L'alarme avait une nouvelle fois sonné. En un intervalle de temps plutôt court, deux grandes catastrophes s'abattaient sur le village de Kumo. Ce village était-il maudit pour que le sort s'acharne ainsi sur lui ? Zennosuke ne se donna pas le temps d'y réfléchir plus longtemps. Dans l'immédiat, il fallait réagir. Sortant de sa chambre en sursaut, il enfila son kimono en vitesse, récupéra son ninja-tô et ses étuis où étaient contenus shurikens, kunais et notes explosives. C'était son jour de repos aujourd'hui... Et pourtant il allait devoir s'activer, pour le bien de Kumo. C'était une motivation suffisante pour lui. Kumo et son système militaire avait une telle importance pour lui, qu'il se sentait prêt à donner sa vie pour elle. Il n'était qu'un pion dans l'engrenage qui faisait la grandeur de Kumo, mais il comptait jouer le rôle qui lui était dévolu à fond.
Dans la cuisine, il entendait sa mère paniquer. Elle qui avait vécu tant de malheurs n'arrivait toujours pas à s'y faire lorsqu'un nouveau apparaissait. Pourtant elle savait que la vie n'était qu'un éternel recommencement. Telle une roue, les mêmes événements, avec de légères particularités, intervenaient cycliquement : Mort et Vie, Paix et Guerre, Santé et Maladie, Joie et Tristesse... Rien n'était définitif, tout était passager dans ce bas monde et ces cycles semblaient exacerbés dans un village comme celui-ci : un village ninja.

En sortant de la maison en courant, le Genin fit un tour dans la cuisine. Il y embrassa sa mère d'un bisou plein d'amour et lui demanda de ne pas s'inquiéter davantage. Kumo s'en sortirait, Zennosuke en était certain. Il fallait juste garder la foi et prendre patience. Tout n'était qu'une question de temps. Sa mère lui fit promettre d'être prudent et lui lui fit promettre de verrouiller la maison et d'aller dans celle voisine où il y avait plus de monde. C'était une famille nombreuse avec qui les SEKI avaient entretenus d'excellents liens. Elle y serait plus en sécurité qu'en restant seule dans leur maison. Elle accepta sur le champ la proposition de son fils. C'était une décision logique et pleine de bon sens.

Dehors, tout était en désordre. Des cris, des pleurs, un nuage de fumée au loin et énormément d'agitation. Des ninjas courraient ci et là le visage fermé. Les civils, quant à eux, semblaient en proie à la peur. Sans plus attendre, le Seki fila à la place de rassemblement de shinobis la plus proche. Il fallait en savoir plus sur ce qui se passait et prendre ses ordres. Une fois sur place, le Genin trouva deux shinobis. Un instructeur qui affectait rapidement une tâche à un autre shinobi. Celui-ci disparut au moment même ou Zennosuke s'approcha du duo. Cette capacité à se téléporter entrainait toujours une sorte de fierté au jeune Seki lorsqu'il voyait un ninja de Kumo en effectuer.

" Ton niveau ? " Il venait d'être apostrophé d'un ton sec par l'instructeur qui l'avait inspecté d'un regard de haut en bas. De la sueur coulait sur le visage de ce dernier et il jetait des coups d’œils frénétiques vers la prison du village de Kumo. De là où ils étaient - une tour inaccessible aux simples civils - le jeune Seki put voir que c'était de là que provenait la fumée. Il n'eut pas besoin de plus pour comprendre ce qui se passait ou du moins supposer qu'il s'agissait d'un incendit avec risque d'évasion des prisonniers. Si c'était réellement le cas, le village avait fort à faire.

" Genin du clan Seki ! " Il avait répondu presque aussitôt. " Nous n'avons personne affecté à l'inspection de la prison. Tu t'en charges. Fais nous un rapport détaillé Dispersion ! "

Le Genin s'exécuta. Il parcourut toute l'étendue des lieux qui le séparaient de la prison. Plus il s'en approchait et plus le nuage de fumée était épais. Néanmoins, il y avait moins d'activité civile dans les parages de la prison - ou de ce qu'il en restait -. Les kumojins avaient été visiblement assez actifs pour faire évacuer les cités environnantes de la prison. Une bonne chose. Très peu de pertes seraient à déplorer suite à l'asphyxie qui tuait plus durant l'incendie, que l'incendie lui même. Une fois sur place, le Genin put constater que les lieux étaient totalement détruits. Les murs noirs et calcinés. Des shinobis s'activaient pour éteindre l'incendie en usant de techniques suiton. L'effet était plutôt réussi. Sauf que la fumée était amplifiée. Le tout stopperait très vite c'est vrai, mais pour l'instant c'était assez compliqué pour pouvoir respirer convenablement. Un vrai enfer! *Par où commencer ?* Zennosuke pensait à s'activer. il voulait faire sa part de travail le plus rapidement possible. Trouver quelques indices qui puisse lui permettre de comprendre le pourquoi du comment. Jouer les inspecteurs n'était pas sa tasse de thé, mais c'était lui qu'on avait affecté à cette tâche en attendant peut être de trouver d'autres renforts, il lui fallait faire avancer les choses. Mais, la question cruciale se posait à nouveau : par où commencer ?

Le Genin se trouvait devant l'immense bâtisse délabrée. Juste à l'entrée. Il avait décidé d'observer d'abord l'extérieur du bâtiment avant de pénétrer à l'intérieur. Il espérait juste pouvoir trouver assez d'indices avant que les "pompiers" improvisés ou quelques âmes mal intentionnées, ne détruisent tout indice, toute preuve...

C'était le vrai bordel. Un boxon indescriptible. Les murs de la prison, autrefois imposants avaient perdu de leur superbe. C'était peu dire. Ce qui semblait impraticable, impénétrable était à présent en miettes détruit par le feu. C'était bien dans ces moments là que l'on pouvait mesurer toute la précarité des choses créées par l'homme. Rien n'était éternel. Tout passait tôt ou tard. La prison n'avait pas échappé à cette réalité, à ce caractère temporaire de toute chose dans le monde. Le shinobi était quelque peu meurtri par les évènements. Voir ce qui constituait un signe d'invincibilité pour Kumo afficher de la sorte sa faiblesse était dur à supporter pour le Genin. Son enquête devait lui permettre de tirer tout ça au clair. Il allait trouver quelque chose, quoi qu'il lui en coûte. Il devait le faire. Pour Kumo et pour lui même. Il se jura de trouver réponse aux nombreuses questions qui revenaient en boucle dans son esprit.

Zennosuke avançait prudemment à travers les décombres. Ses sens à l'affut il scrutait le sol et les environs. Toute chose qui n'était pas à sa place l'intriguait. Tout ce qui pouvait l'alerter devait être pris en compte. Examiner de loin d'abord, mesure de sécurité oblige - avant de s'approcher, tout ce qui pouvait potentiellement expliquer le pourquoi de l'explosion était une précaution qu'il ne prenait pas à la légère. Il est vrai que sa méthode risquait de lui en faire perdre du temps, vu la manière avec laquelle il comptait s'appliquer, mais il espérait pouvoir faire un bon travail. Le temps jouait certainement en sa défaveur me direz-vous. Entre les ninjas chargés d'éteindre les dernières flammes qui s'échappaient de certains endroits, et les indices qui pouvaient être sous les décombres, il y avait fort à faire. Mais le jeune Seki avait décidé de sa voie. Les autres options ne l'intéressaient plus dans l'immédiat.

Le Genin entreprit de faire le tour de l'immense bâtisse. Tel un détective, il continuait à observer les alentours de la prison en la contournant par le côté est. Il lui faudrait, au regard de son rythme de travail, une vingtaine de minutes au moins avant de finir d'en faire le tour. On pouvait discuter de l'opportunité de ces actions mais le Genin était sûr de ce qu'il faisait. S'il commettait quelques erreurs, bah il assumerait. Il n'était pas devin. Ses actions ne n'engendreraient rétribution qu'à la fin de son inspection. Et puis il faisait encore chaud à l'intérieur de la prison et une épaisse fumée s'en dégageait toujours. Non seulement il risquait de ne pas y voir grand chose en s'introduisant maintenant à l'intérieur, mais pire, il risquait de rater des indices qui se trouveraient à l'extérieur. A ce niveau là, c'était le vent et surtout les shinobis qui commençaient à venir au compte goutte, qui risqueraient, via leur fouilles, à détruire des indices intéressants.

" Faîtes gaffe à ne pas bousiller d'indices. Eh toi là ! Fais passer ce message à chaque shinobi qui viendra ici ! Sur ordre du Raikage vous devez me communiquer chaque chose qui pourrait faire avancer mon enquête. JE suis chargé de l'enquête ! "

Le Genin venait de s'adresser de la sorte à un autre shinobi qui semblait fouiller dans les décombres. Ce dernier s'arrêta interloqué et répondit d'un signe de la tête comme pour dire qu'il ferait ce qu'on lui avait demandé. Le Genin n'avait pas manqué de culot sur ce coup. Il était au plus bas de la hiérarchie militaire du village et se permettait de donner des ordres à un autre dont il ne savait même pas quel était son grade. Le plus drôle, c'est que le shinobi s'était exécuté. Peut être était-il Genin comme lui. Se concentrant à nouveau sur sa mission le Genin se remit à inspecter les environs lorsque tout à coup, il tomba sur son premier indice. Un bout de papier collé à un petit bloc de pierre. Se rapprochant un peu plus, il put mieux identifier l'objet qui n'était rien d'autre que... *UN PUTAIN DE PARCHEMIN EXPLOSIF ! SUR LE POINT DE PETER EN PLUS !*

Bah oui, on en était là. Le parchemin était bien entamé et il allait péter dans moins de cinq secondes. Sans chercher à se poser plus de questions, et certainement pris de panique, le Genin sorti le petit bloc de pierre des gravas dans lequel il se trouvait et l'envoya en l'air au loin derrière lui. Il avait eu chaud. Le parchemin était collé sur un bout de pierre qui était assez léger pour se voir propulser dans les airs par le Genin. Une assez grosse détonation se fit entendre dans le ciel tandis que le Genin se protégeait le visage des probables éclats qui pourraient résulter de l'explosion. Il avait échappé belle pour ce coup-ci.

Une fois l'explosion passée, il s'adressa aux shinobis en place en leur demandant de rester sur leurs gardes. Si un parchemin avait pu créer une déflagration plusieurs minutes après la destruction de la prison c'est qu'il y avait un risque que d'autres encore pètent. Une piste déjà apparaissait. Une piste qui pouvait mener à la conclusion que la prison avait été détruite via des parchemins explosifs. Un sabotage de haute volée dans une cité ninja. Comment une telle opération avait-elle pu être menée au nez et à la barbe des gardes ?

Le Genin se concentra à nouveau sur sa recherche d'indices. Il posa son regard juste à l'endroit où se tenait la pierre auparavant. Peut être y trouverait-il des indices qui pourraient étayer sa première piste. Il pourrait par la même occasion également essayer de comprendre pourquoi ce parchemin, vraisemblablement le seul dans les environs, avait explosé maintenant, à cet instant précis. Au moment même où cette idée lui traversait l'esprit, son sang se glaça. On avait peut être tenté d'attenter à sa vie ?

Spoiler:

Le Genin dut rapidement reporter son attention sur le problème qu'il croyait avoir résolu et qui en fait s'était compliqué. Non seulement il n'avait absolument pas épargné les lieux de l'explosion du parchemin, mais pire encore, ce dernier se mettait à relâcher des flammes tout autour de lui. Quel était donc cet objet diabolique ? Cette question n'apportait aucune réponse immédiate au Genin si ce n'était la vision des flammes qui menaçaient de s'amplifier plus encore. Le Genin n'avait vraisemblablement aucun moyen de contrer le feu via une quelconque technique en sa possession au vu de sa puissance actuelle. C'était pour cette raison qu'il avait préféré jeter le parchemin précédemment plutôt que de tenter de le détruire. Pourtant, en y réfléchissant bien, il aurait pu le faire, mais la chose était risquée. Plutôt que de prendre un risque incalculé face à un objet dont il ne connaissait pas la puissance d'impact, il avait préféré la jeter dans le ciel qu'elle explose sans faire de gros dégâts. C'était tout le contraire qui s'était passé.

" S'il y a un utilisateur de suiton, qu'il éteigne ces flammes ! " avait hurlé à gorge déployée le shinobi à l'adresse des ninjas qui restaient plantés là hébétés, impuissants. Certains d'entre eux réagirent aussitôt. Le feu était combattu par l'eau de manière on ne peut plus efficace. En peu de temps, les flammes s'étant libérées du parchemin allaient être complétement éteintes. Restait le bout de parchemin qui n'avait pas été détruit en même temps que l'explosion et qui laissait échapper toujours en continu des flammes. Un des shinobis qui utilisait le suiton eut la bonne idée de tenter d’inonder le parchemin tandis qu'il éteignait les flammes aux alentours. L'idée semblait bonne mais quelque chose disait au Genin qu'il ne fallait pas en rester là tandis qu'il voyait la fumée s'échapper du bout de papier explosif. C'était peut être un signe que l'incendie ne se propagerait plus à l'extérieur dans la mesure où le feu provenant du parchemin venait d'être maîtrisé. Zennosuke lui, voulait en être certain.

" Je veux un utilisateur de Doton pour m'ensevelir cette merde ! " avait crié le Genin de tous ses poumons à l'adresse des shinobis qui étaient là encore présents. Il espéraient qu'il y en avait au moins un qui serait capable de mettre ses idées en application. La vie le lui avait appris. Il n'y avait pas que l'eau qui était capable de stopper le feu. Le feu lui même en était capable, mais également la terre. Zennosuke espérait qu'avec la technique suiton utilisée contre le bout de papier explosif, ajouté à un long enfermement dans la terre, le parchemin deviendrait inoffensif, sa puissance dévastatrice totalement annihilée. Un ninja s'avançant et se mit à composer des mudras avec vigueur. Zennosuke sentait battre son cœur d'excitation tandis qu'il voyait le sol en dessous du parchemin s'affaisser de manière à créer un petit trou, puis tout de suite après se reformer en cube pour englober le papier explosif. Le feu avait besoin d'air pour être attisé. Dans la terre, dans cette technique Doton, il faudrait beaucoup de malchance pour qu'il continue à détenir son pouvoir explosif. C'était là la stratégie du Genin : après que le parchemin eût été imbibé d'eau -et donc théoriquement désactivé- y ajouter une bonne couche de terre de manière à l'isoler et accroître le pouvoir désactivant. Si après ça cette saleté fonctionnait toujours, Zennosuke se promettait de ne plus s’appeler tel que sa mère l'avait nommé ! Il lui restait encore une possibilité pour mettre fin au feu au cas improbable où celui-ci se déclencherait, mais celle-là, il ne voulait la mettre en œuvre que si ses tentatives actuelles échouaient.

Son cœur battait de plus en plus fort dans sa cage thoracique tandis qu'il pensait à quelque chose qu'il aurait peut être dû faire depuis longtemps. Ses mains se joignirent et se mirent à former des mudras. Lorsque sa technique fut terminée : 4 clones apparurent autour de lui. Il en faisait peut être beaucoup d'un coup, mais il n'y en avait jamais assez pour ce qu'il pensait faire.

" Toi ! Reste avec moi. Vous deux, allez inspecter l'intérieur de la prison. Toi poursuis les recherches de ce côté là " Le premier clone indexé resta à côté de lui. Les deux autres partirent s'engouffrer dans la prison par la porte principale. Il faisait moins chaud à l'intérieur, ils avaient une chance de trouver quelque chose. Le dernier clone prit la direction que lui indiqua Zennosuke : la zone qu'il n'avait pas encore eu le temps d'inspecter. La respiration du Genin devenait de plus en plus forte. La dose de chakra qu'il venait de relâcher l'avait quelque peu essoufflé. Quelques minutes avaient passé depuis que le parchemin explosif avait été enseveli dans le cube de terre. Rien ne s'était passé. Peut être avait-il réussi son coup? Si tout ce passait bien, il pourrait aller présenter le bout de papier devenu inoffensif aux experts en explosion du village pour examen : les Bakushô. Ces derniers comprendraient indéniablement le mécanisme de cet objet et peut être même pourraient-ils expliquer sa provenance, ou offrir des pistes qui feraient avancer l'enquête.

Cinq minutes avaient passé. Zennosuke fit signe de la tête à l'utilisateur de doton qui relâcha sa technique. Le bout de papier était froissé et vraisemblablement, son pouvoir explosif avait été supprimé. Le Genin fit signe à son bunshin d'aller chercher le parchemin explosif... Tout le monde dans les alentours retenait son souffle. En principe, les choses étaient réglées. Mais nul n'était à l'abri d'une nouvelle déflagration. Une goutte de sueur perla sur le front du Genin et alla s'abimer sur ses sourcils épais. La tension était à son paroxysme !

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