Saluant humblement l’autel de mes parents situé dans un coin de mon petit appartement, j’allumai un encens avant de réciter quelques prières les deux mains jointes. Quelques instants plus tard, j’attachais mes cheveux en une espèce de chignon mal fait. Ensuite, vint le moment où j’installais mes deux sabres à la ceinture délicatement. Aujourd’hui était un jour particulier. Malgré les deux années passées au service du Nidaime et de Konoha, je n’avais encore exécuté aucune mission en compagnie d’un Shinobi. Cela ne voulait pas dire que je ne savais pas comment ils fonctionnent, bien au contraire.

Pendant ce temps, je me dirigeai vers l’entrée du village, lieu de rendez-vous pour le début de la mission. La personne qui devait m’accompagner était un jeune Hayashi, le clan qui contrôle le bois. Ce n’était qu’un Genin, donc sa vision du monde ne devait pas être aussi lointaine que la mienne. Cependant, il était un atout majeur au vu de sa jeune expérience au sein de Konoha. Il pourrait surement convaincre l’homme que nous recherchions. Ce n’était en soit que de l’hypothèse, mais j’aimais cette vision positive des évènements, cela me permettrait de ne pas mettre un terme prématurément à sa jeune existence.

J’attendais également quelqu’un d’autre, un vieil acolyte, mon fidèle compagnon, le gardien des forêts de Hi no Kuni depuis déjà six longues années. L’entente entre nous est bien plus forte que celle entre deux frères. Ce qui est dur à comprendre pour certains, c’est notre collaboration qui est ancré au fond de nos gênes. Pour faire simple, il y a des années de cela, j’ai découvert que je n’étais pas seulement un descendant de Samouraï lorsque je vivais encore à Tetsu, mais que j’étais également un pont entre l’homme et la nature. Lié depuis lors à un puissant animal, le gardien ancestral des forêts et des montagnes, je pouvais désormais compter sur lui pour quoi que ce soit. Dans notre affaire actuelle, il sera des plus utiles, notamment lorsque nous devrons retrouver cet Inuzuka.

Des bruits de pas attirèrent mon attention. Levant les yeux vers le ciel, ce fut un très jeune garçon que je vis atterrir devant moi. A première vue, il ne semblait pas être en âge de devenir Genin. Bien malgré moi, je laissai échapper un profond soupir et une main vint mettre encore plus de bazar dans ma chevelure en grattant le côté de mon crâne. D’une voix rocailleuse, presque usée, je scrutais le petit homme de haut, bien malgré moi.

« Comment t’dire ça p’tit… J’comprends pourquoi on m’donne une mission après tant d’temps… Pas cont’toi p’tit, mais pour faire simple, j’rentre pas dans l’moule… T’comprends p’tit ? »

Je pris un certain temps à réfléchir à la situation et aux conséquences de mes actes. Je ne pouvais décemment pas laisser le Genin derrière et partir en mission seul. Je les connais les règles du code Shinobi et partir en mission seul, même réussit, je risque de me faire taper sur les doigts. Et comment ils disent déjà ? Que les Jonin sont l’élite du village et doivent former les jeunes pousses à devenir plus grandes et plus fortes. Ce n’est pas que ça ne m’enchante pas, s’il est Genin, ce n’est pas pour son physique, c’est sur, mais peut-être qu’il a un atout dans sa poche qui pourrait s’avérer être utile. Si seulement il avait conscience de l’horreur du monde extérieur, il resterait précieusement dans les jupons de sa mère. Certes, nous ne sommes plus en guerre, mais le pays est quand même jonché de cadavres de mercenaires, d’innocents et j’en passe. Désolé Kumashisei, mais tu vas devoir rester en retrait et surveiller que nous ne soyons pas dérangé durant notre périple. Ce serait bien que ce petit homme remarque le plus tôt possible la dangerosité du monde extérieur, mais au vu de son gabarit, un hurlement de trop, même de moi pourrait le tétaniser. Prenant alors une grande inspiration, je décidai de prendre le chemin vers notre mission, premier arrêt, Sudashi. Contre toute attente, n’étant pas à l’origine un Shinobi, je… marchais. Les bonds et les sauts dans les arbres, très peut pour moi et la forêt est trop dense pour s’y faire aventurer un destrier. De toute façon, si j’en avais besoin d’un, j’en ai déjà un à disposition, mais en ce jour bien particulier, je ne pense pas en avoir besoin.

« Bon, on y va. Nous allons à Sudashi. Ce s’ra not’ point d’départ… Je n’suis pas un Samurai mon p’tit, j’suis un Sabreur, au sens large. T’comprendras quand t’seras plus grand p’tit et oui, ce sont des vrais. »

En soit, je ne lui mentais pas. Pour plusieurs raisons personnelles, j’avais refusé d’être appelé Samurai pour la simple et bonne raison que ceux possédant ce titre vivent ou ont vécus à Tetsu, ces traitres qui ont léchés les bottes de l’Empereur. Sur ces belles paroles, nous nous mettions en route vers Sudashi, un village situé en dehors de la forêt de Hi dans laquelle nous nous trouvions. C’est compréhensible pour un aussi jeune Shinobi de se poser des questions en voyant ma tenue vestimentaire, surtout lorsque nous partons en mission. Pour faire simple, je n’ai reçu de mon défunt père que ses sabres et je n’ai jusqu’alors jamais sentie l’obligation d’acquérir une armure qu’elle quelle soit.

Le voyage jusqu’à Sudashi se passa sans encombre, tout du moins, tant que nous restions dans la forêt, en grande partie grâce à Kumashisei. Son flaire étant sans égal dans le pays du feu, je pouvais savoir à l’avance ce que nous allions rencontrer sur le chemin. Ce qui est de la faune, mon compagnon à fourrure s’en occupé, si c’était des humains, j’essayais au mieux de les contourner et heureusement pour nous, personne n’eu à croiser mon chemin. Au loin se dessine les traits d’un village, c’était bien Sudashi et nous y serons dans l’heure. Un voyage n’ayant duré que quelques heures, partit tôt le matin, arrivé prévu aux environs de midi, parfait pour la pause du repas.

A peine arrivé à l’entrée du village, je jetai rapidement un coup d’œil derrière moi où une ombre fut perçue se déplaçant. Pas tout de suite, Kumashisei, c’est mieux qu’il reste en retrait pour l’instant. Je me souvins du regard des gens lors de ma campagne aux côtés du Grizzly. C’est pour cela que j’étais mieux accompagné d’un enfant en fin de compte. Comme à mon habitude, je scrutais les environs et notais chaque détail qui semblait être intéressant. Demandant notre chemin, nous arrivions facilement à la porte d’un restaurant de Ramen. Je passai commande deux gros bols de Ramens au porc. Souriant, je pris un grand plaisir à manger comme à mon habitude, mangeant bruyamment comme il est coutume.

« Profites du repas. Nous aurons l’temps après... Délicieux, chef ! »

Ce dernier venait à peine d’arriver afin de nous débarrasser et le petit homme décida de poser des questions. Première règle lors d’une enquête, c’est de se renseigner sur les environs et observer avant de parler. Encore jeune, beaucoup trop jeune. Mais bon, peut importe. Je finissais de boire le bouillon tandis que le sol commença à trembler avec un bruit de course sourd.

« Vous feriez mieux d’lâcher mon jeune ami, vieil homme, j’crois qu’vous le regretteriez sinon… »

Je remerciais le chef respectueusement avant d’observer l’homme d’un regard foudroyant qui ne semblait pas être très coopératif. Les bruits sourds se rapprochant, des cris se firent entendre, de stupeur, effrayé par le spectacle dehors. A la surprise des quelques passants, de l’homme et de ces acolytes, c’est un énorme Ours tatoué qui apparu au milieu de la rue et un puissant grognement fit trembler les murs. Regardant l’homme d’une expression amicale, drôle d'ironie vis-à-vis de la situation, je pris la parole pesant chacun de mes mots avec soin afin qu’ils me comprennent bien, mettant un point d’honneur à ma façon de parler, n’étant plus l’homme de la cambrousse mais l’homme qui possède deux sabres et qui est accompagné d’un puissant ours, mais qui ne vient pas en ennemi pour autant.

« Je ne pense pas que nous devions en arriver aux mains. L’animal qui regarde avec appétit tes copains se trouve être mon compagnon. Je te redemande de lâcher le bonhomme et de simplement nous indiquer où se trouve ce doc. Nous venons de Konoha. Nous voulons simplement lui poser quelques questions, rien de plus. Emmenez donc le garçon et mon compagnon le voir, je resterais ici avec vos hommes, si vous n’avez pas confiance en ce que je vous dis. »

En réalité, je souhaitais surtout qu’ils permettent au jeune garçon d’avoir pleine possession de ses deux mains et exécuter quelques techniques Shinobi au cas où. Si bien sur il en connaissait, mais bon, je ne suis pas du genre à interroger les gens sur leurs compétences, c’est quelque chose de sacré chez un guerrier, qu’il soit Shinobi, Samurai ou bien Sabreur. En tout cas, je m’assis sur le sol, contre le mur. Un regard bref mais qui voulait en dire long fut échangé entre Kumashisei et moi-même. Je montrais ensuite le dos du Grizzly où il y avait une selle sommaire mais assez bien attaché pour qu’un homme puisse le monter. Je faisais signe de la tête au jeune Kenzo d’y monter avec ce regard chaleureux atypique d'un parent.

Je m’étais donc assis à genoux juste à côté de l’entrée du petit restaurant, à l’ombre grâce à la devanture. Mon Wakizashi se trouvait à la ceinture et le Katana lui se trouvait sur mes genoux, dont je tenais le manche des deux mains. Par la suite, plus le temps passait plus je prenais le temps de faire plusieurs exercices de respirations plus ou moins bruyants. Dans tous les cas, je restais immobile et silencieux à attendre le retour du petit garçon et de Kumashisei. Confiant, d’une certaine façon, je ne bougeai pas d’un pouce, les yeux fermés, on pu même croire que je dormais tellement le calme et le silence régnait. Cependant, le chien de garde sembla ne pas être d’accord avec tout ceci et son impatience vint rompre le calme ambiant.

« Si y’a bien quelqu’un qui peut faire quelque chose à vot’ doc, c’est bien mon compagnon, le grizzly. Ne vous inquiétez pas, y’a rien eu. Je n’vous cache rien, pour sûr. Je n’suis qu’un Sabreur au service du Nidaime Hokage et j’suis en mission avec un p’tit bonhomme, s’tout. Si vous désirez vraiment que j’me lève, pas d’soucis, par contre, j’espère qu’vous n’avez pas d’gosses. J’pas envie qu’ils deviennent orphelins, vous comprenez ? Je n’doute pas d’vos compétences, j’suis sur vous êtes bon, mais j’suis meilleur et vous l’savez au fond d’vous. »

J’ouvris les yeux par la suite et levant le regard, je fixais l’homme. J’espérais qu’il comprenne mon avertissement. Je rendrais coup pour coup ce que l’on m’infligera et c’est certain que je mettrais fin à la vie de tout agresseur quelconque. Parallèlement, j’avais pleinement confiance en Kumashisei pour protéger le jeune garçon de son corps et le sortir du village en cas de soucis. Quant à moi, si cela devait chauffer, je n’aurais aucun souci à me débarrasser de ce menu fretin et du fameux doc par la même occasion. Les hommes de mains du bougre finirent par venir vers moi. Gardant mon calme, j’attendis un instant, juste le temps qu’ils soient à porter. Plus rapide que l’air, ma main avec le sabre encore dans fourreau guida ce dernier dans la direction de l’homme de droite lui infligeant un puissant coup au tibia afin de le faire chuter et puis à la tête avant même qu’il ne touche le sol, inconscient. Vint le tour du deuxième qui fut accueillit avec un coup qui le balaya et finit à la tête également afin de le faire tomber inconscient à son tour. Ma main posa délicatement le sabre sur mes genoux et je pris calmement la parole de nouveau.

« Si je veux blesser vos subordonnés, je dégaine le sabre et vos amis sont morts avant même que vous bougez. Je n’ai pas fait cela. A vous d’vous calmer et vous asseoir, compris ? C’est mon dernier avertissement, la prochaine fois, le sang coulera. »

Bien qu’il ne soit pas très honorable de faire couler le sang de plus faible que soi, je me devais de répondre à tout geste agressif à mon égard, c’est ma façon d’être et celle qui m’a permit de rester en vie jusqu’ici. En plus de cela, tuer des hommes d’un village paisible au sein du pays du feu, étant un Jonin en mission, cela ne serait pas très bien vu pour Konoha. Au pire, je ne les tuerais pas, je les jetterais juste en prison, c’est suffisant et je serais dans les règles.