Voici maintenant plus de quarante huit heures que le jeune garçon aux cheveux blancs avait été fait prisonnier par les shinobis d’Iwa. Il regrettait d’avoir manqué d’attention lors de sa fuite, il s’était laissé déstabiliser par un énergumène et n’avait pas vu l’attaque suiton qui arrivait dans son angle mort. Cela lui avait valu une blessure superficielle à l’épaule mais surtout une perte de concentration qui avait mené à sa chute fatale jusque dans les bras du Golem de pierre. Une technique d’entrave de haut niveau, dont il valait mieux se méfier. Ce que n’avait pas assez fait le jeune garçon. Et maintenant, il en payait le prix.

Il s’était fait transporter sous bonne garde avec un collier d’explosif accroché autour du coup. Ainsi donc, le borgne maîtrisait l’art des explosions. Hiko ne paniqua pas, il savait que s’il ne faisait pas de vagues, il ne serait pas amoché plus que cela. Voici ce qu’apportait l’expérience, le fait de pouvoir garder son sang froid. Il fut donc amener jusqu’à la Capitale, et conduit jusqu’en prison.

***

Enchaîné depuis maintenant deux jours, le jeune garçon attendait silencieusement qu’on vienne l’interroger ou lui proposer un marché. Il avait combattu lors de la Grande Guerre, du coup de la Rébellion et avait donc cet avantage. Cependant, depuis la création des trois villages ninjas, il avait nourri une certaine haine envers ces derniers qui reproduisaient clairement le principe de l’Empire. Ce fut ainsi la raison pour laquelle il s’était éloigné de toutes ces organisations pour bâtir sa propre voie.

Mais tout ceci l’avait mené dans cette cellule entourée de pain d’argile. Hiko devina rapidement qu’il devait s’agir de pains explosifs prêts à sauter au moindre faux pas. Cela le fit sourire, ils ne prenaient vraiment aucun risque et c’était intéressant à constater. Il était privé de son chakra par des entraves qui lui bloquaient l’accès à ce dernier, et il n’avait pas mangé depuis un moment et commençait vraiment à être affamé. Cependant il savait comment cela se passait, il ne fallait pas montrer de signe de faiblesse et ce fut donc la raison pour laquelle il ne quémanda rien aux gardes qui se relayaient pour le surveiller.

Il devait s’attendre à des représailles, il avait tué l’un des Jônin de ce village caché, il serait donc surprenant qu’ils restent sans rien faire. Tout ce qu’il espérait, c’était échapper à la peine capitale. Mais avant de se monter la tête, il devait encore attendre un petit moment… Il devait attendre jusqu’à ce qu’une personne ayant les habilitations nécessaires se fasse connaître à lui.

Et ce ne fut pas bien long. Car bien rapidement un homme blond entra dans sa cellule. Il était aussi fin qu’une brindille et sentait le tabac à plein nez… Autant vous dire qu’il n’était pas très beau à voir. Mais ce qui fit frisonner le jeune garçon, c’était surtout cet air qu’il avait sur le visage. Lui, il n’était pas ici pour rigoler et Hiko allait sûrement se rendre compte qu’il était dans de plus sales draps que prévu. Mais bon, il préféra montrer sa volonté d’avoir une discussion franche et constructive en prenant l’initiative.

- Sairyo Hiko, enchanté monsieur…

Il reprenait ses habitudes à faire l’enfant innocent… Mais là, ça risquait de ne pas suffire.

Parfois, je me demande pourquoi je me démène autant pour Iwa. Essayer de faire grandir la Citadelle dans le but d’assurer la sécurité de ses habitants et de ceux du pays de la Terre n’était pas une mince affaire. Cela demandait du temps, de la rigueur, du travail et de la discipline, mais plus que tout, cela demandait des compétences… Compétences que je me rendais compte que personne dans cette foutue cité ne semblait vouloir exploiter. C’était pourtant pas compliqué de devoir neutraliser un sale gosse qui pensait jouer les malins en faisant une alerte à la bombe.

Du moins, c’est ce que j’aurais aimé dire. En effet, le cas était un peu plus complexe qu’un sale gosse qui voulait faire son intéressant, même si à mes yeux, cela pouvait se résumer à ça. Ce « Petit Con », comme j’aimais à l’appeler en l’absence d’un nom à lui donner, avait réussi à malgré tout tuer un Jônin avec une méthode opératoire aussi simple qu’efficace. Certes, le gars qu’il avait tué pouvait être un incompétent qui a su jouer de ses relations pour monter en grade, mais pas au point de se laisser avoir par des coups classiques. Non, le gamin avait de l’expérience au combat, et des talents à revendre.

Ce qui m’amenait à une autre observation alors que je marchais dans les couloirs donnant vers les nombreuses cellules de notre prison. Il s’était fait capturer beaucoup trop facilement. Ne prenez pas à mal ce que je dis, cela arrive à tous de se faire surprendre (la preuve, le glandu que Petit Con a choppé en est un parfait exemple), mais il n’y avait pas non plus de tentative désespérée pour s’échapper, pas de dernier effort, rien. Soit ce gamin était un habitué de ce genre de situation et il attendait juste quelque chose qu’on lui offre, soit… Il y avait quelque chose derrière.

Enfin bref, toute cette réflexion serait mise en œuvre directement. Mes pas m’avaient enfin guidé en face du dit gamin qui avait foutu un tel bordel. Les cheveux blancs et yeux bleus, le corps chétifs en apparence caché derrière ses vêtements amples, et une tête qui ressemblait plus à celle d’un sale gosse s’étant fait choppé à piquer dans le pot à cookies plutôt que d’avoir joué les lanceurs d’alerte. De quoi me donner encore plus envie de lui éclater sa petite tête… Mais bon, laissons cela pour plus tard, il faut faire durer les plaisir. Saluant les gardes sur le côté, j’entrais à mon tour dans la cellule et pris place sur la chaise en face de lui, un table nous séparant. Ignorant ses salutations, je m’allumais une clope, l’air blasé qui me caractérisait temps, et pris une première bouffée avant de prendre parole.

« - Évites de me mentir, gamin. Je n’aime pas quand les sales gosses pensent qu’ils ne vont pas se faire frapper dans la bouche juste parce qu’ils sont jeune. Et crois-moi, tu risques de ne pas t’en sortir qu’avec une dent cassée pour le coup… »

Le sous-estimer ? Du tout. J’avais pleinement conscience de ses capacités de par les rapports et mes propres déductions personnelles que j’avais sur lui. Dons de sensorialité pour repérer les gardes et se camoufler pour que les traqueurs ne l’aient pas repérés jusque-là, talents en Ninjutsu pour utiliser du Futon, du Suiton, et une matière visqueuse n’appartenant pas aux affinités classiques, sans oublier des compétences au corps-à-corps pour réussir à faire une frappe rapide à un Jônin expérimenter et fuir un temps ses traqueurs. Autrement dit, il avait un niveau de combat pouvant se rapprocher du miens. Rapprocher est le mot à retenir, car je sentais bien l'écart au niveau d’un aspect simple.

« - Enfin, je suppose que des présentations sont de mise. Bakushô Kazuya, chef des Sentinelles, Bras droit du Tsuchikage, et ton futur bourreau si jamais tu te fous de ma gueule plus longtemps. Pour le moment, rien à battre de ton nom, je vais me contenter de t’appeler « Petit con », parce que tes actions aujourd’hui ne peuvent que venir d’un gars qui a certains problèmes d’un point de vue neuronal. Je te déconseille de faire pareil au niveau du sobriquet, sinon je prendrais les devants pour te montrer que le collier autour de ton cou n’est pas là pour faire jolie. »

La voix roque sortant de ma bouche était simple et posée, comme si je ne venais d’expliquer les modalités d’un contrat qu’il allait signer, si ce n’était son arrêt de mort selon comment il réagirait. Peut-être qu’il commencerait à un peu plus se chier dessus, ou alors ne serait-il pas impressionné. Qu’importe, dans tous les cas, cela me donnerait du matériel pour l’analyser et tirer quelque chose de cet interrogatoire. Tirant une nouvelle fois sur le tube de nicotine entre mes lèvres, le regard toujours caché par mes lunettes de soleil, je repris.

« - Je suppose que tu sais pourquoi tu es là et également qu’il est hors de question que tu sortes d’Iwa comme tu y es venu. J’ai compris que tu as réussi à passer nos traqueurs dans le pays pour aller jusqu’au pays de la Terre et que tu t’es opposé à nos forces qui ont tenté de te neutraliser. Tenter est le mot, car bien qu’ils aient réussi, je doutes que ce soit par un simple enchaînement de coup de cul pour arriver à ce résultat, donc je pense bien qu’il y ait une raison derrière ça planqué dans ta tête de Petit Con. Ma question est donc la suivante… »

Je me penchai alors un peu plus sur lui, le fixant dans les yeux alors que lui ne pouvait voir que son reflet dans mes verres, et lui posait la question qui, s’il n’était pas le demeuré qu’il faisait croire, lui paraîtrait évidente.

« - Pourquoi ? »

Comme prévu, il n’était pas venu ici pour rigoler. Hiko avait eu une bonne intuition, et il voulait faire justement bonne impression. Ce n’était pas la première fois qu’il était retenu prisonnier. Autant vous dire qu’il en avait passé de sales quarts d’heure à jouer au plus malin avec son tortionnaire. Mais comme on dit, les erreurs forgent le caractère, et surtout servent à ne plus commettre les mêmes. Hiko savait qu’il avait une carte à jouer lors de cette entrevue, il ne savait juste pas encore laquelle. Alors d’ici à ce qu’il le découvre, il fallait rester prudent.

Pour commencer, et avant même de se donner le temps de se présenter, le blondinet commença par poser les règles du jeu. Il ne voulait pas de mensonges, et se déclarait être prêt à le tabasser jusqu’à en saigner des mains si les réponses ne lui plaisaient pas. Pour cela, Hiko voulait bien le croire. Il n’avait pas l’air du genre à plaisanter et le titiller comme aurait pu le faire d’autres nukenins dans une vie passée, n’apporterait rien de bon à sa situation. Conscient de cela, Hiko sourit et répondit simplement.

- Je comprends, il n’y aura pas de soucis de ce côté là chef.

Lui rappeler que c’était lui le patron était une chose faite délibérément, pour prouver sa bonne foi à son interlocuteur et surtout lui signifier qu’il n’essaierait pas de jouer au plus malin avec lui aujourd’hui… Car il était clairement en situation désavantagée. Puis, l’homme reprit la parole et se présenta enfin. Oublions les titres pompeux dont il se couronnait tout seul, cela n’avait aucun impact aux yeux du jeune garçon. Seules deux informations retinrent son attention. La première était qu’il était de la famille des Bakushô. Ainsi, il maîtrisait l’argile et les explosions… N’y avait-il que ça dans ce village caché ? Déjà le blond de la dernière fois, ensuite lui… Ils étaient décidément bien implantés ceux là.

La seconde information était qu’il occupait la fonction de second du Tsuchikage. Décidément, pas vraiment un rigolo celui là. Hiko se demanda alors pourquoi une personne d’un rang aussi haut venait à sa rencontre alors qu’ils devaient sûrement avoir des tas de shinobis capables de mener un interrogatoire. Et alors que le bras droit profanait une énième menace que l’enfant n’écouta pas car il était plongé dans ses pensées, le Sairyo se dit qu’il avait vraiment une carte à jouer dans cette conversation, il allait donc rester le plus calme possible afin de lui livrer les réponses qu’il attendait.

Vint ensuite la partie la plus intéressante de ce début d’échange. Il avait bien noté les capacités de l’enfants à mettre en déroute les différents avant-postes et les cita sûrement juste pour la forme. Cependant il déclara ensuite que les attaques des shinobis présents au temple de Gobi n’auraient jamais dû le mettre en déroute aussi facilement. Cette remarque fit sourire le jeune garçon. Il était vrai qu’il n’avait pas vraiment fait tous les efforts possibles afin de se sortir de ce guêpier mais il ne s’était pas attendu à ce que quelqu’un vienne lui poser la question. Qui plus est, un homme qui avait affirmé que le mensonge n’était pas la solution à ces problèmes et qu’il valait mieux que notre petit héros soit sincère s’il ne voulait pas finir édenté jusqu’à la fin de ses jours.

Réduisant un peu son sourire, le Sairyo regarda alors le Bakushô qui tirait sur sa clope, avant de lui répondre calmement, avec toute la bienveillance d’un garçon de son âge.

- Alors commençons par le début… Je suis venu au Temple de Gobi car je m’intéresse vaguement aux mythes que sont les démons à queues. On m’a raconté que des créatures mythiques peuplaient autrefois le Yuukan et je voulais simplement en savoir plus à leurs sujets. N’ayant rien d’autres à faire en ce moment, et me trouvant à la frontière d’Iwa, je m’étais dit que c’était alors la bonne occasion.

Il omit bien sûr le fait que la raison pour laquelle il était venu en premier était le parchemin d’invocation inversée qu’il avait consulté quelques heures auparavant à la bibliothèque de la Capitale. Mais au moins, il n’avait pas menti, l’homme ne pourrait donc pas lui en vouloir. Hiko savait comment fonctionnait la sensorialité, en étant maître, il en connaissait aussi les limites.

- Pour ce qui est de votre collègue… Je suis sincèrement navré, je n’aime pas donner la mort sans raison. Mais je ne voyais aucune solution pour m’en tirer si je ne faisais pas un peu d’intimidation… Pas vraiment une réussite apparemment ah ah ah !

Rigolant brièvement, on sentait bien que le Sairyo n’éprouvait aucun remord. Il avait expliqué son geste, et cela n’avait juste pas eu l’effet escompté.

- Et concernant la tentative des autres… Je vous avoue avoir été distrait par l’un de vos shinobis, puis percuté par une attaque. Je ne vous cache pas qu’il aurait été possible de m’en sortir, mais ce ne serait pas un cadavre que vous compteriez aujourd’hui… Mais une demi-douzaine.

Sans prétention aucune, l’enfant aux cheveux blancs regardait toujours le fumeur dans les yeux. Et alors, avant même que ce dernier ne puisse répliquer, il continua à parler.

- Je n’avais pas envie d’avoir toute une puissance shinobi sur mon dos, j’ai donc préféré jouer la carte de la capture. Mais je vous assure que ce n’était pas du tout prévu, et que je n’ai jamais eu l’intention d’infiltrer votre Village Caché.

Sur ce point, le dénommé Kazuya pouvait ressentir toute la sincérité du jeune garçon. Il s’était expliqué, maintenant quelle serait la suite ? Il ne voulait pas reprendre la main, et laissait volontiers l’initiative à son interlocuteur qui pourra alors asseoir un peu plus sa domination supposée sur cet entretien.

Calme, beaucoup trop calme. Il m’est arrivé quelques fois de me confronter à différents caractères au fur et à mesure que j’accomplissais des missions de haut rang pour Iwa. Cela pouvait passer du pauvre paysan qui pensait ne pas être mêlé à ce genre d’histoire au chef d’une organisation qui se pensait dur. Ce qu’ils avaient tous en commun ? Une appréhension de ce qui se passerait dans un vrai interrogatoire, car bien que des histoires nous donne l’idée de ce qui pourrait se passer, à moins d’en avoir vécu un on ne saurait comment réagir. Lui ? Pas un battement de cil, pas une hésitation. Je ne dirais pas que c’est un dur, loin de là… Mais il a du vécu, ce qui n’est pas pour arranger mon affaire.

Il continua ainsi en présentant son cas, la raison pour laquelle il était venu au temple à Tsuchi. Il était intéressé par le folklore du Yuukan, les Bijûs ? Difficile à croire, mais il ne semblait pas mentir pour le coup. Cependant, quelqu’un d’aussi entrainé ne devait pas être venu pour simplement du tourisme. Un simple gamin aurait envie d’apprendre des histoires, je ne le cache pas, mais il y avait un défaut à sa théorie. Si c’était simplement du tourisme : pourquoi avoir tenté le coup de l’attaque à la bombe ? Je ne pouvais pas lui reprocher d’avoir résisté, car moi-même j’aurais frappé quiconque voulait m’arrêter sans raison, mais aller au point de causer une panique ? Non, il y avait autre chose derrière.

Vint ensuite le moment où il raconta son arrestation, et aussi celui où ma patience commençait à atteindre sa limite. Non content de raconter la mort d’un de nos soldats de ses mains, il le faisait comme s’il s’agissait d’une blague. Rajoutant à cela qu’il s’amusait à dire qu’il aurait tué le reste du groupe aussi aisément, voilà qui me disait long sur lui. Un arrogant petit con. On m’a attribué ce nom une fois, et je leur aurais donné raison aujourd’hui, mais il y avait malgré tout une différence, un point que je tiens à tracer pour ne pas m’associer à lui.
Il termina alors son argumentaire sur sa non-envie de se retrouver avec tout Iwa sur le dos, honnêteté une nouvelle fois. Sur ce point, facile à comprendre. Du fait de ses talents, je comprenais qu’il n’avait pas d’arsenal pour de la destruction de masse, donc répondre à un groupe d’assaillant serait difficile, non. C’est un assassin, un marcheur de l’ombre qui attend pour frapper… Alors considérons-le comme tel. Me levant, je fis le tour de la pièce, marchant lentement en jetant le mégot de ma clope dans un coin de la pièce,

« - Je vois effectivement que tu m’as dit la vérité, chose que je ne peux que féliciter. Après tout, rares sont les gens capable de tenir la pression d’un interrogatoire et de se comporter comme un gamin qui se fait convoquer chez le directeur de son école. Cependant… »

Sur ce dernier mot, me trouvant dans son dos, j’attrapai d’un geste rapide son majeur et index droit dans ma main, avant de faire ce qu’il a pu deviner. D’un craquement, ses doigts furent pliés en deux vers l’arrière, cassés par mon action. Dans l’élan qui suivi, j’attrapai son crane que je plaquai contre la table, pas suffisamment fort pour le blesser, mais suffisamment solide pour l’empêcher de se redresser.

« - … Aussi incompétent qu’était l’homme que tu as tué, il restait avant tout un soldat d’Iwa, un mari et père de famille. Nous sommes tous les deux des tueurs, oui, mais moi je mesure les actes à leur juste valeur, pas comme un simple jeu. La prochaine fois que je t’entends manquer de respect à mes hommes… Tu n’auras pas l’utilité d’un plâtre pour ton bras. Est-ce bien clair ? »

Je ne savais pas s’il allait se montrer un poil plus sérieux et moins comme celui pour lequel il se faisait passer : un enfant. Il en avait l’apparence, il en avait la voix, il en avait l’attitude… Mais il n’en était pas un, donc je n’allais pas le traiter comme tel. Relâchant son crâne une fois qu’il compris la situation, je me remis à ma place pour être à nouveau en face de lui, conservant mon air étrangement calme pour l’heure.

« - Bien. Maintenant, reparlons de ton escale du temple. Alors comme ça, c’était du tourisme, hmm ? Tu serais donc capable de me raconter tout ce que tu sais sur cette créature idolâtrée au temple, hein ? Un peu comme en classe découverte ? »

Quelques secondes s’écoulant le temps de laisser bien accentuer à quel point j’en avais rien à foutre de cette histoire, je repris.

« - Et maintenant qu’on a fini nos conneries, il est temps que tu me dises Toute la vérité. Tu ne m’as pas menti, certes, mais ton histoire ne fait pas de sens. Ton nom n’apparait pas dans notre Bingo Book actuellement, donc il n’y a pas de raison de cacher ton identité. Résister à l’intervention des gardes, oui. Causer une panique en lançant une alerte à la bombe pour t’assurer la fuite… Tu ne voulais pas seulement éviter la capture, tu ne voulais pas qu’on sache que tu es allé au temple de Gobi. Alors voici ma nouvelle question : Qu’es-tu venu faire dans ce temple ? »

Quand on pensait Bakushô, les gens avaient surtout en tête l’image des brutes épaisses qui ne pensaient qu’à faire sauter tout ce qui bouge. Pas de bol sur lui, il est tombé sur l’exception à la règle… Pour qu’il vienne dans cet endroit particulier, je me doutais qu’il y avait quelque chose à cacher derrière. Mais bon, il y avait d’autres questions qui me taraudaient aussi l’esprit, mais je voulais cette réponse pour une raison simple : si jamais il bossait pour quelqu’un, savoir l’objet de leur convoitise permet de réduire la liste des suspects. Raisonnement inversé, difficile, mais pas impossible.

« - Ensuite, je vais poser mes questions en rafale, donc t’as intérêt à suivre. Par quelle frontière d’Iwa tu es arrivé, par rapport à quel pays ? Quelle est la matière visqueuse que tu as utilisée pour immobiliser le garde ? Qui est le garde qui a cru que c’était une bonne idée de te faire la causette ? Et en dernier… Est-ce que c’est quelqu’un qui t’envoie, et si oui, qui ? »

L’entrevue se passait relativement bien pour le moment. Hiko fournissait les réponses aux interrogations du Bakushô et ce dernier se taisait en écoutant. Nul doute qu’il n’en était pas à son premier interrogatoire, il avait de l’expérience. Il savait exactement quand laisser durer le silence, et quand le rompre. Son expression corporelle était quasiment indéchiffrable, et il absorbait toutes les informations, tous les messages corporel ou oral que pouvait lui fournir le jeune Sairyo. En bref, Kazuya semblait être un pro en termes d’interrogatoire, et sa venue ici s’expliquait maintenant beaucoup plus facilement.

Dans un premier temps, il félicita l’enfant tout en lui assénant une petite pique dont il semblait avoir le secret. Il s’était levé de sa chaise, et avait commencé à faire le tour de la pièce avant de balancer son mégot de cigarette dans un coin de celle-ci. Pas très écologique, vous en conviendrez. Hiko sentait une petite pression mais ne bougea pas lorsque l’homme se retrouva derrière lui. Il était à sa merci, et il savait qu’il en paierait sûrement le prix à un moment ou à un autre. Mais cela arriva plus rapidement qu’il ne le pensait car Kazuya lui prit deux doigts et les retourna d’un mouvement habile et puissant. Sans qu’il ne puisse rien faire, deux de ses doigts vinrent craquer de façon sonore et très douloureuse.

- Gaaaaah… !!

L’enfant ne put réprimer un hurlement de douleur. Bien qu’il fut habitué à la douleur lors de ses entraînements et de sa vie passée, il n’en restait pas moins sensible à cette dernière. Et voir deux de ses doigts se faire retourner de la sorte était loin d’être une partie de plaisir, vous pouvez me croire.

L’esprit embrumé par la douleur et le souffle court, Hiko prit quelques secondes à reprendre ses esprits. Il sentait monter en lui une petite nausée qu’il refoula rapidement, malgré le fait que son teint venait de se rapprocher dangereusement de la couleur de ses cheveux. S’il ne faisait pas attention, il s’en sortirait avec bien plus que deux doigts cassés, comme venait de lui rappeler le Bakushô.

- Le message est bien passé…

Maintenant que les choses étaient bien claires, Kazuya rentra dans le vif du sujet en affirmant qu’il ne croyait aucunement aux balivernes que lui avait sorties le jeune garçon manieur de chewing-gum. Il pensait qu’il était ici dans un but bien différent que celui de s’informer sur les démons à queues. Cela surprit l’enfant aux cheveux blancs, mais il n’en laissa rien paraître. Pour cacher ce qu’il pensait réellement, il accentuait sa réaction à la douleur, bien que vraiment présente. C’était ce qu’il avait appris de son expérience, lorsqu’on pouvait se cacher derrière quelque chose, il ne fallait pas hésiter, cela donnait une longueur d’avance. Mais là, il ne voulait pas jouer au plus malin, car son intuition lui disait que rien ne ferait plus plaisir au Kazuya que de le torturer toute la journée.

- Je vais vous raconter mon histoire depuis le début… Pour que vous ayez une idée claire de mes motivations, et ce qui m’a poussé à venir jusqu’à ce temple…

Prenant une légère inspiration, l’enfant aux cheveux blancs commença alors son récit…

- J’ai participé à la guerre dès mon plus jeune âge. N’étant pas affecté à un pays en particulier, j’ai parcouru de nombreux fronts pour apporter mon aide à la Résistance face à l’Empire. Voguant de fronts en fronts, j’ai eu l’occasion de voir toute l’atrocité des humains, jusqu’où certaines personnes pouvaient aller. Et ce, que ce soient les impériaux, comme les résistants. La guerre a perverti notre monde, et à mes yeux, a aussi perverti bon nombre d’humains.

Marquant une légère pause, Hiko hésita à jouer la carte de l’enfant effarouché, mais il savait que cela ne prendrait pas avec Kazuya, il préféra donc rester sur le même ton.

- C’est donc la raison pour laquelle je n’ai rejoint aucune puissance de village caché lors de leurs créations. J’ai préféré voguer à mes occupations, en vivant en retrait de ce monde perverti. Par la suite, j’ai passé beaucoup de temps à parcourir le Yuukan, à la découverte d’un monde que je ne connaissais alors que grâce à la guerre. Puis j’ai entendu parler de rumeurs concernant des bêtes mythiques… Les Bijuus comme vous les appelez. Et c’est ainsi que je me suis lancé à la recherche de l’information pour savoir de quoi il en était. Et pour ce qui est du lancement de l’alerte… Il m’a simplement semblé judicieux de mettre un peu la pagaille pour déclencher un mouvement de foule qui m’aurait permis de m’échapper sans avoir à ôter une vie…

Cette fois ci, pas de sourire, Hiko avait retenu la leçon et il ne voulait pas avoir de nouveaux doigts de cassés.

Il écouta ensuite ce qu’avait à lui dire Kazuya, il voulait des réponses immédiates, sur le champ. Il était malin, et savait qu’en demandant cela, il réduirait grandement les chances de voir son interlocuteur lui raconter des balivernes, ou trouver une solution pour répondre de façon évasive sans mentir. Mais Hiko se prêta au jeu, et il répondit alors du tac-au-tac aux questions formulées par le manieur d’argile.

- Je suis arrivé par la frontière Ouest, la plus proche de celle du temple de Gobi (bon là relève pas j’ai pas accès aux cartes quand j’écris). Afin d’immobiliser la main du garde, j’ai simplement utilisé un bout de chewing-gum auquel j’ai appliqué un peu de chakra. Je ne connais pas le garde qui a cru bon de me faire la causette comme vous dites. Et je vous assure que j’agis de mon propre chef, sous les ordres de personne.

Hiko fut relativement satisfait de ses réponses. il les avait formulées rapidement, et avait donc répondu au cahier des charges imposé par son surveillant. Il ne restait maintenant plus qu’à savoir si le contenu de ces réponses lui satisfaisaient… Pour le moment.

Il semblerait que ma méthode pour lui faire comprendre la gravité de la situation dans laquelle il se trouvait fut la bonne. Après tout, le réflexe des gens pour se rendre compte s’ils étaient en train de rêver ou non était de se pincer pour voir s’ils pouvaient encore ressentir la douleur ? Eh bien, pour lui sortir de son illusion de contrôle, j’ai décidé de faire pareil. Juste que j’ai pincé un peu trop fort… Mais bon, maintenant que je ne parlais plus à quelqu’un qui voulait jouer l’enfant mais se comportait avec bien plus de maturité, j’espérais enfin aller dans une direction qui nous irait à nous deux.

Il décida alors de partir sur une petite explication sur ses motivations. Apparemment, il n’était pas intéressé le moins du monde à rejoindre un village car il pensait qu’il s’agissait purement et simplement des pâles copies de l’empire ? Au moins un point sur lequel nous pourrions nous mettre d’accord. Il était vrai que plus jeune, je pensais que l’homme devait se livrer à lui-même, vivant en maximum en meute que sous le joug d’une personne se plaçant au-dessus pour des raisons stupides. La loi du plus fort devait être la seule chose à appliquer… Mais maintenant, j’avais muri.
Il justifia ensuite son arrivée au temple à la suite de « rumeurs », mais il ne précisa pas la nature de leur dernière. Pour le coup, je ne lui en tins pas rigueur, après tout, tout le monde aurait du mal à se concentrer avec deux doigts en moins.

« - Quand tu parles de rumeurs concernant les Bijuu… De quoi s’agit-il ? Et comment en as-tu entendu parler ? »

Je n’ai jamais pris le temps de m’intéresser à ces histoires de démons, pour une bonne et simple raison : j’étais athée. Aucune divinité, aucun représentant divin ni apparition divine n’aurait réussi à me faire croire à une existence supérieur ou venant d’un autre plan. Cependant, après avoir eu l’occasion de rencontrer Meiko… Disons que je suis plus ouvert à ces questions.
Mes questions suivantes furent assez rapidement répondues ensuite, comme ce que je souhaitais. L’interrogatoire semblait déjà être sur une meilleure route, puisqu’il ne tenta plus de conserver une aura infantile pour me gagner en pitié. Intelligent, puissant, et tout si jeune… Difficile d’imaginer comment il avait accumulé tout ça. Rien de bien concluant par la suite, pas de chef caché derrière ses actes, pas d’organisation qui avait envoyé un espion… Il ne semblait pas plus que ça mentir. Je soupirai en me disant que je ne tirerais pas grand-chose de plus.

« - Je vais être honnête, « Hiko ». Je ne sais pas quoi faire de cette situation. Tu as quand même buté un membre gradé de nos Shinobi, et réussi à passer outre notre système de sécurité pour causer une panique. Les règles sont bien claires, dans un cas comme le tiens… »

Je me contentais de passer mon pouce sur la largeur de ma gorge pour lui faire comprendre que ce n’était pas un avenir brillant qui l’aurait attendu. Aurait.

« - Cependant, je suis le premier à dire que l’on est jamais assez puissant. Iwa a beau être une citadelle solide, je suis le premier à dire qu’une frappe dans un trou de souris, et tout partira en poussière. C’est pour ça qu’on m’a affecté en tant que Bras droit, pour prévenir ça. »

Ce monologue, je savais qu’il en aurait que peu à faire, voire même pourrait juste se demander pourquoi je le lui énonçai. Me redressant un peu, je retirai mes lunettes pour me « mettre à égalité », qu’il puisse voir à son tour ma franchise dans mes propos.

« - Iwa peut passer pour une imitation de l’Empire. Nous rassemblons les gens sous une même bannière, nous formons l’armée militaire de Tsuchi, et nous n’hésitons pas à neutraliser les menaces autour de nous. La différence ? On a pas un putain de mégalomane en chef, et si jamais il le devenait, je serais le premier à lui fourrer de l’argile explosif dans la bouche pour faire sauter sa cervelle. »

A cela, je pouvais entendre les gardes derrière moi s’offusquer que je profaner de telles menaces ouvertes à l’attention de Samui Ryûga, le Tsuchikage. Bakushô et Samui étaient des clans qui se détestaient de par leurs philosophies opposées, et voir à la tête de ce village deux représentants de ce clan avait le don de faire flipper certains. Mais comme dit, je suis au-delà de ça… En un sens.

« - Ce que je veux dire… C’est que je doute que tu ais la bonne idée de ce qu’est notre village. Nous avons besoin de force, certes, mais pas pour oppresser les autres pays, juste protéger le nôtre… Nous avons besoins de talents comme le tiens. »

Deuxième fois, deuxième échos de toux et de surprise derrière moi. Avant même qu’ils ne pensent à l’ouvrir, je levais ma main pour les faire terre.

« - Tu es rusé, doué, et capable de te sortir de situations difficile sans avoir peur d’en arriver aux extrêmes. Je suppose que tu sais ce qui arrivera si jamais tu refuses, on va pas te mentir, mais je tiens malgré tout à entendre ta version : Qu’est-ce qui te dérangerait d’être membre d’Iwa ? »

L’entretien commençait à prendre une tournure intéressante. Hiko était toujours sous pression, mais il sentait que son interlocuteur avait bien compris que les intentions de l’enfant n’étaient pas de se foutre de sa gueule, au contraire. Il cherchait un terrain d’entente, et bien sûr, cela ne pouvait provenir que de la part du Bakushô. Mais avant cela, Kazuya lui posa une question sur les Bijuus et la façon dont leurs rumeurs étaient arrivées aux oreilles du garçon.

Hiko sourit, il n’avait aucune intention de mentir, n’y croyant pas vraiment lui-même. Il regarda donc Kazuya dans les yeux et lui répondit d’une voix sans vraie intonation, car il était mitigé sur le sujet et ne savait pas vraiment qu’en penser. Il ne croyait que ce qu’il voyait… Alors tout de suite, c’était compliqué d’être un fervent défenseur des mythes et croyances.

- J’ai entendu des personnes en parler, elles y croyaient dur comme fer et rien n’aurait pu les faire vaciller dans leurs croyances. Et puis, j’ai décidé de m’y intéresser moi-même pour voir si ce n’étaient que des rumeurs, ou bien une vérité cachée aux yeux de tous. Je vous avoue que pour l’instant, je n’ai pas pu glâner tellement d’informations viables à ce sujet.

Se gardant bien de parler des Anciens Trésors, Hiko répondit simplement à la question sans en dire trop. Il ne savait pas comment allait se terminer cet entretien, et il savait que moins il en disait, mieux cela valait pour lui.

Laissant donc l’initiative à son interlocuteur, ce dernier sembla tiraillé… Son devoir lui indiquait, comme il le fit remarquer à Hiko, qu’il devait le tuer. Cependant, malgré le fait qu’il lui ait donné une certaine forme de respect en l’appelant par son prénom, il lui glaça le sang et un frisson parcourut la colonne vertébrale du gamin. Il avait donné la mort, et en général, il devait en payer le prix. Mais il y avait une petite porte ouverte dans la façon dont il l’avait dit, Hiko ne perdait donc pas espoir et continuait de laisser parler son interlocuteur.

Kazuya partit ensuite dans un monologue, comme il l’avait bien souligné dans sa narration. Il affirma que le village caché d’Iwa, bien qu’étant une puissance respectée depuis des années, comportait de nombreuses lacunes si l’on savait exactement où frapper. Sur ces paroles, Hiko hocha la tête, il partageait complètement cette pensée. C’est d’ailleurs grâce à cette manière qu’il avait remporté de nombreuses batailles. Censé être le plus faible sur le papier, il avait su porter le bon coup, au bon endroit afin de terrasser ses adversaires. Cela s’appliquait aussi aux villages cachés.

Par la suite, Kazuya fit la comparaison entre Iwa et le feu Empire. Il avait enlevé ses lunettes, et Hiko pouvait alors voir les yeux d’un homme qui croyait dur comme fer à ses convictions. Il ouvrit légèrement la bouche, un peu impressionné par un tel dévouement pour un Village Caché. D’ailleurs, le Bakushô n’hésita pas à affirmer devant des gardes qu’il serait prêt à supprimer le Tsuchikage si ce dernier dépassait les bornes. Preuve de sa conviction sans faille. Cela laissa Hiko un peu sur le cul, il ne s’attendait pas à cela et ne pensait pas qu’on puisse autant croire à l’idéal de Village Caché… Cela avait créé une réaction en lui, Kazuya avait réussi son coup.

Mais il ne s’arrêta pas là, et affirma qu’Iwa avait besoin d’étoffer ses rangs et sa puissance, non pas pour nuire aux autres, mais plutôt pour protéger ses habitants. Jusque là, Hiko était d’accord, il fallait une certaine force pour se protéger des personnes malveillantes. Cependant, un grand pouvoir impliquait de grandes responsabilités… Responsabilités trop souvent outrepassées par la volonté de puissance et l’avidité des dirigeants qui se sentent plus pisser.

M’enfin, ce n’était pas très important, car la fenêtre d’Hiko venait de s’ouvrir, il savait qu’il avait là l’opportunité de ce sortir de cette situation impossible sans y laisser trop de plumes, bien que n’étant pas un Kosobayui. Kazuya avait affimé qu’ils avaient besoin de talents comme celui d’Hiko. Le fait qu’un homme aussi agressif au premier abord puisse le reconnaître à voix haute était déjà une marque de respect en soi, et Hiko ne broncha pas, ni ne fanfaronna. Le Bras Droit du Tsuchikage n’avait pas terminé, et il savait bien qu’il n’avait aucun intérêt à le couper dans son discours maintenant. Il écouta donc les dernières paroles de Kazuya avant de formuler sa réponse à son ultime question. Le tout après quelques secondes de réflexion.

- Je comprends tout à fait. Le sort que vous réservez aux tueurs est tout à fait justifié. Et bien que n’ayant pas vraiment le choix, je vais vous expliquer pourquoi je ne crois pas à l’idéal de Village Caché. Pour moi, vous avez simplement remplacé un Despote par plusieurs, et bien que les territoires soient répartis et beaucoup d’entre eux vivent encore librement… Je sens que cela ne tardera pas à changer, car le pouvoir appelle le pouvoir. Et si personne n’est là pour le contrôler, il n’a de limite que son propre vice…

Un bien triste constat vous serez d’accords… Cependant, il y avait un mais. Une corde d’humanité qu’avait réveillée Kazuya avec ses paroles.

- Cependant, vos paroles m’ont interloqué je l’avoue. Et je ne suis plus aussi sûr du vice se trouvant dans vos Villages Cachés. Et je ne dis pas ça pour sauver ma tête, de toute façon ça ne dépend pas de moi, mais plutôt pour rester sur la tonalité de notre échange… La sincérité. Je ne vois donc plus d’un si mauvais œil d’intégrer un Village Caché, et Iwa en l’occurrence. De plus, si vous décidez de me laisser la vie sauve, je vous serai redevable et aurait donc une dette envers vous.

C’était maintenant ou jamais.

- Je suis donc prêt à intégrer vos rangs jusqu’à ce que ma dette soit payée. Je ne vous garantis pas de rester éternellement, mais au moins j’aurai vu de l’intérieur à quoi cela ressemble. Ce serait donc une sorte de contrat à durée limitée, jusqu’à ce que ma dette soit payée…

Et bien sûr, il n’était pas impossible qu’Hiko trouve ici le foyer qu’il recherchait depuis tant de temps maintenant… Mais ça, seul l’avenir nous le dira.

Alors… Qu’allait en penser Kazuya ? Hiko s’était risqué à faire une proposition alors qu’il n’était pas du tout en situation de force, mais il avait confiance en Kazuya, et si ce dernier avait vraiment voulu l’exécuter, il n’aurait sûrement pas attendu autant de temps et aurait utilisé son pouvoir pour tout faire sauter, et rayer définitivement l’enfant de la surface du Yuukan.

La discussion avait pris une direction que j’attendais depuis le début. Oui, la raison pour laquelle j’étais venu voir le jeune homme qui été apparemment responsable de tout ce joyeux bordel n’était pas pour le punir, le menacer ou purement et simplement l’exécuter. Même si l’idée m’en était des plus intéressantes. Non, pour le coup, il m’était dans mon intérêt, et également celui de ce gamin, qu’il rejoigne nos rangs afin de bénéficier de son talent. Certes, cela entraînait que je m’attire une nouvelle fois les foudre des critiques, et que ce gosse ne décide de se la jouer un peu plus indépendant et provocateur… Méh, je dealerais avec ça le moment venu.

Hiko m’annonça donc sa réponse. Un despote par plusieurs ? Voilà bien une image que je pouvais comprendre. Un empire pour trois villages armés, beaucoup pourraient voir un problème, et je dois avouer moi-même que si je ne faisais parti d’aucun d’entre eux, sans doute que je me retrouverais bien dans l’envie de réduire tout en cendres. Mais me voilà membre de la haute institution, à faire grandir ce village sans me soucier de ce que pourraient penser les rats trainant dehors.
Hiko enchaîna ainsi en m’annonçant qu’il voulait bien accepter mon offre de rejoindre nos rangs… Momentanément ? Cette phrase me fit arquer un sourcil, alors qu’il pensait ne rester auprès de nous qu’une fois que sa dette serait remboursée ? Cela était un terme trop large à mon goût, beaucoup trop ouvert à l’interprétation. Mais ça… Je laisserais Ryûga prendre rendez-vous avec lui.

« - Tu te doutes bien que proposer ce genre de marché dans ta situation n’est pas forcément le plus intelligent, hmm ? Un seul ordre de ma part, et je pourrais te faire ramener ici dans le seul but de t’exécuter quand l’envie m’en vient. Mais encore, je n’ai pas d’intérêt à cela. Tu es bien plus utile pour Iwa vivant. »

Cette phrase dite avec une certaine assurance et arrogance, je remettais mes lunettes en riant un peu. Un CDD en tant que Shinobi d’Iwa ? Voilà bien une idée qui était à la fois étrange et pourtant envisageable. Il semblait se considérer inestimable au point de tenter ce genre de négociation. C’était un coup de poker… Mais j’aimais bien miser gros.

« - On va dire que pour l’heure, ton offre a attiré mon attention, quant à la durée de ta « dette »… Cela dépendra de tes résultats, ce qui risque d’arriver bientôt. En attendant, bon rétablissement, tu en auras besoin. »

Fouillant dans ma veste, je pris l’objet qui allait servir de passe-droit pour le jeune Hiko s’il comptait rester ici. Les choses terminées, je me levai ainsi après avoir balancé cette phrase indiquant aux gardes de m’ouvrir, avant de me stopper net. Bien qu’il pensait être sorti d’affaire avec ça, je me devais de rappeler un détail important.

« - Du moment que tu ne veuilles rien à Iwa, tu es libre de circuler dans l’enceinte de la Citadelle en portant un sceau spécial. Il ne bloquera pas ton chakra, car après tout, tu servirais à rien sans… Cependant, que j’apprenne qu’il ait disparu de ta peau, que j’apprennes que tu refais des tiennes, ou que tu ais choisi de déserter sans MA permission… Et je ne te donnerais pas la satisfaction d’une mort sans douleur. »

La seule fois de cette entretien où j’avais pris le ton froid et menaçant. Agressif et véhément ? Oui, tout du long. Mais en aucun cas je n’avais montré vouloir le tuer… Oui, j’aime soigner mes sorties, je l’avoue. Ne prenant pas la peine de le saluer, je pris ainsi la route de l’extérieur, le laissant contempler le passe-droit octroyer : un bandeau d’Iwajin taille enfant. Comme dit, je ne laissais rien au hasard après tout…

La discussion touchait maintenant à son terme. Les deux partis avaient posé les cartes qu’ils avaient en main, et il était maintenant temps de compter les points. Évidemment, le jeune garçon à la chevelure blanche avait beaucoup moins de cartes à jouer que son interlocuteur, mais il les avait jouées au moment opportun, et il ne regrettait pas de l’avoir fait.

Kazuya avait été surpris de sa façon de faire. Le sachant en situation de faiblesse, et ayant marqué son territoire dès le début en lui cassant deux doigts, il s’était assuré de garder la position dominante pour cet entretien. Hiko la lui avait volontiers laissé cette position, et il avait joué son rôle… Jusqu’au bout.

Kazuya semblait pourtant prendre la nouvelle plutôt mal au début, puis il s’était ravisé. Il considérait la puissance d’Hiko comme un avantage dont Iwa ne pouvait décidément pas se passer suite à ce qui allait arriver dans les prochains mois. Il prit donc la décision d’accepter le marché que lui proposait le jeune garçon, tout en y ajoutant certaines précisions de taille…

Il resterait le seul juge de la dette et de l’importance que cette dernière avait. De plus, il se réservait le droit de le tuer en personne si jamais Hiko s’écartait un tant soit peu du droit chemin qu’il voulait que l’enfant prenne. Cette remarque fit sourire Hiko, il s’attendait à ce genre de mise en garde et il ne pouvait pas le blâmer pour cela. Mais ce qui était impressionnant, c’était le ton froid et menaçant qu’il avait utilisé pour dire cette dernière mise en garde. Pour la première fois depuis le début de leur conversation, Hiko avait senti cette aura meurtrière autour du Bakushô. Il ne rigolait pas, le Sairyo en était persuadé.

- Il n’arrivera rien. Nous avons un contrat, je respecterai ma part, ne vous faites en pas…

Et vous avez plutôt intérêt à respecter la vôtre aussi…

Sur ce, Hiko laissa partir le Bras Droit du Tsuchikage et vit alors arriver un spécialiste en Fuinjutsu. Ce dernier se positionna derrière lui, et par un procédé complexe dont Hiko n’avait jamais percé le secret, il lui apposa un sceau au niveau du cou. On aurait cru à un tatouage, mais ce sceau était simplement là pour que les autorités Iwajin puissent le pister à tout moment dans l’enceinte du Village Caché. Une fois son opération terminée, le spécialiste repartit sans un mot. D’instinct, Hiko se frotta le cou au niveau d’où se trouvait le sceau et fit la grimace. Il était comme un animal, pisté par une armée de shinobis. Pas la situation la plus fameuse sur le papier, vous serez d’accords.

M’enfin, il avait passé un deal. Et il voyait cela plus comme un contrat qu’autre chose. Ramassant donc le bandeau d’Iwa que Kazuya avait laissé sur la table, il le regarda avec calme. Après quelques secondes, il haussa les épaules, puis l’accrocha au niveau de son biceps droit. Pas moyen qu’il soit comme les abrutis qui le portaient autour du front !

HRP: