Il était rare que je sorte du village, mon titre de Raïkage m’obligeait bien souvent à rester dans mon palais, pour diverses tâches plus ou moins agréables. Cependant aujourd’hui mes conseillers avaient voté pour que l’on revoie nos champs d’observations, ainsi que nos camps de garde. Et ils n’avaient pas tort. Car en effet la plupart de nos gardes étaient placés sur le Sentier Perdu, ce qui était logique mais peut-être pas la meilleure solution. Il fallait prendre en compte les différents bois et monts qui entouraient le village. C’était pour cela que j’étais sorti moi-même faire un repérage précis des extérieurs avec quelques hommes. Bien entendu ma présence n’avait pas été prévue au départ mais j’avais besoin de sortir un peu. Les minutes passèrent, puis les heures. Et lorsque nous arrivâmes dans les Bois Nuageux, je ne pus m’empêcher de repenser à ma rencontre avec Hakushi Mihawk qui s’était déroulée entre les montagnes et les bois, qui datait de quelques jours.

Allais-je rencontrer quelqu’un encore cette fois-ci ? J’esquissai un sourire incompris sur le coup par ceux qui m’entouraient. Et pourtant, après avoir repéré quelques endroits intéressants, j’aperçus une silhouette à quelques dizaines de mètres. Je ne fus d’ailleurs pas le seul, et l’un de mes shinobis m’affirma connaître l’homme au loin. Kyoko Hisao, lorsqu’il me dit ce nom, je me remémorai un peu son histoire. Un voyageur si je me souvenais bien, du moins un Genin promu assez récemment. Je ne lui avais jamais parlé, ou du moins pas en dehors de réunions officielles avec des dizaines d’autres personnes. Je dis finalement à mes hommes de continuer seuls, car nous avions de toute façon presque fini. Ils s’exécutèrent et moi je m’en allai voir le solitaire.

─ Et bien Hisao, que fais-tu là tout seul ?

En lui faisant face, je me remémorai une de ses particularités : son bandeau à l'oeil gauche. D'ailleurs, en voyant son âge avancé pour son grade, ma rencontre avec Mihawk me revint encore. Ces deux-là devaient avoir pratiquement le même âge. Le Kyoko, même s'il s'était fait plutôt discret depuis son arrivée, était obligé de me reconnaître vu que je portais mon uniforme de Shodaime. C'était d'ailleurs tant mieux, car j'avais hâte de discuter un peu avec lui. Etre proche de mes ninjas, c'était pour moi très important.

Le jeune homme que j’avais rejoint fut apparemment surpris de mon arrivée. Même si j’étais rarement en dehors du village, il était sûrement venu dans les bois afin de ne pas être dérangé. Si c’était bien le cas, la question était de savoir ce qu’il faisait. Sûrement rien de bien important, et puis ça ne me regardait pas. Ma curiosité mise à l’écart, je voyais à présent le Genin se présenter à moi, supposant que je ne le connaissais pas. Pourtant, je l’avais appelé par son prénom, n’avait-il pas fait attention ? Qu’importe, il m’avait au moins appris que ça ne faisait qu’un mois qu’il était officiellement shinobi. Assez récent donc, mais sûrement plein de talent. J’étais même prêt à croire qu’il était venu s’isoler pour s’entraîner.

─ Bien sûr que je te connais, du moins un minimum, sinon je ne t'aurais pas appelé par ton prénom, dis-je d'un simple sourire.

En tout cas, le Kyoko ne semblait pas être quelqu’un de mauvais. Au contraire, poli, une présence correcte et même s’il semblait un peu intimidé, il inspirait plus la confiance qu’autre chose. En tout cas, il m’intriguait et j’avais décidé de passer un peu de temps avec lui. C’est pour cela que j’allai m’asseoir sur un rocher assez proche en relevant le bas de ma tenue. Si Hisao était bel et bien un intimidé comme je le pensais, même un minimum, il n’allait sûrement pas continuer la conversation. C’était donc à moi de le faire, c’était normal après tout : c’était moi qui voulait lui parler.

─ Alors dis-moi, qu'est-ce qui t'as amené ici ? Tu es originaire de Kaminari no Kuni ?

Question basique, mais qui m’intéressait. Si mon interlocuteur s’avérait plus loquace qu’il l’avait laissait croire au début, je pourrais en apprendre pas mal sur son passé. Et même si ce n’est pas ce qu’il y a derrière nous qui compte, c’était tout de même une chose que je voulais savoir à son propos. Mais ce n’était pas tout. Le passé était chose demandée, il fallait maintenant parler du présent et surtout de lui aujourd’hui. J’enchaînais donc sans attendre.

─ Et maintenant que tu es Genin, quelles sont tes particularités ? Je suis sûr que tu en as.

Ça m’intéressait encore plus. Quelles étaient ses affinités, son style de combat ? Peut-être était-il en train de mettre une technique au point, auquel cas je pourrai peut-être l’aider. Enfin bon, l’important était que j’avais prolongé cette rencontre, et cela me faisait assez plaisir de découvrir un de mes shinobis.

Assis et d’une certaine manière apaisé, j’écoutai le Genin me répondre. La description qu’il se fit de lui-même était loin d’être exagérée. Il ne se considérait pas comme un shinobi puissant, et c’était même à croire s’il se considérait ninja tout court. Il ne se complimenta pas, comme pourraient le faire certains qui s’étant bercés dans l’illusion d’être clairement au-dessus de tout le monde. L’une des raisons de sa venue à Kumo était l’argent et il ne le cacha pas. Il m’expliqua ses particularités et continua à rester dans ce qui me paraissait la stricte vérité, ni plus ni moins. Mais ce qui me frappa arriva en dernier : il se disait capable de maîtriser le sang.

─ Et bien, voilà qui est intéressant !

Le sang, ce n’était pas du tout commun de voir une particularité si… particulière ? Plus sérieusement, je me demandai si ses aptitudes de médecin avaient quelque chose à voir avec cette maîtrise. Sûrement, me disais-je. Je m’étais levé de mon rocher afin de sourire au Kyoko qui m’avait répondu efficacement et véridiquement. Qu’il soit puissant ou non, courageux ou lâche, il semblait digne de confiance et avant tout vrai. Une personne franche qui m’avait semblé pour l’instant être un bon élément. Et même si je n’allais pas rester longtemps ici, j’avais envie de parler encore un peu avec lui.

─ Le sang c'est peu commun. Peut-être désires-tu me montrer un peu cette particularité ?

Une petite démonstration m’aiderait à calmer mon défaut principal qu’est ma curiosité. Et puis ça me permettrait d’en savoir encore plus sur le dénommé Hisao. J’aurais aussi pu lui demander pourquoi il portait un bandeau à l’œil gauche mais ce n’était sûrement pas pour une joyeuse raison : je m’étais donc abstenu. Lui répondre quant au portrait qu’il s’était fait de lui-même aussi, j’allais le faire après avant de le quitter. D’ailleurs je n’allais pas trop tarder car même si le principal de mon travail était fait, lui avait sûrement besoin de solitude. Et en aucun cas la hiérarchie me donnait le droit de déranger librement un de mes hommes juste parce que j’avais du temps libre.

[HRP : Désolé de la longueur.]