Nous étions enfin proches de notre but. Trouver les responsables de l’attaque de Suna était devenu mon obsession du moment, et ceux qui me connaissent savent que je me refuse d’abandonner avant d’avoir trouvé une réponse satisfaisante. Cela était sans doute ce qui nous avait entraînés dans cette situation. Trop obsédé par l’idée d’arrêter ces criminels, j’avais sauté la plupart des étapes de l’enquête et on se retrouvait dans cette situation. Maintenant que j’étais un peu plus reposé, je pouvais me concentrer sur la tâche et agir bien plus tranquillement.

Getaku-san au port et moi en mer, j’espérais ainsi que notre séparation n’allait pas nous causer défaut. Je ne connaissais pas réellement les capacités de Getaku-san, surtout que le poison dans l’air les aurait sans aucun doute altérés, mais au moins il avait l’avantage de se retrouver auprès des autres soldats du sable pour l’assister. Sur le navire, il n’y avait que moi qui pouvait me battre, mais je faisais entièrement confiance à ma mobilité afin d’éviter la catastrophe, et surtout de mettre en danger Nyx-san. Il était bien trop sympathique pour nous aider, je me devais de ne pas trop le mettre en danger.

L’observation de l’horizon aurait pu être attrayante si nous n’étions pas dans une situation aussi critique. Les vagues à l’horizon et l’embrun contre ma peau donnaient une sensation vivifiante, comme me l’avait souvent raconté Milly de ses histoires de pleine mer. Mais je ne pouvais pas en profiter. Mes yeux étaient tout simplement fixés sur les points perturbant ce paysage digne d’une illustration de la pleine mer. Il y avait les vagues, les roches, les mouettes… Les mouettes ? Regardant d’un peu plus près, je pouvais voir qu’un groupement d’oiseau se retrouvait autour d’une zone d’eau assez vide… Mais de ce que m’avait raconté mon amie blonde, ces bêtes ne se posaient que près de la terre, ou alors d’un récif où elles pourraient se poser. Et si…

« - Nyx-san, pouvez-vous vous rapprocher de cette zone ? Restez à une trentaine de mètres si possible… Et accrochez-vous. »

Attendant la confirmation du marin, je préparai de mon côté mon test. De ma sacoche, j’en sorti ainsi un Kunai, auquel était attaché un parchemin explosif. Non, je ne comptais pas attaquer ces pauvres bêtes, elles n’avaient rien fait. Cependant, je devinais quelque chose de par la présence de ce « vide ». Une fois suffisamment près, j’observais les alentours avant de prendre position pour viser. D’un geste souple, je lançais ainsi le Kunai avec force, de sorte à ce que ce dernier atterrisse dans l’eau à moins de dix mètres du groupe de mouettes. A peine le kunai immergé que je fis un Mudra pour causer l’explosion du parchemin. Le but de la manœuvre était de causer des vagues qui agiteraient la zone autour, perturbant toute vie dans le coin. Si ce que je pensais était vrai, nous verrions que ce « vide » n’était finalement qu’une illusion…

Le Marionnettiste attisa inéluctablement la curiosité des gardes sur le quai venus l'accoster. Outre son arrivée peu commune, c'était surtout sa quête en tant que shinobi Sunajin qui les intriguèrent. Ils le laissèrent faire sans pour autant le quitter, jugeant bon de rester à ses côtés afin d'en apprendre davantage.
Ainsi donc, Getaku pu librement se rendre devant le bateau immatriculé SKLD où il héla les éventuels passagers mais demeura sans réponse. Ou bien le bateau était effectivement vide, ou bien les occupants ne souhaitaient pas être dérangés.

***

L'Akuzu de son côté, lança un kunai serti d'une note explosive dans l'eau, non loin de la chaîne de récifs où les volatiles tournoyaient en masse. Les piaillements déjà fort présents, redoublèrent d'intensité une fois l'explosion activée, dispersant les oiseaux un instant avant de revenir à leur place initiale. Une vague imposante fut soulevée sous le choc, se fracassant contre un récif jusqu'alors invisible contrairement à ses pairs. Les remous imposés à l'eau, permirent également d'entendre l'entrechoquement du bois contre la roche qui sembla provenir de derrière le récif.

Nyx avisa le Sunajin, le regard à la fois inquiet et déterminé sans attendre de paroles supplémentaires. Il s'avança sur la mer, cherchant a voir ce qui se trouvait de l'autre côté, tout en conservant leur distante raisonnable de sécurité.
Plus ils avancèrent et plus les yeux du marin s'écarquillèrent.

« C'est... c'est lui... »

Un bateau d'allure Saibogu était dissimulé derrière le récif. Coque blanche et toit de la cabine rouge, le tout sertie d'apparats de décoration rappelant des rouages et autre quincaillerie utilisées par les Saibogu.
Le plus parlant pour l'Akuzu fut sans doute de voir l'immatriculation SCDO trôner à l'avant du navire. Un mélange de soulagement, sans doute, couplé à une crainte grandissante en remarquant les traces écarlates présentes ci et là sur le mur de la cabine visible à leurs yeux.

Méfiants, ils s'avancèrent prudemment, comprenant bien vite que personne ne sembla être à bord de part l'absence total de bruit malgré la captivité des civils supposées sur ce bateau, ainsi que par l'absence d'ennemis venus à leur rencontre même après l'utilisation de l'explosif.
Toutefois, plus ils s'approchèrent et plus ils en vinrent à la conclusion que le bateau abritait effectivement des personnes mais... réduites à l'état de cadavres tant la puanteur sous ce soleil de plomb ne pouvait évoquer le contraire. La présence des oiseaux était ainsi résolue : en quête de charogne ils s'étaient attroupés pour espérer se repaître...

Le constat à l'intérieur fut à l'image des suppositions. Une vingtaine de cadavres en putréfaction à des stades différents, trônaient dans la cale du navire. Des hommes, des femmes, ainsi que des enfants et même des personnes pour lesquelles il était impossible de se prononcer... Il était certains qu'ils n'étaient pas morts en même temps. Pourtant, même les plus « frais » ne tarderaient assurément pas a rejoindre l'avancement des autres de part la chaleur omniprésente au Pays du Vent.

La raison de leur mort à intervalle différent ? Aucune indication ne semblait l'expliquer. Pourtant, tous les corps alignés en arc de cercle possédaient un bras tendu duquel s'écoulait leur sang vers un enfoncement au centre. Cette marque, creusée à même le bois et encrée par le sang des civils, représentait un scorpion...

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