J’ai eu du mal à y croire au tout début, mais rapidement j’ai pris conscience de la réalité. Cette mission était bien réelle. On m’avait attribué l’une des tâches les plus ennuyeuses pour un shinobi, mais qui était la meilleure pour moi : je devais faire le compte sur les prisonniers du village. En effet les récents évènements, à savoir l’explosion de la prison générale de Konoha par Gogyou Makka, ont permis à plusieurs prisonniers de s’enfuir. Des comptes, il fallait en faire et la plupart avaient déjà été faits. Moi, on m’envoyait juste pour remplir quelques rapports. Peut-être même que ce n’était qu’une mission créée sans réel but, parce qu’il n’y en avait pas d’autre. Mais cette mission était providentielle pour moi…

Moi, meurtrier en série, à la fois policier civil et récemment Genin de Konoha, j’allais pouvoir tout connaître ou presque des prisonniers du village. Les peines, les actes, les prochaines libérations… Sans oublier le fait que j’allais pouvoir avoir un large échantillon de pouvoirs, d’affinités : de quoi poursuivre mes recherches d’informations. Car il fallait que j’en sache le plus sur le village, histoire de ne jamais prendre de risques. Inutile de répéter que cette mission tombait à pic.

Je n’eus pas de mal à trouver la prison, en reconstruction. A l’intérieur, je reconnus celui que je cherchais. Sabakyô Seijirô, l’un des gardes et celui à qui j’allais devoir demander les dossiers. On m’avait montré son portrait, ce qui m’avait permis de rapidement le reconnaître.

─ Sabakyô Seijirô ? Excusez-moi de vous déranger, mais j’ai besoin des derniers registres des prisonniers. C’est pour une mission.

Sans attendre, je sortis l’ordre de mission de la poche ventrale de ma veste. En le tendant au gradé, je commençais à inspecter les lieux du regard. Il fallait que je profite de cette occasion pour en apprendre le plus possible. Les clans, les pouvoirs, les prisonniers… Toutes les informations que j’allais récolter allaient pouvoir m’aider à dissimuler au mieux mes meurtres. Quant aux prisonniers eux-mêmes, certains allaient probablement être mes prochaines victimes…

Mais je pouvais encore tenir quelques temps avant que mon envie de meurtre ne devienne insurmontable. Et puis, j’avais d’autres options. La police, les missions à l’extérieur… D’autres proies m’attendaient.

Seijirô avait l’air d’un homme comme les autres. Il se propulsa du pied pour se retrouver près des tiroirs qu’il ouvrit, afin de récolter les différents dossiers. Malgré sa façon un peu familière de parler, il n’y avait rien qui me choquait chez lui. Pendant un court instant, je le lâchai du regard pour examiner la pièce, et vit qu’il y avait un petit bureau disponible. Vu les circonstances, j’allais pouvoir examiner toute la paperasse ici. Malgré la faible distance qui allait séparer son bureau du mien, il ne pourrait pas voir avec précision ce que j’allais regarder, à moins qu’il soit doté d’une vue hors norme. Enfin bon, il n’y allait rien avoir de louche de toute façon, vu que ma récolte d’informations rentrait dans le cadre de la mission que l’on m’avait confiée.

─ Non ça ira merci. Je vais juste vous emprunter le bureau libre et m’y mettre. Parce que comme je suis nouveau dans le village, j’ai encore pas mal de difficultés pour m’y retrouver parmi tous ces noms… M’enfin !

Je prends les dossiers et me retourne pour aller m’installer sur le petit bureau. Je n’ai bien entendu pas oublié de mettre le Sabakyô au courant de ma situation. En effet, si j’ai des questions à lui poser, autant qu’il sache dès à présent la raison. Quoi de plus normal qu’un nouvel arrivant ne se retrouve pas dans toute une paperasse qui contient des dizaines de noms et de clans ? Eh oui, je suis peut-être trop prudent, mais il vaut mieux ça que de me retrouver dans la même situation qu’avec Amasa. D’ailleurs peut-être que… Oh tiens, ce nom me dit quelque-chose.

─ Tiens, ce nom ne me dit rien…

Je n’avais à peine écrit que deux noms de prisonniers que le troisième m’intrigua. Yamanaka… Je l’ai déjà entendu quelque-part, probablement un clan lié au village. Mais je n’en sais pas plus, et si jamais cette famille est bien liée à Konoha, alors j’ai intérêt à me renseigner. Je lâche la feuille de rapport du regard, et pose mes yeux intrigués sur ceux du gradé.

─ Yamanaka… Vous connaissez ?

Même si Seijirô ne m’en apprenait pas assez, j’allais faire des recherches approfondies. Mais bon, nul doute qu’il allait pouvoir répondre à la plupart de mes interrogations à propos de ce nom. Yamanaka…

Seijirô bu avant de me répondre. J’avais décidé de continuer mon travail mais lorsqu’il commença à parler, je m’arrêtai net. Et je ne pouvais pas faire autrement, car il venait de m’annoncer que les Yamanaka étaient des spécialistes dans la lecture d’esprit et de récolte d’informations. Bien entendu, le Sabakyô ne le savait pas, mais il m’avait fait découvrir… mes pires adversaires.

Mon premier réflexe fut d’analyser le comportement de mon interlocuteur, afin de déceler des choses suspectes ou pas. Au fond de moi, j’espérais sûrement qu’il me mente, mais cela n’affectait pas ma capacité d’analyse. Je réfléchis, sans le laisser paraître, à ce que le gradé venait de m’annoncer. Selon mes premiers ressentis, il avait l’air d’être franc. Ce qu’il disait tenait la route, dans le sens où chaque critère qu’il avait fait de ce clan rejoignait les autres. Un clan mentalement puissant, mais physiquement faible. De plus, j’avais déjà entendu parler des intelligents Nara et le fait qu’il ait nommé ce clan pour appuyer son explication me forçait encore plus à le croire. Enfin, il y avait la question suprême : pourquoi m’aurait-il menti ?

─ Ah je vois, on a de la chance de les avoir !

Ne surtout rien laisser paraître. De toute façon, j’allais rapidement pouvoir vérifier les dires de mon collègue. Il m’informa ensuite ne pas connaître de Yamanaka dans le village. C’était tant mieux, car je n’avais pas envie qu’il m’en dise plus à leur sujet.

─ Non mais ne vous inquiétez pas, c’était juste une question comme ça vu qu’un des prisonniers fait partie de ce clan.

Mentalement assailli, je repris cependant mes notes. Il ne fallait pas oublier que j’étais là pour accomplir ma mission, et aussi pour repérer d’éventuelles proies. Mais Seijirô se leva et voulut voir ce que j’écrivais.

─ Oui bien entendu, tenez.

Je lui tendis la feuille de rapport que j’étais en train de remplir. Les différents champs étaient ceux demandés pour ma mission à savoir le nom du prisonnier, le numéro de la cellule, ses actes et son éventuelle date de sortie. En gros, c’était plus du boulot de secrétaire qu’autre chose, mais grâce à cette liste que j’allais peut-être recopier après, j’avais déjà découvert des choses intéressantes… et effrayantes.
Les Yamanaka représentaient la plus grande menace pour moi.