment où elle m’a dit ça, elle m’a l’air assez sympas comme fille au final. Dévergondé mais pas soumise, un bon concept je dois dire. Elle continue dans sa lancé en me donnant, ENFIN, son nom et en me disant que je peux lui voler autant de baiser que je veux, qu’elle aime les hommes courageux comme moi.

- Je pense qu’un m’a suffi… Mairu. Et puis inutile de me faire des compliments, je n’aime pas trop ça, je trouve que ça fait un peu trop… Lèche cul, si tu vois ce que je veux dire.

Je laisse un petit silence avant de reprendre, tout en marchant vers notre destination commune.

- Je m’appelle Shuji, je viens explorer l’île pour trouver des plantes rares. Et toi tu fais quoi ici ? Tu habites ici ?

Cette question est cruciale. Elle me permettra de savoir si c’est une partisane ou non. Certes je me méfie des partisans mais je sais que ce ne sont pas tous des batards, comme les goyou à vrai dire. Je ne suis pas comme les villages, ce n’est pas parce que Makka est une tyran que tous les membres de son clan le sont. Idem pour les partisan, certain sont des tueurs d’autre non. Et je compte bien faire comprendre aux villages ceci.

Mairu évita de dévoiler son nom qui, comme l’avait si bien répété sa sensei, pourrait lui apporter bien de préjudice. A cause de la réputation qu’avait forgé son grand frère à travers le monde des shinobi, dévoiler entièrement son identité était devenue une chose à ne pas faire avec légèreté car il entrainait souvent des réactions inattendues voir très violentes de la part de ses interlocuteurs. Evidemment elle s’en fichait des réactions des autres qui souvent l’amusaient plus qu’autre chose mais si par mégarde elle se révélait face à un shinobi plus fort qu’elle et qui avait une dent contre son frère, celui-ci pourrait bien la prendre pour cible par vengeance ou autre idiotie du genre. Elle avait donc intérêt à se méfier si elle tenait un tantinet à sa misérable vie.

A chaque fois qu’elle avait vent des actions de son frère, elle se demandait toujours si celui était réellement devenu cet être méprisant dont on peignait. Elle aimerait tant partir à sa rechercher et vérifier par-elle-même si toutes ces rumeurs étaient fondées ou pas mais elle-même savait qu’elle n’était pas assez forte pour partir à sa poursuite toute seule dans ce vaste monde qui se montrait parfois très cruel. Mais le jour viendra où elle acquerra assez d’expériences et aura assez confiance en ses capacités pour partir à la recherche de son grand frère sans craindre de perdre la vie en chemin.

Lorsqu’elle était libre de laisser planer son imagination, elle mettait souvent en scène les retrouvailles avec son grand frère mais elle n’arrivait jamais à lui donner une personnalité fixe. Les doux souvenirs qu’elle avait de lui durant leur enfance se confrontaient aux rumeurs méprisantes qu’elle avait ouïes à son sujet et cela déstabilisait l’image du grand frère parfait qu’elle se faisait de lui. Etait-il resté le gentil grand frère qu’elle avait connu ou bien était-il devenu un être si cruel qui pourrait même s’en prendre à sa propre petite sœur ? Il était vrai que depuis son plus jeune âge, Haru Natsumi se montrait déjà très arrogant à cause de ses capacités que la petite sœur n’arriverait sans doute jamais à égaler. D’ailleurs ce fut cette arrogance même qui l’avait poussé à quitter la maison familiale alors qu’il n’avait que treize ans. Même après des années de séparation, Mairu continuait cependant à croire en l’amour que lui portait son frère et même si il était devenu un être que tout le monde semblait mépriser, elle était prête à tout pour lui. Elle continuerait à l’aimer quoiqu’il advienne car il était son idole éternelle et ce peu importe ses actes. Elle détruirait ce foutu monde à son côté si il le désirait car le bonheur de son frère était le sien et que rien d’autre n’importait à part cela. Bien entendu, la jeune Natsumi gardait tout ceci en fond de sa personne car si sa sensei venait à l’apprendre, elle ne donnerait pas cher à sa pauvre carcasse. Bien que la kunoïchi qui s’occupait de son apprentissage ne réalisait pas des actes plus honorables que ceux de son grand frère, chacun avait cependant ses propres idéaux et elle n’apprécierait certainement pas que son élève embrasse les idéaux d’un autre alors qu’elle se démenait pour essayer de la traîner dans son propre sillage. Surtout qu’elle ne cessait de lui rappeler que sa vie lui appartenait …

Revenons à la réalité présente. La Natsumi était donc entrain de marcher au côté du dénommé Shuji qu’elle ne cessait de fixer tout en avançant car elle était du genre à aimer guetter la moindre réaction chez son interlocuteur.

- Bah, comme tu veux ! Sinon je vis sur cette île mais toi par contre tu es un étranger ! Serais-tu un espion ?

La Natsumi était du genre directe qui ne cherchait jamais à contourner les choses. Elle le soupçonnait d’être un espion mais même si cela se révèlerait être juste, elle ne le considèrerait pas pour autant comme un ennemi du moment qu’il n’essaierait pas de porter atteinte à sa vie ou à celle d’une personne à qui elle tenait. Elle continuait d’avancer tout en harmonisant le rythme de ses pas à celui de Shuji qu’elle continuait de fixer mais tout d’un coup elle disparut. Elle venait de se prendre un pied dans une racine qui faisait obstacle sur le chemin et avait fini par se vautrer misérablement sur le sol. Elle releva la tête et fixa Shuji un sourire embarrassé sur les lèvres

- C’est bon, je n’ai rien !

Disait-elle alors que du sang coulait de son nez. Maladroite un jour, maladroite pour toujours …

Je me demande bien ce qui a pu se passer pour que j’en vienne à marcher simplement au côté d’une jeune fille assez dévergondé sur l’île de Makka. Tout en sachant que je suis venu ici à la base pour trouver quelques informations utiles. Il y a certes eu cette histoire de gibier mais j’aurais très bien pu la renvoyer chier et continuer ma route, ou encore l’attaché à un arbre le temps que je trouve mes renseignement… Ainsi elle n’aurait pu dire à personne qu’elle a vu un étranger dans les parages et j’aurais été tranquille sans personne pour me faire chier. Maintenant je me retrouve à aller tuer des putains de sangliers pour cette fille au geste pas très réservé comme dirais ma mère.

Et le pire c’est que mon histoire de plante rare ne marche pas du tout. Mais quand je dis que ça ne marche pas c’est qu’elle l’ignore carrément et finis par me demander si je ne serais pas un espion. A cette phrase, un petit rictus se dessine sur mon visage qu’elle fixe éperdument comme si elle essayait à travers mes expressions. J’hésite. Lui dire que je suis un déserteur de Kumo qui est ici pour trouver des renseignements n’est pas très dangereux vu sa puissance. Enfin, je suppose, mais vu qu’elle n’arrive même pas à chasser correctement… Et puis je vais sûrement devoir utiliser mes dons de Kadoria pour tuer ces sangliers. Mais au moment où j’allais lui révéler mon identité, cette dernière se ramasse littéralement la gueule par terre, sûrement à cause d’une racine qui trainait par là. Rapidement, elle lève son regard vers moi avec le nez ensanglanté en me disant qu’elle n’a rien. Je ne peux m’empêcher. Un énorme fou rire s’empare de moi, tellement violent que j’en ai les abdos qui me font mal. Bien que je sois toujours en train de rigoler, je lui tends la main pour qu’elle se relève.

- Alors il a quel goût le sol ?

Oui c’est méchant, mais je ne peux m’empêcher de me foutre de sa gueule sur ce coup. C’est pas ma faute si elle s’amuse à se rétamer la gueule alors que j’étais en plein discussion hyper sérieuse avec moi-même. Elle attrape ma main et se relève doucement. Mon fou rire terminé, je sors délicatement un mouchoir en tissu propre de ma poche et le lui tend d’un geste amicale. Car oui, on ne dirait pas comme ça mais je commence à vraiment bien l’apprécier la petite.

- Essuie-toi avec ça… J’espère pour toi que ce n’est pas cassé.

A vrai dire je m’en fou qu’elle se soit pété le nez ou pas. Sa chute en valait tellement le coup… M’enfin, il est temps de redevenir un minimum sérieux. Je dirige mon regard droit dans le sien alors que je commence à reprendre la route petit à petit.

- Je vois que l’histoire de plante rare n’a pas marché… Mais je te rassure je ne suis pas vraiment un « Espion ». A vrai dire je suis un déserteur du village caché des nuages et je suis venu ici afin de récolter des informations sur Makka et ces agissements. Rien de bien méchant quoi…

Mais il y a quand même un truc qui me chiffonne… Elle dit habiter ici, cela veut donc dire que Makka la laisse vivre ici sans rien en retour ? Mon visage se change rapidement en expression de confusion. Cela m’étonnerait de l’impératrice des flammes… A moins qu’… Elle soit une partisane ?

- Mais dit donc, si tu vis ici sans que Makka ne te tue pas… C’est que tu es un Partisan je me trompe.

Mairu ou la godiche imprévisible. On pouvait se demander parfois si elle ne faisait pas exprès d’être aussi maladroite car sa bourde survenait souvent au moment le plus inopportun. Mais se vautrer lamentablement sous les yeux d’un inconnu n’était point une chose qu’elle souhaitait donc non, elle ne l’avait pas fait exprès. Elle était ainsi, point barre. Elle était du genre à se casser la tronche en plein combat, à se manger un arbre en pleine promenade ... Mais sa bévue lui sauvait, pas toujours mais parfois la mise. Un hasard qui faisait bien les choses dirait-on mais il arrivait aussi que cela envenimait sa situation …

Bien sûr, celui qu’elle accompagnait ria à cœur ouvert de la situation qui, avouons-le, était assez drôle. La fille qui se prenait pour une dure à cuir, allant jusqu’à le menacer, venait de perdre contre une racine d’arbre immobile allant jusqu’à se casser le nez sous ses yeux. Mais heureusement pour une fois, la chute n’avait pas soulevé la jupe de la maladroite pour révéler sa petite culotte dont il savait surement déjà la couleur. C’était sans doute mieux ainsi pour ses pauvres yeux …

Tout en rigolant, le jeune homme tendit une main pour aider la nigaude à se relever et non sans manquer l’occasion de se foutre de la gueule de la binoclarde en lui demandant si le sol était à son goût. La jeune Natsumi hésita avant d’attraper la main secoureuse puis sans prendre le temps de répondre à la question taquine qui lui avait été posée, elle se mit rapidement sur ses deux jambes comme si elle cherchait à se défaire au plus vite de la main de Shuji. Puis elle se mit à dépoussiérer sa jupe mais elle stoppa net ses gestes lorsqu’elle vit un mouchoir tout propre tendit vers elle. On pouvait lire un point d’interrogation sur son visage. Pourtant c’était claire comme l’eau de roche qu’on venait de lui proposer de quoi s’essuyer mais elle ne comprenait pourquoi il lui donnait ce bout de tissu et lui disait de s’essuyer et qu’il espérait pour elle que ce n’était pas cassé. C’est seulement à ce moment-là qu’elle sentit une sorte de liquide couler sur ses lèvres. Elle y passa alors un doigt et le ramena devant ses yeux pour voir que celui-ci était tâché de sang. La sotte ne s’était même pas rendu compte qu’elle pissait le sang par le nez. Maladroite, étourdie et à se demander si elle ne lui manquait pas une case non plus. Si elle était seule, elle se serait essuyée avec des feuilles mais puisqu’on lui offrait si gentiment de quoi se nettoyer, autant en profiter. Elle arracha presque le mouchoir immaculé de la main de Shuji tout en le remerciant. Elle n’avait pas mal mais lorsqu’elle toucha son nez pour l’essuyer, une douleur se fit sentir mais c’était supportable.

Ils avaient reprît leur chemin et Shuji décida enfin d’être sérieux et lui releva sa véritable identité et son intention. Un déserteur à la recherche d’informations sur Makka, cela ne la surprenait même pas. Beaucoup comme lui sont déjà venus sur cette île dans ce même but car nombreux étaient des personnes prêtent à payer le prix fort pour avoir des informations sur la démone de feu dans le désir de la faire tomber. Mais la plus part avaient péris avant d’avoir pu récolter la moindre donnée et les quelques survivants repartaient sans ou avec des informations de moindre importance.

Mairu continuait d’essuyer son nez tranquillement comme si Shuji ne venait pas de lui révéler quelque chose d’importante et lorsque celui-ci lui demanda si elle n’était pas une partisane, elle se contente de lui adresser un grand sourire puis lui tendit le mouchoir souillé de sang.

- Peut-être bien mais ne pense pas récolter des informations importantes venant de moi car je ne fais que lui laver les pieds et lui frotter le dos lorsqu’elle prend son bain. Ha oui, de temps en temps, il arrive qu’elle me demander de la masser aussi…

Baliverne, à vrais dire elle ne l’avait vu que très rarement et de loin. Elle ne lui avait jamais adressé la parole. Sa sensei lui disait qu’elle n’était pas assez forte pour être présentée devant la diablesse et rentrer à ses services. Chose qui l’arrangeait à vrais dire car en réalité elle n’avait pas vraiment envie de servir cette femme. Elle n’était ici que par obligation qu’elle essayait de transformer en intérêt pour son avenir …

Elle attrape ma main et se relève rapidement comme si elle voulait montrer qu’elle n’a pas vraiment besoin de mon aide. On peut clairement lire dans son comportement qu’elle n’aime pas recevoir de l’aide ou du moins qu’elle n’aime pas avoir une dette envers quelqu’un. Elle tient à son indépendance sa c’est sûr, mais pourquoi vit-elle sur cette île alors ? Rien qu’en vivant ici elle est redevable envers la reine des flammes de ne pas la tuer.

En tout cas lui avoir révélé mon identité ne lui fait ni chaud ni froid. Pas même un changement sur son visage, rien, que dalle. Elle se contente de s’essuyer le visage comme si notre conversation était des plus banales alors que ce n’est pas du tout le cas. Même un civil me regarde bizarrement quand je lui dis que je suis un déserteur du village caché des nuages alors qu’elle, elle reste impassible.

La jeune femme tourne ensuite son regard vers moi en me tendant le mouchoir taché de sang. Je l’attrape à un endroit propre et utilise mon Futon pour faire sécher le sang. Après cela je le range dans ma poche sans craindre que le sang tâche mon beau gilet de l’intérieur. Puis, elle reprend la conversation alors que nous continuons de marcher.

Elle n’annonce que je ne vais pas avoir grand-chose de sa par niveau information tout en laissant planer le doute sur le fait qu’elle soit une partisane ou non. En même temps je ne comptais pas obtenir beaucoup d’information auprès d’elle, surtout qu’elle n’a pas l’air important. Et c’est ce qu’elle me confirme en me disant qu’elle ne fait que s’occuper de la toilette de la reine des flammes.

A ce moment-là on peut clairement lire la confusion sur mon visage. Cette fille est vraiment difficile à cerner. Je n’arrive pas à savoir si ce qu’elle dit est ironique ou non vu qu’elle prend tout sur le ton de la rigolade… Soit c’est elle qui le fait exprès, soit je suis vraiment con. Je pencherais plus pour la deuxième option en fait.

- Huum… Etant donné que tu prends tous sur un ton détaché, j’ai du mal à savoir si c’était ironique ou non… ?

Elle doit surement se foutre de ma gueule à ce moment et c’est donc pour ça que je fais mine de ne pas voir sa réaction en me concentrant sur ma technique de sensorialité. Très rapidement, je remarque que nous arrivons à destination. Enfin. Je vais pouvoir reprendre ma récolte d’information sans gêneur.

- Nous sommes arrivés. Les sangliers sont à quelques mètres devant nous.

Alors que Shuji rangeait le mouchoir tacheté dans sa poche après avoir pris le soin de le sécher par une technique de futon qu’elle trouve bien pratique, la binoclarde le fixait tel un enfant en train d’assimiler le comportement d’un autre. Elle trouvait étrange que celui-ci décidait de garder le bout de tissu souillé alors qu’à sa place, elle l’aurait jeté sans hésitation. Peut-être tenait-il à ce bout de tissu car il avait une valeur sentimentale. Comme un cadeau offert par une fille dont il était amoureux par exemple. Mais dans ce cas-là, ce n’était pas logique qu’il lui ait filé comme ça à elle qui était une presque inconnue pour lui. A moins qu’il était tombé sous le charme de la binoclarde au point de vouloir sacrifié le présent offert par une autre. Chose inimaginable en somme. Une idée saugrenue mais peut-être pas tant que ça lui traversa l’esprit et elle s’approcha de Shuji pour glisser une main dans la poche où il avait rangé le bout de tissu.

- Finalement, je crois que je vais le garder en souvenir de notre rencontre !

Dit-elle tout en agitant le mouchoir devant son ancien propriétaire et un léger sourire aux lèvres. Puis elle accrocha celui-ci sur la ceinture de sa jupe car elle n’avait pas de poche où le glisser et ce sans attendre l’accord de Shuji.

- Sinon ce que je disais tout à l’heure était ironique oui. Crois-tu vraiment que je vais accepter de laver les pieds ou masser une femme ?

Disait-elle d’un ton sérieux mais elle-même n’était pas très convaincue par ses propres propos car c’était presque ce qu’elle faisait en ce moment avec sa sensei. Elle ne lui demanderait jamais de lui laver les pieds ou la masser car elle était bien trop fière pour cela mais elle obéissait à tous ces ordres sans discussion tel un gentil toutou. Mais elle la servait, peut-être pas par plaisir, mais par volonté. Si elle en avait marre, elle partirait de cette île même si cela signifiait signer son arrêt de mort.

Elle remarqua que Shuji essayait de fuir son regard et elle se demanda la raison de cette réaction mais elle ne lui posa aucune question. Il annonça qu’ils étaient enfin arrivés tout en montrant les sangliers qui se trouvaient à présent à seulement quelques mètres d’eux. Heureusement qu’ils n’étaient pas dans la direction du vent car sinon leurs proies auraient senti leur présence et se seraient déguerpi sans attendre. La jeune Natsumi se tourna vers Shuji puis lança d’un ton amusé :

- Si tu arrives à en chopper un, je le ferais griller pour toi … A plus !

Sans plus attendre, elle usa de son point fort qui était la vitesse pour se lancer en direction des animaux. Elle fut trois pas succincts sur les pointes des pieds pour prendre de l’élan puis effectua un saut pour atterrir assise sur le dos du plus gros des sangliers. Elle s’allongea sur le dos de sa monture peu commune pour passer ses mains autour du cou de celle-ci alors que ses jambes s’agrippèrent au niveau du ventre pour ne pas lâcher prise. Surpris l’animal poussa un cri strident alertant ses congénères qui déguerpirent à toute vitesse. La monture de la binoclarde ne tarda pas à imiter ses compagnons, amenant une voyageuse pas habituelle sur son dos. Voilà une scène qui pourrait surprendre plus d’un mais pour la jeune Natsumi c’était un jeu comme un autre et ce n’était pas la première fois qu’elle en avait recours. La première fois qu’elle avait tenté de monter un animal sauvage, elle était rentrée avec des côtes cassées et des blessures ouvertes mais elle n’avait jamais renoncé et avait relevé le défi de chevaucher un de ces saletés d’animaux un jour et depuis elle avait pris goût à cette activité plutôt excentrique et dangereuse.

Lancer à toute allure, l’animal manquait parfois de rentrer dans un arbre mais Mairu le forçait à virer sur le côté en s’inclinant légèrement tout en gardant son corps serré contre celui de sa monture pour l’entraîner dans son mouvement mais pas trop pour ne pas lui faire perdre l’équilibre comme elle l’avait fait maintes fois. Une chute à la vitesse à laquelle ils progressaient se révélerait plus que douloureuse, elle en savait quelque chose. Malheureusement si elle se fatiguait avant l’animal, c’était quelque chose d'inévitable. Soit l’animal se fatiguait avant elle et ralentissait pour lui permettre de descendre sans encombre pour ensuite le capturer avec aisance, soit c’est elle qui tombait et rentrerait les mains vides et avec des blessures plus au moins importantes; si elle pouvait encore bouger. Un jeu dangereux qu’elle jouait donc mais à voir son visage heureux tout en chevauchant l’animal, cela ne semblait pas lui effleurer l’esprit. D’ailleurs la conscience ne semblait pas être quelque chose dont elle était pourvue.

Elle tenait bon mais la chance n’était pas de son côté car sa monture finit par tomber dans un vide auquel elle ne s’attendait pas. Dans leur course effrénée ils avaient atteint la lisière de la forêt lugubre mais d’un côté où il y avait une falaise et ce fut donc avec surprise qu’ils tombèrent dans le précipice. Mairu retrouva bien vite son air sérieux. Elle fixa avec attention le sol qui se rapprochait dangereusement, pour évaluer la distance qui leurs séparaient de celui-ci et ce tout en continuant de se cramponner à sa monture. Lorsqu’ils ne furent qu’à quelques mètres du sol, elle relava le buste puis desserra ses étreintes et commença à grimper sur le dos de l’animal qui heureusement ne se débattit pas. Peut-être était-il à bout de force. Les pieds sur le dos de l’animal, les mains agrippées à ses poils pour garder l’équilibre, elle se releva puis effectua un saut périlleux avant au dernier moment pour atterrir les jambes écartées et une main à terre pour amortir sa chute alors que le sanglier se fracassa dans un grand bruit suivit d’un couinement à moins de deux mètres derrière elle. Elle se releva puis alla se poster à côté du sanglier qu’elle fixa un moment. Celui-ci semblait encore en vie mais en agonie. Il ne poussait aucun cri mais apparaissait avoir du mal à respirer et perdrait du sang. La binoclarde s’accroupit pour caresser le dessus de la tête de l’animal puis elle recula sa main et ferma son poing et donna un violent coup dans le cou de l’animal tout en usant de sa capacité haiton pour solidifier son poing. Le pauvre animal n’émit aucun son, seul son corps qui cessa de bouger permettait de déterminer qu’il était délivré de sa souffrance en rejoignant l'autre monde.

Mairu se relave et regarda enfin autour d’elle pour essayer de savoir où elle avait atterri. Mince, elle s’était vraiment éloignée de son domicile donc ça ne va pas être un jeu d’enfant de ramener son gibier. Ce n’était pas la première fois qu’elle effectuait ce genre de mission mais cette fois-ci elle allait devoir contourner la falaise donc le chemin promettait d’être très long. Elle décida donc de passer la nuit sur place car si elle prenait la route maintenant, la nuit tomberait avant qu'elle n'atteigne la maisonnette et dans le noir, il était impensable de s’avancer dans la forêt, surtout avec un gibier qui pourrait attirer des animaux carnivores sur soi. Une main en visière, elle tenta de repérer Shuji qu’elle avait complètement oublié durant sa grande chevauchée sauvage. Avait-t-il réussi à attraper un sanglier ? Il fallait dire qu’elle ne lui avait pas facilité la tâche en les faisant fuir dans son atterrissage sur le dos d’un d’entre eux. Mais il semblait avoir des capacités qui lui permettaient d’en traquer un sans difficulté. Elle comptait donc sur lui pour ramener le repas de ce soir, à moins qu'il s'était cassé sans demander son reste …

Si elle croit que je vais lancer la chasse en premier elle peut toujours se mettre le doigt dans l’œil jusqu’au cou. C’est SA bouffe, moi j’ai largement de quoi me nourrir hein. Mais avant même que je n’eus le temps de dire quoique ce soit, la jeune demoiselle à lunettes cours à une grande vitesse en direction de nos cibles. Le tout en me lâchant bien évidemment une petite phrase me mettant au défi de récupérer un sanglier. Non mais pour qui elle me prend celle-là ! Ce n’est pas qu’un sanglier que je vais lui ramener, elle va voir. J’en ramènerais tellement qu’elle ne saura plus quoi en faire !

Sans plus attendre, je trace le même chemin qu’elle avant de la voir sauter sur le dos d’un sanglier et s’y agripper comme si c’était son doudou. Cette fille est définitivement timbré, et quelque peu suicidaire aussi, m’enfin bon, qu’elle se blesse n’est pas vraiment mon problème. Je devrais plus me concentrer sur le fait qu’elle ait fait fuir tous les autres sangliers. En effet, les autres bêtes se sont rassemblées pour fuir dans une seule et unique direction

Reflexe oblige, je plonge ma main dans ma poche en prenant soin d’y appliquer deux sceaux. Je me concentre, observe pendant un millième de seconde, pour au final tirer mon kunaï encore plus rapidement qu’une flèche. Grâce à ma technique, la vitesse de mon kunaï est telle qu’on ne voit quasiment plus le kunaï filer avant d’entendre le bruit du sanglier qui a reçu l’attaque. Mais ce n’est pas tout, loin de là. Une fois le kunaï planté, le kunaï exerce une forte attraction qui aspire les autres sangliers avant de littéralement les immobiliser dans un brouhaha de cris d’animaux.

Au moins avec tout cela elle me fer pas chier ça c’est sûr. Et d’ailleurs en parlant d’elle, on peut savoir où est-ce qu’elle est passée ? C’est pas comme si elle était encore en train de se faire chevau… heu, de chevaucher un sanglier je veux dire, il y a même pas deux minutes. Et bien évidemment j’ai désactivé ma technique de sensorialité quand je suis passé à l’attaque moi… Elle abuse quoi, je ne suis pas là pour faire la nounou de service.

Je fouille un peu les alentour de là où elle a disparu, mais rien. J’aurais espéré pouvoir la retrouver sans avoir besoin d’user de ma technique, j’aurais économisé un peu de chakra. J’exécute donc un mudras de la main droite afin que toute els sources de chakra se révèle à moi, même celui de Mairu. Avant de sonder tel un radar les environ pour retrouver la jeune demoiselle, je vais m’occuper de mes amis les sangliers.

Je m’approche doucement d’eux et leur appose à chacun un sceau spécifique sur le corps. Je sors ensuite de la ficelle et accroche un bout de ficelle à une patte de chaque sanglier. Pour ceux qui se le demandent, non je ne vais pas promener mes sangliers en laisse. Faits pas genre, je vous ai vu venir de loin. Enfin bref, d’une seule pensée, tous les sceaux s’activent faisant alors léviter tous les sangliers comme des ballons. Mais ils ne s’envolent pas, pour la simple et bonne raison que je les tiens fermement par la ficelle, comme si il n’était que de vulgaires ballons.

Ça c’est fait. Maintenant je peux m’occuper de la binoclarde si elle ne s’est pas déjà fait buter par le sanglier. Nan je rigole, elle a l’air de savoir se défendre la petite, je ne m’inquiète pas pour elle. Usant alors de mon Jutsu, je sonde chaque parcelle de terrain qui m’entoure avant de la repérer quelques centaines de mètres plus loin, plus bas que là où je suis. Donc c’est soit elle est tombé d’une falaise, soit elle est tombé dans un trou, vous avez le choix. Dans tous les cas, je vais la chercher !

C’est donc dans cette optique que je fonce à vive allure en direction de la binoclarde aux yeux rouges. Mais après avoir faire environ 150 mètres, mon pied ne trouve pas appuie, comme si il était dans le vide. Je baisse mon regard afin de comprendre ce qu’il se passe avant de voir que… Bah je suis moi aussi tombé de la falaise. Mais contrairement à ce que beaucoup pourrait penser, je ne fais rien. Je me laisse simplement tomber dans le vide comme si de rien n’était. Puis, à quelques centimètres du sol, j’active un des nombreux sceaux présent sur mon corps afin d’alléger subitement mon corps, me faisant entrer dans un état de lévitation comme mes sangliers. D’ailleurs ces derniers sont gentiment en train de tomber comme des plume alors que je me redresse pour finaliser mon atterrissage parfait.