-Kawaguchi Yuna. Vous venez avec moi, prenez le minimum comme affaires, l'urgence de la situation requiert une rapidité exemplaire.
La jeune Kawaguchi n'avait guère intérêt à émettre des questions, conditions ou quoi que ce soit qui s'apparentaient à une discussion. Le temps leurs manquait, c'était maintenant. Maintenant qu'il fallait commencer à frapper au cœur du problème, Kaze était faible. Suna se remettrait surement, un énième Kage émergerait et une énième fois il serait une déception. Kaze avait le pouvoir d'arrêter tout ça. Kaze pouvait contrôler le flux des incompétents, Kaze pouvait tout faire. Alors pourquoi le chambellan restait-il de marbre? Il avait été nommé Daimyo par un conseil. Conseil d'illustres inconnus, aujourd'hui Tali commençait sa campagne de fond. Il ne s'agissait pas de gagner des élections, car elle ne comptait pas remplacer le régime en place par une démocratie. Mais de s'assurer que la population ne réagisse pas de manière trop violente à ce qu'elle s'apprêtait à faire. C'était l'ultime objectif d'une vie.
Et si il fallait panser les plaies de chaque citoyen, si il fallait donner de sa personne et se construire une réputation de Mère du peuple. Si il fallait tout reconstruire alors, alors elle le ferait. Mais pas seule, le clan suivrait comme la machinerie très bien huilé qu'il était. Le clan suivrait, car elle l'ordonnerait comme elle ordonnerait des mises à morts des voleurs et pilleurs qu'elle trouverait. Les deux femmes se dirigèrent vers Mamushi. Le spectacle était affligeant, apocalyptique et digne de ce qu'on pouvait attendre d'un Bijuu. Il ne restait plus rien.
Des ruines, la ville de Kaze avait été rayée de la carte par une puissance hors du commun. Combien de morts? Combien de sacrifiés? Elle savait contre qui diriger sa colère. Et Yuna pouvait observer la balafrée un regard noir et un sourire malsain sur les lèvres. Le visage fermé elle s'avança, puis leva sa main pour indiquer la démarcation à ne pas franchir. Elles n'iraient pas plus loin sans aucune indications. Composant rapidement des mudras basiques, elle se clona et envoya son escadron de copies en direction des ruines. Le premier objectif était de retrouver des survivants.
Mais il n'y avait rien, pas de survivants au premiers abords. Que des morts, la désolation, elle avait l'impression d'avoir en face d'elle Kiri après le passage des Furyous. Voici donc le sentiment de faiblesse et la colère qu'avaient ressentit les habitants de la brume sanglante. Tous les civils qui se trouvaient dehors, tous ceux qui avaient eu le malheur de sortir n'existaient plus. D'un souffle, ils avaient rejoint les abysses et la mort. Si le système de défense de Kaze avait été plus performant... Chassant ce qui aurait été possible de faire de sa tête elle alluma une cigarette et avança en direction des ruines. Aucun mouvements suspects à première vue, son regard carmin cherchant instinctivement toute forme de vie. Pitié, si il n'y avait personne à sauver qui raconterait comment le clan Kawaguchi était venu en premier sauver les rescapés. Comment le Daimyo semblait absent, enfermé dans la capitale? Distant des préoccupations des habitants en ces jours sombres?
-Cherche des survivants Yuna. Ce n'est pas possible qu'ils soient tous morts. Au travail!
Elle tira une nouvelle bouffée sur sa cigarette. Il fallait des civils, il fallait des gens qui commenceraient à populariser sa réputation. Que les rumeurs circuleraient, et que le chambellan sache ce qui l'attendait. Le peuple, le peuple était à la base de toute révolution et changement en profondeur. Si on lui donnait ce qu'il souhaitait alors il vous laissait magouiller en toute impunité. Pourvu qu'on ne touche pas à ses acquis basiques.
-J'espère que t'as une formation de premier secours.
Le vent caressa sa chevelure avant d’aller se heurter aux ruines juste devant elle. Le sable avait déjà repris ses droits dans toute la zone. Difficile de croire qu’il y a à peine quelques jours, se trouvait ici une ville de Kaze no kuna. Il ne restait rien. Le simple souffle du démon à queue avait rayé toute une cité de la carte. Si Yuna était ici, c’était sous les ordres de Tali qui souhaitait venir en aide aux rescapés. Néanmoins, la jeune Kawaguchi doutait trouver la moindre personne à aider dans ce désastre. Tout avait explosé, brûlé, tout n’était que fragment, il était donc difficile d’imaginer le moindre survivant.
Elle jeta un regard au coin en direction de sa Cheffe avant de pousser un long soupire. La journée allait être longue. La gogyou s’avança dans les ruines. Elle voyait bien plusieurs morceaux, mais impossible de définir à quoi cela correspondait : une structure, un meuble ou un humain ? Elle n’en savait rien. Le peu qui restait était carbonisé et découpé en fragment. Ses pas étaient lents, elle poussa de temps en temps des morceaux avec ses pieds pour voir ce qui se trouvait dessous. Mais rien. Tout ce qu’elle constatait était cette odeur de soufre, l’odeur de la mort.
Après avoir avancé quelques minutes tout en fixant le sol et ce qui se trouvait, Yuna releva sa tête pour à nouveau constater les dégâts. Elle cherchait tant bien que mal le moindre signe de vie, mais tout ce qu’elle put voir, quelques mètres plus loin, était ce qui semblait être les restes d’un ours en peluche. Sans doute qu’il appartenait à un enfant. Elle s’avança et se pencha afin de le récupérer. Il était difficile de décrire ce qu’elle ressentait à ce moment-là. De la tristesse ? De la colère ? De l’impuissance ? Non, ce n’était pas cela. Cela correspondait plus à un vide. Oui, elle se sentait vide de toute émotion en observant cet ours en peluche ainsi que les restes autour d’elle. Tout ce qu’elle pouvait constater était à quel point la vie la mort pouvait être sans merci.
