Cela faisait déjà quelques jours que le Trentenaire avait été conduit dans sa nouvelle chambre. La pièce était bien plus spacieuse que la précédente. Cette fois aucun autre prisonnier ne se trouvait à côté de sa cellule, ni ne viendrait lui tenir compagnie. Un sbire du Kyomu venait quant à lui deux fois par jour porter le repas de Van, à côté du lit. Habituellement le Lumineux recevait également la visite régulière de Saori, dont la tâche était de s'occuper de ses soins... Pourtant aujourd'hui - et pour la seconde fois depuis sa capture -, Ketsueki Yami fut celle qui franchit la porte de sa cellule.

Lorsqu'il entendit le verrou de l'épaisse porte blindée s'ouvrir, Hoheinheim se redressa à l'aide du seul bras plus ou moins encore valide, qu'il pouvait lui rester. Il s'assit alors et plongea son regard dans celui de la Ketsueki, qui était à l'origine de sa misérable condition. Il remarque cette dernière accompagnée par un homme aux tatouages en forme de losanges noirs sur le front. Sans doute devait-il s'agir du fameux Nihileim, évoqué au cour de leur conversation par Red.

Van ~ " Entrez-donc, entrez-donc ! " Faisait-il comme si les lieux lui appartenaient. " J'attendais votre visite avec impatience... Croyez moi les journées sont biens longues, seul ici. "

En dépit de ses grands airs, l'ancien Seigneur de Guerre de Taki imaginait très bien à quoi s'attendre. Pour avoir vécu déjà la même situation avec son bras droit quelques années plus tôt, ce dernier allait encore une fois côtoyer de près la souffrance que l'on pouvait ressentir dans ce genre d'opérations. Bien habitué à s'exercer sur son corps, le torse du Lumineux était en effet déjà recouvert par de nombreuses cicatrices en forme d'incisions. Certaines étaient parfois plus larges et épaisses que d'autres et se prolongeaient jusqu'à son ventre. Van avait mené plusieurs études à partir de son propre corps afin de mesurer sa capacité à endurer la douleur. A terme le scientifique comptait bien se débarrasser totalement de son enveloppe charnelle et n'était plus très loin de trouver la solution qui le lui permettrait.

Van ~ " Durant mon séjour à Suna, j'ai beaucoup appris sur l'histoire des marionnettistes. Au commencement les pantins n'avaient jamais été destinés au combat. Leur créateur, Chikamatsu Monzaemon, à l'époque, s'en servait pour offrir au public de beaux spectacles de marionnettes et divertir le public. Chacune incarnait un personnage et représentait l'un des aspects de la personnalité de ce grand homme... "

Parti dans sa petite histoire, le Trentenaire poursuivit après avoir été certain d'avoir capté toute l'attention des deux nouveaux venus.

Van ~ " On racontait que sa maîtrise des pantins et ses marionnettes étaient si réalistes, qu'il aurait été presque possible de les confondre avec de vrais humains... " Petite pause placée ici volontairement par le Lumineux qui s'était tout bonnement laissé séduire lui même, par ce concept. " Pour ma part il me plait de croire que ces rumeurs étaient plus exactes que ce que l'on ne voulait bien leur reconnaître... Son corps n'a jamais été retrouvé d'ailleurs par le village de Suna... "

Pour aller jusqu'au bout de sa pensée, le Lumineux dirait que cet homme était toujours en vie quelque part aujourd'hui. Si tel était le cas alors Van un jour chercherait sans doute à le retrouver par ses moyens...

Van ~ " Voilà pourquoi j'aimerai que vous utilisiez de simples prothèses pour me remettre sur pieds. Le plus délicat repose sur le fait de sceller les connexions nerveuses de mes nouveaux membres. Pour cela je vous invite à retirer mon dernier bras pour constater vous même la façon dont je m'y suis pris. "

Spoiler:

Accompagnée de Nihilem, je me rendis dans la chambre du Hohinheim, le bloc étant fin prêt pour l'opération visant à lui faire retrouver une certaine mobilité et le contraindre à nous jurer fidélité par la même occasion. Il n'avait pas connaissance de cette dernière partie mais je pensais l'homme de science suffisamment intelligent pour la deviner. Après tout, il avait sans doute lui même réalisé des opérations douteuses.

Je ne répliquai toutefois que par un large sourire à ses paroles, savourant son ton si détaché malgré les épreuves qui l'attendaient. Cependant, il préférai visiblement se pavaner en élucubrations concernant un clan qu'il semblait bien connaître tout en oubliant que j'étais moi même une Kazejin.
L'écoutant d'une oreille, j'approchai le fauteuil de son lit et allai le saisir pour l'y placer sans grande délicatesse.
Dire que je devais réparer ce que j'avais moi même abîmé...

« Puisque l'Histoire du clan des Kugutsu vous passionne, vous ne devez pas être sans savoir que ce n'est pas vraiment un clan que les miens portons dans notre cœur. Si tant est que nous ayons un... »

En effet, la Confrérie des Marionnettistes était à l'origine de l'extermination en grand nombre des Ketsueki à l'époque de notre domination fulgurante de Kaze.

« Devrais-je donc vous voir d'avantage comme un ennemi anciennement influent de l'Empire déchu ou bien comme l'un d'entre eux ? ... »

Mon expression se voulait énigmatique sans toutefois dénoter la perfidie qui s'en dégageait.

« Votre réponse ne changera que le nombre de vos morceaux. »

Ceux a retirer, ceux a ajouter, ou encore ceux pour lesquels je pourrais imaginer de changer la configuration.

La suite de son discours concernant le mode opératoire de la greffe et implantation des membres ainsi que son souhait de disposer d'une simple prothèse me fit étirer un rictus.

« Parce que vous pensez être en position pour négocier votre opération ? En plus de me penser novice au point de n'en avoir jamais pratiqué ? Rassurez vous, je saurais reconnecter vos terminaisons nerveuses comme il faut. Si toutefois ce n'était pas le cas pour toutes à votre réveil, sachez que cela était volontaire. »

Les choses étant dites, je laissais le soin à Nihilem d'y aller de son petit commentaire avant de le laisser pousser le fauteuil du Hoheinheim après un regard qui en disait long sur la question. Ce n'était pas envisageable que je m'y atèle de nouveau.

*******

Ainsi s'en suivirent des heures d'opérations après que notre patient soi installé et endormi : non pas pour l'empêcher de souffrir mais par simple commodité. Je préférais réaliser les interventions sur des corps inertes.

Les moignons des membres manquants furent nettoyés une nouvelle fois avant d'être complétés par la pose de prothèses somme toute assez classiques, qui lui permettraient au moins de se mouvoir plus convenablement. Le plus gros du temps fut passer à apposer divers sceaux a vocations explosives sur différents de ses organes. L'équipe était au petit soin pour sa carcasse : un vrai chanceux !

Après l'intervention, le marionnettiste fut placé en salle de réveil, fraîchement rafistolé.
Il ne lui fallut pas plus d'une heure en ce lieu pour finalement ouvrir les yeux sur un monde nouveau pour lui.
Contrôlant régulièrement ses signes vitaux pour m'assurer du bon déroulement post opératoire, je ne tardai pas à me rendre compte de son retour à la réalité et me tins à ses côtés pour l'y accueillir.

« Bienvenue parmi nous en un seul morceau Hoheinheim. Comment vous sentez vous ? »

Si cela n'était pas uniquement rhétorique, cela ne m'empêchait pas d'être un brin sarcastique. Vu la lourde opération qu'il avait subit, ses diverses implantations et perte d'hémoglobine, il devait certainement avoir connu mieux.

« Vous saviez que votre sang avait un goût âcre ? On dirait presque que la sciure de vos marionnettes s'y mêle un peu trop... Faites attention... »

J'en avais bu. C'était là ce que je voulais qu'il comprenne. Peut-être qu'il n'avait pas la moindre idée des possibilités d'un Ketsueki en possession de l'hémoglobine d'une personne et cela était sans doute mieux ainsi.
Ou peut-être pas...

Van ~ " Détrompez vous ma chère... Ce n'est pas l'histoire du clan qui m'intéresse, mais bien celle de Monzaemon en particulier. " Une nuance somme toute importante aux yeux du Lumineux à cet instant. " Quant à l'Empire, ce dernier n'existe plus c'est un fait. Me battre pour ses ruines n'aurait plus aucun sens... "

Une évidence flagrante pour le Lumineux, qui ne s'imaginait pas un seul instant reprendre le flambeau laissé par le Samui. Taki l'avait jusqu'ici déjà bien trop occupé pour ne lui avoir même laisser le temps, de pleinement poursuivre ses recherches. A cela il y avait les guerres, les attaques du Kyomu et autres conflits ouverts avec Kumo. Le Shukaï souffrait également de l'intérieur, avec les divers agissements de la rébellion et de ses membres... Tous ces ennemis auront finalement eut raison du redoutable Kakeshuou et de sa soif de conquête.

Yami s'offusqua par la suite que le Trentenaire ait pu la prendre pour une simple novice en la matière. Celle-ci lui répondit sèchement qu'elle pourrait tout autant et sciemment modifier quelques unes de ses terminaisons nerveuses, si l'envie lui prenait. La perspective n'enchantait pas vraiment Hoheinheim qui chercha aussitôt à se faire pardonner en papillonnant des yeux. Après tout lui n'en savait rien et ne l'avait - au final - jamais vu, mener une opération.

Van ~ " Yare yare... Pardonnez mes mauvaises manies ! En vérité je n'ai pas pour habitude d'être celui qu'on opère. Je suis un peu nerveux ! " Faisait-il bien que l'envie d'en rire n'y soit pas vraiment. " Je m'en remets totalement à vous dans ce cas. "

Bien sûr, le Trentenaire savait pertinemment qu'il n'avait d'autre choix que de se plier à la bonne volonté de la Ketsueki. Néanmoins le fait de rattraper la situation de cette manière, le laissait pensé que Yami serait sans doute moins sévère.
Finalement le trio arriva dans une nouvelle pièce et Nihileim fut celui qui allongea Van, sur la table d'opération. Après quoi, un sédatif lui fut administré pour que Yami puisse commencer sa besogne.

~ ~
~

Alors qu'il commençait à peine à rouvrir les yeux des suites de son opérations, Van reconnu la voix de Yami lui souhaiter la bienvenue. Incapable de bouger, ni même de s'essayer à se redresser, Van mit du temps avant de retrouver un semblant de vision sans ses précieuses lunettes. Un flou opaque l'empêchait de suffisamment bien discerner les formes autour de lui. La Ketsueki surenchérit sur le goût infâme de son sang, qu'elle avait trouvé âcre. Une chance pour elle que Van n'ait jamais contracté le virus plague, qui était apparu aux abords d'Itabeï...
Bien trop sonné sur le coup, Van ne pu y repenser ni même s'en servir pour plaisanter. Une certaine douleur raidissait ses membres qu'il n'avait pu encore voir, depuis son récent réveil. Il lui faudrait certainement se reposer encore un jour ou deux avant d'être capable de les voir. Pour l'heure il n'avait ni la force de parler, ni même celle de résister aux piques lancées par la Ketsueki.

Van ~ " Mer..ci.. " Fit-il malgré tout avec le peu de souffle qu'il lui restait encore avant de se rendormir.

Le simple fait de vivre encore signifiait que la Ketsueki ne l'avait pas éliminer pendant l'opération. Aussi Van avait déjà imaginé ce qu'il avait dû en couter à cette sanguinaire criminelle, de soigner les blessures qu'elle lui avait infligé.

Le Hoheinheim resta comateux les deux jours qui suivirent, se remettant peu à peu de l'intervention visant à lui offrir de nouveaux membres factices afin de lui faire retrouver une certaine mobilité.
Ce ne fut que le matin du troisième que je m'attardais un peu plus en sa compagnie, vérifiant sa cicatrisation et lui administrant des calmants nécessaires pour calmer sa douleur sans doute fulgurante.

J'étais assez fière de ma création comme en témoignait le sourire avec lequel je dévisageais les greffes du marionnettiste. Toutefois, le rendu seul ne suffisait pas.

« Vous vous êtes suffisamment reposé, vous ne pensez pas ? Il est temps d'apprendre à les mouvoir. Bientôt, cela sera aussi naturel qu'avec vos propres membres. »

Bien qu'il devait le savoir étant donné qu'il disposait déjà de membres en bois.
Son chakra toujours scellé, les ajouts explosifs apposés sur différents organes ainsi que son état léthargique, ne me faisait aucunement craindre de lui tendre mon bras pour qu'il y prenne appui, un sourire mesquin aux lèvres. Que pourrait-il bien tenter dans sa situation de toute façon ?
Il ne s'attendait sans doute pas que ce serait celle qui l'avait privé de ses membres qui s’attellerait à le réparer et même à faire sa rééducation. J'étais la première surprise de devoir réparer mes bêtises, je ne m'en donnais généralement pas la peine, mais cela était une nouvelle façon d'asseoir ma dominance à son égard, lui qui était si diminué...

Cependant, la médecine était un art que je prenais à cœur : il me fallait observer des progrès significatifs rapidement. C'est pourquoi j'allais aider mon patient captif à y parvenir !

« Il est inutile de vous précipiter où le manque de coordination couplé à la douleur ne vous ferait que chuter. Cherchez la stabilité sur vos jambes en premier lieu et exercer vous à faire quelques pas en conservant votre appuie sur mon bras. »

Mon ton tout comme mon expression n'était plus tinté de cynisme, seul le professionnalisme du médecin en ressortait.

Je l'emmenais volontairement devant un obstacle, à savoir un livre tombé sur le sol, qu'il devrait parvenir à enjamber avec sa prothèse.

« Si la tête venait à vous tourner faites le moi savoir, nous ferons une pause. »

Le simple fait de reprendre une position debout, en mouvement, alors qu'il était resté alité quelque temps devait perturber son corps endolori en plus de lui provoquer une sensation étrange : ces membres fictifs étant ressentis physiquement comme une intrusion, un poids qui n'avait de cesse de lui rappeler que tout cela n'était plus naturel.

Trois jours étaient passés depuis l'intervention visant à redonner ses membres amputés au Lumineux. Ce dernier était resté seul alité dans sa chambre, à dormir et récupérer de son opération. Il était arrivé plusieurs fois pendant ces trois jours, que le Trentenaire se réveil et parvienne à s'extirper de son sommeil. Ainsi il avait eut plusieurs fois l'occasion d'observer son nouveau bras et sa nouvelle jambe. Il s'assura également durant ces courts moments de lucidités, à effectuer les premiers tests sur ses prothèses. Pour cela il n'avait eut qu'à faire bouger ses orteils pour son pieds, et ses doigts pour sa main...

Finalement le marionnettiste se sentit bien soulagé de constater par lui même, la bonne réaction de ses membres à ses différents ordres. Apparemment la Ketsueki avait correctement réaliser la pose de ses deux prothèses et avec succès certain. Pour cela Van lui en était très reconnaissant et ne manquerait pas de la remercier de nouveau, une fois complètement rétabli. Sans le savoir peut être elle même, Yami venait après tout de lui permettre de se rapprocher davantage encore de son objectif principal. A savoir celui de se transformer totalement un jour où l'autre en marionnette.

En tout cas son séjour au Kyomu, permettait à l'ancien Seigneur de Guerre de complètement se remettre de ses blessures de guerre. Contrairement à beaucoup d'autres tombés au combat, lui pouvait au moins se targuer d'avoir eut la chance d'en réchapper vivant. Il se rappelait bien d'ailleurs pour cela du sacrifice de son élève Shirahime et de la façon dont celle-ci s'était interposé entre lui et la terrible technique de Yami...

Cela faisait déjà plusieurs mois que Van était retenu captif des griffes du Kyomu. Beaucoup devaient le croire mort à Iwa et sans doute était-ce la raison pour laquelle personne n'était encore venu tenter de le secourir. Le Lumineux était à présent bien seul et devrait se passer de l'aisance que lui procurait habituellement le Pays des Cascades. De celui qui dirigeait, Van devrait désormais appliquer les ordres que l'on lui dicterait. Bien qu'il ne soit que très peu enchanté par l'idée de servir les intérêts de l'ennemi du Shukaï, il n'en restait pas moins suffisamment censé pour savoir qu'il s'agissait là de sa seule chance de réussir un jour à reprendre Taki.

Kumo n'avait qu'à bien se tenir et profiter encore du peu de temps pendant lequel son Pays resterait sous leur joug... Car si une chose était certaine aux yeux du Trentenaire ; c'est qu'il comptait bien récupérer ses terres et ce quoi qu'il lui en coûte.

~ ~
~

Tandis qu'il s'était assit afin de s'essayer à se lever pour la première fois depuis l'opération, Van entendit la porte de son cachot s'ouvrir. Il pensait voir Saori passer l'épaisse porte blindée qui le retenait entre ces murs, mais fut à la place surprit de reconnaître la silhouette de Yami. Elle était apparemment venue dans le but d'assurer elle même sa rééducation et sans doute observer les résultats de sa dernière expérience. Van ne s'en trouva pas mécontent et profiterait de l'occasion pour discuter un peu avec quelqu'un. Il devait bien avouer qu'à force de rester seul dans cette chambre, son moral n'était pas au beau fixe. Heureusement pour lui que sa soif de vengeance - à l'encontre de Kumo - parvienne à lui donner la force suffisante afin de rester en vie.

Van ~ " Oh oui, bien trop je dirais même ! " Ajouta-t-il à sa première remarque. " Je ne me fais pas trop de soucis pour le bras... " Disait-il en agitant celui-ci bien plus facilement que sa jambe. " Celle-ci risque bien plus de me donner du fil à retordre par contre. Je ne pensais pas qu'il serait si difficile de trouver son équilibre la première fois. "

Puis la Ketsueki lui tendit le bras comme pour l'inviter à s'y raccrocher. Étonnée de la voir se montrer si attentionnée envers lui, Van hésita tout de même un court instant avant de poser sa main. Lorsqu'il se lança et qu'il prit appui sur elle, celui-ci parvint à se tenir debout pour la première fois depuis qu'il avait été opéré. Il parvenait à soulever sa jambe de bois et s'essaya une ou deux fois à le faire. Une fois qu'il se sentit prêt, et aux côtés de Yami, Van fit un pas, puis un second.

Ils arrivèrent après cinq minutes devant un livre, surement tombé sur le sol. Hoheinheim n'avait alors fait que trois pas dans sa cellule mais y était tout de même parvenu. Il toisa l'obstacle comme si ce dernier représentait une colline. Afin de le surmonter, le Lumineux choisi de poser son pied de bois sur la couverture. Néanmoins sa première tentative se solda par une perte d'équilibre qui le força à se rattraper au bras de la Ketsueki.

Van ~ " J'apprécie votre attention mais je crois bien au contraire qu'un peu d'exercice me ferait le plus grand bien. Pourrait-on sortir un peu dehors prendre l'air ? Cette chaleur est étouffante, je n'en peux plus... "

Cette fois seul, Hoheinheim s'élança par dessus le livre qu'il venait de passer. Bien sûr lui ne fit que deux pas vers la sortie et non sans peine. De la sueur perlait sur son front et témoignait de la difficulté qu'il avait pu éprouver pour faire ces quelques pas.

Van ~ " Peut-être devrions-nous d'abord faire le trajet avec mon fauteuil si vous ne voulez pas perdre votre temps. De plus vous le poussez avec une telle ferveur que je ne saurais ne pas en profiter encore un peu. "

Il était encore faible. En étais-je déçue ? Peut-être un peu.
Le Grand Hoheinheim Van, Ancien Seigneur de Guerre de Taki, n'était finalement qu'un homme comme les autres, subissant les affres d'une telle mutilation et des épreuves post-opératoire.
Il étouffait entre ces murs par cette chaleur et demandait à sortir à l'air libre. Un sourire naquit sur mes lèvres à cette idée.

« Croyez vous réellement qu'être en extérieur, au plus près des volcans, apaisera votre impression de cuire ? »

Il ignorait peut-être encore qu'il était sur Haï, après tout ce n'était pas impossible. S'était-il seulement déjà rendu ici ?
Le reconduisant à son fauteuil pour mieux l'y pousser sans rien répliquer à ses propos condescendants, nous quittâmes sa chambre pour nos engouffrer à l'extérieur après un dédale de couloirs et de mesures de sécurité.

L'air extérieur n'était clairement pas plus frais comme il s'en rendrait compte et le paysage désolé n'était pas plus salvateur pour son moral décrépit : lui qui avait finalement tout perdu.

« Êtes-vous déjà venu au Pays de la Cendre ? »

Questionnai-je par pure curiosité.

« J'ai beau être native de Kaze, j'ai bien du mal à m'accoutumer à cette chaleur étouffante ainsi qu'a ces particules en constante suspension dans l'air. »

Le climat était aussi chaud que dans le désert mais il en demeurait tout de même différent.

Tout en continuant de le pousser, je m'aventurais vers les terres stériles, loin de toute civilisation, loin de toute menace... Il y avait forcément quelqu'un à sa recherche et je n'avais aucune idée de tomber sur ce « quelqu'un ». D'abord parce que je n'avais pas envie de me battre sous cette chaleur et ensuite parce que je ne voulais pas être dérangée. J'avais en effet plusieurs choses à annoncer au Hoheinheim...

Finalement arrivés dans un endroit avec une vue parfaite sur l'un des cracheurs de lave, je me postais sur un rocher, non loin de lui, mes kuchiyoses senseurs quadrillant la zone sous leur camouflage, juste au cas où.

« Votre nation a-t-elle déjà nommée un déserteur à sa tête un jour ? ... »

Mon regard se portant sur l'horizon vint de nouveau se poser dans sa direction.

« A Kaze cela est monnaie courante. Et ils ont d'ailleurs récidivé. »

Lui déclarai-je dans un semblant de sourire auquel se mêlait une certaine incompréhension.

« L'Hachidaime a été démis de ses fonctions... Et qui veulent-ils en Kyudaime d'après vous ? »

Cette interpellation était purement rhétorique, d'ailleurs je poursuivis instantanément.

« Moi ! »

Son air étonné était sans doute le même que celui que j'avais moi même exprimé en l'entendant de leur bouche.

Sortant une gourde de ma sacoche, je me désaltérai, voulant de prime abord en proposer au Hoheinheim avant de me raviser. Qui savait ce que les scientifiques de son genre pouvaient bien faire d'un soupçon de salive ? Je pouvais sans nulle doute l'affirmer par moi même  : beaucoup de choses.
Je tirai donc une flasque plus petite qui contenait elle aussi de l'eau, contrairement aux apparences, et la lui tendit.

« J'ai eu tellement d'occasion de vous tuer, pourquoi le ferais-je maintenant ? »

Soulignai-je en réponse à sa possible méfiance.

« Bref. Pourquoi est-ce que je vous dis tout cela, me direz vous ? Eh bien, pour la simple et bonne raison que vous allez m'accompagner ! »

Parce que mon captif pourrait bien m'être utile une fois remis sur pieds et que le voir croupir au QG ne m'enchantait pas vraiment. Après tout, sa nouvelle condition il me la devait. C'était un peu comme ma propre création ! Certes bourrée d'explosifs mais ma création ! Une denrée sur laquelle je voulais garder un œil en plus de m'être profitable...

« Toutefois, vous vous doutez bien que nous devrons procéder à quelques nouvelles... modifications pour cela. »

Eh oui, encore...

Van ne su quoi rétorquer en apprenant que le repaire du Kyomu était basé au plus proche de plusieurs volcans. Il réalisa d'ailleurs par la même occasion qu'il n'avait jamais encore demandé l'endroit exacte où il se trouvait, jusqu'à maintenant. Sans doute ne l'avait-il pas jugé utile en raison de sa condition physique déplorable lors de son arrivée. Depuis il était resté enfermé entre les murs de sa cellule, puis de sa chambre plus spacieuse. Après quoi Red - la dirigeante de l'organisation - l'avait interrogé avant de finalement le laisser aux bons soins de sa seconde Yami...

Ils traversèrent une bonne partie du repaire avant d'atteindre la sortie. Puisque le Lumineux s'était laissé pousser sur son fauteuil roulant par la Ketsueki, ce dernier n'avait rien perdu des nombreux systèmes de sécurité croisés en chemin. Son accompagnatrice quant à elle était restée bien silencieuse le temps du trajet. En réalité Van ne s'était pas attendu à ce qu'elle accède si facilement à sa requête de l'emmener faire un tour.

Enfin lorsqu'ils atteignirent l'extérieur, et que les maigres rayons du soleil qui traversaient la masse nuageuse sombre étendue au dessus de leur tête révélèrent les alentours, Van pu reconnaître là un paysage qu'il avait déjà foulé par le passé.
Ce fut à ce même instant que Yami demanda si le Marionnettiste était déjà venu au Pays de la Cendre. Elle lui confia également éprouver quelques difficultés à se faire à la chaleur étouffante du Pays. Certainement était-ce dû aux nombreux foyers de lave, en constante activité réparti sur la plus grande partie de l'ïle. La chaleur qu'il se dégageait du sol de Haï était à peine supportable pour les pieds... Quant à l'air suffocant qu'il y faisait...

Van ~ " Je vous rassure, je pense bien que personne de très saint d'esprit ne le pourrait " Fit-il pour répondre à la première question de Yami. " Haï no Kuni est une fournaise... Et sauf votre respect, seuls ceux qui se cachent choisissent de tels endroits pour y vivre de leur plein gré. "

Une évidence aux yeux du Trentenaire qui ne mit aucune forme à sa réflexion faite à voix haute. Lui se replongea plutôt dans de vieux souvenirs... Des souvenirs d'une alliée et d'une équipière, qu'il avait connu à ses débuts au Shukaï. Il s'agissait de Gogyou Sahori; une jeune femme vivante au caractère bien trempée.

Van ~ " J'en ai déjà eu l'occasion oui... A l'époque je recherchais ma coéquipière qui avait choisi de se détourner des guerres et du monde shinobi. Elle aussi avait décidé de se cacher. Mais simplement pour élever son enfant, aussi crédule que cela puisse paraître. Je n'y suis cependant resté que très peu de temps en comparaison de ce... Séjour-ci. "

Ils avaient marché pendant plusieurs heures afin de s'éloigner suffisamment de l'entrée du repaire et par la même occasion de toute civilisation. Yami prenait certaines précautions et se montrait particulièrement vigilante en chaque instant. Enfin elle choisit un lieu dégagé donnant sur l'un des volcans de l'île. Après quoi elle parti prendre place sur une roche non loin de Van puis se mit à lui expliquer sa nouvelle nomination de Kazekage.

A ces mots le Lumineux ne su dissimuler sa surprise tout comme son incompréhension. Il se laissa offrir une gourde sortie de l'une des poches de Yami puis dévissa machinalement le bouchon. L'entendre lui rappeler qu'elle aurait pu l'éliminer plus d'une fois, fut un coup dur pour son amour propre. Van imaginait bien que la Ketsueki ne se serait pas amusé à le rafistoler pour l'empoisonner juste après avec cette flasque... Par la suite il bu, puis la laissa poursuivre jusqu'à ce que fatalement elle lui révèle qu'il aurait à l'accompagner à Suna.

Van ~ " PFfffff !!! Vous accompagnez ?! " Fit-il en recrachant toute son eau d'un seul jet. " Je suis flatté que vous ne puissiez décidément plus vous passer de ma compagnie, mais sachez avant toute chose que je suis un homme marié ! De plus, je crains que trop de personnes ne me connaissent déjà à Suna pour manquer de me reconnaître... "

Yami paraissait justement s'inquiéter que l'on puisse le reconnaître et donc rapporter l'information à Iwa. Van imaginait bien que contrairement à ce que lui espérait, Yami ne le laisserait pas si facilement partir. Néanmoins par "modification", Van n'entendrait pas de se résoudre à endurer une nouvelle opération. Il avait jugé avoir perdu suffisamment de temps à récupérer pour celle qu'il venait de subir et désirait plus que tout se remettre en activité.

Van ~ " Si vous me fournissez un corps suffisamment large et robuste, je pourrais être à même de créer une marionnette dans laquelle il me suffira de me dissimuler... Mais dîtes moi plutôt à quoi je pourrais bien vous servir et pendant encore combien de temps ? Les miens se trouvent à Iwa et avant que le Shukaï ne tombe, nos deux nations étaient alliées... Votre nomination à la tête du village de Suna et le fait que vous ne me relâchiez pas, signifierait-il que cette alliance prend fin désormais ? "

La réaction du Hoheinheim ne se fit pas attendre, ses propos ne tardant pas à m'étirer un sourire amusé.

« Je suis fiancée aussi, parait-il. Mais rassurez vous, je n'en ai pas après votre corps ou votre cœur mais bien à votre utilité. »

Qu'il ne se méprenne pas sur mes intentions.

« C'est pour pallier à ce « détail » que je vous ai parlé de nouvelles modifications. Comprenez bien que je ne peux décemment pas compter sur votre parole et que l'usage d'une marionnette de laquelle vous pourriez sortir à votre guise n'est pas une option viable. »

Lui soulignai-je en réponse à sa réflexion sur le fait que de nombreux Sunajins le connaissait et donc le reconnaîtrait.

« D'autant plus que je connais votre maîtrise du fuinjustu pour en avoir été la cible mon cher. »

J'affichai un sourire mesquin.

« Vous y sceller n'est donc pas une idée pertinente. A moins de continuer à vous priver de votre chakra. Là, l'option de la carcasse de la marionnette où vous y seriez enfermé peut être une idée. »

A défaut de passer sous le bistouri.
De toute façon, à la moindre insubordination de sa part, il me suffirait d'appuyer sur le bouton rouge...

« Combien de temps... ? Hmm... Vous savez, c'est une notion bien abstraite pour moi. »

Amusée, je me relevai de mon rocher pour venir me poster devant lui.

« Vous pourriez m'être utile à plus d'un titre, ancien Seigneur de Guerre... »

J'imaginais en effet facilement là où il pourrait m'aider. Et puis... le voir travailler pour moi quelque temps était assez jubilatoire...

« L'alliance que possédait Suna était avec l'Empire et l'Empire n'est plus. Il ne tient qu'à vous de faire en sorte qu'elle soit réitérée avec Iwa. Vous pourriez en être l'instigateur... tout comme le destructeur... »

Cela ne dépendrait que de sa bonne volonté pour ne pas influer négativement sur mon humeur.

« Aussi étrange cela pourra-t-il vous paraître, je n'ai jamais rien eu contre l'Empire. La fin justifie les moyens, voilà tout. »

Mon regard un instant tourné vers l'horizon, revint se poser sur lui.

« Je n'ai rien contre vous non plus, Hoheinheim Van. Assurez vous simplement que cela ne change pas. »

Reprenant une gorgée d'eau de ma gourde pour me rafraîchir de cet enfer peu tenable, j'esquissai finalement un nouveau sourire à l'encontre de mon invité.

« Je ne vous transférerais à Suna que lorsque vous ne serez plus impotent. La question de deux petits mois peut être si vous êtes assidus à la rééducation qui vous sera donnée. »

Et puis...

« Il vous faudra également une identité temporaire. Que diriez-vous de... Sasori ? »

Les scorpions étaient après tout ses animaux de compagnie de prédilection et c'était un nom qui se fonderait dans la masse parmi les habitants du désert.

« Il me reste un peu de temps avant mon départ pour Suna, aussi je continuerais de m'occuper de votre remise sur pieds durant ce laps de temps. N'oubliez jamais ceci : je ne vous ai pas ôté la vie, je vous l'ai volé... »

Souriante, je fis le tour de sa chaise pour venir derrière et commencer à le pousser pour rentrer au quartier général. Le retour ne se ferait probablement pas dans le silence : il devait encore avoir des tas de choses à me dire.