Yessss! Un voyage. C'était rare que j'en faisais. Sur l'île de cendre, il ne se passait généralement rien de bien amusant et je devais me distraire moi même. Les ressources étant limités, je passais la grande majorité de mon temps à m'entraîner et à manger. Je n'avais pas vraiment d'amis, seulement quelques adultes à qui j'avais parfois le droit de parler. Eh oui, les gens m'accordaient très peu d'importance. Mais là, la situation était différente. Un partisan âgé d'une trentaine d'année que j'avais rencontrer sur un terrain d'entraînement m'avait proposé de l'accompagner au pays de la foudre pour un voyage. Il était chargé d'aller voir un fournisseur de je ne savais trop quoi et moi, je devais tout simplement l'accompagner. Puisque je visitais rarement le grand continent, ma réponse ne se fit pas attendre bien longtemps. C'était oui. Le lendemain, je m'embarquai donc sur un tout petit bateau à voile qui nous emporterait vers le pays de la foudre. Le voyage promettait d'être long et ennuyeux. Heureusement, l'homme avec qui je voyageais s'avéra être un Gogyou et me raconta le peu qu'il savait sur l'histoire de notre clan. Selon ses dires, les notres n'avaient jamais vraiment été unis et c'était l'une des raisons du racisme porté à notre égard. Puisque nous n'étions pas unis, il était très facile pour les autres de nous dénigrer car nous n'avions jamais personne sur qui compter. Bref, passons. Sa théorie m'amusait mais je n'était pas sur qu'elle était véridique. Makka en saurait certainement plus sur ce sujet.

Après moins d'une journée de traverse en mer, notre petite embarcation acosta sur une plage perdu du pays de la foudre. Le ninja avec qui je voyageais s'empressa alors d'invoquer deux clones qui foncèrent dans les bois. Mon partenaire m'ordonna de rester avec lui sur la plage en attendant le retour des clones. Il ne bougea pas d'un cil pendant vingt minutes et se leva brusquement. C'est alors que les clones revinrent, l'un avait une lettre dans ses mains, l'autre ne portait rien d'autre qu'une tâche de sang sur son avant bras. Je ne lui demandai rien, mais la présence de cette tâche m'inquiétait beaucoup. Étions-nous pourchassés?

- « Seiichi, nous partons. J'ai réussi à obtenir un passe-droit pour aller dans un village non loin de Kumo grâce à l'une de mes connexions. Personne ne nous suivra et ne nous posera de question. En fait, le papier que j'ai en main dis que nous sommes des envoyés spéciales du Raïkage et il porte l'en-tête officiel du palais de ce dernier. Une taupe l'a volée et ça nous permettra de nous déplacer sans problèmes. Allez, suis-moi. »

Il s'enfonça dans les bois nuageux et les clones disparurent. Je le suivis sans dire un mot. Le trajet dans la forêt fut bien plus amusant que celui en mer. J'aimais bien me promener et découvrir de nouveaux endroits en compagnie d'un ninja plus gradé que moi. Ça me permettait d'apprendre et d'être de jours en jours un peu moins ignorant sur le monde qui m'entourait. Nous nous arrêtèrent dans un village de taille moyenne. Mon maître de la journée suivit un parcours qu'il semblait connaître par coeur avant d'arriver devant une petite chaumière en pierre. L'homme cogna deux ou trois fois et c'est une femme à la longue chevelure brune qui vint ouvrir. Elle m'ordonna de rester dehors et c'est ce que je fis. Mon maître me recommanda aussi de me promener pour ne pas paraître suspect. Je pris donc la direction du marché central. Malheur à moi, à la croisée de deux rues, je fonçai directement dans un homme beaucoup plus vieux que moi. Mais pourquoi est-ce que je ne regardais pas où j'allais? Tout était si appétissant ici. Les stands à nourritures me faisaient saliver. C'était bien différent de l'île des partisans où la nourriture était rationné et peu goûteuse. Plutôt que de continuer à faire le con, je présentai mes excuses à cet inconnu.

- « Oh désoler, pardon monsieur, je ne regardais pas où j'allais... Enfin, vous voyez quoi? »

Ce n'était pas du tout clair. Pas du tout. Je venais encore de paraître pour un con. Est-ce que mon jeune âge réussirait à couvrir mon imbécilité du moment?

Il avait un ton mélodieux ce type là. Un peu trop à mon goût, on aurait dit qu'il se prenait pour quelqu'un d'autre, pour quelqu'un de meilleur que ce qu'il n'était vraiment. Je le reluquais de haut en bas, il avait l'apparence d'un habitué de la place et portait l'uniforme des ninjas de Kumo. Pour mal tomber j'étais mal tomber. Pourquoi est-ce que je n'étais pas foncé dans une femme ou un enfant de mon âge? Mais non, moi il fallait que je tombe sur le ninja qui faisait sa ronde. À ceux qui diront que je suis chanceux, je vous envoi promener, tout simplement! Bref, l'homme se plaint en une longue phrase empli de mots complexes et étranges de ma présence en ces lieux. S'il savait la vrai raison de ma solitude, il ne s'exclamerait pas de la sorte. Il aurait plutôt profiter du fait que je sois sur le sol pour me planter un kunaiï en plein coeur.

Je ne savais pas comment interpreter la situation, mais cet homme avait vraiment un aspect bizzarre qui émanait de sa personne. Il n'était pas normal. Quelques personnes s'étaient retournés pour l'entendre parler et la plupart avaient continués leur chemin. Ils étaient probablement habitués à son comportement. Est-ce que tous les ninjas de Kumo était comme ça? Aucune idée, c'était le premier que je rencontrais et l'impression qu'il me faisait n'était pas la meilleure qu'il soit. Du haut de mes dix ans fraichement acquis d'il y a deux jours, je tâchai de calmer ce bon monsieur pour ne pas que ça vire mal.

- « Ne vous en faites pas m'sieur, si je suis seul, c'est parce que je le veux. Mon père est en discussion commercial et je préfère me balader que de rester à l'intérieur à les entendre discuter de chiffres pendant des heures. C'est un vendeur de Yuki no Kuni et son commerce de poisson est tous ce qu'il y a de plus ennuyeux. À chaque voyage c'est la même chose. »

Sa colère s'était probablement déjà apaisé. Le vrai irresponsable comme il disait, c'était lui. Eh oui, en tant que ninja de Kumo, il était un ennemi de mon clan et un ennemi de Makka. Si les Gogyou étaient acceptés au sein des villages, mon vrai père et ma vrai mère seraient présents pour être les irresponsables qui me laissent me promener seul au marché. Mais ce n'est pas le cas. Je n'ai pas de parents, ni de familles. S'il savait qui j'étais vraiment, il me cracherait souvent au visage et des tonnes de ninjas s'agglutineraient autour de moi pour ensuite m'enfermer dans un cachot sombre et dégoûtant. Mais puisque j'en étais là, autant sympathiser avec ce kumojin aux yeux oranges et au maquillage loufoque.

- « Vous savez, je fais parfois des rencontres intéressantes! Lors d'un périple au pays du feu, je suis tombé sur une fille du clan Yamanaka qui savait manipuler les esprits. Et toi, est-ce que tu as quelque chose de cool qui pourrait retirer le terme monotone de ma journée? À propos, je suis Takamaru Seiichi et toi? »

Allez mon petit, montre moi de quoi t'es capable. Je pourrai écrire ton nom et tes aptitudes ninjas dans le petit livre qui se trouve actuellement dans ma poche droite. Je me servirai du crayon dans ma poche gauche pour m'acquitter de cette tâche. Le partisan qui te croisera dans les prochains mois saura alors ce que tu vaux et pourra te transpercer le coeur s'il en est capable. Ah l'enfance, c'est si facile. Retirer des informations à des vieux qui se pensent bon prend une dizaine de secondes et sert pour des années. Je m'aime. Reste à espérer que quand mon maître de la journée me retrouve, qu'il soit assez brillant pour jouer le jeu. Il avait été assez intelligent pour nous mener jusque là, alors la suite ne me faisait pas vraiment peur. En plus, son entretien était supposé durer des heures, soit beaucoup plus de temps qu'il ne m'en fallait.

Ce type n'était vraiment pas comme je l'avais imaginé. Il avait une cervelle et savait s'en servir. Plutôt que de répondre à ma question sur ses capacités de ninja, il s'était amusé à dire un grand n'importe quoi que je n'avais même pas écouté. Le terme «Quidam» était à lui seul suffisamment naze pour que je ne prête qu'une oreille discrète à son discours. J'analysais les alentours pour être sur qu'une personne rencontrée dans un ancien voyage ne referait surface ici. Non, tout était ok, je n'avais jamais visité le pays de la foudre avant et les gens étaient généralement assez sédentaires dans ce monde shinobi. Bref, l'étrange fini son maigre et nul discours par un questionnement philosophique qui remettait en cause l'intérêt de la Yamanaka. Qu'est ce que j'en avais à faire moi? Mais rien du tout. Il fallait que je trouve une réponse à ce raisonnement. Et quand on ne sait pas quoi faire, il n'y a rien de mieux que de répondre comme un enfant qui n'a rien compris. C'est un atout majeur qui m'a et qui me servira toujours. Enfin, jusqu'à la fin de l'enfance quoi! Certains m'ont dit que des médecins étaient capables d'arrêter la croissance. Ça serait pas top pour me trouver une compagne mais géant pour continuer à faire mon métier de partisan.

- « Euh, à vrai dire... Je... n'ai rien compris à ce que vous venez de dire. Vous pourriez pas reformuler en étant un peu plus intéressant? Si vous voulez mon conseil, ne devenez jamais enseignant, vous expliquez mal. »

C'était connu de tous, les enfants avaient leur franc parlé. J'utilisais toujours les miens et les gens trouvaient généralement mes réflexions mignonnes et pas vraiment dangereuse pour leur intégrité. Ce que ce kumojin ne savait pas, c'est qu'en une seconde, mon bras pouvait se transformer en une immense lame capable de le couper en deux. Quoi de mieux que de trancher des ennemis pour le déjeuner... Mon interlocuteur avait aussi mentionné autre chose dans son effroyable discours. Il voulait s'entretenir avec mon géniteur. Le mot géniteur me mit en rogne mais je ne le laissai pas paraître. Je détestai les gens qui parlaient de mes parents. Ils étaient morts et c'était probablement sa faute si je n'avais pas de parents à qui me confier. Cet homme à le chevelure blanche que je n'arrivais toujours pas à bien cerner se positionnait surement contre mon clan. Être contre les Gogyou, c'est vouloir leur mort. Il n'est pas possible d'être hostile à leur cause mais de vouloir les laisser en vie. Mais encore là, une réponse bidon et mensongère était de nécessité. Lui dire que mon papa était l'homme avec qui j'étais venu sur le continent était la pire idée qui soit puisqu'il ne saurait peut-être pas se prêter au jeu. Il fallait donc jouer la carte de l'indisponibilité.

- « Mon papa il est en réunion d'affaire et ça va prendre toute la journée. Parfois il ne dort même pas dans le même endroit que moi. Si passé cinq heures du soir il n'est pas venu me rejoindre dehors, c'est que je dois me trouver un endroit pour dormir et y rester pour la nuit. On se retrouvera dans le marché au matin. Ça fonctionne toujours et j'aime bien avoir un peu d'indépendance, ça met du piquant dans ma vie de fils de marchand. Sinon, vous n'avez pas répondu à ma question. C'est quoi votre nom? »

Le nom était un facteur important de la vie d'un ninja. Le mien, par exemple, comprenait le mot Gogyou qui témoignait de mon appartenance au clan. Si le mec en fasse de moi se nommait Kadoria Ichirô, eh bien je saurais qu'il faisait parti d'un clan de manipulateur de la gravité et je pourrais l'inscrire dans mon petit livre. Il allait bien finir par répondre, sinon la conversation ne me servirait à rien. Je devrais alors me trouver une autre proie et c'est de plus en plus dur avec la journée qui avance.