J’ai vaguement l’impression qu’on m’a envoyé ici parce que j’ai commis une bêtise. Pourquoi, me dites-vous ? Tout simplement parce que ce pays froid, glacial même, n’est absolument pas accueillant. Il ne fait pas bon y vivre, comme cela aurait pu être le cas ailleurs sur la map monde. Mes pieds sont gelés, littéralement, mes lèvres sont violacées, je tremblote constamment et cela c’est sans parler des claquements de dents répétitifs. Qu’ai-je dont fait à dieu pour mériter de me retrouver au sein de ces terres abandonnées ?...

Yuki no Kuni, ou autrement dit le Pays du bonhomme hiver, s’avère être un coin du monde Shinobi totalement différent de Hai no Kuni, le Pays des Cendres, où je réside depuis une poignée de semaines. J’avais enfin finis par m’habituer à la chaleur de cet endroit volcanique et voilà qu’on me relocalise pour une durée de temps indéterminée ! Makka doit avoir quelque chose contre moi… C’est probablement ça.

Elle m’avait envoyé dans ces lieux pour une raison précise, toutefois. La dame de feu possédait des informations concernant un homme en particulier qui éveillait sa curiosité. Dénicher qu’elles étaient ses intentions s’avérait aujourd’hui être mon travail, ma mission. C’est pertinemment pour cette raison-là que je me rendis dans la première auberge que je trouvai sur mon chemin. Là où devait se trouver l’homme en question. Un méga high kick dans la porte me permis de l’ouvrir violemment pour ensuite entrer avec classe. La chaleur de la pièce vint lécher mes joues glacées. Mon regard exécuta le tour du hall.

Bonjour ma petite dame ! Je suis à la recherche de ce type-là, l’auriez-vous vu dans les parages récemment ?

Je lui tendis l’affiche sur laquelle son portait se trouvait. Un hochement de tête de la part de la femme âgée m’indiqua qu’il était passé dans le coin. Génial. Elle me refila son numéro de chambre. Encore plus génial. Dévalant les escaliers à pleine vitesse, manquant de frapper les gens au passage, j’exécutais le parcours jusqu’à finalement arriver devant ladite chambre. KABOOM ! J’explosai la porte du pied.

Ryûjisai Kôtarô, vous êtes en état d’arrestation. Vous avez le droit de garder le silence si vous ne voulez pas exercer ce droit, tout ce que vous direz pourra être (ou sera) utilisé contre vous… HUHUHUHU ! J’déconne mec, mais j’ai toujours voulu dire ça ! Plus sérieusement, c’est une amie qui m’envoie. On a bien des trucs à se raconter toi et moi…

Mon ricanement retentit dans la pièce. Mon regard couleur onyx se fixa sur le jeune homme qui se tenait devant moi. Savait-il qu’il était traqué par la femme la plus puissante de notre ère ? S’il ne le savait pas actuellement, ce serait une bien drôle de surprise !

Toujours cette neige. Cette foutue neige. Ce rideau blanchâtre qui recouvre tout de sa masse compacte et glaciale... Tu commences à te lasser de ce paysage immaculé dès que tu sors de la ville, et de revoir toute cette boue grisâtre sur le pavé lorsque tu reviens de tes quelques expéditions en pleine nature... Franchement, quitte à avoir des paysages couvert de ce magnifique manteau de froidure et de gel, autant les laisser intacts ! Ce serait un minimum. Mais non, ces idiots arrivent à détériorer le peu de neige qui arrive à se déposer sur les rues... Et te voilà obligé de patauger dans une bouillasse froide et à la couleur douteuse. Tu détestes ça. Ce matin encore tu avais voulu sortir prendre l'air... Et à peine sorti, tu t'étais retrouvé avec une espèce de boue grise collée aux chausses. Franchement, depuis plusieurs jours, tu penses partir. De toutes façons, on commence à rechercher un assassin dans Yuki, un homme qui aurait tué quelques personnes en plein jour, couvert d'une cape grise... Et tu sais bien qu'il s'agit de toi. Mais tu n'as pas eu le choix. Tu ne voulais pas vraiment tuer. Seulement, tes contrats sur ces têtes étaient tes seuls moyens de gagner un peu d'argent... Et ce pécule te sert uniquement à te loger et te nourrir. D'ailleurs, tu as prévenu la gérante de l'auberge, ton départ est pour bientôt. Mais où aller ? Tu ne sais pas vraiment, même si tu as déjà formé quelques vagues idées...

Tu restes assis sur ton lit, regardant la neige continuer à tomber à l'extérieur. Franchement, les nuits commencent à tomber rapidement... Et dire que le matin même, le soleil s'était levé après toi... Et là, il va se coucher avant toi... Tu soupires. Franchement, tu préfères encore étudier les affres météorologiques que la psychologie humaine. C'est un peu moins... Comment dire... Imprévisible ? Glauque ? Ou un peu de tout. Encore une fois, te voilà plongé dans tes pensées... Jusqu'à ce qu'une détonation te sorte de cet isolement mental. Tu tournes la tête, les yeux exorbités, prêt à sortir ton arme pour défendre ta vie une fois encore... Toi, en état d'arrestation ? Alors ils t'ont retrouvé ? Et mer... Oh, putain. qu'est-ce que c'est que cette vanne de mauvais goût ? Tu secoues la tête avant de fermer les yeux un court instant, finissant par te lever. Tu attrapes ta veste, posée sur une chaise, oubliée dans un coin de la pièce quasiment vide, avant de sortir, lâchant quelques mots en passant à côté de l'arrivante.

Si tu tiens vraiment à parler, je préfèrerais éviter de rester ici. Vu ton arrivée... Remarquée, les murs risquent d'obtenir des oreilles dans les minutes à venir. Et je doute que tu veuilles divulguer tout ce que tu as à me dire à toutes les personnes de cette auberge...

Ceci fait, tu prends les escaliers avant de retourner dans la salle principale où brûle un feu de bois. Tu sors alors, retrouvant la froideur hivernale et les flocons des neige se laissant lascivement tomber sur la ville. D'un geste ample, tu remets ta veste, couvrant ton simple T-shirt légèrement mité, avant de réajuster tes lunettes noires. Pourquoi donc cette femme est-elle là ? Et pourquoi a-t-elle à ce point besoin de te parler ? Tu te remémores tes derniers faits. Tu n'as rien fait pour attirer le courroux d'un employeur. Et tu ne penses pas avoir d'ennemis potables parmi les familles des pauvres hères que tu as assassiné récemment. Alors quoi ? Qu'elle vienne t'expliquer, merde à la fin !

Et VLAN, dans la gueule ! Le gaillard plutôt costaud que je venais d’interpeler se fraya un chemin, m’évitant presque totalement, ignorant mes paroles. Que… Quoi ? Que venait-il de se passer ?... Eh puis merde. Le Shinobi en question que je venais chercher pour la Déesse Makka m’indiqua que mon entrée fracassante avait quelque peu attiré l’attention des autres résidents de l’hôtel et qu’il valait mieux pour nous sortir pour aller discuter ailleurs. Et ce « ailleurs » était, selon lui, à l’extérieur sous cette satanée neige glaciale.

Bon sang ! Je ne viens qu’à peine de me débarrasser de ce froid hivernal qu’il faut déjà que j’y retourne… Oh mon Dieu, pourquoiiiii ? Râlant derrière, je suivais à pas feutrés l’individu en question, renvoyant mon foulard que je m’étais empressé d’enlever derrière mon épaule. La tête basse, je bravai la température, un air piteux tracé sur le visage.

Rah… T’es content là ? Moi qui croyait qu’on allait pouvoir s’installer au creux d’un fauteuil une tasse de thé à la main pour discuter de toutes ces histoires bien tranquillement… Je dois avouer que je suis déçue. T’es un grand sadique toi, héhé.

Mon regard se pose sur lui pendant quelques instants, analysant sa réaction avec attention. Cet homme avait, apparemment, un potentiel certain. C’est du moins ce qu’en disait la boss de l’organisation durant les quelques heures précédant mon départ de Hai no Kuni.

Ne t’inquiètes pas, je ne suis pas ici pour te croquer. Ce n’est pas vraiment dans mes habitudes… En tout cas ! Tu dois déjà avoir compris pour qui je bosse, n’est-ce pas ? Elle a déniché quelques informations pertinentes te concernant… Mercenaire de renommée ayant travaillé pour un bon nombre d’employeurs affilés à elle aujourd’hui. Tu devrais faire attention aux endroits où se retrouve ton nom mec !

Ma main tapa amicalement son épaule droite. Oui, en effet, il m’arrivait parfois d’être légèrement trop familière avec des personnes que je ne connais qu’à peine… C’est un de mes défauts, dirons-nous. M’enfin, quand cela ne tourne pas en baston, ce n’est pas trop mal ! Sauf qu’à tous les coups la situation est imprévisible et que la majorité du temps le type d’en face n’apprécie pas beaucoup… Bref, passons !

Ah ouais, au fait, on m’appelle Kasu la Traque… La Traqueuse, Stalker lady, etc. C’est comme tu veux. Bon, pour en revenir avec cette histoire, elle aimerait bien que tu rejoignes ses rangs, son armée quoi. C’est pas le boulot qui manque sous son aile, ça c’est moi qui te le dit !

Un clin d’œil dans sa direction, puis un mince sourire s’étira sur mes lèvres rosées. Qu’allait répondre ce costaud jeune homme ?

Une tasse de thé ? Un fauteuil confortable ? La chaleur d'un bon feu ? Ah, elle aurait voulu tout ça ? Eh ben elle avait qu'à entrer plus discrètement. Ouais. T'es sadique ? Ouais, sans doutes. T'façons t'es pas venu pour être là. Ni même pour être gentil. De toutes façons, tu n'es pas comme elle. Ton sang, ton instinct te le rappellent à l'unisson. Tu sens ce frisson au fond de toi. Ce début de grondement qui monte dans tes tripes. Tu sens tes quelques gouttes de sang félin refaire surface. Tu frissonnes durant un dixième de seconde, réprimant ton instinct tueur avant de jeter un oeil à la demoiselle blonde. Elle a l'air d'en savoir un peu sur toi. Enfin, plutôt sa maîtresse. Mais à la voir, tu as rapidement compris de qui il s'agit. Tu n'es pas idiot. Mais franchement, tu ne t'attendais pas vraiment à ça... Toi qui travaillais pour survivre, tu n'avais pas vraiment le choix de l'emploi, étant donné que tes seules capacités étaient basées sur le meurtre et le combat... Alors, dans un sens, oui, il est normal que tu te retrouves là aujourd'hui... Mais... Makka. Celle qui a fait trembler les villages shinobis. Elle te propose de rejoindre ses rangs... Tu croises les bras et tu réfléchis pendant quelques minutes. Et tu en profites pour la laisser se geler. Ouais, comme elle l'a si bien dit, tu fais ton sadique en cet instant même.

• Il faut bien un brin de sadisme. Un assassinat perd de sa dimension quand la victime meurt vite et proprement. Le mieux est de la laisser agoniser lentement, et souffrir. Et puis, si tu voulais un peu de confort, tu pouvais aussi te faire plus discrète en arrivant.

Tu as parlé sans animosité. Tu voulais juste lui préciser le fond de ta pensée. Non, et puis t'as sérieusement pas envie de te faire remarquer en déclenchant une bagarre. Surtout que t'es pas coupé de toute notion de bon sens. Tu as bien remarqué que vos niveaux de puissance se valent dans l'ensemble, mais elle t'es supérieure malgré tout. Et tu n'as pas envie de risquer ta peau maintenant. Tu as déjà des chasseurs de tête à tes trousses dans ce pays enneigé. Pas besoin de te la mettre à dos en plus. Seulement, ta réponse ne va peut être pas lui plaire...

• Hum. Pour ce qui est de ta proposition... Je ne sais pas. Qu'aurais-je à y gagner ? De toutes façons, je travaille en solitaire. On intègre pas un loup solitaire à une meute en un claquement de doigts. Et puis, ma vie me convient totalement. Je n'ai pas besoin de me faire dicter des ordres. Par qui que ce soit.

Tu reprends le silence, observant quelques flocons de neige tomber. Tu ne sais pas encore comment va s'amorcer toute cette histoire... Mais tu sais une chose, que tu finisses par faire l'un ou l'autre des choix qui te sont présentés, les choses ne seront plus les mêmes pour toi. Etre traqué par la femme la plus dangereuse de ce monde, ou te rallier à elle ? Choix difficile. Mais il faudra pourtant te décider...