La nuit venait maintenant de tomber sur le pays du feu, tout comme plein d’autres. L’heure était bientôt venue de respecter mon engagement envers le Senroji : celle de l’aider sans sa chasse aux fantômes. Une étrange proposition que j’avais acceptée en échange d’un service intéressant. En effet, le jeune homme était devenu mon élève, en échange de l’aide que j’allais lui fournir. Il voulait dénicher des fantômes, et faire je ne sais quoi après…

S’il est le même qu’avant, il serait capable d’en enfermer un dans un aspirateur pour mener un tas d’expériences dessus par la suite. Oui, ça ne m’étonnerait pas vraiment. J’ignorais son véritable but, mais pour cette opération-là, trois conditions devaient être réunies : tout d’abord, attendre la nuit. C’est fait. Ensuite, être au cimetière. Je m’y rends. Et enfin… Emmener mon doudou. J’étais un peu récalcitrant à l’idée qu’il l’utilise, mais je veillai sur lui. Au moindre geste déplacé, j’attaque.

Maintenant que le soleil avait laissé fait place à la lune et aux étoiles, il était grand temps que j’aille au cimetière. Il m’y attendait peut-être, c’est possible… La nuit n’était pas tombée depuis des lustres non plus. Le doudou dans mes bras, je me dirigeais là-bas. Il n’était pas au sein du village, mais près du Temple de Kyûbi. Enfin… De ce qu’il en reste. Depuis le dernier problème que l’on a connu là-bas, le temple était en ruines. C’est dommage, c’était un beau monument. Malheureusement, le destin a joué contre nous. On s’est bien défendu… Mais le temps a été la victime de nos assaillants. Si seulement on pouvait retourner en arrière, ce ne serait pas plus mal par moment. J’avais un mauvais souvenir de cette journée, et il n’était pas prêt de s’effacer. Ce jour-là, je m’étais senti inutile, bien que je ne fusse pas sur le même champ de bataille que ceux qui ont défendu le temple… Mais quand même.

Le cimetière était là, devant moi. Personne. Il ne semblait pas être arrivé, à moins qu’il soit caché quelque part, genre derrière une pierre tombale. Ca ne m’étonnerait même pas de lui. Il en était capable. Oui, tout à fait capable. Dans des endroits comme celui-ci, je me sentais à l’aise. Seul ou non. Et encore heureux que je n’avais pas peur des cimetières… Me déplaçant sans faire de bruit dans ce dédale mortuaire, je cherchais mon futur élève. Sans aucun bruit. Les morts reposaient en paix ici, et je les respecte autant que je les manipule. Mon doudou sur les épaules, je le maintenais en lui tirant les jambes. Oui, je ne l’avais pas oublié celui-là. Comment l’oublier… ? Même si j’aurais préféré qu’il reste sagement à l’abri de ce fou. Mais bon, il en avait besoin, pour trouver l’âme de mes parents si j’ai bien compris… C’est vrai qu’il est au courant pour cette histoire, mais je ne pense pas qu’il va réussir. Pessimiste ? Un peu. Beaucoup même. D'un ton lassé, je parlais à voix basse pour ne pas déranger les occupants de ce lieu.

- Monsieur Raki ? Vous êtes là ?

Bon, qu’est-ce qu’il fout à la fin, je ne vais pas l’attendre toute la nuit non plus… Bon au pire, j’ai tout mon temps. Y a personne qui m’attend à la maison, hein.

La nuit porte toujours conseil. En réalité, cela n'avait rien à voir avec la nuit, mais plutôt avec les rêves. Raki faisait confiance à son subconscient pour trouver toutes les réponses qu'il n'arrivait pas à trouver en étant conscient. L'inconscience avait ce don magnifique de détruire les barrières que l'on se construisait mentalement. On envisageait alors des solutions tout à fait particulières pour arriver à nos fins.

Malheureusement pour ses expériences, le Genin n'en était pas encore à cette extrémité. Pour l'instant, il préparait tout ce dont il avait besoin pour une nuit... d'enfer. Très spirituel comme humour. Ses grand-parents en étaient morts de rire... ou plutôt, ils s'en retournaient dans leurs tombes.

Mis à part ses blagues un peu déplacées, il se munissait d'un éventail particulièrement étendu d'armes en tout genre. Des bougies, des crucifix, de l'argent, de l'ail, des oignons aussi... Il avait consulté une multitude de livre sur les pratiques occultes d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs. Il avait même préparé du bois pour faire un feu et danser autour. Malheureusement, malgré tout ses efforts, cela semblait impossible de tout acheminer au cimetière en un seul trajet. Il en était déjà à son cinquième voyage.

Cette fois, il amenait des petites clochettes avec lui, et il faisait un raffut pas possible. Les morts ne pouvaient pas dormir en paix ce soir-là. Ils auraient l'éternité pour se remettre d'une soirée d'enfer ! Le seul inconvénient, c'était l'aspirateur qu'il avait amené. Il voulait piéger une esprit, mais il avait besoin d'énergie pour le faire. Il avait bien réussi à amener un batterie, mais elle ne durerait pas bien longtemps. De plus, pour piéger le fantôme, il faudrait un sceau. La technique n'était pas encore au point, et il faudrait de nombreux essais pour la réussir.

Raki avait également préparé une autre technique, elle aussi devrait être peaufinée, voire totalement retravaillée. C'était rare pour lui de tenter de créer une technique. Toutefois, pour gérer les esprits il n'y avait pas d'innombrable possibilités. Il faudrait peut-être même quelqu'un de spécialisé pour pouvoir dénicher les coquins qui se cachaient dans les parages.

Dans tous les cas, les fantômes devaient être des pervers. Les deux endroits où chercher étaient donc le cimetière, et les bains réservés aux femmes. Même un fantôme devait apprécier les délicieuses courbes des plus belles créatures inventées. Raki n'avait pas spécialement d'intérêt pour la gente féminine, mais cela n'avait rien de désagréable non plus. Enfin, quand il verrait Nai, il n'aurait peut-être pas envie de s'imaginer toutes les croûtes qu'elle pouvait avoir dans les endroits les plus déplaisants.

S'arrêtant quelques instants pour s'étirer -son dos le faisait souffrir de porter tout cela- Raki en profita pour ajouter sa quatrième sucette dans sa bouche. Il n'avait presque plus de place, mais cela ne l'empêcherait pas d'en mettre une cinquième un peu plus tard.

Il était tellement las de tout porter, qu'une fois arrivé vers le tas qu'il avait commencé un peu plus tôt, il se laissa tomber sur les fesses. Décidément, faire autant d'efforts sans aucune garantie de succès, cela ne valait peut-être pas le coup. Même si le jeune homme tentait de se convaincre d'abandonner, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver sa maladive curiosité.

Dans un sens, on pouvait assimiler son attitude à une malédiction. Condamné à ne jamais faire quelque chose d'ennuyant, et se consacrer à son intérêt jusqu'à en mourir. Même quand il n'avait rien à faire, son premier réflexe était de chercher quelque chose à faire.

Pensif, le ninja s'entailla l'index droit avec ce qui traînait dans sa sacoche. Un kunai, ou un shuriken, il n'en avait aucune idée, et cela n'importait pas vraiment. Il allait faire une chose terrible et interdite. Calmement, le jeune homme commença à tracer des caractères avec son sang sur une pierre tombale. Il devait essayer d'utiliser la technique à laquelle il avait pensé.

Clochettes. Un joli son. Le son de plusieurs clochettes s’entrechoquant se répandait dans le cimetière, progressivement, tout en déplacement. Une intuition me mena à penser que c’était Raki qui était derrière tout ça. Quoiqu’il en soit, il fallait que je vérifie. M’avançant, en suivant cet harmonieux son, je m’attendais à trouver le Senroji, prêt à ne faire je-ne-sais-quoi. Honnêtement, je ne m’attendais pas à trouver un fantôme ici, et je savais que mon doudou n’avait rien de bien spécial. J’en ai vite pris conscience. Seulement, cela faisait parti du marché : l’aider, et il intègre mon équipe. Autant jouer le jeu du coup. Cependant, en pensant ça, quelque chose me fit froid dans le dos. Je ressentais une présence, derrière moi. Me retournant, je ne vis rien, si ce n’est que le feuillage des arbres bouger avec le vent. Cette présence était aussitôt disparue. Je deviens paranoïaque ou… ? Bon après, je suis l’un des pires du village en matière de sensorialité. Il y aura un géant derrière moi, je ne le sentirais même pas, où juste très brièvement. C’est peut-être ce qu’il s’est passé, avec une personne, ou un chat. En tout cas, il n’y avait plus personne.

Mettant dans un coin de ma mémoire ce qui venait de se passer, je repris ma poursuite de ce son. Pauvres morts, il ne les respectait pas vraiment avec un tel raffut. Mais je ne suis pas la personne la mieux placée pour parler de respect envers les morts… Peu de gens comprennent que je les respecte bien plus que d’autres. C’en devient triste, mais ce n’est pas grave. Et en parlant de respect avec les morts, Raki venait de décrocher le gros lot… Du plus grand manque de respect. Je le vis, devant une pierre tombale, avec tout un lot de matériel. Comment j’ai pu mettre autant de temps pour le trouver avec tout ça avec lui ? Heureusement que j’ai de bonnes oreilles en tout cas, car ça m’a l’air d’être le seul sens qui ne me fasse pas défaut au final.

Rien de bien dramatique jusqu’à là. Jusqu’à que je le vois en train d’inscrire quelque chose avec du sang sur l’une des tombes… Il… Nous… Je… Je vais me faire tuer ! Arrivant rapidement vers lui, j’attrapai sa main pour l’éloigner de la tombe. Je regardais les dégâts… Il y avait déjà quelques inscriptions dessus. Malheur. Damnation. Il a osé ! Toujours à voix basse, je lui parlais.

- Raki ! T’es malade ou quoi ? Je comprends que tu tiens à voir un esprit, mais là c’est carrément de la profanation !

J’étais assez énervé pour le coup. Déjà que c’est un manque de respect envers les morts, c’est aussi de la dégradation de pierre tombale, et pour couronner le tout, je suis impliqué dans cette affaire ! À croire qu’il n’a pas vraiment changé depuis la dernière fois, il est… Très spécial. On dirait qu’il ne prend pas conscience de ce qu’il fait, et que seules ses petites expériences l’intéresse. Il est spécial, unique, et c’est en partie pour ça que je le voulais dans mon équipe. Cependant, ça allait être un cas qui allait me donner du fil à retordre. Bref, j’y pense, j’ai peut-être une piste pour lui.

- Si ça t’intéresse, j’ai ressenti quelque chose en venant vers toi. Je ne sais pas si c’est un esprit, un homme, ou bien un rat, mais il y avait quelque chose, et je n’ai rien vu après m’être retourné. C’est toujours mieux que de dégrader des pierres tombales de cette manière…

Quelqu'un avait déjà dit qu'il fallait respecter les morts, celui-là ne devait rien comprendre à la vie. Les pauvres défunts devaient s'ennuyer à en mourir une seconde fois ! Seul, dans un cimetière, avec pour seule distraction quelques connaissances qui viennent verser une petite larmes de temps à autres. Ce n'était vraiment pas une mort de mourir comme ça. Si Raki mourait, il aurait bien aimé que quelqu'un vienne le distraire de temps en temps en lui montrant quelque chose d'un peu original. Après, lui-même était une personne assez particulière. On ne pouvait pas considérer que son souhait serait unanimement reconnu par le monde des vieux grincheux.

Tranquillement, il traçait ses quelques caractères. A ses yeux, cela n'avait aucune importance puisqu'ils disparaîtraient bientôt. A l'exécution de sa pseudo-technique qui n'avait presque aucune chance de réussite, il n'y aurait plus de sang. Tout ça n'arrivait que parce qu'il voulait voir un esprit, juste pour s'amuser. Techniquement, il savait que les esprits existaient. Il y en avait des preuves dans beaucoup de techniques plus ou moins connues. Si on les analysait en détails, on pouvait trouver des équivalents. Bien sûr, il y avait les Yamanaka, l'existence de ce clan prouvait qu'un esprit pouvait vivre et bouger sans corps. Après il y avait des techniques plus complexes de nécromancies, les genjutsus, et Raki avait lu à propos d'un clan à la sombre réputation qui commandait aux esprits.

La question n'était donc pas de savoir s'ils existaient ou non, mais plutôt sous quelles formes ? Vivaient-ils dans un monde à part connecté à celui-ci ? Pourquoi étaient-ils invisibles ? N'y avait-il que des morts, ou d'autres formes plus complexes partageaient-elles le même sort ? A quoi ressemblait un esprit ? Pouvait-il communiquer directement ou indirectement avec les hommes ? Raki devait en avoir le cœur net.

« Raki ! T’es malade ou quoi ? Je comprends que tu tiens à voir un esprit, mais là c’est carrément de la profanation ! »

L'intéressé ne daigna même pas se retourner. Il ne considérait pas cela comme de la profanation. Déjà parce que tout allait disparaître, mais aussi car les pauvres morts en avaient bien besoin. C'était vital pour eux d'avoir une distraction de temps à autre. Que le gamin soit d'accord ou pas, cela lui importait peu.

Derrière le Genin, un tas d'affaires pêle-mêle lui servirait à s'amuser un peu. Au pire, il ne manquerait pas grand chose. Si sa nuit ne s'avérait pas fructueuse, il aurait au moins la chance de s'amuser un peu. Tout le plaisir était là.

Dans tous les cas, l'autre paraissait assez énervé. S'il commençait à irriter Raki, il n'aurait qu'à faire un autre petit tour à la benne à ordure. Franchement, s'il n'avait aucune curiosité pour ce genre de choses, qu'il abandonne cette petite chasse ! Personne ne verrait rien, personne ne saurait rien, et tout le monde s'en moquait a priori. Le pire dans l'histoire, c'était que ce gamin touchait à des cadavres. Et après il venait lui parler de profanation ? C'était l'hôpital qui se foutait de la charité là. Quand soi-même on va contre les idées préconçues, on ne donne pas de leçons aux autres. Surtout que les corps, il ne les rendait pas. Il y avait un gouffre entre eux, et Aku se trouvait du mauvais côté pour le moment.

« Si ça t’intéresse, j’ai ressenti quelque chose en venant vers toi. Je ne sais pas si c’est un esprit, un homme, ou bien un rat, mais il y avait quelque chose, et je n’ai rien vu après m’être retourné. C’est toujours mieux que de dégrader des pierres tombales de cette manière… »

Raki ne savait pas si le gamin disait cela sérieusement, ou s'il voulait juste que lui-même arrête de dessiner sur une tombe. L'un n'excluait pas l'autre. Faisant tourner ses désormais deux sucettes en bouche, Raki ne pouvait pas non plus ignorer Aku. Même si tout cela n'était qu'un jeu, ils y jouaient. Exécutant quelques signes, Raki voulait tenter sa technique expérimentale. Dans la théorie, elle consistait à sceller des alentours, mais la théorie n'était pas très fiable avec les esprits. Le sceau semblait à peu près fonctionner. Il rassemblait les caractères sanglants en un seul point et aspirait l'air alentour. Oui, ça aspirait. C'était très bien pour jouer à l'aspirateur, mais pas pour capturer un esprit. La plus grosse faiblesse de cette technique était sans aucun doute son contrecoup. Lorsque le sceau ne put plus continuer à aspirer de l'air, il se brisa. Une onde de choc assez désagréable donna des ailes à Raki, projeté plusieurs mètres en arrière.

Couché sur le sol, le Genin avait la flemme de se relever. Il trouvait ça plus simple de rester étendu là, à fixer le ciel nocturne. Il voulait vraiment voir un esprit, mais ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Cela l'obligeait à essayer une multitude de possibilités, et c'en était lassant. Rien que d'y penser, il ne savait pas par quoi commencer.

« Bon, montre-moi où c'est que tu as senti ta chose bizarre. »

Raki empoigna une tablette ronde avec d'étranges inscriptions, ainsi que trois bougies. Il n'avait pas pris d'allumettes, à quoi bon lorsque l'on peut se transformer en torche à volonté ?

Il est vraiment inconscient. C’est plus que des marques, mais bien des sceaux. Ces pierres tombales étaient lourdes de sens : c’est ici que reposent l’âme des multiples défunts de ce cimetière. Une âme, ce n’est pas comparable à un corps. Ce serait comme moi, ce ne serait pas si grave que ça, puisque ce n’est plus que des corps sans vie, sans conscience ni sentiments. Une âme, ce n’est pas pareil. Et c’est ce qu’il profanait à l’instant même. Il m’ignorait littéralement. Ca ne m’étonna même pas. Il continua son petit manège, sans me calculer. Puis il activa son sceau. Hm… Les marques de sang disparurent alors, comme si tout était aspiré autour. Intéressant, mais… Ca va absorber tout ça jusqu’à quand ? Jusqu’à maintenant.

Boum.

Le sceau se brisa, libérant une belle onde de choc. Etant juste à côté, je me fis emporter par elle, tombant un peu plus loin, sur les fesses. Raki aussi a été emporté suite à ça. Tss…

- Inconscient…

Bref. Me relevant, je me dépoussiérai le derrière. Une petite douleur dans le dos se faisait sentir, mais rien de bien grave, ça ne me dérangeait pas pour me déplacer. Raki, quant à lui, ne se releva pas. Ce n’était pas une question de difficulté, mais plus de flemme.

- Flemmard…

C’est déjà pas mal. Comme quoi, il y a beaucoup à apprendre malgré tout. Ca allait être dur, mais je pourrais l’épauler pour qu’il puisse s’affirmer comme étant un ninja, un vrai. Je ne dis pas qu’il deviendra le plus grand de tous, mais quand même. Il y aurait bien trop à apprendre… Pour moi y compris.

- Parfait, parfait.

Je pensais un peu à voix haute depuis tout à l’heure n’empêche… Va falloir arrêter. D’ailleurs, je me rendis compte que maintenant que le Senroji avait daigné me répondre, après que l’onde de choc ait frappée. Il me demanda de lui indiquer l’endroit où j’avais senti cette étrange présence. Ce n’était peut-être qu’un chat, ou un visiteur. En tout cas, je ne m’attendais vraiment pas à tomber sur un véritable esprit. Tout en dépoussiérant mon doudou, que mon futur élève a voulu que je prenne, je repris la parole.

- Par là, suis-moi.

Ce lieu n’était pas très éloigné de notre position, tant mieux. Ca évitera de trop marcher, pour peut-être rien. Car avec un tel boucan, j’imagine que cette présence a pris la poudre d’escampette depuis un moment déjà.

Nous arrivâmes donc à cet endroit. Quelques pierres tombales, des arbres, des buissons… Il y avait de quoi chercher. Tout en gardant un œil sur lui, je fouillais délicatement les recoins de ces lieux.

- C’est ici. Evite les sceaux, ou toutes autres techniques instables, je ne tiens pas à finir une fois de plus à terre, ou pire. Chassons bien !

Mine de rien, je me prêtai au jeu, bien que c’était surtout pour lui que je faisais cela.

Aku n'était pas très discret pour lui faire des remontrances. Il aurait pu avoir un peu plus de tact et se taire au lieu de marmonner dans son coin. Surtout que Raki pouvait l'entendre. Au moins, il se moquait totalement de ce que son boulet pensait. Un profanateur s'il voulait, un flemmard, un inconscient, un fou, un chieur. Qu'il le pense ! Qu'il le dise ! Ce soir, c'était lui le cobaye. Qu'il veille bien ! Ce serait une drôle de nuit quand il servirait de sacrifice.

Le Genin plaisantait intérieurement. Il n'avait pas du tout l'intention de faire du mal à qui que ce soit. Bon, après les accidents pouvaient arriver, comme avec son fichu sceau. Bon, c'était juste un échec dans l'élaboration d'une technique, pas de quoi en faire un drame ! Certes, il avait été un peu dangereux, mais il n'y avait ni mort ni blessé, alors à quoi bon se reprocher quoi que ce soit ?

Enfin, il fallait que le nain lui indique l'endroit pour qu'il puisse se lancer dans une petite expérience. Laquelle ? Bonne question. Il verrait tout ça plus tard. Il avait encore pleins d'autres choses rigolotes à essayer, et avec un peu de chance, le traumatisme ferait qu'Aku ne le voudrait plus dans son équipe.

Traumatiser un enfant qui s'amusait avec des cadavres, ce serait extrêmement difficile. Voire même impossible. De toute façon, ce n'était pas le but premier, juste un éventuel dommage collatéral. Rien qu'en repensant à leur première rencontre, Raki avait envie de rire. C'était tout à fait le genre de seconde impression dont il avait besoin. Qu'Aku soit désormais Chûnin ne changeait pas grand chose à l'affaire.

Avec intérêt, le jeune homme suivit son guide. Il fallait bien que l'un d'eux porte le slip. Raki préférait les caleçons, il laissait donc la place au gamin pour gérer les choses. Et en plus, le Genin avait un peu la flemme. Il devait bien avouer que c'était fatiguant de rester éveillé toute la journée, et de continuer à être aussi actif la nuit. Encore lire un livre dans son lit, c'était reposant. Transporter tout ce matériel, et faire le nécessaire ne l'était pas.

Ils arrivèrent sur la scène de crime. Enfin, une scène, c'était un bien grand mot. Son acolyte lui recommandait d'éviter toute action inutile. Une évidence. Cela ne lui avait même pas effleuré l'esprit après l'échec cuisant qu'il venait de subir. Sa seule déception était dans l'attitude de l'autre. Il n'avait vraiment pas l'air de s'amuser. Certes, cela ne correspondait pas à une mission ou à une quelconque activité normale. C'était du paranormal. Ça n'existait peut-être même pas, mis peu importait. Tout résidait dans l'amusement. Si Aku ne s'amusait pas, Raki allait vite se sentir de trop.

Commençant à fouiller les lieux, Raki utilisait une branche de sourcier. Oui, ça servait à localiser les sources d'eau, mais pourquoi pas les esprits ? On ne pouvait le savoir sans essayer ! Après tout, il y avait bien eu des gens assez tordus pour s'amuser à chercher de l'eau avec du noisetier !

Dans sa tête il entendait des bip sonores. Juste pour s'amuser. Il devait bien faire des bruits pour rendre l'atmosphère moins sombres. Mais s'il commençait à brûler, cela pouvait effrayer les potentiels esprits. Autant éviter de faire foirer son expérience !

Enfin, visiblement, le noisetier n'était pas très apprécié des esprits. Raki s'intalla donc par terre avec sa tablette et ses bougies. Avec son doigt, il les enflamma et les disposa en un large triangle équilatéral. Il y avait de quoi tenir dans ce triangle à plusieurs autour de la tablette sans risquer de foutre le feu à des vêtements par mégarde.

« Bon, on va essayer d'invoquer un esprit. Assieds-toi de l'autre côté, donne-moi tes mains, et tu répéteras tout ce que je dirais après. »

Spoiler:

Rien. Rien. Rien. Toujours rien. Soit je l’ai rêvé, soit il a bougé. La deuxième option ne m’étonnerait pas vraiment à vrai dire. Mais bon, ça occupe. Et c’est toujours mieux que de profaner des tombes. Au moins, il n’était plus captivé pat cette idée… Pour l’instant. On verra bien ce que cela donne par la suite. Pour l’instant, il s’amusait à un bâton. Il s’en servait comme quand l’on cherche des sources d’eau avec une branche, c’est assez original de le voir comme ça. Il était motivé à trouver un esprit, et tous les moyens étaient bons. Le voyant faire, ça me fit rire. Mais c’était tout, car sa petite tentative se solda sur un échec cuisant. C’était prévisible, s’il avait déniché la présence d’un esprit avec un bout de bois, j’en aurais été le premier étonné.

Puis il tenta quelque chose, de plus adapté aux rituels d’esprits en tout genre. Une tablette, des bougies… C’est génial ça. Je me demande où il a pu trouver tout ce matériel, il en avait un sac rempli à vrai dire, c’était impressionnant à voir ! Il plaça ses bougies en triangle, qu’il enflamma avec son chakra de nature Katon. Là, il avait entièrement captivé mon attention. Ses tentatives jusqu’à là n’avait pas vraiment suscité un profond intérêt pour ma personne… Sauf là. On va dire que c’est sa seule idée qui pourrait fonctionner.

« Bon, on va essayer d'invoquer un esprit. Assieds-toi de l'autre côté, donne-moi tes mains, et tu répéteras tout ce que je dirais après. »

Que je vienne m’asseoir pour participer ? Avec plaisir, tiens ! M’asseyant de l’autre côté de la tablette, je lui tendis mes mains. Répéter tout ce qu’il va dire ? Non, pas intéressant. Ce n’est pas drôle si je répète tout ce qu’il dit, car ça ne viendrait pas de moi. Du coup, je ne servirais pas à grand-chose dans le fond… Non, il fallait que je prenne les devants. On était là pour s’amuser de toute façon, même s’il tenait vraiment à voir un esprit. Boarf, je peux très bien réussir à en invoquer un après tout. Je ne pense pas que dire des choses différentes que la procédure habituelle ne change beaucoup de choses… Allez, l’heure est venue pour moi de me lancer.

Fermant les yeux, j’entrais dans une profonde concentration, comme en état de transe. Mes mots sortirent librement de ma bouche, je n’y réfléchissais pas une seule seconde. Je me laissais aller.

- Ô Esprit venu de la Nuit des Temps,
Être qui erre dans ce triste monde,
Toi qui suscites la crainte chez les jeunes enfants,
Défais-toi de ton statut d’âme vagabonde.

Sous ce ciel orné de mille et unes étoiles,
Sous cette lune au rayonnement sans pareil,
Ne te cache plus derrière ce mystérieux voile,
Pour nous murmurer quelques mots à nos oreilles.

En cette nuit sombre et surnaturelle,
Rejoins nous, nous Aku et Raki,
Réponds maintenant à notre appel,
Et en prime, tu auras des cookies.

Pour conclure, je fis marcher mes cordes vocales, pour faire durer un son du genre… « Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan » pendant un bon moment. On croirait presque que je suis possédé.

Aku vînt s'asseoir docilement de l'autre côté de la tablette et lui prit les mains. Brave bête. Tu auras droit à un su-sucre plus tard. Même deux si tu trouves un esprit. En attendant, les deux shinobis devaient essayer d'appeler un être qui n'existait potentiellement pas. C'était amusant rien que d'imaginer des gens les observer, prendre des photos, écrire un rapport sur « les fous du cimetière ». Un nouvel article qui ferait fureur à Konoha, sans aucun doute.

Trêve de plaisanterie. Il fallait trouver un moyen de les appeler. Aucun livre ne fournissait de phrases toutes faites et qui marchaient à chaque fois. Ce serait sans doute très personnel, peut-être pas très convaincants pour ceux à qui le message serait adressé. Commencer par bonjour ? Ou plutôt bonsoir. Et être poli. Genre s'il-vous-plaît, merci, nous vous demandons humblement. Enfin, des petites courbettes pour esprits quoi.

Raki était en train de penser à ce qu'il allait dire, cherchant des paroles assez sérieuses et potentiellement effectives. Aku avait fermé les yeux, et tanguait légèrement. De gauche à droite, de droite à gauche. Un pendule. Il était peut-être malade. Ou alors il voulait faire pipi. Oh oui, c'était fort probable. Aku avait une petite vessie. Un jour, Raki l'avait même vu se faire pipi dessus en attendant une glace. Enfin, c'était dans un rêve, mais bon, pourquoi serait-ce forcément différent de la réalité ? En plus, le rêve était plutôt élaboré. Il y avait des mains qui attrapaient Aku pour le jeter à la poubelle, et lui-même mangeait tranquillement une glace en regardant la scène. A chaque fois que le gamin essayait d'acheter une glace, elles l'attrapaient pour le ramener à la case départ.

Enfin, le Chûnin avait vraiment perdu la tête. Il lui volait ses phrases pour réciter lui-même des choses. Le tout était plutôt joli. Si Raki avait été un esprit, il aurait sans aucun doute accepté de se montrer. Après tout, il n'y risquait rien. Cela aurait juste été une apparition momentanée. « Yo les vivants, ça plasma ? DJ Spirit est dans la place ! Yeaaaaaah ! » Cela allait très bien, sauf la dernière phrase, un peu tirée par les cheveux.

Des cookies pour Monsieur DJ Spirit ? Pouvait-il seulement se nourrir d'autre chose que de l'âme d'un vivant ? Raki le voyait déjà bien essayer de voler leur énergie vitale. Ce serait une expérience mémorable, même si les bruits que faisaient Aku commençaient à être légèrement agaçant. Il avait l'air d'être sous l'emprise d'une drogue très puissante. Un hallucinogène comme on en voyait rarement.

Le Genin l'aurait bien secoué pour le ramener à la réalité, mais les résultats d'un tel essai étaient trop imprévisibles. Le gamin pouvait bien lui sauter dessus et essayer de le manger. Ou alors il se transformerait en loup-garou. Ça aussi ce serait très intéressant à étudier. Mythe ou réalité ?

Raki attendait, patiemment, que quelque chose se passe. Un signe, n'importe quoi pour montrer que quelqu'un les écoutait. Un bruit, un pierre qui bouge, un murmure, une bougie qui s'éteint. Rien. Juste un petit vent bien frais qui fit frissonner le jeune homme. Il ne faisait décidément pas très chaud.

Une légère odeur chatouilla les narines de Raki, lui donnant une brusque envie d'éternuer. Tentant de la réprimer, le jeune homme fit quelques efforts pour se retenir, commençant à faire d'étranges grimaces pour se contenir. Finalement, ce fut une attitude plus qu'inutile, puisque son éternuement sortit bruyamment. Et pas tout seul. Aku devait sincèrement regretter de s'être mis face à lui.

« Désolé, ça m'a pris d'un coup. »

Pouvant à nouveau ouvrir les yeux, le Genin ne s'intéressa pas plus que cela à Aku. Son retard était attiré par son étrange tablette, sur laquelle se trouvaient plusieurs petits cailloux. Pourtant, il était sûr de l'avoir posé dessus, et personne n'avait bougé. Se pourrait-il que... ?

Je ne sais pas pourquoi je faisais ça. Il était clair pour moi qu’on ne rencontrerait aucun esprit. Quel esprit serait assez dérangé vous venir voir deux personnes aussi psychologiquement atteintes que nous ? Personnellement, si j’avais été un esprit, je nous éviterais. Oui, il vaut mieux. Surtout lorsqu’on voit tous les gadgets qu’a apporté Raki, ça ne donnait vraiment pas envie de venir. Ce n’est pas en voyant un aspirateur qu’un ectoplasme va s’approcher, si ce n’est pour lui enrouler autour du coup par n’importe quel moyen. Ca doit être bizarre à voir. Bizarre, mais tellement plaisant. Je pense que je ferai exprès de m’en rendre compte qu’une fois qu’il sera presque mort. C’est plus marrant, et j’aurais eu ma petite revanche de notre première rencontre. Il y a des choses qui ne s’oublient pas.

Le son que je produisais se perpétua. Il faut dire que j’ai du souffle. À vrai dire, je commençais à en manquer. Il n’y avait vraiment rien qui se produisait donc, j’ai du utiliser mes talents pour inventer un chant d’appel à l’improviste, et entrer dans une phase proche de la transe, tout ça pour… Rien ? Même pas une petite réaction du Senroji ? Super, j’ai servi à rien. Ah si, le voila qu’il réagit ! Sauf que là, je m’en serais bien passé. Il venait d’éternuer, et je sentais quelque chose de baveux, de gluant dégouliner sur mon visage. Il me cherche vraiment. Me concentrant, je fis mine de ne pas réagir, restant de marbre face à ça. Je me tus par contre, tout en lui serrant encore plus fort les mains.

Quelques secondes de silence, puis je me mis à crier. Juste quelques secondes encore une fois, par respect pour les morts sous nos pieds, ou nos fesses plutôt là. Je me tus de nouveau, l’œil toujours fermé. Je serrai encore plus les mains de Raki, que je ne comptais pas lâcher de si tôt.


- Pauvre mortel. C’est comme ça que tu m’accueilles en votre pitoyable monde qui fut mien il y a de là 2 000 ans ? En m’attaquant à coup de projections nasales ? C’est tout ce que tu sais faire ?! Ah… Moi il a fallut que les neuf Bijû s’unissent contre moi pour m’anéantir ! Mais maintenant que je suis de retour, je vais vous précipiter tous les deux dans les profondeurs des Enfers ! Mouhaha !


J’ai craqué ? Possible. Je ne faisais même plus attention à ce que je disais, ça sortait tout seul, comme ça venait. Sur ces mots, je tenais toujours fermement les mains de Raki, et je me remis à pousser un cri à la voix grave et sinistre. Je ne sais pas à quoi ça m’avance de faire ça. Juste l’envie de m’amuser un peu. Même si c’est totalement con.


- Ou alors, peut-être que tu préfères que je t’élimine maintenant, pour satisfaire mes envies de meurtres retenues en moi depuis deux millénaires ? La décision te revient, stupide être mortel. Mais quoiqu'il arrive... Tu es condamné, toi et ton petit camarade ! Mouhaha !


J’ai évité de dire que c’était sa vie ou la mienne. Ce con aurait été capable de me sacrifier, sachant que c’est une blague ou non.

Hum... Pardon ? En fait, même en s'excusant Raki savait qu'il allait subir le courroux d'Aku. Enfin, son courroux. A vrai dire, ce serait certainement encore une chasse avec un bâton, une nouvelle tentative de meurtre. La seule différence notable dans les positions, c'était que cette fois le gamin le tenait. Difficile de courir quand son agresseur tenait déjà sa victime. Non, il n'allait pas fuir, ni hurler. Il allait simplement feindre d'être déjà mort.

Soudainement, Raki  laissa tomber sa tête mollement sur son épaule droite, tira la langue, et ferma les yeux. Il devait juste faire le mort quelques instants, même quand Aku tenterait de l'étrangler, il ne bougerait pas. Éventuellement, il le soulèverait. Ses membres étant plus longs (TOUS), le gamin ne pourrait pas l'atteindre.

Le jeune homme se risqua à soulever discrètement une paupière après avoir attendu quelques instants la réaction du gamin. Pas un mouvement, mais ses étreintes sur ses mains se resseraient. Un peu trop. Le début de la tempête.

Un cri, court, mais perçant. Franchement, il en avait dans les poumons après avoir soufflé si longtemps ! Au moins, il passe sa vie loin des substances dangereuses pour son organisme. Le seul danger pour la vie d'Aku en ce moment était Raki. Après tout, il avait déjà failli les tuer une fois. Pourquoi pas une deuxième ?

Un flot irrationnel de paroles sorti de la bouche du gamin. Raki ne comprenait pas grand chose, esprit, et postillons, globalement, c'était tout ce qu'il y avait à retenir. Une chose était sûre : il allait passer un sale quart d'heure. Vraiment sale. Soit ce gamin était fou, soit il était possédé. En fait, Raki s'en moquait, dans les deux cas, cela lui brisait les phallanges. Il fallait une réplique, et vite. Et il valait mieux éviter de songer à uriner sur Aku. Cela ne ferait qu'aggraver la situation.

L'étrange Aku les condamnait à mort. Oh, génial ! Comme ça, ils allaient découvrir si oui ou non, ils pouvaient se balader parmi les vivants, et comment cela se déroulait réellement.

Bon, il ne restait pas beaucoup de solutions. Raki avait les mains liés dans un sens semi-figuré. Il ne lui restait plus qu'à faire en sorte de calmer Aku. Bascullant en avant, Raki connaissait l'unique moyen. Il ne restait plus qu'à reprendre tout ce qu'il avait donné à Aku. Passant un gros coup de langue, il commença à faire le ménage.

Aku avait bon goût. Peut-être qu'il devrait le manger ce soir.

« Gamin, tu es délicieux, je crois que je vais te rôtir lentement. »

Oui, il y avait un deuxième fou, mais il n'était pas possédé. Il avait dégagé une de ses mains en profitant de la confusion pour se saisir d'un porte bonheur. Le bruit de l'aspirateur, enclenché à l'aide de son pied, retentit dans le cimetière tandis qu Raki posait l'embout sur la bouche d'Aku.

« SUS AU DEMON JE VAIS T'ASPIRER AVANT DE T'ETUDIER JUSQU'A CE QUE TU T'AGENOUILLES DEVANT MOI MISERABLE IMMORTEL ! »

Avec un rire diabolique, Raki était tout content. Soit Aku se foutait de lui et se faisait aspirer la tronche, soit il capturait son esprit et délivrait son maître. Dans les deux cas, il prétendrait avoir tenté de le sauver. Il valait mieux, sans quoi Aku le tuerait sans hésitation.

Faire comme si un esprit était en train de nous posséder. Une idée bien étrange, mais à laquelle je prenais du plaisir à exploiter. Connaissant Raki, je ne peux être à cent pourcents sûr de sa réaction, et c’est ça qui était marrant. Il était imprévisible, je l’étais tout autant. Cette petite recherche de fantôme allait tourner en pièce comique dans un cimetière. La dernière fois qu’on a joué à ce petit jeu, ça a assez mal fini en fin de compte. Des blessures, des gaz dans les maisons, des ordures dans les cheveux…  Une première impression bien étrange. Mais au moins, je ne m’ennuyais pas à ces côtés. Ah, ça non ! C’était même tout le contraire. Malgré tout, on formait une bonne paire. De guignols, certes.

Mon emprise sur mes mains se faisait plus forte. Pour ne pas me trahir, je n’ouvrais pas les yeux, histoire de rendre le tout plus réaliste. Dommage, j’aurais bien voulu voir sa tête. J’ignorais pour l’instant sa réaction. Il n’avait pas l’air de vouloir se défaire de mes mains, du moins pas par la force. Il allait tenter quelque chose alors ? Mais quoi ? Je devrais peut-être en rajouter une couche. Mais avant ça, ma curiosité m’ordonnait d’entrouvrir légèrement mon œil droit, qu’une seule petite seconde, pour voir ce qu’il fait. Je n’aurais peut-être pas dû. J’ai vu une vision d’horreur. Digne de tous mes plus grands cauchemars, à ne pas en douter. Ce qui se passait ? Oh, rien de bien grave… Je vis Raki qui était tout proche de moi. Et…

Il me lécha.  Sur le coup, je suis resté con, et je n’ai pas bien compris ce qu’il m’arrivait. Raki était en train de frotter sa langue sur mon si beau et soyeux visage, avant de me sortir que j’étais délicieux, et qu’il allait me rôtir lentement. Un peu tard, mais je finis par réagir, lâcher le Senroji pour m’éloigner.


- RAAAH MAIS DEGAGE PU… Hmmmmgjergkijj !


C’est quoi ça encore ? Non… Ce n’est pas ce que je crois, rassurez-moi… ? L’aspirateur ! Il me le posa sur la bouche, avant que je tombe à la renverse et qu’il actionne la machine. La torture commença. À chaque seconde qui passait, j’avais l’impression que mon corps rentrait progressivement dans cet engin diabolique, dont je n’aurais jamais pensé être un jour la victime. Il se mit ensuite à gueuler comme quoi il allait aspirer l’âme de ce démon qui n’existait pas en fin de compte. C’est moi qui vais y passer… Mourir par un aspirateur. J’espérais une mort moins débile que ça… Il fallait que je réagisse, et vite ! Le problème, c’est que j’avais beau essayer d’ôter l’embout de ma bouche avec mes mains, il ne se leva pas. La puissance d’aspiration était assez conséquente, pour que j’arrive à le lever sans m’arracher les lèvres. Ca serait bien gore quand même. Quand je m’en sors, il va souffrir. Encore faudrait-il que je m’en sorte… Vivant.

Plus le choix. J’ignore quels seront les dégâts d’une telle tentative, mais il le fallait impérativement. Après tout, je commençais à me sentir faible, sans respiration. J’avais l’impression de me faire aspirer depuis des heures, alors que ça ne faisait que dix secondes. Il fallait penser à riposter… Et ça allait envoyer du lourd. Malgré la situation désespérante dans laquelle je me trouvais, je devais me concentrer. Une fois prêt, je laissai sortir un puissant souffle de feu, qui parti à toute vitesse dans l’engin, au vu de cette force d’aspiration.

Spoiler:

L’explosion fut assez incroyable, surtout quand on était collé à l’engin ayant explosé. Ca fait vraiment mal cette merde, on a été pris dans le souffle de l’explosion tous les deux. J’avais des ordures plein la bouche, vu que l’embout a servi de voie de secours pour tout ce que contenait l’aspirateur. Me relevant assez rapidement, je crachais le tout en avant, là où se trouvait Raki. Désolé, mais c’est écœurant. Douche à l'ordure baveuse pour toi, t'as intérêt à esquiver ça en vitesse. Bien que je ne cache pas que j'espère que tu vas tout te prendre en pleine gueule. J’étais en furie, j’avais envie de crier. On est dans un cimetière ? Et alors ? Qu’est-ce que je m’en fous ! Je suis énervé là… Et je vais bien le faire comprendre !


- …. Rr.. … KEUF… …. .. .. ………….. ……HRRRH…. HIII


Putain, j’arrive même plus à parler ! J’étais complètement déshydraté, avec tout ce que cette aspirateur a aspiré, le souffle Katon, les ordures dans la bouche… J’avais plus de voix, impossible de placer un mot cohérent dans ma phrase. Raki, j’vais te tuer. Je crois qu’à cet instant-là, mon œil droit s’était animée d’une vive flamme ardente, prête à rôtir le Senroji sur place.

Raki ne devait pas l'admettre, mais cela l'amusait légèrement de torturer le gamin ou le démon.  Il ne prenait pas plaisir à lui arracher la moitié du visage, mais s'il plaisantait et que cela se retournait contre lui, alors oui. Il adorait ça.

Dans tous les cas, ça ne le tuerait pas. Et Raki pouvait certainement trouver une méthode pour retendre la peau détendue par l'aspiration. Il s'imaginait déjà en train d'accrocher la peau pendante de Aku avec des pinces à linges sur les joues pour éviter de lui faire une tête de tatou. Même si l'imaginer dans cette situation était déjà assez drôle en soi.

En bref, le médecin avait simplement l'intention d'arrêter l'aspirateur quand Aku tournerait de l'oeil. Il le réanimerait après. Enfin, sauf si la moitié de ses organes avaient déjà fini dans le sac. Ce ne serait pas plus gênant que ça. Il suffirait d'apprendre à les remettre.

Tout se passait bien, du moins sans accroc. Aku avait été complètement surpris par cette attaque... originale. Tant et si bien qu'il était complètement perdu. Sa détresse devait également l'empêcher de penser clairement pour trouver rapidement une solution. Il était là, sortant d'aussi gros yeux que le trou qui l'aspirait. Des hurlements devaient sans doute vouloir sortir e sa bouche, mais l'air ne transmettait plus ses sons. A moins qu'il refuse de bouger la langue de peur qu'elle ne s'allonge. Pouvait-il seulement bouger ses lèvres ? Raki n'en était pas tout à fait sûr. Pour la science, il poserait la question plus tard. A moins qu'il n'ait déjà rejoint les habitants locaux.

Soudain, tout devint brûlant. Trop rapidement. Raki n'avait même pas pu réellement faire la différence entre le moment où le tuyau avait brutalement chauffé, et celui où l'aspirateur avait explosé, le projetant plusieurs mètres plus loin. Il s'était pris l'explosion par le côté, et avait atterri violemment contre une pierre tombale. Raki ne savait pas ce qui avait craqué en premier : ses côtes, ou la pierre ? En tout cas, les deux étaient sans nul doute brisés.

Sonné, Raki hésitait à bouger. Enfin, même s'il voulait bouger, ce serait sans doute une forme de dans originale aux pas imprévisibles qui en sortirait. Allongé sur le dos, respirer lui faisait mal.

« Merde. »

D'une main assuré, même si elle hésitait à lui faire mal, le médecin tâta à l'endroit du choc, pour voir si les côtes étaient brisées ou fêlées. Son oreille gauche faisait un bruit bizarre. Un sifflement. Il s'était sûrement cogné un peu trop fort. Damn Brat.

S'appuyant sur la tempe droite avec sa main, Raki essayait d'atténuer l'écho dans sa tête. C'était désagréable. L'autre servait à se redresser. Les côtes étaient fêlées. Aucun danger imminent à bouger. Les organes étaient en sécurité. Enfin, à condition de ne pas se faire frapper à nouveau violemment dessus. Là, elles craqueraient dans aucun doute. Et même dans l'hypothèse où ce ne serait pas le cas, la douleur lui ferait certainement perdre connaissance.

Aku s'approchait. Dans la tête de Raki, une sonnerie rejoint les deux autres déjà présentes. Une alarme pour être précis. Elle hurlait « DANGER, DANGER, DANGER » en continu. Cela ressemblait à une voix dépourvu de sentiment, qui ne tenait qu'à se faire entendre. Au moins, il était difficile de l'ignorer.

Raki roula en arrière pour s'éloigner de lui, le laissant cracher partout sans arriver à formuler les mots. Il était complètement cassé. Pauvre jouet. Même sa nouvelle poupée ne tenait visiblement pas le choc.

Une autre explication était toutefois possible. Aku parlait une langue inconnue, et essayait d'invoquer des forces inconnues. En toute honnêteté, Raki connaissait la réponse. Cependant, Aku voulait le tuer, sans nul doute. LA seule manière de se sauver, c'était de lui faire croire que lui-même essayait de le sauver d'un esprit démoniaque. Cette idée ridicule l'aurait fait rire, si cela ne s'était pas immédiatement transformé en grimace lorsque ses côtes remuèrent légèrement.

Comment l'exorciser du mal qui le rongeait ? Une arme. Oui, quelque chose qui puisse faire peur à Aku. Surtout après avoir goûté à l'aspirateur, ce ne serait certainement pas difficile. Se saisissant d'un crucifix extrêmement pointu, Raki leva le bras en direction de Aku.

« Libère-le, ou meurs avec lui ! »

Raki se jeta en avant, avec la ferme intention de poignarder Aku. Tant que ce n'était pas mortel, il pouvait le soigner. Il ne restait plus qu'à prier pour que le gamin croit qu'il cherchait à l'aider et non le torturer volontairement.

L’explosion avait été redoutable, il faut se l’avouer. Cette dernière m’avait littéralement clouée au sol, et fait gober une multitude de déchets. J’étais mal en point. L’explosion m’avait couté cher, j’étais blessé à de multiples endroits, des brûlures, mes vêtements en très mauvais état… Je n’y étais pas allé de main morte, pour ne pas changer. Quelque chose me soulageait dans tout ça : je ne suis pas le seul à avoir subit des dégâts. Le souffle de l’explosion avait projeté le Senroji plus loin, et fut réceptionné par une tombe. C’était une véritable apocalypse. Si les autorités apprenaient qu’on s’était battu en plein cimetière… On allait passer un sale quart d’heure. Les dégâts étaient assez conséquents il faut le dire, tout ça pour une simple petite blague. Ca avait bien commencé après tout.

Ma gorge était complètement asséchée, et le goût désagréable de la pourriture s’y promenait. J’avais envie de vomir, mais rien ne sortait. Sûrement le tout est allé dans l’aspirateur, sans que je ne m’en rende compte. J’en sais rien, je ne veux pas savoir. Car si c’est le cas, le tout est reparti dans ma bouche. Écœurant, vaut mieux ne pas y penser. Vraiment. Mes deux mains étaient positionnées sur mon cou. Tant bien que mal, j’essayais de sortir un son de ma bouche, qui n’était pas étouffé, ainsi qu’un minimum audible. Je pouvais beau dire tout et n’importe quoi, personne ne pourrait me comprendre. Bon, de toute manière, je pense que Raki est assez intelligent pour comprendre que c’était bel et bien moi maintenant. En tout cas, il s’était bien débrouillé pour éviter toutes les ordures que je lui ai crachées à la gueule. Dommage.

Dès que je retrouve ma voix, ça allait gueuler. Bien fort, comme je l’aime. Comme je le fais tout le temps, mais en cent fois bien pire. Je serai même capable de réveiller tous les morts sous nos pieds pour qu’ils n’en fassent qu’une bouchée. Oh oui, ça serait tellement jouissif de le voir se faire déchiqueter la peau par les dents d’une cinquantaine de cadavres en décomposition. J’en tremble d’excitation tellement ça serait un spectacle mémorable, à en couper le souffle. Mon futur élève n’était peut-être pas de cet avis… Oh merde, c’est vrai. Si je le tuais, comment il allait rejoindre mon équipe… J’aimerais éviter la réputation de tuer ses élèves pour le moment. Nul doute que ça viendra un jour avec ce cas si particulier.

Maintenant qu’il avait évité mon crachat d’ordure, il se munit d’une arme assez spéciale. Un crucifix. Bien pointu. Avec ça, il comptait m’attaquer. Il était à ce point persuadé que j’étais possédé, ou il était juste réellement fou ? Ou alors, il voulait vraiment me tuer. Qu’est-ce qu’il avait réellement derrière la tête… ?


« Libère-le, ou meurs avec lui ! »


Pardon ? Meurs avec lui ? Mais comment lui faire comprendre que c’est moi, sans voix ! Il ne me laisse même pas le temps d’essayer de lui expliquer. Malaxant mon chakra, de la terre se forma sur ma main, pour former mon fouet de terre. Ce dernier s’enroula sans réelle difficulté autour de son arme, ainsi qu’une partie sur sa main.


- R… kiiii … rr…r… m… KEUF


Rien à faire. Bon, au point où on en était… Jouons le jeu. Mon regard se fit alors de braise. Il me jugeait comme étant un démon ? Ok, très bien. Jouons le rôle du petit lutin démoniaque et déchainé, si c’est à ça qu’il veut jouer. Un sourire sadique se dessina sur mon visage, alors que je me servais de mon fouet comme support pour m’accrocher à son bras, et m’y enrouler autour. Sortant les crocs, je lui croquais le poignet, comme un vampire en train de sucer tout le sang de sa proie. Mes canines étaient en plus assez pointues. Et j’ai pas cherché à comprendre, j’ai croqué dans le tas. Tant pis si une veine se trouvait au milieu. Dans le pire des cas, je pourrais enfin m’hydrater, pour retrouver avec un peu de chance la parole. Je riais de la manière la plus démoniaque qui soit, attendant patiemment de voir comment il allait réagir. Je vais te mordre, et ce jusqu'au sang mon petit Raki, jusqu'à que ta main en devienne blanche comme un linge.

Pourquoi choisissait-il de rester ? LE choix le plus judicieux semblait pourtant être la fuite. Non pas qu'il n'avait aucune chance contre Aku. Il était dans un sale état, même comparé à lui-même. Après tout, il s'était fait aspiré la tête pendant un petit moment avant de se prendre également une explosion de plein fouet. Si Raki devait évaluer celui qui avait reçu le plus de handicap pour l'instant, c'était sans le moindre doute Aku.

Il avait quand même vraiment mal. Merde quoi ! Il aurait quand même simplement pu appuyer sur l'interrupteur, ou couper le fil d'alimentation ! Cet aspirateur avait été suffisamment difficile à customiser pour ne pas le voir éclater comme un ballon trop gonflé.

Toutefois, en cas de combat, Raki perdrait sans doute. Il n'avait pas assez de volonté pour vouloir tuer son opposant. Aku quant à lui... On sentait son envie de meurtre jusqu'à Kaze no kuni. Cela semblait évident : il allait essayer de tuer Raki si ce dernier ne se montrait pas suffisamment prudent. Il ne le serait par ailleurs pas. S'il se montrait prudent, il ôtait la pseudo-spontanéité de son geste. Il devait essayer désespérément de sauver Aku d'un terrible démon imaginaire.

Arme en avant, la réflexion viendrait après. Enfin, plus tôt que prévue quand même. Sa main fut soudainement arrêté. Son bras suivit rapidement, et il avait même failli perdre l'équilibre à cause de l'élan. Il se faisait prendre par Aku. Si cela n'avait pas été aussi prévisible, il aurait sans doute pensé un truc du genre « bien joué ». Certes, savoir ce que le gamin ferait exactement aurait été pratiquement impossible, mais qu'il fasse quelque chose pour l'arrêter n'était pas une surprise. Qui se serait laissé poignarder sans rien dire ?

C'était dur. Raki ne pouvait pas vraiment bouger, son bras était bien saisi. Il essaya de pousser et de tirer légèrement, sans grande conviction. En plus, vu que le fouet tenait le crucifix, il ne pouvait même pas lâcher l'arme comme il voulait.

Hola... un peu de délicatesse, Raki n'était pas contre le fait de se faire étreindre, mais quitte à choisir, il préférait que ce soit par une plante carnivore. Au moins, il apprendrait quelque chose en même temps. En parlant de plante carnivore, Aku avait entrepris de lui mordre le bras.

Ce gosse... Raki sentait les dents s'enfoncer dans sa peau. Il sentait aussi qu'il n'y avait aucune retenue. Il mordait vraiment pour faire mal. Un vrai petit monstre cannibale. Autant dire que si Raki avait une saloperie, il aurait tôt fait de le regretter. Heureusement pour le gamin, ce n'était pas le cas. Dommage.

Finalement, il n'était pas très intelligent ce gamin. Il lui sautait dessus comme un fauve. Certes, il lui immobilisait un bras, mais il en avait un autre. Enfin, jusqu'à ce qu'on lui coupe. Sincèrement, Raki ne savait pas quoi en faire. Il pouvait toujours lui couper la tête, lui brûler le visage, lui mettre une bonne claque sur la tête... les possibilités ne manquaient certainement pas. L'envie de le disséquer non plus. Et oui, il fallait bien avouer que ça faisait mal.

« Bordel de merde, sale gamin zombi cannibale pervers ! »

Raki lâchait ces mots tout en serrant les dents. Et avec le douleur, c'était assez peu articulé. Il ne voulait même pas savoir si Aku avait compris quelque chose ou pas. Cela n'avait aucune importance, il était en train de se faire bouffer vivant par un gamin. Sérieusement, il y avait des limites.

Levant son bras gauche, Raki s’apprêtait à lui asséner une bonne claque pour lui remettre les idées en place, mais ses côtes réveillèrent la douleur qui s'était un peu calmée. Il ramena brutalement son bras à sa position d'origine. Aouch. La pierre tombale avait cédée, mais il n'était pas sûr d'apprécier le prix qu'il avait payé pour ça.

« Ca suffit. »

Raki sauta, avant de se laisser tomber de tout son poids sur le côté gauche. Avec un peu de chance, Aku n'aurait que la moitié des os de son corps brisés. Et encore, il ne fallait pas que ce soit un clone. Enfin, peu importait. Raki posa sa main libre au niveau de son sternum. Il fallait vraiment régler son problème de côtes, cela devenait excessivement douloureux. La morsure de Aku, tant qu'il s'était brossé les dents récemment, il s'en moquait.

Du sang. Du sang. Je sentais bien que ma morsure l’avait fait saigner. J’en étais heureux, euphorique. Il faut croire que cette explosion dans la tête à réveiller en moi certaines pulsions qui auraient du rester à leur place. Oh oui, je voulais le tuer, et boire tout son sang. J’étais un fauve, une bête sanguinaire. J’agissais sans aucun discernement, juste dirigé par mes propres pulsions. C’est ainsi que je m’étais retrouvé agrippé au bras du Senroji, pour le mordre avec mes dents pointues et acérées. Je n’avais plus qu’une envie, c’est de lui déchiqueter la peau. Ce serait l’extase. On croirait vraiment que je suis réellement possédé.

J’entendis quelques injures sortant de la bouche de la proie dont j’étais en train de me délecter de son sang. C’était assez flatteur, il faut se l’avouer, bien que je ne voie pas pourquoi il me jugeait de pervers. Oh tant pis, le reste était tellement élogieux que je n’allais pas chipoter pour si peu. Il s’agitait un peu, comme pour se libérer, mais il semblerait que, même s’il a été réceptionné par une pierre tombale, qu’il ne s’en était pas vraiment sorti indemne. Mouhihi, tant mieux pour moi. Le petit monstre démoniaque allait donc pouvoir continuer son repas, qui était plutôt appétissant, il faut le dire.

Bien entendu, Raki ne comptait pas me laisser continuer de me nourrir de son sang. Il avait bien la ferme intention de m’arrêter. Je me demandais bien ce qu’il allait faire, et surtout, quand il allait réagir. Une sensation bizarre finit d’ailleurs par se faire ressentir. Il venait de sauter, avant de se pencher sur la gauche, là où j’étais. Il voulait m’écraser avec son poids ? Faut croire. Il retomba au sol, m’aplatissant comme une crêpe sur le sol. Pour l’occasion, j’avais même retrouvé ma voix, avant de crier un long et puissant cri de douleur. C’était terrible, j’éprouvais de grosses difficultés à me mouvoir, j’avais l’impression d’étouffer, de souffrir le martyr. Ce n’était pas qu’une impression.


- Mouhaha… HAHAHA !


Cette douleur me fit rire aux éclats, je n’avais pas réellement l’impression de vraiment souffrir, mais la douleur était là. C’était indéniable. Elle ne me dérangeait pas pour autant, bien au contraire. S’il pouvait même encore plus me blesser, ça ne serait pas de refus. J’étais bien cassé en tout cas, je n’en sortirais pas indemne, sans passer par la case hôpital. C’était le seul point négatif. Tant que je le tuais, ça m’allait. Oh oui, je vais te tuer. Je ne compte pas passer à côté de cette occasion. Bien que difficilement, je parvenais à bouger mon bras jusqu’à ma poche, pour prendre un objet que j’aurais peut-être dû laisser à sa place. On a commencé sur une explosion… Et on allait réitérer tout ça. Un parchemin explosif était dans ma main, je le posai au sol, à côté de nous.


- Je vais te tuer ! Même si je dois mourir aussi ! HAHA !


La deuxième explosion retentit, éloignant nos deux corps du lieu de l’explosion. Le mien se fracassa contre un muret. Du sang coulait sur mon visage, qui finit face contre sol, sombrant ainsi dans l’inconscience la plus totale.

Quelque chose craqua sous le corps de Raki. Il venait de sauter en l'air, pour atterrir lourdement sur Aku. Il avait l'impression de plaquer au sol un fuyard pour le ramener en prison. Se jeter ainsi de tout son poids sur quelqu'un, c'était assez dangereux. Surtout pour la personne qui se trouvait en dessous.

Ce n'était qu'un gamin après tout, avoir tout un poids l'écraser devait être dangereux. Raki ne s'était pas pesé récemment, et à vrai dire, les dommages causés à Aku était le cadet de ses soucis. La douleur obscurcissait son jugement sans doute. Sinon, il se serait abstenu. Il aurait plutôt du utiliser son anesthésiant pour endormir la bête.

Il y pensait seulement au milieu de la chute, lorsque l'étreinte d'Aku commençait à se desserrer. Il devait sans doute comprendre les grandes lignes de ce qui se passait. Autrement dit, il savait ce qui allait arriver. A vrai dire, Raki craignait aussi la réception. Il allait sans aucun doute souffrir et regretter son geste autant que Aku regretterait le sien. Mordre quelqu'un de cette manière, c'était une erreur monumentale. Il aurait mieux fait de tenter de l'égorger, un mort ne luttait pas. Enfin, dans le monde à Raki, dans celui d'Aku, les morts se réveillaient.

Un cri étouffé sortit de la bouche de la victime. Laquelle ? Les deux en fait. Raki en était sûr cette fois, il avait un os brisé. Son bras le faisait terriblement souffrir, celui qui tenait Aku, et qui avait reçu autant de pression que ce dernier.

De son côté, le zombi avait complètement perdu la tête. Le cri se transformait en rire nerveux. Enfin, en halètement nerveux plutôt. Il avait du mal à respirer sous le poids du jeune homme. Raki ne voulait pas voir sa tête, de toute façon, il faisait trop sombre pour ça, et il avait les larmes aux yeux à cause de la douleur. L'essentiel de ses efforts retenait la reste de ses cris et les jurons qu'il voulait sortir. Bien sûr, ce n'était pas la crêpe qu'il voulait insulter, mais plutôt lui-même.

Son idée était vraiment merdique. Son bras était engourdi, il commençait à ne plus le sentir. Ses côtes en revanche n'avaient pas envie de le laisser se reposer. Le pire était la tête. Il ne pouvait pas oublier la douleur de sa tête heurtant le sol. Heureusement, c'était de la terre, et pas une pierre. Il ne serait même pas vivant dans ce cas. Son cerveau avait encore des échos du choc, comme si sa tête agissait comme une cloche, et sonnait constamment.

« Je vais te tuer ! Même si je dois mourir aussi ! HAHA ! »

Alors que Raki n'avait pas encore récupéré sa tête, Aku l'avait totalement perdu. Il sortit un parchemin explosif, et le plaqua au sol à côté d'eux. Sans rire ? Il voulait qu'on les retrouve complètement démembré au petit matin ? Raki ne comprit même pas vraiment ce qui se passait. Tout était déjà si bruyant dans sa tête, que la voix semblait provenir de l'autre bout du cimetière, là où un de leur membre se trouverait sans doute après qu'ils aient volé en éclat.

L'explosion retentit distinctement aux oreilles de Raki. Tout n'était que confusion, les couleurs, les bruits, les sensations. Il ne savait même pas s'il était vivant ou bien mort. Aku avait définitivement lâché prise, et ils furent éjecté chacun d'un côté, légèrement séparé. Après tout, il se trouvait du même côté de l'explosion, donc logiquement, ils partaient du même côté. Ce gamin était terrifiant quand il perdait la tête.

Raki passa au-dessus d'une tombe. Il roula sur le sol, un moment, avant de s'arrêter contre une pierre. Finalement, c'était beaucoup plus délicat que sa première fois. Il en aurait été heureux s'il avait eu l'occasion de voir ce à quoi il avait échappé. Malheureusement, il n'avait plus de force, tout son corps l'avait fait tellement souffrir qu'il ne sentait plus rien. Tout était redevenu noir et silencieux.

Quand Raki revint à lui, il faisait encore nuit. Une heure environ s'était écoulée, mais il aurait été bien incapable de le dire. Désorienté, son corps le faisait terriblement souffrir. Une seule question lui venait en tête : que s'était-il passé ? Il ne savait ni où il était, ni ce qu'il y faisait. Pour se rassurer, il s'appela lui-même. Au moins, il n'avait pas oublié son nom. C'était la seule chose dont il voulait se rappeler, tout le reste de ses souvenirs lui semblaient accessible, mais il n'arrivait pas à les interroger.

Bougeant son bras valide -la seule partie de son corps qui lui paraissait intact avec ses jambes- il posa sa main sur sa poitrine. Une légère lueur en émana. Son corps qui lui reprochait dieu seul savait quoi semblait enfin le remercier. La guérison avançait lentement. A vrai dire, Raki n'avait même pas le courage de faire un examen de son corps pour répertorier les blessures. Il laissait son chakra soigner ses plaies, quelles qu'elles soient.

Pendant ce temps, il essayait de se rappeler de quoi tout cela venait. Tout était vague, trop vague. Il se souvenait être allé acheter des toupies. Il avait rencontrer ce gamin, Aku. Ils avaient décidé de se revoir pour chasser des esprits. Mais après, il avait du mal. Il ne se souvenait même pas être rentré chez lui.

Son regard parcourut les alentours, cherchant ce qu'il pouvait voir. Heureusement, la lumière de la lune permettait d’apercevoir quelques formes. Des tombes. Il se trouvait dans un cimetière ? Quand y était-il venu ?

Sa guérison ayant pas mal avancé, Raki se redressa. Cela demandait beaucoup de chakra. Juste, combien de blessures avait-il reçu ? Aku était-il là aussi ? Péniblement, avec l'impression d'être complètement courbaturé, le jeune homme se releva.

Debout, on avait tout de suite une meilleure vue. Continuant ses soins rapidement, il observa le plus précisément le cimetière. Il avait l'impression de voir des trous dans le sol. N'étant pas sûr, il décida de s'en approcher. Qu'est-ce que ferait un trou au milieu d'un cimetière ? On enterrait quelqu'un le lendemain matin ? Ou bien le matin même. Il n'avait pas la moindre idée de l'heure qu'il était. En s'avançant, Raki trébucha sur quelque chose, et s'écrasa de tout son long sur le sol. De la terre plein les habits et le visage, il donna quelque coup de pieds dans l'obstacle. C'était sombre, et mou.

S'accroupissant à côté, il tâta. Du tissu ? Il continua, descendant vers un pied. Une chaussure ? C'était un être humain ? Enfin, un cadavre n'était pas tout à fait surprenant dans un cimetière, mais un cadavre déterré, c'était un zombi. De l'autre côté, Raki vit un truc plus pâle, un visage. Un truc blond. Petit d'ailleurs. Non, Aku ? Raki prit rapidement son poux pour voir si ce gamin était encore en vie ou non. Malheureusement, oui, mais dans un sale état.

Le jeune homme hésita un instant. S'il continuait à utiliser son chakra, il allait finir par perdre connaissance. Il pouvait se soigner entièrement, mais pas deux personnes. Devait-il finir de se soigner et aller chercher du secours ? Même dans cet hypothèse, il n'était pas vraiment sûr de pouvoir marcher vidé de son énergie.

Calant une sucette dans sa bouche, il en arriva à la conclusion qu'il valait mieux commencer les soins. Au pire, quelqu'un les trouverait le matin. Ses souvenirs étaient trop vagues sur ce qui s'était passé. Complètement inaccessible même. Se pouvait-il que des esprits les aient possédés ?

Plaquant ses mains sur le ventre de Aku, Raki commença à analyser les blessures, avec dans l'idée de traiter les plus graves. Il sentait des dommages qui correspondaient aux siens, hématomes, côtes et os endommagés, on avait l'impression qu'une montagne lui avait roulé dessus. La plus étrange des blessures se trouvaient au niveau de sa bouche. Elle n'était pas mortelle, et Raki ne la voyait pas, mais il pouvait le dire. Un cercle violet l’entourait, comme si on lui avait fait un suçon. Quelque chose avait peut-être essayé d'aspirer son âme par sa bouche. Serait-il toujours lui-même après ça ?

Enfin, la tête, les os, éviter les dommages internes. C'était sa priorité. Commençant à soigner Aku, Raki pensait vraiment ne pas pouvoir finir de les guérir. Tout ce qui était douloureux mais pas dangereux serait donc laissé, ce qui signifiait tous les hématomes que le gamin avait. Il se plaindrait sans doute, pleurerait éventuellement. Lui-même n'avait même pas la force de parler, tellement il avait peur que cela gaspille le peu d'énergie qui lui restait.

« Réveille-toi bordel... »

Tout était noir et sombre. Je ne sais pas ce qui s’est passé ensuite, je sais juste que je suis dans un état critique, inconscient. Il m’est donc impossible de vous décrire ce qu’il s’est passé ensuite. Je ne ressentais plus rien, je ne sais même pas si je pensais. Un moment noir de mon existence, dont je ne garderai rien. Dans ce cimetière, j’aurais pu trouver la mort. Allais-je la trouver d’ailleurs ? Etais-je déjà mort ? C’est des questions auxquelles je ne pouvais pas répondre. Je ne sais même pas si j’ai pu me les poser lorsque j’étais dans cet état. Une situation bien étrange, je ne comprends pas ce qui m’est arrivé. Vraiment. C’était si… Soudain et inattendu. Je ne comprends pas vraiment tout là.

Alors que je sombrais dans l’inconscience, une voix me parvenait, et une certaine sensation m’éveillait. Elle me semblait lointaine, mais pas non accessible. Je connaissais cette voix, mais dans l’état, j’étais tout bonnement incapable de l’associer à la personne en question. Je n’étais plus totalement inconscient, je commençais à ressentir d’insupportables douleurs un peu partout sur le corps. C’était très étrange, car je n’ai absolument aucun souvenir de m’être blessé. Il y avait quelqu’un avec moi. Oui, quelqu’un était là, et tentait de me réveiller, même de me soigner. C’est à cette personne que la voix que j’ai attendue appartenait. Je le connais. J’en suis sûr. Pratiquement, en tout cas.

Oui, bien sûr que je le connais. C’est Raki. Sur cette pensée, j’ouvris péniblement mon œil droit, afin de le voir en train de tenter de me réveiller, et de me guérir. La douleur se fit plus forte, plus réaliste maintenant que j’étais réveillé, au point de m’en mordre la lèvre.


- C’est… C’est bon Raki. Je suis rév… Réveillé…


J’avais du mal à parler, sûrement dû à cette grosse fatigue physique et morale que je ressentais. Tournant doucement la tête, je regardais où on était. Un cimetière. Oui. Mais… Qu’est-ce qu’on fichait là ? Il était dans un état lamentable, avec des tombes cassées, des trous dans le sol, des pierres brisées, et même des marques d’explosions. Puis nos deux blessures. Comment en est-on arrivé là ? Je ne me rappelais de rien. Absolument rien.  J’ai juste souvenir d’avoir vu Raki un peu plus tôt, en journée. Mais c’était aujourd’hui ça ? Et encore… On était quel jour exactement ? J’étais complètement perdu, ne sachant plus me remémorer tous ces derniers évènements, puis quel jour on était réellement. Impossible de savoir ce qu’il s’est passé, combien de temps je suis resté inconscient… Raki semblait être un bord de l’épuisement, lui aussi.


- Merci Raki… Ca va aller. Je pense être hors de danger...


Il ne fallait pas qu’il gâche toute son énergie en me prodiguant des soins. Il y a des chances que je lui doive la vie là, vu l’état dans lequel je suis. Il m’a sauvé, je ne l’aurais jamais cru. Péniblement, je me redressai pour m’asseoir sur le sol de ce cimetière, contemplant avec inquiétude ce spectacle morbide, ce massacre. J’étais très bien placé pour savoir qu’on doit respecter des lieux comme ceux-ci. Mais je ne savais toujours pas pourquoi on était tous les deux ici… Ah oui ! Il voulait voir des esprits, ou quelque chose comme ça. Je m’en rappelle maintenant. Mais après, je n’ai plus aucun souvenir de comment on en est arrivé là. Très étrange. Me tenant fermement les endroits les plus meurtris, je tentais de me relever, avant de retomber au sol avec douleur, dans un gémissement de douleur.

En observant les lieux, j’aurais pu tenter de me souvenir de quelque chose, mais rien à y faire. J’ai vraiment tout oublié. C’est incroyable de ne plus se souvenir de rien de la sorte. Cela semblait tellement irréaliste, je n’y croyais pas. Et pourtant, c’était bien vrai.


- Tu sais ce qu’il s’est passé ici… ? Ce qu’il nous est arrivé ? Je ne me souviens de rien…


Ce qui me foutait le plus mal à l’aise était le fait que des pierres tombales s’étaient brisées. Ca faisait mal au cœur. Mais cela n’explique toujours pas ce qui a pu se passer dans ce cimetière. Il ne devrait pas y avoir de dangers dans des lieux comme ça. Non ? Enfin si, mais que dans des histoires de peur qu’on raconte aux petits pour leur faire peur. Ce n’est pas comme si les esprits existaient réellement. Haha. Ha… Pourtant c’est ce qu’on est venu chercher à la base…


- Tu-Tu crois qu’on a été possédé par des esprits malveillants ? C’est la seule explication possible !

Raki avait du mal à savoir s'il était encore conscient ou pas. Dans l'obscurité, tout son champ de vision était réduit à néant. Il sentait juste sa tête, comme si on la pressait lentement dans un étau. La seule chose qui le poussait à croire qu'il était encore conscient, c'était qu'il avait l'impression de s'approcher de plus en plus de l'inconscience.

A quel point son chakra était épuisé ? A vrai dire, il n'arrivait même pas à focaliser son attention là-dessus. Il avait des petits sursauts, comme s'il commençait à s'endormir, avant se se surprendre à le faire. Sa respiration pressait ses poumons, avant de les emplir. C'était bien plus difficile que prévu.

« C’est… C’est bon Raki. Je suis rév… Réveillé… »

La voix de Aku était vraiment faible, presque autant que celle de Raki. Il ne savait peut-être pas ce qui s'était passé, en tout cas, ils avaient pris cher. Pourquoi étaient-ils en vie ? Pourquoi n'y avait-il personne ? Pourquoi le cimetière se trouvait dans cet état ?

Les questions passaient dans sa tête, mais il avait du mal à se concentrer dessus. Il préférait maintenant accorder son attention à Aku, et éviter de bouger. Son propre corps lui faisait suffisamment mal pour ne pas se saboter. Si à l'origine il trouvait difficile de soigner quelqu'un quand la personne était plutôt gravement blessée, ce n'était rien à côté de se soigner lui-même en étant plutôt amoché, et avoir en plus une personne dans un état similaire au sien. Les avait-on laissé pour mort ici ? Quand même, ils étaient des shinobis de Konoha, il fallait au moins des shinobis pour les terrasser. Une ennemi pouvait-il simplement rater un assassinat aussi évident ?

Raki n'arrivait même pas à fixer complètement l'une des côtes d'Aku. Il se sentait impuissant. Était-ce là toute l'étendue de ses capacités ? Sauver deux demi-personnes ? C'était sûr là, il ferait un excellent médecin. Médecin de la tête. Et encore, les Yamanaka seraient incontestablement plus doués pour ce genre de pratique. Il aurait bien eut un rire jaune, mais lorsqu'il partit pour ricaner, son corps le rappela à l'ordre. Pas de blague ? Bon, tant pis.

Aku tenta de se redresser, mais avec beaucoup de mal. C'était inutile. Par rapport à Raki lui-même, son corps ressemblait à une meringue émiettée. Après tout, le médecin s'était soigné suffisamment pour bouger avant de trouver Aku. Une partie de son chakra était parti en soin qui semblaient légèrement obsolètes actuellement. Le gamin gémit en retombant au sol. Il n'était vraiment pas très malin.

« Tu sais ce qu’il s’est passé ici… ? Ce qu’il nous est arrivé ? Je ne me souviens de rien… »

A vrai dire, lui-même espérait qu'Aku lui donnât quelque réponses, mais il n'avait pas la force de les poser. Son gosier était aussi sec que Kaze no kuni. Les mots ne venaient pas. Il fallait avant tout finir de recoller cette stupide côte. C'était dangereux.

« Tu-Tu crois qu’on a été possédé par des esprits malveillants ? C’est la seule explication possible ! »

Le mince filet de son chakra s'amincissait encore. S'il continuait, il allait perdre connaissance. A contrecœur, Raki interrompu le flux de chakra. Son corps qui était jusqu'à présent complètement tendu au-dessus d'Aku lui donna l'impression de se désarticuler dans toute son entièreté. C'était plus de la fatigue que de la douleur.

Il se laissa tomber assis à côté d'Aku, adossé contre une pierre tombale. Tant pis pour le respect des morts, sinon c'était lui qui finirait sous terre.

« J'en peux plus. »

Il laissa sa tête pair en arrière, se cognant contre la pierre. Un juron s'arrêta dans son gosier, mais c'était un hurlement dans sa tête.

« J'ai... »

Sa gorge était vraiment sèche, il en avait mal de parler.

« J'ai aucune idée de ce qui s'est passé. J'me souviens du magasin, et après... Est-ce que ça va ? »

Il laissa à Aku le soin d'interpréter ses paroles, haletant plutôt bruyamment. Vive le respect aux défunts !

Mon futur élève se fatiguait de plus en plus, et dépensait de plus en plus de chakra en soins. Combien de temps pouvait-il tenir réellement ? Je voyais sur son visage qu’il était fatigué, qu’il n’en pouvait plus. Plus très longtemps à mon avis. Mais grâce à ça, il avait pu me sauver, et peut-être même un peu lui-même. Dans ce noir absolu, dans ce néant dans lequel je sombrais tout à l’heure, j’étais comme condamné. Je le sentais. Mais ce n’était sans compter son intervention. Au vu de notre première rencontre, je n’aurais jamais pensé qu’il allait me sauver la vie un jour. Comme quoi, je m’étais bel et bien fait une fausse idée sur lui.

Ses techniques de médecine s’arrêtèrent, et il finit par se laisser tomber à côté de moi. Il s’adossa à une pierre tombale encore intacte. Oui, il y en avait encore, il ne faut pas croire. D’ailleurs, comment on allait expliquer ça ? Nous même, nous ne savons pas ce qu’il s’est passé. C’est peut-être réellement une histoire d’esprits, de possession de corps… Dans un sens, ça voudrait dire que notre petite excursion nocturne ait servie à quelque chose. Oui, il me semble bien que c’était la raison de notre venue à la base. Mais c’est tout ce dont je me souviens. Je n’avais pas le souvenir d’être venu ici… Peut-être étions-nous posséder à partir du moment-même où nous avions projeté d’enquêter sur des esprits ? Ce n’est pas impossible.

D’une voix faible, le Senroji me fit comprendre qu’il n’avait plus de force. Impossible de bouger, et encore moins de prodiguer des soins supplémentaires. Il en avait déjà assez fait comme ça, il n’avait pas à s’en vouloir. Il finit par conclure, plutôt difficilement, sur le fait qu’il n’avait aucun souvenir lui non plus. Il me demanda ensuite si ça allait.


- Je vois. Je vais un peu mieux… Ca, je te le dois, Raki.


Lui souriant, je sentis une vive douleur assez violente à la bouche, qui me stoppa net. La… Bouche ? Qu’est-ce que j’ai fait à la bouche ? Impossible de voir. Je crois que je ne préfère pas voir de toute façon. Oui, j’ai peur de voir dans quel état lamentable je suis réellement. Il y a des choses qui ne vaut mieux ni savoir, ni voir. C’est le cas ici par exemple.


- Ma mémoire s’arrête au même moment que toi… En tout cas, il faut qu’on sorte d’ici.


Sur ces quelques mots, je me mordis le pouce, pour frapper le sol de ma main. Comme si je n’avais pas assez de blessures comme ça… Bref. Suite à ça, la princesse des araignées fit son apparition. Chôko, qui était ma plus puissante invocation. Dès qu’elle me vit, elle ne put s’empêcher de rire.


- Haha, Aku t’es vraiment pas possible ! Tu vas me refaire le même coup que la dernière fois, à moitié mort et à emmener à l’hôpital ?
- Chôko, s’il te plait. On a besoin de toi, sans devoir supporter tes sarcasmes. On a pas vraiment la tête à ça…
- « On » ?


Se tournant légèrement, elle vit aussi Raki, qui n’était pas dans un état très enviable au mien. Les deux se valaient.


- Je vois. En plus ton cas est contagieux. Si tu m’infectes, je te jure que je te mange, comme j’aurais du faire depuis bien longtemps. Allez, grimpez.


Elle se la ferme jamais celle-là… M’accrochant à l’araignée, je me redressai. J’avais vraiment du mal à me tenir debout. Chôko, quant à elle, s’était abaissée un maximum pour qu’on puisse monter dessus sans rencontrer de réels soucis. Tandis que je me tenais à l’une de ses pattes, je tendais mon autre main à Raki, pour l’aider à se relever. J’ai bien peur qu’il n’y arrive pas tout seul.

Raki n'avait même pas la force de se moquer de lui-même. Il n'avait pas ses réponses. Peut-être que les esprits existaient, et qu'ils avaient été possédé ? En tout cas, les esprits étaient excessivement belliqueux. Peut-être n'avaient-ils pas souvent l'occasion de s'amuser avec de la chair fraîche, et qu'ils en avaient profité ? Les coquins. Prendre sans permission le corps d'autrui pour le mettre dans cet état, quelle indélicatesse. On frisait l'impolitesse. Raki espérait qu'ils avaient au moins laissé un petit mot pour lui, un truc comme : « Nous sommes dans vos ombres ».

Il frissonna autant qu'il put. Son corps ne semblait pas avoir de réelle envie de l'aider à avoir peur. Même ses poils avaient du mal à se hérisser, trop fatigués. Il essaya d se faire peur pour avoir l'effet chair de poule, mais rien n'y faisait. On ne faisait pas ce genre de chose de son plein gré apparemment. Il fallait une stimulation extérieur.

« Je vois. Je vais un peu mieux… Ca, je te le dois, Raki. »

Ce n'était pas grand chose, il ne l'avait pas vraiment remis en état. Le gamin était toujours aussi cassé. Finalement, ce qui l'empêchait de bouger à cause de la douleur était toujours là. Seul le danger était parti. Ses capacités étaient vraiment minables. Il fallait à tout prix augmenter ses réserves de chakra. Et aussi l'efficacité des soins. Après tout, cela faisait parti d'un lot.

« Ma mémoire s’arrête au même moment que toi… En tout cas, il faut qu’on sorte d’ici. »

A vrai dire, c'était plus facile à dire qu'à faire. Au-delà de son chakra presque intégralement épuisé, Raki avait le corps très douloureux. Dans cet état de faiblesse, se déplacer était difficile. En plus, il ne voulait pas vexer Aku, mais dans l'hypothèse où lui serait capable de bouger -très improbable- le porter avec lui serait impossible.

Les mots ne venaient pas. Pourtant, il essayait. Même sa mâchoire commençait à l'abandonner. Il fallait qu'il concentre le peu de force qui lui restait pour les sortir de là. Après tout, un gamin pouvait-il faire quoi que ce soit dans cette situation ? D'utile bien sûr. Pleurer et se lamenter ne comptait pas.

Soudain, du bruit. Bordel, il n'avait quand même pas fait exploser quelque chose ? Il y avait suffisamment de dégâts dans un lieu saint pour ne pas en ajouter.

Avant que Raki ait pu formuler le moindre reproche en pensée, encore moins en agitant les lèvres, une voix inconnue retentit. Un ennemi ? La personne qui avait causé tout ce bazar ? Sans rire ? Alors qu'il venait tout juste de finir de gaspiller tout son chakra à les soigner ? On se foutait de sa gueule. Raki voulait une compensation. Qu'on l'indemnise pour ces efforts inutiles ! Remboursez ! Il essayait de parler pour dire le fond de sa pensée au nouvel arrivant, mais rien ne sortait. Pendant ce temps, une étrange conversation se déroulait.

« Haha, Aku t’es vraiment pas possible ! Tu vas me refaire le même coup que la dernière fois, à moitié mort et à emmener à l’hôpital ?
— Chôko, s’il te plait. On a besoin de toi, sans devoir supporter tes sarcasmes. On a pas vraiment la tête à ça…
— « On » ? »

Ils se connaissaient. Plutôt bien. Une amie ? Raki fixa d'un œil morne l'ombre qui lui faisait face. C'était poilu... et pattu... pâteux... Comment on disait déjà ? Un truc à beaucoup de pattes quoi. Raki n'avait même pas la force de réaliser les bêtises qu'il pensait. Il avait l'impression de nager en apesanteur. Bientôt des éléphants volants viendraient le chercher pour l'emmener à  l'hôpital.

« Je vois. En plus ton cas est contagieux. Si tu m’infectes, je te jure que je te mange, comme j’aurais du faire depuis bien longtemps. Allez, grimpez. »

Contagieux toi-même dragon ! Si Raki le pouvait, il l'aurait transpercé de son épée. En attendant, elle restait sagement dans son fourreau. Bien au chaud à la maison. Une relique du passé. En tout cas, la bête était plutôt gentille. Elle ne voulait pas l'avouer sans doute. Une invocation hein ? Et c'était quoi, un mille-pattes ? A vrai dire, Raki n'arrivait plus à voir grand choses. Ses paupières commençaient à être désespérément lourdes. Juste un dernier effort.

Aku monta sur le dos de l'araignée afin de partir pour l'hôpital. Marcher si loin avec deux personnes sur son dos, pauvre bête. C'était de la maltraitance ! D'un autre côté, on ne montait pas tous les jours un bolide pareil. Raki avait envie de l'essayer. On lui tendait la main pour le faire. C'était séduisant. Avait-il consommé une substance illicite ? Non, la fatigue seulement. Rien d'illégal jusqu'à présent.

« Allez, c'est parti ! »

Raki rassembla ses dernières forces dans son bras droit. Il poussa, très fort. Il avait l'impression de soulever tout un régiment de sucettes.

« Aouch. »

Tout son bras craqua sous son poids. Il eut la désagréable impression que toutes ses articulations cédaient les unes après les autres. D'abord l'épaule, puis le coude, le poignet, jusqu'au phalange. Rien ne s'était déboîté, mais la sensation n'en avait pas été différente. Tout était devenu soudainement blanc et lumineux.

Raki s'écroula, inconscient.

Honnêtement, je n’étais pas sûr de parvenir à l’aider à se soulever avec ma force actuelle. J’étais en très mauvais état, je ne sentais plus aucune force dans mon organisme. C’est à peine si je tenais debout… Et encore, je devais me tenir à mon araignée. Si Raki y mettait du sien aussi, ça devrait le faire. On devrait devoir y arriver à monter sur le dos de mon invocation. Je l’espère sincèrement. Sinon, on allait être bon à passer notre nuit ici. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il va se passer lorsque l’état du cimetière va être vu par d’autres. J’avais honte. Même si je ne sais pas ce qu’il s’est passé ici, je sais que nous aurions pu faire quelque chose pour lutter contre ce qui s’en est pris à ce lieu. C’est vraiment bizarre que nous n’ayons aucun souvenir… Je commence vraiment à croire que des esprits nous ont possédés. Qui pourrait nous croire ? On serait bons à jeter à l’asile. Ou en prison pour ce qu’il s’est passé ici.

Ma main était tendue vers celle de Raki. Il tentait d’attraper ma main dans l’obscurité, puis… Plus rien. Ce dernier effort a été de trop, il n’a pas supporté, son corps a lâché. Il était tombé sur le sol, et ne bougeait plus. D’instinct, j’ai cru le pire, même s’il paraissait totalement impossible. Pas comme ça, tout à coup… Tremblant, je m’approchais de lui. Mes jambes cédèrent une fois que je ne me tenais plus à Chôko, et je continue de m’avancer à quatre pattes. Tâtant son pouls, je constatai avec soulagement qu’il respirait toujours. Son rythme respiratoire avait l’air normal. Rien de grave donc, c’est un réel soulagement. Tant bien que mal, j’essayais de le soulever. Mais c’était peine perdue. Je n’arrivais même pas à tenir debout sans assistance… Alors avec Raki en plus sur le dos, cela m’était impossible à réaliser. Si j’avais été dans mon état normal, sûrement, même s’il y avait une conséquente différence de poids entre nous deux… Mais là, dans l’immédiat, non.


- Repose-toi, je vais prendre les choses en main…


Il m’avait sauvé la vie. C’est à mon tour de lui venir en aide. Mon regard se posa vers Chôko. Elle pourrait essayer de le poser sur son dos. Sauf qu’elle n’est pas contorsionniste non plus. Je veux bien qu’elle sache faire beaucoup de chose… Mais ça, ce n’était pas possible. J’avais aussi l’option de rouler Raki sur le sol, pour essayer de le faire monter sur l’araignée qui s’était aplatie. Hm… Non, mauvaise idée.  Le terrain était assez rocailleux… Je ne tenais pas à l’achever, malgré ce que l’on peut croire parfois. Il y avait bien une autre solution. Peut-être dangereuse dans mon état actuel… Mais je devais faire avec. Quitte à m’épuiser encore plus que ce que je ne le suis déjà. Je pris l’un de mes parchemins dans mes deux mains.


- Aku ! N’abuse pas de ton chakra dan…
- Ca va, j’ai plus rien ! Laisse-moi faire.


J’ai plus rien… Ouais, c’est vite dit quand même. D’un air renfrogné, l’araignée se tut. J’avais bien assez de chakra pour invoquer des cadavres. Mais le problème ne venait pas de ma quantité de chakra, mais de la perte de celui-ci. Au vu de ma grosse fatigue, et de mes blessures, ça pouvait s’avérer dangereux de jouer avec. Même si mes réserves atteignent un seul de cinquante pourcents, mon corps pourrait assez mal le vivre s’il est trop faible. Là, c’est le cas. Je pourrais même à en venir à gaspiller trop de chakra. C’est un risque à prendre. Mais ça devrait aller, mes réserves n’étaient pas très entamées jusqu’à là.

Ouvrant le parchemin, deux de mes corps en sortirent. Je sentis bien passer la perte d’énergie qui venait encore de croître. Ma concentration était minable, j’ai beaucoup dépensé de chakra. Bien plus qu’il ne le fallait d’habitude pour exécuter cette technique. Mais j’étais toujours conscient. C’est le principal. Haletant, je fis en sorte que mes corps portent Raki, pour le monter sur le devant du dos de l’araignée. Avachi comme ça, il ne devrait pas tomber. Si je le pouvais, j’aurais bien pris une photo souvenir. Mais malheureusement, je n’avais pas l’occasion de le faire. Dommage. Mes deux cadavres m’aidèrent aussi à monter, je me mis à l’arrière, derrière le Senroji. Histoire de pouvoir guetter s’il tombe de notre monture. Ce n’était pas impossible après tout. Je me tenais fermement à l’araignée, pour ne pas tomber non plus.


- À l’hôpital… Allez… !


C’est très rare que je sois fatigué de la sorte, et encore plus de ne même pas en connaître la raison. Très étrange comme soirée. Espérons que ce soit fini maintenant, qu’on ne se fasse pas attaquer par un loup-garou mutant sur le chemin de l’hôpital. Car bon, ce n’est pas à côté quand même, le cimetière n’est pas à deux pas du village non plus…

Tout était noir, puis blanc, plus le néant.

Raki entendait des bruits au loin, au milieu d'une bulle hermétique à tout le reste. Il ne ressentait aucune douleur. Juste de la chaleur. Une agréable tiédeur envahissait son esprit, alors que le monde changeait au dehors.

Aku le portait grâce à ses zombis. Un impératif pour le monter sur l'araignée. Dans son état, Raki ne répondait simplement plus à rien. Insuffisance de chakra. Grande fatigue. Voilà ce qu'il lui diagnostiquerait à l'hôpital. Autant dire qu'il allait passer un sale quart d'heure auprès de ses supérieurs. Déjà en temps normal, on lui prenait la tête parce qu'il n'avait pas dormi depuis plus de quarante-huit heure. Si on l'emmenait à l'hôpital inconscient à cause de ça, il finirait définitivement attaché et bourré de somnifères.

Dans tous les cas, il n'y pourrait rien. Il n'y avait qu'à subir. Heureusement que ses blessures ne le faisaient plus souffrir. Il pouvait simplement rêver, rêver de rien. D'un vide, d'un silence. C'était agréable. Bien plus que de courir indéfiniment après une carotte. Ce rêve l'avait vraiment frustré. En lapin, l avait désespérément essayé d'attraper sa carotte pour la manger. Toutefois, elle refusait, et courait dans tous les sens pour lui échapper. Son esprit était sadique envers lui-même lorsqu'il dormait. Peut-être qu'inconsciemment il n'aimait pas se reposer à cause de ça ?

Flottant dans le vide, Raki appréciait simplement de saisir la sensation sur sa peau dans l'instant. Il ne pouvait même pas formuler de syllabes. Il approchait dangereusement d'un état végétatif, contemplant simplement de loin son propre corps.

Lorsque ses paupières se décidèrent enfin à se lever, il faisait jour. Bien jour d'ailleurs. C'était excessivement éblouissant. Pour l'instant, il ne pouvait pas le supporter, et du rabattre ses paupières pour éviter de se sentir aveugle. Sa tête le faisait souffrir, était-ce du à la soudaine hausse de luminosité ? Ce n'était pas tout à fait impossible.

Ses idées étaient difficiles à mettre en place. Il reconnaissait l'odeur... l'hôpital ? Il la reniflait souvent, mais rarement à son réveil. Était-il malade ? Sincèrement, ses derniers souvenirs étaient trop flous pour pouvoir les remettre dans l'ordre. Ce qui le soutenait était très confortable. Moelleux. Un coussin ? Un lit ? Sans doute. On l'avait vraiment mis dans un lit, il n'y serait pas allé de son plein gré.

Au prix d'un effort immense, Raki se redressa. Il du étouffer un cri de douleur. Il avait l'impression désagréable d'avoir été frappé sur tout le corps. Le souffle coupé, il retomba sur le dos. Lorsqu'il essaya d'amener sa main par réflexe au niveau de ses côtes, le jeune homme se rendit compte qu'il était attaché. Menotté plus exactement. Elles étaient bien serrés. Un peu trop. Enfin, la dernière fois, il avait réussi à glisser sa main en-dehors grâce à du lubrifiant. Ils devenaient méfiants. Peu importait au final, Raki avait plus d'un tour dans son sac pour sortir d'un lit d'hôpital.

Fixant le plafond, le regard vide, il avait du mal à se rappeler comment il était arrivé ici. Tout était sombre dans ses souvenirs. Impossible d'y comprendre quoi que ce soit.

La bouche terriblement sèche, il avait soif. Déshydraté, hein ? Peut-être avait-il dépensé trop de salive à dissoudre des sucettes. Cela lui était déjà arrivé une fois. Mais il pensait généralement à boire.

Raki tourna la tête sur le côté. Il connaissait les habitudes de l'hôpital. Un verre d'eau et une cruche. Tendant sa main autant qu'il pouvait pour l'attraper, il lui manquait au moins cinquante centimètre pour l'atteindre. Il fallait se libérer, et après boire.

Il essaya de malaxer son chakra, et eut l'impression de rater une marche d'escalier. Il se saisit d'une rampe imaginaire et cessa immédiatement. Son chakra était bien entamé. Quand est-ce qu'il en avait utilisé autant ?

Des bribes lui revinrent, et un nom franchit tout de même ses lèvres.

« Aku. »

Le jeune enfant a, lui aussi, fini par s’endormir. Les deux corps inertes de ces jeunes imprudents étaient dorénavant posés sur mon dos, alors que je me dirigeais vers l’hôpital de Konoha, pour qu’ils puissent reprendre leurs forces, et guérir de leurs blessures. D’ailleurs, on ne m’a même pas dit ce qu’il s’est passé. À mon arrivée, le cimetière était dans un piteux état, tout comme ces deux-là. J’ignore ce qu’ils ont foutu, ou ce qu’ils ont combattu. Quelqu’un aurait réussi à vaincre Aku et cet autre homme ? Dans un cimetière en plus ? Pourtant, dans ces lieux, le nécromancien aurait pu être clairement avantagé. Tel que je le connais, il aurait sans aucune gêne réveillé les morts qui dormaient sous ses pieds. Pour survivre, je le sais capable de beaucoup de choses.

Seulement, ça ne répondait toujours pas à ma question. La dernière fois que j’ai vu Aku dans cet état, c’était quand je l’ai moi-même massacré. Je n’accepterai pas que quelqu’un d’autre que moi lui fasse subir tout ça à mon jeune maître. Il n’y a que moi qui en avais le droit, si je le décidais. Bien entendu, ce n’était pas ma préoccupation première. À vrai dire, il n’y avait plus grand-chose avec quoi s’amuser, maintenant que ces deux morpions étaient hors-jeu. Si je retrouve celui qui lui a fait ça, je le mange. Personne n’avait le droit de blesser mon maître. Il aurait du m’invoquer plus tôt, franchement. Je me saurais fais une joie de mettre en bouillie son assaillant. Enfin, n’y pensons plus, je mènerai ma petite enquête de mon côté.

Une fois arrivé au village, je réussis à atteindre l’hôpital pour les laisser là, avant de partir. Je préférais ne pas rester ici. Je n’aime pas les humains, et j’ai bien peur de devoir croquer le premier passant que je trouve pour rassasier cette haine.

* * *

Confortable. C’était le mot. À mon réveil, j’ai tout de suite senti que je n’étais plus en train de dormir sur le dos poilu de Chôko. Je ne sais même pas comment j’ai réussi à m’endormir dessus, il n’y a là aucun confort. Mais vraiment aucun. J’étais très fatigué, certes, mais bon. En tout cas, là, j’étais dans un lit bien douillet, avec un coussin et une couette. Ca faisait du bien. Je devrais peut-être finir à l’hôpital plus souvent, pour avoir accès à un vrai lit. Pour une personne normale, je ne sais pas si on peut qualifier ce lit de luxueux, mais pour moi, il l’était. Un pur bonheur que je ne suis pas prêt d’oublier.

Bon, le seul inconvénient était la bouffe. Il n’y avait aucune glace ici, juste des choses… Pas très bonnes. Même des choses mangeables étaient rendues infectes ici. Comme le poisson par exemple. C’est à peu près bon. Ici, c’est immangeable. Alors je ne vous parle même pas de mon premier repas ici, avec de la ratatouille. Ayant la phobie visuelle et gustative des légumes… Il n’y a pas de mots pour décrire ce plat, qui me dégoutait rien qu’en sachant qu’une assiette était proche de moi, à dix kilomètres à la ronde. Surtout si elle provenait de cet hôpital. Ils devraient engager un nouveau cuistot. Pourquoi pas moi ? Au moins, on ne manquerait pas de glace. Après, je ne garantis rien sur ce qu’elles donneront.

Et Raki dans tout ça ? Il a sûrement dû être mis dans une autre chambre, c’est impossible qu’il soit déjà sorti, et avant moi ! Lui aussi n’était pas en très bon état après tout. J’espère que ça va pas de son côté, comme ça je gagnerai la course pour sortir en premier de ce trou à rat. Non mais je sortirais bientôt, j’en suis sûr. Une infirmière entra. Et voila, qu’est-ce que je disais ? J’ai foi en la médecine, je sais cet hôpital très compétent, même s’ils ne savent pas cuisiner. Demain, j’en sors. Que dis-je ? Je suis dehors aujourd’hui même.


- Monsieur Aku ? J’ai le regret de vous annoncer que vos blessures sont assez graves, et que vous ne sortirez que dans deux semaines… Au minimum, bien entendu. Et ne vous inquiétez pas pour votre ami, d’ici quelques jours il sera sur pied.


Et l’option « Suicide » dans tout ça… Elle est où ?