C’était Hanabi qui lui avait demandé ce service, et bien trop enclin à aider son épouse, Gao n’avait réussi à se résoudre de lui dire non. Il n’était pas dupe et probablement qu’elle avait perçu avec sa clairvoyance à toute épreuve les mêmes opportunités qu’il voyait dans l’action. Un Yamanaka voulant faire du Fuinjutsu était loin d’être l’agencement le plus commun au sein du clan, et l’extraire de l’influence peut-être trop pacifiste des blonds pour en faire une réelle machine à même d’exploiter au maximum ses capacités était un projet alléchant. Un projet utile à Konoha. Pas après pas, il se dirigeait rapidement vers le point de rencontre – s’il commençait à rouiller doucement son Fuinjutsu après la courte période précédente où il dépendait surtout de ses dons de senseur, Gao savait que les vieilles habitudes avaient la vie dure et qu’elles reviendraient au galop dès les premiers instants. Il était l’un des vieux singes du village en termes d’âge, et ce n’était pas à lui que l’on pouvait apprendre à faire la grimace. Il tenta un bref instant une communication télépathique avec son épouse qui se solda par un échec et, soupirant calmement, il approcha sa main gauche de sa bouche d’un geste aussi pointilleux que son esprit avide du moindre détail et activa le sceau sur cette dernière.

« Hanabi ? Il semblerait que nous soyons déjà hors de portée de notre petite liaison. Il faudra que l’on améliore ça. »

A l’autre bout du sceau, sa femme fit visiblement de même.

« Oui, j’ai remarqué aussi. Je commence déjà à travailler dessus, occupe-toi du petit pour le moment. »
« Même sans ce lien tu lis dans mes pensées... A ce soir. »

C’était un complément de communication intéressant et surtout utile, d’autant plus qu’il permettait à une personne dénuée du pouvoir Yamanaka de communiquer à distance. Les diverses astuces d’écrits transmis par Fuinjutsu n’étaient qu’à leurs débuts, mais il y avait un certain inconfort à faire ainsi. Un inconfort associé à un manque de dynamique presque cruel – et Gao ne pouvait que remercier ses dons de Senritsu pour avoir réussi à établir un sceau qui, à l’instar de ces derniers, transmettait le son entre deux points distincts. C’était une communication qui pouvait avoir potentiellement un futur, bien que pour l’instant il ne faisait que la développer.

Arrivant enfin sur le lieu de rencontre, il s’arrêta, droit comme un piquet, et croisa ses bras, prêt à attendre l’arrivée du jeune homme. Aucun signe de mauvais confort. Aucune notion de rien qui puisse fléchir sa volonté flamboyante. Aujourd’hui, une fois de plus, il avait la conscience d’investir dans le futur de Konoha en transmettant une partie de son savoir. Un investissement qui pourrait même faire un retour direct et personnel s’il arrivait à la totalité de ce qu’il avait prévu pour la journée, mais déjà… Il fallait commencer par le début.

Le brun adressa un léger sourire au blondinet tout en l’évaluant d’un simple regard en long et large. Un Yamanaka classique – une musculature peu développée, des yeux cristallins, une carrure lointaine de celle des plus grands guerriers et surtout cette chevelure blonde. Il était affolant à quel point il était simple au Senritsu d’oublier qu’il s’agissait là de la couleur originale des cheveux de son épouse, tant cette dernière passait-elle son temps à en modifier la couleur. Si la naissance des enfants avait calmé son jeu, il n’en restait pas moins qu’elle était des plus audacieuse avec sa chevelure. Soupirant calmement, il hocha la tête en guise de salutation et d’accréditation aux paroles du jeune enfant.

« Je ne m’en faisais pas, même si j’apprécie l’intention. »

Détendant doucement les traits de son visage, il regarda le jeune garçon droit dans les yeux. C’était donc lui, le fameux prodige Yamanaka déjà membre de la racine à son âge ? Pourquoi pas, après tout. Il n’était pas là pour prendre les décisions, seulement obéir – et même s’il s’agissait d’un service, il n’avait en rien à remettre la place de la tête blonde au sein de l’élite de l’ombre de Konoha. Avançant doucement, Gao s’arrêta devant la table où tout avait été soigneusement préparé, exactement comme il l’avait dit.

« Ce n’est pas fréquent pour un Yamanaka de se lancer dans la maîtrise des sceaux, mais c’est une morale que l’on a certainement déjà trop fait à tes oreilles. »

Il marqua une pause prolongée.

« Toutes les personnes qui t’auront dit ça sont stupides. On m’a fait les mêmes pour mes capacités de Senritsu, et pourtant aujourd’hui j’ai été capable de trouver des applications de cette combinaison qui se montrent à toute épreuve. C’est la solution de la créativité. Le choix de surprendre et ne pas rester ancrer dans un schéma préconstruit. Mais assez d’éloges. Voyons donc ce que tu sais déjà faire pour voir d’où l’on va. »

S’asseyant à l’opposé du jeune homme en devenir, Gao prit un parchemin et un pinceau, indiquant d’un simple regard qu’il attendait à ce que l’autre en fasse de même.

« Je copierai ton sceau une fois qu’il sera fait en te montrant comment l’améliorer. »

C’était suffisant pour un début, voir les lacunes et les comble avec sa propre expérience – si l’on pouvait facilement s’y méprendre, la création de sceau et leur maîtrise n’était pas toujours la chose la plus évidente. Où place le chakra, où placer tel ou tel symbole… C’était presque comme dessiner une peinture, à la différence près que cette dernière pouvait littéralement tuer la personne à qui elle était adressée. Mais pour un approfondissement théorique comme pratique des sceaux, commencer ainsi est une bonne façon de faire. Oui.