C’était une période chargée et Kihran n’avait décidemment pas le temps de s’ennuyer. A peine était-il revenu de Nami pour continuer la préparation de tous les déménagements que le Conseil Hayashi fit appel à lui. Apparemment, il y avait eu plusieurs requêtes et affaires à régler durant son absence : l’une d’elles concernait Hayashi Leika.

C’était un problème qui commençait à trainer un peu trop au goût du nouveau chef, cependant il avait eu l’occasion de constater ses progrès. Leika était sur la bonne voie, mais était encore loin de la ligne d’arrivée de ce qu’il pouvait entendre ses membres. Le Conseil et lui-même prirent le temps d’en rediscuter avant que le jeune chef prenne sa décision. Chose faite, il envoya une nouvelle convocation à Hayashi Leika.


Le jour J, seul Hayashi Kihran était présent dans la grande salle du Conseil. La présence des autres membres n’avait pas été jugée nécessaire pour ce nouvel entretien. Au contraire, l’Hayashi pensait qu’il était préférable qu’il puisse accueillir Leika dans le calme sans interruption non désirée. Il était donc là, seul, assis à sa place en attendant patiemment l’arrivée de cette dernière tout en consultant quelques dossiers.


Lorsqu’elle se présenta enfin, il posa délicatement ses documents sur le côté pour reposer toute son attention sur la jeune Hayashi.


« Bonjour, Leika. Prend-place. »


Fit-il sur un ton calme avant d’observer quelques instants cette dernière.


« Je suppose que tu as une petite idée des raisons de ta convocation ici. Les membres du conseil m’ont parlé de ta dernière visite. De ce que j’ai pu entendre, les choses ne se sont pas bien déroulées. Il y a des problèmes à régler et pour cela des mesures doivent être prises. Maintenant, avant tout chose, j’aimerai savoir ce que toi tu imagines pour la suite. Que comptes-tu faire pour rattraper tes fautes ? Quels sont tes objectifs et surtout comment vois-tu ton avenir au sein du clan ? »


Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’Hayashi n’avait jamais pris un ton accusateur. Il se contentait de poser ses questions sur un ton tout à fait serein qui ne laissait en rien présager sa position concernant cette affaire. Pour le moment, il était curieux d’entendre ce que cette dernière avait à lui dire.

HRP:

J'avais sommeil, tellement sommeil. Emmitouflée dans les draps du lit, je ne voulais pas en sortir. Il était déjà une heure avancée de la journée et mon regard sur le réveil ne cessait de me répéter qu'il fallait que je me lève. Mais je n'avais pas envie. Pas encore du moins. Je me retournais et je me rendormais.

Ce ne fut que le bruit strident de la sonnerie qui me sortit de cet état léthargique dans lequel je me trouvais. Fatiguée. J'étais tellement fatiguée. Je me levais malgré tout et je me dirigeais sans grande conviction dans la salle de bain attachée à la chambre pour me préparer. Je me lavais, puis je coiffais soigneusement mes cheveux avec beaucoup de lenteur. Les mouvements me semblaient difficiles, comme ci chacun de mes bras pesaient une tonne. Je quittais finalement la maison couverte d'un épais gilet de laine et d'un foulard, car, j'avais froid et je savais que j'aurais encore plus froid une fois que je serais dans la pièce du conseil. Cette pièce tout en bois, mais si peu chaleureuse. Je baissais les yeux. Je n'avais pas envie d'aller là-bas. Je n'avais pas envie d'avoir à nouveau des reproches. J'étais fatiguée de tout cela. J'y réfléchissais beaucoup depuis la dernière fois. J'avais du mal à dormir et cela pesait sur mon moral, sur ma vie au quotidien. Est-ce que ça valait autant le coup de souffrir autant pour une cause perdue d'avance ? Je ne savais plus vraiment où j'en étais.

Je me présentais devant le bâtiment et j'y pénétrais après avoir hésité quelques secondes face à ce dernier. Pouvais-je m'enfuir ? Est-ce que ça servirait à quelque chose ?

Mes premiers pas furent hésitants, mais les suivants également. Je frappais à la porte, puis, je rentrais lorsqu'il m'en donna l'autorisation après l'avoir salué d'un hochement de tête. J'hésitais à croiser son regard. J'étais fatiguée et la blancheur de mon teint contrasté étrangement avec la couleur étrange présente sous mes yeux. Mes pieds me guidèrent jusqu'au fauteuil installé plus proche de la table du conseil. C'était un peu moins impressionnant que d'habitude, mais je savais parfaitement où j'étais et pourquoi j'étais là. Mon ventre se contracta douloureusement, ma poitrine se serra et mes mains se posèrent sur mon ventre, comme pour le protéger de tout ce qui allait suivre.
Les paroles tombèrent et une nouvelle fois, on me demander de rattraper mes fautes. Toujours mes fautes et surtout, toujours ma faute. J'étais fatiguée. J'étais vraiment fatiguée de tout cela. Ma voix était tremblante, hésitante lorsque je lui répondis :

"J'ai fait une promesse, je la tiendrais…"

J'accomplirais mes devoirs claniques, comme on me l'avait demandé. Une promesse reste une promesse. Je n'étais pas à ce point lâche pour renier ce que j'avais promis de faire. Mais pour le reste… Je n'étais vraiment plus sûre de moi. Je faisais tout ça pour moi à la base, mais j'étais force de constater que plus j'essayais d'arranger les choses, plus elle se dégradait. Jamais je ne pourrais construire d'avenir au sein de ce clan. Jamais mes enfants ne pourraient être heureux au sein de cette prétendue famille. Des objectifs ? Un avenir au sein du clan ?

"Je … Je n'ai pas d'avenir au sein de ce clan."

Ce n'était plus mon clan, mais ce clan. Non, c'était juste la réalité. Il n'y avait pas de place pour moi au sein de cette famille, mais peut être que dans une autre, je serais accepté, j'y trouverais le bonheur. J'étais fatiguée de me battre et je n'en avais surtout plus le courage. Ils avaient gagné là ou moi, j'avais échoué. Je voulais faire ma place ailleurs désormais.

"Nous allons nous marier selon les traditions du clan Hyuga à la fin de l'été. Je ne vous importunerais plus avec mes questions."

Je ne pus empêcher les larmes de couler à la simple évocation de la disparition de mon appartenance à ce clan. J'avais essayé de faire au mieux. C'était parfois maladroit, voir même chaotique, mais j'avais fait comme je pouvais. J'avais essayé d'avoir des conseils, mais c'était une chose assez vaine. Cela faisait trop longtemps à présent que je souffrais et je n'avais plus le courage nécessaire pour continuer à me battre et à souffrir autant. Mes mains se posèrent en coupole sur mon visage. Ce n'était pas l'image que j'avais envie de donner de moi, mais je n'avais pas la force nécessaire pour continuer à cacher plus longtemps la vraie souffrance que j'éprouvais.

Il n’était pas difficile de remarquer la mine effroyable de la jeune invitée. Il était étrange de la voir ainsi. Elle qui avait mis tant de force à se rebeller durant des années. Il ne comprenait pas non plus les raisons de cet état d’esprit, du moins pas si cela était causé par le clan. Mais en y réfléchissant, il n’avait jamais réussi à la comprendre réellement et cela n’allait sans doute pas changer maintenant. Patiemment, et en silence, il l’écouta prononcer ses quelques paroles. Des paroles qui ne lui plaisaient pas du tout.

« C’est vraiment ce que tu penses ? »

Demanda-t-il lorsqu’elle parla de son avenir. Puis, elle se mit à pleurer. Les yeux verts du jeune père la détaillèrent en silence, l’air totalement impassible. Comment pouvait-elle prononcer ces mots pour se mettre dans cet état l’instant d’après ? Avait-elle seulement conscience… Sans doute, sinon elle ne pleurait pas ainsi. Kihran soupira.

« Sèche tes larmes, elles ne changeront rien. »

Fit-il avant d’attendre que cette dernière se calme un minimum. Après tout, c’était impossible d’avoir la moindre conversation dans cet état… et d’ailleurs était-ce même utile désormais de l’avoir ? Celle-ci ne semblait absolument pas réceptive. Le rouquin se massa le front, le sujet commençait à lui donner un bon mal de crâne.

« Toi qui semblait avoir enfin compris, toi qui avait repris le bon chemin, toi qui allait pouvoir réintégrer les tiens...Pourquoi es-tu venu tout remettre en jeu ? Pour un mariage ? Ne pouvais-tu pas simplement attendre ? Ou alors demander clémence ? Pourquoi être venu défier le clan, maintenant ? »

Il ne comprenait pas. Et il ne savait pas si la jeune femme était encore en état pour répondre à ses questions. Il reprit donc.

« Si je t’ai convoqué, c’est pour entendre ta détermination, tes motivations à rejoindre les tiens. Que tu me donne une raison, une bonne raison pour te laisser encore une chance. Mais voilà, ce que tu me donne ? »

Il plissa les yeux tout en fixant cette dernière. Bien évidemment que la voir dans cet état ne lui faisait guère plaisir. Bien évidemment qu’il souhaitait que son clan retrouve une harmonie. Mais si cette dernière continuait ainsi, alors y était vrai qu’il ne restait qu’une solution… Il serra ses poings avant de reprendre son calme.

« Est-ce vraiment tout ce que tu as à me dire aujourd’hui ? »

Contrôler l'incontrôlable… Mes mains glissèrent sur mes yeux alors que j'essayais d'arrêter les larmes d'en couler :

"Excusez-moi …"

Je tirais un mouchoir de la poche de mon gilet pour essuyer une nouvelle fois mes yeux avant de baisser le regard et de refermer ce gilet sur ma poitrine. J'avais froid et mon regard se posa une nouvelle fois sur la pièce. Lugubre et froide. Elle me faisait peur … Je la voyais dans les cauchemars qui hantaient mes nuits. Je la détestais. Je regardais alors Kihran qui me suivait du regard. Qui m'observait comme si j'étais une curiosité. J'étais mal à l'aise et je n'étais pas bien. Je ne voulais pas me remettre à pleurer, mais j'avais beaucoup du mal à me contenir, moi et mes sentiments controverses. Ces sentiments qui se bousculaient dans mon esprit et qui ne cherchaient qu'une issue de secours pour s'enfuir. Je détournais les yeux pour éviter d'avoir à subir son regard alors qu'une nouvelle fois les remontrances me tombaient dessus. Encore des remontrances. N'aurais-je donc fait que subir des remontrances durant toute cette période ? J'avais tellement mal et j'avais surtout tellement de mal à m'expliquer de façon cohérente :

"Je n'étais pas venue les défier… J'étais venue chercher conseil…"

Sauf que je ne savais pas m'exprimer correctement. Il l'avait pris pour une façon de défier leurs autorités. Ce n'était pas le cas. Sinon, je n'aurais jamais pris la peine de faire tout ce que j'avais fait jusqu'à aujourd'hui. Je n'aurais pas passé mon temps à remuer du fumier, à me geler dans les canaux glacés. Mes mains se joignirent et se tordirent maladroitement l'une dans l'autre alors que j'exprimais maladroitement ce que je ressentais :

"Je ne sais pas m'exprimer… Je n'ai jamais su. Ils ont cru que je les défiais, mais ce n'était pas le cas. Je voulais juste avoir un avis. Une position, une réponse à mes questions."

Hors non … Je n'étais pas venue pour remettre tous mes efforts en jeu pour un mariage. Mais pour mon mariage et pour…

"Non … Je ne pouvais pas attendre…"

C'était trop tard et je ne reviendrais pas sur ça. Je ne pouvais pas l'abandonner maintenant qu'il était là. Et puis… À quoi bon demander pardon ? J'avais déjà essayé. J'avais fait ce qu'ils voulaient, ce qu'ils me demandaient. J'avais essayé de relever la tête, de me montrer comme une jeune femme digne de ce clan, mais au fond, je ne me sentais pas mieux qu'un chien rejeté que l'on battait sans cesse pour le faire décamper et qui revenait sans arrêt vers son maître dans l'espoir de recevoir une caresse.
J'avais mal, terriblement mal.

"Parce que je n'y arrive pas… Je n'y arrive plus…".

Et je vis à nouveau le bâton se lever sur moi et s'abattre encore une fois, plus fort encore que les précédentes. Je hurlais intérieurement, je voulais me cacher, j'avais mal et il ne faisait que taper encore et toujours plus fort sur la même blessure. Une blessure profonde. Je n'avais plus la volonté. Mes mains se serrèrent autour de ma taille lors de ses paroles. Ce que je lui donne… Une raison ? Je n'en avais aucune que je souhaitais lui dévoiler. J'avais déjà tout donné.

"Je n'ai plus la motivation de me battre. Je suis fatiguée de sans arrêt me battre. J'ai beau taper de toutes mes forces contre le mur, il ne s'ébrèche même pas. Je n'y arriverais pas… Je n'y arriverais jamais. Je sais que je ne suis qu'une plante pourrie et que je n'ai que ce que je mérite… Mais je suis humaine et je suis épuisée véritablement de tout cela. Tout ce que je fais ne changera jamais les regards que vous portez sur moi. Chaque fois que je me présente devant vous, je dois affronter les regards remplis de haine de Dame Ririko et Sire Kujaku. À cela s'ajoute désormais la déception de Chiasa sensei …"

Oui, au fond, j'avais bel et bien touché le fond du puits et j'étais en train de me noyer dans ce dernier. Je ne voulais plus de conflits, je préférais juste que tout cela cesse. C'était une erreur dès le départ d'avoir voulu essayer, cela n'avait fait qu'aggraver mes angoisses et me rendre plus vulnérable encore aux reproches que je recevais. Si je ne pouvais pas faire mon avenir ici sans qu'il ne soit lugubre, j'espérais au moins pouvoir me reconstruire ailleurs pour avoir un avenir radieux. Je me sentais affaiblie, car je n'avais pas demandé à subir une nouvelle fois une discussion interminable qui de toute façon n'aboutirait à rien. Je n'avais pas envie de sortir mille et un argument qui ne serait pas pris en compte. Je n'étais pas conforme au moule Hayashi et au fond, c'est ce qui dérangeait le plus. On avait beau essayer de me faire rentrer dans ce moule, cela déborderait forcément quelques part un jour ou l'autre.

"C'était une erreur de ma part dès le départ. J'ai vraiment essayé de changer et de faire des efforts pour vous convenir, mais ça ne marchera jamais et nous le savons tous les deux. Peu importe les efforts que je ferais. Peux importe si je tombe un jour pour défendre l'honneur du clan. Nous savons tous deux que ça ne changera rien."

Les larmes perlaient à nouveau au coin de mes yeux de façons mesurées. Je les retenais. Je poursuivais la discussion :

"Dans toutes les familles, il y a des canards boiteux. Je suis ce canard boiteux. J'aurais beau tout faire, jamais je ne serais autre chose que vous décevoir."

Mais ils avaient essayé. Son grand-père m'avait donné la chance de faire mes preuves. Il avait cru en moi et je n'étais qu'une déception au fond du compte. Hors, je ne pouvais pas faire l'impossible. Je n'étais pas assez forte pour ça moralement et physiquement.

" Ryōichirō a voulu me donner ma chance, mais je ne peux pas y parvenir, je suis désolée…"

Les explications, si on pouvait les considérer comme telles, ne le satisfaisaient pas. Tout ce qu’il voyait était une femme qui pleurait sur un sort qu’elle avait elle-même engendrée sans véritablement essayer de le remédier. Heureusement que le Conseil n’était pas présent, certains auraient très certainement profité de l’occasion pour briser définitivement la jeune femme, d’autre l’aurait peut-être pris en pitié… Kihran ne comptait pas tomber sur l’un des extrêmes.

« Le problème Leika, c’est que tu n’as jamais réellement essayé. »

Conclue-t-il simplement face à ses paroles.

« Tu as renié le clan, tes devoirs de shinobi durant des années jusqu’à tenir notre image par tes actes. Jamais le Conseil n’avait prêté attention à tes mouvements, à ta rébellion, pour te laisser une chance de revenir sur le droit chemin de ton propre gré. En fin de compte, c’est ton père qui est venu crier à l’injustice alors que tu étais en l’âge de te défendre seule. Pour mettre fin à cette histoire, Ryoichiro-sama t’as donné une chance : accomplir ton devoir durant une année. Une année contre dix ans de révolte, cela me paraît peu cher payé. »

Il scruta un peu ses réactions avant de reprendre ses documents et de commencer à prendre certaines notes.

« Pourtant cela semble être insurmontable à tes yeux. Pour preuve, tu n’as même pas tenu une demi-année sans revenir gâcher cette chance qu’il t’a donné. Tu dis être venu demander conseil… ne pas vouloir défier tes aînés. Etant donné ton âge, tu ne pouvais cependant pas t’attendre à ce que le Conseil accepte que tu leur déclare ignorer leur souhait pour te marier. Leur réponse, leur réaction était prévisible face à ton attitude. »

Il continua d’écrire quelques mots avant de reposer ses yeux sur elle.

« Maintenant, ce n’est pas des raisons, des excuses, des prétextes que je souhaite entendre. Mais une réponse claire et précise de ta part : souhaites-tu réintégrer le clan, oui ou non ? »

Pouvais-je vraiment adopter un comportement normal lorsqu'il prononça ses simples paroles… Je n'ai jamais réellement essayé. Qu'est-ce que j'ai fait alors pendant un an ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Je me suis tourné les pouces ? J'ai attendu ? Non, je n'ai eu de cesse d'essayer, de me battre pour y arriver. La fatigue et ses paroles quel odieux mélange pour mon esprit déjà bien affaibli. J'avais du mal à entendre encore une fois le même refrain. J'avais mal de savoir que l'on m'accordait toujours ce bénéfice du doute alors que juste avant on m'en mettait plein la vue. Je ne supportais plus cet état d'esprit hypocrite. On ne battait pas un chien sans relâche avant de me tendre en bout de course un os dans l'espoir d'appâter mon appétit. Hors mon esprit serait-il encore longtemps appâté par ce que l'on me faisait miroiter. Mes mains se posèrent sur mes tempes. S'il avait mal à la tête, ce n'était rien comparé à moi.

"Qu'est-ce que vous attendez de moi…"

Oui parce qu'au fond, je n'arrivais plus à comprendre sa manœuvre. Pourquoi il faisait ça ? Pourquoi il insistait autant :

"Pourquoi vous me répétez inlassablement les mêmes choses ? Pourquoi vous n'arrêtez pas de me parler du passé alors que je veux justement aller de l'avant !"

Je serrais à nouveau mes mains l'une dans l'autre façon nerveuse. J'essayais de me calmer, de ne pas me laisser déborder par mes émotions plus que nécessaire.

"Pourquoi vous me dites que je n'ai pas réellement essayé alors que jusqu'à présent, j'ai fait tout ce que vous m'avez demandé ! Vous qui m'avez pourtant vue ! Qu'est-ce que vous attendez de plus de moi vraiment ! C'est ça que je veux savoir ! Je veux que vous arrêtiez de vous servir de moi comme d'une poupée ! De me dire de faire telle ou telle chose en me faisant miroiter une échappatoire alors que vous profitez de la moindre de mes hésitations pour me rappeler à quel point je suis une honte pour le clan !"

Je ne pourrais jamais avancer si je continuais à me laisser entraîner par ce genre de chose. Cela prenait à tout le monde du temps et de l'énergie.

"Je vous l'ai déjà dit… Je n'ai pas d'avenir au sein du Clan Hayashi…"

Et puis, je ne voulais plus souffrir. Aussi, sans prononcer d'avantage de mot, je me levais et le saluais poliment avant de quitter la pièce.

Les portes se refermèrent derrière moi et je su que c'était fini. J'avais renoncé, mais c'était fini. J'avais fini de souffrir, j'avais fini de me tourmenter. Les larmes coulèrent sans discontinuité alors que je m'appuyais contre l'un des murs pour avoir un appui stable pour pouvoir déverser toute ma peine.

Aujourd'hui, pour la première fois, je tournais enfin une page dans ma vie. Je refermais le chapitre Hayashi pour, je l'espérais, partir sur quelques choses de nouveau. C'était une décision difficile et lourde de sens pour moi, mais j'avais compris qu'il ne servait parfois à rien de se battre pour des causes perdues d'avances, même si parfois, cela faisait avancer les choses.

hrp:

Bien entendu, le message n’était pas passé. Il n’avait jamais été entendu correctement. Aurait-il dû le faire passer d’une autre manière ? Mais comment ? Les deux parlaient la même langue, vivaient dans le même monde, le même village et faisaient partie du même clan… et pourtant, on voyait bien le décalage entre les deux. Kihran se massa le front et répondit sur un ton las.

« Tu as accompli tes tâches, mais dès que tu as dû faire une petite concession, tu as tout remis en jeu et défié le Conseil. Car, non, je ne trouve pas que déplacer la date de ton mariage soit beaucoup demandé. Surtout que cela t’aurait permis de l’organiser correctement avec le soutien de tout le clan. Cependant, voilà, par impatience tu es venue voir le Conseil en remettant en question son autorité. Cette mauvaise manœuvre remet alors en cause tous tes efforts… Si tu aurais réellement été déterminée à te faire pardonner et à retrouver ta place au sein du clan, alors les choses seraient bien différentes aujourd'hui. Mais tout ce que je vois devant moi, est une jeune femme qui ne comprends pas les conséquences de ses propres actes, qui crient à l'injustice mais qui jamais n'a réellement tenté de comprendre et d'écouter ce qu'on avait à lui dire. Le Conseil t'a demandé de prouver ta détermination en faisant quelques efforts, c'est un échec. »

Et quels efforts ? En soi, le clan ne lui avait jamais rien demandé d’extravagant, hormis de se montrer digne et de participer aux différentes corvées. Et pourtant cela semblait encore être trop. À l’écouter, le clan n’avait cessé de la diriger… et pourtant cela était bien loin de la réalité. Combien d’années avait-elle fait n’importe quoi sans qu’aucun membre du Conseil ne s’en mêle réellement ? M’enfin, il semblait impossible de la raisonner à l’heure actuelle, et c’est bien pour cela que Kihran la laissa partir. Elle avait fait son choix.

Il reprit une seconde feuille où il prit soin d’écrire son verdict. Ce n’était pas ce qu’il avait prévu initialement, au contraire… mais il n’allait certainement pas insister plus longtemps. Si Leika ne souhaitait plus être membre du clan, alors à quoi bon lui redonner une chance ? Malgré cela, Kihran comptait bien la lui laisser.

À partir du lendemain, à la première heure, Hayashi Leika ne fera plus partie du clan. Bannie, ses droits de regards, de vote et de participation concernant les affaires claniques lui seront retirés. Elle ne sera également plus la bienvenue au sein du quartier et le clan reniera toutes relations et responsabilités la concernant. Cependant, elle possédera encore un mois pour revenir sur ses paroles. Passé ce délai, sa racine sera alors détruite.

La décision marquée officiellement sur le document. Kihran demanda également à un messager de transmettre sa décision aux membres du Conseil, avant de faire poursuivre la nouvelle dans tout le quartier : Hayashi Leika avait pris la décision de quitter les siens.