Le rassemblement devant la place était très impressionnant, tout le village ne devait pas y être, mais une bonne partie pour sûr. Les gens continuaient de parler, toujours avec plus ou moins d'intérêt dans leurs propos. Mais Kusanagi fit taire toutes les jérémiades en mettant un terme à la conférence qu'elle avait entamé. Elle remercia la foule, félicita son village puis tournant les talons, elle se dirigea vers les portes du palais sous les applaudissements chaleureux et les cris de joie des personnes présentes sur cette grande place. Je fis donc la même chose que la plupart des gens de la foule, je me remis dans ma chaise longue, les coudes sur mes genoux en regardant le ciel. Je m’apprêtais à m'allonger de tout mon long dans le siège lorsqu'un pigeon bleuté se posa sur le balcon...

Qu'est-ce que c'était que cela ? Il me fixait du regard, si tentait qu'il voyait vraiment... Je vis alors qu'il avait un petit papier accroché à la patte. Je ne bougeais pas, me contentant d'observer mon observateur. Ce message avait l'air de m'être destiné et le pigeon s'agita, comme pour me faire bouger. Il se mit à battre des ailes sur place et je me relevai donc pour aller chercher le message. Il se laissa saisir, le froid s'empara de mes doigts... Jusqu'à ce que je décroche le message, à ce moment là, le pigeon éclata en plusieurs morceaux de glaces qui commencèrent à fondre aussitôt.
Je déroulai le petit bout de papier et pris connaissance du message. Ainsi donc la grande Justicière de Suna requérait ma présence dans son bureau.

Je mis alors le message dans une poubelle et sorti de mon appartement en direction du palais, quelques mètres derrière la place. Il me fallut quelques dizaines de secondes pour franchir les portes du bâtiments et entamer l'ascension de l'escalier pour me rendre au septième étage... Très bon choix. Il fallut encore une petite poignée de pas pour me trouver devant la pièce. Je levai l'avant bras et cognai délicatement le bout de l'index contre le bois de la porte. A peine eus-je toqué que la voix de Kusanagi retentit et m'invita à entrer. Je poussais alors lentement la porte et pénétrai ce joli bureau. Laissant la porte se refermer derrière moi sans claquer, je toisai un instant celle qui m'avait fait venir puis prit un petit temps pour observer les alentours. Une pièce agréable, lumineuse, sans trop de fioritures inutiles...

C'est donc elle qui entama la discussion, logiquement. Mes yeux se reposèrent sur Kusanagi, l'écoutant attentivement. Elle se leva et vint devant moi, pourquoi ? Pour m'inviter à m’asseoir... Elle aurait pu tout aussi bien rester assise et me dire de m'installer sur un fauteuil, mais bon. Quoi qu'il en était, je ne répondis pas à ses deux premières questions. Elles étaient tellement rhétorique qu'elles n'avaient pas besoin de répondre, Kusanagi connaissait très bien mon identité et savait que si j'étais là, ce n'était pas par curiosité mais par demande de sa part. J'écoutais ses nouvelles paroles puis la regardai s'asseoir, faisant de même de mon côté avant de lui répondre. Je retirais mes lunettes que j'avais oublié sur mon nez pour les mettre dans leur étui. Détendu, je posai les coudes sur les accoudoirs et vint joindre les extrémités de mes doigts entre elles, ouvrant lentement la bouche pour lui répondre.

† La curiosité n'a rien d'un défaut... Elle est juste très souvent porteuse de préjudices. Mes croyances ? Une croyance est une chose que l'on pense vrai, n'est-il pas ? Dans mon cas, je n'ai pas de doute quant à la véracité de mes propos, pour être plus clair, mon père organique est un membre de l'honorable clan Dentô de Kumo, mais mon père spirituel est bien plus qu'un simple humain...

Je n'avais pas envie de divaguer et de parler de moi pendant longtemps, je mis donc un terme à ces ''croyances'' et continua, ne lâchant pas Kusanagi des yeux.

† Ces écrits sont de moi, en quelque sorte, je rêve, je pense... Mon père spirituel parle à travers moi et ces paroles se retrouvent sur le papier, dans un livre.

Je parlais beaucoup trop et cela commençait à être pesant, je fis donc une réponse rapide mais complète pour sa dernière question.

† Pourquoi je suis ici... La réponse est simple mais tellement difficile à comprendre... Mon père a parlé et j'ai suivis. Mais si je suis ici, dans ce bureau, c'est sûr demande, donc venons en au fait.

Oui, je n'aimais pas parler de moi et si j'avais été convoqué par Kusanagi Nishimura, ce n'était certainement pas pour échanger nos histoires autour d'un bureau...