Ils seraient la base sur laquelle elle construirait son avenir. Plus que dévoués à sa cause, ils seraient son bras-armé. Ils serviraient ses intérêts, appliquant la justice de la Kawaguchi dans tout Kaze. Femmes, hommes sans distinction qu'importe l'appartenance à un clan ou non. De tous les horizons, qu'importe le passé. Ils seraient anonymes, sans aucun noms pour affronter ceux qui s'opposeraient au jugement de la balafrée. L'équipement était minime, cachant leurs apparences derrière une tunique ne laissant à découvert que les yeux chacun se fondait dans la masse. Là ou les Inquisiteurs étaient une force de défense clanique, ceux-là formeraient un effectif tout autre. Ils participeraient à son affrontement envers le Daimyo. Si ce dernier avait joué le pacifique et le vieillard sage et juste, Tali ne comptait pas faire une transition sans effusions de sang. L'ancien régime serait passé au fil de l'épée. Ils mourraient en se révoltant ou réussiraient. Les ruines Kawaguchis abriteraient cette nouvelle force, et les instructeurs Kawaguchis s’acquitteraient de former ces gueux.

Puisant dans les caisses du clan pour acheter de quoi nourrir les futurs recrues, Tali transforma les ruines en cours de rénovations en base militaire. S'entourant de conseillers, de sa fidèle élève Kei et de ceux qui pensaient comme elle. Le clan la soutenait, de part sa position de leader. Elle ne devait pas les décevoir, rater ce putsch mettrait sa vie et celle des siens en danger. Suna ne pardonnerait sans doute pas son ambition dévorante, le Daimyo non plus. Les papiers récupérés dans les caves du Kakumeigun confirmait sa peur primaire. Si ces gens là avaient été capable de museler son clan, alors le Daimyo devait être en mesure de faire à minima une tentative dans ce sens. Elle ne mettait pas seulement sa position en jeu, mais des vies Kawaguchi dans la balance également.

Il lui fallait donc être capable de s'entourer autant que possible de chair à canon. D'une main d'oeuvre malléable et sacrifiable selon ses besoins. Et en présence de sa garde rapprochée, de ceux qui l'entourait la jeune femme avait réussit à prévoir un plan qui reposait sur trois étapes principales. Tout d'abord il fallait recruter, si cela s'apparentait comme étant indispensable ce n'était pas pour autant aisé. La mauvaise réputation des Kawaguchis enclenchant des rétractations et des doutes, Tali se prêta néanmoins au jeu. Elle montra patte blanche, et un nouveau visage à ceux qui rejoignaient ses idées. Le fait que son clan aide les survivants des villes détruites contribua à changer l'avis d'une certaine partie de la population. Tous ne deviendraient pas ses partisans en un jour, mais certains pouvaient rejoindre sa cause. C'était sur ces derniers que comptait la Kawaguchi. Elle devait en attirer le plus dans ses rangs, et le nombre et les rumeurs se chargeraient du reste. Le plus compliqué était en réalité de recruter une base solide, ensuite elle imaginait que se formerait alors une boucle. Plus de gens la rejoignaient, plus ils attiraient leurs entourages et ainsi de suite. Si bien qu'il fallait juste se trouver un minimum de recrues et le reste devait suivre tout seul. Dans les grandes lignes du moins. En deuxième temps la formation, celle-ci devait pouvoir rendre n'importe qui apte à combattre. Il en ressortait que l'amélioration d'un individu lambda, n'ayant jamais combattu ou très peu, lui permettait à la sortie de cette formation d'être un soldat moyen capable d'encaisser et de suivre des ordres venant de ses supérieurs. Pour les plus forts, indéniablement cela les transformeraient en brute de combat. En sortant du lot, ils deviendraient des modèles pour leurs camarades inspirant ainsi confiance et obéissance aveugle.

Enfin, elle sortirait petit à petit ses forces de la tanière. Les disparaissant dans chaque villes, s'imposant comme la milice de proximité. Elle comptait d'ailleurs faire monter l'estime des civils à l'égard de ses troupes avec une petite stratégie simpliste. Elle avait de grandes chances d'être démasquée mais cela ne coûtait rien d'essayer, l'idée de Tali étant parallèlement au déploiement de ses hommes, de faire monter une vague de criminalité de manière fulgurante. Aussi vite traitée qu'elle était apparue, avant que les forces du Daimyo ne puissent intervenir.

Des mesures chocs, dont chacune demandait rigueur et rapidité. Le plan était ainsi conçus, et pouvait dès lors commencé. Les vivres et ressources étaient livrés aussi rapidement que possible, les caravanes étant protégés par les Inquisiteurs, Tali décida de mettre à exécution son plan. La première phase pouvait commencer, le recrutement massif de chaque individu qui partageait ses idées. Autant dire que les extrémistes ne couraient pas les rues, rares étaient ceux qui souhaitaient changer de dirigeant. Pacifique, avisé et bien apprécié du peuple le chambellan profitait d'un refus catégorique de voir Kibo de nouveau occuper un post important. L'éviction d'Ogami KazeKage soutenu par le Daimyo faisait néanmoins grincer quelques dents. On se demandait dans la populace quand est-ce que ce jeu de chaises musicales s'arrêterait. Le peuple désirait stabilité et renouveau, Suna devait protéger Kaze en bénéficiant des ressources du désert. Sans leader le village n'avait guère bonne réputation, fatigué la population était déjà entrain de lentement vaciller entre une passivité et un laxisme envers le Daimyo à un sentiment de ras-le-bol généralisé.

L'attaque de Rokubi sur les terres du désert joua grandement en la faveur de la Kawaguchi. Une ville détruite, l'autre ravagée cela changeait tout. Désormais on s'interrogeait sur la capacité du chambellan à gérer des situations aussi risquées, il semblait absent enfermé dans la capitale à l'abris de tout danger. Forcément quand le peuple souffre il cherche un coupable, Suna l'était tout autant que celui qui décidait de mettre sur place un dirigeant. Sans KazeKage, avec des dégâts aussi bien matériels qu'humains, certains basculaient ouvertement dans l'opposition. Ce Daimyo n'était-il pas l'ancien conseiller de la Kawaguchi? Elle même avait disparue mystérieusement laissant son peuple seul souffrant, et avant il était aussi conseiller du précédent Daimyo mort également. Alors soit la malédiction frappait chacun des êtres qui touchaient au pouvoir à ses côtés, soit lui même allait subir le même sort.

L'heure était au changement, mais pas simplement sur un coup de tête. Les plaintes, la tension et le danger permanent commençaient à fracturer la société Kazejin. Suna affrontait ses démons et Kaze était en retrait depuis trop longtemps. Le clan Kawaguchi avait une sale réputation, mais était le seul véritablement indépendant. Et ses membres s'affichaient comme tels, fières de cette indépendance. Certes Tsukiko avait fait émigré le clan hors de Suna provoquant déjà une chute du village caché, mais en même temps cela donnait des shinobis qui obéissaient directement à la volonté de Kaze. Bien qu'ils ne répondaient pas directement au Daimyo, ce statu si particulier attira les curieux. Tali en profita, enjoignant ceux qui trouvaient bénéfique cette séparation d'un clan du reste qui semblait sans cesse tomber en disgrâce, les siens étaient prospères. Les luttes internes et la réputation extrême des derniers dirigeants Kawaguchi était tout autant bénéfique que préjudiciable. C'était un fait, il faudrait faire campagne pour lutter contre ces idées reçues.

Néanmoins, les résultats commençaient à payer. Une petite partie avait été convaincue, et l'entraînement débuta dès qu'ils arrivèrent aux ruines. Ils y resteraient le temps de la formation. C'était encourageant, mais beaucoup restait à faire. La logique et la patience que devait afficher Tali l'usait au plus profond de son âme. Mais c'était pour une cause plus grande. Tout ceci allait enfin se concrétiser, il était hors de question de flancher maintenant.

En hauteur, observant l'entraînement de ces premières recrues Tali tira lentement une cigarette de son étui, l'alluma puis forma un siège de sable. Elle se laissa bercer par les divers bruits, claquement des épées. Cris, et lutte formaient une douce mélodie à ses oreilles. Elle s'endormit, le sommeil profond sans aucun rêves ni cauchemars. Elle vivait déjà ce dont elle rêvait.

Prendre la place du calife.