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| (#) Sujet: Two ghosts in the city. — PV Seira ♪ Dim 24 Mar 2013 - 16:00 | |
| Eight o’clock in the morning, To hard to give, to hard to live, I can’t stop dreaming … ~
Elle ouvrit doucement les paupières. Dehors, il faisait nuit. Elle croyait qu’il était huit heures, oui, qu’il était huit heures. Pourtant, l’horloge affichait minuit. Petite fille tombée du carrosse des rêves. Poussée violemment par un goût amer, une envie de vomir. Couleur cauchemar. Elle se leva et soupira. La sorgue lui en voulait, il n’y avait pas d’autre explication. La brune frissonna doucement et regarda dans le miroir. Face à elle, une femme entièrement nue. Un visage fatigué, des cheveux ébouriffés. Ah, alors c’était ça les effets d’un cauchemar. Quelle horreur, quelle horreur. Elle quitta la salle de bain, se rendant vers la chambre, avant d’attraper une robe noire et simple, un nœud pour ses cheveux, et la voilà partie. Habillée pour la soirée, Cendrillon rentrait au palais. Quelle horreur, quelle horreur.
Une odeur piquante vint titiller ses narines. L’odeur de la nuit, cette douce senteur qui, habituellement, enivrait ses sens. Cette fois, cela la brûlait et rendait ses nausées plus présentes. Cela lui donna une idée. Sa marche s’accéléra, tandis qu’elle savait précisément où se rendre et pour quelle raison. Cette soirée serait la pire, la pire de toutes. Elle ne ressemblerait à rien. Yuka le savait, mais ne s’en souciait pas. Bienvenue dans un monde d’horreurs et de cauchemars, où les rêves crèvent sous l’impulsion de leurs adversaires.
« I want to feel fine. » La brune poussa la porte. Les effluves de tous ces alcools, les cris de personnes totalement déchirées. Un grand sourire naquit sur ses lèvres. Bienvenue en Enfer. Ses pas la menèrent très rapidement au bar. Le bonhomme la regarda, avec cet air surpris. Il la connaissait. À chaque fois qu’elle repartait, elle emportait un état différent. La peur, la folie, les larmes. Tout. Mais jamais il ne l’avait vue sourire sans aucune arrière-pensée. L’euphorie ? Cette gamine ne connaissait pas ce mot, sûrement. Inexistant dans son dictionnaire.
Tout est parti d’un verre de saké. Elle commanda, il servit. Son ris, sur ses lèvres, signifiait tout. Il s’attendait à la suite. Il la voyait déjà venir, avec ses petits talons et sa voix de gosse. Il imaginait qu’elle grimperait sur la table et qu’elle se mettrait à gueuler sa douleur, comme la dernière fois. Yuka et les bars, une longue, longue histoire. Cependant, toutes ces mésaventures, elle ne s’en souvenait pas. Les mecs accoudés à ses côtés, par contre … L’un d’eux glissa une main aventureuse sur la hanche de la demoiselle. Elle tourna la tête. Il souriait. Il avait l’air terriblement con. Et il puait. L’alcool suintait même de ses pores. Sa main grimpa le long du dos de la demoiselle, jusqu’à avancer pour dire bonjour à ses seins. Yuka lui rendit son sourire, attrapa sa main et lui tordit violemment le poignet.
Le type la fixa avec un air furibond. Une gamine venait de l’envoyer sur les roses avec violence ! Comment osait-elle !? Cette petite impertinente, cette sale môme ! Il se leva, prit son verre, et décida de changer d’endroit, allant s’asseoir à côté d’une autre midinette. L’autre type, non-loin de Yuka, se décala trois sièges plus loin, sans rien dire. Le barman la darda d’un regard bienveillant, pouffant doucement de rire.
Deuxième verre, deuxième round. L’alcool ou la soûlarde : Qui tombera en premier ? La brune se l’enfila cul-sec, sans rien dire de plus. Elle lui lança un nouveau regard, ses prunelles incarnates brûlantes d’une nouvelle excitation. Le feu rougeoyait dans ses yeux, comme un brasier ardent qui s’apprêtait à tout dévorer sur son passage. Le vieux pencha doucement la tête. Il avait compris. Encore un.
Troisième verre. Toujours pas couchée. Yuka se sentait forte. Avec un petit tournis, mais toujours aussi forte. Cela l’amusait au plus haut point, comme sensation. Cela traversait ses veines, la rendait terriblement joyeuse, incontrôlable. L’alcool piquait. Quelle horreur, quelle horreur. Elle imaginait sa tête de fatiguée avec ce sourire un peu idiot, charmeur sans le vouloir. Un autre jeune homme vint l’accoster. Il semblait plus clean, lui. Moins bizarre. Puis, il puait moins. Yuka tourna la tête et le fixa longuement. Il resta bloqué un instant, sans comprendre. Pourquoi le fusillait-elle autant du regard ? Pour une raison simple.
— Paye un verre si tu veux quelque chose. Hop. Ça, c’était fait. Quatrième verre. Un peu plus patraque, mais toujours au taquet. Elle se sentait puissante, la p’tite demoiselle. Plus forte que jamais. Ça sentait mauvais le saké, mais ça la dérangeait plus. Le gars commença à jouer avec la petite cerise dans son verre. Il rougit doucement et finit par lui parler, gentiment. Sa voix était mielleuse, agréable.
— Dîtes … Vous avez l’air … déprimée ? Je peux peut-être vous aider … j’ai un bon remède contre la dépression … La brune chopa à nouveau son verre, à nouveau rempli. Cinquième. Coup de pompe dans la gueule du mauvais dragueur. Elle lui colla une claque violente, en plein sur la joue.
— J’ai déjà c’qui faut. Et mon « remède », comme tu le dis, est tellement mieux que toi. Il écarquilla les prunelles et, à l’instar des autres, quitta son siège.
« We are playing tonight. »
Sixième verre. La brune se sentait assez chaude, alors elle lâcha l’argent nécessaire au barman et quitta son siège, sans rien lui dire de plus. Non, elle ne parlait plus. Elle puait l’alcool, mais pas la dépression. Pas de trouille, pas de trauma’. Juste une putain d’envie de chanter. Alors elle sortit en chantant à tue-tête, d’une voix assez particulière. Pas désagréable, juste inhabituelle venant d’elle.
— Time is running out, ghost keepin’ me alive … I get what it means ; You have to survive. ~ Sa démarche devint sautillante, enjouée. Comme celle d’une véritable gamine. Cette nuit s’annonçait radieuse. Même l’astre sélénite s’accordait pour chanter avec elle. Oui, madame la Lune, tu es belle, si belle …
Yuka s’arrêta un instant et regarda autour d’elle. Personne. Tant mieux. Ou tant pis. Peu lui importait. Elle continua sur sa lancée.
— Come inside my world, leave the gun outside, I’ve got the words, let them blow your mind. ♫ Mais malgré tout, il lui manquait quelqu’un. Un nouveau joueur. Une autre voix.
« You know I need you to make it real. »
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