» Dans ce cas, faites savoir vos attentes et vos ordres !

La voix émerge de nulle part, mais on repère bien vite qui est à l’initiative de cette interpellation. Alors que Kotaro tente de le retenir par le bras pour éviter tout accrochage avec le nouveau Maître de la Roche, Hiyori fait un mouvement d’épaule pour se dégager de toute retenue, et fait quelques pas en avant. Sa voix a résonné dans ce lieu et il sait qu’il a désormais l’attention non seulement du Tsuchikage mais aussi des autres intervenants qui se sont faits balayer par les paroles incendiaires du nouveau Chef.

Les désaccords et la mésentente règnent déjà entre les deux personnages. Bien qu’ils se soient vaguement connus et tournés autour sous l’Empire, les deux hommes ont pris contact au lendemain de la défaite, et il a immédiatement été clairement fait que Yanosa Oterashi serait le fossoyeur de souvenir du Kamui. Non pas qu’il comptait réduire son héritage ; mais il le limiterait au strict minimum. En ne se privant pas au passage de le rabaisser et de ternir ses réussites. Une façon de s’asseoir sur le nouveau pouvoir sans faire face à trop de véhémence ? Ce genre de stratégie ne ferait qu’hisser un sentiment belliqueux chez le Jisetsu.

Avançant de quelques pas, il se place volontairement en ligne de mire au cas où son Supérieur veuille lui faire payer chèrement cet affront. La remarque qu’il avait faite peut être comprise dans deux sens distinctifs ; et l’un d’eux n’est pas de bonne entente. Pourtant, c’est aussi une façon pour Hiyori de montrer sa détermination dans cette lutte nouvelle. Le Ninja salue le Kage d’un poing frappé dans sa paume inverse, à hauteur de visage.

» Avec le défaite de l’Empire et la perte de nombreux territoires, Iwa apparaît comme le plus faible des villages Ninjas. Les seigneurs locaux pourraient eux-mêmes ne pas nous reconnaître. Et la vie d’un Ninja repose avant tout sur les missions qu’on lui confie, et non pas sur une forme d’autarcie. Si nous sommes incapables de faire une démonstration rapide de notre puissance, nous ne représenterons rien, et pourrions devenir une cible « facile » pour nos ennemis.

L’homme établit des faits ; qui peuvent n’être que les siens ! Après tout, tout dépend de la façon dont on perçoit la puissance et la différence des pouvoirs. De son côté, fermement inspiré par l’idéal impérial de la Puissance, Hiyori prône une stratégie où les actions « coups de poings » et démonstration officielle sont la base de la réputation militaire d’un Pays. En soi, les différentes nations-membres de l’ex-Shukaï en faisaient tout autant.
Les propos de Yanosa-tono laissent entendre que les valeurs de l’Empire de Kakeshuou Samui ne s’éteindront jamais. Et que chacun devra jouer un rôle dans l’identité de ce nouveau Village caché. De son côté, Hiyori a déjà une bonne idée de ce qu’il souhaite entreprendre. Et puisque les choses sont ainsi formulées par son Chef, il entend bien les clarifier pour en jouer pleinement.

» Si nous sommes toujours porteurs des anciennes valeurs du Shukaï, et que nos actes détermineront ce que nous sommes ; et ce que Iwa sera … alors je viens m’enquérir de mon rôle. Yanosa-tono, si vous avez une mission particulière à m’attribuer, confiez-là moi … . Sinon, laissez-moi carte blanche pour faire la grandeur d’Iwa. Je me consacrerai aux voyages, afin de rassembler nos alliés et amis, et je ferrai croître notre puissance et notre nom. Au nom d’Iwa.

Et de l’ancien Empire … .

« Vous voyez ? Je vous avais bien dit qu’il n’était pas digne de confiance. Cet homme est désormais le plus haut gradé du village caché de la Roche et agit comme s’il n’en avait rien à foutre. Il n’a confiance en rien ni en personne, sauf peut-être en la fille aux cheveux roses qui le suit tout le temps. En arrivant au pouvoir, ce guerrier rouge remet en question la loyauté des siens, nous demande de passer un test pour gagner sa confiance. Qu’est ce que nous en avons à foutre de gagner sa confiance ? Qu’est ce qu’on en a à foutre de lui prouver notre loyauté à Iwa. »

Râlait Pique. Mise en place de la scène : le Shukai avait perdu la guerre contre Kumo. L’Empereur était mort en combattant le Raikage et une mystérieuse femme. A sa mort, des rébellions avaient explosés dans différents pays, dont certains qui avaient récupérés par la force leur indépendance depuis longtemps vouée au Shukai. Yuki était en proie à une guerre civile. Taki avait été conquit par la force par l’armée de Kaminari, Van avait été kidnappé. Iwa et Kusa s’étaient alliés pour former le village caché de la roche : Iwa Gakure. Yanosa, le fameux guerrier rouge avait été placé à la tête d’Iwa. Ce qui restait de l’Empire était mort, comme l’avait si bien précisé l’actuel et tout nouveau Shodaime Tsuchikage. La situation était critique, il avait organisé une sorte de grand meeting en plein air, aux pieds de la grande Citadelle afin de prendre la parole, d’écouter les plaintes, les demandes, et de faire un discours aux gradés du Shukai. En tant que Taichô, Hisagi avait été amené à s’y rendre. Il n’aimait pas les mouvements de foules, les rassemblements. Lui préférait largement rester seul dans son coin avec ses frères et observer ce qui se passait. Mais aujourd’hui il avait dû changer ses habitudes. Il était un peu plus loin de la foule et écoutait les protagonistes prendre la parole les uns après les autres.

Pique avait raison. L’homme avait été nommé contre son gré, il ne voulait pas être à la tête de cette nouvelle nation et n’avait rien à foutre de l’avis des « puissants » qui avaient placés la couronne sur sa tête. Comment pouvaient-on accepter de prouver notre valeur à une personne telle que le guerrier rouge ? C’était visiblement un homme de souffrance, pas un homme de foule. C’est à dire qu’il préférait les actes aux mots et cela se voyait dans son discours. Ce n’était pas forcément une mauvaise chose, mais dans ce cas, parler de confiance ne serait pas aisé. Il ne croyait en rien si ce n’était en les actes de chacun des shinobis rassemblés ici. Cœur était en pleine réfléxion pendant que ses frères parlaient intérieurement de ce qui était en train de se dérouler sous leurs yeux, de ce qu’ils devaient à présent faire, du guerrier rouge, de l’avenir d’Iwa, de leur place dans cet immense échiquier. Cela voudrait dire, qu’en tant que Taichô, un jour, l’Oterashi viendrait le rencontrer, lui demander de prouver sa valeur. Comment ferait-il ça ? Et le voulait-il réellement au final ? Hisagi n’était pas un homme de souffrance, mais de science, cependant, il croyait également plus en les actes qu’en les mots. Ce serait très certainement la raison pour laquelle Hisagi n’ouvrirait pas la bouche en ce jour. Il ne donnerait pas son opinion, car la donner serait inutile. Le Guerrier rouge pourrait-il croire les paroles de ces hommes ?

« Œil pour œil, dent pour dent. Nous ne parlerons pas des sous terrains à cet homme, cependant, nous n’y mettrons plus les pieds non plus. Nous ne sommes pas les seuls à connaître l’entrée. L’homme qui nous ouvre le chemin pourrait bien choisir de placer sa confiance dans le Guerrier Rouge. Et comment pensez-vous que nous serons accueillis lorsqu’il découvrira les projets donnés par Kakeshouu ? Nous expérimentons sur des animaux, sur des êtres humains, nous torturons et nous tuons. Le savoir que nous en tirons est immense, mais nous dépassons le commun de ce qu’ils appellent « l’humanité ». Il ne saura rien tant qu’il ne passera pas à nos yeux ce test qu’il affectionne tant. Tu as raison Pique, pour le moment, il n’est pas digne de confiance. Nous devons nous en méfier. »

Conclut alors Cœur pour mettre tout le monde d’accord. Deux-trois hommes prirent ensuite la parole pour proposer des idées, pour montrer leur loyauté envers Iwa. Certains voulaient se lancer sur les traces de Van qui avait disparut à la suite de la conquête de Taki. Il devait être capturé ou peut-être tué par les forces Kumojins. Mais le Guerrier rouge répondit avec un certain mépris, comme quoi si solution il y avait, tout aurait déjà été mis en œuvre pour le retrouver. Un autre homme prit la parole, en se mettant bien en évidence. Une provocation ? Il parlait assez fort pour que tous puissent réellement entendre de façon bien audible. Il exprimait sa loyauté et son intention de redonner sa puissance d’antan à Iwa, que le pays était affaibli et qu’il voulait faire plus que sa part. Une louable intention, c’était tout à son honneur. Mais encore une fois l’Oterashi répondit avec un sérieux certain et une haine non dissimulée pour ce qu’il avait devant lui. Une phrase sautait alors à l’esprit de l’un des frères qui ne se fit pas prier pour faire une remarque à ses autres. « Kusa, la première ligne de défense, est pour ceux qui l’ignoraient encore également peuplé de plus de guerriers de confiance que je ne peux en voir ici ». Répétait alors Trèfle. Plus il parlait plus cela devenait évident. Cœur ressentait une grande tension interne, plus grande que d’habitude. Cette tension provenait de tous, et étaient cette fois-ci concentrée sur une seule et même personne. « Vous savez ce que cela veux dire... ? »

« Qu’il n’a pas confiance en les siens ! Qu’il n’a pas confiance en les siens ! Qu’il n’a pas confiance en les siens ! Qu’il n’a pas confiance en les siens ! Qu’il n’a pas confiance en les siens ! »

C’était unanime et prononcé de façon simultanée par les cinq frères. C’était l’une des rares fois où ils étaient tous d’accord. La seule chose que le Guerrier Rouge réussissait à prouver avec ses paroles, était qu’il disposait également d’une bonne loyauté envers sa nation, mais seulement envers l’emblème, pas envers son peuple. Les sourcils de Cœur se froncèrent tandis qu’il continuait à écouter ses bouger tous les autres protagonistes. Il ne prendrait pas la parole, c’était certain. Il n’aimait pas la foule, pas parler en public, et pas Yanosa. Les derniers mots prononcés par cet homme étaient aussi des ordres à chacun : ils passeront tous ces tests. Qu’adviendrait-il si quelqu’un échouait ? Non pas à l’éthique, mais aux yeux de cet homme qui semblait plus un roi tyrannique, désintéressé du pouvoir et de son peuple. La mort ?

La nouvelle s’était répandue assez rapidement suite aux nombreux changements brutaux de la guerre. L’évènement ne s’était pas bien passé côté Shûkai. Une défaite cuisante et de nombreuses pertes. Aussi bien humaines que matérielles. C’était une sombre époque qui se profilait pour les restes de l’Empire. S’il n’y avait pas de réaction immédiate en tout cas, l’ancien Empire courrait à la catastrophe.

Une décision administrative semblait avoir trouvé un héritier au pouvoir. Un successeur qui n’était autre que l’Oterashi, l’ancien Seigneur de Kusa. Il organisa d’ailleurs sans plus attendre une réunion conviant les gradés du Shûkai, aujourd’hui porteur du nouveau nom d’Iwa. Plusieurs shinobis étaient réunis sur la place faisant face à la Citadelle. Un lieu rapidement bondé et qui ne désemplissait pas.

Ce fut dans ce capharnaüm que nous tâchons de trouver une place. Le petit se fraye un chemin pour finalement se placer contre un grillage, à quelques centimètres du reste de la foule qui s’est massé pour entendre son nouveau dirigeant. Un homme qui nous a par le passé causé beaucoup de soucis. Dans le but de perfectionner la technique du garçon. Je ne suis pas sûr qu’il m’apprécie énormément. Il a déjà essayé de me séparer du gamin lors de leurs séances d’entraînement en amoureux. Mais il faudra plus coriace pour me déloger de la place qui est mienne.

Lorsqu’une majeure partie des conviés furent arrivés, à savoir lorsque l’espace fut noir de monde, le Shodaime Tsuchikage s’exprima pour la première fois à ses soldats sous ce titre. Fuka écoutait avec attention. Moi aussi à vrai dire. Je n’avais pas vraiment d’intérêt pour l’avenir de ce peuple mais les dires de ce curieux bonhomme m’intriguaient pour dire vrai. Il ne semblait pas particulièrement enjoué de son nouveau poste. Un sourire souleva mes bandages alors que j’émettais un léger ricanement qui n’alerta que le voisin de devant qui fixa bizarrement mon porteur.

Si c’était moi aux commandes du corps de ce garçon, je me serais déjà interposé à ce fanfaron pour le jarter de son siège dont il ne voulait pas. Juste pour me divertir. Mais il fallait bien dire ce qui est : c’était une sale place que la sienne. Récupérer les débris de l’Empire démantelé et assurer la pérennité d’un village. Autant de responsabilités qui devaient empêcher de se consacrer à soi-même. Le petit et moi-même avions besoin de ce temps pour nous perfectionner. Encore oui. Je pouvais sentir que nous n’étions pas au maximum de nos capacités. Il ne manquait pas grand-chose à vrai dire. Mais ça restait assez frustrant de ne pas y parvenir.

Laissant de côté mon envie de révolte, j’écoutai au même titre que le Taisa les interventions de chacun, souhaitant prendre part à la nouvelle Iwa. Un nouveau ricanement de ma part et un nouveau regard en biais du gars devant nous. Les quelques bonhommes se targuaient de beaux principes pour se faire voir. Ça n’avait aucun intérêt. Ils n’écoutaient pas attentivement. L’Oterashi était plus homme d’actes que de paroles. C’était donc bien joli de parlementer mais ce n’était pas tout. Toute façon, Yanosa avait clairement exprimé sa volonté de mettre chacun à l’épreuve. Génial. Comme si on était pas déjà passé par là. Mon sentiment d’exaspération fut clairement exprimé par un soufflement de la part de mon porteur. Ce qui me fit une nouvelle fois ricaner.

Cette fois le voisin n’eut juste le temps que de tourner sa tête pour faire face à Fuka qui ne semblait plus rigoler. Peu désireux d’attirer l’attention, il ne s’était pas écrié non plus :

- Regarde-moi encore une fois de travers et tu comprendras pourquoi je ricane.

Qu’il était mignon quand il s’énervait. Les bandages menaçaient de se déchirer tellement je souriais. Malheureusement l’avertissement verbal sembla suffire. L’interlocuteur ne semblait pas impressionné mais plutôt indifférent à cette saute d’humeur que moi-même je ne comprenais pas. J’allais questionner le garçon mais déjà il faisait quelques pas vers la sortie.

- Qu’est-ce que tu fais petit ? Tu ne veux pas écouter la suite ?! On commençait à se marrer.

- Pas moi, rétorqua-t-il sèchement. M’entendre dire qu’on sera encore mis à l’essai me fatigue. On a mieux à faire.

Un léger rire d’incrédulité face à cette remarque s’échappa de mes lèvres monstrueusement dentées :

- Du style ?

- S’entraîner. Et se préparer.

- A quoi ?! questionnai-je non sans avoir une idée de la réponse qui me serait servie.

- La guerre, répliqua sèchement à voix haute le Taisa maintenant isolé du reste du groupe.

Cette fois les quelques bandes de tissus se fissurèrent pour laisser place à ma dentition meurtrière. Que j’aimais l’entendre parler comme ça !

Cette convocation à l’assemblée générale ressemble à une AG d’étudiants de fac. Chacun crie sa colère, fait savoir ses positions ; mais en fin de compte, seul compte l’avis du meneur de la troupe. Et en ce sens, Yanosa Oterashi a tout du leader syndical. Sans broncher, il annonce aux troupes qu’il a des projets bien définis. Qu’il compte bien les réaliser et stabiliser sa maîtrise sur le Pays avant d’entreprendre quoi que ce soit à l’étranger. Est-ce à dire un renouveau de l’objectif impérial ? Hiyori en doute fortement. Après tout, l’Oterashi a déjà fait savoir que sa première mission serait le contrôle du Pays de la Terre d’une main de fer. A ce titre, rien ne serait détâché vers les contrées voisines. Pas même vers Taki no Kuni, dont l’ex-Empire venait d’être délestée, et qui rêve certainement de se débarrasser de cette occupation des Nuages.

De son côté, le Jisetsu reste silencieux. Il entend bien qu’il sera mis à l’épreuve. Cela ne lui fait pas peur ! A vrai dire, il attend cela avec hâte. Car il sait que le plus tôt ces preuves il aurait démontré, le plus tôt des missions plus importantes lui seront confiées. Sa position est ambigüe : il n’a pas d’attachement, voire de fidélité envers cet homme qui piétine aussi allègrement le souvenir impérial. Lui qui s’est grandi, et a prospéré sous cet office. Maintenant qu’il est aux commandes, et que Kusa est en sécurité, il peut s’asseoir sur ce pouvoir et assurer ses arrières. Mais peu importe ! Quoi qu’il puisse arriver au pouvoir, Hiyori s’est déterminé à soutenir ce dernier : car quoi qu’on en dise, peu importe la forme qu’il adopte, il n’en reste pas moins un héritage provenant directement de Kakeshuou-sama.

Le nouveau Tsuchikage annonce qu’il y aura des mises à l’épreuve … et s’adresse tout particulièrement à Hiyori pour lui faire comprendre qu’il devra s’y soumettre au même titre que les autres. Leurs regards se croisent ; ils ne se disent rien, mais un message inaudible passe clairement entre eux. Le trentenaire frappe sa paume gauche de sa main droite à hauteur de visage, en termes de salut.

» Confrontez-moi au monde entier, Tsuchikage. Je vous montrerai ma valeur et ma fidélité !

Sur ces bonnes paroles, l’homme se retourne et tente quelques pas pour sortir de la foule. Il ne tient pas à rester plus longtemps ; il a beaucoup à faire et chacune de ses actions le rapproche de ses objectifs principaux. Kotaro lui emboîte le pas. Les deux portent leur regard sur l’assistance, comme pour y trouver un indice, un repère, un élément de soutien. Rapidement, Hiyori remarque quelque chose.

» Kotaro … je te laisse te charger de notre prochaine mission. Demande à l’Oterashi ce qu’il attend de nous et fais savoir que nous sommes prêts à tout instant.
» Et toi ?
» J’ai à faire …

Sans chercher à en savoir plus, Kotaro laisse sur place son frère et allié. De l’autre, le Jisetsu glisse entre les rangs, se rapproche de sa cible … . Bientôt, sa patte se pose lourdement sur l’épaule de celui qu’il a observé de loin.

» Dis-moi toi, … tu serais un Jinmenju ?

Spoiler:

La foule était encore bien présente, et plus encore, ils s’amassaient tous avec hâte et curiosité. De loin, Hisagi avait pu apercevoir son binôme, Fuka, qui était partit aussi rapidement qu’il était arrivé, certainement aussi soulé du discours du Yanosa que pouvait l’être Hisagi. Un sourire s’affichait alors sur ses lèvres. Suivant l’exemple de l’homme, il allait tourner les talons pour quitter lui aussi ce lieu de rassemblement. La foule n’était pas vraiment son dada, pas son fort. Mais alors qu’il allait faire un premier pas en direction inverse, il sentit une main s’abattre sur son épaule, avec assez de force pour savoir que c’était un homme qui venait de le retenir. En se tournant, Hisagi dévisagea l’homme avec surprise. Il ne s’était pas vraiment attendu à ça. Cet homme était assez grand, avec des cheveux noirs, blanc de peau, mais le plus impressionnant chez lui était son nombre incroyable de cicatrices qu’il portait sur le visage, donc l’on osait pas réellement imaginer l’état de son corps. Il avait un air assez charismatique, semblait assez sûr de lui-même. Mais après réfléxion, Hisagi le reconnaissait.

Sans attendre, une nouvelle tpete sortit alors de l’épaule gauche de Cœur qui possédait le Yokai, le cou étant sortit aussi, il put approcher très près de l’homme avant de parler. Vous l’aurez deviné, avec un tel comportement, c’était forcément le Fou. « Héééé mais dis donc vous le reconnaissez. C’est le super-patriote. Dis donc c’est tellement impressionnant la façon dont tu parles et dont tu tiens tête à notre nouvelle tête couronné que s’en est limite effrayant Monsieur le super-patriote. Mais qu’est ce que tu en as à foutre si nous sommes Jinmenju ou non ? C’est tes affaires super-héros ? » Se mit alors à dire As, tout en bougeant sa tête de gauche à droite, juste devant celle de l’homme qui d’après les dires de Yanosa s’appelait Hiyori. Bien entendu, avec le fait qu’une nouvelle tête sortait de l’épaule de Cœur et le fait qu’il dise « nous » donnait très clairement une réponse à l’homme qui venait de l’interroger. Tout d’abord, Cœur soupira de lassitude pendant qu’une main vint ramener la tête d’As à l’intérieur du corps de Cœur, laissant alors une nouvelle fois une apparence tout à fait normal.

« Veuillez l’excuser. J’imagine que vous avez trouvé votre réponse. Je me nomme Hisagi effectivement comme vous avez pu le voir du clan Jinmenju. Il y a t-il quelque chose que je puis faire pour vous venir en aide ? Ou du moins, pourquoi recherchez vous un Jinmenju ? »

Se mit alors à dire Cœur. Actuellement, à l’intérieur de son esprit, c’était le bordel. As était en train de se faire engueuler par tout le monde et de toutes les manières. Carreau prétextait que ce n’était pas bien d’agir comme ça avec un étranger, qu’il fallait montrer une image quasi parfaite de soi, que l’image avait beaucoup d’importance dans le monde. Trèfle lui était en train de prendre limite la défense d’As, en prétextant que l’on se foutait totalement de l’image que l’on pouvait donner, que le monde craignait plus la puissance et ne se faiait absolument pas à l’image des gens. Et vint alors Pique qui engueulait As et Trèfle, assurant qu’ils ne devaient pas agir et penser comme ça. L’homme en face d’eux était visiblement plus gradé qu’eux et pouvait donc aisément les mettre aux fers s’il le voulait. Tout en ajoutant que maintenant que Kakeshouu était mort, il fallait faire profil bas. Ce qui ne ressemblait pas du tout à Pique en soi.

« Assez ! Dit alors Cœur à haute voix. Puis il se reconcentrait sur l’homme en face de lui. Excusez moi, je ne m’adressais pas à vous. Il semblerait que vous ayez fait peur à mes frères en nous surprenant ainsi. »

A la sortie de la « tête chercheuse », Hiyori fait un rapide retrait en arrière. A vrai dire, il sait en quoi consiste le pouvoir des Jinmenju ; mais il ne l’a jamais vu d’aussi prêt ! Ce clan, anciennement posté à Kiri, est composé de très rares membres qui ne tiennent pas à la vie en communauté. Les voir au grand jour est un fait assez rare ; faire équipe avec eux l’est d’autant plus ! Aussi, faire cette tête arriver de nulle part sans prévenir est une telle surprise que le Jônin hésite pendant une fraction de seconde à prendre les armes et à traiter l’apparition comme un danger. Mais il se retient d’une telle idiotie : il et bien responsable d’une telle entrée en matière. Il ne tient ainsi pas à créer un incident ici.

Et dans le même temps qu’il constate le caractère complexe d’un corps aux hôtes multiples, il réalise soudainement son irruption soudaine et son approche trop évasive. Il a foncé sur le premier Jinmenju en vue, sans même se poser des questions plus sérieuses ! En l’occurrence, il a lu certains des dossiers de l’Empereur ; mais ses soupçons n’ont aucune base, et s’il attire l’attention de la mauvaise personne, il risque bien de tomber dans un piège des plus étranges.

» J’ai pu observer votre … capacité particulier et … je me posais des questions … qui ne devraient d’ailleurs pas être énoncées en public …

A l’instant précis où Hiyori prononce ces mots, il réalise qu’il est déjà allé trop loin. Pour quelle raison a-t-il foncé ainsi sans savoir où il mettait les pieds ? Est-ce dû à la mort de Kakeshuou-sama, dont il ne parvient pas à se séparer ? Est-ce la nature violente et obtuse de son nouveau Supérieur qui le pousse hors de sa retenue habituelle ? Tout peut entrerr en ligne de compte. Ce qui est sûr, c’est que le Jisetsu a maintenant quelque chose de bien prononcé en tête. Et s’il a déjà vu le nom d’un Jisetsu dans les petits papiers du défunt Kamui, il ne sait pas pour autant de qui il s’agit ! Ils ne sont certes pas nombreux ; mais ce sera mentir de dire qu’il n’en reste qu’un ou deux !

Notant que cette brutale rencontre a fait tourner des regards dans leur direction, l’homme aux balafres préfère faire un signe de tête pour inciter son interlocuteur à se retirer et à se placer un peu plus loin, où leur conversation demeurerait inaudible et privée. Après quelques pas, en s’assurant qu’il n’est suivi par aucun petit curieux et que le Jinmenju l’a suivi, il se permet une question en guise d’introduction … .

» As-tu … travaillé avec le défunt Empereur ?

La question est certes osée. Et Hiyori ne s’est toujours pas identifié. Mais il tient à garder ses précautions et à faire preuve de prudence. Ce qu’il a découvert récemment est tout sauf une partie de plaisir. Et il tient à garder le secret le mieux possible pour éviter les fuites. Avant tout … identifier les agents de l’un des projets les plus secrets et les mieux gardés de l’Empire !