Ce n'est qu'une fois la situation stabilisée à Kaminari que la Saibogu s'était empressée de faire affréter en navire partant pour Kawa. Les nouvelles concernant Kaze étaient assez alarmante. Quelques choses de terrible était arrivé alors qu'elle affrontait le Kamui. Et... Elle éprouvait le besoin irrépressible de contempler par elle-même toute l'étendue du désastre. Le trajet avait été assez long et une fois arrivé sur les quais d'Higata, elle fit une chose qu'elle n'avait pas fait depuis maintenant quelques années à savoir invoquer sa moto et l'enfourcher pour fendre la nuit à une allure folle. La nukenin n'avait eu d'autre choix que de délaisser ce moyen de transport en raison de son manque cruel de discrétion. Elle l'utilisa même après avoir passé la frontière, une heure plus tard. Ses capacités sensorielles, toujours aussi affinées, lui permirent de détecter toutes formes de vies à des kilomètres à la ronde, qu'elles soient humaines ou animales.

Depuis sa désertion les systèmes de sécurités mit en place par Kaze avaient évolué, mais restaient fondamentalement les mêmes. Par un jeu astucieux, de camouflage chakratique et de positionnement, il lui fut possible de traverser une grande partie du désert sans éveiller la vigilance des tourelles de chakra et ce malgré la présence de son véhicule. Elle n'eut cependant d'autre choix que de le ranger parvenue à un certain seuil, parfaitement consciente de ne pouvoir se soustraire de la sorte sa présence à celle des Yamada senseur. Ainsi la chasseresse poursuivit son voyage à pied, emmitouflée dans de nombreux tissus aussi bien capable de la protéger des froides nuits du désert que de l'ardeur du jour. Elle était ici comme chez elle, elle était ici comme elle l'avait toujours été. Sous son capuchon dansaient quelques mèches de cheveux couleurs sable au gré de la brise nocturne. Sa peau était mate comme la plupart des habitants de ce pays. Comme toujours l'ancienne Sunajin savait passer inaperçue quitte à se fondre dans la masse, même en plein désert.

Toujours méthodique, toujours sure d'elle, toujours confiante en ses capacités, elle avançait. Pourtant rien n'aurait pu la préparer à ce qui allait suivre. Ses sens l'avaient averti à l'avance, projetant une imagerie mentale des restants de la catastrophe à plusieurs kilomètres de là. Pourtant ce ne fut qu'une fois arrivée en face qu'elle daigna reconnaître toute l'étendue des dégâts, toute l'étendue de la situation et... de son échec ? Devant-elle se dressait un immense cratère là ou aurait du se tenir en lieux et place la ville de Mamushi, littéralement anéantie par l'attaque de Rokubi. Elle déglutit de frustration devant toute l'étendue de ce désastre. Serrant les dents et les poings jusqu'aux sang, la démone laisse de noire émotions progressivement gangrener son jugement. Sa respiration, déjà plus rauque, sonnait comme un râle dans la nuit.

Encore et toujours, en dépit de ses efforts les malheurs continuaient de surgir de toute part pour assaillir sa nation. Sauf que cette fois-ci elle n'avait pas été là pour la défendre. Le pire dans tout ceci fut que, malgré-tout, elle n'éprouvait aucun remord pour tout ce qu'elle avait fait. Pas au sens littéral en tout cas. Elle demeurait consciente du nombres effroyables de victimes au moment où la déferlante s'était abattue sur la vide. Elle était consciente de toutes ces ravages causées par le démon. Pourtant tout ceci ne l'affectait pas autant que cela aurait du. Pour elle il n'était question que de chiffres sans âme, sans vie derrière. Elle savait que ce qui s'était produit ici était affreux, ô combien cette histoire était cruelle. Pourtant elle n'arrivait pas à éprouver la moindre forme d'empathie vis-à-vis de toutes ces vies innocentes brisés. Il n'y avait que le sentiment amer de l'échec, de ne pas être parvenue à accomplir ce pourquoi elle avait déserté.

Et il y avait le Kamui dans tout cela. Toujours à hanter ses rêves à travers les rares phases de sommeilles qui rythmaient ses nuits. Elle se revoyait sans cesse lui arracher le cœur, éprouver ce même sentiment de félicité qu'à l'instant. Sauf que contrairement à la réalité, il ne mourrait pas. Il continuait de lui sourire. Puis ce grand vide inondait son âme avant qu'elle ne se réveille en sursaut. Et aujourd'hui elle se trouvait là, devant un autre fait accompli. Elle était parvenue à tuer son empereur, mais elle n'était pas parvenue à protéger sa nation.

Saisie par la confusion, la démone apposa une main griffue sur son cuir chevelu qu'elle l'acéra nerveusement jusqu'au sang.

Pourquoi protégeait-elle sa nation déjà ?