Sorti de la ville de Kyato, Rei respira un bon coup en regardant le ciel. Suivi de ses deux compagnons d’armes, il réfléchit un instant à la suite. Que fallait-il mieux faire, poursuivre le recrutement ou amener le jeune Araakoa voir quelque chose qu’il ne verrait sûrement pas avant longtemps ? Quelques instants de réflexion vinrent précéder un choix finalement fait sans trop difficulté. Soit, la seconde option était choisie. Il mit endossa de nouveau sa capuche malgré le beau temps, et Anami l’imita. Puis ils se mirent en route, sans un mot. La route allait prendre quelques heures.
Même s’il ne savait pas précisément où se trouvait la chose qu’il voulait montrer à Saï, le Monarque avait une petite idée de la zone à explorer. Mais en y réfléchissant, cette route qui allait durer quelques temps était probablement le meilleur moyen de casser une glace bien présente entre le petit-fils d’Aare et lui. Il ralentit alors un peu le pas pour se retrouver au niveau de ce dernier, et prit la parole.
─ Nous allons à Kawa no Kuni. La route nous prendra quelques-heures, mais crois-moi, tu comprendras l’importance de ce que je vais te montrer.
Bien, peut-être qu’avec ça, la première cible allait se sentir un peu moins « esclave ». Car il ne l’était pas, et il fallait qu’il le comprenne. Mais le Kyoshi pouvait mieux faire pour instaurer un vrai dialogue. C’est pour cela que, continuant toujours de regarder droit devant lui, il reprit.
─ Est-ce que tu as des questions à me poser ?
Ils ne s’étaient sûrement pas tout dit dans le bar malfamé de leur rencontre. En y repensant, Rei se souvint qu’il n’avait pas eu de mal à obliger les alcooliques et même le gérant du bar à lui laisser son établissement. Est-ce que Saï s’en était aperçu ? Au final, qu’importe, s’il y avait quelque chose qu’il devait découvrir : c’était bien le Henge qu’utilisait encore en ce moment le Monarque. Cela était déjà bien plus intéressant. De toute façon il y avait de la marge, avec le voyage qu’ils avaient commencé.
Spoiler:
Mon Henge me donnant l'apparence d'un blond aux yeux verts est toujours actif.
Samaël
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Nous nous rendions à Kawa no kuni d’après cet homme que j’avais rencontré il y a maintenant une petite heure. Mais une question dans mon esprit subsistait, quand est-ce qu’il allait retirer ce vulgaire déguisement. S’il était venu me chercher c’était certainement car il avait eu vent de certaines de mes capacités non ? Il savait quand même que j’étais senseur et que donc par conséquent je pouvais sentir les empreintes résiduelles de chakra… Alors un vulgaire Henge comme le sien, sérieusement c’est du foutage de gueule mais pur et dur. Finalement au bout de quelques instants il s’exclama en me demandant si j’avais encore des questions à lui poser. Finalement j’explosais purement et simplement, j’étais quelqu’un d’intelligent, mais cette capacité cognitive était gâchée par une impétuosité relative à ma jeunesse sans doute. Je lançais donc cachant à moitié l’énervement qui s’était emparé de moi.
« Je me demandais combien de temps t’allais encore me prendre pour un con. Tu ne m’as quand même pas choisi par hasard, tu t’es un peu renseigné sur mes capacités, non car laisser ton foutu henge pendant une plombe, soit tu ignores que je suis un shinobi sensoriel, soit tu te fous royalement de ma gueule et bizarrement je parie sur l’hypothèse numéro deux. »
Alors là c’était le premier coup de gueule à la con, les autres allaient suivre sous peu, mais je devais bien admettre que c’est ce qui me gênait le plus dans cette histoire. La seconde c’était celle qui suivait.
« Deuxième question qui est cette femme ? Ta secrétaire ? Ta petite amie ? Une cagaude que t’as chopé à une taverne ? Ou elle aussi tu t’es pointé chez elle un soir en lui disant « Allez ma mignonne viens avec moi j’ai des bonbons. ». »
Alors oui effectivement j’étais agacé, je n’étais pas un homme qui aimait entretenir les mystères et je n’étais pas de ceux qui aimait faire durer les blagues et autant dire que son petit théâtre qu’il me jouait depuis tout à l’heure sonnait à mes oreilles comme une vaste plaisanterie tant je voyais les efforts mis en œuvre pour me casser les noyaux. Enfin, il restait encore une dernière chose, un dernier point que je n’avais pas encore évoqué, mais ça allait être fait promptement.
« Et enfin, je ne sais pas où tu m’emmènes mais j’espère que cela me convaincra s’il y a bien une chose que je déteste c’est les gens qui se targuent de leurs connaissances et de leurs idéaux alors qu’ils n’ont pas les moyens. Voilà j’ai exprimé tout ce qui m’énerve à cet instant, à toi d’apporter tes réponses. »
Suzurane Hakyô
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En engageant un nouveau dialogue, Rei n’avait pas imaginé que son interlocuteur allait autant perdre son sang-froid. Il laissa tout simplement éclater sa colère, oubliant la politesse qu’il avait légèrement eue auparavant, pour parler sur un ton qui énerva Anami qui marchait devant. Pour elle, il était déjà impardonnable que l’on parle au Kyoshi ainsi. Mais elle se contenta de serrer ses deux poings sans se retourner. Le Monarque était, quant à lui, resté silencieux. Il se doutait bien que d’autres commentaires allaient suivre, c’est pour cela qu’il laissa s’exprimer l’Araakoa jusqu’à la fin.
Saï parla d’Anami, ce qui la fit encore plus s’énerver. Elle se retourna au moment où la première cible avait fini de râler, et marcha rapidement vers le jeune impétueux. Elle fut immédiatement stoppée par la lame de Rei, qui s’était interposé entre les deux. Si la vitesse avec laquelle il avait dégainé son arme ne surprenait sans doute personne, son calme avait du non seulement marqué Anami mais aussi Saï. Qui pouvait, devant les paroles qu’avaient beuglées l’Araakoa, rester autant de marbre ?
─ Mais… Tu as entendu ce qu’il t’as dit ? ─ Oui, et il s’adressait à moi, pas à toi.
Vexée, la jeune brune se retourna, et reprit les devants de la marche. Le Kyoshi rangea alors son katana, puis ils reprirent la route. Quelques secondes plus tard, il se décida à répondre au petit-fils d’Aare.
─ Ce « foutu Henge », comme tu l’appelles, m’aura servi à deux choses. Premièrement, à vérifier tes capacités de sensorialité, c’était la seule chose à ton sujet sur laquelle nous n’étions pas tout à fait sûrs, nous sommes fixés à présent, merci. Et deuxièmement, j’ai pu sortir et traverser la ville sans révéler mon vrai visage, et sans non plus attirer le regard en portant un masque.
Le Monarque respira un bon coup, puis reprit.
─ Comme je viens de le dire, ce que tu viens de me demander ne regarde que toi et moi, pas Anami. Tu comprendras donc que le passé que j’ai avec elle, ne regarde qu’elle et moi, pas toi.
Sur ces mots, la jeune femme esquissa un sourire. Sa colère avait été un peu apaisée, cependant elle continua de tendre l’oreille pour écouter leur conversation.
─ Maintenant, il est vrai qu’elle n’a pas tort. Le mieux pour toi serait que tu apprennes à garder ton calme, surtout quand tu t’adresses à l’un de nous. Si tu ne fais pas preuve de respect, ne t’attends pas à ce que l’on t’en donne.
Rei leva les yeux pour regarder le ciel particulièrement clair. Puis son regard retourna vers le devant, et il reprit la parole.
─ Je te monterai mon vrai visage à la fin de ce voyage. Cependant, lorsque je le ferai, alors tu seras réellement considéré comme l’un des nôtres. Et à partir de ce moment-là, toute trahison ou tout faux-pas de ta part nous obligera à te tuer.
Le Kyoshi s’arrêta alors, et regarda le jeune Araakoa avant d’esquisser un sourire.
─ Mais je suis sûr que nous n’en arriverons jamais là, pas vrai ?
Puis il reprirent la route, sous ce rare beau temps.
Samaël
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Pas un mot plus haut que l’autre, pas une syllabe qui fourche ce type restait calme en toute circonstance, cela en devenait presque lassant. S’était à se demander si je n’aurais pas préféré un gros psychopathe, genre un complètement maboule qui aurait des relations sexuelles avec des animaux tu vois. Quoi… Le mot Suguato est soufflé dans mes oreilles. Ouais, c’est vrai que venant de ce genre de type ça aurait été probable, effectivement. Mais bref, je m’égare, restons concentré sur mon interlocuteur. J’allais tout d’abord répondre à sa première affirmation concernant son apparence ou plutôt son déguisement.
« T’es bien rentré dans la ville avec ton masque alors je ne vois pas ce qui t’empêchais de faire pareil pour ressortir. Et pour mes dons de senseur, t’aurais simplement pu me de demander, je ne vais pas te bouffer, du moins pas pour le moment. »
Un léger sourire narquois vint apparaître sur mon visage. Ce type était sûr de lui c’était limpide, diaphane, translucide, transparent ou n’importe quel autre synonyme montrant que c’était tellement évident que je perdais du temps à l’évoquer. Mais cependant même la plus grosse carapace d’acier comporte toujours une faille et même pour un subordonné il est primordial de connaître le point faible de son supérieur. Pour une simple raison, la sécurité. S’il venait à me trahir, je devais être capable de frapper à un endroit lui laissant une belle marque indélébile, comme un cadeau d’adieu en somme.
« Je ne suis pas d’accord. Visiblement elle est une encyclopédie vivante et vu ce que vous avez dit tout à l’heure à mon propos vous me connaissez tous les deux assez bien. De ce fait, équité oblige, j’aimerai connaître son statut et ce qui vous lie et ce qui me liera à elle, si j’dois passer du temps avec vous deux, surtout en tant coéquipier, j’estime que vous me devez ces réponses. »
Je n’en démordais pas, j’étais ce que mon grand-père appelait un jeune chien fou. Tant que je n’obtenais pas ce que je désire, je continuais à titiller les points sensibles. Il est vrai que beaucoup de personnes m’avaient affirmé que je possédais une personnalité qui pouvait être détestable, mais pour un homme de ma trempe, c’était à la fois un compliment et une injure. Je continuais donc sur ma lancée.
« Pour le moment vous me montrer le respect dû à sot. Vous vous cachez derrière des masques, derrière des idées et vous me demander de vous faire confiance et de vous suivre, le fait que je sois encore là, vous prouve mon respect. La politesse est le respect des menteurs, les actes sont ceux des héros. Voilà mon opinion. »
Je le laissais emmagasiner mes paroles avant de reprendre.
« Et n’ajouter pas à vos erreurs vos vaines menaces, mon niveau de chakra est certes plus bas que le vôtre et je me doute que vous n’êtes pas un simple prétentieux mais ne me sous-estimer pas, je suis capable de mordre. Les choses étant maintenant clairement dîtes, je vous propose de continuer notre… périple. »
Suzurane Hakyô
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Toujours le même ton un peu provocateur et familier, mais Rei avait depuis longtemps décidé de passer au-dessus de ça. Ce n’était pas ça l’important, non. Il ne voulait pas que sa cible change de comportement, de façon d’être. Il désirait simplement ses services, ses talents, rien de plus. Pour le reste, il ferait avec, voilà tout.
─ Tu te trompes, je ne suis pas entré avec mon masque.
Puis il s’arrêta là, laissant Saï continuer de parler. C’était une habitude que le Monarque avait depuis toujours : laisser parler, avant de répondre. Que ce soit par politesse, par intérêt, il procédait presque à chaque fois ainsi. Et puis souvent, laisser son interlocuteur s’exprimer et argumenter permettait de préparer une réponse rapide et pleine de sens. On apprenait beaucoup par le silence, et c’était une des causes du savoir phénoménal que possédaient Anami et Rei.
─ Saï… Les mensonges existent, tu sais. En te demandant si tu avais bien des dons de senseur, tu aurais très bien pu me mentir. Quant à moi, si je te parle d’Anami, je pourrais faire de même. Sois patient, tu auras tes réponses le moment voulu.
Puis le Kyoshi marqua une pause, préférant goûter à nouveau au silence et au vent pendant quelques instants. Puis il tourna le regard vers l’Araakoa, prenant un air plus sérieux que jamais. Il s’était arrêté, et Anami l’ayant remarqué, fit de même.
─ Si tu veux appeler ça des menaces, fais ainsi. Je préfère juste te prévenir, vu qu’apparemment tu n’aimes pas que l’on te cache des choses. Et puis, crois-tu que je te dirais ça si je n’étais pas persuadé de te battre en combat singulier ? Je sais de quoi tu es capable, contrairement à toi qui ne sait rien d’autre que mon niveau de chakra.
Soudain, la jeune brune eut un déclic, que le Monarque remarqua immédiatement. Son regard se porta donc sur sa coéquipière, l’air toujours aussi sérieux.
─ Qu’y a-t-il ? ─ Deux shinobis qui prennent ce chemin dans le sens inverse. Mieux vaudrait faire un détour par l'Est.
Rei acquiesça, puis le trio changea de direction. Conscients qu’il y aurait de plus en plus de monde, les trois Nukenins se mirent à courir. A ce rythme-là, ils arriveraient à destination d’ici une petite heure, voire un peu plus. L’important était de ne pas prendre de risque. Oui, c’était capital.
Samaël
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Cet homme avait annoncé il y a peu, bien me connaître mais je me rendais compte qu’en réalité il ne connaissait rien de moi et cela me rassurait. Il aurait su sinon que j’étais un homme qui ne mentait que dans d’extrême nécessité après tout à quoi servait d’édicter des lois si en mentant je m’y soustrayais. Aucun n’est-ce pas ? Cet homme était définitivement plus intéressant qu’il n’y paraissait du moins si on sautait cet air sérieux que l’on pouvait discerner dans sa voix. Ouais j’aurai bien dis sur ce son visage malheureusement vu qu’il se plaît à se cacher derrière un déguisement à la con ce n’est pas vraiment valable. N’empêche c’est dans ces moments-là que je suis heureux de posséder la capacité à ressentir les énergies qui m’entourent, vu le nombre de fois où je discerne que les gens me prennent pour un con c’est vraiment utile.
Il affirmait pourvoir me battre en combat singulier, je n’avais jamais dit le contraire, cependant comme je le pensais et comme je le pense toujours. L’important lorsque tu vas t’éteindre c’est de laissé une marque indélébile à ton adversaire, une marque qui soit gravée dans son esprit ou dans sa peau, une à laquelle il repensera tous les matins en se levant et tous les soirs lorsque qu’il s’en ira rejoindre les bras de Morphée. M’enfin comme il venait de le dire ce n’était pour le moment que de la prévention, le jour où cela deviendra effectif cela m’étonnerais que le ton reste aussi cordial que ce qu’il est actuellement.
Finalement après quelques secondes après ce petit échange, la secrétaire s’exclama alors pour annoncer que des shinobis arrivaient. Etait-elle senseur elle-aussi ? J’avais effectivement senti des sources de chakra approchées, mais au vu du niveau, je n’avais pas signifié cela important. Pourtant voilà que l’homme m’entraîna dans une course folle afin de ne pas être repérer, tout en courant je m’exclamais alors à son attention.
« Si tu voulais absolument pas te faire repérer, pourquoi n’as-tu pas dégommer ces ennemis, cela aurait permis de continuer notre route sans détour. »
Sur le chemin on me renseigna de la réponse ainsi que du temps restant avant que l’on se rende au lieu prévu. Cette route se passa sans encombre. Nous avions parlé encore de quelques banalités sans importances comme le partage du gain ou encore des seigneurs de terres de chaque régions, j’avais encore eu envie d’évoquer mon point de vue sur les différents Kage, mais visiblement nous étions arrivés à l’endroit convenu précédemment.
Suzurane Hakyô
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Bondissant d’arbre en arbre, le trio allait à grande vitesse vers Kawa no Kuni. Ils avaient changé de direction afin d’éviter de se faire repérer. Et ce fut apparemment un détail qui n’échappa pas au jeune Saï, qui demanda pourquoi ils n’avaient pas tué ces shinobis. Rei, comme à son habitude, resta de marbre et ne bougea pas d’un poil. Après quelques bonds, il se décida à répondre, avec toujours la même voix monotone.
─ Notre but n’est de ne pas nous faire repérer. Penses-tu qu’il vaudrait mieux tuer des shinobis sachant que d’autres viendront enquêter après ? Pas besoin de faire des victimes inutilement.
Puis ils continuèrent leur route, dans un silence paisible.
***
Après environ une heure sans encombre et sans autre détour, les trois shinobis arrivèrent à destination, du moins c’était ce qu’avait jugé le Kyoshi. Il savait que c’était dans ces environs-là, il demanda donc à Saï et Anami d’attendre quelques instants, puis il se dirigea vers ce qui semblait être la limite de la forêt. Il y resta moins d’une minute, puis il revint demander à ses deux compères de le suivre.
─ Regarde ça, Saï.
Le Monarque s’écarta, et un magnifique paysage apparut aux yeux de l’Araakoa, malgré quelques bruits étranges. Entre deux arbres, on voyait au loin des montagnes et des cascades. Des oiseaux volaient dans un ciel toujours aussi bleu, éclairé par un soleil bien présent. Bref, un spectacle naturel magnifique, qu’ils purent savourer d’en haut, car la forêt qu’ils avaient traversée donnait sur une falaise. Cependant, ce n’était pas tout. Rei s’écarta encore plus, et invita d’un geste Saï à se rapprocher du bord de la falaise.
─ Maintenant, baisse les yeux.
Puis ils baissèrent les yeux, et tout changea. En bas, la bataille entre Konoha et Suna faisait rage. Des shinobis combattaient sur un sol bruni par tous les jutsus et explosifs qui avaient dû être utilisés. Il y avait là un contraste énorme entre la beauté du paysage au loin, et le désastre d’en bas. Les bruits étranges n’étaient en réalité autre que le bruit des lames qui s’entrechoquaient. Bien entendu, ces shinobis étaient trop occupés à combattre pour se rendre compte de la présence des Nukenins qui, à une bonne vingtaine de mètres, les observaient.
─ Voilà ce que je voulais te montrer. Notre monde est magnifique, mais certains préfèrent le ravager pour n’importe quelles raisons. Ces villages shinobis qui ont voulu ramener la paix n’ont fait que créer une nouvelle forme de conflit. La guerre n’oppose plus des petits clans, mais des grandes puissances qui font encore plus de dégâts.
Le regard du Kyoshi était rempli de haine, il se reporta d’ailleurs vers les yeux de l’Araakoa. Lui qui savait plus que n’importe qui rester neutre, il avait aussi le talent d’exprimer clairement ses sentiments. Il serra le poing.
─ Regarde Kawa no Kuni, qui est dévasté alors qu’il n’a rien demandé. De nombreux innocents vont périr, et ça sera pareil pour ces animaux et ces paysages. Tout va être détruit, parce que ces villages qui disent s’être battus pour ramener la paix l’ont décidé.
Les yeux du Monarque se détournèrent du petit-fils d’Aare, pour se replonger dans l’horrible spectacle qu’il y avait en bas.
─ Ce n’est pas à eux, qui prônent la guerre sans l’avouer, qui doivent décider. Ils n’ont pas le droit de parler au nom des autres, de détruire le monde, et de tuer des innocents.
Rei ferma les yeux et tenta de se calmer, même s’il ne laissait pas paraître sa frustration. Il fit quelques pas en arrière, en concluant sans faire attention à Anami qui, elle aussi, souffrait intérieurement.
─ Nous allons changer ça. Telle sera notre Justice.
Oui, et cette Justice allait bientôt arriver.
Samaël
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Il m’avait entraîné pendant de longues minutes de marches et de courses à travers bois, clairière et sentier pour me montrer quoi ? Des montagnes à l’horizon et une bataille rangée à mes pieds. Je comprenais bien le sens de cette image mais quand même… Pourquoi me montrer quelque chose que je connaissais déjà, pourquoi me dire des mots dont j’avais déjà compris le sens depuis le début. Décidément le seul sentiment qui restait en moi à l’heure actuelle était une déception. Je m’attendais à bien plus de la part d’un ninja de sa trempe. Enfin bon, j’avais déjà accepté de le suivre, je n’allais pas revenir sur mes paroles maintenant, cela serait pris pour de la lâcheté. Cependant j’allais quand même expliquer mon point de vue par rapport à ce qui se dessinait sous mes yeux.
« Ne crois pas que je m’inquiète du sort de ces gens en bas ni des innocent qui souffrent à cause de leur querelle stupide. Je ne suis pas un saint, loin de là. Je ne me préoccupe que de ce qui est dans mon intérêt et de ce qui me paraît juste. Je souhaite la chute des villages et du système féodal actuel. Et plus que ça encore je veux briser la volonté et les membres du Sennin Kazekage Raiu no Kenji. Je tuerai n’importe quelle personne qui se dressera devant moi. Je ne me préoccupe pas de la guerre ou de la paix ce ne sont que des mots posés sur un cycle perpétuel issu de la nature des hommes. »
Je venais certainement de jeter un froid sur notre petit groupe, certainement encore plus que la guerre elle-même en contrebas, mais c’était une vérité qu’il fallait dire sinon il ne comprendrait pas du tout ma manière de pensée. Je n’œuvrais pas pour la paix moi… Je continuais donc sur ma lancée en répétant cette phrase à voix haute.
« Je n’œuvre pas pour la paix, Rei. Je laisse ça aux fous et au An’tei. Le sennin Teïchiro fait déjà assez parler de lui pour les conneries de ce genre. »
Je continuais ensuite sur autre chose, une autre quête qui me tenait à cœur quelque chose qui continue de me faire miroiter aujourd’hui même. Le sage des six chemins. Le tout premier shinobi, il est celui qui a permis le réveil des bijuus selon la légende, il est aussi celui qui a transmis aux hommes leurs dons actuels, c’était certainement un très grand homme. Il possédait un certain nombre d’objet qui faisait sa renommée, je souhaitais me les approprier.
« Quand je t’ai suivi je m’attendais à voir quelque chose issue de l’époque du Rikkudou Sennin, un vestige d’un ancien temps. Une arme, un artefact, ou pourquoi pas même, le rinnegan. Finalement tu me montres un spectacle qui me contrarie plus qu’autre chose… »
Je commençais à rebrousser chemin vers la forêt, lassé par cette vision de la guerre. Pourtant je sentais que dans l’esprit de Rei, j’aurai du m’imprégner de cette image de conflit en espérant qu’elle n’arrive plus. Malheureusement je n’étais pas de ce bois-là.
Suzurane Hakyô
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La réponse de Saï créa chez le Monarque un sentiment de déception assez grand. Mais en même temps, il fallait s’y attendre, vu ce qu’il savait déjà à son propos. Un égoïste, en somme, qui ne se rendait pas compte du sens de ses paroles. Malgré tout, le Kyoshi laissa le jeune homme parler, écoutant attentivement chaque phrase et chaque mot qu’il prononça. Puis lorsqu’il eut fini, Rei répondit, sans même le regarder. Mais contrairement à depuis ce matin, sa voix n’était plus neutre, mais d’une extrême radicalité.
─ Tu œuvreras pour le changement du monde, Saï.
Le Monarque s’arrêta de marcher. Son regard noir se tourna vers celui du petit-fils de l’ancien Kazekage. Il était maintenant temps de lui faire comprendre l’état actuel des choses.
─ Si tu veux la chute des villages, c’est surtout pour venger ton grand-père. Et ce qu’Aare a subi, le monde entier le subit. La trahison, la guerre, la mort : les nouvelles grandes puissances détruisent tout ce qu’ils veulent selon leurs désirs. Ton grand-père ne représente peut-être que la seule personne que tu veux épargner de la folie des villages cachés, mais ce n’est pas mon cas.
L’atmosphère avait clairement changé. La noirceur du regard du Monarqua était oppressante. Anami le ressentait, et nul doute que c’était pareil pour l’autre Nukenin. Le Kyoshi leva alors la main droite, et exécuta un unique mudra. Sous un nuage de fumée qui se dissipa très vite, il prit pour la première fois sa véritable apparence. Ses vrais vêtements, son vrai visage, mais un regard toujours aussi noir.
─ Moi, je veux empêcher chaque homme, chaque femme, chaque enfant de ce monde de subir ces folies. Et je vais y arriver, notamment grâce à toi. Tu n’as de toute façon pas le choix. Tu ne peux rien accomplir seul. Même si par miracle tu parvenais à tuer Raiu no Kenji, tu te ferais ensuite tuer par d’autres Sunajins. Tandis qu’avec moi, avec notre nouvelle organisation, nous allons pouvoir apporter ta justice et la mienne.
Le Monarque se rapprocha pas à pas de son interlocuteur. Il fallait lui faire comprendre que seul, il était presque insignifiant, que grâce à Rei, il pourrait atteindre ses buts. Mais en contrepartie, il devait l’aider, lui obéir.
─ Ce que tu veux faire n’est qu’une petite partie de ce que je veux faire. Alors si tu veux que je t’aide à accomplir tes objectifs, tu devras suivre mes ordres, et faire ce que moi, je veux faire.
Il marqua un temps d’arrêt, et regarda la jeune brune, dont le regard ne quittait pas le sien. Elle avait, elle, bien conscience de tout ce qui allait se jouer.
─ Enfin passons, tu te rendras rapidement compte de mes véritables intentions, et de ma puissance. Tu parlais de la légende du Rikudô, tu seras servi si tu t’intéresses à ce genre de choses.
Sur ces paroles, Rei détourna son regard de celui de Saï, puis il reprit la route en sens inverse.
Samaël
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Je suis un héritier des Uchiwa ou plutôt le dernier vestige de ce que fût autrefois le plus grand clan ayant foulé cette terre. Les seuls qui pouvaient les égaler étaient les Senjus de la forêt pourtant tous deux ont fini par voir leur famille avec la tête plantée au bout d’une pique. Je me souviendrai tous les soirs jusqu’à la fin de ma vie de cette nuit-là, celle qui précéda l’éradication du clan. J’étais assis en cercle avec les autres, chacun se préparait à la bataille du lendemain sans d’autres préoccupations. Qui aurait pu prévoir une coalition de plusieurs clans permettant de rivaliser avec la force de frappe de ces élus et du Sharingan. Durant cette bataille tous périrent, puis ce fût le tour des femmes qui furent violées puis tuées pour les plus chanceuses, certaines ont eu la torture de voir leurs enfants mourir avant elles. Au final à la fin je ne pus sauver personne. Lors de cette bataille, les gens qui m’avaient élevé au rang de ninja me demandèrent en plein milieu de cette tragédie de m’en aller, leur fils avait déjà quitté ce monde ils ne voulaient pas voir le second en faire autant avaient-ils dit. A ce moment précis, ils m’ont confié leurs espoirs. La question que je me pose encore à ce jour, c’est « l’ai-je mérité ? »
Et voilà qu’il y a maintenant cet homme qui me dit qu’il veut empêcher femme, enfant et citoyens de subirent la pression des grandes nations, qu’espère-t-il faire seul contre une armée, il croit peut être qu’à deux nous sommes en mesure de les défier ? Il rêve. Que connaissait-il des villages, que connaissait-il de mon grand-père en évoquant son nom ainsi. J’allais lui répondre. En même temps que je trouvais les mots, j’imprimais son visage dans mes pupilles.
« Tu crois tout comprendre, tout savoir, mais tu ignores tant de choses. J’ai vu jusqu’où peut aller la barbarie des hommes. J’ai vu des familles entières combattant pour l’avidité d’une seule personne. J’ai vu des hommes de ta trempe au cours de ma vie, tous souhaitaient sacrifier leurs vies au nom d’un rêve de paix, mais tout cela n’est que des contes de fées. Car même si tu y arrives, même si tu chasses la peur, cela ne durera pas. Il y aura toujours une personne, qui croira avoir inventé le système et souhaitera diriger ses semblables mais au fond il ne fera que répéter un cycle préétabli depuis des millénaires. Cela marchait déjà comme cela, cela marche comme cela et cela marchera toujours de cette manière. »
Le premier point était abordé passons au second.
« Mon grand-père avait une philosophie toute simple, la paix par les armes, si tu ne plies pas à sa volonté, il t’y pliera de force. Son but final était pacifique mais les moyens qu’il mettait à sa disposition ne l’étaient pas, quelque part il allait à l’encontre de ce que tu souhaites faire aujourd’hui. Il était l’archétype même de l’homme que je viens de décrire. Mais contrairement à toi, je n’ai pas spécialement quelque chose contre ces hommes avides de contrôle et de pouvoir. Non, en réalité, je ne sers qu’une cause à la fois si stupide et pourtant essentielle, celle qui défie la logique et la compréhension de tout un chacun et pourtant que chacun emploiera à son compte lorsque son moment sera venu, un acte déraisonné et totalement impardonnable. Un frémissement du vent suivant la courbe de la lame comme ces secondes qui défilent sur celle de ma vie. Je suis la vengeance, inflexible et infaillible. Et maintenant tu viens de t’offrir mes services, mais c’est un pacte à double tranchant, triste Sire. »
Dis-je tout en disparaissant de son regard masqué par les arbres qui m’entouraient, s’il parlait maintenant je l’entendrai encore mais plus pour longtemps, j’avais besoin d’un temps mort avant le début de cette collaboration un temps mort qui me permettrait d’étudier un peu plus attentivement les solutions et les voies qui s’ouvraient à moi. Le tout c’est que maintenant je pense qu’il avait compris à quel homme il avait à faire et que je n’étais pas aussi manipulable qu’il n’y paraissait de prime abord.
Suzurane Hakyô
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Lorsque la cible reprit la parole, Rei ne bougea pas d’un millimètre, continuant sa route. Une chose était à résumer dans tout ce qu’il avait entendu : Saï ne le croyait pas. Malgré ça, le Monarque ne sourcilla pas, et le laissa finir comme il en avait l’habitude. La guerre, la vengeance et Aare furent de nouveau évoqués, pour tenter de faire passer l’idée selon laquelle le Kyoshi n’était qu’un puissant shinobi semblable à d’autres, et dont les objectifs ne se réaliseraient pas. Lorsque son interlocuteur eut fini, Rei s’arrêta net. Anami fit aussitôt de même.
─ Il semblerait que ce ne soit pas moi qui ignore le plus de choses.
Ses yeux bleus se plongèrent dans ceux du jeune Araakoa, lors d’un court instant de silence qui se rompit aussitôt.
─ Ne t’ai-je pas dis plus tôt que tu voulais te venger ? Ne me prends surtout pas pour un menteur, ou tu ne pourras jamais accomplir ta vengeance. Je sais beaucoup de choses, même beaucoup trop. Il faudrait que tu commences à le comprendre.
Le Monarque lança un vif regard à la jeune brune, avant de se retourner vers son interlocuteur. Il fit quelques pas lents pour s’approcher de lui, tout en reprenant.
─ Je suis plus âgé que toi, alors réfléchis un peu. Crois-tu que je ne connaisse pas ce que tu as connu ? Si, j’en ai connaissance, et je connais de nombreuses choses encore, sans doute bien pires.
Rei, d’un geste du visage, désigna Anami. L’Araakoa avait sans doute besoin de temps.
─ Prends un peu de repos. Tu seras prochainement convoqué, où que tu sois. D’ici là, réfléchis à ce que je t’ai dit, et à ce que je vais te dire.
Le Kyoshi baissa la tête un instant, avant de reprendre pour conclure les préludes de sa première cible.
─ Comme je te l’ai dit, je connais ce que tu connais, et bien plus encore. J’ai également vu des hommes qui pensaient pouvoir apporter la paix avec des mots, ou des gestes insensés. Alors pendant le repos que tu prendras, réfléchis. Est-ce que tu me considères comme l’un deux ? Est-ce que tu me crois incapable de changer le monde ? Est-ce que tu penses que je n’ai aucun plan, que je n’ai jamais réfléchi à comment y arriver ?
Rei se retourna, et reprit la marche. Anami le suivit sans hésitation, adressant un regard sérieux au petit-fils de l’ancien Kazekage.
─ Puis-je vraiment changer le monde comme jamais personne ne l’a fait ? J’ai déjà la réponse à cette question. C’est à toi maintenant de la trouver.
Puis ils partirent, laissant à Saï le temps de réfléchir pour au moins quelques jours…
