Une planque ? Oui oui, c'était compris dans le kit du bon méchant gentil loup. J'avais pris la sale habitude de me lotir dans les auberges du coin mais finalement ce n'était pas toujours rentable et même agréable. De temps en temps, il y avait des femmes au comptoir et donc je pouvais en plus de me restaurer, être accompagné... Mais cela ne me suffisait plus. J'avais décidé d'élire domicile dans un pays qui me convenait le mieux et où je me voyais pouvoir régner en maître. Ce pays n'était autre que Yu no Kuni. Il y avait plusieurs raisons à cela, premièrement la politique. J'appréciais réellement l'idée d'une économie tournée vers le peuple, le social quoi. Le social allié au tourisme, ça ne pouvait qu'être bon pour les habitants du pays. Il était très très rare de rencontrer un sans-abris ou une personne dans le besoin, c'était comme un paradis sur terre. Concernant l'immigration, elle me semblait bien contrôlée. Le pays étant vu comme la terre promise, cela avait attiré un paquet de monde mais le gouvernement gérait bien ce soucis. Et le point le plus important : PAS DE SHINOBI. N'était-ce pas excellent ? Je ne comptais pas les Jôki qui malgré leurs talents, n'étaient affiliés à aucun village -et dieu merci-.

J'avais beau vaguer de pays en pays, je passais au moins trois mois dans l'année à Yu. J'avais donc quelques contacts et des personnes me devaient des services ; l'inverse était tout aussi vrai, j'avais d'ailleurs quelques dettes à régler. Enfin, mes contacts allaient me permettre de concrétiser mon projet. Ce dernier se trouvait être très simple, je comptais utiliser quelques gamins afin de vendre de la nourriture et des souvenirs à travers les rues. À une époque sur les plages de Nami no Kuni, souvent on pouvait entendre « Chouchoux... Beignets » d'après les dires, je voulais reproduire cela mais dans les rues. Profiter de l’afflux des touristes et curistes toute l'année était la meilleure idée. Idée pas révolutionnaire ni même exclusive, on pouvait en effet percevoir les nombreux étals et artisants ornant les rues de la capitale. C'était la première étape que d'établir ce petit réseau à Doketsu. Mon budget de départ n'étant pas très important, cela me suffisait amplement. La seconde étape serait donc d'ouvrir une partie Casino à côté de mon restaurant. Les personnes pourront donc se restaurer puis profiter des jeux...

En effet je considérais ce projet comme une planque, pouvant aisément me créer un sous-sol adéquat. L'aspect lucratif était très important à mes yeux mais plus que ça, il y avait l'aspect réseau d'information. Tout homme sait que l'information est la chose plus importante en ce monde, une information pertinente vaut plus que de l'or et beaucoup sont prêt à payer pour obtenir les bons tuyaux. Quoi de mieux que des gamins dispersés dans toute la capitale pour cela ? J'avais tout d'abord pensé à un réseau de sans-abris mais il n'y en avait trop peu. Je savais d'avance que les gamins, en échange d'une récompense et d'un salaire, me rendraient heureux. Je voulais donc commencer à Doketsu et enfin me développer dans tout le pays. Yu no Kuni serait la base mère avant que d'autres pays suivent.

---

Yazuo:

Je me trouvais face à un « ami de longue date ». Il se nommait Yazuo et me donnait de temps en temps du travail. Un petit bonnet, fin c'était le ressenti des gens du coin. Le gros bonhomme finançait pas mal de projet et était donc très bien vu. Les pauvres mecs ne savaient pas la moitié de ce qu'il m'avait demandé de faire. Mon ancien employeur voulait même ma mort, après mon premier travail il avait pensé à me faire éliminer -pour effacer les traces-. Sans compter que je pouvais aisément lire dans son esprit, j'avais lu clair dans son jeu. J'avais un peu retourné sa planque et l'avais menacé, depuis même si nous étions toujours un peu sur nos gardes, il ne voulait plus me voir au bout d'une pique.

« Bon mon gros, si je viens te voir ce n'est pas pour t'observer manger tes bêtises. Je vais créer ma boîte et me ranger, pour ça j'ai un investissement de départ mais il me manque encore un peu d'argent. C'est donc pour ça que j'ai pensé à toi, mon vieil ami haha. »

Dis-je d'un sourire mesquin. Je jetai un regard autour de moi, des gros bras observaient la conversation et se tenaient d'ailleurs prêt à agir. La sécurité hein ?

« Je vais créer un restaurant et vais envoyer quelques gamins dans les rues afin de vendre mes produits. Et après hop, je vais faire un petit casino à côté de mon établissement. En gros c'est ça mon projet, tu veux bien m'aider financièrement? »
« Mouais, mouais... Tu sais Seigi, j'ai envie de te dire -vas te faire enculer sac à foutre- et te faire dérouiller par mes potes ici. Mais j'ai la nette impression que même avec eux à mes côtés, tu vas pouvoir me faire la peau. »

Je lui fis un grand sourire, un sourire semblable à un enfant appréciant une friandise.

« Mais à côté de ça petit con, je sais que t'as besoin de moi sinon tu m'aurais fait la fête... Donc je suis en position de force ahahaha. »
« Par contre tu pouvais éviter de rigoler en mangeant, ce n'est pas très agréable pour moi... Si tu recommences, je mets chacune des têtes ici présente -hormis la mienne- dans tes fesses. C'est un autre projet que je peux concrétiser grâce à toi ahahaha. Et moi je peux rire car je ne mange pas comme un gros porc. »
« Mhmmmm... »

Les gros bras commençaient à s'échauffer. Ils ne me connaissaient pas et ne savaient donc pas de quoi j'étais capable, c'était tout à fait normal. Il y avait comme une grosse tension dans cette pièce -assez sombre d'ailleurs-. Le gros lard face à moi, lui il commençait à suer, ne souhaitant pas que je fasse à nouveau un tour dans sa tête.

« Si tu t'engages à payer un loyer pour ta sécurité et à me rembourser c'est ok. En plus de ça hein, il y aura des taux d'intérêts qui s'élèveront à 10%. »
« On peut partir sur 5% ? »
« 9% »
« 6% »
« 8% »
« 6,5% »
« 7% »
« C'est bon pour moi, marché conclu ? »

Dis-je en tendant la main droite afin de conclure cet accord. Mon interlocuteur fit de même et scella ce contrat. Yazuo était important à mes yeux, plus qu'une banque il avait des relations et pouvaient m'être très utiles dans le futur. Cela expliquait pourquoi je ne voulais pas sa peau, je préférai me faire un « ami » qu'un ennemi. Surtout quand cet ami était implanté dans le coin depuis un moment.

Un de ses sbires m'amena dans une pochette brodée l'argent demandé initialement. Je le remerciai et pris la porte.

Et maintenant?

Et maintenant ? Je devais conclure l'affaire sur le local. En effet j'en avais un en tête mais il était tellement délabré et ancien que personne n'avait osé s'y approcher. Et bien sûr c'était bibi Seigi qui allait s'y coller. Il y avait un tas d'inconvénients pour très peu d'avantages mais celui qui m'attirait le plus : la place. Je pouvais agrandir le bâtiment à souhait dans le futur et je ne serais nullement dérangé par ce problème. Mais avant d'imaginer cette expansion, je devais faire rénover cette bâtisse et je devais bien le faire. En tant que Yamanaka perdu, j'aurais très bien pu manipuler quelques bonhommes ou les menacer afin qu'ils me remettent sur pieds le tout ; Sauf que je ne voulais pas procéder de la sorte hein, c'était plutôt mal vu et il ne fallait pas que je me fasse remarquer -du moins pour le moment-. Je n'avais que très peu de connaissances sur celle qu'on appelle la Grande Grue dans le métier mais... je savais néanmoins qu'elle possédait une grosse influence ici. Me faire discret me paraissait être une obligation. J'avais beau avoir la possibilité de tabasser un paquet de bonhommes que face à elle, je ne pouvais rien. J'étais lucide et après avoir étudié la question, ma décision était prise.

Enfin pour en revenir à mon restaurant-casino-planque-repère-réseau-d'information de la mort, j'avais rendez-vous avec un entrepreneur du coin. Il n'était pas le plus réputé de la capitale -je n'en avais pas les moyens- mais allait faire l'affaire. D'après les échos que j'avais eu sur lui, je pouvais lui faire confiance pour me faire d'un bâtiment craquelant un « palace ». Il ne coûtait pas très cher puisqu'il préférait prendre des stagiaires que des hommes à plein temps. Même s'il y avait quelques soucis, il avait trouvé le juste équilibre et proposait de bonnes prestations à bas coût.

Aujourd'hui j'étais vêtu comme à mon habitude de vêtements noirs et assez sobres. Mon manteau en fourrure lui était toujours présent. Caché en dessous, il y avait quelques kunaïs, couteaux et shurikens afin de palier à toutes les situations possibles héhé. J'étais un peu en avance et je dus donc attendre quelques minutes avant de voir l'entrepreneur arriver. Lorsqu'il arriva je lui fis un sourire et le saluai brièvement.

« Voici ton nouveau défi ! » Dis-je en pointant du doigt le bâtiment. « Je veux que tout soit remis en ordre et le plus rapidement possible. Je ne sais pas trop comment vous fonctionnez ici mais je veux un rendu impeccable. Je n'aime pas les ratés donc fais en sorte de ne pas me décevoir. »
« Beaucoup nous ont fait confiance vous savez Monsieur Seigi, vous pouvez faire pareil. J'ai une réputation à tenir après tout. Habituellement j'aurais demandé les clefs mais là... »

Il n'avait pas tort, c'était à peine s'il y avait une porte et puis comme le bâtiment était troué de toutes part, on pouvait facilement se faufiler à l'intérieur.

« Je te montre la cuisine et tu me diras si certains éléments sont récupérables. »

Malgré les trous apparents, je poussai la porte en bois qui tenait à peine au cadre. Une mauvaise odeur émanait de cet endroit, ça avait du être utilisé comme refuge, chenil ou quoi que ce soit dans le passé. Des bouteilles d'alcools cassées -ou pas- pavaient le sol, les murs étaient déchirés laissant le squelette en plein jour. Chaque pas était un défi et je me demandais même comment ils allaient s'en sortir. Je pouvais voir à vu d’œil le chantier prendre plus de temps que prévu. La charpente était elle aussi touchée par le temps et les termites... Finalement on arriva à la cuisine où comme pour me libérer, je soupirai un grand coup. Ce n'était pas la pièce la plus touchée et heureusement car elle était une des plus importantes. J'avais de la chance sur ce coup. Je me grattai la tête et pris la parole, ma mine exprimait clairement mon dégoût face à la situation.

«  C'est donc la cuisine, est-ce que tu peux faire quelque chose afin que ça ressemble à une vraie cuisine ? C'est la pièce la moins touchée de l'établissement et qui m'est la plus importante. »

« Honnêtement Monsieur Seigi, j'ai vu pire dans ma vie. On va s'en sortir, je vois quelques défauts et des soucis de conceptions mais on peut le faire. Vous n'avez pas embauché le dernier des imbéciles. Franchement je peux vous dire que c'est un petit défi comparé à d'autres ! Un jour le neveu d'un neveu de la sœur d'un des conseillers du Daimyo m'a demandé de rénover un ancien bordel. Je vous dis pas l'état, des sauvages je vous dis !! Alors j'ai du commencer par retaper chaque chambre et à chaque fois c'était une découverte... Vous me croyez si je vous dis qu'il y avait des trucs qui tenaient grâce à des soutifs ? Oui oui je vous jure.. Je ne mens jamais, règle d'honneur. Et puis bon, on en a retrouvé des choses dans le sous-sol. Des squelettes d'humains et animaux, c'était dingue ! »
*Est-ce qu'il sait que j'en ai complètement rien à faire de sa vie ? S'il veut écrire un livre ou se confier, il est mal tombé*
« Euh... »
« Et puis j'en ai un autre exemple, un truc de dingue. C'était cette fois chez un bon ami à moi qui avait eu l'idée de faire sa maison soit même... Et après ils s'étonnent que ça tombe en lambeaux les cons. J'ai donc fai-.. »
« Est-ce que nous sommes d'accord donc ? Tu peux commencer quand ? Et est-ce qu'on peut se prévoir quelques points dans les semaines à venir pour voir l'évolution des travaux ? Comme dit, je veux que ça soit fait le plus rapidement possible. »

J'avais eu envie de l'étranger pendant son monologue mais une voix au fond de moi m'avait demandé de ne pas le faire. L'entrepreneur semblait un peu gêné par la situation mais moi je ne l'étais pas, je ne le payais pas pour l'entendre me raconter ses histoires inintéressante après tout.

« Oui oui... tous les mardi et vendredi ça vous va ? Si vous pouvez venir sur le chantier à 16h Monsieur Seigi... »
« Parfait. »

Et maintenant je devais attendre... enfin pas vraiment car un recrutement s'imposait. Un cuisiner, quelques gamins turbulents et peut-être même une femme de ménage sexy, c'est tout ce dont j'avais besoin. Ah et aussi je devais confirmer l'achat et donner l'argent au propriétaire, c'était toujours mieux de posséder réellement l'établissement.

Même si cela pouvait me faire gagner de l'argent, je me fichais un peu du côté restauration. Je préférai de loin détenir l'information.

Les yeux fixés au plafond, j'étais rêveur. Je me projetai dans le futur, un futur où le terme de Shinobi serait oublié. Je m'imaginais fouler les plaines ensanglantées de tous ces hérétiques, je m'imaginais aussi remercier les sacrifiés pour m'avoir permis d'accomplir cette mission. J'héritai cette volonté de mon défunt maître et pourtant j'avais l'impression qu'elle était ancrée en moi. Je ne savais pas encore comment parvenir à mes fins mais il était certain que tôt ou tard, je marcherai sur les cadavres brûlants de ces prétendues gardiens. Il me fallait du temps, encore un peu de temps afin de pouvoir réaliser ces doux rêves-...

Avant de découper des têtes j'avais des choses à régler. Aujourd'hui je devais faire une inspection des travaux avant de faire un premier recrutement. Pour cela il fallait bien sortir de son lit, de ma main gauche je virai la femme qui était accrochée à moi. Je ne me souvenais même plus qui elle était, prostituée, aguicheuse, profiteuse... ça devait être un truc comme ça. Et puis vu la damoiselle, j'étais sûrement pas dans mon état normal la veille haha. Après ça, je pris ma douche brièvement et partis en direction de mon futur établissement. J'avais de grands projets quant à celui-ci et j'étais très motivé. Il y avait un seul obstacle à la réussite de mon entreprise : l'argent. J'avais beau avoir emprunté le nécessaire à des mecs très très honnêtes, je ne pensais toujours pas en avoir assez. Je n'avais pas de solution à court terme, et c'était bien ça le problème. Je m'étais toujours débrouillé jusque là et ça allait continuer, je trouverai une solution.

Hop hop, en quelques pas et quelques sauts, je me trouvai sur mon futur territoire. De loin je pus voir les échafaudages installés et des bonhommes s’exécuter. Les mains dans les poches, j'observai l'extérieur quelques instants. Les ouvriers avaient virés tout ce qui était inutile et désuet, du coup il ne restait plus grand chose sur la devanture. C'était parfait jusque là, j'avançai dans mon antre en me baissant pour éviter de me cogner aux différentes installations de mes ouvriers. De la main droite, je les saluai avec un sourire avant de me diriger vers l'entrepreneur. On échangea rapidement sur l'état des travaux, il me disait être dans les temps voir légèrement en avance. Le gus m'expliqua aussi les petits imprévus mais rien de très grave. Finalement ce fut une conversation assez banale mais cool pour moi, je n'avais pas à sortir plus d'argent de mes poches !

Je le remerciai en lui mettant un petit coup de pression, après tout j'étais le client et le client est roi héhé. Maintenant il me fallait trouver des gamins un peu fauchés, à Yu on ne pouvait pas trop trouver de sans abris ou des bidons villes au vu de la politique très sociale pratiquée ; Mais même dans ce modèle politique, il existait toujours des bonhommes moins riches que d'autres. Les quartiers excentrés du centre-ville étaient donc mes cibles. Une fois sur les lieux, je pris à part le premier groupe de gamin pour leur proposer un nouveau travail.

«  Hey les gamins, comment ça va ? Je suis en train de monter ma boîte et je cherche des esclaves comme vous pour m'aider. Ça consisterait à errer dans les rues et vendre des spécialités du pays et autres. Est-ce que ça vous tente ? »
« Mais euh... on est des enfants, on a le droit de faire ça ? »
« Je me débrouillerai avec vos parents, pas de problème pour ça. Et puis ça vous ferait gagner un peu d'argent...» Je pensais à les manipuler en effet, quels parents laisseraient leurs enfants bosser avec un mec aussi louche que moi.
« De l'argent.. euh mais pourquoi faire ? On a pas besoin nous. » Dit un enfant qui se trouvait dans le fond et qui devait être l'attardé de la bande.
« T'es con ou quoi ? Avec de l'argent tu peux faire ce que tu veux, comment tu crois que ça fonctionne ce monde ? Tu peux t'acheter à manger, une maison, des prostituées, des armes, des prostituées encore et j'en passe... »

Ils avaient l'air d'avoir environs huit ans, c'était peut-être encore un peu tôt pour les femmes de joies mais au moins ils pouvaient se projeter... Enfin bref, je devais me résigner, je ne savais pas y faire avec les gamins ; Déjà qu'avec les adultes, je dérapai assez souvent alors avec des êtres attardés comme eux...

Face à cet échec cuisant, je décidai de recruter un jeune garçon un peu plus évolué afin de me ramener des futurs employés. Ces employés allaient être la nouvelle source de mon pouvoir qu'est la maîtrise de l'information, la composante essentielle de mon projet... Je ne devais pas me rater sur ce coup, l'échec n'était pas permis.

« Elle est totalement inconsciente, ses idées vont nous mener à notre perte, je vous le guaranis messieurs. »
« Modérez votre langage Ojô-sama, vous parlez tout de même de la princesse... Et si vous voulez mon avis, je pense que-.. »
« Non je ne veux pas l'avis d'une personne aussi inexpérimentée que vous, observez et apprenez avant de vouloir converser avec vos aînés. Je suis né ici et ai passé toute ma vie à Yu no Kuni, j'ai vécu les âges les plus sombres comme les plus clairs, je peux vous dire que les Shinobi n'apporteront rien de bon à notre si glorieux pays. La princesse a sûrement de solides arguments, je n'en doute pas ; Cela dit sa vision des choses n'est pas en corrélation avec celle de notre très cher Daimyô. Le pays n'a pas besoin d'une entité militaire Shinobi pour prospérer. »
« Mon vieil ami soyons lucides, nous sommes des vieilles branches et eux représentent la nouvelle génération... Nous ne sommes plus dans l'ère du temps alors je pense que tout autant il est leur devoir d'écouter les anciens que nous d'écouter les jeunes pousses. »

Intéressant... J'avais déjà eu des échos concernant la princesse mais elle semblait en effet soutenir le projet d'un village Shinobi, contrairement à son père. Je ne l'avais jamais rencontré et pourtant, je souhaitais déjà mettre un terme à sa vie. Seulement, je ne cédais jamais sous mes pulsions et préférais de loin prendre des décisions mûrement réfléchies. Ne pouvais-je pas utiliser cette envie irrépressible de fonder un village contre elle, contre le Yuukan tout entier ? Princesse Yoshiko, vous m'intéressez fortement. Le jour viendra où je vous utiliserai afin d’assouvir mes ambitions. Je m'excuse d'avance pour ce désagrément, considérez vous comme un sacrifice nécessaire... cela devait même être un honneur pour vous.

---

«  Je t'observe depuis quelques temps maintenant, je suis à la recherche d'une ressource très précieuse en ce monde : une personne fiable.»
« Qui êtes-vous ? »
«  Je m'appelle Seigi et je vais être ton maître dés à présent. »
« C'est une blague ? Si c'est le cas, c'est loin d'être drôle. Je vous conseille de vous tirer avant que je m’énerve. »
«  Me tirer ? Mais non... » Dis-je avec un sourire mesquin. « Tu vas devenir mon second. Tu n'es peut-être pas d'accord pour le moment mais tu le seras tôt ou tard, ce n'est qu'une question de temps. Allons à l'extérieur pour nous amuser un petit peu, je vais te montrer ce qu'est la véritable puissance.  »

Nous étions sortis de l'établissement peu fréquentable et avions choisi de nous isoler afin de nous expliquer. Le jeune homme que je m'apprêtai à corriger se nommait Totsuki et était réputé en tant que mercenaire. Mes recherches m'avaient mené à lui, j'avais besoin d'une personne de confiance et après l'avoir sondé de nombreuses fois, il semblait être la perle rare. Manquait plus qu'à lui mettre une bonne raclée afin qu'il devienne mon esclave, de gré ou de force. Pour le provoquer une énième fois, je lui fis signe de m'attaquer de ma main droite. Ça allait être divertissant...

Quelques minutes plus tard, Totsuki gisait sur le sol non loin d'un arbre explosé. Je l'avais projeté lors de ma dernière attaque. Je m'avançai doucement vers lui et le regardais de haut, d'un regard plutôt dur.

«  Je sais ce que tu recherches, le pouvoir. Que ça soit pas le biais de l'argent ou de tes capacités, tu n'en es jamais rassasié. Je peux t'apporter cette puissance tant convoitée Totsuki, j'en suis capable. Tu as vu avec quelle facilité j'ai manipulé ton esprit ? Ce n'est qu'un fragment de mon pouvoir, je peux embrouiller l'esprit de quinconce. Imagine ce que je pourrai en faire sur des personnes puissantes comme nos très chers Daimyô ou les Ombres ? J'ai une quête, celle de remodeler ce monde. Le système actuel ne me convient pas, il est bâti sur des mensonges et hérésies. Si tu m'assistes dans cette tâche, celle d'apporter la justice dans ce monde pourri... Alors je te donnerai ce que tu recherches depuis toujours. »

D'une manière quelque peu théâtrale, je tendis ma main droite à Totsuki. Il n'y avait pas de temps à perdre.

Avec ma nouvelle recrue, nous étions tous deux bourrés au sous-sol de mon établissement et nous nous étions lancés dans des discussions très philosophiques...

« Tu sais, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi... »
« Oh arrête tes conneries Totsuki, tu commences à dire vraiment n'importe quoi. »
« Non mais si je devais résumer ma vie aujourd'hui avec toi-.. »
« Et ça recommence, comment ça se fait qu'à chaque fois qu'on boit quelques verres, tu racontes toujours les mêmes bêtises. Tu peux m'expliquer ? Tu me parles de scribe, de situation... t'as déjà été scribe dans ta vie ?»
« Je ne crois pas... » Dit-il en se grattant la tête, tentant de se remémorer.
« C'est bien ce que je pensais haha, t'es un idiot. »
« Parlons sérieusement patron alors, c'est quoi ton plan ? Tu me parles de révolution, de puissance, d'argent mais je ne sais toujours pas comment nous allons arriver à ça. Avec ton restaurant casino ? Laisse moi en douter. »
« Tu doutes de moi ? Cet établissement c'est une étape, quelque chose qui nous facilitera la tâche idiot. Grâce à lui, j’espère maîtriser l'information à Yu no Kuni. Je vais faire face à des gros poissons mais je vais tous les pêcher et les bouffer, un à un. » M'exclamai-je avant un grand sourire, tout en servant à boire à mon interlocuteur.
« Je vois... compte pas sur moi pour cuisiner, qu'on soit d'accord. »
« Tu mérites bien mieux que ça, crois moi... genre récurer les chiottes par exemple ? » j'éclatai de rire, rire qui s'était accentué après avoir vu la moue de Totsuki. « Non... je blague. Je vais te raconter mon histoire et tu comprendras peut-être mieux mes agissements. Tout d'abord, je suis né à Hi no Kuni et sans savoir le pourquoi du comment, on m'a effacé la mémoire. Suite à cet événement je me suis retrouvé à Kaze en compagnie d'un vieil homme que je considérais comme mon maître. C'était un ancien Shinobi de l'Empire qui m'a appris tout ce que je devais savoir. Un jour, il m'a demandé de le tuer et je me suis donc exécuté. Pourquoi ? Puisqu'il avait été Shinobi, un temps. De mon acte, j'avais donc effacé ses péchés. Pour être honnête, je ne l'avais pas fait sans mal mais c'était un mal nécessaire. Les Shinobis ont utilisé le Ninjutsu à mauvais escient, ce ne sont que des hérétiques et pour corriger le tir, il faut provoquer une grande purge. Le système Shinobi repose sur des mensonges et blasphèmes, les fondateurs se sont détournés du droit chemin dés lors l'instauration de ces pseudos villages. Mon maître m'a appris la nature de nos arts et de par ce fait, j'ai décidé d'apporter la justice. Je vais devoir faire beaucoup de sacrifices, innocents comme coupables mais ils le seront pour la bonne cause, pour un futur plus sain. Je vais mettre à feu et à sang le monde Shinobi, je veux qu'il disparaisse complètement. Lorsque je marcherai sur les os craquelant des femmes, enfants et hommes hérétiques... je me sentirai victorieux. »

---

Quelques semaines plus tard, l'entrepreneur chargé de rénover mon établissement m'avait donné rendez-vous devant ce dernier. J'avais donc quitté ma chambre miteuse d'une auberge bon marché pour le rejoindre. Une fois arrivé devant les lieux, je ne pus m'empêcher de sourire, j'étais en effet content puisque les rénovations avaient avancées et je voyais enfin le bout du chantier. La devanture avait été complètement refaite, selon mes envies. Il ne manquait plus qu'à poser un panneau avec le nom de l'établissement. Concernant l'intérieur par contre, il y avait encore à faire au niveau de la grande salle et de la cuisine. L'entrepreneur me lista les contre-temps et comment il espérait pouvoir résoudre les problèmes. Je lui faisais confiance après avoir vu le travail qu'il avait fait, il avait carte blanche.

Petit à petit je me rapprochais de mes rêves, ce n'était qu'un petit pas en avant mais j'étais tout de même heureux de l'avoir fait.